Timidité maladive

4 minutes de lecture

Je la voyais au loin, mais je ne voulais pas aller la voir. J'avais peur, j'ai toujours peur. C'est dur de voir cette fille, s'éloigner au loin dans la cour du lycée et de ne pas pouvoir l'approcher. Elle est toujours bien entourée, de ses amies, de tous ces garçons qui tentent de la séduire. A mon regard, elle répond toujours par un léger sourire qui me fait rougir jusqu'à la racine de mes cheveux. Et pourtant, chaque fois que je me retrouve devant elle, plus aucun mot ne sort, tous restent bloqués dans ma gorge et je prends mes jambes à mon cou sous les rires de ces pimbêches d'amies. Elle est plutôt simple, intelligente, drôle, avec une touche de folie... Comment je sais tout ça ? Ce n'est pas parce que je ne parle pas que je n'écoute pas et n'observe pas. On apprend beaucoup de choses en se taisant et passant inaperçu. Elle aime les chats et les musiques, a une passion loufoque pour les fennecs. A m'entendre, on dirait que je l'espionne toute la journée. Mais en réalité, il me suffit de passer près de son groupe régulièrement et d'observer ses stories snapchat. Comme je le disais plus haut, on peut apprendre beaucoup de chose en se taisant.

Je suis timide, mais c'en est maladif. Chaque fois qu'il y a un examen oral en classe ou bien qu'il faut que je participe en classe, je panique et suis obligée de sortir. Pourquoi ? Je ne l'ai jamais su. Prune, cette fille dont je vous parle depuis quelques instants maintenant, c'est elle que j'aime, cette fille, je l'ai toujours aimée. Mais je ne peux pas lui parler. Elle sait sûrement des choses sur moi comme nous sommes dans la même classe, mais quoi, je ne sais pas. A vrai dire, je ne veux pas savoir. Je suis ridicule et pathétique avec mes réactions à la noix. C'est mon ressenti en tout cas. J'aimerais tellement pouvoir lui dire ce que je ressens, mais comment ? Chaque fois que je suis à moins de trois mètres d'elle, je ne peux plus rien dire et je panique. Mince ! Mais qu'est-ce que je l'aime cette fille. Qu'est-ce que je voudrai aller lui parler.

Je suis face à elle, loin, je la vois, elle semble éblouie par le soleil. Pour la première fois, elle est seule. J'ai l'impression qu'elle fait signe à quelqu'un dans ma direction. Je me retourne.

- Mais non ! Pas derrière toi, c'est à toi que je fais signe ! me crie-t-elle.

- Oh excuse moi ! je réponds.

- Mais tu parles !

- Oui, tu es seule et nous sommes à plus de trois mètres l'une de l'autre !

- Attends, je m'approche un peu !

- Non ! Prune ! Je vais me bloquer et partir en courant si tu t'approches ! je la préviens.

- Tu connais mon nom ?! s'arrête-t-elle.

- Oui... je lui réponds penaude.

- Et tu connais d'autre choses ? demande-t-elle.

- Tu t'appelles Prune Middlewood, tu as 16 ans et demi, tu auras 17 ans le 10 mars, tu aimes les chats et la musique. Tu frappes tout ceux qui parlent mal des fennecs dont tu es passionnée, tu es en classe de 1ère 4, tes amies s'appellent, Mallory, Jessica, Flavie, Danny, Flora, Dorianne, Aliénor, Romane, Marie et Inès. Quand aux garçons, ton meilleur ami se nomme Joshua.

J'ai fermé les yeux en énumérant tout ce que je sais et quand je les ai ouvert, elle était à quelques centimètres de moi. Je rougis jusqu'aux oreilles d'un rouge coquelicot et elle sourit.

- Tu en connais des choses alors que tu ne m'as jamais parlé auparavant. remarque-t-elle.

- Il suffit d'écouter et d'observer pour apprendre des choses. je lui réponds la gorge nouée.

- Pourquoi ne parles-tu jamais ?

Cette fois, les mots n'ont pas voulu sortir et je suis partie en courant. Soudainement, je m'arrête et regarde en arrière, Prune me suis en courant elle aussi.

- Je vais démménager. me dit-elle.

Je ne réponds rien.

- Je voulais au moins parler une fois à celle qui m'a tant de fois observée dans l'ombre, et dont personne ne connais rien à part moi.

Je la fixe interloquée.

- Louna Durand, 16 ans et demi, 17 ans le 23 janvier, tu aimes les écureuils et tout les types de musique, sauf certaines chansons de rap. Tu adores écrire, et la mythologie, en particulier la légende du phénix, te fascines. Tu es en 1ère 4 tout comme moi et ta meilleure amie de toujours à déménagé il y a deux ans dans le sud. Elle s'appelait Eléonore.

J'attrape une feuille sur un arbre et sors un stylo de ma poche. J'inscris sur la feuille, les mots suivants :

"Il y a une chose que tu ne sais pas et que personne ne sait. Une chose que je n'assumerai jamais, chose qui m'a empêchée d'avoir des relations amoureuses en plus de ma timidité. Je ne pourrais pas te le dire, désolée. Notre amitié est impossible, pas avec l'amour que je te porte et que toi tu ne ressens pas."

Je lui ai tendu la feuille d'érable et je suis partie en courant rejoindre mon coin de la cour, à l'abri des regards où moi je peux voir tout le monde. L'histoire d'amour que j'aurai voulu vivre avec elle est impossible tant que je ne m'assumerai pas totalement, et comme elle va dénémager, elle est impossible pour toujours.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire Une fille aux yeux verts ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0