Les espoirs déçus de Lathelennil : I

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Uriel, agacé, tapota de ses doigts gantés d’iridium le champ vitrifié qui l’isolait de l’espace. Je le trouvai d’excellente humeur depuis ce matin, mais la petite insurrection de Lathelennil lui avait rendu son caractère irascible, effaçant les bienfaits octroyés par les baisers piquants de Mana.

— Bien qu’il soit mon frère, sa punition sera exemplaire ! lâcha Uriel d’une voix sombre, avant de se tourner vers nous.

Mana, allongée dans le luxueux sofa des appartements amiraux, tendit sa main à l’eyslyn qui peignait ses griffes avec une solution de mithrine liquide.

— Ne soyez pas trop sévère, mon ami, roucoula-t-elle avec un sourire suave. Votre frère est un guerrier impétueux, à qui on vient de retirer le jouet qu’il convoitait. Il est juste – et souhaitable – qu’il se défoule sur quelques morts-vivants.

— Pas en allant contre mon ordre, grogna Uriel, avant de jeter un nouveau coup d’œil à Mana. Mais si gracier ce misérable est votre souhait, alors, je m’incline.

Mana sourit plus largement.

— Pas le gracier, Uriel. Jamais. Je le punirai moi-même, d’une punition de mon cru.

Cette fois, c’est Uriel qui s’inquiéta.

— Pas trop durement, j’espère, fit-il en venant s’asseoir auprès de Mana. Cela reste mon frère, et, même si j’ai grande honte de l’avouer, j’y suis attaché. C’était le plus faible de la portée, toujours vagissant : nous nous sommes beaucoup occupés de lui.

Voilà qui explique beaucoup de choses, songeai-je, réprimant un fou rire en imaginant le petit bicolore hurler dans son panier.

— Son panache devait valoir le coup d’œil, ne pus-je m’empêcher de remarquer.

Uriel me regarda.

— Tout à fait : il était magnifique, d’une double couleur inédite. D’autant plus que mon frère l’a gardé tard, sa bichromie n’encourageant pas les partis volontaires chez les ellith. On dit que certains sil-illythirii ont le panache sablé de noir – je crois que c’était le cas de Silivren, si je ne me trompe – mais celui de Lathelennil, lui portait un superbe motif de damier, noir et blanc. Pour cette raison, un grand nombre d’olamh femelles de cette époque ont enchéri sur lui. Les filidhean ont des motivations qui nous dépassent... Celle qui menait la guilde de la Brume du Matin s'était jurée de gagner ce panache aux couleurs d'Arawn. Mais sa grande rivale et amie, l’olamh de la Lune Pleurante, prit l’affaire comme un défi. Un bon nombre de candidates reculèrent devant de si terribles challengers, alors les deux meneuses s’affrontèrent pendant des lunes pour décider qui l’emporterait. On ne vit jamais autant de filidhean dans les arènes qu’à cette époque, les membres de leurs deux troupes s’étant évidemment pris au jeu. Les cathbeanadh étaient données quasi quotidiennement… Il ne se passait pas une nuit sans qu’on entende un exploit accompli par l’une ou l’autre troupe, et les trophées glorieux s’entassaient dans notre salle de réception, au pied du pauvre Lathelennil. Il ne le montrait pas, mais il s’inquiétait ! Finalement, au terme d’une rencontre dans les arènes où elles firent toutes les deux des étincelles, les deux ennemies se tombèrent dans les bras et arrivèrent à un statu quo. Il fut décidé qu’elles couperaient le panache de mon frère toutes les deux, en même temps : l’une tenant un bout du fil prismatique qu’elles comptaient utiliser pour se faire, et la seconde, l’autre bout. Quant au panache en damier, il fut exposé dans les deux troupes en temps égal, une lune pour chacune, avant d’être découpé et monté sur le shynawil d’apparat des deux meneuses. Un épisode dont on se souvient encore à Sorśa !

L’humiliation avait dû être terrible pour Lathelennil. Mais dans quelle mesure les ældiens se sentaient-ils humiliés par ce genre de choses ? Ren, lui, l’aurait été, et n’aurait pas accepté le jeu. Mais il était différent des autres : je m’en rendais aisément compte, à présent. Par certains côtés, il avait des réactions humaines. En quelque sorte, l’avoir rencontré m’avait donné une bonne introduction aux ældiens, en me permettant de me familiariser en douceur : si j’étais tombée sur un Uriel ou un Lathelennil sans avoir aucune expérience ældienne, cela aurait probablement signé mon arrêt de mort.

— Quand on parle du wyrm, on en voit la queue, gloussa Mana en pointant la baie. N’est-ce pas le cair de votre frère ?

Uriel se retourna, un sourire vainqueur sur le visage.

