Abandon

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Je me réveillais tard dans la matinée, le petit vieux était parti. J'avais du mal à émerger, la tête un peu vide.


Je ne savais pas pourquoi, mais l'idée follement séduisante d'écrire mon livre s'était dissipée. Peut-être que c'était Antoine qui m'en avait dissuadé, ou bien le curé.

On dit que la nuit porte conseil.


Je me levais, et m'habillais pour me rendre à mon travail. J'étais déjà en retard.


Lorsque j’aperçus sur la table de camping un échiquier. La partie avait déjà commencé, car des pièces avaient été déplacées.

Qui avait pu mettre cet échiquier ici pendant la nuit ?

Le petit vieux ?

Ma vie était constamment peuplée d'événements insolites, alors un de plus ne m'étonnait plus.


J'avais le sentiment que je devais m’intéresser à cette partie et bizarrement, je sus que je jouais avec les pièces noires, et que c'était à moi de jouer.

Je pris le temps d'analyser la situation.


J'en avais oublié mon retard au travail.


Mon roi noir était menacé, et celui qui avait débuté la partie avec ma couleur avait, semble-t-il, tout misé sur l'attaque. J'avais deux possibilités : continuer à attaquer ou déplacer mon roi menacé.

Je ne sais pas pourquoi, j'ai déplacé mon roi dans la case à côté, malgré moi.


Je fus soudain pris par un malaise, la tête qui tournait. Je revoyais ma vie se dérouler devant moi. Je pensais que j'allais mourir. Un texte manuscrit semblait se dérouler à l'envers et les lignes du texte s'effaçaient au fur et à mesure. Et j'ai perdu connaissance.


Quand je me suis réveillé, j'avais la tête vide. Je regardais l'heure. Trop tard pour aller au travail. Il me faudra trouver une bonne excuse.


La seule chose dont je me souvenais, c'est cette vie qui se déroulait devant moi, avec cette impression bizarre qu'ils n'y figuraient que les événements récents.

Il faudra que je consulte mon docteur, je suis peut-être surmené, et la tension basse.




J'avais cédé, et envoyé un dernier signal de renoncement en forçant mon alter ego à déplacer le roi noir.

J'avais effacé tout le début du chapitre, ne conservant que la partie en tête à tête avec Joséphine.

Mais à l'intérieur de moi, je bouillais.

Était-il possible de prendre ma revanche, le factice pouvait il mettre à genoux le ciel?

Je savais que maintenant, j'étais sous surveillance.

Jusqu'à maintenant, j'avais écrit librement, trop librement, peut-être.

Mon cerveau et mon imagination allaient-ils être contraints ?


Je m'indignais de subir cette censure divine.


Je ne pouvais laisser mes lecteurs penser que les textes que j'écrivais désormais ne l'étaient plus librement.


Je décidais donc d'abandonner immédiatement l'écriture de mon roman.


FIN  

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