Chapitre 14 - L'Ange

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L'escadre Sigma-6

Capitaine Philéas "Cap" Capaxis / Philéas Capelli

Sergent Gaëlle "Fox" Reon - Infanterie

Caporal Jack "Le Doc" Sorros - Médecin de terrain

Caporal Gregor "Le Russe" Ivanovitch - Assaut lourd

2ème classe Hector "L'Ours" Doharis - Assaut lourd

2ème classe Tarek "Headshot" Oualidi - Sniper

2ème classe Olivia "Liv" Graham - Génie tech

2ème classe Tréa "Fizz" Fizzerelli - Infanterie

***

Capslock avance au pas de course. Les trois hommes détalent dans les ruelles encombrées, slalomant entre de pauvres hères aux corps mutilés. L'air résonne de tintements métalliques, de grincements et de râles. Les deux soldats comptent avec anxiété les regards qui les toisent. Trop propres. Ils détonnent dans le décor, de manière éblouissante. Un saoûlard tente d'agripper le bras du Doc. Mais entre l'élan de ce dernier, et le taux d'éthanol frelaté dans ses veines, son interception se solde par un plat dans la boue. Les fuyards atteignent la porte de la ville en quelques minutes. Il ne reste que les gardes à passer. Bientôt la délivrance.

Mais le guide se fige. Un groupe armé s'est interposé devant leur échappatoire. D'un coup d'oeil furtif, ils constatent que leur retraite est également coupée par deux hommes en armes. Les chasseurs de primes se sont alliés, et les Cadres sont dépassés. Sans exo et sans arme, la confrontation paraît mal engagée. Tout semble joué.

Le plus bariolé des chasseurs s'approche avec un sourire narquois. Il fait signe à ses acolyptes de resserrer le cercle, tout en menaçant les fugitifs avec un fusil vétuste. Il marmonne quelque chose dans un communicateur en posant un doigt contre son oreille. Capslock lève les mains, puis intime les Cadres de faire de même.

Le sans-visage tourne subitement la tête vers le toit d'une habitation voisine. Une silhouette vient de se jeter du faîte du taudis. La chute se termine par deux talons enfoncés dans le visage d'un des assaillants. Les armes cliquettent. Dans un reflexe fulgurant, Capslock plaque les deux soldats derrière une caisse.

Une fusillade désorganisée s'engage, arrosant tout le voisinage. Moins dangereuses que les armes à énergie, les balles qui fusent n'en restent pas moins létales. La silhouette glisse entre les traits, élude les projectiles mortels avec une agilité surhumaine. Les éclats métalliques se fichent au hasard dans les murs des habitations environnantes ou les parois de la caverne. A chaque esquive, le nouveau venu met au tapis un adversaire d'un revers de poing violent dans une mâchoire, un coup de coude dans une nuque, ou un fil de poignard dans une artère. Lorsque les soldats relèvent la tête, tous leurs agresseurs sont hors d'état de nuire. L'inconnu serre le cou du dernier à bout de bras, un craquement sinistre résonne, et sa carcasse sans vie s'aplatit sur le sol.

Le sans-visage se tourne vers eux. Plus petit, plus élancé, engoncé dans une combinaison militaire de carbo-kevlar, l'allié providentiel n'a pas la corpulence de Capslock. Son masque porte toutefois le même rainurage. Deux longues tresses noires tombent sur ses épaules.

  • Rien de cassé ? s'enquiert le mystérieux messie.

Une voix grave, voilée. Un suave presque rauque. Derrière le métal, deux yeux verts transpercent ceux de Tarek. Le timbre apaisé de son inflexion résonne dans ses oreilles, jusqu'à inonder son esprit. Une mélodie douce comme du velours, chaude comme les rayons du soleil, en contraste absolu avec cette caverne sombre et moîte.

  • Sorros, Oualidi, voici Shift. Elle est avec nous.
  • Qu'est-ce qu'il a ton pote ? demande-t-elle au Doc avec un pouffement cassé.

Totalement paralysé, le sniper la fixe béatement.

  • Rien, il est con, c'est tout.
  • On se bouge, Escape nous attend.

