Chapitre 1

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Le don de guérir

"livre 3 tome 2"

CHAPITRE 114 (Aix en Provence) (Maurice) (fin)

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Tous en profitent pour se présenter, discuter un peu et faire connaissance avec Maurice pendant que j’aide ma grand-mère à mettre la table, ils donnent leurs versions du Florian d’avant et de celui qu’ils ont redécouvert depuis ces quelques mois, Maurice visiblement intéressé les écoute en leur demandant de temps en temps quelques précisions dans le but évident de les faire se couper.

Philippe n’en est pas dupe et s’amuse dans son coin à analyser les expressions du visage de Maurice qui finit par s’en apercevoir.

- (Maurice) Toute cette histoire est délirante reconnais-le ?

- Je n’ai jamais prétendu le contraire !!

- Pourtant tu y crois ? Pourquoi ?

- Parce que j’en ai eu des preuves qui pour moi sont irréfutables et encore ce soir !!

- Ce que j’ai vu ou entendu je dois bien le reconnaître pose des questions, mais de là à prétendre que toutes ces choses puissent se produire ?

- Qu’est-ce qu’il te faut de plus ?

- Il se dit mon ami depuis toujours ? Qu’il m’en donne une preuve !!

Philippe devient soudainement plus grave quand il tend la feuille roulée par ses soins et qu’il gardait près de lui en attendant justement ce moment précis où Maurice émettrait à haute voix un doute sur la véracité de ce que lui croit maintenant dur comme fer.

- Peut-être que ceci te fera changer d’avis !! Je te conseille vivement d’aller t’isoler un moment pour découvrir ce que contient cette feuille, tu m’en seras reconnaissant à ton retour à table crois-moi sur parole et ensuite nous pourrons revenir sur tout ça avec j’en suis convaincu une autre façon de voir les choses venant de ta part. Nous prendrons néanmoins le temps de faire honneur au plat de notre hôtesse afin que tu aies le temps de réfléchir.

Maurice a comme un pincement au cœur, en prenant ce que lui tend Philippe avec gravité et il le voit bien également, une tristesse dans son regard qui ne présage rien de bon.

Il s’éloigne donc jusque sur la terrasse pour dérouler d’une main tremblant légèrement d’appréhension, la feuille cartonnée qui lui révèle alors quelque chose qui malgré son tempérament endurci lui amène une peine qu’il n’aurait jamais cru revivre un jour.

Le garçon d’une vingtaine d’année que son regard ne lâche plus tellement il en est obnubilé est sans conteste ce que serait son fils s’il avait vécu jusqu’à cet âge-là.

Maurice sent ses jambes se dérober sous lui et il n’a que le temps de s’asseoir sur le banc près duquel il se tenait, un immense chagrin le cloue alors qui lui fait couler des yeux un flot de larmes.

Cet homme rompu aux pires situations dangereuses, n’est plus qu’un corps tremblant et hoquetant d’une tristesse et d’un désespoir sans nom, emporté par des émotions qui le brisent en le laissant pantelant noyé dans son chagrin.

***/***

Philippe explique en quelques mots le pourquoi de ces paroles à l’encontre de Maurice, un vent glacé semble prendre d’un coup ceux qui l’écoutent et ils en ressentent un long frisson qui leur parcourt le dos.

Le silence dans le salon est devenu si impressionnant qu’il en fait sortir Maryse et Florian de la cuisine, en se demandant ce qui peut bien l’avoir occasionné, ne comprenant bien sûr pas la raison d’un tel silence aussi soudain.

Philippe regarde Florian avec dans les yeux une telle tristesse que celui-ci en perd son sourire, à sa question muette il lui révèle alors la sinistre vérité de ce que lui a appris Maurice quelques heures plus tôt et tous restent figés devant la réaction du jeune rouquin, qui pousse alors une exclamation d’un tel désespoir qu’elle en donne le frisson à tous ceux qui l’entendent.

- Noonnnnnn !!! Pas mon « Wanou » !!!! Pas luiiii !!!!

Personne n’a le temps d’un mouvement que Florian s’effondre au sol, secoué de spasmes d’une douleur émotionnelle peu commune et c’est Maurice les yeux rougis d’avoir trop versé de larmes, revenu dans la pièce quelques secondes plus tôt et ayant suivi le cœur brisé les réactions du petit rouquin qui à l’évidence vient d’apprendre à l’instant le drame de toute une vie, qui le prend dans ses bras et le relève avec une douceur dont personne ne l’aurait cru capable.

CHAPITRE 115 (Aix en Provence)

« Le lendemain matin. »

Je me redresse brusquement en cherchant où je suis, la lumière inonde la pièce et c’est avec étonnement que je percute enfin être dans mon lit, je me lève d’un bond en jetant un coup d’œil curieux sur le réveil.

- Putainnnn !!! Onze heures !!! Qu’est-ce que je fous encore au lit à une heure pareille ??

C’est à moitié dans le vase que je descends l’escalier et que me revient alors en mémoire les derniers souvenirs de la soirée, cette fois encore la forte émotion qui me prend m’oblige à m’asseoir sur une marche pour tenter de contrôler au mieux mon bouleversement affectif.

Il fallait bien que ça arrive et j’aurais d’ailleurs dû m’y attendre, les différences entre mes souvenirs et cette réalité ne concordant pas parfaitement et de loin s’en faut, un accident tel que celui d’Erwan fait partie du destin et des aléas de la vie, même si mon cœur en souffre comme en ce moment d’apprendre la disparition d’un de mes amis.

Le plus dur a dû être pour ses parents, mon dessin a très certainement fait remonter des sentiments qu’il aurait mieux valu laisser au passé et j’en veux un peu à Philippe de s’être servi de moi à ces fins, même si c’était pour ce qui lui semblait la bonne cause.

J’en suis là dans mes pensées quand une autre accentue fortement l’émotivité à fleur de peau qui m’enserre actuellement l’estomac comme une chape de plomb, combien de mes amis retrouverais je mais surtout y en a-t-il d’autres qui tout comme Erwan auraient…disparu ?

Bien sûr la réponse de Philippe à ma question de savoir s’il avait retrouvé Thomas me transperce le cœur comme une flèche, l’idée que lui aussi n’existerait pas ou plus me devenant insupportable et me mettant dans un état d’angoisse tel qu’il me fait repartir aussi sec dans les limbes de l’évanouissement.

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« Quelques heures plus tard. »

Des sons de voix résonnent dans ma tête.

- On dirait qu’il se réveille ?

- Nous aurions dû faire venir un médecin hier soir !!

- Philippe ne voulait pas, rappelle-toi !!

- Je le sais bien mais quand même !! Je me demande bien ce qu’il lui a pris ce matin dans l’escalier ?

- Nous n’aurons qu’à lui demander quand il se réveillera, de toute façon cette fois ci on ne le quitte pas !!

***/***

J’ouvre les yeux en souriant à Yuan et Antoine, penchés au-dessus de moi à m’observer avec attention, leurs visages graves visiblement marqués par l’inquiétude.

- Ça va les gars ??

- (Yuan) N’inverse pas les rôles tu veux bien ?

- (Antoine) Tu nous dirais bien ce qu’il t’est arrivé ce matin, nous t’avons retrouvé inanimé en plein milieu de l’escalier ?

Je me sens devenir livide.

- Je n’ai pas supporté d’apprendre pour Erwan et ensuite j’ai pensé que c’était peut-être pareil pour Thomas !!

- (Yuan) Hé !! Tu ne vas pas remettre ça ??

- (Antoine) Pense à ceux qui sont là et qui t’aiment !!

J’éclate en sanglots, je sens malgré tout que c’est ce qu’il me fallait pour reprendre sur moi et mes amis semblent en être conscients quand ils viennent s’allonger contre moi sans ne plus rien dire, leurs présences me réconfortent malgré tout et la chaleur tant physique, qu’humaine qui émane d’eux me fait un bien fou, effaçant pour un temps mes pensées lugubres du moment.

***/***

« Dix minutes plus tard. »

Un ricanement moqueur d’abord presque imperceptible mais prenant très vite une forte remontée de décibels, me fait rouvrir les yeux et regarder sans comprendre ce qui met mes deux copains dans un tel état d’amusement soudain.

- Vous avez fumé un joint en douce ou quoi ?

- (Yuan) Pas vraiment, non ! Hi ! Hi !

- (Antoine) Pourtant il a l’air d’être gros ! Hi ! Hi ! Seulement j’ai peur d’avoir la tête qui tourne à vouloir le fumer ! Hi ! Hi !

- (Yuan) Quoiqu’à deux ça devrait pouvoir le faire ! Hi ! Hi !

Il me faut un certain temps pour percuter à leurs paroles, le temps de ressentir une « raideur » au niveau de mon bas-ventre et de comprendre enfin les paroles tout comme les rires grivois qu’ils ne cessent d’envoyer en s’en étant aperçu.

- Ha !! Ok d’ac !! Vous avez peut-être besoin d’une allumette ? Je pense que vous devez bien avoir ça au même endroit que moi le fameux « joint » ! Hi ! Hi !

- (Antoine) Dis « Yu » ? J’ai comme ressenti un air de moquerie dans les paroles venant du « rouquemoutte », pas toi ?

- (Yuan) J’avoue que je me posais justement la question, peut être devrions nous le laisser seul avec son « mégot » des fois qu’un clodo le ramasse ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 116 (Aix en Provence) (fin)

Je les vois se relever et faire mine de quitter la chambre.

- Hé !! Déconnez pas les gars !! Vous allez où ?

- (Antoine) Faire une partie de mikado avec nos allumettes ! Hi ! Hi !

- (Yuan) Ça ne va pas être de la tarte d’en attraper une sans faire bouger l’autre ! Hi ! Hi !

- Mon dieu !!! Pourquoi faut-il que les deux premiers potes que je récupère soient les plus comiques du lot ? Allez !! Je pète la forme là !! On pourrait se faire un petit truc sympa ?

- (Yuan) Si tu enlèves le « petit », je suis prêt à revoir la question.

- Ok !! Ok !! Un truc sympa alors ?

- (Yuan) Tu en penses quoi « Toinou » ?

- (Antoine) J’avoue que ça me tente bien !!

- Alors allez fermer la porte à clé et mettez-vous à l’aise ! Hi ! Hi !

En même temps que je leur parle, je soulève mon bassin pour virer aussi sec mon short et mon slip, mettant à leur vue ma queue toute raide d’envie.

Une fois la chambre « sécurisée », ils en font de même et se retrouvent nus plus vite qu’il ne le faut pour le dire, ce qui me fait sourire en ne pouvant m’empêcher d’en rajouter une couche.

- Wouah !! Ils n’ont pas lésiné sur le souffre à l’usine ! Hi ! Hi !

Yuan et Antoine se regardent avec une flamme dans l’œil qui ne me dit rien qui vaille, mon impression est très vite suivie d’effet quand ils me sautent dessus pour se venger de mes dernières paroles se moquant une fois de plus de leurs virilités et je commence à me tordre sous les chatouilles.

- Non !! Pitié les gars ! Hi ! Hi ! Pitiiiéééé !!! Pas çaaaa !!! Noonnn !!! Hi ! Hi !

Bien sûr je hurlerais à l’oreille de deux sourds que ça aurait le même effet que sur eux et ce n’est que quand j’en suis à en pisser presque sur moi qu’ils s’arrêtent enfin, couverts tout comme je le suis d’une bonne couche de sueur et que leurs regards se remettent à briller mais cette fois d’une lueur qui me va beaucoup mieux, me redonnant aussitôt l’état de tension extrême que j’avais perdu lors de cette joute.

Yuan ne perd pas de temps et s’en empare d’une main avide pour commencer à la caresser sur toute sa longueur, Antoine lui me fixe dans les yeux ne sachant pas s’il doit participer ou non et je me doute bien des pensées ambigües qui lui traversent l’esprit, pensées que je n’éprouve bizarrement pas alors que je me rappelle bien les avoir eues dans un autre temps.

Ma main part alors doucement vers son bas ventre tendu à mort qui me prouve bien qu’il en a tout autant envie que moi, le frisson qui lui traverse le corps quand elle lui recouvre doucement la hampe tout comme le sourire qu’il m’envoie à ce moment précis, libère ses tabous et son corps vient alors rejoindre sur moi celui de Yuan, nos trois visages se retrouvant à quelques centimètres les uns des autres.

Après un sourire de complicité, nos lèvres se soudent en un long baiser passionner qui déclenche nos libidos respectives et le bonheur de ne faire plus qu’un avec mes deux amis me libère à mon tour, déclenchant pour la première fois depuis bien longtemps ces sons qui nous emportent loin dans les plaisirs de la chair.

Une certaine retenue due peut-être du fait de notre filiation, fait qu’inconsciemment un certain point bien précis de notre corps n’est pas mis à contribution et ce ne sont que nos caresses manuelles et buccales, qui nous amènent plusieurs fois à l’orgasme avant que nous nous étalions l’un près de l’autre après le dernier rush particulièrement jouissif, complètement exténués de cet après-midi de découverte ou plus exactement pour Yuan de redécouverte de nos corps.

***/***

« Quelques temps plus tôt, à l’étage du dessous. »

Maurice et Philippe sont dans le salon avec les grands parents de Florian, Maurice est resté couché chez son nouvel ami après avoir reporté tous ses rendez-vous et ne voulant absolument pas quitter Aix en Provence avant de pouvoir discuté avec le psychiatre de toutes ces informations qu’il a appris lors de la soirée, mais aussi pas sans avoir eu des nouvelles rassurantes sur l’état du jeune rouquin après le choc émotionnel qu’il a subi en apprenant le décès de son fils.

Ils boivent tranquillement le thé tous les quatre en papotant comme de vieilles connaissances, leurs discussions s’interrompant de temps en temps à cause des bruits sans équivoque venant de l’étage qui les amusent tout en leur faisant ressentir un certain malaise à se regarder.

- (Philippe) Et bien !! Ils ne s’ennuient pas là-haut on dirait !!

Voyant que personne ne répond, il poursuit.

