L’hiver avait son lot de plaisirs, en même temps que ses contraintes et ses obligations.

La neige n'était pas loin, à 1h de Grenoble ; mon père avait acheté un studio à l'Alpes d'huez et toute la famille, le vendredi soir, partait au ski !

Que l'on veille ou pas c'était comme ça !

Papa nous avait acheté, à nous les trois filles, l'attirail nécessaire, et heureusement nous avions pu le choisir. Seule maman, trop fragile avait décliné l'obligation en expliquant qu'elle avait peur de tomber, sujette souvent à des vertiges.

Ces moments de ski sont gravés dans ma mémoire, au point que je peux à souhait faire que le film se déroule et le visionner d’un bout à l’autre. Je vais sélectionner juste quelques passages succulents tant ils me concernent et me remettent à vivre l’instant comme si j’y étais.

Nous avions suivi des cours d’initiation au ski de descente et des 3 filles j’étais, de bien loin, la moins douée. Je me sentais bien lourde sur les planches et quand la piste blanche me mettait en mouvement, je sentais que je partais trop vite, ne maitrisant pas ma vitesse. J’avais donc comme principe de traverser en diagonal la piste et surtout, plutôt que de me laisser aller, trouver une technique pour freiner, freiner facilement et ainsi bloquer tout, les pieds en écarté !

Les autres avaient le temps de faire trois tours alors que je n’en faisais qu’un !

Je restais de temps à autre sur le côté, à observer le courage de ceux qui défilaient, tranquilles et décontractés, et à me dire : "c’est trop dur pour toi ! tu n’y arriveras pas !"

Le pire était quand mes sœurs et mon père passaient devant moi et me disaient : « Allez il faut te lancer ! » Le courage n’y était pas ! je me sentais en danger et ridicule bien sûr !

Ma vie fut ce drôle de truc de me préserver du danger !

Du danger de moi ! parce que depuis, en contre marche, je n’ai cessé de me lancer, sur plein de projet… et je vous dirai quoi !

Du danger des autres qui, sans comprendre où j’en étais, n’ont su que me dire d' y aller, bien que peu concernés !

Me voilà là, devant vous … en aveu de moi !

En resterai-je là !

Et bien, vous savez quoi … Tout dépend de vous !