Chapitre 39 L'énigme du 8

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Pendant qu’Ella, Maximilien et ses amis prenaient du repos, nous profitâmes du reste de la nuit pour réfléchir à l’énigme de Lorenzo. Isabelle qui avait conservé, au plus profond d’elle les souvenirs d’Isa, avait observé attentivement la clé que nous détenions du seigneur vénitien dans l’espoir qu’un indice lui revienne en mémoire.

« Non désolé, je ne trouve pas, Dit-elle.

-Fait un effort ! Répondit Charlotte.

-Elle réfléchit de nouveau.

-Et vous avez essayé le A en face du O ?

-Affirmatif, répondit Victor. D’une voix lasse.

-Et ?

-Toujours rien.

-Je suis l’Alpha, l’Alpha et… Euh…

Nous la fixions tous du regard pendant qu’elle hésitait. De temps à autre son magnifique regard bleu semblait s’éclairer d’une particule d’inspiration. Elle ouvrait la bouche comme atteinte par l’illumination et déclarait :

« Vous pouvez me relire le verset de l’alpha machin chose, s’il vous plait ?

-Ça fait au moins quinze fois qu’on te le relit ! S’exclama Charlotte.

-Je suis l’Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin.

-Mais non imbécile ! Ça c’est le 22 :13 !

-Pardon Mademoiselle Garnier, s’excusa Victor. Ça doit être le stress, j’ai sauté des pages. Euh c’est lequel déjà ?

-1 :8, lui murmurai-je.

Le pauvre homme tremblait tellement qu’il n’arrivait plus à tourner les pages sans les froisser. Isabelle vint le regarder tout au-dessus de son épaule comme si elle eut voulu l’étrangler. Il prit une profonde respiration et relu le bon passage :

-Ah voilà, Livre de l’Apocalypse par Jean l’Évangéliste verset 1 :8 : Je suis l'alpha et l'oméga, dit le Seigneur Dieu, celui qui est, qui était, et qui vient, le Tout-Puissant.

Il n’avait même pas terminé sa lecture que le visage d’Isabelle s’illumina. Elle se pencha sur Victor, qui fut tétanisé par la peur et lui fit une bise sur le crâne. N’ayant pu supporter autant d’émotion d’un seul coup, il s’évanouit.

-Ça y est, je l’ai, dit-elle. Grâce à cet imbécile, j’ai trouvé comment Lorenzo a codé son énigme ! »

Impatient de connaître la solution je me pressais autour d’elle afin qu’elle ne me fasse plus attendre très longtemps.

« Nous sommes bien d’accord. Je vous donne la réponse et je suis amnistiée de tous mes crimes ?

-Tu as ma parole ! Répondit Charlotte alors qu’elle était occupée à ranimer Victor.

-En fait Isa avait trouvé une partie de la solution en observant le boitier. Le problème était qu’elle n’avait que très peu de notion de latin. Vous n’étiez pas loin, il s’agit bien d’un cryptogramme, il ne fallait pas rechercher une clé mais plusieurs.

-Comment ça ? Demandai-je.

-Et bien voilà, vous vous êtes tous concentré sur la phrase Ego Alpha et Omega, mais vous avez omis de mentionner le 1 :8. Or, c’est ça qui donne les clés. En se trompant de verset, Victor m’a fait me rappeler que le 1 :8 figurait lui aussi sur le boitier et était tout aussi important.

-Les chiffrements de 1 et de 8 ont tous deux été testés. Répondis-je.

-Le 1 était bon, en revanche le suivant était de neuf.

-Pardon ?

Isabelle prit un bloc note et écrivit une série de chiffres dont je ne comprenais pas le sens. Elle nous montra le résultat, pendant que Victor reprenait ses esprits. Isabelle nous montra la suite qu’elle venait de composer.

-1, 9, 17, 25, 33, 41, 49, 57, 65, 73, 81, 89, 97. C’est ça la clé ? Demanda Charlotte.