- Ils sont jeunes et pleins de vie, nous n’avons pas à juger leur façon d’être !! En tout cas ça ne me choque pas plus que ça, bien au contraire et rappelez-vous qu’ils n’ont jamais cherché à nous cacher leurs différences.

- (Michel) Oui mais là ils ont mis la radio à fond ! Hi ! Hi !

- (Maryse) Dans le temps nous écoutions « sur le banc* » et maintenant ce serait plus « dans le lit » ! Hi ! Hi !

- (Maurice) Je pense que mon fils était comme eux vous savez ?

Philippe redevient sérieux en le fixant dans les yeux.

- C’est le dessin qui te fait dire ça ?

- Ce garçon n’y serait pas apparu dessus s’il n’avait pas une grande importance pour notre famille.

- (Philippe) Tu as entièrement raison, ils étaient bien ensemble et s’aimaient vraiment très fort !!

- (Maurice) C’est Florian qui te l’a dit ?

- (Philippe) Bien sûr, qui d’autres autrement ? Je sais que tu vas chercher à le rencontrer, je ne pense pas que ce soit une bonne chose car pour ce garçon nous sommes tous de parfaits inconnus et nous ne ferions au mieux que de le troubler, par contre il n’est peut-être pas trop tard pour Coralie.

- (Maurice) Coralie ???

- (Philippe) Sa petite princesse comme l’appelle Florian, vous l’aviez sortie d’un orphelinat et vous l’aviez adoptée, Florian en était tombé raide dingue de sa gentillesse tout comme de sa beauté et de sa fragilité.

Maurice le visage marqué par toute cette peine qu’il a depuis hier de repenser à son fils disparu, fouille dans sa veste pour en sortir le dessin de Florian et y plonge son regard encore une fois, ne se lassant pas de l’image de son fils presque adulte.

Cette fois c’est d’une toute autre personne représentée sur la feuille que ses yeux n’arrivent plus à se détacher, un sourire d’abord presque qu’une esquisse commence à transformer son visage qui d’une sévérité apparente devient maintenant plus doux jusqu’à s’épanouir vraiment en relevant les yeux vers ses amis.

- Peut-être n’est-il pas trop tard ?? Florian t’a-t-il donné son nom ?

Une série de sons sans équivoque encore cette fois quoique beaucoup plus forts que les autres, leur font lever les yeux vers l’étage.

- (Philippe) Je ne m’en rappelle pas, mais tu vas bientôt pouvoir le lui demander ! Hi ! Hi ! J’ai l’impression que le feuilleton radio vient de se terminer ! Hi ! Hi ! Et je pense qu’ils vont nous faire « sur les genoux », mais cette fois en téléréalité.

* feuilleton radio de fin des années trente que nos grands-parents écoutaient avec plaisir), avec Jane Sourza et Raymond Souplex.

CHAPITRE 117 (Reims) (FAC)

« Bureau du doyen de la fac de médecine de Reims, quelques jours plus tard. »

Alain Dupré est un homme élégant qui prend sa charge de doyen obtenue depuis déjà presque cinq ans, avec un professionnalisme reconnu de tous qui est tout à son honneur.

Il est actuellement plongé dans un choix cornélien, celui d’accepter ou non dans son établissement le fils de son ami Pierre et les renseignements qu’il a demandé sur ce garçon lui ont été transmis la veille, le mettant dans une certaine expectative à la lecture de ceux-ci.

Deux dossiers entièrement opposés sont sur son bureau, l’un d’eux démontre que le garçon a toutes les capacités nécessaires pour commencer un cursus universitaire de haut niveau et ne serait-ce le second dossier, Alain serait même enchanté de l’accepter comme un honneur dans ces murs.

Le deuxième dossier toutefois lui fait comme une douche froide en tempérant ses ardeurs, ce même garçon ayant un passif impressionnant que ce soit au niveau scolarité par un nombre ahurissant de renvoi ou de mise à pieds suite à ses trop nombreuses exactions, que des services de police où là encore il est connu pour être de ces personnes que rien n’arrête au parcours dans la délinquance et dans la violence gratuite des plus chaotiques pour ne pas employer d’adjectifs plus durs.

Alain en est là dans ses pensées, quand sa secrétaire frappe un coup bref et entre comme à son habitude, sans attendre de réponse de sa part.

- Votre ami est là monsieur !!

- Ah !! Très bien alors, faites-le entrer !!

- Il n’est pas seul monsieur, dois-je aussi faire entrer les deux autres messieurs qui l’accompagnent ?

Alain reste un instant à se demander qui peuvent bien être les deux autres personnes, pourtant quand il a eu Pierre la veille au soir au téléphone pour fixer ce rendez-vous, il ne lui en a pas fait mention.

- Monsieur ?

- Oui ? Ah oui !! Faites entrer tout le monde je vous prie !!

La secrétaire sort donc de la pièce quelques secondes avant de revenir avec les trois hommes qui attendaient dans le couloir.

- Voici les trois messieurs !!

- Ah !! Très bien !! Laissez-nous je vous prie !!

Alain attend qu’elle soit sortie en refermant la porte derrière elle, il se lève alors et se dirige droit vers son ami de longue date, qu’il enserre dans ses bras avec la joie bien visible de le voir.

- Alors mon « Pierrot » ?? Comment va depuis le temps ??

Pierre lui rend avec grand plaisir son étreinte amicale.

- Si tu savais tout ce qu’il m’arrive depuis ces derniers mois !! Enfin !! Tout ce que j’ai à dire c’est que ce n’est que du bonheur !!

- Tu ne me présentes pas tes amis ??

- Mais si bien sûr !! Où ai-je la tête !! Voici Philippe Espinach, l’expert psychiatre qui suit mon fils et Maurice Désmaré, qui suit également Florian mais pour une toute autre raison. Ils arrivent directement d’Aix en Provence suite à notre conversation et des hésitations que j’ai ressenties hier dans ta voix au sujet de l’acceptation de mon fils dans cette fac.

Alain souriant vient serrer la main de Philippe.

- Votre réputation vous précède ici le savez-vous cher collègue ?

- (Philippe) Vous m’en voyez autant ravi qu’étonné.

- (Alain) Ne soyez donc pas aussi humble de votre renommée.

Alain se tourne ensuite vers Maurice auquel il serre également la main, appréciant la poigne virile de cet homme à la carrure militaire.

- Monsieur…Désmaré ? C’est bien ça ? Enchanté de faire votre connaissance !!

- (Maurice) Moi de même doyen Dupré !! Je suis le directeur actuel du département de la sécurité du territoire ou pour faire plus court, de la DST.

Alain visiblement étonné.

- Vous venez sous cette étiquette ou juste en tant qu’ami ?

- (Maurice) Je ne voudrais pas trop m’avancer en disant les deux !!

- (Pierre) Monsieur Désmaré est venu tout comme Philippe à ma demande expresse, ils ont chacun des arguments qu’il fallait que tu entendes avant de prendre ta décision. J’imagine à tes paroles d’hier, qu’elle n’est plus aussi certaine d’aboutir et que tu as dû très certainement recevoir des informations sur mon fils qui t’ont mis le doute.

- (Alain) C’est exact !! Mais assoyez-vous je vous prie !! Nous sommes justement réunis aujourd’hui pour en parler, pas vrai ? Que tu ne sois pas venu seul, prouverait que tu amènes d’autres argumentaires !!

CHAPITRE 118 (Reims) (FAC) (fin)

Alain leur laisse le temps de se mettre à l’aise et quand ils sont tous installés confortablement, il reprend la conversation en abordant directement les points auxquels il a été mis au courant récemment.

- J’avoue avoir été surpris des résultats du BAC de ton fils, surtout après avoir lu son dossier scolaire et je t’avoue que la première chose qui me soit venue à l’esprit est qu’il a honteusement triché, que ce soit d’une manière ou d’une autre. Le « passif » de ton gamin est tellement chargé qu’il a très bien pu le faire !!

- (Pierre) Sauf qu’il ne l’a pas fait !

- (Alain) Hum !! Les résultats ont quand même de quoi nous en faire douter, reconnais-le ?

- (Maurice) Si je puis me permettre d’intervenir ? Mes services ont analysé ce dossier d’examen, que ce soit au niveau de l’écriture comme des réponses qui ont été données !! Une chose est certaine, c’est qu’elles sont exactes et que c’est bien la même personne qui les a écrites. Nous avons donc fait d’autres examens graphologiques sur des documents antérieurs à cette période, venant des diverses interrogations écrites que Florian a passé pendant sa dernière année de Lycée. Il s’avère qu’il y a des similitudes mais que nos experts n’arrivent à comprendre qu’à la condition d’un changement radical de comportement.

- (Alain) C’est la même écriture ou pas ?

- (Philippe) Ce que tente d’expliquer Maurice, c’est que depuis l’accident qui a failli faire perdre la vie à Florian, sa personnalité aurait changé du tout au tout et que toutes les informations qui sont dans votre rapport, ne sont plus réellement pour la plupart d’actualité.

- (Maurice) Si vous m’aviez laissé finir, je vous aurais donc expliqué ce qui fait la certitude que c’est bien Florian qui a suivi ses examens !! En effet, nous avions déjà reçu récemment un courrier de sa part où il nous apportait des renseignements sur une affaire difficile !! Je n’en dirais pas plus sur cette affaire, juste qu’il s’agit bien de la même écriture et donc je peux vous donner l’assurance qu’il n’y a eu aucune tricherie, à ce niveau-là tout du moins.

- (Philippe) Pour le reste c’est très simple, il vous suffira de lui faire repasser un questionnaire de connaissances pour valider ses aptitudes. Je pense sans trop m’avancer que vous allez très vite tout comme nous l’avons fait, avoir une idée très claire du potentiel extraordinaire de ce garçon.

Alain réfléchit un instant, ne trouvant rien à redire des paroles venant de ces deux hommes et il ne lui viendrait même pas l’idée de les remettre en question.

- Admettons !! Il reste encore le casier plus que chargé qu’il traîne derrière lui, mon établissement se veut exemplaire et vous vous doutez bien des réactions des étudiants tout comme de leurs parents s’il venait à être découvert ?

- (Maurice) Beaucoup des actes indiqués sur son dossier de police ont été jugés, s’il est encore en liberté c’est parce qu’il est sinon innocent, du moins qu’aucunes charges ne pèsent plus contre lui à l’heure actuelle. Pour le reste, un suivi psychologique et judiciaire est prévu pour avoir l’assurance qu’il ne représente plus aucun danger pour la société.

- (Pierre) Je ne te demande rien d’autre que de te faire ton propre jugement de mon fils par toi-même et non par ce que tu auras lu sur lui, je suis convaincu qu’il saura te convaincre. Les suites de son accident ont incontestablement changé sa façon d’être, tu sais très bien de quoi je parle en plus.

Alain ne connaît que trop bien pour en avoir si souvent parlé avec son ami, des problèmes que lui posaient son gamin au quotidien et de l’entendre insister avec autant de verve, lui laisse à penser qu’il y a réellement eu quelque changement fondamental dans sa façon d’être.

- Je tiendrai la promesse que je t’ai faite, juste que je ne voudrais pas que tu me tiennes rigueur de ma décision au cas où elle serait de ne pas l’accepter. D’autres universités le feraient certainement si c’était le cas, beaucoup n’iraient pas aussi loin que moi dans la recherche des antécédents d’un étudiant en particulier.

- (Pierre) Oui je m’en doute, mais c’est là où mon fils veut être pour poursuivre ses études.

- (Alain) En connais-tu ses raisons ? Il n’y en a de plus réputées rien que là où tu habites !!

- (Pierre) Bien sûr !! Mais il y a aussi beaucoup trop de personnes qui le connaissent de réputation ou pour tout autres sortes de choses et si j’ai été dans son sens, c’est pour qu’il se fasse de nouvelles relations tu comprends ?

Alain se lève, signifiant par ce geste qu’il clôt l’entretien et voyant qu’ils se lèvent à leurs tours, il les raccompagne jusqu’à la sortie de l’université.

Le visage soucieux voir marqué par la tristesse de son ami lui fait mal, aussi c’est en lui prenant amicalement le bras avant de se quitter qu’il se veut rassurant.

- Ne t’inquiète pas mon « Pierrot » !! Je n’ai rien contre ton petit gars et j’attendrai les résultats de nos tests mais aussi de l’impression que je tirerai de la conversation que je ne manquerai pas d’avoir avec lui, avant de prendre ma décision.

Pierre se force à sourire en fixant Alain dans les yeux.

- C’est tout ce que je te demande, rien de plus et je ne voudrais pas que tu penses un instant que je veux me servir de notre amitié pour fausser ta décision !!

Alain hoche la tête en signe qu’il n’a jamais pensé de lui une chose pareille.

- Je ne sais pas ce qu’il est arrivé exactement à ton fils, mais….

Il observe Philippe et Maurice un bref instant avant de reporter son regard dans celui de son ami.

- …Quelque chose me dit que tu n’es plus seul pour t’aider à ce qu’il s’en sorte et je suis de tout cœur avec vous, juste qu’il me faut aussi ressentir ce qui vous a amené jusqu’ici avec une telle conviction. Ton garçon recevra une convocation début septembre pour passer ses tests d’aptitude, d’ici là rien ne sert de te mettre martel en tête et tu embrasseras Hellènes de ma part, mes visites comme les vôtres sont trop rares hélas.

CHAPITRE 119 (Orléans)

« La veille en fin d’après-midi, chez les Lemont. »

Toute la famille Lemont est réunie dans le salon, avec en prime leur neveu et les amis de Flavien, qui sont devenus également ceux d’Alexie depuis maintenant un an qu’ils se connaissent.

La rencontre entre Marc et Flavien lors de leur installation en cité universitaire où ils se sont retrouvés voisins mais surtout aussi seuls l’un que l’autre, a marqué le début d’une amitié maintenant très forte et les invitations de Flavien pour que son ami ne se retrouve pas seul pendant les congés, l’ont fait très vite apprécié par Bastien et sa femme Henriette, trouvant dans ce jeune homme bien trop maigre une gentillesse et un charme qui l’ont fait l’adopter par toute leur famille.

