Coeur de pierre, coeur de cendres. Maintenant je vois ce qu'il en est. Le chemin était âpre, semé de pièges ; et c'était le mien. J'ai chuté tant de fois, traversé, les yeux bandés, tant de ponts suspendus dans le vide, que je ne savais plus distinguer la vérité de l'illusion.

Mais maintenant je vois ce qu'il en est. Dois-je l'avouer? Personne ne me manque, personne ne m'émeut. Tout ce que je fais, la moindre petite chose que j'entreprends ne vise qu'à servir mon propre intérêt. Et après ? Est-ce vraiment si surprenant ? Es-tu si différent de moi ?

Nous ne sommes que deux pierres qui tentent de flotter sur l'eau. En cela, nous nous sommes bien trouvés. Alors, tu peux bien partir, je ne te regarderai même pas. Je t'effacerai de ma mémoire instantanément.

Lorsqu'il s'agira d'apurer nos comptes, tu n'en sortiras pas gagnant. Une autre issue est inenvisageable. Je te dépouillerai de tout, même de ta dignité. Et surtout de ce minable sourire narquois que tu me sers jusqu'à la nausée. Car, vois-tu, je n'ai tout simplement pas envie de te laisser la moindre respiration, le moindre espace. Je veux t'asphyxier, te réduire en poussière. Puis poursuivre mon chemin en oubliant jusque ton nom.

A ce combat-là, il ne peut y avoir égalité.

Es-tu prêt ? Je t'attends.