— Le revoilà. Je commençais à m’inquiéter ! Partir tout seul comme ça, sans ost, ni rien… Il aurait pu lui arriver malheur.

— Il était avec les Sœurs du Rouge, observai-je.

— C’est bien ça qui m’inquiète ! railla Uriel.

Impatient, il s’installa sur son fauteuil de commandant – son « trône », comme les sluaghs l’appelaient – et demanda du gwidth. Puis il se leva et fit les cent pas le long de la baie.

— Alors ! tonna-t-il. Il lui faut donc autant de temps pour apponter un cair et franchir une coursive ?

J’étais, pour ma part, beaucoup moins pressée de le voir. Qu’allait me réserver Lathelennil, maintenant qu’il savait que je l’avais trompé ?

— Votre Abominable Frère arrive, Monseigneur, annonça un sluagh en se fendant d’une courbette obséquieuse. Il est sur le pont min.

Le susnommé fit bientôt son apparition, le pas assuré, le sourire vainqueur. Sans me jeter un seul regard – il était visiblement passé à autre chose, dieux merci – il alla droit vers son frère.

— Noble Dame (Il se fendit d’un salut rapide, en fléchissant rapidement le genou), cher Frère, je vous rapporte maints trophées qui, je le pense, vont vous intéresser.

— Suffisamment pour te faire échapper au fouet, ou à la roue, exposé en place publique ?

Lathelennil grimaça.

— Bien que ces réjouissances auraient pu me plaire, tu n’auras pas à les gaspiller pour moi, ô mon frère. Car lorsque tu auras posé les yeux sur les merveilles que j’ai ramassées, tu auras surtout envie de me récompenser, en m’octroyant, par exemple, ce que je désire le plus.

Uriel leva un sourcil.

— Qui est ?

Lathelennil coula un discret regard dans ma direction, que, comme Uriel, je fis semblant d’ignorer.

— Je ne peux donner ce qui ne m’appartient pas, répondit-il. Faites amener les trophées de guerre !

Lathelennil se retourna, et, d’un geste impérieux de la main, il fit signe aux deux gobelinoïdes massifs qui se tenaient près de la porte. Cette dernière fut ouverte, révélant, tout d’abord, Tanit.

Cette dernière était nue, bâillonnée et terriblement entravée, attachée sur un genre de chevalet poussé par un horrible personnage, à peine moins horrifiant que Khror.

À cette vue, Mana poussa un petit cri de joie, et se leva, croupe ondulante, pour venir caresser la joue de l’infortunée barde. À cet instant précis, elle ressemblait tout à fait à une araignée dodue et affamée titillant du bout de sa patte effilée une proie dûment emballée, se réjouissant d’avance du festin.

— Est-ce pour moi ?

— Pour vous, et pour elle, répondit Lathelennil en me pointant du doigt. Ainsi, j’ose espérer que vous me donnerez ce que je veux.

— Je ne peux donner ce qui ne m’appartient pas, répondit Mana en me regardant, doucereuse.

Comprenant enfin le message, cette fois, Lathelennil se tourna vers moi.

— Je ne peux donner ce qui ne m’appartient pas, répétai-je à mon tour.

Lathelennil posa son regard brûlant comme deux chandelles mortuaires sur moi.

— Vraiment ? Et que dis-tu donc de cela ? Amenez les autres !

Lorsque je vis apparaître Círdan et Angraema, mon cœur eut un sursaut, ne sachant s’il devait se réjouir ou s’inquiéter. Mais en reconnaissant mes petits Niním et Cerin dans les bras de leur grande sœur, je me précipitai, pleurant de joie.

Les enfants sautèrent des bras d’Angraema pour courir vers moi. Je les réceptionnai difficilement – qu’ils avaient grandis ! – manquant d’être renversée par leurs effusions.

— Maman ! criaient-ils, fous de joie. Maman !

Plus rien d’autre n’existait qu’eux. Cette salle sombre aux sculptures sinistres, avec ses armes acérées et ses instruments de torture accrochés au mur, ces effigies cauchemardesques montrant des seigneurs de la guerre étriper leurs ennemis ou tourmenter un esclave, les visages cruels, en lame de couteau, de ces dorśari, leurs yeux noirs, et même le sourire dentu de Mana – oui, tout cela disparut, alors que je serrais mes enfants dans mes bras.

— De bien jolis petits perædhil ! observa Lathelennil d’une voix de mauvais augure, se rappelant à mon bon souvenir.

Je lui jetai un regard farouche. Qu’il ose s’en approcher !

Angraema, alors, s’approcha. Sans peur, la démarche déliée, elle alla droit devant Uriel, s’arrêtant à un mètre de lui.

— C’est vous, le commandant en chef de ce royaume décadent ? fit-elle d’une voix claire, du ton de celle qui ne s’en laisse pas compter.