Ludovic n’est d’ailleurs pas en reste, il a tout de suite été conquis par ce grand échalas squelettique qui sait le faire rire comme personne et c’est le hasard d’une visite d’Alexie à ses cousins qui a fait qu’ils se retrouvent maintenant tous liés par une amitié peu commune.

Pour Arnault, c’est venu un peu plus tard lors d’une visite de Marc et de Flavien au manoir, le grand blond lui ayant fait une telle impression qu’ils se sont eux aussi très vite senti des liens assez forts pour qu’ils éprouvent l’envie de se revoir et c’est pendant ses fréquents passages dans la région, qu’Arnault a été présenté au reste de la famille.

C’est donc dans un salon plein à craquer, qu’ils discutent de cette visite qu’ils ont eu un peu plus tôt dans l’après-midi.

- (Flavien) Bizarre toutes ces questions vous ne trouvez pas ?

- (Marc) Surtout venant d’une personne aussi importante !! Le directeur de la DST !! Rien que ça !!

- (Bastien) Il avait l’air d’en connaître beaucoup plus que nous sur celui qui a guéri « Ludo » en tous les cas.

- (Flavien) Tu y as cru toi à cette histoire d’enquête sur le gars qui nous a envoyé le colis ?

- (Henriette) Il doit bien y avoir du vrai, n’oublie pas que ton frère n’avait que très peu de chances de s’en sortir !! Tu l’as dit toi-même l’avoir entendu de la bouche des médecins !!

- (Flavien) Oui mais j’ai comme eu l’impression qu’il ne nous disait pas tout, en fait je pense même que s’il est venu c’est juste parce qu’il te l’avait promis au téléphone quand il t’a demandé les trois lettres de la signature au bas de la lettre.

- (Marc) C’est drôle mais j’ai ressenti la même chose, on aurait même pu penser qu’il était gêné d’être là !! Comme s’il avait appris depuis des choses qui nous concernent et qu’il ne pouvait pas le dire !!

Alexie fixe depuis un moment son ami Arnault.

- Peut-être que c’est toi qui ne nous dis pas tout ??

- (Arnault) Comment ça ??

- (Alexie) Comme cette histoire de cicatrice disparue par exemple, il y a bien eu quelqu’un qui t’a approché ou fait quelque chose pour que ça puisse se faire, non ?

- (Arnault) En fait je pense savoir qui est exactement ce F.DB !!

- (Bastien) Et c’est seulement maintenant que tu nous le dis ?

- (Henriette) Tu en as trop dit maintenant, alors va jusqu’aux bouts de tes pensées !!

- (Arnault) Je ne voudrais pas lancer une connerie, mais je pense que c’est du fils de mon patron qu’il s’agit.

- (Bastien) Il s’appelle comment ton patron ?

- (Arnault) Pierre De Bierne !!

- (Bastien) Et son fils ?

- (Arnault) Florian !! Florian De Bierne !! Mais c’est tellement gros que ça ne peut être ça !!

- (Marc) F.DB !! Ça se tient pourtant, pourquoi tu ne l’as pas dit plus tôt ? J’aurais bien aimé voir la tête du type de la DST en l’apprenant, du moins s’il ne le savait pas déjà !!

- (Flavien) Et aussi le rapport avec ta cicatrice ??

Arnault se sent fixé intensément, il soupire alors en se lançant à leur raconter l’histoire qu’il lui est arrivé dans l’avion pendant le vol où il conduisait son patron et sa famille dans le sud de la France, tous l’écoutent en silence et ce n’est que quand ils comprennent qu’il a fini son histoire, que les questions pleuvent de nouveau sur lui.

- (Marc) Il te connaissait donc ?

- J’en ai eu l’impression, oui !! Mais moi c’était la première fois que je le voyais, j’en suis certain !!

- (Flavien) Qu’est ce qui peut te rendre aussi sûr ? Il peut y avoir des années que tu l’aurais vu et qu’il se serait rappelé de toi, qui sait !!

- Alors là crois-moi, c’est impossible !! Je m’en serai rappelé aussi fais-moi confiance !!

- (Flavien) Et pour ta cicatrice ? Pourquoi tu ne t’es aperçu de rien avant ?

- Parce que j’ai cru au début que ce n’était qu’une caresse qu’il me faisait sur la main !!

Alexie, troublé.

- Comment ça une caresse ?

Marc voit bien le visage d’Arnault devenir rouge de gêne, une question lui vient alors à l’esprit qu’il pose sans réfléchir.

- Tu as pensé qu’il te draguait ??

CHAPITRE 120 (Orléans) (suite)

Alexie s’aperçoit à son tour des rougeurs de plus en plus visibles sur le visage de son copain.

- On dirait bien que oui !! Tu verrais ta tête, on croirait que tu vas prendre feu ! Hi ! Hi !

Alors comme ça le fils de ton taulier t’a dragué ?

- (Arnault) C’est ce que j’ai tout de suite pensé, c’est vrai !!

- (Marc) Et tu t’es laissé faire sans réagir ?

- J’aurai bien voulu t’y voir ?? C’est le fils du patron et son père était à deux rangées de fauteuils de nous en plus !! De toute façon je ne pense pas que ce soit ça le plus important, posez-vous plutôt la question de savoir d’où il vous connaissait vous ?? Il m’a parlé de « Ludo » et de Flavien, en plus il devait bien connaître aussi Alexie sinon comment aurait-il su pour ses problèmes de peau ??

- (Flavien) Si tu nous décrivais un peu ton « dragueur » ? Ça nous aiderait peut-être à nous en souvenir si c’était le cas ??

- Pour ça c’est facile, c’est un petit rouquin style crevette hyper mignon aux yeux d’un vert comme je n’en avais jamais encore vu et entre seize et dix-sept ans je dirais, quoiqu’il puisse ne pas faire son âge et être un peu plus âgé que ça !!

Pendant la description de Florian par Arnault, ils se regardent tous avec étonnement et c’est Marc qui le premier en reste sur le cul de ce qu’il croit en comprendre.

- Hé bé dis donc !! A la façon dont tu en parles, il t’a fait de l’effet le rouquin !!

- Pffttt !! N’importe quoi !! En plus à ce que j’en sais il n’est pas bon le fréquenter de trop près !! Paraît que c’est un pourri de première malgré sa petite gueule d’ange !!

- (Alexie) Pas si pourri que ça apparemment si c’est bien lui qui a envoyé le colis !!

Bastien se lève.

- Bon !! Nous n’avancerons pas plus sur cette histoire je le crains, le principal c’est que tout aille bien maintenant pour Ludovic et le reste même s’il met notre curiosité à rude épreuve, n’est pas si important que ça au final. Nous avons promis à « Ludo » de l’emmener au cinéma à la séance de vingt heures, alors nous allons vous laissez entre vous car je ne pense pas qu’un dessin animé vous intéresserait.

Les quatre copains opinent de la tête dans un parfait ensemble qui fait sourire Bastien et Henriette, ce n’est qu’une fois qu’ils sont partis avec le petit que la conversation reprend mais sur un tout autre sujet d’intérêt cette fois ci et Arnault ressent bien les regards goguenards qu’ils portent tous sur lui, en imaginant sans peine la raison qui le fait à nouveau reprendre sa teinte tomate bien mûre.

- (Marc) Je m’en doutais un peu tu sais ?

- …..

- (Marc) C’est bien à toi que je parle alors ne fais pas l’ignorant, tu veux bien ??

- (Arnault) Mais de quoi tu parles ??

- (Marc) Du petit gars mignon à la gueule d’ange, tu te souviens ?? C’est une drôle de façon pour un garçon d’en décrire un autre tu ne trouves pas ? Sauf si bien sûr il l’intéresse ou s’il en est tombé amoureux !!

- (Arnault) Attends !! C’est quoi l’embrouille ?? Ah !! Ok !! Tu me charries là, pas vrai ??

- (Alexie) C’est bizarre mais j’ai eu la même impression !!

- (Flavien) Tout comme moi !!

Arnault déstabilisé pour le coup.

- Hé les gars !! Vous me faites quoi là ??

- (Marc) On aimerait juste que tu sois honnête avec nous, c’est tout !!

- (Alexie) En plus ce ne serait pas vraiment une découverte !!

- (Flavien) Tu ne devrais pas laisser ton téléphone traîner partout ! Hi ! Hi !

- (Marc) Surtout quand un certain « Alex » n’arrête pas de t’appeler.

- (Alexie) Ou « Tony » !!

- (Flavien) Ou encore « Didou » !! Remarque à sa voix j’ai tout d’abord bien cru que c’était une fille ! Hi ! Hi

Arnault se sent mal d’un coup, il n’aurait jamais pensé que son « secret » serait découvert par ses amis et il ne sait pas ce qu’il donnerait pour ne pas être là au milieu d’eux en ce moment précis.

Ses jambes commencent à trembler et il ne trouve rien à dire pour se défendre, sachant bien que de toute façon ça ne servirait à rien puisqu’ils ont l’air de bien connaître les prénoms ou surnoms de ses coups d’escales.

Il se maudit juste de leurs avoir donnés son numéro, ne se doutant pas un instant qu’ils pourraient avoir envie de le revoir, ayant été pourtant très clair avec eux sur ses intentions purement sexuelles mais surtout sans lendemain.

Arnault met ses mains sur son visage pour cacher sa honte à ses amis, ses émotions débordent alors sans qu’il puisse les retenir plus longtemps et il éclate en sanglot, libérant ainsi sa peur d’avoir été découvert mais surtout du risque de perdre leur amitié.

C’est Marc qui réagit le premier, de voir celui qu’il considère depuis toujours comme son frère se mettre dans un tel état lui est insupportable et il vient s’asseoir près de lui en le prenant dans ses bras.

- Ce n’est pas grave tu sais ? Nous voulions juste que tu arrêtes de nous cacher ce que tu es véritablement, nous ne te jugeons pas et tu es libre de mener ta vie comme tu en as envie, c’est juste que maintenant tu sais que nous sommes au courant c’est tout !!

Alexie est devenu blême, le fait d’en parler lui est encore plus difficile à digérer que de l’avoir appris sans en avoir la réelle certitude même si le doute n’était pourtant pas de mise et une colère sourde lui vient qu’il ne peut maîtriser plus longtemps.

- T’es un beau salaud quand même !! C’est sûr que je n’étais pas assez bien pour toi !! Rendez-vous compte !! Un mec couvert d’acné !! C’est mieux de se taper en douce tous les mecs un peu beau gosse qui passent devant ton nez, pas vrai !! Connard va !!

CHAPITRE 121 (Orléans) (fin)

Flavien tout comme Marc et Arnault, n’en revient pas de comprendre les paroles de son cousin, mais surtout ce qu’elles impliquent comme aveux de ce qu’il ressent et qui au ton qu’il y met pour les cracher au visage de son copain, ne date certainement pas d’hier.

Maintenant ils sont trop surpris pour réagir et ce n’est qu’au claquement de la porte quand Alexie quitte l’appartement, qu’ils sortent de l’espèce de léthargie qui les avait pris devant cet excès de colère aussi brutal qu’inattendu venant de leur ami.

- (Flavien) Et bien ça alors !!!

- (Marc) Je n’aurais jamais pensé à un truc pareil !!

Tous les deux fixent maintenant Arnault en attendant une réaction de sa part, celui-ci bien sûr ne manque pas de s’en apercevoir et le coup de colère d’Alexie porté contre lui, lui a presque fait oublier ce qui à peine une minute plus tôt le mettait lui aussi dans tous ses états.

- Qu’est-ce qu’il lui a pris ??

- (Flavien) Si tu n’as pas encore compris, c’est que tu es bouché à l’émeri mon gars !!

- (Marc) Pourtant avec ta vie dissolue, ça devrait pourtant glisser tout seul !!

Arnault préfère ne pas répondre à la pique de Marc, sachant très bien ce qu’elle signifie comme reproche à cette vie « dissolue » comme il le dit si bien et qu’il a menée jusque-là.

- Pourquoi il a parlé de son visage ?

- (Flavien) Pose toi déjà la question avant de nous la poser ? Profites-en pour te poser également la question sur le reste de ses paroles, peut être alors que tu comprendras mieux sa colère contre toi !!

- (Marc) Oh !! « Nono » ?? Tu n’as pas encore pigé qu’il t’aime ou il te faut un dessin ??

- Mais !! Je croyais qu’il ne me considérait que comme un ami !! Comme toi et Flavien !!

Marc se tourne vers le grand blond en lui faisant les yeux doux, Flavien comprend qu’il va encore lui lancer une vanne comme il en a l’habitude et ne lui en laisse pas le temps.

- Un seul mot le squelette et je t’écrase façon potion chinoise ! Hi ! Hi ! Bon restons sérieux les gars, il faut réagir avant que les choses empirent !!

- (Marc) Tu proposes quoi ?

Flavien se contente de regarder Arnault, une lueur de compréhension lui vient alors devant le visage défait de son copain qui n’a plus rien à voir avec la honte qu’il éprouvait du fait qu’ils aient découvert son homosexualité et ce qu’il a maintenant sous les yeux, c’est un garçon troublé et fortement marqué par des sentiments qu’il se découvre tout à coup.

- Toi aussi tu l’aimes, pas vrai ? Ça expliquerait beaucoup de choses, entre autres pourquoi tu ne t’attaches pas aux garçons que tu fréquentes.

Marc stupéfié.

- Qu’est-ce que c’est encore que cette histoire ? Tu veux nous faire croire quoi ? Qu’il couche avec tout ce qui remue du cul parce qu’il pense à « Alex » ?

- (Flavien) Plutôt pour essayer de l’oublier je dirais !! Sinon il serait déjà avec un autre mec, peut-être pas comme amoureux mais au moins comme régulier.

- (Marc) Là, tu m’en bouches un….

Il regarde la carrure de Flavien et ricane.

- En fait, non !! Je ne préfère pas ! Hi ! Hi !

Arnault ne peut s’empêcher de sourire malgré que le moment ne soit pas vraiment le plus opportun.

