Prologue

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C'est au moment précis où j’ai signé la vente de la maison que ça a commencé. Un pan de vie suspendu à une date et un montant, pas si durement négocié. Je ressens bien plus d'enthousiasme que de mélancolie. Sans renier l'immensité des souvenirs rattachés de près ou de loin à cette baraque, ce nouveau départ était vital.

Plus de demeure à gérer. Je lâche cette maison que j'ai bâtie moi-même. Jamais complètement terminée, mais fièrement construite, petit à petit, grâce aux coups de mains des copains. Elle a été mon nid douillet, avec Marie puis avec Françoise. Mes enfants, leurs enfants, y ont grandi.

Sans rancune. Juste un petit pincement au cœur de savoir qu'aucun d'eux n'ait voulu la récupérer. Mais c'est sûrement beaucoup mieux ainsi. Elle fera un très bon foyer pour le jeune couple qui va me payer ma retraite.

Finalement, c'est vrai que cette retraite semble offrir un sentiment de liberté infinie. Mon seul projet c'est désormais d'en faire le meilleur usage possible, sans me presser ni perdre de temps. Je ne regarde plus l'horloge, je n'ai plus d'agenda ni d’emploi du temps, je ne réfléchis plus à la liste des choses à faire, mes journées ne se ressemblent pas. Savoir que je n’aurais plus jamais aucune contrainte de réveil, de planning, de réunion, de copies ou de cours en retard, de situations d’élèves à gérer, c’est tellement jubilatoire !

J’ai terminé ma carrière, vendu ma maison et je me suis débarrassé de l’essentiel de mes affaires. Un superflu immense. Des kilos de vêtements en trop, des cartons de livres que je ne relirai jamais, des montagnes de bricoles inutiles, des sacs en vrac, cela m’a bien plus libéré que ça ne m’a rapporté. J’ai quand-même suffisamment gagné pour m’offrir une moto et l’équipement nécessaire pour une excursion, sans prévoir de retour.

Ou alors c’est à cet instant où je vois cette magnifique Triumph Bonneville que ça commence vraiment. Les sensations de la moto me manquent. Rien qu’à la voir, je sens la liberté arriver à pleine balle. Elle est superbe ! Fine, légère et très sobre. Elle est à la fois classique et moderne. Dans le style rétro avec de très belles finitions. L’alliage de cuir, de chrome et de noir anthracite est parfait. Évidemment, le ronronnement du moteur est un doux son à l’oreille. Je suis plus que prêt à m’échapper.

Ici, l’absence de Françoise est devenue trop pesante. Le vide qu’elle laisse est envahissant. Thomas ne me parle toujours pas et je ne suis pas sûr moi-même d’en avoir très envie. Claire semble bien installée à Bordeaux. Il reste les vieux copains, mais eux aussi s’éparpillent. Marc va nous réunir pour une soirée avant que je parte. Il faut surtout que je me prépare à aller voir ma mère, peut-être pour la dernière fois.

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