***

Le dédale des Douves les fait déboucher une heure plus tard par une conduite éventrée, dont la cicatrice révèle une immensité opaque. La nuit a déployé son voile d'encre sur Megacity-17, et la désolation du no man's land n'y fait pas exception. Aucun éclairage artificiel ne perce l'obscurité qui enveloppe tout ce que l'esprit imagine de ce côté de l'enceinte. Seul le murmure distant de la ville trouble l'apparente sérénité du lieu. Un grillon se manifeste, puis se tait aussitôt.

  • Je guide le Doc, tu emmènes l'autre, impose Capslock.

Il déroule un câble intercom qu'il fiche dans une prise de l'avant-bras du Doc. Une voix résonne dans la tête du soldat.

  • Tu m'entends ?
  • Nickel !
  • Ne me réponds pas en parlant, juste en y pensant.
  • Heu ok, je vais essayer...
  • Si tu parles avant qu'on soit arrivés, on est morts.

Shift et Oualidi se raccordent également. Les duos improvisés s'enfoncent au pas de course dans les ténèbres. Après quelques virages, quelques embardées et quelques faux pas, Shift se fige. Elle reste ainsi immobile pendant plusieurs secondes, indécise. Un bourdonnement étrange envahit l'espace, comme un acouphène pulsant. Tarek sent un sursaut fugace dans son poignet.

  • Ange !

Le cri télépathique de la sans-visage a submergé les esprits de ses compagnons de route.

  • Lequel ? s'enquiert Capslock.
  • Je crois que c'est Cissé.
  • Merde. Tout le monde, silence absolu.

Ils se précipitent derrière un monticule de terre à peine plus haut qu'un genou. Une attente interminable commence. Le bourdonnement s'approche, s'immobilise à proximité. L'air tout entier semble palpiter. Si fort que chaque à-coup se pose comme un frottement sur leurs peaux. Des graviers prennent vie, crissent contre le sol, roulent bruyamment, catapultés par une main invisible. La nuit elle même paraît s'être éveillée.

Un craquement métallique résonne derrière eux. Suivi d'un éboulement. Des gémissements et des grognements naissent. Des bruits de pas désordonnés se rapprochent. D'abord lentement, puis à un rythme de plus en plus précipité. Une myriade de points bleu luminescents s'agite dans l'ombre. Les grognements laissent place à des cris bestiaux et des rugissements.

  • Des goules, il ne manquait plus que ça. Lock, on fait quoi ?
  • Elles vont faire réagir Cissé, il faut qu'on se tire d'ici.
  • Je retourne dans la conduite avec Tarek, vous filez par là bas. Au moins on ne se fera pas tous balayer.

Une pulsation oppressante s'élève, le grésillement électrique d'une montée en charge. Puis un flash déchire l'encre. Un rayon orangé éblouissant fend les ténèbres, dévoilant une fraction de la réalité. Une horde désorganisée de silhouettes humaines se rapproche dangereusement des fugitifs. Le rai iridescent pivote d'un coup sec, fauchant à mi-hauteur le gros de la meute. Les corps morcelés s'écroulent, cautérisés aux tripes. C'est le coup d'envoi : les deux sans-visages détalent avec leurs escortes vers leurs échappatoires respectives. La coursive brisée vomit toujours son flot de goules enragées, qui poursuivent au gré du hasard l'un ou l'autre des binômes.

Le sinistre son de charge monte à nouveau. Capslock plonge et entraîne le Doc contre le sol. Un second rayon balaye le no man's land, cette fois dans leur direction. Le faisceau mortel tranche net les restes d'un immeuble encore dressé devant eux. Pierre et métal en fusion rougeoient le long de la balafre, tandis que le haut du bâtiment bascule, privé de support. La chute s'annonce violente, cataclysmique. Les deux hommes se lèvent, enchaînent quelques pas juste avant que le mastodonte ne s'écrase. Le poids des gravats effondre le plafond d'une cavité, précipitant les malheureux vers les entrailles de la terre.

Non loin de là, Shift et Oualidi s'engouffrent à bout de souffle dans le boyau par lequel ils sont arrivés. Elle saisit quelque chose à sa cheville, le colle près de l'ouverture et fait signe à Tarek de détaler.

Une explosion savamment dosée scelle l'ouverture, isolant les goules dans le no man's land. Enfin en sécurité, les halètements des deux survivants résonnent dans le conduit, couverts par les salves de l'Ange qui continuent de dépecer les goules au dehors.

