Ecrire dans la citadelle étroite.

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Ecrire dans la citadelle étroite.

Ecrire au sein de la chambre noire c’est confier son être au vertical abîme de l’autisme, c’est entrer dans la citadelle étroite (celle-là même que Bettelheim qualifiait de « Forteresse vide »), écrire c’est biffer le monde dans son entièreté avec ses luxuriantes grappes de présence, c’est se défaire de toute cette lourde et encombrante matérialité, tailler à vif dans la chair existentielle dont on a reçu l’offrande malgré soi, dont on ne peut exprimer tout le suc puisque, jamais, totalité ne nous sera accessible, seulement les fragments épars de glaces flottant dans une éternelle dérive auprès des Princes du septentrion, ces majestueux Glaciers qui nous toisent de leurs yeux vides, nous mettent au défi de comprendre leurs méandres questionnants, de nous introduire dans le lexique pluriel de leurs complexités labyrinthiques. Toujours nous sommes des chercheurs aux mains vides, des icônes aux yeux de diamant dont les pointes se sont retournées et forent sans cesse l’intérieur, tels des trépans fous en quête d’une inaccessible richesse, cet or noir enfoui dans les strates des sédiments.

Alors il n’y aurait plus d’altérité.

Ecrire. Ecrire les couleurs qui font leur continuelle gigue juste derrière la falaise du front, dans l’aiguillage du chiasma optique comme si, de cette subtile géométrie subitement inversée, pouvait naître un retournement des choses, le dehors surgissant dans le dedans, le dedans se précipitant au dehors. Alors il n’y aurait plus de séparation, alors on serait le monde, tout comme le monde serait celui qui l’interroge depuis la nuit des temps. Seul parmi les vivants, le Dasein est celui, unique, qui explore son possible ontologique à même son inquisiteur langage. Si le chiasma était plus qu’un réseau anatomo-physiologique, s’il correspondait à sa valeur métaphorique de retournement, de réversibilité, de passage d’un monde interne à un monde externe, alors il n’y aurait plus d’altérité.

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