- Qu’est-ce que tu peux être con quand tu t’y mets !! Sérieux les gars ?? On fait quoi ??

- (Flavien) Toi tu te poses ici et tu fais déjà le tri dans tes sentiments, pendant que moi et Marc on va chercher « Alex » !! Je tiens à ce que tout soit rentré dans l’ordre entre nous tous d’une façon ou d’une autre avant le retour des parents.

Ils n’attendent aucune réponse qu’ils en sont déjà à enfiler leurs chaussures pour sortir, Marc jette un dernier coup d’œil vers Arnault et reste un moment figé devant les larmes qui coulent sur ses joues, c’est un léger coup de coude de Flavien qui le décide enfin à bouger et sortir de l’appartement.

CHAPITRE 122 (Aix en Provence)

« Chez les De Bierne, milieu de matinée. »

Yuan accompagné d’Antoine font le tour du quartier avec en mains le plan que leur a donné Florian, ils y notent toutes les modifications et surtout les noms des habitants de chaque pavillon qui différent de ceux inscrits sur la feuille.

- (Yuan) Il ne reste pas grand monde de ceux des souvenirs de Florian c’est sûr !!

- (Antoine) C’est l’exode tu veux dire ?? Il ne reste pas le quart des familles en place !!

- (Yuan) Bon !! On termine vite fait et après on voit Michel pour qu’il nous en dise plus sur ceux qui sont rayés de la liste, juste pour savoir s’ils ont bien vécu un temps ici ou pas !!

- (Antoine) Bonne idée ! Après ça on retrouve le rouquemoute ! Hi ! Hi ! Il doit commencer à trouver le temps long !!

- (Yuan) Non mais, tu plaisantes là !! Il ne s’est sûrement même pas aperçu que nous étions partis, il était déjà plongé dans ses bouquins rappelle toi ?

- (Antoine) C’est quand même bizarre qu’il ne cherche pas à retrouver plus vite ses anciens amis ?

- (Yuan) Je le comprends aussi !! A chaque fois c’est une épreuve pour lui et je trouve qu’au contraire, il fait bien de faire une pause entre chaque. Ce n’est pas encore tout à fait redevenu avec Chloé comme pour nous, je suis certain qu’une fois que ce sera le cas il envisagera d’aller à la rencontre du suivant.

- (Antoine) Vu le nombre et au rythme où ça va, il n’est pas prêt d’en voir le bout !!

Yuan observe son copain en marchant prêt de lui, il sourit de voir avec quelle minutie il tient le plan à jour tout en discutant le bout de gras avec lui.

- Tu n’as pas envie d’en retrouver quelques-uns avant les autres, toi ? Comme un certain triplé par exemple ?

- Où une certaine Patricia ? Bah !! Ce n’est même pas sûr qu’ils existent puisqu’ils font partie de ceux que « Flo » a classé dans la liste des non connus dans une de ses anciennes réalités.

- (Yuan) Sauf qu’il les a peut-être rencontrés sans y faire consciemment attention.

- (Antoine) Je ne sais pas trop en fait !! Je préfère tomber amoureux naturellement plutôt que de forcer le destin, si je dois rencontrer Jonas ça se fera comme pour toi Patricia et si c’est quelqu’un d’autre et bien ça se fera également, je n’ai aucun apriorisme là-dessus.

- (Yuan) Tu as sans doute raison, ce n’est pas parce qu’il a vécu ses souvenirs d’une certaine façon que ça doive se reproduire à l’identique et d’ailleurs tu vois bien déjà que ceux qu’il nous a raconté n’ont rien à voir d’une réalité à l’autre.

- (Antoine) Certaines choses se feront et d’autres pas ? C’est ce que tu veux dire si j’ai bien compris ?

- Exactement !! Je pense que plus ils seront près dans l’affectif de Florian et plus les choses se mettrons en place comme il s’en rappelle, pour les autres ça peut être le jour et la nuit, regarde déjà pour ce pauvre Erwan !! Mes avis qu’il y en aura d’autres, sans souhaiter pour autant la mort de quiconque tu t’en doutes bien !!

- (Antoine) Tu penses à la garde rapprochée ou au harem comme il aime à vous appeler en disant ça ?

- Exactement !! Je ne serai pas étonné de rencontrer très bientôt Éric et Raphaël, voir même le petit dernier Antonin !!

- (Antoine) Et pour Thomas ?

- (Yuan) Là !! C’est une autre paire de manche !! Je trouve bizarre que personne n’en ait entendu parler et ce même après les premières recherches de Philippe à la mairie.

- Tu crois qu’il existe vraiment et qu’on le retrouvera ?

- Il vaudrait mieux pour Florian, sinon je ne sais pas ce qu’il se passera mais je ne le sens pas bien du tout !!

Antoine soupire un grand coup, termine de noter les habitants des dernières maisons qu’il y a de dessiné sur le plan et resoupire un grand coup en rangeant son stylo.

- Bah nous verrons bien !! Bon !! Terminé !! Reste plus qu’à vérifier tout ça avec Michel et sortir ensuite « Flo » de ses bouquins !!

- J’espère qu’il aura envie d’un câlin.

- (Antoine) Tu l’as déjà vu ne pas en avoir envie toi ? Depuis qu’on est là j’ai dû jouir deux fois plus qu’avant de toute ma vie ! Hi ! Hi !

- Pareil pour moi tu sais !! Heu… !! Je peux te demander quelque chose ?

- Bien sûr quelle question !!

- Ça ne te dérangerait pas de me laisser seul avec « Flo » un soir ? J’aimerais aller plus loin avec lui tu comprends ?

- Ok à une condition ? Que nous aussi on passe une soirée ensemble, j’aimerai aussi aller plus loin avec toi !!

Yuan s’arrête pour bien fixer son copain dans les yeux et être certain d’avoir bien compris sa demande.

- On parle bien de la même chose ?

- Je pense que oui !!

- C’est le fait que vous soyez cousins qui vous bloquent à le faire l’un devant l’autre ? Ou c’est juste parce que vous avez peur de …. Déraper et le faire ensemble ?

Antoine reste un moment songeur.

- En fait tu as raison !! Rien ne t’empêche de le faire avec lui quand je suis là ni moi avec toi quand il est là, juste savoir si tu en as envie avec moi et Florian avec toi ? Mais là je ne pense pas qu’il y ait un problème, s’il y en a un ce serait plutôt de toi vis à vis de moi qu’il viendrait, pas vrai ?

- (Yuan) Pourquoi dis-tu ça ? Je n’ai aucun blocage vis à vis de toi, bien au contraire je dirais même et cette conversation non seulement me fait plaisir mais en plus a le mérite de mettre les pendules à l’heure et crois-moi tu vas prendre cher la prochaine fois mon gars ! Hi ! Hi !

- Tout comme toi camarade, faudra juste faire gaffe si tu ne l’as jamais fait d’y aller tranquille !!

- (Yuan) C’est comme pour toi, non ?

Antoine grimace pour répondre.

- Pas vraiment, non !! Mais je préfère oublier, ce sont des mauvais souvenirs tu comprends !! Juste que j’espère que tout ira bien et ne pas avoir de blocages là-dessus au moment de franchir le pas après ce que j’ai subi !!

CHAPITRE 123 (Aix en Provence) (fin)

Yuan se retrouve troublé à l’écoute des dernières paroles d’Antoine, il lui prend ses deux mains dans les siennes et fixe intensément ses yeux dans ceux de son ami, ensuite d’une voix rauque visiblement perturbée il lui demande.

- Qu’est-ce qu’il t’est arrivé donc ??

Antoine ressent toute l’empathie qu’il y a dans ce regard qui ne cesse de le fixer en profondeur au point qu’un long frisson lui parcourt le corps à la vision de ses grands yeux en amande, s’assombrissant de l’intérêt soudain qu’il lui porte.

C’est comme un grand flash dans la tête d’Antoine, où tout d’un seul coup devient clair et il s’étonne même de ne pas y avoir pensé plus tôt, le magnifique garçon en face de lui qui a toujours été un ami même s’ils ne se voyaient qu’occasionnellement, est devenu depuis ces quelques jours beaucoup plus même, que le compagnon intime des jeux de sexe qu’ils vivent avec son cousin.

Antoine lui raconte donc d’une voix hachée par l’émotion, le viol organisé par ce même cousin et son soi-disant petit copain où il a été la principale victime ce jour-là tout du moins, car l’aventure semblait suffisamment bien roder pour qu’ils n’en soient pas à leurs premiers ni à leurs derniers coups d’essais.

Yuan le laisse terminer sans rien dire, ses yeux parlants pour lui en exprimant toute l’horreur et la tristesse de comprendre ce qu’a vécu son compagnon, saisissant mieux maintenant les réserves qu’il émettait quand à prendre du plaisir à aller plus loin avec lui.

L’envie de Yuan de prendre Antoine dans ses bras, lui fait comprendre brusquement que ce garçon est devenu pour lui beaucoup plus qu’un ami et c’est une pulsion irrépressible qui lui amène ses lèvres au contact des siennes pour un long baiser n’ayant de sens que par les sentiments qu’il vient de se découvrir pour Antoine.

La surprise d’Antoine n’est rien à côté des battements affolés de son cœur, quand il lui rend son baiser avec une telle fougue qu’elle les laisse tous les deux un long moment à enfin comprendre ce qu’ils leur arrivent.

Les lèvres se détachent, un sourire resplendissant et des yeux brillants de bonheur, les lèvres qui reviennent à la charge avec cette fois la conviction que ce que l’un ressent est au diapason de l’autre.

Il leur faut plusieurs minutes pour qu’ils se séparent, les yeux mouillés d’émotions et qu’ils poursuivent leur chemin l’esprit encore embrumé de cette découverte du lien amoureux qui les unit, chacun déjà dans ses pensées à se demander comment ils vont l’annoncer à leurs proches.

C’est presque arrivé au lotissement, qu’une question se pose soudainement à eux et c’est en même temps qu’ils se tournent l’un vers l’autre pour se la poser.

- Et pour Florian ???

Un sourire leur vient, suivit d’une crise de rire avant qu’ils puissent enfin répondre chacun leur tour à cette question commune, mais qui a l’évidence les travaille quand même fortement.

- (Antoine) Il me semble que tu m’as déjà répondu une fois ?

- (Yuan) Oui, mais pour toi ?

(Antoine) Je l’ai toujours bien kiffé tu sais ?

- (Yuan) On pourrait en parler avec lui ? En plus ce n’est pas comme s’il n’avait pas déjà connu ce genre de situations !!

- (Antoine) Oui, mais il avait son Thomas et là pour l’instant il n’a que nous deux !!

- (Yuan) Qu’est-ce que ça change, si nous restons avec lui comme nous le faisions dans ses souvenirs ?

- (Antoine) Comme « tu » le faisais !! Je ne faisais pas parti du fameux « harem » je te rappelle.

- (Yuan) Sauf que là c’est bien parti pour !! Cette histoire de parenté n’a pas de sens, ce n’est pas comme si vous étiez intimes depuis tout gosse comme le sont la plupart des cousins !!

- (Antoine) Tu as sans doute raison !! Qui sait après tout si mon blocage avec lui ne vient pas plutôt de ce qui m’est arrivé ?

- (Yuan) Pour lui ce serait pareil alors, puisqu’il l’a appris apparemment avec autant de surprise et d’horreur que moi !!

- (Antoine) Ne nous faisons pas tout un monde de cette histoire, nous verrons bien comment les choses se présentent et puis il suffirait que nous retrouvions un de ses autres « amis » pour changer la donne !!

Antoine voit bien la grimace de Yuan à ses dernières paroles.

- Ça n’a pas l’air de t’enchanter des masses ? Tu me diras moi non plus, c’est que j’y tiens aussi à mon « p’ti » rouquin Bonobo ! Hi ! Hi !

***/***

J’entends le rire d’Antoine depuis la terrasse où je m’étais installé pour lire tranquillement, du coup je range le livre que j’ai encore en main car j’en ai un peu assez pour ce matin et je me lève ensuite pour les rejoindre, quand un sourire me vient brusquement en les voyant se tenir par la main avec un je ne sais quoi qui me dit que quelque chose vient de changer dans la relation qu’ils avaient ensemble jusque-là.

Cette réalité n’a pas fini de m’amener des surprises bonnes ou mauvaises suivant le cas, celle-ci n’en étant qu’une de plus pour ce que l’avenir me réserve encore et je me dis qu’il serait fort étonnant que nous rencontrions un jour les triplés ou Patricia et que même si c’était le cas, il y a de fortes chances qu’il y aurait d’autres personnes auxquelles ils se seraient déjà attachés.

D’ailleurs cette idée me fait juste penser à un truc pourtant facile à vérifier, demander à Maurice s’il a un Victor Novack dans son service.

CHAPITRE 124 (Reims) (Quelques jours plus tard, un matin tôt)

« Palais de justice, bureau du juge pour mineur Annie Viala. »

Annie prépare les dossiers qu’elle va avoir à juger dans l’après-midi, rien de bien grave aux premières lectures qu’elle en a fait et ceux-ci devraient ne pas lui prendre trop de temps, ce qui lui permettra d’aller faire les quelques courses personnelles qu’elle reporte sans arrêt.

« Toc ! Toc ! »

Annie sursaute car ce n’est pas dans les habitudes de ses collègues de s’annoncer de la sorte et le filtrage du service de sécurité n’aurait très certainement pas laissé pénétrer un inconnu, dans cette partie-là du Palais tout du moins.

- Oui ??

La porte s’ouvre alors sur un homme grisonnant à la carrure et au charisme certain, qui entre sans paraître intimidé le moins du monde, ce qui vu la fonction d’Annie est suffisamment rare pour qu’elle s’en fasse la remarque.

- (Maurice) Bonjour Madame !! Vous êtes bien Annie Viala, la juge pour enfant ?

- C’est bien moi en effet, mais je ne crois pas vous connaître !! Monsieur… ???

