1.1

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Deux coups retentirent sur la porte.

Madame Bell tendit le cou pour apercevoir qui se trouvait sur le porche, la cuisine donnant un angle tactique sur l’entrée, il était facile de voir qui arrivait.

Elle reconnut directement monsieur le maire à son écharpe, son costume trois pièces toujours impeccable, mais surtout sa bedaine proéminente. Une corpulence qui était très atypique à Shearbrook Island.

- Henri, ce doit être pour toi ! C’est le maire ! cria-t-elle avant d’ajouter. Entrez monsieur Steven, ne restez pas sur le porche.

- Bonjour Mary ! fit le maire en enlevant son chapeau.

L’homme semblait crispé et peu enclin à la discussion cordiale.

- Bonjour ! ajouta-t-elle avant de s’essuyer les mains sur son tablier. J’ai appelé mon mari, vous voulez un café peut être ?

- Non non ne vous embêtez pas ! Nous ne resterons pas longtemps.

C’est alors que Henri Bell, marshal du comté, rentra dans la pièce, la chemise à moitié boutonnée. Mais peigné jusqu’au bout de sa moustache. Il s’approcha de sa femme, pour lui prendre la tasse de café qu’elle tenait dans la main, lui donnant au passage un baisé sur la joue.

- Bonjour monsieur le maire ! Que se passe-t-il ?

- John Winston a été assassiné cette nuit !

- Pardon ?! Répondit Marshall surpris.

Il posa sa tasse sur la table.

- On vous a cherché cette nuit mais vous n’étiez pas chez vous ! reprit sèchement le maire.

- J’étais à la ferme du vieil écossais cette nuit, se défendit le shérif. Des personnes viennent pour lui voler du whisky.

- Et pendant ce temps, un homme s’est fait tuer par une folle en rouge !

- Il y a des témoins ?

- Oui Madame et Monsieur Jenkins. Ils sont déjà dans votre bureau à vous attendre.

Le marshal échangea un regard avec sa femme. La journée allait être longue, c’est pourquoi il avala d’une traite le contenu de sa tasse, puis montra la porte au maire. Juste le temps d’échanger un baiser avec sa femme et de terminer de se préparer et il était parti en direction du centre-ville.

Ils traversèrent les quelques champs qui séparaient la ferme du shérif dans un silence glaciale, avant que le maire Steven prenne la parole.

- Ecoute Marshall, je ne t’en veux pas pour hier ! Tu faisais ton travail… Mais les commères de la ville parlent déjà d’un monstre tueur d’hommes.

- Elles ont toujours inventé des histoires, Abraham. Pourquoi leur attacher de l’importance maintenant.

- Ma réélection aura lieu le mois prochain, et ma soirée de lancement de campagne se passe dans deux jours. Je ne permettrai pas qu’une allumée sabote ma campagne électorale.

Henri leva les yeux au ciel, « Les politiciens et leur soif de pouvoir » pensait-il. L’arrivée dans le centre-ville marqua la fin de leur discussion, mais aussi la joie naissante de monsieur le maire. Une joie factice bien entendu mais qui voyait le vrai visage d’Abraham Steven à part Marshall.

La ville était animée comme d'habitude, les citoyens vaquant à leurs occupations. Des charrettes allaient et venaient, tout comme les saoulards qui entraient et sortaient du saloon. Tous ceux qui échangeaient un regard avec Abraham étaient gratifié d’une salutation amicale agrémenté d’un sourire charmeur.

- Dois-je te rappeler, reprit le dirigeant en saluant le vieux Gregoire assis sur son porche, que ta position au sein du bureau du shérif sera remise en cause si je ne suis pas réélu ?

Bien évidemment, Henri le savait mais jamais il ne l’aurait admis face au maire, ça lui aurait fait trop plaisir d’avoir un semblant de pouvoir sur les travaux du shérif.

Ils passèrent devant le marchand de poissons et la queue interminable de dames qui s’étendait sur la devanture. Toutes n’avaient qu’un seul sujet de discussion, et étonnamment, les voix se calmèrent à l’approche des deux hommes.

- Bonjour mesdames ! fit le maire sur un ton cordiale.

A peine quelques mètres plus loin, les discussions reprirent de plus belle.

- Pfff… Bande de jacasseuses… dit le maire tout bas.

- C’est normal qu’elles parlent. L’évènement s’est passé hier ! Tu peux être sûr que le meur… l’affaire sera sur toutes les bouches pendant un moment.

- Un homme meurt dans ma ville… Qu’est ce que j’ai fait au bon dieu Marshall ! dit-il doucement sans prêter attention à ce que venait de dire le shérif.

Doucement, le maire descendit de son cheval, puis l’accrocha à la barrière qui se trouvait au-dessus de l’abreuvoir. Le shérif le copia à son tour, rajoutant au passage un long soufflement d’exaspération. A peine sur le porche qu’Abraham se retourna, tout en remettant sa chemise dans son pantalon.

- Par contre je te préviens, c’est pas beau à voir.

Après avoir échangé un regard, il lui fit signe de rentrer.

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