Les fourmis et les cigales
Dans la cour, il y avait les fourmis et les cigales : les unes, toujours sérieuses, nattes repassées, jupe bien droite, les autres, mèches éparpillées en couronne, chaussures poussiéreuses au printemps, boueuses à l’automne.
Les premières s’avéraient gentilles, travailleuses voire sages, les secondes se révélaient sympathiques, drôles avant que d’être studieuses.
C’est ainsi, une classe. Souvent. Aux yeux de toutes, aucune compromission ne s’envisageait.
La nouvelle venue s’avéra un clown recherché, les cigales la désiraient dans leur camp. Les fourmis cherchaient à s’attire ses bonnes grâces, en français, en musique.
Elle, la fille venue d’ailleurs, naviguait entre les deux sans état d’âme.
— Tout. On peut tout être à la fois, fourmi l’hiver, cigale l’été.
Lui revint en mémoire une autre école. Avant.
Un soir, sa meilleure amie avait surgi à l’improviste et l’avait trouvée là, dans le jardin, affalée dans l’herbe, et lui avait lâché :
— Tu lis ? ? Ppeuhh !
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