Le chat noir

4 minutes de lecture

Cela faisait plusieurs jours que ma grand-mère n’était pas rentrée. La solitude de la maison me faisait peur, tout était gris et sombre, je n’aimais pas errer de pièce en pièce, pour vérifier qu’aucun monstre se cachait dans l’ombre. La neige cognait contre les fenêtres, le vent exerçait sa farandole de cris terrifiants. Je ne savais pas où grand-mère avait dû se rendre.

C’était au beau milieu de la nuit, je l’avais entendu quitter son lit et le bruit de ses pas qui frottaient le plancher. Inquiétée par le temps qu’elle mettait à aller se recoucher, je sortie à mon tour pour voir si tout allait bien. Je n’ai eu le temps que de la voir se retourner vers moi avant qu’elle ne claque la porte d’entrée. J’étais restée planté devant la porte, essayant de comprendre cette situation inhabituelle, m’enfermant dans un déni profond, elle reviendrait vite.

Il n’y avait pas d’autres habitations autour de la maison de grand-mère, je n’arrivais jamais à trouver le chemin du village le plus proche, et la cuisine se vidait de jour en jour.

Le soleil avait chassés les démons nocturnes qui venaient me visiter chaque soir. En traversant le salon pour aller trouver de quoi manger, j’aperçu un chat qui me regardait à la fenêtre. Il était si beau ce chat, la fourrure noire, ses yeux qui brillaient d’un éclat lucide étaient verts, majestueux. Il se redressa quand j’approchais pour mieux l’observer, me fixa un moment avant de quitter le rebord de fenêtre et partir.

Le lendemain, je me postais à cette même fenêtre dans l’espoir de l’apercevoir. La journée s’acheva sans que le minou ne soit réapparu, je décidais de partir à sa rencontre dès le matin suivant.

Je mettais mes bottes brunis par mes nombreuses autres tentatives d’exploration extérieur, prenant soin de fermer à clef la porte comme grand-mère me l’avait apprit. Pendant de longues heures, je parcourais la vallée et les forêts sans parvenir à apercevoir le chat. Je réussissais toujours à retrouver le chemin de la maison par les arbres que je marquais avec une pierre, le retour s’effectuait ainsi plus rapidement.

Arrivée à proximité de la maison, je me rendis compte que le chat m’attendait, allongé devant la porte fermée. Je courus vers lui trop heureuse d’enfin revoir ce joli chat noir, il me lassait le prendre dans mes bras sans ronchonner.

J’allumais le feu de la cheminée pour réchauffer le salon glacial par ma longue absence. Avec une couverture, je m’allongeais par terre devant le feu, tenant le chat contre moi. Je me sentais triste de ne pas pouvoir lui offrir de quoi manger, la cuisine était vide depuis deux jours maintenant. Je lui racontais mes histoires préférées que grand-mère me lisait avant, il s’endormait avec moi cette nuit-là.

La lumière du soleil me réveillait doucement, le feu avait fini par s’éteindre et monsieur le chat s’était assis devant la fenêtre du salon. J’allais le caresser, il semblait vouloir sortir. Une fois dehors, il se mit à courir tranquillement, assez pour pouvoir se retourner vers moi, il m’invitait à la suivre. Sa petite silhouette noire s’immisçait dans les ténèbres de la forêt, j’avais peur bien que la curiosité me poussait à continuer cette aventure.

Le chat noir m’amenait dans des endroits que je n’avais pas encore explorés, notre marche avait dû durer longtemps, la lumière du jour déclinait déjà dans le ciel. Il faisait froid, la nuit tombait et le chat disparaissait dans l’ombre, je voulais rentrer chez moi, avec grand-mère. Les larmes montèrent pour la première fois depuis sa disparition, j’étais seule dans une grande forêt, abandonnée, j’étais terrorisée. Le chat revient pour m’indiquer une souche d’arbre sous laquelle m’abriter pour la nuit, je me blottis avec lui, son petit corps me réchauffait tandis que mes pleurs, eux, ne cessaient pas.

La nuit était passée, je n’avais pas dormi et le chat non plus, dès que les ténèbres s’étaient dissipées, nous avions poursuivi notre route. Des voix s’élevaient au loin, nous arrivions près du village ! Un soulagement me traversait alors que je m’élançais à pleins poumons dans la direction des voix, j’allais enfin pouvoir trouver de l’aide !

Au sortir de la forêt, il fallait traverser un pont pour atteindre le village. Je parcourais du regard la foule qui se pressait autour de moi à la recherche d’un visage familier ou de grand-mère, c’était le jour du marché et les gens s’étaient réunis au village. Je reconnaissais le prêtre parmi eux, allant à sa rencontre, je lui expliquais la disparition de grand-mère et ma venue ici grâce au chat noir.

Je me retournais pour lui montrer mon sauveur, mais le beau chat avait disparu. Le prêtre m’accueillit dans son église, personne n’avait revu grand-mère alors il décida de m’adopter et je vivais avec lui depuis lors.

Jamais je n’oublierais ce gentil chat noir aux grands yeux verts et je prie chaque jour, qu’il continue à guider les pauvres enfants égarés dans la nuit.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Victoriaenag ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0