Dehors est loin.
Dehors est loin.
A sa table de travail Attentive est assise en retrait du monde. Dehors est loin. Dehors est illisible. Comme si, au centre d’un possible néant, il y avait la vibration d’une conscience puis plus rien qui ne fasse signe au-delà. Un peu comme un caillou perce l’eau de sa vibrante entaille et ne demeurent plus que des rythmes d’ondes concentriques et un immense silence s’alimentant à cette manière de mouvement infini. Dehors. Quel est-il ? Existe-t-il au moins ? Quelle est donc son hypothétique figure ? Peut- être le miroitement d’un lac couleur d’étain cerné des ombres d’arbres décharnés avec la tache blanche du soleil, loin là-bas, pareil à la promesse du jour. Peut-être un immense linceul poudré de gris se perdant dans la fente d’un horizon illimité. Ou bien encore le ruban laiteux d’une rivière entre des rives emplies de brume. Mais qu’importe dehors puisque dedans est si vif, animé, parcouru d’étranges lézardes en forme de joie ? Alors on demeure là, enclos dans l’enceinte de son corps, à l’abri derrière son bastion de chair et l’on écoute sa propre rumeur faire ses va-et-vient, ses subtils allers et retours. On est à l’affût de ses fluides internes. On devine le lent écoulement des fleuves pourpres dans la touffeur des tissus. On devine les perles des larmes identiques à de mystérieux bourgeons en attente d’éclosion. C’est si près d’un sanglot l’écriture. Si près d’un bonheur, aussi, avec ses coups de boutoir, ses sauts de carpe, ses atermoiements, ses disparitions soudaines, ses brusques résurgences. Cela sinue en soi, cela ruisselle avec la nécessité de faire présence et de s’actualiser en mots, de se traduire en images.
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