Chapitre 35

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Si Eldria avait entamé la semaine précédente dans un état d’esprit plutôt serein, celle-ci s’annonçait en revanche plus angoissante. Elle n’avait pas de nouvelles de Salini et n’avait aucun moyen de savoir si son amie serait au rendez-vous pour le grand départ, ou même si elle allait bien.

Le matin du premier jour, Naïs lui avait bien confirmé que sa cellule était vide, mais elle n’en savait pas plus. La jeune servante n’était pas habilitée à poser des questions concernant les prisonnières à ses supérieurs, aussi Eldria ne pouvait pas espérer obtenir des éléments de réponse par son intermédiaire.

De plus, la perspective du saut vers l’inconnu qui les attendait avait la fâcheuse tendance d’entretenir la désagréable petite boule qui avait récemment élu domicile dans son ventre. Et si cela se passait mal ? S’ils étaient découverts ? Salini et elle subiraient-elle le même sort que la pauvre malheureuse qui avait elle aussi tenté de s’enfuir quelques semaines auparavant ? Elle préférait ne pas trop imaginer cette éventualité.

Pour penser à autre chose, Eldria continuait à faire de l’exercice tout au long de ses journées. Cela revêtait le double avantage de lui maintenir chaud, mais aussi de la préparer physiquement à prochainement devoir affronter les conditions hivernales au dehors. Il ferait froid, et évidemment elle n’avait pas accès à sa garde-robe ! Elle espérait que Dan, dans sa planification, avait au moins prévu des vêtements adaptés à la saison, d’ordinaire particulièrement rude en cette période de l’année sur les terres du Val-de-Lune.

Le temps ne lui avait jamais paru aussi long. Elle avait beau s’occuper le corps et l’esprit autant qu’elle le pouvait, la lumière du jour qui filtrait au travers du soupirail d’une des cellules en face de la sienne avançait à une lenteur décourageante sur le sol du corridor central.

L’avant dernière-nuit avant le jour fatidique, elle émergea doucement. Sa cellule était éclairée d’une étrange lueur bleutée. Le soldat blond était debout au-dessus d’elle. Il portait pour tout vêtement son heaume, mais elle pouvait malgré tout apercevoir son regard malsain au travers des interstices de celui-ci. Elle était au sol sur le dos, nue elle aussi et attachée par de solides chaînes qui lui maintenaient bras et jambes écartés. Elle hurla mais aucun son ne sortit de sa bouche.

Accroupie au niveau de son bassin, Salini lui adressa un sourire compatissant tandis qu’elle lui caressait sensuellement l’entrecuisse. « Ne t’en fais pas, tout va bien se passer » lui dit-elle d’une voix éthérée.

Eldria leva la tête. Un peu plus loin, le Comte et la Comtesse de Filis étaient sur le lit. La Comtesse avait pleinement pris l’énorme sexe de son mari en bouche. Elle le relâcha quelques instants et titilla le dessous de son gland gonflé du bout de la langue. Du coin de l’œil, elle fixa Eldria d’un air malicieux avant de lui lancer : « Ne soyez pas timide ma chère. Venez sucer mon époux, vous voyez bien qu’il n’attend que cela. » Eldria s’empressa de faire non de la tête en fermant les paupières aussi fort qu’elle le put.

Quand elle les rouvrit, elle s’aperçut que Salini avait cessé de s’intéresser à elle. Au lieu de cela, elle s’était mise à quatre pattes dans le foin. Derrière elle, Aran la tenait fermement par les hanches. La verge dressée, il la besognait avec vigueur. A côté d’eux, Karina chevauchait Troj avec au moins autant d’entrain, son opulente poitrine rebondissant en rythme avec ses propres gémissements et ceux de Salini.

Eldria remarqua enfin Dricielle, assise sur un petit banc en face. La jeune femme portait une robe blanche trempée, qui laissait clairement apparaître ses tétons par effet de transparence. Elle se leva avec une grâce qu’elle ne lui connaissait pas puis, croisant les bras, retira sa robe par le haut dans un mouvement sensuel, révélant peu à peu marques et contusions sur sa peau à nu. Sans quitter Eldria des yeux, elle s’avança vers elle d’un pas déterminé en remuant le bassin, un sourire en coin. « Je t’ai entendue quand tu t’es masturbée près de moi Eldria. Ça m’a tellement excitée... J’aurais bien voulu te sauter dessus... »

Arrivée à son niveau, le visage de Dricielle fondit sur ses lèvres. Elles s’embrassèrent longuement, leurs langues se tournant l’une autour de l’autre comme dans un tourbillon buccal. Eldria se surprit à trouver la sensation plutôt agréable.

