La maison de retraite

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17 novembre 2015 – Inauguration de l'EHPAD

C'est hier que la communauté castelbleuette a inauguré le nouvel EHPAD (Établissement d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes) récemment achevé sur un terrain jouxtant l'hôpital Clémenceau. Serge Cain, le maire de Chateau-Bleu, qui est aussi le président du conseil de surveillance de l'hôpital, a félicité tous les acteurs qui ont permis de voir le projet aboutir. Il a rappelé que cet EHPAD avait pour double objectif d'améliorer les conditions de vie des personnes qui étaient jusque là dispersées sur trois maisons de retraite distinctes en proposant des logements neufs et adaptés aux situations de chacun, mais aussi de réduire les coûts de fonctionnement puisque le personnel d'accompagnement des anciennes structures a été embauché dans la nouvelle structure, tout en permettant aux plus anciens de faire valoir leur droit à la retraite.


« Bonjour maman. Tu vas voir, tu seras bien ici. Tu as vu. C'est propre, neuf, fonctionnel. En plus, c'est plus près de chez nous. Je pourrai passer te voir plus souvent. Je pourrai t’amener les enfants aussi. C'est important pour eux de voir leur grand-mère.

Tu seras bien là. Et puis il y aura les mêmes personnes qu'avant, quand tu étais aux Coquelicots. Les mêmes amis, le même personnel. Oui... je sais... tu n'as jamais pu lier d'amitiés depuis que tu es arrivée à Chateau-Bleu. Mais tu es venue trop tard aussi. On t'avait pourtant dit que tu ne pouvais pas rester seule dans ton appartement à Paris, qu'il fallait que tu te rapproches de nous avant qu'il t'arrive de gros problème de santé. Comme d'habitude, tu n'en as fait qu'à ta tête.

L'aide soignante que tu aimais bien, Marie-Thérèse, elle a pris sa retraite. Elle a bien mérité de pouvoir se reposer aussi. Je sais que tu l'aimais bien. Peut-être qu'elle passera vous voir de temps en temps.

Il faut que j'y aille moi. J'ai des courses à faire et il faut que j'aille chercher les enfants à l'école juste après. Je n'ai pas beaucoup de temps. Je repasserai demain. Allez... j'y vais. »



19 décembre 2015 – Premier noël à l'EHPAD

Le Comité Communal Castelbleuet d'Actions Sociales a remis un chèque de 300 euros à l'association « Marguerite » afin d' « apporter un petit plus au cadeau offert par la municipalité à chaque résident ». Ce don a eut lieu dans la foulée d'une visite de l'EHPAD -baptisé « Le Castel » par ses occupants encore actifs- et de l'unité de soins de longue durée qui a ouvert le mois dernier.

Le directeur a déclaré « On ne gère pas une structure d'une telle importance de la même manière que l'ancienne maison des « Boutons d'Or » par exemple. Le Castel a une capacité de 210 lits, alors qu'il y avait 65 occupants aux « Boutons d'Or ».Tout est neuf, et tout est différent. Cela demande un temps d'adaptation, tant pour les résidents que pour le personnel. Mais avec la bonne volonté de tous, je suis sûr que nous y parviendrons. »


« Bonjour maman. Je ne vais pas pouvoir rester longtemps, nous partons en famille passer noël à la montagne. Je ne crois pas que nous aurons de la neige, mais ça nous fera du bien de pouvoir changer d'air un peu. Je voulais passer te voir hier, mais je n'ai pas trouvé le temps. Il fallait préparer les bagages des enfants, tout ça. J'ai passé ma journée à courir. Sébastien voulait qu'on parte directement ce matin, mais je lui ai dit qu'on ne pouvait pas partir sans passer te voir avant.

Là, il est resté dehors pour fumer. Tu sais comment il est... tout ce qui ressemble à un hôpital le met très mal à l'aise. Ce n'est pas contre toi, tu sais. Et puis, il fallait bien que quelqu'un reste pour surveiller les enfants. J'ai préféré ne pas les amener parce que... bah... depuis que tu as fait ton AVC, la petite a un peu peur de toi. C'est cette... grimace... qui lui fait peur je crois. Elle dit qu'elle fait des cauchemars à cause de ça. Donc, tu comprends, je n'ai pas voulu insister.

