Ce qu'il aurait fallut vivre 1

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Un silence s'installa, chacun dans ses pensées. Marius assis à côté de moi embêtait Elsa tandis que Dom se levait pour se servir une bière dans la cuisine. J’entendis Pancho soupirer doucement à ma droite. Je tournai alors ma tête vers lui et croisa son regard chocolat

– Ça va ? lui dis-je en entrelaçant mes doigts aux siens

– Ça ne pourrait pas aller mieux me souffla-t-il dans un sourire

Et alors que je lui rendis son sourire un léger ricanement résonna dans la pièce. Je tournai mon regard vers la source du bruit et vit Rémi me regarder d'un air déçu.

– Un problème ? lui demandais-je en fronçant les sourcils tout en prenant mon verre

– J'en reviens juste pas que tu m’aie remplacé par... ça.

Je me raidis instantanément et failli recracher mon eau, ça ne pouvait pas être Rémi qui avait dit ces phrases, ce n'était pas son genre d'être aussi cassant. Et alors que l'air devenait lourd dans la pièce comme si tout le monde retenait son souffle je lui rétorquai :

– Pardon je crois que j'ai pas bien compris !? j’espérais qu'il saisirait la chance que je lui offrais de se reprendre

– Non vraiment j'ai beau chercher je comprends pas que tu te sois abaissée à un type comme lui, pas que tu sois exceptionnelle mais de là à te mettre avec un désespéré je t'avoue que je suis assez étonné... répondit-il en me regardant le plus calmement du monde

Je l'observai un instant avant de répondre, qu'est-ce qui pouvait bien lui prendre, on avait beau ne pas s'être vu pendant des mois je savais qu'il n'était pas le genre de gars à être mauvais juste pour le plaisir et pourtant...

– Je te conseille de te la fermer si tu ne veux pas t'en prendre une, voir même deux.

J'avais sorti ça en le regardant droit dans les yeux, mon propre ton me surprenant et je lu de la surprise dans son regard à lui aussi, comme dans ceux des autres à mon avis. Je n'étais pas le genre de fille à répondre mais s'il commençait à me chercher sur ce terrain là il ne serait pas déçu.

– Laisse-moi rire, t'arrivais déjà pas à me toucher quand on se chamaillait et là tu veux m'en mettre une, lança-t-il d'un air suffisant.

– Oh je te déconseille de me sous estimer sinon je te montrerai ce que c'est que d'avoir de la ressource...

On se défiait du regard, aucun de nous ne voulant être le premier à abandonner, à s'avouer vaincu. Rémi avait, sans le savoir, ouvert la porte à tous les sentiments que j'avais réprimé après notre rupture. Je sentais déferler en moi une vague de colère, de déception et de tristesse mêlé. Marius essaya de calmer le jeu, sentant la confrontation s'envenimer.

– Bon on va s'arrêter là je pense, Rémi excuse toi et on passe à autre chose

– Je vois pas pourquoi je m’excuserai d'avoir dit la vérité

– La vérité, mon pauvre tu la veux la vérité ? crachais-je, La vérité c'est que tu as été et tu es encore un gars pitoyable là voilà la vérité. Tu m'as quitté de la pire façon qui soit mais tu sais quoi ? Et bah j'en ai rien a faire parce que maintenant je suis avec Pancho qui lui au moins fait attention a moi et tu devrais être à côté de lui en train de prendre des notes pour devenir un meilleur copain au lieu de lui jeter ton venin sans aucunes raisons. Et la fille si pitoyable que tu le dis l'es déjà moins que toi car moi au moins je me suis battue pour nous, pas assez peut-être personne ne pourra le dire mais moi à la différence de toi j'y ai crus. Toi, toi tu n'es qu'un lâche qui n'as pas su assumer ses sentiments. Tu veux sans cesse jouer le gros dur mais au fond Rémi, t'es aussi paumé que je l'étais alors ne viens pas dire que je suis pitoyable.