-Exactement. Confirma Isabelle. À chaque phrase, vous devrez répéter cette suite. Lorenzo a fait en sorte de coder chaque mot avec une clé différente.

-Ce qui rendait toute forme d’analyse fréquentielle impossible. Continua Victor.

-Analyse fréquentielle ?

-C’est une méthode de décryptage utilisée pendant la Seconde Guerre Mondiale. Cela consistait à détecter les lettres redondantes pour les associer au plus courante de la langue à décoder. En français, il s’agit des E. Mais comme la clé change à chaque mot, on ne peut plus faire d’étude comparative entre les mots.

-Je ne comprends pas.

-Il s’agit de ce qu’on appelle un chiffrement de César.

-Utilisé par l’armée romaine pour transmettre leurs ordres à travers les territoires ennemis. Précisa Charlotte. Deux alphabets posés l’un sur l’autre, mais décalés de trois lettres. On disait alors que la clé de cryptage était de trois.

-Ah d’accord, donc, si je comprends bien, au lieu d’avoir une clé de trois on a plusieurs clés de 1, 9, 17,…

-Exactement ! Répondit Victor.

-Mais comment, en êtes vous arrivés à cette suite avec seulement le numéro de verset.

-Et bien, il s’agit simplement d’une suite logique ou l’on ajoute huit à l’infini. On part de 1 et 8 est le terme récurrent.

-Alors, cela veut dire qu’à chaque mot, il faut faire tourner le disque de huit lettres, c’était à ça que servaient les freins sur le deuxième disque ?

-Oui, c’est cela, mais ne vous inquiétez pas, de nos jours il existe des programmes sur ordinateur capable de faire cela pour nous. Nous n’aurons pas à chercher quel frein actionne ce décalage. Assura Victor.

Puisque nous avions enfin percé son secret, nous rangeâmes la clé de Lorenzo et la rendîmes à Charlotte.

L’aube commençait à pointer à l’horizon. Alors que quelques timides rayons de soleil s’invitaient à travers les rideaux de notre chambre obscure, nous sentîmes le sol et les murs vibrer.

-Vous entendez ça ? Demandai-je.

Les tremblements s’intensifiaient. Maximilien, alias Lestat fut réveillé par ces bruits étranges qui semblaient venir d’au-dessus de nous. Il vint pour nous ouvrir la fenêtre et observer le ciel.

-Des gazelles avec des pumas ! Ils ont sorti les gros moyens les salauds. Affirma-t-il tout sourire. »

Une dizaine d’hélicoptères de l’armée ainsi que des avions AM400 étaient en train de patrouiller à basse altitude au-dessus de la ville. Nous fûmes à la fois émerveillés et inquiets de ce qui s’annonçait pour les jours à venir.

Maximilien referma la fenêtre et tira les rideaux. Il tenta alors de nous rassurer :

« Allons, vous êtes des vampires, il ne faut pas vous laisser impressionner. Ces gars-là ont l’habitude d’opérer à l’étranger, dans la jungle où le désert, je sais de quoi je parle. Ils détestent le combat en zone urbaine. La ville est grande et possède un vaste réseau de souterrains, je vous le promets, ils ne vous trouveront pas. Ella est partie chercher votre voiture, je me suis dit que le mieux était de vous changer d’endroit régulièrement. Cathy va vous…

Il s’arrêta brusquement et son attention fut brutalement attirée par l’ordinateur de Victor qui était resté ouvert.

-Qu’y a-t-il ? Demandai-je.

Nous nous précipitâmes à côté de lui, devant l’écran afin de comprendre ce qui l’avait rendu aussi perplexe. Sur la page affichée, se trouvait le programme de recherche de Victor qui avait trouvé une occurrence à partir de l’image du vampire bibliothécaire que nous lui avions confiée. L’ordinateur avait trouvé une photo plus nette prise à la BNF montrant le vampire qui nous avait agressés, dérobant le livre de Lorenzo. Victor effectua un zoom. Maximilien se frotta la tête et déclara :

-hé, mais je le connais, lui ! »

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