Chapitre 4

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 Je ne me rappelais plus quand je m’étais endormi, mais un fracas épouvantable m’éveilla. En fait, je n’en avais aucune certitude : je l’avais peut-être rêvé. Mais il me sembla que non. Sinon, pourquoi ouvris-je les paupières avec un tel sentiment d’urgence ?

 Une odeur âcre me faisait tousser. Je toussaillais déjà en dormant : en fait, ce fut ça qui me tira du sommeil. Ce fracas provenait de ma propre voix. De véritables aboiements qu’il m’était impossible de maitriser.

 Le volet relevé laissait entrer la lueur de l’aube. Ça puait dans la chambre. Je voyais tout comme au travers d’un épais brouillard. Je me remis à éructer de plus en plus fort, et mes yeux en pleurs brulaient de façon intolérable.

 Je me redressai sur mon séant en me frottant les paupières sans pouvoir me soulager. La gorge me grattait d’une manière atroce et j’eus une série de spasmes comme si j’allais vomir.

 Des volutes de fumée tombaient du plafond cartonné. Les plaques se déformaient à vue d’œil, ployant, ondoyant, comme soumises à des forces invisibles, occultes. Puis j’entendis de façon très nette la rumeur de l’incendie quand l’une d’elles dégringola dans une gerbe d’étincelles dorées.

 Elle s’abattit au pied du lit. Je regardai abasourdi dans sa direction. La peur me saisit quand j’aperçus les flammes lécher l’air à quelques centimètres de mes orteils telles des têtes de dragons sortant des enfers.

 Je bondis comme un diable de sa boite sans réfléchir et me jetai dans l’entrée. Un deux-pièces, c’est petit : j’arrivai à la porte de l’appartement en moins de deux. Il faisait sombre et je cherchai l’interrupteur pour y voir plus clair. Plus de courant ! Mes doigts explorèrent avec fébrilité les montants de la boiserie.

 Putain ! je fermais toujours à double tour [une habitude héritée de mes parents], et la clé ne se trouvait plus dans la serrure ! Où l’avais-je mise ?

 Dans mon dos, l’incendie commença à dévorer la chambre et des volutes tournoyèrent sous les plafonds. Bientôt, la toiture entière allait s’embraser et m’ensevelir.

 Je devais retrouver cette foutue clé. Pourquoi ne se trouvait-elle pas accrochée au clou du mur ? La fumée tombait toujours plus épaisse. Je suffoquais. L’air empestait la matière plastique brulée. Je donnai avec la force du désespoir quelques coups d’épaule dans la porte. En vain ! J’étais prisonnier…

 Le téléphone, putain ! le téléphone. Il me le fallait de toute urgence. Je devais appeler les secours !

 Je me trainai sur les genoux, en nage. La chaleur gagnait en intensité, et la chambre brulait comme un barbecue que l’on venait d’embraser. Cela crépitait dans tous les sens. L’immeuble gémissait d’une souffrance muette.

 Dans l’entrée, le plafond s’effondra tout à coup en plaques incandescentes, propulsant dans l’atmosphère une myriade d’étincelles. Des flammèches avides de matière mordirent le linoléum de la pièce où j’avais trouvé refuge.

 J’aperçus le portable abandonné à côté de la télé. Une chance ! D’habitude, je le déposais sur la table de nuit où je le branchais pour qu’il recharge. Curieux de l’avoir abandonné ici. Dans la panique, ce mystère ne m’avait pas inquiété. J’avais d’autres chats à fouetter ! Je m’en saisis comme un homme tombé à l’eau se jette sur la bouée de sauvetage qu’on lui lance. Comme la mygale bondit de son terrier pour s'emparer de sa proie. Ma planche de salut !

 Mes doigts tremblaient. Allez ! allez ! allume-toi, saloperie. Quel numéro, les secours ? Quel numéro ? Le 110 ? Le 112 ? Plus moyen de m’en souvenir !

 L’appli refusait de s’ouvrir. Il me semblait que rien ne fonctionnait. Je maudis ces jouets de Saint-Nicolas qui vous laissent en rade aux pires moments.

 C’est alors que je remarquai ma main crispée sur un bout de tissus. Je le tenais entre les doigts depuis mon réveil, comme si ma vie en dépendait. Une petite culotte en soie. Giulia !

 Je frémis d’horreur : se trouvait-elle toujours dans le lit ? Je hurlai son prénom : un long cri de désespoir qui couvrit la rumeur de l’incendie. Je tentai de m’approcher de la chambre, en vain, la chaleur infernale me repoussait. Tout mon être fuyait la douleur qui tordait mon corps.

