Chapitre 1 - Follet

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- Je suis un garçon, évidement !

- Évidement, confirma Luluquelquechose. Et votre nom de plume ?

- Il faut un nom de plume ? m'étonnai-je.

- Pour prendre part à la Quête de l'Apprenti-Écrivain, c'est souhaitable, oui.

Je fronçai les sourcils et regardai autour de moi, des fois que Dame Inspiration m'offre un éclair de génie. Ogre ? Pas terrible comme nom de plume. Chapeau bleu ? Encore pire. Bouclier ? Bof. Botte ? Bougie ? (je vois que des choses commençant par B ou quoi ?) Braise ? (purée, ça continue !) Archer ? Ah, Archer, c'est pas mal... Mais on peut sans doute trouver mieux sans chercher à l'autre bout de la salle... Elfe ? Bocal ? Feu-follet ?

Feu-follet..., songeai-je. Follet, signifie être un peu foufou, ça colle plutôt bien à un écrivain de fantasy...

- Follet, décidai-je en regardant Lulumachinchouette droit dans les yeux, fier de mon choix.

L'elfe sourit et se pencha vers le bocal des feux-follets. À travers le verre, elle chuchota quelque chose d'intelligible (mon tout nouveau nom de plume sans doute). Les feux-follets changèrent alors de couleur. De bleu et vert, ils passèrent au rouge puis à l'orange, au jaune pâle et enfin au gris.

- Et voilà, c'est fait ! s'exclama Lulubiduletruc en se redressant, ravie. Vous êtes officiellement un Apprenti-Écrivain ! Je vous conseillerai de monter l'escalier qui nous surplombe et d'aller au troisième étage.

Elle me fit un clin d'oeil et baissa la voix :

- Il y a une auberge là-haut qui s'appelle Le Poing de Départ. Y a souvent des bagarres là-bas, mais vous y trouverez des alliés qui vous aideront sûrement dans votre quête et vous guideront. Il y a aussi pas mal d'Apprentis-Écrivains comme vous, donc pas de panique !

Et, sur ces mots, l'elfe sauta grâcieusement par-dessus le comptoir et s'éloigna en trottinant vers les toilettes des dames, dans un renfoncement de la salle. Les toilettes des hommes, elles, demeuraient invisibles.

- Il faudra que je lise cette Trilogie de la Forêt des Brumes, chuchotai-je pour moi-même.

Puis je balayai la salle du regard et souris.

Une auberge au troisième étage, hein... Déjà, avoir une auberge à l'intérieur d'un autre bâtiment, c'est assez étrange, quand on y pense et puis... de mon point de vue, le hall d'accueil entier ressemble déjà à une salle de taverne. M'enfin...

Haussant les épaules, je me dirigeai vers l'escalier et me mis à gravir les marches. Je n'avais jamais été un grand sportif, aussi, arrivé au palier du premier étage, j'étais déjà essoufflé. Au palier du second étage, je ne sentais plus mes jambes. Parvenu au troisième, j'avais la désagréable impression d'avoir gravi l'Éverest sans assistance respiratoire. Un petit rire secoua ma besace. Jamais je n'aurais cru qu'un rire puisse être tordu, mais celui-là l'était. Il n'y avait d'ailleurs, à ma connaissance, aucun autre mot pour le décrire. Je jetai un oeil à l'intérieur et croisai le regard moqueur de mon monstre qui flottait dans l'ombre.

Alors, on se fait vieux ?

Je tressailli. Encore cette voix dans ma tête. Bizarrement, elle était plutôt... douce. Agréable à entendre. Tout l'inverse de l'horrible rire que j'avais entendu juste avant.

- Toi, la ramène pas trop, le prévins-je en me redressant.

Sinon ?

Je ne répondis rien, trop occupé à fouiller des yeux le troisième étage, en quête du fameux Point de Départ. À ma droite, un long balcon longeait le mur de chaux et se finissait par un vaste espace circulaire encombré de bibliothèques. Quelques lecteurs de diverses espèces étaient attablés aux quatre tables en chêne disposées ici et là à cet office. Sur ma gauche, un couloir partait se perdre dans une semi-pénombre. En effet, de vieilles lanternes suspendues à des crochets de fer et disposées à intervalle régulier trouaient les ombres. Tout droit en revanche, un second couloir s'enfonçait dans des ténèbres insondables, qu'aucune lumière n'éclairait. Je frissonnai. Le corridor m'évoquait une bouche béante, prête à m'engloutir. Aucun panneau quelconque, aucune indication quant à l'emplacement de l'auberge.

Je serrai les poings. Quatre options s'offraient donc à moi.

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