L'Andonorin

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"Avant toute chose, lorsque tout n'était que néant, Varkan était,

Lorsque le chaos créateur se fit, Varkan était,

Lorsque le monde vit son premier matin, Varkan était,

Et lorsque le monde finira, Varkan sera.

Car Varkan est la cause de toute chose,

Varkan est le Maître et Créateur de l'univers,

Rien de ce qui est bon n'est sans Lui.

Il règne sur tout Andonor dont Il est maître."

Varkan créa d'abord les Sept Serviteurs pour le seconder dans son œuvre. Il fit Dranahè, dont le nom signifie « courage », et qui serait le porteur de cette vertu. De même, il fit Herriana, l'amitié, l'amour et la charité ; Verrahè, la force, la loyauté et la fidélité ; Nainatè, la sagesse ; Thornia, la vérité ; Essinala, l'espérance et la joie ; et enfin Mordahè, l'humilité et le pardon. Mais celui-ci se sentit lésé par le rôle qu'on lui avait attribué, et, vexé, il s'écria :

« Varkan, je ne te servirai pas ! ».

Varkan créa donc l'univers sans Mordahè. Il créa la Terre, c'est-à-dire Andonor, après avoir fait les astres. Sur Andonor, il disposa deux continents : le premier était une terre fertile arrosée par de nombreux fleuves descendant de hautes montagnes enneigées, où les saisons étaient régulières et le climat agréable ; et la seconde terre, bien plus grande que la première, était située à l'est de celle-ci, et descendait beaucoup plus au sud en s'élargissant : il y faisait donc plus chaud. Varkan créa ensuite les plantes et les animaux. Il fit ensuite Kìrs, le premier homme, et Kìrsë, la première femme. Leur descendance fut nombreuse et se répandit dans tout l'Andonor.

Mais pendant ce temps, Mordahè avait capturé, torturé et transformé des créatures de Varkan. Sept dragons survolèrent Andonor, semant la mort et la terreur. Pris de panique, de nombreux hommes se soumirent à Mordahè. Ce furent les Morden, les Hommes de Mordahè. Le mauvais Serviteur en fit une armée qu'il lança à la conquête du monde. Les Sept Dragons ravagèrent une grande partie du continent de l'est, l'actuel Vandir Gwasaë, appelé alors Terres de l'Est, tandis que les Morden envahissaient le continent de l'ouest, Vandir Rathar. Un grand nombre d'humains s'enfuirent par la mer, au sud du Vandir Rathar, suppliant Varkan de leur venir en aide.

Soudain, les fuyards virent une lumière puissante s'abattre sur les flots, si éblouissante que le soleil sembla pâlir à cet instant. Tous tombèrent face contre le plancher de leurs embarcations, se cachant le visage dans leurs mains. Lorsque la lumière disparut, les Hommes s'aperçurent que le Créateur avait fait sortir des flots un troisième continent, assez étendu, avec des montagnes au centre. Soulagés et heureux de voir leur prière exaucée, ils y débarquèrent, et rencontrèrent Dranahè, le Serviteur du Courage, qui les exhorta à combattre le Mal. Tous furent alors remplis d'une puissante ardeur guerrière, ils prirent les armes et repartirent pour le Vandir Rathar, avec Dranahè à leur tête.

La guerre dura encore des années, et fut terrible. Enfin, le Mal fut vaincu. Mordahè donna l'ordre à ses armées et à ses Dragons de se retirer à l'est du Vandir Gwasaë, dans le cratère glacial d'un immense volcan éteint. Mais les dégâts de la guerre étaient immenses. Presque tous les humains du Vandir Gwasaë avaient été tués ou avaient rejoint les rangs des Morden, et, là où des plaines fertiles et des forêts verdoyantes s'étendaient, les dragons avaient fait des déserts, à l'est du Vandir Gwasaë, mais aussi dans une partie du sud-est du Vandir Rathar, que l'on appelle de nos jours le Désert des Girhéols. De plus, Mordahè avait laissé les plus sournoises de ses créatures dans les terres qu'il avait possédé lors de la guerre : les Gobelins. Ils étaient laids, difformes et cruels, mais dangereux surtout par leur fourberie. Les armées des hommes délivrèrent aussi des montagnards qui, bien que prisonniers de Mordahè, lui avaient tenu tête. Celui-ci, ne pouvant les réduire, les avait torturés. Ils étaient à présent petits, trapus, et ne parlaient plus la langue des Hommes. Ils s'établirent dans les montagnes en petites communautés, loin des humains. Ce furent les Nains, qui depuis sont devenus des mineurs réputés et d'habiles tailleurs de pierre. Mais Mordahè leur avait tendu un piège : il avait empli d'or et de pierreries le cœur des montagnes, où les Nains vivaient, espérant ainsi les asservir par la richesse.

Varkan s'aperçut que le Mal avait laissé des traces profondes dans le cœur des Hommes. Ils étaient devenus orgueilleux et avides de pouvoir, et commençaient à se faire la guerre entre eux. Il prit alors plusieurs mesures. Il créa un quatrième continent, au nord du Monde, si froid qu'aucun Homme n'y survivrait, pour rappeler aux conquérants qu'ils ne pourraient jamais devenir les maîtres de tout Andonor. Puis il créa deux nouveaux peuples : les Nainden, dont le nom signifie « les hommes sages ». Ils étaient très sages et très beaux, d'une élégance parfaite, et se distinguaient des Hommes par leurs cheveux blancs, leur haute taille, et par leur longévité exceptionnelle : ils pouvaient vivre plusieurs siècles. Le Créateur leur donna le continent où les humains s'étaient réfugiés lors de la Guerre des Premiers Temps, qui fut appelé Vandir Nainden (la Terre des Nainden). Varkan choisit l'un des Nainden, nommé Vasyl, pour être le premier roi de son peuple, et lui offrit une pierre magique qui garantirait le pouvoir des Nainden sur Kaelys, la capitale, tant qu'ils seraient fidèles au Créateur, ce qui provoqua chez les Hommes une profonde jalousie. Cette pierre fut placée en haut d'une tour à Kaelys, et se mit à briller très fort, à la manière d'une étoile.

Le second peuple que créa Varkan fut celui des Waldins, de petits êtres facétieux, d'apparence humaine, aux jambes couvertes de fourrure. On racontait qu'ils avaient le pouvoir de punir certains humains par une magie qu'ils étaient les seuls à connaître, et si par malheur un Homme perdait un objet de valeur dans une forêt peuplée de Waldins, ceux-ci s'en emparaient, et il était impossible de trouver les lieux secrets où ils cachaient les trésors perdus. Ainsi se termina l'Ère de la Création, appelée Andonorin en langue Ratharden, qui vient du mot Andonor qui signifie le monde. Elle fut relatée bien plus tard par le chroniqueur Morthac, un Beaden. Depuis les travaux de ce dernier, les années sont comptées depuis le premier jour de l'Andonorin, mais on ne sait pas exactement quand cette première ère a commencé et combien de temps elle a duré. Ce fut aussi Morthac qui data de la fin de cette ère le début de la nouvelle, appelée Ère des Nainden, car ceux-ci étaient alors au plus haut de leur puissance.

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