  • Qu'est-ce que c'est que ces choses, bordel ?
  • Des goules pédiculaires. Autrefois des humains, maintenant ils ont un parasite extraterrestre dans le cerveau. Tu ne fais pas gaffe, un truc te tombe sur la tête, et tu deviens comme eux.
  • Tu vas me dire que c'est les vers lumineux qu'on a vus dans le tunnel avec Capslock qui leur ont fait ça ?
  • Je ne sais pas ce que vous avez vus, mais oui probablement.

***

Capslock ouvre les yeux dans un noir d'encre. Il balaie toutes les directions du regard, sans succès. A-t-il perdu la vue ? Ou aucune lumière ne parvient-elle jusqu'ici ? Il active l'amplificateur de son masque qui révèle les ruines environnantes. Les restes de l'immeuble gisent tout autour, aucune paroi n'est assez proche pour être vraiment identifiable.

  • Sorros ?

Pas de réponse.

  • Shift ?

Pas de réponse.

  • Et merde.

Quelque chose de lourd bloque sa jambe. Pas suffisamment massif toutefois pour défier la puissance de ses implants, mais son membre n'en a pas moins souffert. Il dégage les gravats, puis palpe les mécanismes au travers de ses vêtements, en retenant un râle de douleur. Cet examen rapide confirme qu'il reste en état de marcher. Son attention est alors captée par des pas feutrés et les frottements étouffés de tissus ondulants.

  • Qu'est-ce que vous pensez que le hasard nous a envoyé, cette fois, mes Soeurs ? sussure une voix dans l'ombre.
  • Mmmm, deux âmes égarées. Deux mâles en pleine santé ! Quelle chance, Soeur Marie-Alceste. Mais l'un d'eux est l'un de ces répugnants Sans-Visages.
  • Louée soit Providence !

Des silhouettes voilées boitillent dans l'obscurité. Les Nonnes Noires. Les Soeurs de Nyct. Il est tombé dans le Couvent de la Réjouissance. Sa vision de nuit décèle les contours de ces créatures de cauchemar. Autrefois humaines, aujourd'hui terrées dans les entrailles de la mégacité, les Nonnes Noires cachent leur peau livide sous des vêtements d'encre, et leurs visages décrépis derrière une délicate dentelle de jais. Mutantes parmi les mutants, les pires fantasmes circulent à propos de leur mode de vie reclus. Tantôt succubes, tantôt cannibales, occasionnellement une combinaison des deux, rares sont ceux qui sont revenus pour en témoigner.

Un cliquetis se fait entendre, un mécanisme claque et un projectile se fiche dans le torse de Capslock. Des nanites se répandent dans son organisme, paralysant toutes ses fonctions motrices. Conscient mais pétrifié, il sent des mains glacées se poser sur lui et soulever son corps.

Comme en lévitation, portés par les ondoiements des créatures, les deux égarés sont déplacés dans l'obscurité. Les Nonnes déposent les corps intertes sur une surface à peine capitonnée. Des sangles rugueuses restreignent sans ménagement les extrémités de leurs membres. Le Doc émerge ainsi, ligotté à un support inconfortable, dans l'obscurité totale.

  • Capslock ! Tarek ! Qui est là ?
  • Shhhhh, petit homme, répond une voix grêle, Nyct t'a choisi pour essaimer. Si tu la satisfais avec honneur, peut-être que tu vivras.
  • Novice ou repas, murmurent d'innombrables prédatrices invisibles.
  • Qu'est-ce que c'est que cet endroit, putain ? Libérez-moi, espèces de tarées !

Une main au cuir rugueux se pose sur sa bouche et le muselle.

  • Shhhhh, tout sera bientôt fini.

Une aiguille se plante dans le cou du Doc. Un liquide inconnu envahit ses veines et prend possession de lui. Le nanoaphrodisiaque tétanise tous ses membres et emplit son esprit d'hallucinations. Un kaléidoscope gustatif, une vague de chaleur multicolore, une symphonie bariolée inondent ses sens, tandis qu'une érection incontrôlable déforme ses vêtements, qu'on lui ôte prestement.

