Frangine sociable

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La journée se termine sur une note joyeuse. Le père de Naya nous autorise à rester après le cours et à assister à celui des Terminales. Naya est exclue de l'évaluation de niveau. Elle devait travailler Prince, cependant, j'ai épuisé l'étalon. Mélia propose à Miss Pimbêche de travailler avec Étoile en remplacement. Nos deux chevaux ont l'habitude de courir tous les jours et souffre déjà de trois jours de box. La reine des abeilles est ravie de l'idée. La jument est un très bel animal et Naya se réjouit de monter un cheval de cette qualité.

Nous avons la carrière Une à notre disposition. J'en profite donc pour faire sortir Grognon qui a besoin de se dépenser un peu. Je le soupçonne de se goinfrer depuis trois jours. Richard a apporté tous leurs harnachements. Les filles mettent donc la selle normale sur Étoile tandis que je me suspends au cou de son bourricot pour lui passer le mors. C'est toujours un combat de catch entre nous deux. Je gagne à chaque fois. Les palefreniers m'observent et rigolent quand ils comprennent le fonctionnement de notre duo. Celui qui râle le plus est le vainqueur.

Ce sale gosse tente de me coincer contre le mur, cependant, j'ai l'habitude et je saute au bon moment pour prendre appui sur le mur. J'utilise mes jambes pour repousser la carcasse joueuse et me retrouve à califourchon sur son encolure. Le mors est placé et bouclé en quelques secondes malgré son gigotage de tête. Première bataille remportée. Passons maintenant à la couverture de protection et la selle. Pour la seconde étape, c'est à dire la couverture, je dois rester sur l'animal et serrer les cuisses. Il n'a pas la place dans le box pour se secouer assez et me faire tomber. Je dois profiter du passage près de la porte et me tord avec une souplesse digne des meilleures gymnastes pour chopper la selle. Mes abdos sont en béton armé à force de soulever ce poids tête en bas. Poser la selle est facile. Arriver à descendre et à serrer suffisamment vite est plus difficile. Je dois reprendre la seconde et la troisième étape à cinq reprises pour y parvenir. Ensuite, il me faut tapoter le ventre et patienter à l'expiration pour serrer un bon coup. Je dois avoir le seul cheval au monde qui pratique l'apnée pour gonfler son ventre.

Quelques hommes regardent. Notre chamaillerie est un petit spectacle comique. Il n'y a aucune méchanceté dans leurs regards. Peut être juste un peu de rancune envers Grognon lorsqu'ils me soutiennent et essayent de m'aider en me portant la selle à hauteur. Il leur en a fait baver pendant ces deux jours sans quelqu'un pour le discipliner. Je le gronde, non pas pour ses actions envers les hommes, mais pour sa résistance à sa préparation. Je le menace de le priver de carottes ou de le laisser enfermer dans le box pendant une semaine. Aucune de mes menaces n'a d'effet sur son envie de jouer. Cependant, je parviens à mes fins et l'équipe correctement. Un palefrenier a la gentillesse de m'ouvrir la porte du box pendant que je me mets en selle.

Je sors enfin. Grognon trottine gaiement en se dirigeant vers notre lieu de travail. Il est content de sortir et parade devant ses congénères en hennissant bruyamment. Cette andouille fanfaronne. Cela ne l'empêche pas de faire un micro câlin à ma jumelle au moment d'entrer dans la carrière. Mélia referme la barrière derrière nous. Étoile et Naya sont déjà en train de prendre leurs marques. C'est une jument adorable qui accepte facilement les nouveaux cavaliers. En plus, Naya est d'un excellent niveau. Le nouveau duo nécessite quelques minutes à peine pour se coordonner.

Je fais s'échauffer en douceur mon étalon, au petit trop puis en augmentant tout doucement l'allure. Je travaille les changements de direction et un peu les démarrages rapides, arrêts brutaux et demi-tour sur place. Étoile commence à répondre à la voix de Naya grâce aux astuces que lui fournit ma sœur adorée. C'est étrange. La reine des abeilles et mon double semblent s'entendre à merveille. Mélia a vraiment un don pour se faire des amis y compris parmi les personnes les plus difficiles à sociabiliser. Une fois, alors que je lui posais la question sur sa technique, elle me répondit que si elle était capable de domestiquer une bête sauvage comme mi, elle pouvait apprivoiser n'importe qui. J'ai bien ri à cette pique affectueuse.