Je la regardai. Presque aussi grande qu’Uriel, elle était magnifique dans son armure qui épousait son corps athlétique.

— Angraema, la fille que m’a donnée l’as sidhe d’Æriban, annonça Mana d’un ton où sourdait la fierté.

Uriel la contempla des pieds à la tête.

— Par le troisième œil d’Amarriggan, murmura-t-il, mais c’est Amarië, notre sœur… Lathelennil ! N’est-ce pas notre chère sœur réincarnée ?

Ce dernier s’approcha, prudent et circonspect, lâchant l’observation de mes petits avec un regret évident.

— C’est vrai qu’elle lui ressemble, mon frère, concéda-t-il. Mais ce n’est pas elle. Tu le sais.

Visiblement perturbée, Angraema posa son regard dur sur les deux frères Niśven, passant de l’un à l’autre.

— Mère ? Est-ce vrai ? Ces deux serviteurs du Mal seraient mes grands-oncles ?

— C’est tout à fait vrai, ma fille, roucoula Mana. Uriel Niśven, premier dans la ligne de succession au trône de Dorśa, et son cadet Lathelennil.

Angraema se retourna.

— Oui, lui, le bicolore, je sais qui c’est, je l’ai affronté tantôt.

— Surveille tes paroles, siffla ce dernier en avançant vers elle. Ou tu pourrais bien perdre ta langue, toute fille de ma sœur que tu puisses être !

Angraema le regarda.

— Pardon, oncle, je vous ai manqué de respect, concéda-t-elle. Mais Mère, que faites-vous avec ces gens, sur ce vaisseau de guerre, en armure ?

Mana plissa les yeux.

— Je m’efforce de libérer tes sœurs, vois-tu !

Angraema ouvrit grand les yeux.

— Mes sœurs ? Elles sont prisonnières ?

— Des orcanides, avouai-je à regret.

Le cri que poussa Angraema montrait bien ce qu’elle pensait. Comme tout le monde, elle connaissait le sort réservé par les orcanides aux ældiennes (et à toute autre créature possédant un orifice uro-génital).

— Qu’attendons-nous pour aller les délivrer ? s’écria Angraema. Chaque seconde compte !

— Nous attendons de repérer un vaisseau orcanide, railla Uriel en venant se planter devant elle. Lorsque mes consacrées en auront repéré un, nous l’attaquerons, puis remettrons leur chef aux soins de Khror, mon bourreau, et de Methil, mon spécialiste de la question. Crois-moi, il nous dira tout ce qu’il sait sur tes sœurs, avant de nous supplier de l’achever !

Angraema le fixa, le regard plus sévère que jamais.

— Quelles méthodes abominables ! Vous n’avez pas honte ?

— Tu penses donc qu’il est plus charitable de se faire découper par ta lame ? Peut-être… Mais certains – dont je fais partie – préfèrent des réjouissances plus longues, et plus raffinées.

De nouveau, il la détailla des pieds à la tête.

— Superbe femelle, vraiment… Qui tient de sa mère ! Est-elle vierge ? J’aurais pour elle de bons partis parmi nos cousins… Les meilleures maisons nobles de Sorśa seraient honorées de savoir l’un de leurs fils auteur de sa prochaine portée !

Angraema grimaça, émettant un cri de révolte, alors que Círdan, resté silencieux jusqu’ici, s’avança.

— J’ai mis une option sur la prochaine portée, tenta-t-il avec un léger sourire. Et nous avons beaucoup de quêtes à effectuer avant cela.

Uriel planta ses yeux noirs dans ceux, ambrés, de Círdan.

— Qui est celui-là ? Il faisait partie du lot ?

— Comme l’est un crustacé indésirable dans une nacelle de coquillages, précisa aimablement Lathelennil. Il semblerait que la jeune Angraema soit quelque peu attachée à lui : le cas échéant, je l’aurais ajouté à mon parc d’esclaves lumineux. Ils se font terriblement rares, ces derniers temps !

Mana se leva, venant se placer près des deux mâles.

— C’est Lhaliwin Círdan, fils du roi de Crépuscule, Arawn-Arowed, et de sa reine, Anor.

— Roi autoproclamé, si j’en crois mes souvenirs de l’héraldique, ironisa Uriel. Mais qu’importe. Si Angraema le désire, et si vous le désirez, il sera accueilli ici comme un invité de marque.

Uriel avait parlé. Toute cette nouvelle compagnie – Círdan, Angraema, mes petits semi-ældiens – fut reçue avec hospitalité, à l’exception de l’humain Montolio, qui dut rester sur son vaisseau. J’allais me présenter et lui parler, et aussi, le remercier d’avoir aidé Angraema et Círdan à localiser mes enfants.