- Désmaré !! Maurice Désmaré !! Voici ma carte, ma visite n’a pas été programmée à l’avance et je m’excuse de vous prendre au dépourvu de la sorte, mais il était important que je vous voie pour une affaire qui vient de ce matin même être déclaré confidentiel défense par notre président.

Annie l’écoute d’une oreille, alors qu’elle prend connaissance de ce qui est inscrit sur la carte de visite.

- En quoi puis-je vous être utile ?

- Je vais y venir, le temps que vous receviez de votre ministre de tutelle la preuve que je suis bien ce que je prétends être et qu’il vous confirme l’importance primordiale de garder pour vous ce que je vais vous apprendre.

- En attendant, veuillez-vous asseoir monsieur Désmaré.

- Je pense que nous allons souvent avoir l’occasion de nous rencontrer, alors si cela ne vous gêne pas autant m’appeler par mon prénom et réciproquement.

- Soit !! J’avoue que cette visite m’intrigue au plus haut point, que vient faire le directeur de la DST dans le bureau d’une petite juge de province ?

- Vous n’êtes pas si petite que ça ! Hi ! Hi !

Annie est troublée par la répartie somme toute amicale de Maurice, elle trouve aussi que pour une affaire d’état il est plutôt relaxe dans sa façon d’être actuelle.

- Si nous en venions aux faits ? Il va de soi que je ne prendrais aucune décision quelle qu’elle soit avant d’avoir eu confirmation de la raison officielle de votre présence, maintenant rien ne vous empêche de m’en dire plus sur le sujet de votre visite.

- C’est exact !! Et bien allons-y !! Connaissez-vous Florian De Bierne ?

- Décidément !! C’est la deuxième fois ce mois-ci que j’entends parler de ce garçon !! Et pour répondre à la question, j’aurais préféré et de loin ne jamais en avoir entendu faire de nouveau mention !!

- C’est aussi ce que je me suis dit avant de le connaître figurez-vous !! Que pouvez-vous m’en dire en restant dans les grandes lignes car je connais très bien son dossier et ma demande n’est motivée dans un premier temps qu’à connaître votre ressenti sur ce garçon.

Annie hésite un moment à donner des informations à cet homme qui pourtant a su la mettre en confiance dès son entrée dans son bureau, elle finit par sortir le dossier du jeune De Bierne d’un de ses tiroirs et en quelques phrases succinctes, lui explique ce qu’il en est mais surtout ce qu’elle en pense.

- Un garçon très prometteur pour passer de longues années aux frais du gouvernement apparemment !!

- Pourtant votre collègue de Paris ne tient plus le même langage alors qu’il m’a avoué que comme pour vous à l’instant, il pensait lui aussi qu’il n’y avait plus que l’enfermement comme solution pour ce garçon et d’ailleurs c’était bien dans son intention de le faire à la dernière comparution de Florian.

- (Annie) Il ne l’a pas fait parce qu’il a cru à son histoire d’amnésie, ce qui pour moi me semble une pure gageure au demeurant !!

- (Maurice) Croyez-vous vraiment que nous nous intéresserions à son cas s’il n’y avait rien de troublant dans son histoire ?

Maurice sort un dossier de son attaché-case, il va pour le tendre à Annie quand une question se pose à lui soudainement.

- Vous êtes bien mère de trois garçons ?

- C’est exact !! Je ne vois pas ce que viennent faire mes fils dans tout ça ?

- Ils sont en bonne santé ?

- Mais bien sûr, allez-vous me dire enfin à quoi riment ces questions sur ma famille ?

Maurice pousse un ouf intérieur de soulagement avant de répondre.

- Vous allez très vite comprendre, j’ai juste une dernière question et ensuite je vous laisserai prendre connaissance de ce dossier.

- Quelle est cette question ?

- Est-ce que Florian De Bierne pourrait connaître l’endroit où vous vivez ainsi que des choses privés quelles qu’elles soient vous concernant vous et votre famille ?

- Bien sûr que non !!

Maurice lui tend la pochette en souriant à l’avance.

- Alors regardez bien ce que contient cette pochette qu’il m’a remise spécialement pour vous !!

Annie va pour lui répondre que si c’est une plaisanterie, celle-ci ne l’amuse pas spécialement quand il lui fait comprendre d’un geste d’ouvrir ce qu’elle tient maintenant en main.

C’est avec un fort soupir d’exaspération, qu’elle retient ses paroles pour prendre connaissance de ce qui semble être suffisamment important pour qu’il se soit déplacé jusqu’à elle rien que pour le lui montrer.

Maurice suit de près ses expressions du visage au fur et à mesure qu’elle découvre les dessins la représentant elle et sa famille, dans différentes pièces de son appartement.

Un certain temps se passe avant qu’Annie relève les yeux enfin sur lui, visiblement émue et troublée de ce qu’elle vient de voir.

- Si vous m’expliquiez ce que tout ceci signifie ?

- Ce que vous avez sous les yeux ne sont que les souvenirs de Florian qu’il a retranscrit fidèlement, souvenirs des presque deux ans qu’il nous assure avoir passé chez vous !!

CHAPITRE 125 (Reims) (Quelques jours plus tard, un matin tôt) (suite)

Annie prend alors une expression démontrant un tel effarement que Maurice ne peut s’empêcher d’en sourire tout en se rappelant qu’il n’y a pas si longtemps, il était lui-même dans le même état.

- Je sais très bien ce à quoi vous pensez sur l’instant, mais je vous assure que tout ceci est bien réel.

Il sort alors de sa poche ce qui ne le quitte plus depuis qu’il en a eu possession, si ce n’est qu’il en a fait plusieurs photocopies afin de préserver l’original et le montre à Annie avec toujours et encore la main tremblante d’une émotion encore fort présente.

Annie s’aperçoit bien sûr du trouble de son visiteur, elle en oublie un instant ses propres questions pour regarder attentivement le dessin qui en toute vraisemblance le représente entourer de sa famille.

- Vous avez de beaux enfants, félicitations !!

- Détrompez-vous !!

Il pointe du doigt son fils Erwan.

- A part celui-là, les deux autres me sont complètement inconnus et en ce qui concerne mon fils Erwan, il est décédé à l’âge de neuf ans et ça fait plus de dix ans que s’est arrivé !!

- (Annie) Mais alors !! Vous aussi il vous a connu dans ses souvenirs ? Je comprends mieux votre question sur la santé de mes enfants, ça a dû être un choc terrible pour vous de voir cette image !!

La porte s’ouvre soudainement, interrompant la conversation et une femme apparaît tenant en main un dossier qu’elle remet à Annie en jetant un regard incrédule sur Maurice.

- Un courriel venant du ministère pour toi Annie !! Il était marqué urgent, j’ai cru bon de te l’amener sans tarder !!

- (Maurice) Surtout après en avoir pris connaissance, n’est-ce pas ?

Il voit les joues de la femme s’empourprer de gêne, Annie n’est pas dupe elle non plus et préfère congédier sa collègue.

- Merci !! J’attendais justement ce pli pour poursuivre avec monsieur Désmaré !

Maurice attend que la femme sorte pendant qu’Annie prend connaissance des recommandations du ministère au sujet de la présence du directeur de la DST et sur le fait qu’elle devra lui prêter assistance au mieux de ses moyens, sans déroger toutefois à ses valeurs de justice.

Quand il voit qu’elle en a terminé de prendre ses instructions, qu’il connaît aussi bien quelle puisque c’est lui-même qui les a dictées. Maurice reprend la parole en profitant que cette interruption fortuite les ait un peu libérés de l’émotionnel et de l’affectif des dernières minutes.

- Bon !! Maintenant que vous avez l’assurance du bien-fondé de ma présence, passons aux choses sérieuses !! Ou tout du moins au but de la mission qui va être la vôtre durant ces prochains mois.

- Donnera-t-elle une explication à ces dessins ? Crédible je veux dire !!

- Si vous êtes ouverte d’esprit ce que je ne doute pas un instant, alors disons que si elle ne vous apparaît pas crédibles dans le sens de nos connaissances actuelles !! Du moins pourrez-vous en avoir une approche de compréhension suffisante pour envisager que cela puisse être réel.

- Quelle sera donc cette…. Mission et qu’attendez-vous de moi exactement ? Ces images ont le mérite d’exister, même si elles ne correspondent absolument pas à mes souvenirs de situations similaires !! Donc ce…. Garçon !! Aurait réellement perdu la mémoire lors de son coma et en aurait retrouvé une que personne à par lui ne se rappelle ?? Avouez que c’est quand même fort de café cette histoire !!

- (Maurice) Le seul qui saura vous persuadez, c’est Florian lui-même et je ne m’y essaierai donc pas !! Ce que j’attends de vous, c’est que vous le preniez en pension chez vous comme il dit l’avoir été dans ce que nous appellerons pour ne pas polémiquer à chaque fois là-dessus, une autre réalité.

- Et vous pensez sérieusement que je vais ouvrir les portes de chez moi à ce jeune délinquant ?? En plus sur une idée aussi farfelue que sont ces réalités subjectives ?? Tout ça parce que vous m’avez montré quelques dessins dont je ne m’explique pas comment ils peuvent avoir été croqués avec autant de réalisme !!

- Il n’y a donc rien dans ces dessins qui vous prouveraient ne pas être simplement un instant réel de votre vécu ? Comme moi avec mon fils par exemple ?

Annie reprend les planches une à une, son visage encore une fois se marque par l’extrême réalisme alors que ses yeux visiblement cherchent quelque chose qui n’irait pas dans le décor.

Bien sûr les meubles qu’elle a chez elle, ne sont pas tout à fait semblables et ce même si le style reste dans le goût qu’ils ont pour le sobre mais aussi le naturel, Annie tout comme Frédéric n’aimant pas ni les imitations ni les meubles de fabrication industrielle.

Donc rien à priori ne la choque plus que ça dans l’ambiance et la décoration de l’appartement qui semble bien pourtant le même que celui où ils vivent, jusqu’à ce que son œil s’arrête sur un détail qui pour la première fois lui amène le doute à l’esprit car il y a une impossibilité que personne d’autre qu’elle et sa famille ne pourrait connaître et pour cause puisque le vase d’une grande valeur qu’elle a sous les yeux et lui venant de sa mère, a été brisé dans l’année qui suivit leur mariage par Aurélien alors bébé qu’elle tenait dans ses bras et qui du fait d’un mauvais geste de sa part a eu raison de ce à quoi elle tenait beaucoup et ce principalement parce qu’il était dans sa famille depuis un certain nombre de générations.

Maurice qui l’observait attentivement, remarque aussitôt son changement de regard qui d’un coup de blasé est devenu perplexe.

- Vous avez trouvé quelque chose ?

- Ce vase très ancien qui était dans ma famille depuis plusieurs centaines d’années, il avait une grande valeur tant sentimentale que pécuniaire et était l’héritage des premiers nés de chaque dernière génération encore en vie à son mariage. Ça va faire bientôt vingt ans qu’il a été détruit et il ne peut donc pas apparaître sur ce dessin, je le reconnaîtrai entre mille sans erreur possible.

- Qu’en déduisez-vous alors ? Vous pensez toujours que ce sont des idées farfelues ?

Annie prend le temps de la réflexion avant de répondre.

- J’avoue qu’il y a de quoi remettre certaines idées préconçues en question, peut-être pas de là à admettre de but en blanc vos théories mais tout de même !! Vous me demandez donc d’héberger chez moi ce garçon ? Mais pourquoi ?

CHAPITRE 126 (Reims) (Quelques jours plus tard, un matin tôt) (fin)

- Pour l’aider à se retrouver tout simplement !! Ce qu’il vit actuellement, beaucoup en deviendraient fou !! Imaginez donc !! Vous vous réveillez un matin comme les autres et soudainement plus personne ne réagit pareil avec vous ?? On vous traite comme un délinquant alors que vous n’aviez que des amis et tous ceux qui vous sont proches ne peuvent plus vous voir.

- Ça doit être terrible en effet !! Surtout si vous n’avez vraiment aucun souvenir de ce qu’on vous reproche !!

- Je vois que vous commencez à comprendre !!

- Il y a quand même d’autres questions que je me pose depuis que vous êtes arrivé ?

- (Maurice) Comme par exemple ?

- Je ne vois absolument pas pourquoi la DST s’y intéresse un tant soit peu, mais surtout pourquoi le confidentiel-défense autour de cette histoire ? Ce serait plutôt de l’ordre des psychologues à en dénouer le fil pour comprendre ce qu’il a bien pu arriver à ce garçon après son traumatisme, vous ne trouvez pas ?

Maurice sort alors de sa poche une petite boite qu’il tend à la juge avec un petit sourire qui lui fait comprendre qu’il attendait justement qu’il lui pose ce genre de questions pour la lui donner.

- Vous comprendrez je pense que je ne puisse pour l’instant répondre à cette question, tout ce que je peux vous dire c’est qu’un éminent psychiatre s’occupe actuellement de Florian et vous aurez l’occasion de parler avec lui puisque n’oubliez pas qu’il doit vous faire son rapport chaque trimestre avant que vous ne receviez Florian pour faire suite à son dernier jugement.

- Ah !! Parce que c’est toujours d’actualité ?

- Notre but n’est pas de faire entrave à la justice, il est simplement de comprendre ce qu’est ou plutôt devrais-je dire ce qu’est devenu exactement ce jeune homme. Ce que vous tenez maintenant dans votre main, n’est rien moins qu’une des nombreuses questions que nous nous posons sur lui et qu’il ait tenu à ce que je vous le remette, croyez-moi est une preuve de l’affection qu’il a réellement pour vous et votre famille.

- Mais qu’est-ce que c’est ?

- Disons pour faire court, que c’est un médicament pour guérir votre mari de ce qui lui fait passer des nuits parfois difficiles.

- Il est au courant de ça également ?? Mais comment ??

- N’oubliez pas que pour lui, il a vécu avec vous pendant deux ans.

- Vous savez ce que contient cette boite alors ?

- Bien sûr !! Et je vous garantis que c’est sans danger !! Il répondra très certainement en partie à la question à laquelle je n’ai pu répondre tout à l’heure, quoiqu’elle vous en pose sans aucun doute ensuite une myriade d’autre.

