5 - Souvenirs - Seconde Partie

3 minutes de lecture

Nous étions deux âmes sœurs. Personne n'en avait quelque chose à faire, tant que nous rapportions notre « droit de séjour ». Ce droit avait été appliqué durant notre absence par notre leader. Sans les revenus supplémentaires d'Eternity, son âme s'était noircie plus vite. Sa soif de pouvoir et de domination d'était répandue sur les autres en les agrippant d'une main crochue et diabolique.

Chacun d'entre nous devait donner dix euros par jour. En cas d'impossibilité à payer, une ardoise était alors instaurée. Notre havre de paix de terni alors. Le vent revenait en force, encore plus chaud, dense et lourd. Suffoquant, il ne nous était plus permis de vouloir partir dans avoir réglé cette dette.

L'amitié et la peur de l'inconnu me poussaient à rester. Lorsque mon regard las se posait sur Eternity, une envie de fuite me prenait. Mais lui restait là, assis ou allongé dans cette boite de métal où nous devenions des aliments oxydés.

Personne n'en avait rien à faire de la provenance de l'argent. Travail, bourse, vol, drogue, jeux, racket, allocation, fraude... Tous les moyens étaient bons. L'argent se mit à arriver en masse. Plus il s'infiltrait dans notre groupe, plus les nouveaux membres arrivaient. Notre leader augmenta en quelques jours le montant, faisant gonfler les ardoises des moins débrouillards...ou des plus honnêtes.

Je voulais à tout prix, je devais à tout prix préserver Eternity. Il était la rose immaculée de cet endroit. Il avait des épines, mais elles ne lui servaient qu'à se défendre. L'un des nouveaux avait essayé alors que j'étais parti de l'embêter. Je n'ai jamais réussi à comprendre ce qu'il s'était passé. Nous avions jeté dans les égouts ce crétin sans cervelle qui s'en était pris à mon bel homme qui ne m'a jamais parlé de cet événement. À son habitude, il restait muet. Les remueurs de magie, de démon et de pouvoir obscurs furent les seules choses qui sortaient des murs lorsqu'ils pouvaient parler de ce qu'ils avaient entendu.

Presque tous les nouveaux venaient comme nous de l'orphelinat trop plein de cette merveilleuse ville bien trop belle pour nous. Nous vivions au jour le jour et Eternity gardait une ardoise assez stable, comme la mienne, grâce à ses œuvres et à l'argent que je rapportais de la ville.

Bientôt notre boite de conserve ressembla à un palais de tôle rouillée où de nombreux lits simples superposés avaient été construits. Je partageais le mien avec notre pâle démon aux yeux de feu. Nos corps se réchauffaient et se refroidissaient ensemble. Nous dormions toujours d'un sommeil déroutant et apaisant.

D'une dizaine, notre groupe accueilli de nombreux membres, tant qu'ils pouvaient payer. Tous plus mauvais les uns que les autres. Notre unité d'antan était maintenant pourrie jusqu'à la moelle. Un cancer s'agrippant profondément se traînait sur nous, laissant dans son sillage la pestilence de tout ce que l'être humain a de plus mauvais, de plus terrible et de plus immonde. Cette atmosphère purulente étouffait les anciens.

Nous nous regroupâmes. En marge, nous n'étions plus que cinq à ne pas être parmi les nouveaux : Marco, le beau gosse et qui le sait avec une grande gueule ; Félix, le garçon honnête, travailleur et débrouillard ; Jérémy, le bel homme qui suit les autres en veillant sur eux ; Eternity, mon pâle et bel artiste et moi-même.

À nous cinq, nous équilibrions les ardoises des uns et des autres. Jeremy avait l'enseignement pour vocation et nous avions alors fixé en but de l'aider à obtenir son diplôme pour enseigner et s'extraire de ce piège de métal qu'était devenu notre lieu de survie.

Marco et moi faisions les sales besognes. Mais même dans ces moments-là, nous avions établi un code. Uniquement ceux qui le méritaient selon nous subissaient nos méfaits. Nous préservions ainsi une partie de notre humanité. Marco aidait Jérémy dont il s'était épris, moi je préservais Eternity. Félix apportait la bonne image de notre club des cinq versions égouts et misérable.

Cette vie tumultueuse, poisseuse et amère est bouleversée aujourd'hui alors que notre pensionnat a fait appel à l'armée pour récupérer tous ses pensionnaires échappés dans les bas quartiers.

Aujourd'hui, nous avons rencontré le major Benjamin Bean. Et plus jamais, les choses ne seront ce qu'elles étaient. Pour leur bonheur et mon malheur.

Mais cela...je ne peux pas...le raconter...

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire NamiSpic ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0