Ecrire en rouge.

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Ecrire en rouge.

Ecrire en rouge, en rouge cardinal, cette teinte si proche du sang ; en rouge cerise ; en alizarine ; en rouge feu, ce signe de la passion immédiate ; en rouge rubis qui, déjà, décline vers la couleur subtile de la rose, cette si belle onction du romantisme lorsqu’il est conduit dans sa nature même, à savoir se vouloir infini, à la recherche de cette belle essence humaine qu’il pose en tant que son pouvoir être le plus propre. Ecrire dans ce rouge si subtil tel que peint par Dongni Hou, cette sublime effervescence, cette quintessence unique parce que, tout simplement, à la limite de quelque aperception. Nous pourrions dire « rouge idéal », comme l’on dirait « Beau idéal » cet indépassable paradigme de l’art antique.

La lettre rouge.

La lettre rouge est posée sur la table alors que, tout autour, tout baigne dans une flaque grise (serait-ce le marais des sentiments, tel que, précisément aurait pu l’envisager l’âme romantique ?), la robe d’Attentive est cette longue chape noire couleur de nuit dont même les songes ne sembleraient pouvoir émerger. Il faut annuler le bas du corps. Il faut réduire les désirs charnels. Il faut tout reporter dans l’attitude studieuse de Celle qui écrit. Rien ne saurait la distraire de sa tâche qui est de faire surgir l’une des dimensions de l’art. Les avant-bras ont la teinte de la porcelaine pour dire le précieux de l’écriture (entendons de la peinture), la collerette blanche hisse du reste de l’anatomie la tête éclairée d’une belle lumière spirituelle, la coiffe est sagement rabattue de chaque côté de la tête. Seules s’en échappent quelques mèches rebelles qui contrastent avec l’attitude presque pieuse de la Faiseuse de mots. Toute la lumière converge en direction de la main qui accomplit le geste essentiel de faire paraître du visible là où il n’y a que de l’obscur, du replié, du refermé sur le secret. Habilement la page se continue en long châle carmin, manière d’infini parchemin signifiant en mode visuel ce que le mode intellectif s’essaie à dire en milliers de mots, cette magnificence de l’art qui toujours s’écoule tel un fleuve vers son estuaire et semble renaître avec le cycle naturel de l’eau à la manière d’un Eternel Retour du Même. Oui, d’un éternel retour… L’art est toujours renaissant là où la beauté s’éclaire.

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