Très rapidement, Étoile est prête pour débuter le saut d'obstacles. Ma sœur installe les barres pour le travail. Je sens mon cheval trépigner. Le simple galop ne lui suffit pas. Il veut lui aussi faire des bonds. Cependant, j'aperçois aussi le regard triste de mon double en manque de contact animalier. Je m'arrête à sa hauteur et mon étalon donne un coup de tête dans son dos. Lui aussi a compris le chagrin de ma chérie et veut la réconforter. Je descends et du regard, propose à ma sœur de s'occuper d'épuiser le sale gosse. Mélia a su gagner le respect de mon équidé à coup de bout de carottes et de pommes. Elle peut grimper sans qu'il ne proteste.

Ma sœur sautille de joie. Grognon est toujours très doux avec elle. Je n'ai pas le temps de faire lui la courte échelle qu'elle est déjà sur son dos. Je la remplace pour monter les barres pour Naya et Étoile puis pour le second duo. La reine des abeilles arbore un immense sourire. Je pense qu'elle pourrait presque le faire en monte à cru tant elle s'entend bien avec la jument.

Peu à peu, on augmente la difficulté. Pas une seule fausse note de la part de chacun des duos. Mon étalon ne fait jamais la compétition avec la jument. Il se contente de la motiver et de la suivre. Les deux équins papotent dans leur langage. Ce sont de vraies pipelettes. Leurs hennissements joyeux prouvent qu'ils sont heureux de se dépenser un peu. Très vite, les filles se sentent en confiance pour tenter sans selle. Ce n'est pas un souci pour Mélia et Grognon qui le font régulièrement. Naya n'a pas l'habitude, cependant, Étoile est très confortable et docile au contraire de Prince. La monte à cru est excellente pour se perfectionner. La reine des abeilles veut profiter de l'occasion et les chevaux préfèrent être sans selle.

Les filles font quelques sauts facilement. Les évaluations sont finies. Une petite troupe se forme pour nous admirer dont le propre père de Naya. Les chevaux répondent à la moindre demande de leurs cavalières. Quand ils ont assez sauté, j'enlève les barres et laissent ma sœur guider Miss Pimbêche pour des exercices de voltige très simples. Je récupère les mors. Nos chevaux nous obéissent à la voix. Un palefrenier s'est précipité et rapporte l'équipement de voltige que je place très rapidement. Grognon est moins confortable pour la voltige, cependant, Mélia est expérimentée. Elle effectue son petit cours privé sous les regards admiratifs de ceux qui nous entourent. Le manque d'abdominaux de Naya écourte la séance. Ma sœur récupère alors sa monture et moi la mienne. Nous allons pouvoir montrer ce que l'on sait faire.

A l'aide d'une petite enceinte portable appartenant à un palefrenier, ma douce lance sa playlist pop en fond sonore. Nous voltigeons au triple galop. Mélia passe d'un cheval à l'autre. Je la sécurise par instant. Parfois, nous effectuons une chorégraphie rythmée et coordonnée. J'aperçois les yeux lumineux d'admiration des spectateurs. Nos chevaux sont fiers de montrer leurs puissances et leurs talents. Quand Étoile commence à fatiguer, je finis d'épuiser mon étalon en montrant un exercice de dressage en liberté. Je n'ai que ma voix et pourtant, le grincheux exécute les mouvements sans rechigner. Je cours et lui saute sur le dos alors qu'il galope puis, en me penchant dans le vide, juste soutenue par une jambe accrochée à la poignée, je soulève Mélia pour la faire grimper à mes côtés. Le père de Naya se dandine. Je vois qu'il a envie d'essayer lui aussi. Ma sœur lui explique chaque geste. Nous tentons. Les deux premières fois échouent. Mais à la troisième tentative, il est sur le cheval sous les bravos des autres.