Je suis désolée, mais je dois y aller. On est déjà très en retard et on a de la route à faire. J'essaye de t'appeler pendant la semaine. Et de toute façon, je passerai te voir à notre retour. »



26 janvier 2016 – Fin de vie : une prise en charge limitée (extrait)

Depuis la loi de 2002 relative aux droits des malades, l'hôpital dispose d'une équipe mobile de soins palliatifs. Cette équipe est composée d'un médecin, une aide-soignante pratiquant la sophrologie, ainsi que des psychologues. Cette pluridisciplinarité permet de s'adapter à tous les cas et besoins.

En dehors de l'hôpital, ce sont essentiellement des structures associatives qui prennent en charge ce rôle. Quand cela est possible, les patients les plus atteints préfèrent bien souvent rester chez eux, et l'équipe de soins palliatifs n'a pas les autorisations nécessaires pour intervenir en dehors de l'hôpital.

Bien que la prise en charge de la fin de vie se soit considérablement améliorée grâce à la loi de 2002, l'EHPAD ne peut en bénéficier car « Le Castel » ne dépend pas directement de l'hôpital, et ne peut non plus être considéré comme une habitation individuelle où les associations peuvent intervenir.


« Maman ! Tu vas bien ? Mais qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi tu as fait ça ? Tu espérais vraiment que ça marcherait en plus ? C'est complètement grotesque. Je n'aurais jamais cru que tu oserais faire ça. Toi qui te prétends catholique en plus. T'enrouler le cordon du téléphone autour du cou et te laisser tomber du lit. Je me doute que tu n'es pas satisfaite de ton état, mais on ne peut rien y faire. Vieillir et ne plus être capable de faire ce qu'on faisait à 20 ans, ça fait partie de la vie. Du coup, les infirmières t'ont confisqué le téléphone. Et tout ce que tu as gagné, c'est des bleus sur les bras et cette affreuse trace rouge autour du cou. Une chance encore que tu ne te sois rien cassé. Ne me fais plus jamais un coup pareil maman. J'ai déjà bien assez de soucis comme ça. »



15 février 2016 – Pôle gériatrique : Les familles déplorent de nombreux dysfonctionnements.

Après la polémique du début de l'année sur la hausse de tarif jugée abusive par certaines familles, voici que « Le Castel » refait parler de lui. Le collectif Edelweiss regroupant les familles des résidents a relevé des dysfonctionnements importants : « manque de douche et donc, toilette des résidents négligée », « résidents peu ou pas levés », « résidents violents qui agressent les autres », « 15% du personnel est en arrêt maladie », « horaires des repas non respectés », « pas assez de surveillance »...

Le collectif souligne que le problème tient plus du manque de personnel que de la bonne volonté de celui-ci : « La structure est jeune, et nous comprenons qu'une phase d'adaptation soit nécessaire pour que les choses se passent pour le mieux. De nombreuses améliorations ont été constatées entre l'ouverture en novembre dernier et ces derniers jours. Mais ce n'est pas assez. Nous voulons que nos parents soient heureux et bien traités, comme des êtres humains. Aujourd'hui, nous avons un mouroir. Nous sommes obligés de venir tous les jours car nous n'avons plus confiance. Et qu'importe s'il faut payer plus. »

Interrogé sur le sujet, le directeur de l'établissement admet à demi-mots qu'il y a un manque de moyen, mais se dit prêt à écouter et prendre en compte toutes les demandes pour voir ensemble ce qui peut être fait pour améliorer la situation.


« Bonjour maman. Je suis venue avec les enfants. Je ne sais pas si tu approuves, mais ça m'a semblé important qu'ils puissent voir leur grand-mère au moins une dernière fois. Même si tu es dans le coma. Mon dieu... cette marque sur ton cou... attend... je vais ajuster ton foulard. Voilà. C'est mieux. Je vais faire rentrer les enfants. Linda t'a fait un dessin. Je te l'accrocherai en face de ton lit. Comme ça, tu pourras le voir si... »

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