La rencontre

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On s’agitait au rez-de-chaussée, des bruits de grattements suivis de chocs sourds troublèrent la quiétude de la nuit. Léon se retourna en ronflant dans son lit, marmonna un mot ou deux tandis que le silence revenait en bas. Des chouettes hululèrent et le renard leur répondit d’un jappement. Léon passa alors la tête en haut de son échelle pour contempler le désordre que la bête apeurée avait créée. Des livres étaient tombés de la bibliothèque, la gamelle d’eau était renversée et le sol devant la porte était souillé d’une tache suspecte.

  Descendant de son échelle, un barreau après l’autre, Léon chercha du regard la renarde. Il la trouva cachée sous le canapé, roulée en boule, la queue sur le museau, elle essayait de se faire plus petite quelle n’était. Après avoir doucement remis de l’ordre dans ses livres et nettoyé les dégâts, l’homme ouvrit la porte et sortit chercher de la nourriture dans son garde-manger. Il laissa la porte grande ouverte derrière lui pour laisser le choix à la renarde, mais elle ne se sauva pas et resta bien tranquille dans sa cachette jusqu’à son retour. Il revint avec un blanc de poulet qu’il découpa en petits morceaux et donna petit à petit à sa nouvelle amie. S’allongeant sur le canapé il glissa son bras derrière sa tête et commença à se rendormir quand il l’aperçut qui sortait le bout du nez de sa cachette.

  • Tu as de la famille qui t’attend dehors ? murmura-t-il en l’observant qui avançait lentement vers la porte. Je peux t’ouvrir si tu préfères partir.

La renarde s’assit sur le seuil en se léchant les babines, ouvrant grand la gueule sur un bâillement, puis elle entreprit de se lécher avec attention les pattes avant, observant du coin de l’œil l’humain allongé sur le canapé.

  • C’est bien ce que je me disais, rigola-t-il doucement, t’es pas une froussarde, toi.

Craquant sa mâchoire sur un bâillement à son tour, Léon se remit à ronfler.

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Le soleil automnal passant à travers sa fenêtre le réveilla doucement, Léon commença alors sa routine matinale sans se soucier de savoir où était sa nouvelle amie, il ralluma le feu du poêle, prépara son café et le petit déjeuner : des œufs brouillés pour lui et du poulet pour son invitée. Il avait encore laissé la porte ouverte pour aller faire une rapide toilette et trouva la renarde assise sur le seuil. Elle regardait la forêt comme si elle hésitait à y retourner, ses grandes oreilles mobiles se couchèrent en arrière quand elle entendit Léon. Il se figea alors sur place pour ne pas l’effrayer, mais après un dernier regard pour son sauveur, elle s’élança vers le bois.

  Un peu déçu mais tout de même soulagé de la voir de nouveau libre, Léon continua sa routine matinale. Il ôta sa chemise et saisie sa hache, s’avançant vers le billot il prit une bûche et la coupa en deux d’un coup sec puis recommença ce geste jusqu’à en avoir mal aux épaules. Plantant sa hache dans le billot, il l’aperçut de nouveau, sa renarde était revenue et l’observait de sous les arbres. Il attrapa alors sa serviette et essuya la transpiration qui lui mouillait le torse. Tout en la surveillant du regard, Léon continua sa toilette en s’aspergeant dans la barique d’eau de pluie qui lui servait à se laver, il observa son reflet dans le miroir qui était accroché au-dessus, mais ne se reconnut pas. Décidément sa barbe et ses cheveux avaient bien besoin d’être coupés, il les attacha d’un élastique puis enfila sa chemise.

  • Il va falloir que je te trouve un nom si tu veux rester ici… que penses-tu de Ambre ? Foxy ? Cannelle ? Noisette ? Ruby ?

La renarde, Ruby, jappa son approbation pour ce prénom en remuant la queue sur le sol, elle s’était avancée un peu plus près, mais semblait encore timide.

  • Très bien, Ruby, as-tu faim ? tu es sortie avant le petit déjeuné alors viens, ton repas est près.

Léon se dirigea vers la porte mais Ruby ne le suivit pas, cependant elle le fixait avec attention, ses yeux noires brillaient d’une malice qui fit sourire l’homme.

  • Ah très bien, tu préfères manger dehors, je te comprends, il fait beau. Restes là je vais chercher ce qu’il nous faut.

Quand il ressortit avec le blanc de poulet coupé et son café, Ruby était déjà plus près de la maison, elle s’était couchée et mordillait son bandage. Léon avança doucement vers elle en s’accroupissant, pour paraitre moins imposant, et déposa le poulet dans sa direction. Il alla ensuite s’assoir sur son fauteuil de jardin où il resta à boire son café en regardant les arbres, sans se soucier de l’animal. C’était une belle journée pour partir à la pèche se dit-il en se levant pour laver sa tasse. Ruby avait fini par retirer son bandage et léchait sa patte avec attention, surveillant toujours discrètement l’humain du coin de l’œil. Quand tout lui sembla net, elle se leva, s’étira et repartie vers la forêt sans se retourner.

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