Laisser le temps nous montrer la vérité

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Ellipse d'un an environ

Presque un an s'est passé depuis la dernière attaque. J'ai été sur les nerfs durant les six premiers mois. Plusieurs fois, mon parrain ou un des militaires sont intervenus durant la nuit pour défouler mon trop-plein d'énergie en venant se battre avec moi sur le toit. Tant que le couvre-feu militaire a été en place, j'étais une tigresse enragée voulant protéger ses petits. Pour la sécurité des adolescents, Mélia a appelé des secours pour faire retomber la pression de la cocotte-minute que je suis.

Durant cette période, j'ai conservé et amélioré mes plantations sur les deux toits avec l'aide et la complicité des militaires. Le responsable des chantiers m'a fourni, également une assistance des plus appréciables pour la conception et la fourniture en matériaux. Il a aussi négocié l'autorisation avec la directrice des dortoirs pour mon bric-à-brac. Garçons et filles disposent de la plupart des légumes faciles à cultiver toute l'année et deux belles serres plastifiées en aluminium ont été installées de manière solide et sécurisées. Les prises électriques sont utilisées maintenant pour des lampes et le chauffage des serres. Les deux toits ont été reliés par une passerelle solide et sécurisée pour éviter les accidents.

De toute façon, les élèves désobéissaient en sautant depuis des lustres. Je n'ai fait qu'intensifier le problème. Sauf que les garçons ne se sont jamais blessés quand ils étaient sous ma responsabilité. En plus, en cas d'incendie, cela peut offrir une fuite secourable si les flammes partent du rez-de-chaussée. Nous avons bien réfléchi à la sécurité. Très peu de terre a été utilisée afin de ne pas alourdir le poids sur les toits. Les cultures sont celles qui supportent des racines avec peu de terre. Les circuits hydrauliques et électriques ont été vérifiés par des professionnels. Les élèves assurent l'entretien volontiers, enlèvent les feuilles mortes, les fruits et légumes à maturité.

Heureusement, le couvre-feu a été levé dans le courant du mois de juin. Depuis que j'ai récupéré le droit de vagabonder quasiment partout et à n'importe quelle heure, je me suis détendue en pouvant enfin respirer le bon air et surtout travailler avec Grognon. Pendant l'été, comme pour toutes les vacances, ma jumelle et moi sommes consignées au lycée officiellement. Un soldat ayant pitié de nous a demandé que je sois placé sous surveillance rapprochée. Il a utilisé mes nombreuses infractions comme preuve du besoin de me surveiller de près. Nous avons ainsi pu sortir du lycée pour deux mois et rejoindre un camp militaire proche qui était en fait la nouvelle demeure de certains survivalistes amis de Richard. Cela nous a fait un bien fou.

Poussée par Mélia, j'ai vraiment sympathisé avec ses colocataires, Blaise, Alex et Thibaut. Les garçons sont à la fac depuis septembre. Ils ont eu leur bac avec mention. Maltez, Naya, Clarissa et Pétunia sont aussi des jeunes étudiants. Nous les croisons régulièrement. Blaise vient voir sa petite sœur tous les jours et est souvent accompagné de ses amis. En suivant l'exemple de nos dortoirs, ils essayent d'installer les mêmes dispositifs sur les toits des logements étudiants. Alex transforme un espace vert envahi de mauvaises herbes en potager avec la bénédiction du syndicat de copropriété et quelques plantes que je lui ai offertes.

Musclor a redoublé et continue de tenter de terroriser les plus faibles. Il se méfie de moi et reste à bonne distance de mes amies et de ma jumelle. J'ai remplacé Maltez dans le rôle de protecteur des jeunes. Quand Mélia ne peut pas gérer les soucis avec la diplomatie, j'interviens. En général, le simple fait de citer mon prénom relance les discussions de paix. Notre duo ressemble beaucoup à celui de Blaise et Maltez. Le bon et la brute, version fillette. J'aime inspirer la terreur sans rien foutre et je me marre en faisant parfois semblant de me mettre en colère sous les regards amusés de ma jumelle.

