Dans le noir.

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« Le noir total ! Il manquait plus que ça ! ».
Mes yeux mettent quelques secondes à s’habituer à l’obscurité. Je me rends compte que, malgré moi, je suis plaqué contre la paroi, attentif à tout. Une goutte de sueur coule le long de mon dos, sous ma chemise. L’air me paraît étouffant. Le silence règne.
« Rien ! Rien de rien ! »
Tout est réuni pour alimenter mon imagination féconde. Mes pensées commencent à se détourner.  
« Et si je restais coincé ici ? Et si… »

« Stop Jérémie ! Ne panique pas ! Calme-toi et tu verras que tout ira bien. Ce n'est peut être qu'une coupure d'électricité ? ».

« Oui tu as raison ! ».
Je me reprends, lentement, surement.

Ne pouvant pas me résoudre à attendre, je me déplace sur ma droite, jusqu’à rencontrer un angle. Je m’arrête n’osant pas aller plus loin. De ma place, je fais glisser ma main le long de la paroi. Celle-ci ne rencontre qu’une surface lisse.
« Mais bon sang, ça devrait être là, ce n’est pas possible ! Je n’ai pourtant pas rêvé ».
Incapable de bouger, il me fallait tenter autre chose.

« Au secours ! Aidez-moi ! Il y a quelqu’un ? »
Je patiente. Pas la moindre réponse. Seconde tentative.
« Au secours ! A l’aide ! Je suis coincé ! »
Je tends l’oreille de nouveau, dans l’attente d’une hypothétique réponse. Toujours aucun résultat.

La température me fait l’impression d’augmenter. Je transpire à grosses gouttes maintenant. Ma respiration s'emballe de plus en plus. Le contrôle commence à m'échapper.
« Mais que se passe t’il mon Dieu ? Je suis perdu ! »

Le nœud de ma cravate me serre. Je le desserre et défais également les premiers boutons de ma chemise.
« Jérémie, ne panique pas ! Tu respires et tu réfléchis, ok ? D’après toi, que ferais le type de MAN VS WILD ? ».
« Je sais pas moi ! »

« Creuses toi la tête idiot ! »

Toujours contre l’angle, dos au mur, j’essuie la sueur qui me dégouline dans les yeux et me concentre sur ce que je pourrais faire.

Une minute passe.

L'espoir me revient d’un coup, incarné par mon portable.
«Mais oui, c’est ça la solution ».
Mes mains se décollent de la paroi et vont chercher désespérément mon téléphone dans la poche intérieure de ma veste. Dans la précipitation, celui-ci me glisse des mains et je l’entends rencontrer le sol un peu plus loin.
« Putain, mais ce n'est pas possible d’être aussi con ».
Je me laisse glisser au sol et, sans m’éloigner de la paroi, tends mon bras à la recherche de mon appareil. Ma main explore à l’aveugle le carrelage tout autour de moi.
« Bon sang, où est-il ? Il n’a pas pu tomber bien loin ! ».
Je rencontre quelque chose d’humide et visqueux. Un haut le cœur me saisi. Surtout que cette chose me reste collée sur les doigts. Je tente de l’enlever. Sans succès. Plus j’insiste, plus ça s’étale.  
« Tant pis, je n’ai pas le temps ».
Les doigts gluants, je tâtonne plus loin encore et sens enfin l’objet de ma libération.
« Alléluia ! »
La consolation est de courte durée puisqu’en tombant la batterie s’est détachée du reste de l’appareil.
« Merde, c'est pas possible ».
Mon bras part frénétiquement à sa recherche et la trouve rapidement à mon grand soulagement.
« Oui ! Je t'ai ! Ah ah ! »
Mais un petit détail vient tout gâcher. Dans le noir comment remettre la batterie dans le bon sens.
« Et si je l’abime. Et si….».
Mon esprit erre encore me faisant perdre toute emprise. Mes battements de cœur s’intensifient et mon dos est trempé à présent.

Les exercices de respiration de Maître TONG me reviennent en tête. Allez savoir pourquoi maintenant seulement ?

Quoiqu’il en soit, je les applique et quelques secondes suffisent pour reprendre le contrôle de moi même. Serein, ou presque, je remets prudemment la batterie en place et allume le portable.

Pourtant rapide d’habitude, il met une éternité cette fois-ci. L’écran s’éclaire enfin et je découvre avec abattement qu’il n’y a aucun réseau. Ma sérénité nouvellement acquise explose. C’en est trop pour moi.
« Au secours ».
Je cris. Je tape sur les parois. Le désespoir m’envahit.
« Qu’est-ce que je vais devenir ? Et si je mourrais ici ? De faim ou de soif ! »
J’ai de plus en plus de mal à respirer. La chaleur devient insupportable.
« Calme toi Jérémie, Respire. Penses à TONG, à MAN VS WILD ».
Cette fois ci c'est trop difficile, je n’y arrive pas. La peur est là, ici, elle me côtoie, me tourne autour comme un prédateur guettant sa proie, puis me saute à la gorge, prenant le dessus sur le peu de force mentale qui me restait.

Je me laisse tomber au sol et me recroqueville, laissant ce monstre s’amuser avec mon esprit. J’imagine le pire et bien plus encore.
« Je ne vois plus comment m’en sortir. Je suis perdu. Mon Dieu sauvez moi ! S'il vous plaît, sauvez-moi ! ».

Tout à coup, un ronronnement sourd me parvient aux oreilles accompagné d’une légère vibration du sol, puis, après une dernière secousse un peu plus importante, le tout s’arrête.

Devant moi, des portes s’ouvrent, laissant apparaître un hall d’entrée éclairé par la lumière du jour.

Une personne s'y trouve. Elle me regarde de haut. Normal, je suis toujours au sol. Elle hausse un sourcil et, le ton inquiet, me demande :
« Ça va monsieur ? ».
Je me relève. Époussète mon costume. Toussote. Acquiesce de la tête et réponds d’une voix mal assurée :
«Oui très bien, merci. ».
Je dois avouer que je n’ai jamais aimé les ascenseurs.


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