Lorsque nous vîmes, mes comparses et moi, ce bar, notre première réaction fut la méfiance. Pourtant, nous fûmes comme happés par l'entrée principale, qui s'ouvrit grand, à notre approche.
Nous pénétrâmes ainsi, accueillis par un tapis rouge épais et moelleux. À l'intérieur, tout était très sombre. Devant nous, nous entamâmes le long corridor étroit, sur lequel nous butâmes plusieurs fois contre ses parois.

Au bout, le couloir donnait lieu à un endroit chaud et humide. Là, beaucoup de nos semblables dansaient bizarrement, comme sous l'emprise de la drogue. D'autres, succombant très certainement à la fatigue, s'étalaient de leur long dans le liquide où la mousse stagnait à sa surface. Un son rythmé, étouffé, battait son plein, faisant vibrer les murs. Un peu gênés, nous décidâmes de rester en groupe. L'ambiance était malsaine.

Brusquement, nous perçûmes le sol trembler violemment. Paniqués, tout le monde bougea en tous sens, ravivant les spécimens étalés. Le sol chût, aspiré par un je-ne-saurais-vous-décrire-quoi. Là, nos corps et nos têtes se heurtèrent, puis, nous fûmes compressés les uns aux autres. Compressés de plus en plus, tant que le sang se mêla à l'humidité de nos écailles.

Miraculeusement, nous fûmes éjectés de l'anus de ce bar, dont nous venions d'être ingurgités. Je vous rapporte ça par chance et pour que vous ne tombiez pas dans le piège, vous aussi: n'entrez jamais sans connaître le propriétaire.