Je suis toujours aussi ronchon cependant. Mon caractère ne va pas en s'améliorant. J'ai trois nouvelles colocs de Terminale qui ne m'adressent pas la parole, ça me va. Je reste dans les parages du quatuor Kawai ou passe mon temps à l'écurie. J'adore les trois chipies. Elles sont merveilleuses, hyper patientes et tolérantes face à mon caractère si particulier. Bien qu'elles me taquinent gentiment à ce sujet, elles respectent toutes mon look et ma façon de penser. Mélia est mon double. Elles sont mes amies. Je les adore.

Grognon et aussi Prince sont d'excellents assistants pour améliorer mon caractère. Naya manquant de temps pour faire s'entraîner son étalon, je m'occupe de lui pour délester un peu son père de la charge de travail de responsable des écuries. C'est assez simple. Mélia et moi sommes les seules tolérées par Grognon dans son box. Prince n'accepte que Naya, son père, Mélia et moi sur son dos. Un jour où il était de mauvaise humeur, ma jumelle a prouvé à l'étalon domestique qu'elle était aussi douée que moi en rodéo. Depuis, il la traite avec respect, d'autant plus qu'elle lui file des morceaux de carottes ou de pommes assez régulièrement.

Si Alex et moi entretenons des rapports cordiaux basés principalement sur les cultures de plantes, je suis hyper proche de Blaise et de Thibaut. Blaise, c'est le pote blagueur et séducteur. Le grand frère taquin et câlin pour les cinq filles. Thibaut, il n'y a que Mélia et moi qui en sommes vraiment proches sur les cinq. Il est beaucoup plus réservé, plus calme aussi et bien plus mature. Lui, c'est le grand frère qui éduque, conseille. Dès que j'en ai l'occasion, je passe du temps avec lui. Il me montre ses cours de biologie, ce qui me passionne. Il m'aide pour les miens avec bienveillance. Ce sont les deux seuls gars qui peuvent me toucher sans risquer de se prendre un coup. Je recherche même leur contact apaisant. J'aurais adoré avoir un grand frère et je jalouse un peu Sarah sur ce point.

Justement, Sarah et Fleur ont enfin fait leur coming-out. Elles sortent ensemble sans se préoccuper des regards aux alentours. Fortes de leur idylle, et voulant rendre tout le monde heureux, elles jouent les entremetteuses. Lilou, Mélia et moi subissons leurs rencards foireux imposés pour nous trouver des petits copains. Lilou et Mélia enchaînent les amourettes avec un succès très variable.

Je ne dépasse jamais le premier rencard. Les andouilles pleines de sucre qu'elles me trouvent ne me conviennent pas. Mélia les a pourtant prévenus que je n'aimais pas qu'on se rabaisse devant moi. Il suffit de voir comment Blaise ou Thibaut me traite. Ils sont doux, mais jamais ils ne cessent à mes caprices ou à ma mauvaise humeur. Au contraire, ils me ferment mon clapet avec des bisous et des rires sans se préoccuper de mes râles. Je rêvasse parfois à une histoire d'amour, mais pas avec les personnes proposées par les Kawai. J'ai un petit béguin pour quelqu'un. Un amour compliqué, voire impossible. Je suis certaine qu'il n'est pas réciproque. Personne même Mélia n'est au courant. Je n'ai que seize ans. J'ai encore le temps pour les amourettes. En attendant, je voue à l'échec les plans de mes deux entremetteuses.

Je ne suis pas vraiment proche de Naya. C'est une sorte de statut quo. Nous nous sommes mises d'accord sur le fait qu'on ne s'appréciait guère et étions très différentes. Nous avons des points communs comme l'amour des chevaux, la chianttitude et la confiance en soi inébranlable. Nous nous respectons. Nous nous tolérons. Il ne faut pas nous en demander plus. Nous nous évitons autant que possible.

Ses copines Clarissa et Pétunia me sortent par les yeux. Je ne peux vraiment pas les supporter ces deux-là. Elles sont tellement superficielles et stupides. Nous n'avons aucun point commun à part le fait d'être des filles. Même Mélia les trouve énervantes et hautaines. La seule qui a de l'autorité sur elles est la reine des abeilles dont elles lèchent le cul avec hypocrisie pour rester populaires. Au moins, Nana a un cerveau. Dans leur cas, je soupçonne des trucs pas nets avec certains profs pour avoir la moyenne et passer en classe supérieure.