— C’est normal, me dit-il, ses yeux intelligents posés sur moi avec une lueur que je n’avais jamais vue dans aucun œil humain jusqu’ici. Selon moi, en ces temps obscurs, où la menace se répand et attend son heure, il importe de fraterniser avec les ældiens. Peut-être pas tous, c’est vrai (Il faisait référence aux dorśari), mais certains. Et puis, comme tous les nautes aujourd’hui, je voulais voir de mes propres yeux la légendaire Rika Srsen !

Je haussai les sourcils, surprise.

— La légendaire Rika Srsen ?

— La seule naute capable de piloter des machines de technologie ultari, et de se faire respecter par des seigneurs de la guerre ældiens. Celle qui, comme Ahmed Aden avant elle, a remis au jour les anciens pactes !

— Si vous aviez rencontré mon mari, vous l’auriez trouvé aussi agréable et policé que le jeune Círdan, vous savez. Les ældiens sont ainsi, naturellement. Même les dorśari.

— Oui, oui. Lorsqu’ils ne coupent pas des têtes et ne font pas sauter des planètes !

Après avoir un peu discuté avec Montolio, je lui conseillai de profiter de l’accalmie pour retourner à Arkonna. Il décida de suivre mon conseil.

— Vous direz au revoir aux deux jeunes pour moi, fit-il en rallumant ses moteurs. Je raconterai mon aventure autour de moi, dans les bars de naute comme ceux où je les ai rencontrés… Si vous les aviez vus, en train d’arroser la serveuse de mithrine et de se qualifier mutuellement d'humains ! Leur déguisement était excellent, mais le jeu d’acteur...

Stupéfaite, je l’écoutai me conter les aventures rocambolesques des deux jeunes ældiens, et ce à quoi ils avaient échappé. À l’évidence, Angraema et Círdan avaient fait beaucoup de chemin, depuis qu’ils nous avaient quittés.

— Et ils ne cessaient de répéter qu’ils attendaient le bon moment pour s’accoupler, comme ils disent. D’après ce que j’ai compris, la jeune fille va couper la queue de fourrure de son ami, avant… Pauvre garçon ! Je me demande s’il s’en réjouit vraiment.

— C’est une coutume ældienne, le rassurai-je.

— J’ai eu quelques conversations d’homme à homme, avec lui, continua un Montolio désormais inarrêtable. Il m’a confié qu’il avait eu peur de mourir vierge, sur cette planète où ils ont été attaqués par ces saloperies de morts-vivants… Mais, bien qu’il ne se dise point guerrier, il n’a pas hésité à prendre tous les risques pour aller sauver la petite. Ça, c’est un homme, un vrai !

— Un mâle, corrigeai-je. Les ældiens détestent qu’on leur donne des qualificatifs humains.

— Bref, un sacré duo. Un beau petit couple ! C’est rassurant de voir des jeunes aussi lumineux, de nos jours, qui ont le sens du Bien et du Mal.

C’était cela. Círdan et Angraema avaient le sens du Bien et du Mal. Comme, je l’espérais, Ren et moi. Pour ma part, après avoir passé autant de temps chez les dorśari, je n’en étais plus trop certaine.

— Il est déjà parti ? s’enquit Angraema lorsque je revins sur le vaisseau amiral d’Uriel.

— Oui. Il vous remercie, et vous dit de rester comme vous êtes.

Angraema baissa la tête.

— J’aurais aimé lui dire au revoir…

— Dans une autre vie, si Amarriggan le permet.

En descendant de la coursive supérieure vers ma chambre, mes petits dans les bras, je tombai sur Lathelennil, adossé, les bras croisés, dans un recoin d’alcôve.

—Il semblerait que, désormais, je n’ai plus aucune chance de voir mon vœu se réaliser, observa-t-il sombrement.

Enfin ! Il avait compris.

— Lathelennil…, commençai-je, bizarrement désolée pour lui.

— Pourtant, je sens que tu me désires, insista-t-il, repartant dans ses délires. Je t’intrigue, je te fais de l’effet. Je ne me trompe pas ?

— Un petit effet, lui concédai-je, mais vraiment minuscule.

— Cet effet ne fera que grandir, au fur et à mesure que les trophées de ma part s’entasseront à tes pieds. Et lorsque c’est la tête de ce pisse-froid sans imagination de Silivren, celui qui t’a lâchement abandonné, toi et les enfants que tu as eus de lui, qui tombera, alors, tu reconnaitras que je suis le meilleur maître que tu puisses avoir !

— Oui, bien sûr, Lathelennil, on verra, fis-je pour m’en débarrasser.

Je refermai soigneusement la porte, le laissant derrière, tout enflammé.

J’étais vraiment dans de beaux draps.

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