Je calme mon étalon qui ne tolère que Mélia et moi sur son dos. Il accepte par confiance envers moi mais également aussi car le père de Naya est un excellent cavalier qui sait s'adapter à son rythme de course en quelques secondes. De toute façon, il descend vite. Je montre quelques mouvements rigolos comme un petit saut accompagné de coups de sabots en l'air ou se cabrer. Le soir tombe et les hommes doivent finir leur journée. Je donne le signal du retour à mon étalon qui veut faire une dernière prouesse. La clôture d'enceinte de la carrière est haute mais pas suffisamment pour le dissuader. Il se lance à vive allure et quand il se sent suffisamment rapide, il se dirige de lui-même vers la rambarde. Il saute d'un bond parfait et se réceptionne avec brio. Fier de lui, il parade après avoir freiné pour recevoir des bravos.

Mélia, Naya et moi restons pour aider à finir le travail et permettre aux palefreniers de ne pas finir trop tard. Étoile reçoit des tonnes de gratouilles et même Prince. Grognon, en bon crétin, refuse toute approche amicale et offre des vents monumentaux à qui s'approche en montrant son gros postérieur. Je veille à ce qu'il boive doucement et lui donne sa ration quotidienne. Étoile profite d'être sans entraves pour aller saluer chaque cheval et leur dire bonne nuit par la demi-porte du box. Elle rentre d'elle même quand je la siffle. Je lui fais un bisou sur les naseaux comme pour Grognon. Maintenant que nous avons sympathisé avec quelques palefreniers, nous pourrons revenir beaucoup plus souvent. Je gronde mon étalon pour qu'il arrête d'effrayer les jeunes cavaliers. La jument hennit pour me répondre. Je crois qu'elle me dit qu'elle va s'occuper de ce sale ronchon. Le père de Naya nous ramène aux dortoirs afin que la gardienne ne nous cause pas de problèmes. Il se porte garant et indique que c'est lui qui nous a demandé de rester aussi tard. Il est temps de prendre une douche rapide avant de foncer à la cafétéria. Se battre avec un étalon, ça creuse.

Les basketteurs nous ont gardé de la place. J'ai tellement faim que je ne prends même pas le temps d'écouter les tentatives de piques de Maltez à propos de mon treillis. Je me demande bien ce que les filles lui trouvent. D'après leurs discussions, il serait le plus beau garçon du lycée. Il est le plus grand et musclé, ça je le reconnais. Je dirais un mètre quatre-vingt-dix-sept. Ses cheveux noirs lisses sont coupés assez courts, presque rasés sur les côtés. Sur le dessus, ils sont un peu plus long, dans les cinq à dix centimètres et dressés droit en brosse. Ses yeux noirs sont assez grands et expressifs, tout comme Thibaut, mais les émotions sont colère, exaspération et des choses similaires. Enfin quand il ne les cache pas derrière ses épaisses lunettes de soleil type aviateur. Son look faussement négligé est composé d'un pantalon noir, d'une chemise soit blanche ou noire, d'un blouson de cuir et d'une boucle d'oreille brillante. Absolument rien d'intéressant. Je préfère mille fois le look jogging de Blaise ou dandy de Thibaut. Je me reconcentre sur ce qu'il y a d'important. Négocier avec Pétunia pour avoir un second dessert. J'ai trop la dalle.

Après une bonne nuit de sommeil à l'aide de bouchons pour ne pas entendre les ronflements de mes colocataires, il est l'heure de repartir pour ma seconde journée de cours. Celle-ci s'annonce moins compliquée qu'hier. Nous recommençons la matinée par le français, puis les mathématiques et ensuite nous avons deux heures de sport. Le test de niveau en français montre que ma sœur et moi n'avons pas suivi le programme officiel et les œuvres obligatoires à étudier. Toutefois, nous avons des connaissances sur leurs auteurs et un éventail d'autres ouvrage bien plus large. Le prof de français est cool en fait. Monsieur Noguerra me captive par ses paroles. Il est incroyable.

J'arrive de très bonne humeur au cours d'éducation physique. J'ai non seulement passé un début de matinée agréable mais en plus, je vais pouvoir me dépenser un peu. Je n'ai pas besoin de me changer, cependant je grimpe dans ma chambre pour poser mon sac de livres et surtout accompagner ma sœur. Les trois kawai ont du mal à monter aussi vite que moi. Comme je les aime bien, je me donne une pénalité en portant leurs sacs. Cela ne me ralentit même pas et j'arrive bien avant elles, Mélia juste derrière moi. Je surveille la porte pendant qu'elle se change pour un jogging flashy. Elle a fini avant que ses colocataires ne franchissent le seuil. Rapide et efficace comme toujours.