Avec Maltez, c'est la guerre froide. On ne s'aime pas. On s'envoie des piques dès que possible. Il a déclaré que si j'étais un mec, j'aurais déjà pris une droite. Lui a reçu un paquet de gifles de ma part. C'est épidermique. On se hérisse le poil mutuellement. Malgré les tentatives de conciliation de Blaise, Mélia et Thibaut, rien n'y fait. Chien et chat. En fait, non. Deux sales teignes de chats sauvages et caractériels. Même sans ouvrir la bouche, tout nous irrite chez l'autre. Sa façon de manger, son eau de Cologne, un regard supposé être de travers. Un rien déclenche la guerre.

Les seuls moments où on ne s'étripe pas, c'est sur les chantiers de rénovation. Il n'a aucune patience ou pédagogie, mais j'apprends beaucoup de choses en binôme avec lui. Sa façon d'aboyer les ordres me rappelle Papinou quand il bricolait avec moi. Le grand dadet est méticuleux. Il réfléchit à tout et à la praticité des choses avant de travailler. Nous avons la même volonté d'aider les gens en difficultés et le même besoin d'exploser des murs à coup de masse en pensant à la tête de quelqu'un qui ne nous revient pas.

Les activités caritatives sont bien les seules actions en commun avec les étudiants. Les basketteurs qui passaient à la fac ont tous voulu continuer et ainsi, heureux de la main d'œuvre supplémentaire, les responsables de chaque bénévolat ont ouvert leurs portes pour la première fois aux "élèves majeurs" sur la base du volontariat. De nombreuses personnes ont perduré leurs actions, soit pour améliorer leur futur cv, soit par réel bon cœur. Maltez tente de me faire croire qu'il vient pour m'empêcher de commettre un meurtre, toutefois, je sais qu'il prend grand plaisir à rénover les bâtiments.

En plus, Blaise nous a rejoints et m'aurait empêché de faire quoi que ce soit. SOS Dépressif ayant été interdit aux mineurs à la suite de problèmes d'impacts psychologiques, Mélia participe cette année à la soupe populaire et peut donc protéger les Kawai et seconde contre Jonathan et les autres sales types. L'un d'eux a fait les frais des capacités de ma chérie d'amour un jour où il a voulu gifler une fille. La gamine a eu une bonne frayeur et aucune égratignure. Le type en revanche a perdu une dent et l'usage de son bras gauche pour un mois. Trop fière de ma petite terreur en jupons !

La maison de l'attaque a reçu un sacré coup de pouce du gouvernement. Les militaires ont procédé au nettoyage complet et à l'assainissement gratuitement. Ils avaient pour ordre de désinfecter à fond. Ils ont profité de leur gros matériel et de leur nombre pour nous fournir une assistance importante. C'est avec un plaisir évident qu'ils ont défoncé les murs non-porteurs et évacué les déchets, déboisés le jardin et aussi enlevés toute l'isolation moisie pour en remettre de la neuve. Ils ont également repeint l'intérieur et l'extérieur, changer la toiture et traiter les charpentes contre les termites et les moisissures.

La maison a pu recevoir la famille dans le courant du mois de mars. Les Kawai ont même fait un don de peluches pour les enfants et surtout le bébé. Elles sont venues décorer les chambres des enfants avec des dessins muraux magnifiques. Lilou dessinait, les autres remplissaient délicatement avec la peinture. Alex et moi avons installé un beau potager avec des greffons en provenance des toits. La mère a pleuré en voyant la maison confortable et saine qu'on lui offrait. J'étais fière de moi. Ce genre de caritatif me plaît.

Depuis la dernière attaque, et à leur demande, Mélia et moi donnons des cours de survie à nos amis pour rire. Nous leur permettons de lire le cahier guide de Papinou. Fleur a failli s'intoxiquer en cueillant des champignons et des baies. Lilou et Alex s'entraînent à reconnaître et à cultiver les plantes médicinales. Naya se documente sur les soins des animaux avec Sarah. Thibaut est notre élève le plus sérieux et discipliné. Le seul à tolérer mon côté donneuse d'ordre. C'est un amour avec tout le monde. Pétunia et Clarissa nous scotchent avec leurs tenues et maquillages camouflage. Maltez est le plus doué au combat au corps-à-corps. Je gagne assez facilement, mais il est le seul à nous mettre en difficulté Mélia et moi. Il est aussi assez doué au tir au pistolet.