Après leur baiser, lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle se rendit compte avec stupeur qu’elle venait d’embrasser Jarim. Le jeune homme à la peau métissée la dévorait d’un regard de braise. Surprise, elle voulut crier sa joie de le retrouver avant de se jeter de nouveau dans ses bras, mais il l’en empêcha. « Nous n’avons pas le temps, dit-il. Je dois partir me battre. Vite ne perdons pas une minute ».

Ni une ni deux, il se déshabilla entièrement sans aucune pudeur. Heureusement, Eldria était déjà toute nue et n’avait pas à se préoccuper de ses propres vêtements. Son cœur s’emballa, déclenchant dans tout son être une décharge d’excitation mêlée d’appréhension à l’idée de perdre sa virginité avec l’homme qu’elle aimait. Elle était fin prête. Elle souffla longuement et se cambra pour lui offrir son corps dans sa totalité. Fermant les yeux en souriant béatement, elle attendit d’enfin faire l’expérience du plaisir ultime qu’elle avait tant cherché à imaginer.

Enfin, après de longues secondes d’expectation et alors que leurs deux sexes n’étaient plus qu’à quelques millimètres l’un de l’autre, Dan s’apprêta à la pénétrer. Elle retint son souffle pour ce moment qui... Quoi ?!

Face à elle, entre ses genoux écartés, Dan la regardait avec son éternel air sérieux. Comme d’habitude avec le jeune homme Eriarhi d’une vingtaine d’années, il était difficile de deviner ce qu’il avait en tête. Soudain, son sperme gicla avec force du bout de son membre dressé tout près de son vagin, et vint maculer l’intégralité de son ventre, de sa poitrine et même de son torse. Le contact du liquide chaud, presque réconfortant, sur sa peau lui déclencha un orgasme des plus intenses. Elle se laissa aller à rugir de plaisir en se cambrant davantage.

L’instant d’après, elle eut un haut-le-cœur. Elle s’était trompée. L’homme qui lui faisait face n’était en fait pas Dan. Ni Jarim. C’était le soldat blond, qui ne l’avait pas quittée des yeux depuis le début. Réalisant ce qu’il était sur le point de lui faire subir, elle voulut se débattre mais elle était toujours solidement attachée. Leurs corps baignaient dans une immense flaque d’huile noirâtre qui s’étalait jusqu’à perte de vue dans la pénombre alentours. Eldria voulut reposer l’arrière de son crâne contre le sol pour tenter d’appeler à l’aide derrière elle, mais sa tête toute entière plongea dans l’épais liquide. Elle remua bras et jambes dans tous les sens pour tenter de s’extirper des chaînes qui la maintenaient captive, mais il n’y avait rien à faire. Elle ne parvenait plus à respirer.

Utilisant le peu d’air que ses poumons avaient encore à lui offrir elle cria une nouvelle fois, mais seules des bulles sortirent avec affolement de sa bouche grande ouverte dans un bruit étouffé.

Le reste de son corps était encore émergé et à la merci de son bourreau. Elle sentit que celui-ci lui écartait violemment les cuisses. Puis subitement, ce qu’elle redoutait tant se produisit. L’extrémité brûlante de son membre viril se frotta contre les parois humides de son intimité. Tout à coup, ses lèvres s’écartèrent brusquement, laissant entrer de tout son long le corps étranger en elle dans une douleur déchirante.

Elle hurla en se redressant et en ouvrant les yeux. Il lui fallut quelques instants pour distinguer les murs de sa cellule dans le noir quasi-complet. Son souffle était court. Elle regarda prestement tout autour d’elle. Elle était seule. Bel et bien seule. Tout ceci n’était qu’un rêve. Un rêve qui s’était achevé en cauchemar. Elle se rallongea sur sa paillasse en tentant tant bien que mal de regagner son calme.

Cela faisait fort longtemps qu’elle n’avait pas fait de rêve érotique. C’était cependant la première fois qu’elle en faisait un aussi intense, aussi marquant. Son cœur palpitait encore tellement fort qu’elle le sentait battre jusque dans sa gorge à un rythme effréné.

Lorsqu’elle bougea les cuisses, elle sentit que sa culotte était pratiquement trempée. Le reste de son corps était lui aussi rendu humide par la transpiration. C’était presque comme si ce qu’elle avait vécu en songe s’était réalisé...

Elle avait chaud. Très chaud. Elle avait l’impression que son front était brûlant et elle se sentait nauséeuse. Puis soudain, après s’être quelque peu apaisée, elle fut assaillie par le froid ambiant qui la transperça de toutes parts comme des milliers de petites aiguilles. Elle rabattit sur elle en frissonnant l’ancienne paillasse de Dricielle qui lui faisait maintenant office de couverture. Il ne fallait surtout pas qu’elle tombe malade.

Elle éprouva le plus grand mal à retrouver le sommeil.

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