16 - 4 - La mission, concul

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Pour sceller leur accord, le Capitaine se racla bruyamment la gorge, jusqu’à faire venir un immonde glaviot jaunâtre à la teinte verdâtre… voire même brunâtre, qu’il cracha ensuite dans sa main droite. Main qu’il tendit tout sourire à la Commandante. Elle fixa horrifiée cette paluche tendue d’où coulait, baveusement, ce crachat visqueux et gluant.

Sentant un haut-le-cœur venir, elle détourna la tête… bien trop tard. Elle ne put empêcher un petit vomi de remonter dans sa bouche. Une très légère partie s’échappa de ses lèvres, qu’elle avait pourtant eut le temps de garder serrées. Pour le reste, elle ravala le tout, pas goulûment, mais au moins poliment. Elle s’essuya le menton du bout des doigts, se les frotta contre sa paume et se nettoya, style de rien, contre son pantalon.

Ceci fait, la Commandante se tourna vers la Générale, la regarda d’un de ces regards ultra-suppliants, nommés "yeux de chien battu", pour la prier, l’implorer, la conjurer, de ne pas avoir à toucher à cet infâme mollard.


Pourtant c’est comme ça qu’on donne sa parole d’honneur chez les pirates. On crache dans sa main et on s’l’empoigne. Un bon mélange de salive sur une bonne poignée d’main et la parole est donnée. On peut aussi prendr’ un couteau, s’entailler la paume, et une bonne poignée d’main ensanglantée scelle l’accord. C’est plus officiel mais ça fait mal. Quoiqu’il en soit, chez les pirates, la parole est sacrée ; une fois donnée, on n’revient pas d’ssus ; malheur à celui qui n’la respecte pas ! Si vous vous engagez à faire quelque chose, faites-le !

Sauf si bien entendu, ça d’vient trop compliqué, ennuyeux, dang’reux, qu’vous avez quelque chose d’autre ou d’mieux à faire, mais sinon, faites-le !


Reportant l’instant de l’accord à sceller, la Commandante se lança dans une nouvelle explication :

– Capitaine, donc, euh… nous sommes d’accord, vous ne pourrez pas cueillir la fleur avec l’aide de votre équipage. Vous seul devrez y aller et nous la rapporter. Seule une personne au cœur sombre peut effectuer cette mission. Je pense que de tout votre équipage vous êtes le meilleur et le plus apte à réussir, non ? Sinon vous ne seriez pas capitaine. À moins que parmi vos hommes vous ne pensiez avoir un meilleur candidat à nous présenter ?

– J’ai bien un ou deux gaillards courageux et qui valent le coup, mais ça va de soit, je suis le plus compétent pour cette étrange mission. Et puis, si je déléguais, quelque chose me dit que vous vous désintéresseriez de moi. Je ne voudrais pas être privé de votre charmante compagnie.


Le Capitaine ponctua sa dernière phrase d’un clin d’œil se voulant charmeur. La Commandante adopta en réponse un geste qu’elle jugea tout à fait adéquat, en brandissant devant elle un majeur bien tendu.


Pourquoi elle fait ça ? Bah, parce que c’est assimilé à une insulte. Pourquoi elle l’insulte ? Parce qu’elle lui en veut encore ! De quoi ? Mais vous suivez l’histoire, oui ou non ?! Elle lui en veut toujours d’avoir fait son malin et d’avoir fait semblant d’refuser la mission. Et ça veut dire quoi comme insulte ? Ça veut dire la même chose que j’vais vous dire avec vos questions, vous pouvez vous les enfoncer bien profondément dans vot’e fond’ment !

J’en étais où, j’sais plus, oui, voilà : Le Capitaine est rusé, s’il désignait un d’ses hommes pour effectuer cette mission, il prendrait beaucoup moins d’risques, c’est sûr. Les dangers qu’il imagine devoir affronter ne s’raient pas pour lui. Mais, il ne maîtris’rait plus rien. Il serait tributaire, c’est à dire qu’il dépendrait total’ment du pirate qu’il aurait choisi. Mes chers petits pirates, ne soyez jamais dépendants d’quelqu’un, gardez toujours votre destin en main. Par contre, tant qu’vous gardez l’contrôle, n’hésitez pas : faites faire les choses par les autres.