Lorsque toutes les filles sont prêtes, nous redescendons à toute allure. Nous sommes les premières et en profitons pour regarder la salle avec intérêt. L'espace intérieur est grand et il n'y fait pas trop chaud. J'avais peur en voyant la structure métallique cependant, c'est bien isolé. Plusieurs verrières et longues vitres offrent une très belle lumière intérieure. Il y a un terrain de basket, un autre de volley ou de hand et des gradins sur les bords. J'aime l'atmosphère à l’arrière-fond d'odeur de transpiration qui y règne.

Un homme chauve aux épaules très larges est en train d'installer des tapis dans le fond de la salle. Il porte un short rouge qui menace de craquer et un simili de tee short débardeur noir avec une casquette à l'envers. Son biceps est aussi gros que ma cuisse et je ne suis pas maigre. Sa musculature est trop développée et il a ce qu'on appelle un cou de taureau, court et fortement musclée. Il n'a pas l'air très commode. Son visage est fermé et semble en train de pester. Je l'observe quelques instants avec méfiance. Je pense qu'il s'agit de notre futur prof. Une sorte de pressentiment de poissarde qui se vérifie quelques instants plus tard quand il nous aboie dessus pour s'assurer que nous sommes la classe de Secondes qu'il a en charge.

Nos autres camarades arrivent au compte-goutte en se faisant enguirlander pour leur retard bien que l'heure du cours ne soit pas encore commencée. Quelque chose énerve clairement le professeur. Sur ses ordres, nous nous asseyons sur le coté des tapis. Je l'écoute distraitement raconter sa vie de lutteur et de bodybuildeur hautement reconnu. Les nombreuses médailles et trophées obtenues. J'apprends qu'il est l'entraineur de l'équipe de lutte du lycée et très fier de son fils, le fidèle successeur de la dynastie familiale de sportifs. Il est furieux car hier, cinq d'entre nous se sont ligués pour attaquer lâchement son si formidable fiston isolé à lire ses cours. Une telle chose est indigne et n'est la façon de faire que de personnes jalouses. Il veut voir les brutes coupables pour leur apprendre ce qu'est un vrai combat équitable, à la loyale. Il scrute les garçons d'un air mauvais. Mélia me sourit, complice. Elle vient de comprendre que Musclor a raconté sa propre version des faits.

— Votre fiston est un menteur et un lâche. Il a essayé de racketter cinq filles de Secondes avec ses potes. Les brutes, c'est lui et ses potes. Le combat était loyal, un contre un. Je lui ai laissé une chance de partir mais il a continué à vouloir faire du mal à mes copines. Alors, il a reçu la leçon qu'il méritait. Ses potes ont fui avant que je ne puisse les corriger. Si vous ne savez pas éduquer votre rejeton, ce n'est pas ma faute. Si vous avez des doutes, demandez aux autres élèves. La personne indigne de l'histoire, c'est votre merveilleux fils.

Je me suis levé et je regarde d'un air froid le professeur. J'assume toujours mes actes, que ce soit des âneries ou des bagarres légitimes. J'ai protégé les filles. Je suis droite dans mes bottes. Enfin plutôt mes baskets aujourd'hui. Je ne supporte pas le mensonge. Mélia confirme ma version des faits, immédiatement suivi des kawai et de quelques camarades. La fureur de l'enseignant se transforme en stupéfaction. Il demande plusieurs fois confirmation que son rejeton s'en prend aux plus jeunes. Cela ne semble pas lui plaire du tout. Puis, revenant de sa surprise, il me regarde de haut en bas plusieurs fois.

— C'est toi qui lui as cassé le nez ?

— Oui et je n'hésiterais pas à recommencer à chaque fois qu'il tentera de toucher plus petit que lui et surtout ma sœur chérie.

— Mais... Tu es gaulée comme une crevette.