Un choeur lancinant l'encercle, chuchotant une sérénade obsédante

  • Novice ou repas ! Novice ou repas ! Novice ou repas ! Novice ou repas !

Submergé par ce tsunami sensoriel, il sent à peine le corps de sa prétendante cireuse se glisser sur lui et lui spolier une paternité contre nature.

***

Shift et Oualidi se sont terrés dans un refuge anti-feu abandonné. Le Cadre observe, circonspect, la sans-visage manipuler fénétiquement les commandes de son masque.

  • C'est étrange, je ne reçois plus le signal de localisation de Capslock. Il a du se passer quelque chose.
  • Et le Doc ?
  • Ceux des Cadres sont chiffrés et accessibles uniquement par Central, impossible de le tracker sans la bonne clé. D'ailleurs tu ne peux pas le lire, toi ?
  • Ce genre de fonctions sont implantées dans les exos, peut-être que notre experte tech ou le capitaine pourraient, moi j'ai juste un matériel de tireur.

Elle abdique.

  • Reste ici, je vais essayer de nous trouver de l'eau et un truc à manger. De toute façon tant que l'ange est dehors, on ne pourra pas passer.

Oualidi se laisse glisser contre le mur dans un long soupir. La douleur des multiples hématomes de son corps se rappelle à lui sous la lueur verdâtre de l'applique. Coupures sur ses mains, fatigue dans ses mollets, résonnance des chocs dans ses articulations : tout son corps n'est qu'affliction. Il pose son front contre ses paumes, tente de rassembler ses esprits. Que peuvent bien être ces mystérieux anges qui terrorisent le Cap ? Comment peut-il y avoir autant de goules dans ces tunnels crasseux ? Et même mieux : que sont réellement ces goules ? Son regard s'accroche sur les mailles du pull que lui a donné le vieux pour passer inaperçu dans le Nymphectious, il y a à peine quelques heures. Le tissu a été brûlé, perforé, souillé de cambouis puis de sang, pour finir dans ce cagibi à éponger la sueur d'une course-poursuite effrénée. Il finit par souffler de l'ironie de la situation. L'entrevue était risquée, mais là, tout a vraiment dégénéré. L'objectif initial de sa mission repose devant lui, immobile, sans qu'il n'ait pu en tirer une quelconque information utile. Il ressasse en boucle l'enchainement des événements, cherchant la faille, le moment où il aurait pu changer le cours des choses pour être maintenant vautré dans les banquettes de l'A-6-mov. Il reste ainsi, les pensées vagabondes, tandis que la torpeur l'envahit imperceptiblement.

Un grincement rouillé le réveille en sursaut. Shift fait irruption dans l'abri. Elle lance un dernier coup d'oeil par l'entrebaillement pour s'assurer de ne pas avoir été suivie et jette un paquet sur les cuisses de Oualidi.

  • Tiens, j'ai récupéré du fernex et j'ai filtré un peu d'eau.
  • C'est quoi ?
  • Un champignon qui pousse sur les parois des Douves, c'est parfaitement comestible, t'en fais pas.

Tarek esquisse une moue de dégoût. Sa main plonge dans le tissu et en sort quelque chose s'apparentant à un éclat de bois friable. Dubitatif, il croque néanmoins dedans et se déride aussitôt. La saveur est bien plus agréable qu'attendue.

  • Le traceur de Lock vient de réapparaître !

Shift connecte un câble teraflux à l'un des ports de Oualidi, et projette dans son champ de vision la position de Capslock.

  • Tu penses qu'ils sont ensemble ? Comment est-ce qu'on va trouver le Doc ?
  • Ce n'est pas tant les trouver qui m'inquiète, mais plutôt comment arriver jusqu'à eux, et dans quel état ils sont.

La surimpression visuelle indique effectivement que les signes vitaux de Capslock sont perturbés. Son rythme cardiaque est fortement ralenti, et son corps immobile.

  • Suis-moi, je pense que j'ai trouvé un chemin, conclut-elle.

La sans-visage amène Oualidi jusqu'à une trappe d'entretien, dont le battant révèle une échelle interminable s'enfonçant dans les profondeurs du sol. Les deux rescapés entament une descente à l'aveugle, puis, lorsqu'ils atteignent enfin la terre ferme, bifurquent vers un tunnel haut de plafond. Après un demi-kilomètre d'avancée nauséabonde, Shift accélère le pas. Elle s'accroupit enfin auprès d'une masse sombre sur le sol. Oualidi reconnaît Sorros, gisant sur le côté. Capslock repose sur le dos à quelques mètres de là.

