Un crayon, s'il vous plaît ?

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La porte de la cellule se referma derrière lui. Sa queue délicate frotta contre les murs humides quand il se retourna pour supplier une nouvelle fois le gardien. L’orc massif bloquait presque totalement la lumière qui pénétrait difficilement par les petits puits dans le plafond.

— C’est une erreur, je vous le jure. Demandez à Ydulria, la plante, elle vous dira tout.

Malgré le tempérament borné de la plante, il espérait qu’elle serait honnête sur ce point, pour son karma au moins. C’était la seule témoin de son histoire et maintenant son seul espoir.

— Tu serviras ça au juge et aux avocats, grogna-t-il, véhément.

— Comment je fais pour avoir un avocat dans ce cas ? S’il vous plait… ? Si je lui explique tout, vous verrez que tout sera plus clair.

Les pas s’éloignèrent, sans un mot, pour confirmer qu’il allait lui chercher un représentant. Être obligé de supplier pour obtenir l’aide légale que le gouvernement avait le devoir de lui fournir le dégoutait. Il avait toujours payé ses impôts et c’est comme ça qu’on le remerciait ? À cette pensée, il s’arrêta. Justement. Ils imaginaient qu’Opalis n’avait fait que frauder, toute sa vie ou presque. Dans ce royaume avide de toujours plus d’argent, si vous étiez pris à frauder, plus personne ne vous respectait.

Les heures passèrent, la cellule était tellement exiguë qu’il ne pouvait à peine marcher pour se dégourdir les pattes. Le mobilier en bois était sommaire, une planche contre un mur comme bureau, un trou qui menait dans les profondeurs de la prison pour faire ses besoins. Aucune occupation à disposition. Malgré l’aération naturelle des puits de lumière, les odeurs de corps mal lavés et de l’eau croupie lui donnaient envie de vomir. Il n’arrivait pas à dormir, il comptait les gouttes de condensation qui tombaient du plafond pour terminer dans une flaque.

Une, deux, trois…

Quatre cent soixante, quatre cent soixante et un…

Neuf cent trente-huit…

— Si tu veux un avocat, il faut remplir ça, le surprit la voix gutturale de l’orc.

Une énorme pile de papier en désordre s’abattit devant les barreaux de sa cellule. Il la souleva de terre pour éviter qu’elle ne s’imbibe de l’eau et remarqua que le sceau de la justice du royaume était frappé sur toutes les pages. À contrejour il leva les yeux vers la silhouette et osa requérir :

— J’ai besoin d’un crayon pour écrire…

Une plus petite liasse tomba devant lui et un rire retentit, comme s’il savait ce qu’Opalis allait demander.

— Pour l’accès au matériel d’écriture sous supervision. T’as juste à cocher les cases avec ta griffe et ça sera examiné dans les six mois.

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