— La taille des muscles ne compte pas dans une bagarre. L'important, c'est la façon et la vitesse de s'en servir.

— Tu pratiques la boxe ?

— Boxe, taekwondo, karaté, krav-maga, capoeira, jujitsu et d'autres.

— Qui t'as appris ça ? Tu es une fille. Tu devrais faire de la danse.

— En grande majorité, mon grand-père et mon parrain, instructeurs chez les commandos. A ma demande pour mon trop plein d'énergie et parce que la danse et les trucs gnan gnan, ça me gonfle.

— Je ne te crois pas. Une morveuse comme toi ne peut pas avoir réussir à blesser mon fils. C'est un lutteur qui fait des compétitions nationales. Tu couvres les mecs parce que tu penses que je ne toucherais pas une fille.

— Non. Votre fils est un connard qui rackette les plus jeunes et en plus, il ne sait pas se battre. Combattez-moi et je vous le prouverais. En revanche, si je gagne, mes quatre copines et moi, nous ferons notre sport de notre côté sans vos conseils et vous nous mettrez la note maximale.

L'homme se tâte. Nous nous affrontons du regard. Son collègue s'est rapproché avec ses élèves, des garçons de Terminale. Thibaut confirme poliment ma version de l'histoire et tente de dissuader le colosse de son mieux avec l'aide de son enseignant. Blaise et les autres basketteurs sont inquiets pour moi. Maltez ne dit pas un mot et semble réfléchir. Il pose sa main sur mon épaule et me chuchote à l'oreille :

— Tu es sûre de toi, la morveuse ? Il est expérimenté. Je ne voudrais pas que tu te fasses mal.

— Certaine. Je vais gagner, j'en mettrais ma main à couper. Il ne connait que la lutte. Je n'aurais aucun mal à utiliser sa propre force contre lui.

— Bien. Alors laisse-moi agir et tais-toi deux minutes. Si tu tiens ta promesse, on va mettre Sarah et ses colocs en sécurité pour l'année.

Maltez a compris mes intentions. Il accepte de me soutenir, je pense plus pour la sœur de son meilleur pote que pour les ennuis que je pourrais m'attirer. Je suis étonnée qu'il me fasse confiance. Je le vois aller parler à son entraîneur et j'entends par instants des mots comme "petite sœur de Blaise", "filles innocentes" et "grincheuse". Il négocie quelque chose. Je ne connais pas toutes les règles de ce genre d'endroit qu'est un lycée. Blaise et Thibaut semblent approuver les propositions de leur pote. D'ailleurs, tous les gars alentours semblent valider et leur enseignant finit par céder. D'un soupir, il se place entre le colosse et moi.

— Je vais prendre les cinq filles avec moi, Raoul. Il y a conflit d'intérêt. Les garçons viennent de m'expliquer que ton fils a voulu les racketter et qu'elles se sont juste défendues. Je les noterais avec objectivité. Elles ne peuvent pas vagabonder sans un professeur, c'est contre notre règlement et surtout la déontologie.

— Pas question. Je veux voir si elle dit la vérité. Si elle sait vraiment se battre.

— Bien. Si elle gagne, elles viennent avec moi et tu poses ta démission pour Noël, dit le coach des basketteurs après m'avoir lancé un regard inquiet et avoir eu confirmation de continuer par un pouce levé de Maltez.

Je m'avance pour le défi pendant que Sarah se précipite dans les bras de son frère. Maltez, Thibaut et le prof des gars interrogent ma jumelle avec anxiété. Son sourire me prouve son entière confiance. Le colosse se prépare lui aussi et indique qu'il est échauffé et prêt à se battre. L'enseignant se place en juge et explique les règles du combat. Pas de coup dans les boules ou au visage, et il faut faire sortir du rectangle l'adversaire. Il précise aussi les règles de base de la lutte gréco romaine bien qu'il ne me force pas à les respecter.