- Je verrai à réfléchir à votre demande, s’il n’y avait que moi je serais prête à tenter l’expérience vous savez ? Seulement j’ai eu récemment l’occasion de parler à table du cas de votre protégé, peu importe la raison mais c’est comme ça que j’ai appris que l’un de mes fils le connaissait et en avait un très mauvais souvenir à cause justement de ces pratiques qui lui ont values de passer si souvent devant nos tribunaux. Il m’est très difficile maintenant de leur tenir un autre langage et de leur faire accepter cette promiscuité.

- Je comprends très bien vos paroles, je me permettrai donc d’amener une précision qui a été celle qui m’a fait venir vous voir. Votre famille dans une partie des souvenirs de Florian était comme une seconde famille pour lui et il considère vos enfants comme des frères, dans d’autres de ses souvenirs Damien a toujours été son meilleur ami de cœur.

- Vous vous rendez compte de ce que vos paroles m’amènent encore comme questions ?

- Aussi nous en resterons là je pense pour aujourd’hui, je vous demande simplement de prendre ma demande en considération et j’attendrai donc une réponse de votre part, je pense qu’il serait bien avant ça que vous rencontriez officiellement Florian avant de prendre toute décision !! Disons que vous pourriez profiter de cet acte de justice qui demande à ce qu’il soit reçu par un juge pour avaliser le fait qu’il n’a plus aucun souvenir de ses exactions passées, qu’en pensez-vous ?

- J’en pense que c’est une bonne idée !! Ne croyez-vous pas que nous aurions pu commencer par-là ?

- C’est un fait, seulement je voulais que vous sachiez à quoi vous attendre en le rencontrant !! C’est assez…perturbant et je sais de quoi je parle pour l’avoir vécu croyez le bien !!

- J’ai besoin de prendre le temps de réfléchir à notre conversation, je peux garder ces planches à dessins ?

- Bien sûr !! Vous y trouverez certainement d’autres points aussi troublants qu’avec ce vase en y regardant de plus près et surtout à tête reposée.

Annie se lève pour raccompagner son visiteur jusqu’au couloir.

- Peut-être qu’un autre comme mon mari y verra ce que je n’aurai pas remarqué !!

- Rappelez-vous juste que cette conversation ne doit absolument pas sortir de votre contexte familial !! Il y a trop de choses en jeux pour qu’il en soit toléré autrement, des choses auxquelles vous n’avez même pas encore idées.

- C’est très difficile vous savez quand on ne vous dit pas tout ?

- C’est aussi quelque part pour vous protégez, croyez le bien !!

- Nous nous reverrons donc ?

- Ça ne fait aucun doute, au revoir donc madame le juge !!

CHAPITRE 127 (Aix en Provence) (Chloé)

« Ce matin-là, chez les Jourdan. »

Anne-Lise regarde sa fille qui s’apprête à sortir, quand elle la retient par ses paroles.

- Tu oublies ta canne ma chérie !! Rappelle-toi des consignes qui nous ont été données ?

- Oups !! Merci de me le rappeler m’man !!

- Tu vas où comme ça ?

- Voir les garçons m’man !!

- Encore ?? Mais tu étais déjà avec eux toute la journée d’hier ??

- Tu ne vas pas m’en faire le reproche ? Maintenant que j’ai des amis, c’est bien toi qui me reprochait de rester toujours enfermé à la maison, non ?

- Oui mais fais attention quand même, n’oublie pas que ce sont des garçons !! Et qui plus est attirants au possible, alors tu sais ce que t’a dit ton père ?

- Ce sont juste des amis, papa voit le mal partout !!

- Tiens, tiens !! Juste des amis, vraiment ? Il n’y en a pas un qui te plait un peu plus que comme un ami ?

Chloé sourit.

- Et même si c’était le cas, je ne risquerais pas grand-chose avec lui m’man !! Les filles à part comme copines, ce n’est pas vraiment leur truc ! Hi ! Hi ! Avoue que c’est quand même du gâchis ? Pas vrai ?

- Faudrait être aveugle pour dire le contraire ma chérie, donne le bonjour à Maryse et Michel et embrasse les garçons de ma part.

- Hum !! Pour ça je n’y manquerai pas ! Hi ! Hi !

Anne-Lise sourit bien malgré elle, car Chloé a beau dire ce sont quand même des garçons qui sortent du lot et difficile d’y résister pour une jeune fille normalement constituée, le fait qu’ils soient homosexuels n’est pas une garantie qu’il n’y ait pas de dérapages même si elle fait entièrement confiance à sa fille.

***/***

« Une demi-heure plus tôt chez les De Bierne. »

Antoine et Yuan sont accoudés nus à la fenêtre de la chambre, tentant de retrouver un semblant d’énergie après le réveil particulièrement chaud qu’ils viennent de connaître.

Je les regarde, amusé de cette position qui loin de me calmer, me donne au contraire envie de remettre le couvert et la raideur de mon sexe est tout à fait au diapason de mes pensées.

- Fermez la bouche vous deux, ça fait courant d’air ! Hi ! Hi ! Wouah !! Quelle vue !!

- (Yuan) Tu crois qu’il parle du jardin toi ?

- (Antoine) Ça serait étonnant de là où il est placé ! Hi ! Hi !

Yuan se cambre un peu plus pour bien exposer ce qui a l’air d’intéresser l’excité encore dans le lit, immédiatement suivit par Antoine qui en fait autant avec un sourire gourmand que seul son petit ami asiatique perçoit et qui le met à son tour dans tous ses états.

- (Yuan) Va falloir qu’on se bouge si on ne veut pas l’avoir encore sur le dos ! Hi ! Hi !

- (Antoine) Ça ne me déplairait pas, je n’aurais jamais pensé y prendre autant de plaisir après ce que j’avais vécu !!

- (Yuan) C’est clair !! Mais il va finir par nous mettre sur les genoux à force, il n’en a jamais assez !! Je comprends mieux pourquoi il fallait s’y mettre à autant !!

- Vous dites quoi ?

- (Antoine) Yuan disait que tu vas finir par nous mettre à genoux.

- Mettez-vous en position alors, parce que j’en ai encore envie grave !!

Yuan tourne la tête vers son petit rouquin, la vue du corps alangui de celui-ci lui amène une fois encore une énorme bouffée de chaleur dans tout le corps et la raideur du « monstre » qu’il a sous les yeux, lui donne une envie irrépressible de le remettre là où le plaisir qu’il ressent est tel que tout son être communie avec l’orgasme qui le terrasse à chaque fois encore plus fort.

Depuis qu’ils sont rentrés lui et Antoine avec les renseignements de voisinage que leur avait demandés Florian, beaucoup de chose ont évolué dans leurs relations à tous les trois.

C’est comme si d’un coup toutes les barrières qui les retenaient s’étaient rompues en même temps, les sentiments qu’ils se sont découverts avec Antoine y sont à l’évidence pour beaucoup tout comme la reconnaissance réciproque de ceux qu’ils ressentent pour leur copain Florian.

Le soir même, les dernières limites qu’ils s’étaient données jusqu’à présent n’ont plus eu lieux d’être et Antoine tout comme lui a passé le pas avec un plaisir qu’ils n’auraient jamais pensé connaître un jour à un tel point d’osmose entre eux trois que les liens très forts qu’ils ressentaient déjà les uns pour les autres en ont été décuplés.

Depuis il n’y a plus entre eux aucune fausse pudeur ni blocage, conscient ou pas pour exprimer leurs envies d’un câlin ou de quoi que ce soit d’autre de plus sensuel ou plus chaud dès lors que le besoin s’en fait ressentir et ce matin-là n’y manque pas, alors qu’ils viennent déjà d’abuser de leurs corps à satiété quelques minutes plus tôt.

CHAPITRE 128 (Aix en Provence) (Chloé) (fin)

Antoine retient son bel asiatique en l’enlaçant par derrière au moment où il allait rejoindre Florian en réponse à ses dernières paroles, son sexe bien raide lui aussi s’insère dans la raie imberbe de Yuan en lui massant doucement la partie sensible encore toute ouverte de ses précédentes joutes sexuelles.

Antoine lui glisse doucement à l’oreille ces quelques paroles pour qu’il soit le seul à les entendre.

- J’ai envie de toi moi aussi, laissons-le s’exciter encore un peu et il va vite bouger ses petites fesses pour nous rejoindre tu verras.

- Hum !!! T’attends quoi alors ?

Antoine se serre encore plus contre le corps à la peau mate de son copain, un long frisson les prend tout deux quand la main de Yuan se glisse derrière lui et positionne la hampe bien dure qui n’attendait plus que ça pour l’investir en profondeur.

***/***

Je lis dans les yeux sombres de Yuan tout le plaisir qu’il prend à se sentir posséder, ses lèvres s’entrouvrent et son visage devient d’une sensualité qui met à rude épreuve mon envie de remettre ça sans attendre.

Je me lève rapidement pour me mettre à genoux en face de son sexe qui suinte déjà à connaître ce qui l’attend, deux mains brûlantes d’envie m’appuyant doucement sur la tête pour que je le prenne en bouche et commence les mêmes va et vient devant que ceux qu’il reçoit derrière.

Les quelques minutes qui suivent n’ont pour moi qu’une raison d’être, celle de donner un maximum de contentement à mon amant qui en tremble d’un plaisir d’une intensité montant crescendo jusqu’à ce que son sexe devienne aussi dur que du bois et m’annonce l’orgasme qui lui monte impérieusement dans les reins, ma main va alors titiller les fesses d’Antoine qui en frissonne par avance des deux doigts qu’il va recevoir au plus profond de son intimité et qui vont lui déclencher sa jouissance à l’instant précis où ma bouche reçoit le fruit de ses efforts.

Le râle commun que poussent mes deux copains est si prenant qu’à mon tour je gicle sans pouvoir me retenir en les rejoignant aussi bruyamment qu’ils le font déjà.

C’est une voix à la fois marquant l’amusement, la surprise et la stupeur qui nous fait remettre les pieds sur terre.

- Et bien !! On ne s’ennuie pas ici !! Et ma mère qui me disait il n’y a pas dix minutes, de faire attention à sortir avec vous ! Hi ! Hi !

Je me tourne vers Chloé, mi amusé, mi gêné d’avoir été pris la main dans le sac ou plutôt la bite à l’air et je capte son regard porté sur mon sexe encore tout humide et raide, avec un étonnement très vite suivi d’une lueur de vif intérêt.

- Ce n’est pourtant pas l’envie qui te manque, pas vrai ma puce ?

- Hum !!! Faut dire aussi que vous m’en mettez plein la vue les gars !! Moi qui n’avait encore jamais vu de garçons nus en réel, je suis servi vous ne trouvez pas ? Il faut en plus qu’ils soient en plein boum !!

- (Yuan) Tu aurais pu déjà frapper avant d’entrer ?

- (Chloé) C’est ce que j’ai fait, seulement vous faisiez un tel boucan que vous ne m’avez pas entendu.

- (Antoine) Tu nous laisses le temps d’une douche et de nous habiller, ce sera quand même mieux pour discuter !! Je dis ça, c’est juste pour pas que tu inondes la moquette à t’exciter à nous mater comme tu le fais ! Hi ! Hi !

- A moins que tu préfères qu’on reste comme ça ?

- (Yuan) Oui mais là elle désobéirait à sa « moman » !!

- (Chloé) Pffttt !! N’importe quoi !! Mais vous avez raison, allez donc vous rhabiller !! Ce n’est pas que ça me déplait de vous voir à poils mais ça ne sert à rien de mater des belles choses s’il n’y a aucune chance de les avoir un jour pour soi !!

Pendant que nous filons tous les trois vers la douche, Chloé admire bien malgré elle les formes avantageuses de ses copains avec une petite moue à la fois appréciatrice mais aussi quelque part au fond d’elle-même déçue que ce ne soit pas pour elle.

Les sentiments qu’elle éprouve pour eux se renforcent de jours en jours, loin maintenant de la haine ou même ensuite de la rancœur qu’elle ressentait pour celui qui déjà alors qu’elle n’était qu’une enfant, lui faisait battre son cœur plus vite au point d’avoir voulu à tout prix devenir son amie.

Qui aurait pu penser un jour que presque sept ans plus tard il le deviendrait, alors qu’il n’était plus rien pour elle qu’un cauchemar bien trop présent.

Ses nombreuses nuits passées à revoir en boucle ce jour funeste, au point de se réveiller en criant, couverte de sueur jusqu’au moment où un de ses parents venait la serrer dans ses bras.

Chloé se secoue pour oublier ses pensées qui lui semblent maintenant venir d’une autre vie, le Florian qu’elle a découverte depuis qu’elle l’a revu n’étant plus et de loin ce gamin méchant autant qu’ignoble qui était celui d’autrefois, mais au contraire le garçon jovial et dénué de méchanceté qui a su la reconquérir après lui avoir offert le plus beau des cadeaux en lui rendant l’usage de sa jambe.

Elle a lu dans ses yeux qu’elle a beaucoup compté dans ses souvenirs, même si elle n’arrive pas à comprendre le pourquoi du comment de cette histoire qu’elle ne se lasse pas d’entendre, tout comme ses deux autres amis et qui les émerveillent quand ils l’écoutent la leur raconter.

Si elle est venue ce matin-là, c’est aussi pour lui faire une surprise qui elle l’espère sera aussi pour elle le moyen de revoir celui qui pendant toute une grande partie de son enfance était son meilleur ami et d’avoir pu en retrouver la trace aussi facilement que de taper son nom de famille sur les pages jaune d’Internet, l’a énervé ensuite de ne pas y avoir pensé plus tôt rien que pour ne pas rompre le lien d’amitié qu’ils avaient ensemble.

Maintenant Chloé se dit également qu’elle par contre n’ayant pas déménagé, Éric aurait pu faire l’effort de la recontacter depuis tout ce temps.

CHAPITRE 129 (Aix en Provence) (Visite chez les Louvain)

Philippe traverse la ville cet après-midi-là pour aller rendre visite à cette famille Louvain, dont le nom revient sans cesse aux lèvres de Florian à chacune de leurs séances.

