Les amours de Monsieur K, tragi-comédie satirique / scène 2

2 minutes de lecture

Monsieur K reste silencieux un long moment puis se tourne vers Catherine :

-          Il m’est arrivé…

-          Quelque chose d’étrange ?

-          Oui.

-          Comme d’habitude !

-          Plus que d’habitude !

-          Je vous écoute.

Monsieur K se tait, de nouveau, ferme les yeux.

Puis, il se redresse et regarde Catherine, droit dans les yeux :

-          Voilà j’ai rencontré…

-          Cassandra ?

-          C’est cela !

-          Encore une de vos conquêtes irréelles sur le web !

-          Elle a bien failli devenir réelle.

-          Je ne vous suis pas.

Sûr de lui, monsieur K commence son récit :

-          Eh bien, elle m’a donné rendez-vous !

-          Elle, c’est elle qui ?

-          Disons que nous avons convenu d’une rencontre.

-          C’est plus crédible !

-          Je lui ai envoyé un haïku, intitulé l’illusion masculine

O belle aux yeux verts

Tu ferais passer l’hiver

Pour un doux printemps

-          Elle a les yeux verts ?

-          Un beau vert.

-          Et sa réponse ?

-          Toi l explorateur

Réfrène bien tes ardeurs

Tu scrutes mon cœur

Soudainement, Catherine devient très pâle, puis reprend d’une voix douce :

-          Vous aimez cette vie double, un homme ordinaire, vaguement débonnaire, qui se métamorphose en aventurier ?

-          Oui !

-          Cette perspective vous flatte ?

-          On le serait à moins !

-          Interdire (mollement), pour mieux inciter est le comble de l’érotisme !

-          D’où la suite de l’haïku :

Réfrène bien tes ardeurs

Tu scrutes mon cœur

-          La photo de la dame vous a suggéré une lecture amusante de ce dernier vers ?

-          Oui !

Un long silence s’installe. Monsieur K reste songeur.

Il reprend, à mi-voix :

-          Ce matin ma main n’a pas traversé  le miroir.

-          Vous ne rêvez pas, ce monde est bien réel.

-          Je ne sais pas, je ne sais plus !

-          Pourquoi ?

-          J’ai retrouvé Cassandra, sur un banc vert.

-          La fille aux yeux verts ?

-          Oui ! Et…

-          Vous avez plongé dans son décolleté ?

-          Comment savez-vous ?

-          Je commence à vous connaitre ! Sa réaction ?

-          Elle a ri !

-          Très bien, pour vous !

-          Et après ?

-          Après, après …

L’homme étouffe un sanglot et se met à trembler.

Inquiète Catherine demande :

-          Racontez-moi !

-          C’est, c’est difficile …

-          Ayez confiance en moi : que s’est-il passé ?

-          J’ai approché ma main de sa joue et…

-          Et ?

-          Tout a disparu : la ville, la belle, l’hiver, la douce et tendre réalité .

-          Et ?

-          Un texte est apparu !

-          Un texte ?

-          Oui, comme sur un écran d’ordinateur.

-          Et que disait ce texte ?

-          Je ne sais plus.

-          Faites un effort, c’est important !

Monsieur K se tait longuement, puis récite lentement, les yeux mi-clos :

Vous êtes tombé dans un trou, sur un lien cassé, une info évaporée, une nouvelle disparue…

J’espère que vous ne vous êtes pas fait mal, que vous n’êtes pas trop désemparé …

Votre visite sur cette page me désole...

Reconnaissez

Que pour quelqu'un qui n'a pas de visage

Et qui travaille dans l'ombre sans jamais voir la lumière des projecteurs,

Ce n'est pas le plus beau des rôles disponibles.

Je ne vais pas vous dire « A bientôt »,

Vous penseriez que je suis maso,

Mais si je sens que vous commencez déjà à mieux me comprendre,

Ça me console

Et ça me donne presque envie de vous revoir ! _

Catherine reste songeuse et dit d’une voix lasse :

-          Je vois !

-          Que voyez-vous ?

-          Cette thérapie sera longue, longue et difficile.

-          Que faire ?

-          Nous revoir la semaine prochaine

-          Et ce que j’ai vu ?

-          Une illusion, une short illusion !

Monsieur K sort, décontenancé, contenant, difficilement, sa rage Catherine murmure :

-          Cassandra ! Une jolie brune aux yeux verts, avec une  forte poitrine : foutaises !

Quand comprendras-tu, pauvre idiot, que tu n’es qu’à moi, rien qu’à moi ?

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