Je le regarde se poster en position de lutteur, un peu accroupi. Il tourne autour de moi, mimant vouloir se lancer. Il bluffe pour me faire peur. Plusieurs fois, il se jette pour m'attraper et je l'esquive sans aucun problème en sautant très haut Il a un tic quand il attaque. Il renifle et tord sa bouche deux secondes avant de bouger. Je lui fais quelques croches pattes pour qu'il se vautre. Il me parait un peu plus souple que son fiston mais tout aussi lent. Il ne parvient pas à me toucher et s'énerve. Je fais durer le plaisir. Ce genre de colosse s'épuise vite. Au bout de la cinquième tentative pour m'attraper, il a enfin compris et veut m'attraper en plein saut. Mais cette fois, au lieu d'esquiver par le ciel, je me plaque au sol, sur le dos et lève les jambes au bon moment pour le faire voler dans les airs, en attirant sa masse en mouvement par le débardeur.

Il est expulsé loin de la surface et je me relève en une seconde. Bien qu'il ait perdu et que son collègue lui demande de lâcher l'affaire, il revient à la charge et cherche à me frapper au visage avec ses poings, totalement hors de contrôle. Je me baisse pour l'éviter et le fait chuter par une frappe circulaire de ma jambe gauche au niveau de ses chevilles. Il est à terre, sonné par la brutalité de sa chute. Il essaye de se relever et commet l'erreur de se mettre de côté, ce qui me permet de le placer sur le dos. J'utilise alors une clé de bras, technique autorisée en lutte, en plaçant mon corps sur le dos de mon adversaire. Il n'arrive plus à bouger et hurle de douleur. Je lui dis d'arrêter de gigoter sinon il risque de se casser l'omoplate tout seul. Je ne veux pas le blesser.

A la demande de son collègue, je le relâche. Il n'a pas eu sa dose. Alors, je change de technique. Un coup puissant de mon pied en plein sur son poitrail le fait reculer de deux mètres et lui coupe la respiration quelques secondes. Il commence enfin à réaliser que je ne fais que l'éviter et ne combat pas vraiment. Il semble réfléchir et se calmer en reprenant sa respiration. Son collègue l'enguirlande sévèrement. Au contraire de lui, je maitrise parfaitement ma respiration et suis très paisible, attentive au moindre mouvement. Il secoue la tête, renonçant à venger son fils. L'odeur de bonbons à la violette se rapproche. Une main se pose sur mes fesses et tapote doucement. Pas besoin de me retourner pour savoir que ma jumelle me demande de stopper.

J'attends patiemment que le coach des garçons demande aux filles de le suivre pour tourner les talons. L'homme est bien embêté et se demande comment gérer ses nouvelles recrues. Ma douce moitié lui propose de s’occuper des filles lorsqu'elles ne pourront pas suivre le rythme des garçons car elle a de bonnes bases en divers sport. Blaise quant à lui veut porter sa sœur sur son dos lors des échauffements de course et propose certains de ses copains pour Mélia et les deux autres filles. Tous éclatent de rire lorsque Maltez leur interdit de me venir en aide et de me laisser me débrouiller. Je n'attendais aucun traitement de faveur. Je suis surprise cependant quand il me félicite pour avoir corrigé Raoul et ainsi permis à Sarah et aux filles de venir avec eux.

Le prof décide de placer les filles sur la droite, avec Blaise et Thibaut comme barrière de protection. Il rappelle aux gars que le premier qui n'est pas gentleman fera dix tours de piste ou cent pompes pour calmer ses ardeurs. Maltez murmure à mon intention que de toute façon, je péterais le nez du gars avant que le prof ne voie quoi que ce soit. Je souris, pour une fois qu'il dit un truc intelligent. Les étirements d'échauffements se passent plutôt bien. Ensuite, nous devons courir à notre rythme pour faire cinq tours pour les gars, trois pour les filles.

Je cours assez vite mais je ne peux pas rivaliser avec les pattes géantes du grand dadet pour la vitesse. Il fait au moins vingt-cinq centimètres de plus que moi. Mélia et moi nous calons sur le rythme de Thibaut qui est très proche du notre. Les trois kawai, plus lentes, courent ensemble. Blaise profite des moments où il double sa sœur pour lui faire un bisou et écope en riant d'un tour supplémentaire. Moi, j'en profite pour leur faire des grimaces et essayer de les déconcentrer pour qu'elles se détendent. Ici, elles sont bien plus en sécurité que tout à l'heure.