Blaise veut apprendre à monter à cheval sans que je ne comprenne vraiment ses motivations. Mélia et Étoile se dévouaient ce jour-là. Malgré la douceur des deux donzelles, Blaise finit au sol dès qu'Étoile passe au trot. Il n'a aucune assiette, et même avec une selle, il glisse comme sur une savonnette. Naya et moi tentons d'aider. Le père de Naya aussi. Blaise est un cas désespérant. Je dois monter à cru derrière lui pour qu'il tienne un peu. Sarah reste bien en selle sur un cheval doux comme Étoile. Fleur, Lilou Alex et Thibaut aussi. Clarissa et Pétunia ne sont pas trop mauvaises. Maltez est pire que Blaise. Même Étoile ne daigne pas le laisser monter sur son dos.

À ma grande surprise, Grognon se laisse approcher. Surprise, je laisse faire en haussant les épaules d'incompréhension. Maltez trône fièrement. Je relève les yeux. Mélia et moi comprenons d'un coup en croisant les yeux rieurs de mon étalon. Nous n'avons pas le temps d'intervenir. Grognon rue violemment et Maltez fait un vol plané de plusieurs mètres pour finir par mordre la poussière. Il est furieux. Nous nous mordons tous les lèvres pour ne pas rire, même Naya. Mon étalon a le même caractère que moi, vicieux. Maltez est persuadé que j'ai prémédité le truc. Ce n'est pas grave. La scène est très drôle. Je regrette de ne pas avoir pu la filmer.

Noël approche de nouveau. Cette année, il fait très froid. Il neige même. Mélia et moi venons de recevoir notre carte annuelle nous indiquant que nos géniteurs sont toujours en vie. Au printemps, j'en avais fabriqué une fausse pour notre anniversaire afin que Mélia ne soit pas trop triste. Richard a fait expédier par un ami lointain deux petits cadeaux pour tromper mon double. Je pense qu'elle n'est pas dupe. Elle a souri, plus pour le geste des gens qui se préoccupent d'elle, que pour un quelconque espoir d'intelligence de nos parents. Nos amis nous ont offert des super cadeaux et une magnifique journée à nos petits soins à cette occasion.

Cette carte en provenance des Bahamas vient de détruire le peu d'estime que Mélia avait encore pour nos géniteurs. Ils osent nous demander de retirer de l'argent sur nos comptes personnels en raison de factures d'hôtel cinq étoiles à payer. Richard a fait le nécessaire pour qu'ils ne puissent plus accéder à nos comptes sans notre accord. Mélia n'a pas répondu. Moi, je leur ai rétorqué qu'ils toucheront l'argent de mon assurance-vie le jour où je crèverais dans d'atroces souffrances. Il leur suffit d'attendre que les zombies me fassent la peau. Je crois que le dessin du doigt d'honneur en fin de lettre était de trop. Peu importe, le dessiner m'a fait un bien fou au moral.

Je suis en train de travailler avec Grognon. Naya est avec Prince. Je l'aide à entraîner son étalon au saut d'obstacles avec le mien pour concurrent. Maltez nous observe et discute avec sa chérie. Ils songent à se présenter à leur famille respective, le père de Naya a déjà connaissance de leur relation et apprécie le jeune homme. Je comprends que la famille du grand dadet est assez guindée et peut ouverte aux "petites gens" comme la reine des abeilles. Pourtant, son père m'a parlé avec beaucoup de respect. Damien me fait comprendre que la présence de mon parrain et mon nom de famille me classer parmi "l'élite". Quelle connerie.