 Dévasté, je me laissai choir sur mon séant. Mes yeux pleuraient. Mes poumons refusaient de respirer la fumée toxique qui m’enveloppait de son manteau épais. Le téléphone entre les mains, je tâchai d’appeler encore les secours. Mais, impossible de fixer l’écran.

 — Putain ! putain ! lançai-je, dans le néant qui fondait sur moi.

 Loin de me douter de la triste réalité, je me sentais bien alors que je m’éveillais. Le genre de sensation que l’on éprouve en sortant d’une petite sieste, enfoncé au fond de son canapé. Aussi, cette voix qui m’appela avec insistance me surprit-elle.

 — Monsieur Mangon ? Vous m’entendez ? Serrez ma main.

 Je pressai sans force les doigts de la personne qui m’interpelait, juste pour qu’elle se rende compte que je l’avais comprise.

 — Quelle est votre date de naissance, monsieur Mangon ?

 Je balbutiai quelques mots :

— Le 12 février 73.

 Je ne reconnus pas mon timbre. Il était devenu rocailleux et sans puissance. Un souffle, sans plus. Je me sentis défaillir.

 — Vous êtes Verseau, alors ? avait repris la voix, chaude et mure.

 J’eus envie de répondre que je m’en fichais, que je ne croyais pas à ces conneries-là. Mais, mes lèvres refusaient de bouger. J’émis une sorte de grognement en guise d’aval. Tout ce qu’il m’importait de savoir était ce que je foutais, couché dans l’obscurité, avec cette femme à mes côtés et qui me posait des questions incongrues.

 Je devais me trouver en milieu hospitalier. Quand je m’étais réveillé de mon appendicectomie, l’on m’avait posé les mêmes questions. Sans doute le protocole, afin de vérifier si j’émergeais des limbes sans séquelles.

 — On va vous conduire à votre chambre, monsieur Mangon. Le docteur va passer vous voir.

 Je humai l’atmosphère. Ça sentait le jambon fumé et l’éther. L’infirmière me lâcha enfin la main que je portai au visage. Un bandage recouvrait mes yeux. Une angoisse me saisit. Cette obscurité ! Étais-je devenu aveugle ? Il me semblait pourtant déceler une infime quantité de lumière qui traversait la gaze. Tout me paraissait confus. Je ne parvenais pas à réaliser ce qu’il m’arrivait. La voix s’éloigna, s’adressa à un autre malade. On entendait chuchoter. Une gorge que l’on raclait. Une toux légère, discrète. Des pas feutrés qui allaient et venaient. On me prit le poignet. Des doigts experts vérifiaient mon pouls. Je tentai de rassembler mes esprits. Que s’était-il passé ? Enfin, tout me revint : l’incendie, la petite culotte, mes appels au secours, un grand bruit sec…

 Un type me souhaita le bonjour. Aussitôt, je sentis le lit bouger. Un brancardier me véhiculait à présent dans les couloirs de l’hôpital. Quelques secousses, et je perçus l’odeur confinée d’un ascenseur. Puis la course reprit. Par instant, un air frais venait glisser sur ma peau. De temps en temps, mon chauffeur personnel saluait l’un ou l’autre collègue. Une voix masculine ou féminine répondait en écho. Parfois, j’entendais le son d’un téléviseur. On devait sans doute passer devant des chambres dont les portes restaient ouvertes.

 Tout au long de mon transfert, je pensais à Giulia.

 Vingt-deux ans, un corps sublime, une ardeur affolante, et je l’avais tuée. Pas directement, bien sûr, mais pour moi, ça ne faisait aucune différence.

 Quelle improbabilité l’avait-elle conduite jusqu’à mon lit ? À présent, la mort l’avait emportée loin de ce monde, par ma faute, par mon obsession de ce foutu point rouge qui avait brulé ma rétine. Et encore, j’exagère en disant brulé. Rayée de l’univers pour cette stupide élucubration !

 Ce que j’ignorais : son mec allait la frapper à mort pendant la nuit. Sa tête devait heurter le coin d’une cheminée après avoir été projetée avec violence par son connard de mari, fou de jalousie à cause d’un cousin qui s’était montré, l’alcool aidant, un peu trop entreprenant. Ce qui avait déclenché la dispute à la Bergerie.

 Elle serait de toute façon partie dans les flammes de la géhenne avec ou sans moi. C’était écrit.

 Je décidai de caser ça dans mon roman. Je m’étais inventé ce film aux seules fins de minimiser ma responsabilité dans cette tragédie.

 Giulia ! Je l’avais baisée comme un damné. Il me semblait que mon visage portait encore le parfum de son sexe que j’avais bouffé à pleine bouche. Putain ! Giulia… Je me mis à chialer comme un gosse. Je m’en voulais tant de l’avoir amenée à l’appartement.

