Alban Eiler

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 C'était le début de la matinée. Le soleil venait à peine de se lever, et ses rayons traversaient les ramures verdoyantes des arbres, illuminant leurs feuilles presque translucides dans la lumière dorée. Pas un bruit ne venait troubler la paix de cette journée de la Renaissance et de l'Équilibre. Les riches harmonies du chant des oiseaux résonnaient seules dans les sous-bois, se mêlant au murmure mélodieux d'un ruisseau bondissant de pierre en pierre.

Alwena, assise sur un rocher entouré d'eau mouvante, non loin de la rive, goûtait à la paix et à la beauté des lieux, ses pieds nus baignant dans la fraîcheur liquide des flots joyeux. Les rayons matinaux faisaient étinceler sa longue chevelure auburn et paraient son blanc visage d'un éclat féerique. Elle sourit, et ses yeux d'un vert tendre pétillèrent un instant. Aujourd'hui était Alban Eiler, aujourd'hui était la fête de l'Espoir, où tout renaît, où le jour et la nuit durent autant l'un que l'autre. La jeune fille celte se leva et, posant précautionneusement ses pieds d'albâtre sur les pierres glissantes, bras écartés pour conserver son équilibre, rejoignit la berge moussue. Il était temps de retourner au village, si elle ne voulait pas inquiéter son père.

Cependant, elle n'était pas pressée, préférant admirer la nature renaissante plutôt que de se hâter sans regarder autour d'elle. Elle sentait l'herbe douce sous ses orteils, la brise légère dans ses cheveux, les fragrances boisées qui éveillaient l'âme aux beautés de Nature. Elle entendait les chênes murmurer leurs secrets, les fourrés frissonner au passage de quelque hôte des bois, les merles s'agiter dans les branches au-dessus de sa tête. Pas de doute, la renaissance de toutes choses s'exprimait aujourd'hui avec plus de force que jamais.

Tout à coup, elle avisa trois étranges silhouettes tordues, figées dans une danse étrange, un peu à l'écart du sentier qu'elle suivait. Alwena, intriguée, se rapprocha. Elle n'avait jamais remarqué cela auparavant ; et pourtant, ce n'était pas la première fois qu'elle se promenait en ces lieux. Bien vite, elle s'aperçut qu'il s'agissait de troncs tordus, fendus, brisés ou calcinés par une force inconnue. De loin, elle les avait pris pour des Fées dansant les bras levés. La jeune fille approcha encore, effleura d'une main fine et légère l'écorce de chacune, curieuse, admirative. Soudain, elles semblèrent prendre vie : une musique étrange s'éleva des entrailles de la terre couverte de feuilles sèches, des visages s'animèrent, étrangement déformés et pourtant non dépourvus de beauté, et les trois esprits des bois, tourbillonnant dans leurs robes brunes, encerclèrent l'humaine étonnée. Sans l'avoir voulu, Alwena se retrouva à danser avec elles, comme mue par une force indépendante de sa volonté. Enivrée par les accords entraînants qui sortaient toujours du sol, elle se laissa guider, les paupières mi-closes, ses cheveux cuivrés giflant l'air. Combien de temps cet étrange bal dura-t-il ? Elle n'aurait su le dire : bientôt tout devint flou autour d'elle ; elle finit par perdre conscience.

Quand elle revint à elle, la jeune femme était étendue au sol, au bord du sentier, sa chevelure parée d'une couronne de gui. Là-bas, les trois Dryades, de nouveau figées, étaient méconnaissables : des branches nouvelles couvertes de feuilles tendres surmontaient leurs têtes autrefois desséchées. En se redressant, Alwena sourit, heureuse de les voir revivre. C'est là qu'elle se rendit compte du poids qui pesait sur ses genoux ; elle baissa le regard, prit l'objet, l'éleva jusqu'à ses yeux... C'était un œuf, symbole de Renaissance et de Vie ; un œuf à la coquille de bois, légèrement chaud au toucher, présent de la forêt à celle qui avait su réveiller les esprits sylvestres. C'était le début de la matinée. Le soleil venait à peine de se lever, et Alwena, debout, serrant l'œuf contre son sein, tourna le dos à son village pour se consacrer à la Déesse Mère, qui l'avait appelée en ce jour de l'Alban Eiler.  

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