Nous sommes sur le manège du milieu à mi-distance de la forêt et de l'écurie. Celui qui as le moins de neige. Maltez nous complimente toutes les deux sur nos prouesses. Nos deux étalons ont l'esprit de compétition et sautent de plus en plus haut pour se défier l'un l'autre. Même mon cheval devient abruti sous l'effet de la testostérone. Sur ce point, les filles sont bien plus censées et intelligentes que les gars. Elles ont l'esprit de compétition certes, mais pas en perdant toute intelligence. C'est même l'inverse. Les filles, ce sont des garces !

Musclor est en retenue. Il est en train de fendre des bûches pas loin. On entend ses coups de hache réguliers et rageurs. Il fait des pauses de temps en temps pour reprendre son souffle. Tout à l'heure, en levant la tête, je lai vu rouge et transpirant à grosses gouttes. C'est un faux sportif. Il parait baraqué de loin, toutefois quand on regarde plus attentivement, il est gras et pataud. Je ne me rappelle plus pourquoi il a été puni. Je crois qu'il a eu trois F consécutifs en chimie ou un truc du genre. Il n'a vraiment rien pour lui. Aucune gentillesse, aucune intelligence, aucun charme, aucune résistance sportive. En plus, je sais qu'il fume et se défonce. Aucun respect pour son corps.

Grognon et Prince baissent les oreilles d'un coup. Ils s'agitent et refusent de nous obéir. Ils sont nerveux. Ils piaffent inquiets. Naya et moi n'arrivons pas à nous faire entendre. Ils ne veulent plus continuer l'entraînement et tournent en trottinant dans tous les sens. J'observe Grognon. Il cherche à sortir du paddock. Un truc cloche. Je dis à Naya et Damien de se taire et je me mets à écouter les bruits alentours et à regarder les environs. Je dois comprendre les étalons. Qu'est-ce qu'ils voient ou entendent ?

Un beuglement déchirant nous fait tourner brusquement la tête vers Musclor. Il est à terre, trois créatures humanoïdes le dévorent. Il est trop tard pour lui. Une dizaine de monstres se dirige vers nous. Venant de la forêt et cherchant à nous encercler. Merde. Survivre, c'est parfois savoir s'échapper. En dix secondes, j'ai analysé la situation. Le manège est fermé et la porte est lourde, du côté de la forêt. Trop dangereux d'aller par là pour qui que ce soit. Une seule chance, sauter avec nos chevaux. Je préviens les deux autres. J'aide Maltez à grimper avec moi. Grognon est le plus puissant et le plus entraîné. Il saura sauter avec deux personnes sur son dos. Surtout qu'en plus, je ne lui ai pas mis sa selle, ce qui le rend plus léger. Naya et moi lançons immédiatement nos chevaux au triple galop. Les deux étalons, en pleine confiance en leurs cavalières, bondissent au-dessus des rambardes de l'enceinte et nous offrent une chance de fuite.

Nous nous réfugions dans l'écurie comme la dernière fois. Je saute du dos de grognon dès que j'arrive à l'intérieur pendant qu'il freine. Je ferme les portes tandis que mes deux compagnons d'infortune mettent pied à terre. Je leur crie de poser les barres pour sécuriser les portes de leur mieux. J'ai une arme, envoyée par Richard et planquée dans le box de Grognon. Je fonce la récupérer tandis que Maltez et Naya ont récupéré la pelle et la hache. Je me mets à la fenêtre de la mezzanine et tire. Je vise la tête comme m'a appris Parrain. Ils protègent les fenêtres. Grognon est à la porte, prêt à ruer si elle cède. Prince se trouve à ses côtés, deux étalons prêts à défendre leur troupeau. Je vide mon chargeur en faisant mouche à chaque fois.

Le bruit a attiré des renforts. Un autre tireur me vient en aide. La sécurité du lycée. J'entends des coups de feu en provenance de la droite et je vois des impacts. La personne ne vise pas parfaitement, mais au moins, elle ralentit et étourdit les agresseurs. Naya et son chéri ont trouvé une super technique. Elle assomme ceux qui entrent par la fenêtre de gauche pour permettre à Maltez de les décapiter avec la hache. Rapide et efficace. C'est un bon duo. La fenêtre de droite cède elle aussi. Mon étalon fait son devoir. D'une bonne ruade, il explose la cervelle qui tentait de passer puis tous les morceaux qui pointent. Nous tuons finalement le groupe de zombies. Survivre, c'est aussi savoir se battre et trouver une arme.

