VI

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A nouveau seule dans sa chaumière, Edmyre se leva pour nettoyer la vaisselle. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas eu de compagnie. Cette jeune fille était peu causante, certes, mais ce défaut était largement compensé par ses bonnes manières et sa curiosité. Elle ne s'était pas attendue à la trouver aussi agréable, ni aussi jolie.

Edmyre ne put s'empêcher de penser au sort auquel Aurore serait bientôt destinée, un rappel douloureux qui lui fit ressentir une immense pitié. Elle était bien trop jeune pour supporter tant de douleur.

A l'extérieur, un bruit de sabots accompagné du bruit familier du métal cognant contre du cuir éveilla son attention.

Edmyre sortit, tout en regrettant de n'avoir pas emporté de châle plus épais. Cette sensation de froid ne fit que s'aggraver davantage lorsqu'elle sentit la présence du cavalier immobile à quelques pas derrière elle.

- Tu l'as laissée partir.

Edmyre grimaça. Il ne changerait donc jamais.

- C'est exact.

- Tu ne me facilites pas la tâche, répondit-il. Je me demande si tu es bien de mon côté en fin de compte.

Edmyre se retourna pour lui faire face: son visage obscurci pas le crépuscule ne lui permettait pas de déceler la moindre expression sur son visage, ce qui ne le rendait que plus menaçant encore. Cependant, elle ne se laissa pas impressionner.

- Le fait que je soutiens ta cause ne signifie nullement que je doive t'aider à satisfaire tes moindres désirs. Dois-je te rappeler que tu n'es plus un enfant?

Le cavalier demeura silencieux. Voyant qu'il ne se déciderait pas à partir avant d'avoir obtenu une réponse satisfaisante, Edmyre poursuivit.

- Laisse-là venir à toi, ça ne devrait plus être long désormais. Elle est bien trop jeune et trop curieuse pour rester dans l'ignorance.

Il observait l'horizon, espérant sans nul doute voir la jeune fille courir au loin. Puis il serra les rênes de sa monture, prêt à partir.

- Heureux de savoir que cette affaire a encore de l'importance à tes yeux.

- Si ce n'était pas pour Nabée, elle n'en aurait aucune.

Ils se dévisagèrent en silence.

- Je doute qu'elle aurait apprécié ce que tu comptes faire, reprit Edmyre.

- Nous n'avons pas le même avis sur la chose, vieille femme, répondit le cavalier.

Puis il repartit au galop, pour disparaître dans la forêt.

Edmyre lui lança un regard mauvais. Elle détestait son insolence, son obstination et par-dessus tout: sa cruauté. A présent, elle se sentait coupable de l'avoir aidé à accomplir tout ce mal... Puis elle repensa à Nabée, à ces moments de tristesse infinie où elle avait pleuré sa mort. Elle s'était jurée de la venger, et y était parvenue.

Cependant, cette vengeance était loin d'être terminée pour lui. Il emprunterait le chemin de la douleur et du chaos, et rien ne pourrait se mettre en travers de son chemin.

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