Chapitre 4

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   L'homme n'ignore maintenant plus rien des attentes de sa cliente. Il pivote sur lui-même, encercle de ses mains les chevilles de la jeune femme, pouce et index formant un anneau légèrement constricteur, paumes plaquées sur les muscles de la naissance des mollets. L'anneau se déplace lentement sans relâcher sa pression, d'abord sur le gras des mollets, puis dans le creux des genoux et enfin, sur les cuisses. Les pouces glissent en de subtiles et savoureuses caresses sur la face interne des cuisses, là où la peau est le plus doux au toucher, là aussi où le plaisir s'introduit. Ils s'aventurent jusqu'aux lisières du slip, en frôlant au passage le tissu humide. Contact qui se transmet aux grandes lèvres et arrache un soupir de satisfaction. Marielle soulève son bassin quand l'anneau emprisonne la base des globes fessiers, en longeant les frontières du minuscule et unique vêtement qu'elle porte sur elle. Sa respiration se fait de plus en plus bruyante et haletante, la sueur perle sur son visage. De sa bouche ouverte s'échappent toutes sortes de râles soufflants, gémissements, petits cris plaintifs, sons inarticulés et onomatopées.


En cet instant l'orage n'existe plus. Il s'est littéralement engouffré en elle. Zeus lance ses éclairs pour allumer des brasiers de désir au plus profond de ses centres de jouissance. Elle souhaiterait jouir sur le champ tellement son seuil d'excitation lui semble dépassé. En même temps elle espère prolonger davantage ces sensations, oh combien ! Délectables. Considérant que sa position de « patiente » justifie sa passivité, voire sa soumission, face au thérapeute, elle décide de ne pas bouger, de s'en remettre à lui quant à la suite des événements, de lui accorder par anticipation le bénéfice du talent et du savoir faire. Même si, en elle comme en toute femme, il y a une maîtresse d'école qui observe et qui note, attendrie mais non complaisante, les façons d'agir de ceux qui sont chargés de l'envoyer au septième ciel.


Méthodiquement, il renouvelle à plusieurs reprises ses caresses manuelles, en partant des chevilles, en s'arrêtant aux plis fessiers. À chaque fois il procède avec des variantes. Soit il effleure à peine la peau des jambes, soit au contraire, il enfonce puissamment ses doigts dans les muscles. De temps à autre les mains se déplacent sur le dos luisant de transpiration. Là encore avec des variations dans la conduite du toucher, mais elles ne dépassent jamais l'élastique du slip. Marielle se demande si les frontières tracées par son sous-vêtement ne sont pas carrément infranchissables.


Comme elle ignore l'usage des montres, plus par insouciance que par principe, elle évalue au pifomètre que cela fait bien trois quarts d'heure que la séance a commencé. Le client suivant est probablement déjà dans la salle d'attente. Il lui faut revenir sur terre et se préparer à quitter ces lieux hors du temps, hors de ses repères coutumiers. D'ailleurs, elle entend au-dessus d'elle des raclements de gorge, puis cette voix mâle qui annonce à coup sûr des paroles de désillusion.


- « Vous vous sentez bien ? »

- « oui... »

- « L'épidermopathie vous convient ? »

- « Oui... »

- « On continue ? »

- « Oui... »

L'effet de surprise lui cloue toute velléité de communiquer autrement qu'en répétant ce simple mot d'acquiescement, d'acceptation, voire d'encouragement.


La pluie déferle inlassablement sur la ville. Le jour se cantonne dans cette obscurité de tombée de la nuit. Les éclairs ont disparu et le tonnerre s'en est allé gronder dans le lointain.

Doucement le maître du jeu se penche sur sa complice, toujours allongée sur le ventre. En incurvant ses pouces, il crochète les fines lanières du slip aux hanche, juste à l'endroit où elles sont nouées, et les décolle de la peau. Sans défaire les nœuds, il tire sur les élastiques et les remonte aussi haut qu'il peut vers la taille. Ensuite il fait glisser le tissu à l'intérieur de la raie des fesses, en dégageant les deux rondeurs, fermes, blanches, et harmonieusement galbées. Après cela, il roule entre ses doigts le triangle d'étoffe arachnéenne qui subsiste au niveau du sacrum, jusqu'à le transformer en un mince cordon. Cette conversion du sous-vêtement plutôt convenable en un véritable string ficelle s'accompagne de frôlements, effleurements et autres attouchements qui s'incrustent dans la peau de Marielle comme autant d'aiguillons de plaisir.


Lorsque, en un geste longtemps attendu, les mains larges et noueuses malaxent soudainement la chair des fesses, elle suffoque. Ses muscles se bandent sous les caresses. Ses poumons s'emplissent et se vident avec des bruits de plus en plus rauques. Et, au comble de l'abandon, ils sont suffisamment puissants pour couvrir le déluge, ces gémissements qui accompagnent la progression des doigts vers son intimité ! Doigts qui titillent le périnée, massent la vulve à travers le cache-sexe étiré au maximum et moulant ses organes génitaux. Spontanément, elle remue le bassin en un mouvement de va et vient identique à celui du coït. Mais très vite le contact s'éloigne.


Sans aucune retenue, libre de s'abandonner aux charges érotiques qui l'assaillent, Marielle exprime son contentement par des plaintes, des « oh !» et des « ah ! » prolongés, qui montent crescendo ou se meurent dans un soupir selon les degrés de stimulation sexuelle qu'elle subit avec délectation. Elle atteint le point culminant de son excitation et n'admettrait pas que son partenaire, après l'avoir amenée à ce stade, ne la soulageât point de toutes ces tensions.

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