 Alors que les invités s’en retournaient, épuisés par la journée et la nuit arrosée, je lui avais saisi la main et nous étions sortis sans attirer l’attention. Elle m’avait suivi sans poser de question. Invraisemblable ! Et pourtant véridique… Peut-être avait-elle envie de donner une bonne leçon à son crétin de mari qui ronflait sur sa chaise et lâchait de temps en temps un pet en soulevant une fesse. Porca miseria !

 Elle avait reconnu ma voix publicitaire, et m’avait demandé de confirmer. Oui, c’était bien moi ! Ça l’avait excitée. Pendant que je lui faisais l’amour, elle me suppliait de lui parler. Dis-moi des trucs ! lançait-elle. Moi, je jetais en pâture à ses oreilles ma réplique : il n’y a que la moutarde Quéva qui m’va ! Oh ! oui. Oh ! oui, criait-elle. Elle bandait son corps contre le mien et je haletais comme un petit chien.

 Pendant que je la baisais, je cherchais dans mon répertoire ce qui aurait pu l’affoler davantage.

 — Les dragées Tudoy vous conduisent tout droit où tu dois !

 — Ooooooh ouuuuiiiiiiiii ! hurlait-elle, les ongles enfoncés dans mes fesses.

 Ne rigolez pas : c’est véridique… Quelle époque ! j’vous jure…

 Je ne sais pas si je vais relater cet épisode dans mon roman. Pourtant, c’est dans l’air du temps de mettre du cul à tout bout de champ. Houellebecq parle bien d’une Japonaise tringlée par un clebs ! Vous allez me rétorquer que ce n’est pas une raison.

 Enfin, j’aviserai.

 Attendez-vous à voir disparaitre ces phrases à tout moment ! Elles ne s’y trouvent plus ? Ça veut dire que mon ex-femme a gagné…

 Je ne vais pas entrer dans les détails de ma vie privée, mais malgré les apparences, nous sommes restés en bons termes, et elle relit toujours mes tentatives littéraires, même si elles n’aboutissent à rien. Ça nous permet de garder le contact. Cela arrive parfois, avec les couples divorcés. Elle me donne souvent de bons conseils. J’imagine que ce premier roman lui donnera du fil à retordre…

 Mais ici, je lui lance comme une espèce de défi. Elle ne supporte pas le cul en général. Dans la littérature, je veux dire !

 Enfin, tout cela, ça me fait une belle jambe.

 J’avais à présent en tête d’autres soucis que le cul. J’étais cramé. À quel point ? Je n’en avais aucune idée. J’ignorais depuis combien de temps j’avais perdu connaissance. Coma ? Opération ? J’attendais le passage du toubib pour en savoir plus. Enfin, s’il ne m’embrouillait pas les neurones avec son jargon à la con !

 Une main me souleva la nuque. Je sentis que l’on me glissait un élastique derrière l’occiput. Puis, l’on me posa un masque en plastique mou sur le nez : de l’oxygène… L’oxygène, je pense, n’a pas d’odeur. Pourtant au bout de quelques secondes, ça commença à puer. Mon halène, par rétroaction, me revenait direct dans le pif.

 Une perfusion me cuisait le dos de la main de sa profonde piqure. J’appris que c’était un antibiotique administré pour combattre l’intoxication au cyanure. J’en avais absorbé une bonne dose à cause des matières synthétiques contenues dans le matelas qui avait flambé comme une torche imbibée d’essence.

 On ne se rend pas compte des merdes qu’une maison tout innocente peut cacher ! Il parait que dans un incendie, la plupart des décès doivent être imputés aux fumées délétères. J’aurais dû installer un détecteur dans l’appart. L’alarme m’aurait éveillé bien plus tôt. Enfin, mon instinct de survie m’avait aidé, puisque je m’étais protégé le nez avec le slip de Giulia. Je ne sais pas si ce geste me sauva… Mais j’étais vivant : c’était déjà pas mal !

 Le médecin dans un élan de bonté d’âme m’expliqua que l’on m’avait placé dans un caisson hyperbare. Mon état d’inconscience avancé l’avait exigé, jusqu’à ce que je me réveille.

 Je souffrais qu’on me donne des nouvelles de Giulia, mais on ne savait rien me dire. Personne d’autre que moi n’avait été admis dans le service de réanimation ce jour-là. Je caressai l’espoir qu’elle fût sortie alors que j’étais toujours endormi. Tout de même ! sans sa petite culotte… Elle n’aurait pas osé !

 C’est peut-être mal connaitre les femmes. Je suis un peu vieux jeu, voyez-vous… Bon, admettons ! Je m’accrochai à cette supposition, mon seul espoir de la savoir encore vivante.

