L'attaque de la Tour Blanche - Partie IV - Willborne*

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* Note de l'auteur : dans la précédente version - ce personnage se faisait appeler Elminster.

Willborne fut tiré de son sommeil par une violente déflagration. On aurait dit que le toit de la Tour Blanche venait d’être pulvérisé. Des cris d’alarme ne tardèrent pas à retentir dans les couloirs. Intrigué par ce brouhaha, il jeta un coup d’œil à la fenêtre de sa chambre. Le spectacle qui s’offrit à lui le laissa sans voix : un dragon attaquait les lieux. L’assaillant ne pouvait être qu’un enchanteur comme eux ; un dôme d’éther empêchait toute retraite. Willborne songea à Valérian dont il n’avait reçu aucune nouvelle depuis le tragique incident qui avait rompu leur amitié. Il repoussa cette idée avec violence, son confrère avait été bouleversé par ce qui lui était arrivé, mais de là à devenir un mage noir. C’était inimaginable.

Il quitta sa chambre à la hâte, une seule chose martelait son esprit : sauver les enfants. Au détour d’un couloir, il croisa un Haut-Mage qui rassemblait des troupes. Ce dernier le héla.

  • On va avoir besoin de tes talents, Willborne. On tente une percée jusqu’à notre assaillant. Ce couard s’est réfugié derrière un bouclier de protection, mais si on s’y met tous ensemble, je pense qu’on peut le briser.
  • Sait-on à qui on a affaire ? demanda le vieux magicien.

L’Archimage lui signifia que non.

  • Les seuls qui l’ont approché décrivent un jeune homme avec de longs cheveux sombres et un chapeau sur la tête. Il dit s’appeler Dorian, mais aucun confrère connu ne porte ce nom.

Le cœur de Willborne loupa un battement : le fils de son vieil ami les attaquait. La dernière fois qu’il l’avait vu, ce n’était qu’un gamin de quelques années, mais il démontrait déjà une puissance magique phénoménale. Il s’apprêtait à ajouter quelque chose lorsqu’il ressentit un profond malaise. Un maléfice le glaça jusqu’au sang et il sentit sa réserve d’éther disparaître comme drainée. Les mages autour de lui semblaient avoir subi un sort identique. Même Isidore, la petite chouette posée sur son épaule vacilla et manqua de choir.

L’Archimage en face de lui blêmit, mais retrouva rapidement sa superbe en ordonnant de se replier vers le Puit de Mana, mais Willborne s’y refusa. Son esprit lui soufflait les étrangetés qu’il y avait dans le plan de Dorian : pourquoi s’attaquer à l’éther des mages plutôt que de drainer la source intarissable qui se trouvait dans ces murs ? Les boucliers fonctionnent dans les deux sens ; comment leur agresseur avait-il bien pu leur aspirer leurs pouvoirs puisque cette protection les bloque ? L’évidence lui sauta au visage : il n’était pas seul. Valérian se promenait dans ces murs qui l’avaient autrefois accueilli. Il restait cependant une faille dans leur plan : pourquoi n’avaient-ils pas touché au Puit de Mana ?

La réponse ne tarda pas à venir et glaça le sang de Willborne d’effroi. Des cris de terreur mélangés à des hurlements monstrueux résonnèrent bientôt dans les murs de la Tour. Une créature surgit soudain à quelques pas du mage. Ce dernier se fondit dans les ombres pour ne pas être aperçu. La bête, d’allure presque humaine, déplaçait à quatre pattes. Ses mains décharnées portaient d’impressionnantes griffes maculées de sang. Elle se jetait sauvagement sur chaque âme qui passait à proximité d’elle, déchiquetant, éventrant. Mais ce n’était pas la créature qui effraya Willborne, mais plutôt sa tenue : la robe de l’Archimage qui lui avait parlé il y a quelques minutes. Le plan de Valérian s’avérait terrible : il avait corrompu le Puit de Mana. Sa vengeance se résumait en un seul dessein : assassiner chaque personne présente dans la Tour Blanche. Au milieu de cet odieux carnage, une lueur d’espoir demeurait : Willborne devait retrouver son ancien ami : tenter de le raisonner. Il serra dans sa main son bâton, devenu simple objet contondant, et s’enfonça dans les entrailles de la Tour à la recherche de Valérian.

