Episode 5

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Le lendemain, après avoir déposé Claire, je pars voir sa mère à Lacanau. Une fois encore, je ne trace pas ma route, j’en profite. Je me laisse porter par le paysage et l’odeur des pins landais. Ils sont sublimés par le soleil matinal.

Le surf-shop de Marie n’a pas bougé ! Ça fait presque deux ans qu’elle cherche à transmettre sa boutique, sans trouver de repreneur sérieux. Entre deux clients elle me raconte son projet de partir s’installer au Maroc. Elle y est déjà allé plusieurs fois, elle a noué des contacts. Elle projette de devenir guide d’excursion là-bas. Les clients continuent d’affluer ce matin dans son magasin. Les profils sont variés. Des surfeurs aguerris qui viennent chercher du matériel de qualité, des jeunes qui veulent des fringues "branchées" ou des familles curieuses. Plusieurs de ses voisins passent lui dire bonjour. On dirait qu’elle est devenue une vedette à Lacanau.

Elle me sollicite dans son arrière boutique pour quelques bricoles d’entretien de son matériel de location, surf et paddle. Ça me fait un bien fou de mettre la main à la pâte. Ce n'est pas du tout la même chose que de bosser sur une bécane. Moins minutieux, moins délicat. Mais on se sent tout aussi utile.

Bien plus tard, à 18h tapante, Marie dedescend me retrouver à l’atelier, elle attrape deux surfs, rassemble ses affaires à toute vitesse et ferme la boutique. On se dirige vers la plage.

- On va aller encore un peu plus loin, on sera tranquilles.

- C’est pour moi la deuxième planche ?

- T’as cru que c’était pour qui ? T’as quelque chose de prévu ?

- Je n’avais pas imaginé ça, mais au contraire j’ai tout mon temps.

- On mange ensemble et tu dors à la maison ce soir ?

- J’attendais que tu me le proposes.

L’océan est tellement agréable. La température de l’eau est parfaitement douce et les caresses des vagues sont vivifiantes. J’essaie de tenir sur la planche de surf. Je prends un première vague allongé dessus. C’est rapide ! La deuxième m’emporte encore plus. Cela donne un peu une impression de voler sur un tapis. Les premières tentatives pour me relever sont risibles. Le plus difficile est d’être assez rapide pour se mettre debout avant d’être complètement bousculé. Il faut trouver le timing parfait. Je prends quelques vagues de travers qui me jettent à l’eau. Je gère souvent très mal mon équilibre. Un beau rouleau approche. Je me prépare, déterminé à dompter cette prochaine vague. Je ne fais pas corps longtemps avec le surf. La planche est vigoureusement projetée et moi avec. Une belle cascade pleine de panache mais sans aucune maîtrise. On termine mon initiation sur ce remarquable raté.

Il doit être un peu plus de 21h et il fait encore incroyablement chaud. La plage s’est vidée. Après un long moment de silence on se regarde avec Marie et en chœur on se met à rire; de moi, de nous, de tout ce qu’on a pu voir et entendre aujourd’hui, de fatigue aussi. Cette journée est improbable, hors du temps. Marie pose soudainement sa main droite sur ma jambe gauche, elle reste là immobile. Bêtement, une autre vague de chaleur s’empare de moi. On se retrouve projetés des dizaines d’années en arrière. Mêmes sensations ! La main de Marie commence à caresser ma cuisse. Elle pose sa tête sur mon épaule. On se laisse aller à un câlin, à un baiser. On explore à nouveau nos corps.

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