  • Allez, tu prends ton pote, je prends le mien, il faut les éloigner d'ici. On est pas loin du Couvent de la Réjouissance, et c'est pas une bonne nouvelle.
  • Le quoi ?
  • Une secte de religieuses craignos.

Oualidi émet un grognement en soulevant le Doc.

  • Craignos, genre ?
  • Craignos plus plus, complète Shift en mimant quelque chose de haut.

Ils traînent les deux évanouis jusqu'au refuge anti-feu, puis les allongent contre le béton glacé. Shift s'affaire autour du corps inerte de son acolyte. Elle effectue de nombreux diagnostics, le manipule, puis finit par sortir une seringue auto-injectable et lui plante dans le torse. Un pschitt strident injecte le produit. Elle vérifie une dernière fois son pouls puis répète l'opération sur le Doc avant de se redresser.

Une bruyante inspiration résonne dans l'abri. Capslock se redresse le regard ébahi, balayant son environnement avec frénésie.

  • On est où ? Où est le Doc ? Les nonnes pourries nous ont pas suivis ?
  • Wow wow wow, du calme, Lock, tout va bien !

Shift lui tend la main et le lève.

  • Qu'est-ce qui s'est passé ?
  • On est tombé sur les Soeurs de Nyct, elles m'ont immobilisé avant que j'aie pu réagir.
  • Bon, au moins, elles vous ont pas bouffés.
  • Il faudra surveiller le Doc, possible qu'il ait été contaminé.
  • Non mais sérieusement, c'est quoi ces bonnes soeurs de l'enfer ? s'impatiente Tarek.
  • Une espèce de secte barrée dont les membres abusent des hommes qui tombent entre leurs mains pour se reproduire, et selon ce qui vient... "Novice ou repas", j'ai besoin de te faire un dessin ?

Tarek manque de vomir à la visualisation de ce que lui suggère Capslock. Opportunément, le son d'une régurgitation vient effectivement alimenter la conversation. Le Doc se réveille dans une flaque de vomi. Il transpire et frissonne de façon incontrôlée.

  • Félicitations, Doc, ça sent la vérole des Douves.
  • Ah putain aidez-moi, je me sens pas bieuuuarg, répond-il en rendant à nouveau un bol de bile.
  • Qu'est-ce qui lui arrive ? demande Tarek.
  • Les Nonnes Noires portent toutes sortes de maladies dégueulasses, mais là les symptômes ressemblent à une MST de nanomachines et de bactéries, c'est la plus courante quand on fait une partie de jambes en l'air avec elles.
  • T'avais vraiment la dalle, Sorros ! s'esclaffe Oualidi.

Le Doc se précipite sur lui, attrape son col, mais tombe à genoux, épuisé, avant de vomir une nouvelle fois. Shift lui administre une injection mystérieuse.

  • Ca devrait le faire tenir un moment. Soulevez-le, on se remet en route. Je nous trouve un chemin dégagé jusqu'à Escape.

***

Après avoir cheminé à nouveau dans le no man's land, ils pénètrent dans un immeuble en ruines, dont la porte pivote avec difficulté. En bas d'une cage d'escalier se révèle l'immensité de ce qui devait être un parking souterrain. De nombreux sans-visages s'y affairent autour d'indéfinissables équipements électroniques. Au centre trône un personnage extraordinaire. Un imposant faisceau de câbles et de fils fuit de l'arrière de son crâne vers le plafond, de sorte qu'il semble faire partie intégrante du bâtiment. De son dos émergent six bras mécaniques attelés à Dieu seul sait quelles tâches obscures, tandis qu'il pianote sur des holo-claviers en lévitation autour de son abdomen. Surplombant son corps drapé de noir, un impassible masque blanc toise les arrivants. Capslock et Shift se plantent au garde-à-vous, et frappent leur coeur de leur poing fermé.

Compressée comme la victime d'un mauvais hygiaphone, une voix synthétique étouffée les accueille.

  • Des Cadres dans le no man's land, on aura tout vu !

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