Réponse à "Si votre œuvre devient internationale ,à quoi ressemblera votre pire cauchemard ?"

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Quinze minutes à me justifier, avec ma mère au téléphone, ma mère ! Comme si j’avais douze ans, sauf que le sujet n’est pas de ceux que les parents abordent à cet âge-là… ‘’Tu aurais pu me le dire, tu as toujours pu me parler, je suis ouverte d’esprit, je n’ai jamais voulu que ton bonheur’’ et blablabla…

Mais c’est juste un roman, m***e ! Bon, apparemment… ‘’Hyper-réaliste – L’Obs’’… ‘’Une crudité de langage qui rend le malsain fascinant – Cosmopolitan’’… ‘’Le sordide rendu hype et trendy - Le Magazine Littéraire’’… Puis quelques articles aussi mal rédigés que d’habitude dans France Dimanche ou France Mag… Jusqu’à celui de Gala que je viens d’abandonner sur le bureau de Louis ‘’Le mystérieux N. aussi attachant que méprisable, entraîne l’auteur dans les tréfonds du vice’’. Il n’y a quasi que NatGeo, Sport Auto et Joypad qui n’en aient pas parlé.

- Il n’y a pas de mauvaise pub, a timidement tenté mon agent.

- Mais pu***n, Louis, le ‘N’ du roman n’existe même pas !

- Sauf que maintenant, dans l’inconscient collectif, oui…

Depuis que j’écris, je me suis toujours demandé comment un auteur pouvait finir par se faire bouffer par son personnage, au point de lui pourrir la vie, je l’ai appris à mes dépens, mais sans jamais avoir imaginé comment ça arrivait en réalité.

Ni comment ça m’est arrivé.

La faute à mon prof de Littérature et Modernité ‘’N’hésitez pas sortir de votre vie, explorez, découvrez…’’. La faute à un pote de lycée, Henri, devenu Henry avec un y, car ‘’plus clâââsse’’ qui, après m’avoir avoué avoir été amoureux de moi au collège, m’a raconté sa vie… disons… débridée avec une cinquantaine de mecs, à nos vingt-trois ans...

Ma faute, aussi, un peu, après deux livres correctement distribués, la page blanche !

- Ouais, bon, donc le vrai … OK, non, le prétendu vrai ‘N’, on a remonté son parcours, et… euh… ah oui, voilà, Nathanielove, big shot sur Tumblr en 2017-2018…

- Tumblr, sérieux ? C’est un site d’hébergement de photos, entre celles de famille et à l’extrême, des presque clichés d’art, qu’est-ce qu’il foutait là ?

- Il a dû penser que les selfies qui montraient ses pecs parfaits étaient de l’art, et j’avoue que…

- Louis, tu confonds avec Tinder...

- Moi, c’est plutôt Grindr… euh… désolé… Dooonc, ensuite, il s’est essayé en parallèle sur TikTok, sans grand succès, il reproduisait juste ce qui avait déjà été fait cent fois, et sur Insta, mais les pecs sont désormais enrobés…

- Et nous y voilà ! Ce trou du Q largement alésé n’a jamais…

- C’est moche, ça !

- Ce qu’il me fait ne l’est pas, Louis ? Mais soit, ce… fondement trop visité n’a jamais lu un livre de sa vie, mais il s’est pourtant inventé un auteur préféré, MOI ! Et ce depuis que, au hasard Balthazar, mon directeur de collection m’a conseillé d’ouvrir un compte Instagram, brillant !

- Beeen… C’est trendy d’avoir un IG.

Louis avait dû m’y aider, vu que moi, la technologie… Mais j’ai fait filière L, puis des littéraires à la fac, alors, sorti de MS Word et d’une messagerie pour envoyer mes chapitres à mon éditeur… Il avait lui-même pris et choisi un seul cliché – minimalisme oblige - celui qui, coupé à mes épaules, a été repris par plusieurs magazines. L’original, exposé sur Insta, s’est avéré être infiniment plus suggestif pour une solide part du public.

- Non, porte tes lunettes à monture épaisse, ça fait entre métrosexuel et hipster, puis vire le tee, avait-il suggéré.

- Louis, j’ai un peu de bide…

- Derrière ton laptop, on ne le voit pas. Puis cool, les tongs, c’est des Havaianas ?

- De quoi tu parles ?

- Ah, ok, comment tu saurais, aussi…

J’avais absolument refusé la photo dans la piscine. A côté, assis à une table de terrasse, à faire semblant d’écrire, c’était bien, même sobre dans mon idée.

C’était déjà trop…

- Tu as lu les commentaires sur la photo ? Les filles qui veulent porter mon enfant ? Puis les mecs qui veulent bien essayer… Jusqu’aux fétichistes des pieds, mais ça existe, ça ? Ton Nathanielpassion…

- Nathaniellove.

- On. S’en. Fout ! Sur une seule photo, il a posté treize comm’s… treize ! qui détaillent chaque partie visible de mon corps, plus celles qu’il imagine, et comment il les connait soi-disant, vu qu’en plus, dans Gala, il a prétendu qu’on a été amants ! Tu es mon agent, un peu, colle-lui un procès au cul ! L’euro symbolique, je m’en fous.

- Le truc, c'est que même un euro… Il vit dans le garage de sa mère. Oh ! mais tant qu’on y est à parler d’argent, Netflix France nous a contactés, il voudraient les droits, ils surfent à fond sur la vague lgbt+, et le multiculturel, ‘N’ s’appellerait Nassim et serait réfugié Somalien…

- Tu te fous pas un peu de ma gueule, là, dis ? Punaise, mais c’est un cauchemar, en plus, je suis même pas gay !

- On est beaucoup à le regretter, a-t-il murmuré.

- Louis, je pourrais te tuer, je crois. Mais de chagrin, hein !

‘tain, je suis pas aidé, moi.

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En réponse au défi

Si votre œuvre devient internationale ,à quoi ressemblera votre pire cauchemard ?

Lancé par Poko Kami

Imaginez:

Votre œuvre devient connu dans le monde entier et vous avez des dizaines voire centaines de millions de fans mais qu'elle serait votre pire cauchemard dans cette vie là ?

La pression ? Les fans ? Les gens qui vous regardent en train de chier ? Le fait qu'on va essayer de vous racheter ? (Coucou disney)

Bref, qu'elle est votre pire cauchemard si votre œuvre devient extrêmement connu ?

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