C’est donc quand le dit Florian l’a quitté un peu avant midi, qu’il s’est décidé à en avoir le cœur net et qu’il a pris rendez-vous pour cet après-midi même avec la maîtresse de maison, qui s’est fortement étonnée de sa demande mais n’a pas refusé de le recevoir quand il lui a signifié sa qualité de psychiatre.

C’est donc en se sachant attendu qu’il se gare devant une maison parmi tant d’autres au milieu d’un lotissement relativement récent, le temps de sortir du véhicule que déjà la porte s’ouvre et qu’il découvre une femme au longs cheveux blonds d’une réelle beauté, qui s’avance vers lui le visage marqué par la curiosité manifeste qu’il lui inspire.

- Docteur Espinach je présume ?

- C’est exact !! Enchantez de faire votre connaissance.

- Mais entrez donc je vous en prie !! Nous avons été surpris par votre coup de téléphone.

- Je m’en doute bien madame, toutefois si je n’ai pas souhaité rentrer dans le détail du but de cette visite c’est tout simplement de peur d’être éconduit !!

Philippe n’en dit pas plus et il suit son hôtesse jusqu’au salon où un homme à la beauté scandinave y est déjà installé, avec près de lui une jeune fille qui a pris sans conteste tout le meilleur du physique de ses deux parents.

- Monsieur Louvain je présume ?

- Lui-même docteur, je vous connais de réputation et vous me voyez étonner de cette visite de votre part, voici ma fille Léa et vous avez déjà fait connaissance avec Nathalie mon épouse.

- (Nathalie) Puis je vous offrir un café ?

- Volontiers !!

- (André) Si nous en venions au but de votre visite ?

- Je vous avouerai que je ne sais trop par quel bout commencer, vous connaissez je présume la famille De Bierne ?

Nathalie devient soudainement livide.

- Nous connaissions en effet Maryse et Michel, un triste incident nous a hélas éloignés d’eux.

- (Philippe) Je ne suis pas venu vous voir pour rouvrir vos plaies, mais simplement pour avoir quelques éclaircissements d’ordre familial vous concernant.

- (André) J’aimerais connaître la personne qui emploie vos services et surtout en quoi cela nous concerne ?

Philippe hésite quelques secondes, il décide d’aller au plus simple sans tourner autour du pot.

- C’est la famille De Bierne qui paie mes services, leurs petit fils Florian a eu un très grave accident récemment !! Un accident normalement mortel d’où il en est quand même ressorti après plusieurs mois de coma profond. A son réveil ses souvenirs étaient disons…. Différents, tout comme son comportement et j’ai reçu un mandat de justice me demandant de clarifier cette affaire, le juge voulant connaître le vrai du faux dans ses déclarations. J’ai donc depuis quelques semaines pris le dossier en mains et je passe plusieurs heures par jour avec Florian pour tenter de comprendre son mental afin de faire la part des choses.

Léa stupéfié.

- Il est à Aix ??

- (Philippe) Si par le « il » vous voulez parler de Florian !! Il est en effet actuellement chez ses grands-parents à Aix, je comprends bien à votre trouble mademoiselle que vous avez des griefs contre lui et que vous devez beaucoup lui en vouloir !! J’en ignore la raison mais je vous assure que ce n’est plus du tout le même garçon que celui que vous avez connu !!

Léa d’une voix devenant hystérique.

- Lui en vouloir !!! Il a tué mon frère et vous me demandez si je lui en veux !!

- (Nathalie) Calme-toi ma chérie, monsieur Espinach n’y est pour rien !! Il ne fait que son métier !!

André ne quitte pas Philippe du regard et marque une extrême surprise devant son visage soudainement défait devant les paroles de sa fille.

- Vous n’étiez visiblement pas au courant apparemment ?

- Au courant de quoi ? Ma visite n’avait pour seul but que de retrouver une personne en particulier qui a beaucoup compté dans les souvenirs de mon patient et qui ne corroborent pas avec ceux des autres membres de sa famille.

- (André) Vous n’avez donc pas entendu parler des actes de ce garçon quand il n’avait encore qu’une dizaine d’année ?

Les paroles d’André font tilt dans la tête de Philippe.

- Le garçon de la piscine était votre fils ? Chloé m’a raconté la bien triste histoire qu’elle a vécu ce jour-là et du garçon qui était avec eux, mais je ne savais pas que c’était votre fils !!

André se lève en faisant signe à Philippe de le suivre sur la terrasse.

- Je pense que nous serons mieux seul à seul pour discuter de tout ceci, Léa tout comme sa mère n’ont pas à revivre ces douloureux moments qui ont endeuillé notre famille.

- (Nathalie) André a raison, cette histoire ne demande qu’à être oublié et nous a suffisamment fait verser de larmes.

- (Philippe) Je ne sais que répondre madame, ce n’était pas dans mes intentions de raviver votre chagrin !!

- (Léa) Chloé doit être dans tous ses états elle aussi, si elle est au courant de sa présence dans son quartier ?

- (Philippe) Peut-être serait-il mieux que vous alliez vous même lui rendre visite et la questionner mademoiselle !! Je suis certain que vous serez surprise de cette rencontre !!

- (Léa) Je n’y manquerai pas et si l’autre abruti croise mon chemin, je lui f….

- (Nathalie) Allons ma fille calme toi !!

André réitère sa demande à Philippe de le suivre.

- Vous venez ??

- Après vous je vous prie !!

CHAPITRE 130 (Aix en Provence) (Visite chez les Louvain) (fin)

Philippe le suit donc jusqu’à un salon de jardin où une fois installés, ils reprennent la conversation.

- Mathis mon fils n’était pas le garçon que le SAMU a retrouvé ce jour-là au fond de la piscine, c’était son meilleur ami et quand il a appris la triste nouvelle quelques heures plus tard, il ne l’a pas supporté et il s’est suicidé en se pendant dans sa chambre le lendemain même du jour où s’est arrivé, nous n’avons rien vu venir vous comprenez ? Il était si jeune !!

- Pourquoi a-t-il fait une chose pareille ??

- Il venait de se disputer avec son meilleur copain le matin même et du coup Benjamin, c’est le nom du garçon, a accepté l’invitation d’Éric à se joindre à lui avec des amis pour inaugurer en quelque sorte la piscine que venait de faire construire ses parents. Il était venu comme cela lui arrivait assez souvent pour passer une semaine chez nous en vacances, ses parents et lui, habitant ses nouveaux blocs sans âme qui poussent comme des champignons et comme il ne se sentait pas bien de s’être disputé avec mon fils, je l’ai autorisé à y aller en pensant que ça lui changerait les idées. Qui aurait pu se douter qu’un tel malheur arriverait ?

- Vous n’y êtes pour rien !! J’en aurais fait tout autant à votre place !! C’est arrivé au pire des moments pour un enfant, celui où il n’a pas toute conscience de la gravité et surtout des conséquences de ses actes.

- C’est exactement ce que nous a dit le psychologue de la gendarmerie à qui nous avons eu à faire.

- C’est donc la raison qui vous a fait changer de lieu de résidence ?

- C’était trop dur pour nous de continuer à vivre dans cette maison et le quartier lui aussi nous était devenu intolérable, trop de souvenirs vous comprenez ?

- Le jeune Benjamin est donc le garçon dont m’a parlé Chloé ?

- Il est depuis bientôt sept ans dans un hôpital pour handicapés mentaux, il est en état végétatif et c’est terrible si vous saviez !! Rien ne laisse paraître son handicap, c’est devenu un adolescent réellement magnifique qui ne profitera jamais de sa vie et tout ça à cause de ce Florian et de ces jeux cruels !! Vous comprenez pourquoi ma fille ne veut plus en entendre parler ? Pour elle c’est lui qui a tué son frère !!

Un long moment de silence suit ces aveux, Philippe en est tout retourné et pense aux réactions de Florian s’il venait à apprendre une aussi terrible nouvelle, c’est André qui reprend la parole en revenant au but de la visite de cet homme qui semble fortement perturbé par ce qu’il vient de lui raconter.

- Mais vous n’étiez pas venu pour apprendre ce drame ?

- En effet !!

- Si j’ai bien compris le but de votre visite, il concernerait une personne de notre famille que vous chercheriez à joindre ?

- C’est exact, j’aimerais retrouver votre neveu Thomas !!

- Mon neveu Thomas ???

- (Philippe) Vous avez bien un frère qui se prénomme Alain ?

- C’est exact !! Mais je n’ai plus de nouvelles de lui depuis son mariage avec Evelyne !! Je ne pouvais donc pas savoir s’ils avaient eu des enfants !!

- Donc il est possible d’après vous que vous ayez un neveu ?

- Ça paraît logique en effet !! Enfin, je pense !!

- Et vous ne sauriez pas où je pourrais joindre votre frère ?

- Hélas non !! Nous nous sommes disputés Alain et moi sur un sujet qui aujourd’hui me paraît bien mesquin quand j’y repense, une histoire en quelque sorte…d’héritage, pour ne rien vous cacher !! Ça date d’une vingtaine d’année et nous en sommes venus aux mains mon frère et moi, je le regrette bien maintenant et je vous avouerais qu’il me manque terriblement. Seulement aux dernières nouvelles qui datent de cette époque, ils auraient quitté la France pour je ne sais quel pays en voie de développement !! Mon frère est un idéaliste, il a coupé les ponts avec sa famille et ses amis du jour au lendemain sans plus donner de nouvelles !! J’ai parfois l’impression que notre famille est maudite, heureusement qu’il y a mon épouse et ma fille, sinon je crois bien que j’aurais moi aussi fait une grosse bêtise !!

Philippe comprend la tristesse qu’il peut lire sur le visage de cet homme marqué par le sort, sa visite n’arrange rien en lui faisant remettre en mémoires tout ce qu’il a perdu.

- Je suis sincèrement désolé !!

- Vous ne pouviez pas savoir !!

- Je vous tiendrais au courant des résultats de nos recherches pour retrouver votre frère.

- Comment ça « nos » recherches ? Vous n’êtes pas seul ??

- Comme je vous l’ai laissé entendre à demi-mots, la justice est elle aussi intéressée à connaître la vérité sur les souvenirs de Florian et vous aurez certainement également droit à une visite officieuse à minima de leurs parts !!

- ???????

Voyant l’incrédulité qu’amènent ses dernières paroles à son hôte, Philippe tente un sourire pour le rassurer et sort de sa poche une enveloppe qu’il hésitait jusque-là à lui remettre, s’y décidant quand même en espérant que son contenu aura l’effet escompté.

- - Tenez !! N’ouvrez cette enveloppe que si vous sentez que vous serez capable d’en accepter le contenu !! Il s’agit d’un souvenir de Florian que nous cherchons à comprendre et qui vous donnera la raison de ma présence, il tenait à ce que je vous le donne et bien sûr je me tiendrai à votre disposition si vous souhaitez que nous en parlions, promettez-moi juste que vous attendrez quelques heures au moins avant de l’ouvrir !! Ce qu’elle contient est suffisamment perturbant maintenant que j’ai appris votre histoire pour ne pas en rajouter à l’état actuel où vous vous trouvez !!

- Mais enfin !! Qu’est-ce que c’est ?

- Je vous l’ai dit, un souvenir !!

CHAPITRE 131 (Paris) (Antonin)

« Chambre d’amis chez les De Bierne. »

Il est encore tôt ce soir-là quand Antonin se couche, c’est un réel bonheur pour lui que ce lit confortable où il passe ses nuits depuis que Pierre et Hellènes l’ont accueilli chez eux.

Des vêtements propres, de la nourriture à volonté mais aussi une gentillesse de ce couple envers lui qui lui amène souvent les larmes aux yeux.

Pourtant le premier jour il se demandait bien qu’elles étaient les motivations réelles de cet homme et de cette femme, pour lui offrir le gîte et le couvert sans rien en retour, les souvenirs pas si éloignés de cette journée lui reviennent alors en mémoire.

***/***

« Retour en arrière, souvenirs d’Antonin. »

Il n’y eu plus une seule parole entre lui et l’homme jusqu’à ce qu’ils arrivent à destination, ce n’est qu’une fois garé que celui-ci semble penser à quelque chose qui visiblement le perturbe et c’est d’une voix inquiète qu’il s’est tourné vers moi, me ramenant tout d’un coup à ce que je suis en réalité pour lui en tendant le dos sur ses prochaines paroles.

- (Pierre) On est parti un peu précipitamment il me semble, tu avais sans doute quelques affaires à récupérer ?

- Non monsieur !! Tout ce que j’ai, je le porte sur moi.

Je remarque son regard tout d’abord surpris qui me détaille des pieds à la tête, jusqu’à se radoucir en comprenant ce que signifie ma réponse.

- (Pierre) Et bien !! Il était grand temps que quelqu’un s’occupe de toi !! Nous verrons cette histoire de vêtements plus tard, le plus important pour le moment c’est que tu prennes quelque nourriture, une bonne douche et que tu te reposes. Je dois retourner travailler, Hellènes ma femme te fera visiter l’appartement et s’occupera de toi le temps que nous soyons tous réunis pour répondre à tes questions, car je présume que tu dois en avoir un certain nombre à nous poser, pas vrai ?

- Je vais vraiment rester avec vous ?

- Le temps que tu le juges bon et que nous t’aidions à te mettre le pied à l’étrier !!

- Ça veut dire quoi monsieur ? Je ne connais pas cette expression !!

- Mettre le pied à l’étrier ? C’est aider quelqu’un jusqu’à ce qu’il s’en sorte tout seul, mais tu as le temps d’y penser et mon petit doigt me dit que ce n’est pas pour demain ! Hi ! Hi !

***/***

Antonin se rappelle lui avoir souri timidement sans vraiment comprendre ce qui dans ses paroles prêtait à rire, ensuite ils sont sortis du véhicule pour entrer dans un immeuble au luxe certain qui l’a laissé hésitant devant le porche.

***/***

« Souvenirs »

- Allez viens !! Tu n’as pas à te sentir mal à l’aise, c’est ici que tu vas vivre dorénavant !