J'envoie un message à Richard. Puis, j'aide Damien à calmer Naya qui devient hystérique. Une bonne gifle lui fait vite retrouver sa santé mentale. Elle et Damien n'ont rien. Les chevaux non plus. Musclor est mort. Il a été dévoré, jusqu'aux os. Je prends des photos à toute vitesse que je me dépêche d'envoyer à mon ami. Je compte quinze créatures humanoïdes d'après le nombre de crânes. La police puis les militaires débarquent en moins d'un quart d'heure et réquisitionnent mon portable immédiatement. Nouvel examen médical. Nouvelle douche désinfectante. Naya porte super bien le treillis.

Les chevaux vont devoir subir le même traitement pendant que nous sommes interrogés. Allez dire ça à deux étalons ayant déjà sale caractère à la base et nerveux sous l'adrénaline. Heureusement, un des militaires me reconnaît. Je peux donc lui faire une suggestion pour éviter un coup de sabot malencontreux. Il accepte que les chevaux soient nettoyés par un civil sous sa supervision. Le père de Naya et Mélia qui est accourue s'occupent donc de Prince et de Grognon. Mon étalon aurait dévissé la tête de l'indésirable si quelqu'un d'autre s'était approché de lui. Mélia sait trouver les gestes pour l'apaiser en mon absence.

Le lendemain matin, Richard est là. Mon ami me dit de rejoindre Mélia et de faire mes valises. Il nous emmène chez lui, pas loin de là où on a grandi. Ses sources lui ont indiqué que plusieurs attaques ont eu lieu ces derniers jours. Dans l'immeuble à côté de la fac, ce sont au moins cent humanoïdes qui ont été trouvés. Richard et ses amis comptent non pas trois, mais trente foyers dans toute la ville, et d'autres dans tout le pays. De nouveaux chaque jour. Il se contrefiche qu'il n'a pas l'autorité parentale. Il veut nous mettre en sécurité Mélia et moi. C'est le début d'une pandémie. Le foyer d'origine est cette ville.

Je fonce vers la chambrée 326. Mélia voit à mon air que quelque chose ne va pas. Je lui explique brièvement la situation, dans notre langage secret de jumelles. Nous décidons de prévenir tout de même nos amis. Pas tout le monde, juste Fleur, Lilou, Sarah, Blaise et Thibaut. Ils ne sont pas du genre à paniquer pour rien et c'est important pour nous deux de leur dire la vérité. Alors que Mélia demande aux gars de nous rejoindre dans la chambre, Maltez et Naya rentrent. Eux aussi ont décidé de désobéir et de raconter les agressions.

Clarissa et Pétunia, le professeur Noguerra, le prof d'équitation et les deux autres basketteurs dont Alex nous rejoignent. Richard leur dit tout ce qu'il sait. Il propose de les emmener, mais tous refusent. Je leur donne nos numéros et notre nouvelle adresse. On se fait un câlin, y compris Maltez et moi. Blaise et Thibaut ont du mal à me lâcher et me font mille recommandations. Je les supplie de faire attention. Mélia et moi savons nous défendre. Nous allons dans un lieu sécurisé, truffé de militaires, dans une zone où aucune attaque n'a eu lieu encore.

Eux, ils sont en plein dans la zone d'attaque. Ils ne savent pas se défendre. Le lycée et la fac sont des passoires du point de vue sécurité. Il n'y a quasi aucun militaire à proximité. J’ai peur pour mes amis. Je m'inquiète pour tous, Pétunia et Clarissa y compris. Je leur photocopie le guide de Papinou. Je prête mon couteau à cran d'arrêt à Sarah en lui faisant promettre de me le rendre. Je donne mon flingue à Maltez qui sait comment s'en servir. Mélia et moi rejoignons Richard à l'écurie. Dans la nuit, avec l'aide du professeur d'équitation, nous fuguons avec Grognon et Étoile, pour un lieu où nous serons les deux seules adolescentes. J'ai l'impression d'être une lâche qui fuit le danger en abandonnant les autres. Mes amours et mon moral sont loin d'être au beau fixe.

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