Après nos cinq tours à un rythme soutenu, Mélia et moi sommes prêtes à suivre la suite du premier cours. Aujourd'hui et pour les mois à suivre, ce sera saut en longueur. Ça me convient et donne mon maximum ainsi que ma sœur. Nous aimons nous dépenser. Nous avons un score honorable dans la moyenne des gars. Blaise se vante d'être le meilleur et fait la compétition avec Maltez. Ces deux-là se chamaillent en permanence mais s'adorent. Sarah me confie qu'ils sont comme ça depuis toujours. J'aperçois d'ailleurs quelques gestes presque fraternels du grand dadet envers la petite souris. Elle n'a pas du tout peur de lui et réponds à ses piques amicales. Blaise essaye de recevoir des compliments de ma part et veut un bisou à chaque fois qu'il bat son dernier record. Je rigole quand le prof fait des calculs improbables pour prouver aux mecs qu'en proportion, Mélia et moi les éclatons tous. Le cours se termine. J'ai couru pendant deux bonnes heures. Mes jambes ont enfin évacuée les fourmis.

Étrangement, la bonne humeur de Blaise et la dépense physique me permettent de rester très calme face aux tentatives de bagarre orale du capitaine d'équipe des basketteurs. Je dois même lui être presque reconnaissante d'avoir posé sa main sur l'épaule de Mélia quand un gars a commencé à la draguer pendant que je sautais. Thibaut me gère ainsi que Lilou, Blaise sa sœur et Fleur et Maltez veille sur Mélia. Nous sommes leurs protégées. Le professeur les laisse faire. Je comprends que Maltez as beaucoup d'influence que ce soit sur les élèves mais aussi sur les professeurs. Ma petite chérie me voit me poser des questions et éclaire ma lanterne sur mes deux sujets de questionnements. Il est le fils d'un grand ponte au nom craint comme notre grand père dans le milieu militaire, et d'une autorité naturelle. Les gens l'écoutent pour cela. Maltez a discuté avec elle sur notre véritable niveau en combat et connait de nom la réputation de notre famille. C'est pour cela qu'il m'a laissé me battre face à Raoul.

Je fais un micro câlin à ma sœur. J'admire son talent pour se lier d'amitié et obtenir autant d'informations aussi vite. C'est une mauvaise idée. Les trois Kawai rappliquent pour me remercier elles aussi de ma victoire. Blaise se joint à elle. Ça tourne au câlin géant et je ne peux pas m'enfuir. Je hurle mon désespoir sans obtenir d'aide de qui que ce soit. A peine Thibaut qui cherche le tuyau d'arrosage pour asperger son pote qui enlace cinq filles. Blaise nous relâche enfin après une supplique de sa sœur.

Les vestiaires communs sont blindés de monde. Sarah ronchonne de devoir monter trois étages pour arriver à sa chambre. Maltez propose de nous ouvrir les vestiaires des basketteurs, pour que nous puissions nous doucher en sécurité. Il nous fait confiance pour ne toucher à rien. Les filles hésitent et demandent quels seront les gars présents. Quand elles apprennent qu'il n'y aura que Blaise, qui sera le gardien des clés, elles sautillent de joie. Sarah se pend au cou du grand dadet pour lui faire un bisou sur la joue. Elle le traite comme un second grand frère. C'est de plus en plus flagrant. Quelques gars, qui sont de l'équipe si je me rappelle bien, ronchonne un peu mais acceptent par galanterie.

Blaise est hyper attentionné et se tourne pour ne pas gêner les demoiselles. Les filles et lui sont surpris de constater que je me bande la poitrine et rigolent quand ils découvrent que c'est juste parce que mes demi-melons me gênent. Bien qu'il embête sa frangine, il est hyper respectueux pour la pudeur des Kawai et ne cherche pas à nous reluquer en douce. Nous nous lavons très vite et sommes prêtes quand Maltez toque pour nous emmener manger. C'est sous bonne escorte que j'arrive à la cafétaria où le vent de mes nouveaux exploits est déjà parvenu. Naya embrasse goulûment Maltez pour le remercier d'avoir usé de son influence pour mettre en sécurité des filles. Le regard affectueux qu'il lance à Sarah et Blaise me confirment qu'il ne l'a fait que pour ces deux-là.

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