LE SOUVENIR

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Ce matin lorsque mon téléphone s'est mis à sonner, j'étais loin de me douter de la triste nouvelle qui emplirait ma journée.

Daniel, tu venais de me quitter, une rupture d'anévrisme venait de t'emporter, tu n'avais que 53 ans. Un pan de ma vie disparaissait à tout jamais avec toi. Tu me laissais dans un nouveau monde inconnu de moi, un monde sans toi.

Après cette nouvelle j'avais besoin de me recentrer sur mon quotidien mais, comment y parvenir, tellement les souvenirs remontaient dans ma tête, plus vifs et plus intenses les uns que les autres.

Nous nous connaissions depuis tellement longtemps, trop longtemps en fait, nous nous connaissions depuis notre enfance. Nos deux familles se sont toujours cotoyées et aidées, nous avons grandi non loin l'un de l'autre et nous avons toujours eu un oeil bienveillant sur la vie de chacun de nous deux.

Tu as eu quelques aventures et de mon côté, je t'admirais. Tu étais superbe et inconsciemment je t'attendais. Et puis un jour de l'an 2000, lors d'un déjeuner qui réunissait nos deux familles, j'ai compris ce jour-là tout mon amour pour toi et je me suis mise à t'attendre.

Je n'ai pas osé t'en parler, j'ai essayé plusieurs fois de te faire comprendre mes sentiments, y suis-je arrivée ? Je ne l'ai jamais su. Tu ne m'as jamais rien dit, rien montré, rien donné. Je me suis obstinée à t'attendre.

Notre relation a continué ainsi durant de longues années qui furent des moments douloureux, la parole et les mots d'amour n'étant pas pour moi des éléments de langage familier ; ce sentiment est resté enfoui au plus profond de mon être. J'avais toujours en tête ce vieil adage qui disait : "si c'est lui tu ne passeras pas à côté". Je n'ai rien provoqué, laissant le temps faire son chemin.

Et le temps a fait son oeuvre ! Un jour tu es venu à mon domicile avec en main un faire-part de mariage et tu m'as demandé d'être le témoin de ton union avec Laurence, devant le maire et devant Dieu. J'ai vaguement balbutié quelques mots mais, je me suis entendue accepter ta demande. Il était trop tard, je te perdais et je perdais le bonheur, qu'aurait pu être ma vie auprès de toi.

Ton mariage, oui Daniel j'y suis venue, j'ai été ton témoin.Tous les mots du dictionnaire ne suffiraient pas pour te dire le degré de souffrance que j'ai ressenti ce jour là. Comme tu étais beau dans ton costume, comme j'aurais aimé être à la place de Laurence. La chanson de Line RENAUD "A ton mariage" passait en boucle dans ma tête et ces mots d'usage : "Soyez Heureux", bien malgré moi je les ai prononcés.

Le temps a passé, la région parisienne t'a accueilli, et moi je suis restée dans mon sud-est natal à plus 900 kms de toi. Le coeur en croix saignant à l'intérieur et gardant la face à l'extérieur.

Dans deux jours tu reviendras chez nous, chez toi. Il faut que je me prépare mentalement pour l'ultime visite et pour qu'enfin, je puise au fond de moi la force de te parler pour me libérer de ce fardeau.

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