Je m'étais lever en lui disant cela, j'étais furieuse qu'il se donne ainsi en spectacle et qu'il ose remettre en question mon couple alors qu'il avait été incapable de soutenir le sien. J'avais encore la main de Pancho dans la mienne, je n'avais pas jeté un regard vers lui et je me demandais bien comment il réagissait à tous ça. J 'allais tourner ma tête vers lui avant que Rémi ne décide d'en remettre une couche

– T'avais pas l'air de cet avis pourtant quand on était ensemble alors essaye pas de me faire croire que t'en as jamais rien eu à faire.

– Non c'est vrai ça a pas toujours été comme ça, après que tu m’aie quitté t'imagines même pas le nombre de fois ou j'ai espéré que tu reviennes, le nombre de fois ou j'ai fixé la porte dans l'espoir que tu arrives, un paquet de m&m's bleus dans la main et ton sourire en coin. Que tu te confondes en excuse, que tu me dises que t'avais été qu'un con et que tu regrettais, que t'avait compris que c'était avec moi que tu voulais être et personne d'autre. C'est vrai j'en ai passé des soirées à chercher ce que j'avais fait de mal, ce que j'avais loupé et jusqu'à encore quelques semaines c'était toujours le cas, moins c'est sûr mais ton souvenir persistait. Et puis je me suis mise avec Pancho, et j'ai compris où plutôt il m'a fait comprendre que je pouvais vivre mieux, que je méritait mieux. J'ai compris que j'avais rien a me reprocher, parce que c'est vrai, j'ai tout fait pour que ça marche, à mon échelle c'est sûr mais bordel moi j'y croyais. Apparemment toi t'y a pas assez cru. Et maintenant c'est trop tard, désolée si ça te fait du mal et tant mieux si toi aussi t'en as rien à faire...

Et il se tut, on se regardait dans les yeux et pendant un instant je crus voir de la tristesse passer dans ses yeux bleus mais je mis ça sur le compte de mes restants d’espoirs à son égard. Il reprit alors d'une voix plus calme sans me quitter des yeux ;

– J'en ai rien à foutre de ce que tu penses, c'était vrai hier et ça l'es encore plus aujourd'hui.

– Oh vraiment, dans ces cas là qu'est ce que tu viens nous casser les couilles avec tes commentaires à la con, je veux plus rien avoir à faire avec toi Rémi c'est clair ! Alors maintenant t'es gentil tu me lâches, et surtout tu nous laisses passer une soirée tranquille parce qu'on t'as rien demander, ma voix montait dans les aigus, j'étais tellement en colère, je lui lançais un regard dur et alors que je m'attendais à une réplique cinglante de sa part il dit sur un ton cynique ;

– Alors il ne te reste plus rien de moi, au moins je n'aurais pas tout gâcher...

– Oh non, bien sur que non, lui dis-je sans vraiment savoir pourquoi je me sentais obligée de démentir ses propos ; ma compassion prenait le dessus sur ma colère, tout n'est pas parti, il me reste encore des bouts de toi, tu ne sera jamais effacé de ma vie, parce que tu as été mon premier et que malgré tout ce que je peux dire j'ai été heureuse avec toi, et certains souvenirs ne s'effaceront jamais, et quand je vois un camion de pompier, quand on me parle de boxe ou de photos je ne peut m’empêcher de penser a toi, il me reste le bout des doigts froids, le bleus et le vert, les blagues, les chatouilles et les chamailleries répondis-je et je sentais la main de Pancho resserrai la mienne, de jalousie sûrement, seulement maintenant ces souvenirs auparavant empli de nostalgie me sont aujourd’hui neutre, je les laisse venir et repartir, je garde seulement la joie qu'il me rappelle. Alors oui bien sur je ne peut pas agir avec toi comme si rien ne s’était passé car ce n'est pas le cas, mais je ne t'en veux plus, car tu m'as appris et donner beaucoup de choses et je ne peux nier que tu as participer à faire de moi celle que je suis... Mais il est clair que je ne pourrais jamais plus te considérer comme plus qu'un ami. Et il est clair aussi que je n'aurais plus aucuns remords à te remettre à ta place s'il le faut. Alors tu as le devoir de respecter cela et le devoir de respecter Pancho peut importe l’animosité que tu as pour lui si tu me respectes encore un tant soit peu moi...