Quoi ? Un exemple ? J’sais pas moi, euh… la vaisselle, vous pouvez la laisser à quelqu’un d’autre. Vos d’voirs, pareil. Vous supervisez et tout s’passera bien, y’a pas d’danger. Par contre, si un jour vous d’vez vous débarrasser d’un corps, faites-le vous-même, vous s’rez comme ça certains d’avoir bien fait les choses, vous s’rez sûrs qu’il ne soit jamais r’trouvé. Et vous non plus, par la même occasion.


– Oubliez vos flatteries, clarifia-t-elle en abaissant son doigt.

– J’avais bien compris que je pouvais me les mettre où je pense.

– Et où pensez-vous ? Juste pour être bien certaine de la destination finale.

– Dans mon cul ! dit-il sans hésitation ou retenue aucune.

– Voilà, dans votre postérieur, c’est bien cela. Nous nous comprenons à nouveau et j’en retrouve le sourire, déclara-t-elle en dévoilant, une nouvelle fois, ses dents d’un blanc immaculé.

– Vous m’en voyez heureux, déclara-t-il en dévoilant ses dents… un peu moins blanches.

– Permettez-moi de vous apporter une petite précision, reprit-elle.

– Oui, bien entendu, allez-y.

– Dans votre cul, et bien profondément ! expliqua-t-elle, un brin vulgaire.

– Merci, c’était très utile. J’avoue que je n’avais fait qu’effleurer ma petite rosette.

– Et bien non, laissez bien pénétrer ! Si besoin, forcez un peu le passage.


Quoi ? C’est vous qui avez demandé à savoir c’que ça voulait dire ! Moi, je suis gentille, j’définis bien les choses et j’apporte un peu plus de réalisme à l’histoire. Vous êtes choqués… je l’vois. Pfff, vous en faut peu.

La moralité, mes p’tits pirates, c’est qu’une insulte n’est rien de moins ou rien de plus qu’une insulte. Ce n’est pas une vérité, c’est un geste ou une parole qui fait suite à de l’énervement. C’n’est pas joli-joli à entendre, n’faut pas les dire, n’faut pas les croire.

Donc qu’est-ce qu’on s’met profondément dans l’derrière ? Hein ? Son doigt ?! Mais non ! Tu n’as rien compris ! On n’met rien dans son anus, voyons ! C’n’est pas fait pour !

Allez, anatomie pour tous : vous mangez, mal j’en conviens, que des cochonn’ries, mais là n’est pas l’sujet. Vous mangez en avalant par la bouche et tout tombe dans votr’ estomac. Jusque là tout va bien ? La nourriture est ensuite compactée, hachée, dissoute et digérée tout l’long d’votre tube digestif jusqu’à votre anus. Ok ? Pour simplifier, y’a un gros tuyau mou dans vot’e vent’e et tout passe dedans. Ce dont votre corps n’a pas besoin, donc le surplus, ressort sous forme de… ? Caca ! Parfait, c’est ça, sous forme d’excréments. Ouf, c’est sorti.

La moralité, mes p’tits pirates, c’est donc que l’anus est là pour faire ressortir le caca, pas pour y insérer quoi que ce soit !


C’est bon pour tout l’monde ? Alors pourquoi maman elle te met des suppositoires ? C’est bien toi qui voulais une histoire de cosmonaute, non ? Et bien vois-tu, un suppositoire c’est un vaisseau spatial qui entre par le sas de décompression, qu’est ton anus, et qui va accélérer dans ton tuyau digestif pour aller combattre les troupes bactériennes, les microbes quoi, qui attaquent ton corps lorsque tu es malade. Le suppo les trouve et les pulvérise à coups de rayons lasers avant de s’autodétruire à son tour. Pourquoi il s’autodétruit ? Pour ne pas r’monter dans ta bouche, pardi ! Le suppo a traversé du caca dans l’tuyau, t’imagines si il ressortait par ta bouche ? Non, j’tassure, vaut mieux qu’il s’autodétruise !

