Possession

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Ce n’était qu’une petite fille.

Elle marchait dans cette rue, ses parents loin devant elle, trop occupés à couver le premier fils aîné. Alors la fillette avançait derrière eux, livrée à sa solitude d’enfant, les yeux déjà éteints d’une âme usée.

Non, jamais ses parents n’avaient souhaité sa présence dans leur famille déjà si unie. Elle était née. Ils s’en étaient occupés rapidement. Quand elle atteignit le vénérable âge de cinq ans, ils la délaissèrent encore plus. Aucun amour, juste du rejet. Cette enfant avançait alors dans la vie, à l’écart de ceux qui devaient la protéger. La protéger de moi.

La petite avait six ans quand elle traversa la rue, esseulée. Rien ne transparaissait dans ses yeux, elle ne regardait rien, n’écoutait rien. Son corps se mouvait, mais elle, ne vivait plus. Ce n’était qu’une petite fille.

Son visage s’anima quand la mère qui venait de se retourner, lui hurla dessus. La fillette pressa alors le pas, sans l’autorisation de se lier au cocon familial, elle suivait donc avec trois mètres de distance. Enfin, elle replongea dans ses pensées.

Comment penses-tu ?

Mais la question la plus importante pour elle :

Qui es-tu ?

Elle ne demeurait rien. Une carcasse juvénile déjà essoufflée par les épreuves de la vie. Elle était la solitude et le chaos.

Son jour était venu. J’étais venu. Ravir à cette enfant l’âme dont elle n’en avait pas le besoin.

Bientôt, elle passerait à ma portée et je la saisirais pour voir ses yeux vides se remplir d’émotions. Encore quelques pas, les parents ne le remarqueront même pas.

C’est le moment.

La rue bifurquait pour former une petite ruelle là où je m’étais caché. La ruelle séparait la petite fille de ses parents.

Il n’y avait plus de fillette seule dans la rue.

C’était le jour où il m’a prise. Je n’étais qu’une petite fille.

Enfin, je t’ai libérée de tes affreux parents, ils ne te donnaient aucun amour. Et toi tu m’as ôté la vie. Je t’ai fait renaître. Laisse-moi raconter le jour de ma mort. Libère-toi alors.

Quand j’ai traversé la rue, passant au-devant de la petite ruelle. J’ai senti ses mains chaudes m’emporter. Puis-je te désigner en tant que toi-même ?

Je t’en prie, si cela peut aider. C’était un démon. Oui, je suis un démon.

L’enfant que j’étais ne savait rien des êtres surnaturels, je n’avais pas de notion de bien ou de mal. Tu possédais juste ta souffrance. Je n’avais rien du tout. Cette chose inconnue me tenait prisonnière de ses griffes, mon esprit était déjà mort. C’est vrai que tu ne m’as pas offert de réaction. Alors qu’il me regardait avec son inhumanité flagrante, il me délivra ces mots :

« Petite fille, je suis venu te donner la mort. »

C’est ce que j’avais prévu.

« Je suis déjà morte. »

Oui, tu l’étais déjà, mais pas assez pour ne plus bouger. Mais ce que je t’ai répondu ne t’avait pas laissé indifférent, je savais que tu pouvais faire quelque chose de moi démon. Comme tu es maligne.

J’ai pris cette petite fille pour la posséder. Tu me possèdes. Je l’ai ôtée à sa souffrance et m’y suis attaché. Merci pour tout.

Démon ?

Qu’y a-t-il, tu as quelque chose à ajouter ? Oui, le couteau qui est placé sous notre gorge, que tu n’as visiblement pas encore remarqué va nous tuer.

Comment ?!

Adieu, mon démon.

Puis la petite fille qui avait grandi fit couler le sang de son joli cou. Elle n’était jamais morte, mais à présent, j’allais la retrouver en enfer cette traîtresse.

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