Hadès ouvre un œil, puis comme à son habitude, lui qui a avalé une horloge, se glisse à côté de sa maîtresse et commence à lui lécher le visage. Du fond de son sommeil, très agité cette nuit, Léa remonte peu à peu vers la surface, ouvre à son tour ses mirettes et flatte son adorable molosse.

- "Je sais Hadès , je sais ! Il est 6 heures ! Pousse toi que je puisse mettre un pied par terre".

D'un bond agile, le beauceron quitte le lit et se dirige en trottinant vers la porte de la cuisine, sa queue fouettant l'air en signe d'impatience.

- " Ok, ok, j'arrive mon gros ! Il va falloir que je t'apprenne à ouvrir la porte vu que je ne suis pas assez rapide à ton goût le matin"...

Sur ces mots, la jeune femme ouvre sa porte, et rit tandis que le chien n'y tenant plus, la bouscule pour sortir. Puis, laissant la porte ouverte afin que la pièce profite de la fraîcheur matinale, elle se dirige d'un pas léger vers la cafetière pour y préparer son breuvage favori.

Alors qu'elle se sert sa première tasse, Hadès rentre et va s'asseoir près du sofa, car il sait qu'Eléanor va venir s'y installer avec le café et les biscuits. Pour lui, cela signifie qu'il aura droit à l'un d'eux et il en salive déjà.

Le café à a main, le sachet de gâteaux coincé sous le bras gauche, elle prend sur la table les publicités reçues la veille et va s'asseoir dans l'angle du grand canapé. Elle sort un biscuit - pas trop sucré - et le tend au chien, qui tout doucement, s'en saisi et l'avale aussitôt.

C'est samedi aujourd'hui, Le Refuge n'ouvrira que cet après-midi, la jeune femme prend donc le temps de musarder ce matin. Elle aime particulièrement ces moments de tranquillité absolue où elle dévore magazines, livres et publicités, confortablement blottie dans son nid douillet.

Les heures passent au rythme des pages tournées et des cafés engloutis, et voilà déjà l'heure où passe le facteur. Du coin de l'œil, elle le voit arriver. Léa sent son cœur battre à tout rompre. Aura t'elle une nouvelle enveloppe ? Que contiendra t'elle si c'est le cas ? Doit-elle suivre les énigmes posées ? Autant de questions qui tournent et tournent dans son esprit.

Ses missives déposées dans la boîte de la jeune femme, le facteur fait demi-tour autour du grand chêne et s'en va poursuivre sa tournée. Eleanor se précipite alors sur ses clés puis sort, presque en courant, vers la boîte aux lettres.

Elle y trouve un catalogue de vente par correspondance, sa facture de téléphone et, bien cachée en dessous, moi ! Enfin, moi numéro 2.

Tremblant d'émotion, elle se dépêche de rentrer, pose ce qui lui semble pouvoir attendre entre sa tasse de café et le paquet de gâteaux secs, et me décachète enfin.

Je ne contiens toujours qu'une simple feuille blanche dactylographiée. Rien qui puisse indiquer ma provenance ou mon auteur. Quatre lignes... En vers... Décidément, l'auteur de ce jeu de piste aime s'amuser !

"Au quinzième jour du premier mois,

Quand au zénith Râ sera,

Au Val sans Retour tu trouveras,

La prochaine étape de ta route vers moi."

- "Hé bien, on dirait qu'il va falloir que j'entreprenne plus de recherches que je n'aurais cru." Dit-elle à son chien.

Réfléchissant à la vitesse du guépard lancé après sa proie, elle note que le deuxième vers doit faire allusion à un lieu si l'on tient compte des majuscules. Alors, elle va chercher dans sa bibliothèque un atlas géographique, s'installe à son bureau avec bloc-notes, stylos et...café, puis commence ses recherches.

Elle ne se doute pas encore de ce qui l'attend....