Pourquoi on n’peut pas l’avaler ? Parce que l’pilote ne sait pas naviguer en marche arrière !


Vous êtes lourds ! C’est bon ? On en a fini avec ce fameux anus, plus d’autres questions ? C’est quoi la sodomie ? Pfff… arrgghh… gregre… aïe, ouille… pardon, j’ai failli m’étouffer. Qu’est-ce que… quoi… mais… comment ça qu’est-ce que c’est que c’est que la sodomie, pourquoi ? Pourquoi moi ?! Bien qu’j’aurais dû m’y attendre avec vous… Où as-tu entendu c’mot là, toi ? Un soir tard, t’as entendu maman et papa en parler dans leur chambre et… Et STOP ! Stop, stop ! Stop. Je n’veux pas savoir c’que tu as bien pu en déduire et c’que t’as cru comprendre ! La sodomie c’n’est pas d’votre âge parce que c’est… euuhh… déjà, c’est pour les grands… et qu’c’est un… une… un… un jeu ! Oui, voilà ! La sodomie est un jeu d’société pour les grands. Elle se pratique, la plupart du temps, à deux joueurs. Les règles sont simples, bien que… délicates et intrusives. Le joueur, que l’on appellera joueur Un, tourne le dos à l’autre joueur, que l’on nommera joueur Deux. À ce moment là, Un regarde devant lui, expire, reste calme et se penche, prêt à recevoir. Deux, concentré, gonflé à bloc, salive un bon coup et s’lance. Un encaisse. Deux envoie ; d’abord doucement, puis si on veut, on peut accélérer pour que le… la manche devienne un peu plus rude. Un s’accroche, crie s’il le faut pour donner l’ton d’la partie. Deux écoute, prend la mesure et obéit ou non. C’est une épreuve, les deux joui… euh, jouent et s’donnent à fond. Un s’essouffle, subit la partie, mais peut r’prendre le dessus en contractant l’adversaire. Deux dirige le jeu mais finit toujours par tout lâcher. Après, c’est fini, c’est simple, on compte les points suivant la résistance de Un et Deux, et suivant le rythme et l’implication des deux joueurs. Pour pimenter on peut même introduire des accessoires ! Croyez-moi ou non mais j’en ai vu jouer avec des canards en plastique ! Puis y’a beaucoup d’variantes, on peut changer les positions ou même les rôles. Mais les règles de base sont celles que j’viens d’vous expliquer.

Quoi ? Vous n’avez rien compris ? Oh…. mais c’est normal ! C’est un jeu un peu dur, j’vous ai dit qu’c’était pour les grands. Vous n’pouvez pas encore tout comprendre.

Si c’est bien comme jeu ? Oui, une fois qu’on maîtrise ça peut être très excitant.

Si j’y ai déjà joué ? Euh, bah, euh… j’connais les règles… disons que… mais vous n’arrêtez donc jamais ?! C’est un jeu secret réservé aux adultes, une des autres règles est de n’jamais révéler si on y joue ou pas ! Non mais !

Quel rapport avec l’anus ? Et bah voilà, j’vous l’donne en mille, il n’y a aucun rapport ! On part d’une insulte, s’en suit l’anus et son rôle dans la digestion, on poursuit avec le vaisseau suppositoire et voilà que Mademoiselle se la ramène en demandant ce qu’est la sodomie ! Et bah la sodomie, ce n’est rien d’plus, rien d’moins, qu’un passe-temps stratégique et réjouissant pour les grandes personnes !


Non mais ! Vous n’pensiez tout d’même pas qu’j’allais vous dire qu’c’était un coït anal.

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