***

La certitude de pouvoir raisonner son ancien ami s’effritait à mesure que Willborne s’approchait de l’épicentre du mal. Un spectacle apocalyptique s’offrait à lui. Des centaines de mages gisaient au sol, pas vraiment mort, plus tout à fait vivant non plus. Ils agonisaient dans un concert de cris de douleur. Willborne ne pouvait retenir ses larmes à mesure qu’il croisait le regard éteint de ses frères. Il ne pouvait croire Valérian coupable d’un tel massacre. Il ne put malheureusement le nier lorsqu’il arriva à hauteur d’un immense charnier. Son confrère se trouvait là, riant comme un dément, il prenait un plaisir cruel à faire souffrir toute personne qui l’approchait. Une odeur écœurant de cendres et de sang emplissait l’air, le rendant irrespirable. Willborne ne put retenir une quinte de toux. Comprenant que cet ennemi attaquerait sans la moindre sommation, il se mit à couvert au milieu des cadavres de ses frères, luttant contre la nausée qui lui montait soudain. Si Valérian le repérait, il mourrait comme tous les autres. Il ferma les yeux, tentant de ralentir son cœur qui battait à tout rompre. La peur coulait dans ses veines. Son sang se glaça lorsqu’il entendit la voix mielleuse de son ancien ami :

  • Bonjour Willborne.

Il était vain de vouloir se cacher. Il accepta sa mort prochaine avec courage. Le vieil enchanteur se redressa pour faire face à son destin. Le temps ne semblait avoir eu aucune emprise sur Valérian, il restait jeune et athlétique comme auparavant. Seuls ses yeux trahissaient sa folie naissante, ils étaient devenus rouge sang. Willborne le salua d’un geste de la tête tandis que son confrère étendait les bras pour montrer avec fierté ce qu’il avait commis.

  • Tu viens profiter de mon chef d’œuvre, susurra-t-il.
  • Je n’appellerai pas ainsi cette horreur, répliqua le vieux mage.

Willborne avait trouvé au fond de son désespoir la force de répondre. Il ne périrait pas en implorant. Il n’offrirait pas ce bonheur à cet homme. Son adversaire se mit à rire, il y avait quelque chose de malsain dans cette réaction, aucun amusement, juste un sadisme pur.

  • Tu es en train de massacrer des innocents, Valérian. Des enfants qui n’ont rien demandé.

Le visage de son confrère arbora instantanément un masque froid.

Tu es bien placé pour me parler de victimes collatérales.

Le regard plongé dans celui de son ancien ami, Willborne comprit que son glas sonnait. Valérian attaqua sans sommation. Tout se passa comme au ralenti. Incapable de générer la moindre magie, le vieil enchanteur se contenta de se laisser tomber au sol. Il rampa au milieu des cadavres pour espérer s’éloigner du monstre. Il entendait derrière lui Valérian hurler. Des orbes d’éther vinrent s’abattre à quelques pas de lui, achevant certains agonisants, continuant à consumer ceux qui étaient déjà trépassés. Il sentit, brusquement, une violente douleur au niveau de sa poitrine ; comme si on lui arrachait une partie de son être. Willborne s’entassa dans les cadavres, priant pour passer inaperçu. Un calme inquiétant revint soudain. Il s’autorisa alors à regarder son ennemi et comprit qu’il devait la vie à son familier. Isidore gisait dans la main de Valérian comme un trophée grotesque. L’animal s’était interposé afin de permettre à son mage de fuir. Mais Willborne pleurerait sa perte plus tard. La menace était toujours présente. Valérian se tenait à quelques pas de lui, essayant vainement de le repérer dans le monceau de cadavres qui s’entassait là.

  • Terre-toi comme un lâche, Willborne, lança-t-il. Tu seras le dernier à mourir et je prendrai tout mon temps avec toi.

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