 Oui, dans mon roman, je mettrai qu’elle en avait réchappé pour retrouver son connard de mari qui lui avait tout pardonné ! Non ! tiré par les cheveux, cette affaire-là… Son connard de mari ne pouvait que la battre à mort, comme tant d’autres dans ce monde de machos frustrés.

 L’idée première de la tragique nuit se défendait, tout compte fait. En tout cas, ce scénario restait plus que probable.

 Dans tous bons polars, il y a toujours un flic bouffi, plus proche de la soixantaine que de la cinquantaine, désabusé, sur le retour, mal rasé qui apparait au moment où l’on s’y attend le moins : Bourrel, Cabrol, Columbo, Shepherd, Marleau, et j’en passe.

 Hein ? Vous avez raison : pas Marleau.

 Le mien… ah ben chacun le sien ! Donc, le mien s’appelait Kinovsky. Alexandre Kinovsky, inspecteur de police en poste à Liège. Il s’était pointé alors que je trônais sur la panne. Je me sentais encore trop faible pour me rendre seul aux toilettes. On peut dire qu’il y avait de l’ambiance dans l’air. J’en étais assez gêné d’ailleurs. Personne n’aime être surpris dans ce genre de moments intimes. C’est comme les doigts de pied : j’ai horreur de montrer mes doigts de pied. Je les planque dès qu’on les reluque ! Mais, revenons à Kinovsky.

 Sans détour, il me demanda si je connaissais le nom de la personne retrouvée carbonisée dans mon lit. Tout en parlant, ses narines frémissaient de dégout. Giulia était bien morte ! Je blêmis, pris de vertiges sur mon pot.

 — Excusez-moi. J’ai peut-être été un peu brusque avec vous, s’excusa le flic.

 Il avait lâché cette info à dessein, le fumier, afin de voir ma réaction. Il voulait savoir si je savais ! Je ne crois pas que l’on puisse mimer une telle pâleur du visage. Il admit donc que je n’avais pas connaissance du décès de la jeune femme.

 — Elle s’appelait Giulia, avouai-je dans un souffle.

 — Giulia… Giulia comment ?

 Je secouai la tête me sentant stupide d’ignorer son nom de famille.

 — Je n’en sais rien… Je sais juste qu’elle doit être d’origine italienne… Enfin, elle avait un accent italien. Je l’ai rencontrée à une noce…

 — Oh ! désolé… Condoléances, lâcha-t-il, un peu confus.

 — Elle était mariée, mais je ne suis pas l’élu.

 Il me regarda avec incrédulité, se gratta le crâne et nota quelque chose dans son calepin à spirales.

 — Si elle n’était pas votre femme, que faisait-elle alors dans votre lit ?

 — À votre avis ?

 — Bin n’a nou risse (Ben ça alors) ! s’exclama-t-il.

 Moi, je l’observais avec embarras. La situation ne présentait rien de banal. La panne, elle, commençait à me mordre les fesses. Je tentai une manœuvre discrète pour me soustraire à l’emprise de l’acier émaillé, ce qui réactiva les effluves.

 — Et le mari ? reprit le flic en se tortillant les narines.

 — Le mari ? Mort soul…

 — Mort soul ! Où ça, mort soul ?

 — À la Bergerie…

 — Je n’y entends plus rien ! Quelle bergerie ?

 Le ton de sa voix exprimait une certaine irritation. Je me mis en devoir de lui relater mon aventure à la Bergerie. Je pris soin de ne pas lui révéler la raison véritable qui m’amena jusque-là : le pointeur laser ! Pourquoi ? Allez savoir ! Peut-être me sentais-je idiot de parler de cette lubie.

 Kinovsky notait avec assiduité chaque détail que je lui fournissais. Mariage à la Bergerie. Famille italienne. Giulia, prénom qu’il souligna trois fois d’un trait épais. Il semblait satisfait de ma coopération.

 — Bien, je vais dépêcher un enquêteur là-bas afin qu’on puisse identifier ce corps. Il faut qu’on prévienne les proches. Le visage de la victime a été rongé par les flammes. Elle est méconnaissable. Je vais vous envoyer un technicien pour établir son portrait-robot au cas où mon homme ne découvrirait rien.

 Il me salua puis sortit. Quelques secondes plus tard, il reparut sur le pas de la porte.

 Le coup classique, pensai-je.

 — Vous fumez au lit, monsieur Mangon ?

 — Non ! Je suis non-fumeur… Ma voix, vous comprenez. Le boulot…

 — Le boulot ?

 — Je suis voix off pour des pubs.

 Le flic sembla étonné. Je n’avais pas encore récupéré mon timbre originel, sans quoi il m’aurait reconnu. Enfin, il s’en alla. Moi, je ruminai la terrible nouvelle pendant le reste de la journée.

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