Charmante inconnue [2023]

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Le 18 janvier 2032

Il ne restait rien à part quelques souvenirs laissés par les voyageurs.

La table devait être débarrassée. Des assiettes empilées, toutes teintées par les diverses sauces utilisées lors de ce festin digne de celui d’un roi, avec des morceaux de nourriture éparpillés, formaient de petites tours. Une bouteille de vin vide se battait en duel avec des verres à moitié plein. Des mouchoirs en boule témoignaient une soirée vive en émotions ; autant de rires que de larmes, au milieu de sentiments chaleureux et de cris de joie. La musique avait été bonne et avait plu. Les entrées avaient été dévorées ; c’était une bonne idée d’affamer les convives en séparant bien l’apéritif et le début du repas. Le plat principal composé d’une viande exquise et de légumes gourmands, avait fait fureur ; ils en avaient demandé jusqu’à qu’il ne reste plus rien. Au moment du dessert, les Adelphes d’à Côté avaient joué quelques morceaux et leur avaient offert une belle surprise. Le fondant au chocolat saucé d’une crème anglaise avait été un pur délice.

De longues minutes de labeur furent nécessaires pour nettoyer ce beau bazar. L’auberge était quasiment prête pour les prochains malheureux qui franchiront le pas. Quasi-Toine-Sans-Tête travaillait à l’étage. Si piéger les âmes des dépravés était drôle, il fallait tout de même offrir un bon service aux belles âmes.

Je descendis les marches menant à la salle d’opération. Des torses pendaient à des crochets métalliques, les bacs à glaçons étaient remplis de membres et du sang débordait des sceaux mis à disposition sous les cadavres.

Toc. Toc.

Je me figeais, le sourire disparaissant immédiatement. Quelqu’un se trouvait à la porte. Et je savais que ce n’était pas un humain. Personne ne pouvait échapper à ma vue. Je montai rapidement au rez-de-chaussé et j’actionnai la clenche. Une sublime inconnue se tenait en face de moi : une femme sans visage d’une taille si grande que je devais lever la tête. Cette belle étrangère me cherchait depuis belles lurettes à travers les témoignages des différents habitants des bois, admirait mon travail légendaire qui passait les époques sans difficulté et espérait ainsi collaborer avec moi. Je l’invitai à passer une soirée avec moi autour d’une bouteille de vin rouge. Symbolique, n’est-ce pas ? Nous passâmes la nuit dans les bras de l’autre, nous fûmes saisis d’une extrême passion pendant de longues heures.

Au réveil, j’étais seule mais nourrie. Un petit mot m’attendait sur l'oreiller d’à côté:

« Excellente journée à l’Auberge des Damnés. Peut-être que la prochaine fois, vous pourriez passer à l’Auberge des Malheureux ? — la Charmante inconnue. »

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