Et il se tut, je me rassis, resserrant ma prise sur la main de Pancho espérant qu'il comprendrai le message silencieux que je voulais lui faire passé juste à travers mes yeux. Je détournai mon regard de lui quand j'entendis la porte d'entrée claquée, c’était Rémi, il avait laissé son verre et son sweat et était parti sans rien rajouter. J’hésitai à le rejoindre pour savoir comment il allait mais abandonna quand je croisa le regard contrarié malgré tout de Pancho. Je l'embrassa pour qu'il se calme et la soirée reprit son cours. Je commençais à me poser des questions sur l'état de Rémi, ça faisait déjà 20 minutes qu'il était dehors...

– Quelqu'un se décide à allez voir si Rémi est toujours en vie et si oui dans quel état ou je m'y colle encore..?

Ma question fut accueillie par un silence, je m’apprêtais à me lever quand Marius souffla d'une voix hésitante ;

– Il vaut mieux que ce soit toi je pense, c'est la première fois que je le vois réagir comme ça avec quelqu'un... Et même en général, il est différent quand il s’agit de toi... je pense qu'il regrette de t'avoir quitté et encore plus de l'avoir fait de cette façon, ça me semble évident.

– Apparemment ça l’est pour tout le monde sauf moi alors, murmurais-je

– Il y a quelque semaine j'étais à Lagarde pendant quelques jours et je le trouvais bizarre, vraiment dans la lune et ça lui ressemblais pas mais c'est Rémi, il est pas du genre à dire quand quelque chose va pas t'as bien du le remarquer. Il était à cran en plus à cause des cours et il s'était engueulé avec des potes de ce que j'avais compris... Et une aprèm quand je suis monté le voir pour lui demander je sais plus quoi il était assis sur son lit et il avait les gants que tu lui as offert, ça m'as un peu surpris mais je suis vite passé à autre chose. Et quand je lui ai parlé il m'as pas tout de suite répondu, il a juste levé les yeux vers moi... Et si tu l'avais vu... Je l'avais jamais vu aussi... triste, vulnérable même, il était au bord des larmes. Et tu peux pas vraiment comprendre ce que ça signifie pour moi mais, la dernière fois que je l'ai vu pleuré il était tout gamin. Ça fait des années qu'il met comme des barrières entre lui et le reste et là... là c'est comme si je l'avais vu tel qu'il était vraiment... profondément triste et...

– Brisé, lâchais-je dans un murmure presque inaudible

Marius me regardais à présent, il ne mentait pas j'en étais certaine, il semblait trop désemparé pour le simuler. Et puis ça ne m'étonnait pas vraiment... A force de tout garder pour lui ses émotions avait fini par déborder, il n'était qu'humain après tout et malgré toute sa force et ses efforts il ne pouvait pas vivre seul éternellement. Alors je me leva, Pancho essaya de me retenir pendant quelque secondes en reserrant ma main mais il fini par me lâcher. Il avait compris que cette fois c'était plus important, qu'il le fallait. Je me dirigeai vers la porte d'entrée, pris le sweat de Rémi et le mien au passage, l'ouvrit et sorti dehors. Il faisait froid et je me demandais comment Rémi avait pu rester aussi longtemps dehors sans mourir d’hypothermie. Il était la, immobile sur le perron, il ne m'avait pas encore vu, je m'approchai doucement de lui sans faire de bruit et lui toucha l'épaule en lui tendant son sweat. Je mis le mien et quand j’eus finis j’aperçus des larmes perler au coin de ses yeux qu'il s'empressa d'essuyer.

– Oh je t'en prie, tout le monde pleure, moi la première alors pas la peine de te cacher.

Il me répondit, son regard perdu au loin dans la nuit

– Pleurer c'est pour les faibles, et moi je ne suis pas faible

– Oui si tu veux, avec Marius, avec tes parents ou tes amis si tu veux... Mais pas avec moi Rémi.

Je leva mes mains au niveau de son visage et les posa sur ses joues, je plongea mes yeux dans les siens et le caressa avec mon pouce. Et il recommença a pleurer, des torrents de larmes, des larmes d'enfant, de celui qui est rester tout seul trop longtemps. Et à cet instant je compris que ça y est, j'avais réussi. J'avais abattu d'un coup chacun de ses murs, alors je le prit dans mes bras... et il pleura.

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