Un soir à Kily

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La maison close de la ville Kily était animée comme tous les soirs. De l’extérieur, on y voyait les femmes parquées dans les vitrines. Deux hommes en kimono sombre gardaient l’entrée, choisissant les clients les plus fortunés pour accéder au bâtiment.

L’établissement était tenu par un triste individu, Joro Juno, un bandit recherché par les autorités de Kily. Il était reconnu pour torturer violemment les femmes mais aussi ses concurrents. Cependant, Joro Juno n’était pas le criminel le plus dangereux de Kily, malgré ces accusations. Son influence se limitait à quelques rues et aux réseaux de proxénétisme de la région.

En cette belle soirée, il jouait à des jeux d’argent, entouré de ses hommes et de quelques geishas lui appartenant. La lumière tamisée rouge créait une ambiance malsaine dans la grande salle. Un brouillard qui prenait à la gorge embrumait la pièce. Chaque table de jeu ne se voyait qu’à travers des lanternes à la lumière pourpre.

Cette pièce de jeu se trouvait au milieu de bâtiment, face à l’entrée. Au-dessus des tables de jeu, une mezzanine entourait la pièce. On y voyait des ponts menant à des chambres où les prostitués de Joro opéraient leur triste service.

Joro Juno afficha un sourire satisfait de ses dents dorées alors qu’il substituait le roi de son adversaire.

-C’est fini pour vous, je le crains, ministre Luga. Vos pièces, je vous prie.

Le représentant de Kily semblait refuser sa défaite mais les deux adjoints de Joro le décidèrent à céder. Le petit homme bossu qu’était Joro Juno ricana en attrapant la montagne de pièces.

-Laissez-moi une dernière chance, mon ami.

-Qu’avez-vous à parier de plus, honorable ministre ? riait Joro.

Le ministre réfléchit quelques secondes avant d’observer Joro Juno avec crainte.

-Ma fille.

Le petit Joro s’esclaffa de rire avant de reprendre ses esprits.

-Vous me faites une offre bien tentante, Luga. J’accepte.

Les deux hommes reprirent une partie dans la fumée abondante de la pièce.

A L’extérieur, se présentait un homme caché sous sa cape. Il poussait la file qui attendait afin d’atteindre les geishas derrière les vitrines. L’homme se présenta devant les deux gardes de la maison close. On ne voyait aucun trait du personnage sous sa capuche.

-Je voudrais voir Joro Juno.

-Elle est bien bonne celle-là, ricana un des gardes. Dégage, minable.

-Tant pis, j’aurais demandé poliment.

L’homme dégagea sa cape pour arborer deux sabres aux crosses dorées. Avant qu’un des deux hommes ne puissent dire un mot, Il leur trancha la tête à la stupéfaction de la queue derrière lui. Il se retourna, les toisa d’un regard accusateur.

-La maison est fermée, les gars. Trouvez-vous d’autres distractions sordides pour ce soir.

La file d’hommes déguerpit aux quelques mot de l’intriguant samouraï. Il entra tranquillement dans la grande salle enfumée où les hommes de Joro Juno l’attendaient.

-Tu vas payer pour ce que tu as fait.

-Je ne pense pas, non.

De nouveau, l’étrange personne trancha de haut en bas l’homme qui tentait de l’attaquer. Les autres prirent peur devant la vitesse d’exécution du mouvement. Le samouraï essuya ses deux lames contre le kimono d’un des gardes avant d’ôter la capuche qui recouvrait son visage. Il avait de longs cheveux noirs et une barbe taillée soigneusement. Il avait une cicatrice qui traversait son œil droit. Son regard inspirait la peur auprès des hommes de main de Joro Juno encore debout. Ses deux bras portaient d’étranges tatouages de clan.

Enfin, l’étrange samouraï pointa un de ses sabres vers les hommes.

-Je suis Migu Waro, chasseur de primes de Kily. Amenez-moi votre patron et j’aurais pitié de votre sort. Il ne mérite pas votre protection.

-Je suis juste ici, en pleine partie ! expliqua Joro. Je suis à deux doigts de gagner la fille du ministre Luga ! Attends quelques minutes et je suis à toi.

Quelques secondes après les paroles du vil maître des lieux, un kunai fit valser une pièce que Joro voulait bouger. Fou de rage, son énorme front devint rouge devant l’insolence de Migu Waro.

-Ouvrez les tripes de cet homme ! Je double la paye !

Quand l’argent était en jeu, les hommes perdaient la tête. La dizaine d’hommes de Joro se ruèrent vers l’étrange samouraï alors que des geishas criaient de peur dans les étages en spirale.

Les deux lames dorées de Migu Waro volaient dans les airs, esquivaient les lames des gardes. Joro Juno et son adversaire, Luga observait le combat qui ressemblait quasiment à une dance frénétique. Du liquide rouge voltigeait dans l’air souillé sous les coups des sabres de maitre Waro. Le fer s’entrechoquait et les cris des gardes résonnaient. Le samouraï à la queue de cheval esquivait avec facilité les attaques des hommes de Joro. Il tranchait les gorges de ses adversaires, déchirait leurs kimonos et les tachaient de sang.

Apres quelques minutes, Waro rangea ses lames, couvertes d’une peinture rougeâtre. Autour de lui, les hommes de Joro jonchaient le sol. Devant ce spectacle stupéfiant, Joro Juno prit peur et tenta de fuir vers une porte de secours. Waro attrapa une de ces lames avant de la lancer en direction de Juno. L’épée transperça le kimono de Joro pour le fixer contre un frêle mur de la maison close. Il semblait pétrifié alors que le chasseur de prime approchait, les yeux transperçant l’âme du pauvre proxénète.

-Je te… Je te… tenta le petit homme fourbe.

Waro posa un doigt sur la bouche de l’homme à la calvitie avancée.

-Chut. Maintenant, tu vas me suivre. J’ai de l’argent a récupérer.

Migu attrapa une corde dans sa poche avant d’attacher les mains fébriles de Joro Juno. Puis, il le poussa pour l’obliger à avancer vers la sortie du lieu dévasté par les combats.

En passant, il posa une main sur l’épaule du ministre Luga.

-Si je peux me permettre, monsieur. Arrêtez les jeux d’argent.

Après ces quelques mots, Migu Waro sortit tranquillement, accompagné de son nouveau captif. Il ramassa sa cape à terre, recouvrit son kimono taché de sang collant avant de disparaitre dans la nuit de la ville de Kily.

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