- C’est trop beau monsieur !!

- Bah !! Tu t’y feras très vite tu verras, ma femme doit nous attendre et comme je te l’ai déjà dit, je suis assez pressé aujourd’hui !! Demain j’essayerai de me libérer du temps pour que nous puissions aller faire du shopping tous ensemble.

- Mais !!! Avec quel argent ??

- Ne t’inquiète donc pas pour ça, disons que c’est un prêt que tu nous rembourseras le jour où tu gagneras ta vie.

- J’y compte bien monsieur, ce ne saurait être autrement !!

J’ai bien remarqué son sourire satisfait, sauf que quelque chose à sembler le déranger et qui l’a rembruni soudainement.

- Je ne suis pas un menteur !!

- Ce n’est pas ça, c’est le « monsieur » qui me gêne !! Je préférerai que tu m’appelles par mon prénom si ça ne te fait rien ?

- Je ne sais pas si j’y arriverai vous savez ? C’est impoli il me semble !

- Alors trouve autre chose s’il te plait parce que, me faire appeler monsieur sans arrêt ça va pas le faire.

- Je ferai attention alors, je vous le promets !!

- Très bien alors !! Allez, suis-moi !!

***/***

"Retour au présent."

Antonin sent ses yeux s’humidifier d’émotions, il comprend bien maintenant que toutes ces paroles qui lui ont été dites ce jour-là n’étaient que pour le mettre à l’aise alors que lui prenait ça comme des reproches.

Un sourire lui vient alors en pensant à la suite, quand ils sont entrés dans l’appartement et qu’Hellènes lui est apparue pour la première fois, son sourire lui a été droit au cœur, un sourire qui l’accueillait dans son foyer mille fois mieux que par des paroles.

Hellènes s’est approché vers lui pour l’embrasser, son visage a stoppé net à quelques centimètres à peine du sien et son nez s’est plissé par l’odeur forte qu’il dégageait alors, ne tergiversant pas une seconde de plus en le prenant avec deux doigts par la manche pour l’emmener direct dans la salle de bain.

***/***

"Souvenirs"

- Plus tard les bisous mon garçon !! Pour l’instant tu vas me faire le plaisir de prendre un bon bain !!

- Pardon madame !!

- Tu n’as pas à t’excuser, je me doute bien de la vie que tu vivais n’était pas celle d’un prince !!

Elle entre devant moi pour faire couler l’eau, elle prépare ensuite une serviette et un gant de toilette propre, sort d’un placard un gel douche et un shampoing, puis elle va ensuite placer le bac à linge dans le couloir en me le montrant du doigt.

- Tu mets tes affaires sales dans ce bac !! Je vais voir dans les vêtements de mon fils, vous avez la même taille donc ça devrait aller et quand tu seras présentable, tu me rejoindras dans la cuisine pour te mettre à table.

***/***

Antonin se rappelle ce moment et surtout l’admiration qu’il a éprouvé devant cette belle femme aux faux airs d’adjudant mais qui il l’avait déjà bien perçu, avait un cœur d’or et cachait derrière son ton sec qu’elle a pris ce jour-là pour lui parler, toute la détresse qu’elle éprouvait à le voir aussi misérable.

CHAPITRE 132 (Paris) (Antonin) (fin)

Le reste, il l’a vécu comme dans un rêve et aujourd’hui encore, il n’en revient pas de la rapidité avec laquelle le temps est passé pour en arriver jusqu’à cet instant où il s’allonge avec volupté dans ce lit douillet, rassuré maintenant sur leur intention de le garder auprès d’eux.

Antonin profite de ce moment privilégié où il peut réfléchir sur ce qu’il a appris, sa famille d’accueil semble très riche mais n’en fait pas étalage et reste simple dans son quotidien, ils ont un fils qui actuellement est en vacances chez ses grands-parents à ce qu’il en a compris.

Par contre à chaque fois qu’il a cherché à en savoir plus sur ce garçon, ils sont restés suffisamment avares dans leurs réponses aux questions qu’il leur a posées pour pressentir qu’ils ne voulaient pas trop lui en dire sans qu’il en comprenne vraiment la raison.

Un mystère qui le titille fortement dans sa curiosité d’en savoir plus sur ce mystérieux garçon dont il ne connait encore rien, même pas le prénom et qui le fait se relever nerveusement de son lit pour ensuite sortir de sa chambre pour entrer dans celle de ce fils encore inconnu pour lui.

Un étrange malaise le prend en visualisant la pièce, il voit bien la moquette brûlée par endroits et les tâches qui recouvrent les murs, donnant au lieu un aspect négligé qui ne va pas avec le reste de la maison.

Un frisson d’angoisse le prend soudainement, lui donnant l’envie de quitter le lieu rapidement ne serait-ce un quelque chose d’indéfinissable qui le retient de le faire et le pousse au contraire à l’explorer pour en savoir plus sur son occupant.

L’arrangement des meubles doit être récent car la trace de ceux-ci peut encore se voir sur le papier peint tout comme sur la moquette, prouvant que quelqu’un depuis peu a eu la volonté d’arranger autrement la chambre.

Antonin croit en comprendre la raison, il vérifie en déplaçant la commode et en effet l’état derrière celle-ci est encore plus catastrophique que la partie visible, démontrant que son occupant a voulu tout simplement cacher la misère en bougeant les meubles.

Il va pour retourner dans sa chambre quand ses yeux s’arrêtent sur le bureau où des feuilles froissées y sont posées, son regard accroche alors les visages des garçons qui y sont croqués et il ne peut retenir le cri de stupeur qui soudainement le rend tremblant à s’en emparer fébrilement.

- Oh !!! Non !!!

Ses jambes se dérobent sous lui en l’obligeant à s’asseoir, les yeux exorbités devant ce que son esprit refuse de croire et qui pourtant semble bien réel et non issu cette fois de ses rêves.

***/***

Pierre et Hellènes se sont levés du canapé en entendant le cri venant des chambres, ils se précipitent alors pour voir ce qui ne va pas et aperçoivent la chambre de Florian ouverte avec la lumière allumée, comprenant qu’Antonin doit s’y trouver pour une raison qui leur échappe encore.

Ils trouvent le petit blondinet dans un état d’émotion inhabituel, tremblant comme une feuille et s’avancent vers lui, découvrant alors ce qu’il tient dans ses mains et qui semble lui avoir amené ce cri de stupeur, il s’aperçoit alors de leurs présences en les regardant hébétés.

- Je…connais…ces deux…garçons !! Et celui-là…c’est…moi ???

Pierre frissonne, il sent la main d’Hellènes lui prendre la sienne pour la serrer très fort et tourne vers elle un regard interloqué de cette nouvelle preuve que les paroles de son fils ne sont pas issues que de son imagination ou d’un cerveau en reconstruction comme le suggérait Philippe.

Pierre d’une voix se voulant réconfortante.

- Tu les as déjà rencontrés ??

- Ils sont dans ma tête depuis toujours !!

- Comment ça dans ta tête ??

- La nuit quand je dors, je les vois !! Ce sont mes amis imaginaires qui m’aidaient à supporter cette vie, vous comprenez ?? Ils sont avec moi dans une histoire merveilleuse où je suis bien, j’ai plein d’images dans ma tête !! Je sais qu’ils attendent quelque chose de moi sans que je n’arrive jamais à comprendre ce qu’ils me veulent. Mais je me sens tellement mieux le matin quand j’ai pensé à eux !! Nous sommes….

Pierre voyant qu’il bloque pour révéler ses sentiments.

- Amants !!!

Antonin rougit aussitôt.

- Oui !! Mais ce n’est que dans ma tête, ce n’est pas réel !! Ils existeraient alors ?? Florian et Thomas seraient donc réels ?? Celui qui a dessiné ces visages les connaîtrait donc ??

Pierre pose sa main sur l’épaule d’Antonin, déjà pour le calmer car il sent bien dans quel état émotionnel extrême il est et ensuite pour lui désigner un des visages de son autre main.

- Florian…c’est notre fils !! C’est bien lui l’auteur de ces dessins, mais c’est…compliqué !! Tout comme toi, ces images viennent de son esprit.

- Dans ses rêves à lui aussi ??

- Comme je te l’ai dit, c’est compliqué !! Nous avions déjà vu ces portraits et c’est

Hellènes qui t’a reconnu dans la rue, voilà pourquoi je suis venu te chercher ce jour-là !!

Pierre remarque immédiatement la crispation des muscles du jeune homme.

- J’aurais sans doute pris la même décision sans ça tu sais ? C’est juste que ça a précipité ou plutôt que ça m’a fait prendre plus rapidement conscience que je devais faire quelque chose pour toi.

- (Hellènes) Nous partirons demain ou après-demain rejoindre Florian chez mes beaux-parents, il doit savoir que nous t’avons retrouvé. Nous voulions attendre qu’il rentre pour que vous vous rencontriez, pour que tu aies toi aussi le temps de te remettre de tout ce qu’il t’arrive. Mais je pense que maintenant que tu es au courant, tu n’auras pas la patience d’attendre encore presque deux mois.

CHAPITRE 133 (Lille) (Carole, Sébastien, Mélanie et

Sylvain)

« Conversation entre amis. »

- (Carole) Vous allez vraiment déménager ?

- (Sylvain) Je le crains en effet !! Mes parents veulent profiter de l’héritage du grand-père, ils en ont marre de vivre en appart !! En plus ils disent que la vie est moins cher là-bas et qu’ils trouveront facilement du travail, ils n’attendent plus que la réponse aux CV qu’ils ont envoyé pour quitter la région.

- (Sébastien) Je pensais que c’était à cause de Mélanie ?

- (Sylvain) C’est aussi une des raisons, ils disent qu’il y a de bons chirurgiens à Reims et comme ceux d’ici ne laissent pas beaucoup d’espoir…. En plus ma petite sœur sera mieux à la campagne qu’en pleine ville à se morfondre comme elle le fait suite à son accident !!

- (Carole) Mais et toi ?... Et… nous ?

Sylvain regarde ses deux meilleurs amis tristement.

- Je n’ai pas vraiment le choix, vous pensez bien que sinon je resterais avec vous deux !! En plus je vais devoir changer de fac, me refaire de nouvelles connaissances et je suis stressé rien que d’y penser !!

- (Sébastien) Je ne veux pas que tu partes !!! Tu le comprends ça ?? Tu pourrais rester chez nous, continuer tes études ici !!

Sylvain croise le regard de Carole toute aussi surprise que lui des dernières paroles de son jumeau, paroles dites d’un ton quasi hystérique et qui ils le voient bien, laisse Sébastien les yeux humides tout tremblant dans ses émotions.

Carole se rapproche de son jumeau pour le prendre par la taille et tenter de le calmer, elle connaît bien l’attachement qu’a toujours eu d’aussi loin qu’elle s’en souvienne son frère pour Sylvain tout comme elle en connaît la réciprocité et jusqu’à cet instant s’en amusait gentiment à leurs dépens, cette séparation annoncée va sans aucun doute leur permettre enfin de s’avouer ce qui jusque-là n’était que des non-dits accompagnés souvent de petits gestes d’attention certainement involontaires de leurs parts, mais qu’elle ne pouvait s’empêcher de constater au quotidien.

Ça fait maintenant quelques années qu’elle ne se pose plus la question de savoir pourquoi ils ne peuvent rester une seule journée sans se voir, s’empêcher de se papouiller à la moindre occasion en s’inventant même des disputes voir des situations complètement loufoques rien que pour le plaisir de sentir leurs corps l’un contre l’autre.

Elle soupire d’exaspération devant l’état pitoyable où elle les voit maintenant, car Sylvain n’a pas tardé lui aussi à se mettre dans tous ses états en se retenant visiblement de ne pas faire comme elle l’a fait et de prendre son ami dans ses bras.

- Si pour une fois vous vous disiez vos quatre vérités vous deux !!

Elle remarque les œillades incrédules qu’ils lui font et sourit avant de reprendre.

- C’est un secret de polichinelle que le vôtre vous savez, je pense même qu’il n’y a que vous deux qui ne s’en soient pas encore rendu compte !!

- (Sylvain) De quoi tu parles ?

- (Sébastien) Quel secret ?

- (Carole) Pffttt !!! Que vous vous aimez pardi !!! Même « Mél » l’a remarqué à son âge, alors imaginez les autres !! Tous nos amis s’en sont rendu compte il y a déjà un moment et même certains d’entre eux en ont fait un pari à savoir lequel de vous deux se déclarera en premier ! Hi ! Hi ! Je ne pense pas que beaucoup aient pensé que ce serait moi qui le ferai !!

- (Sébastien) Ma sœur est folle !!

- (Sylvain) Je ne pense pas, non !! Ouvre les yeux « Séb » !! Pourquoi sinon tu te serais mis dans un état pareil sur une simple conversation ? Pour ma part, il y a longtemps que j’en suis conscient et si je ne t’en ai jamais parlé jusque-là, c’est juste pour ne pas me prendre un vent en retour !!

- (Sébastien) Pourquoi ?

- (Sylvain) Certainement pour la même raison que toi !!

- (Sébastien) Sauf que moi je n’en étais pas conscient jusque-là !!

- (Carole) Vraiment ??

- (Sébastien) Traite moi de menteur tant que tu y es !!

Sylvain a le cœur qui bat d’un coup à cent à l’heure, le « jusque-là » lui amenant une joie tellement forte qu’il ne peut s’empêcher à son tour de faire les quelques pas qui le sépare de son ami pour le prendre dans ses bras.

Carole se recule doucement de son frère pour lui laisser la place, heureuse d’assister enfin à leur rapprochement auquel elle avait fini par ne plus croire qu’il arriverait un jour et il fallait un moment fort comme cette séparation annoncée des deux garçons pour qu’enfin les choses se mettent en place, leur faisant enfin comprendre du moins pour son jumeau que ce qu’il croyait n’être qu’une très forte amitié, n’était en fait qu’un refus inconscient d’accepter de voir la réalité de ses sentiments.

Elle quitte la pièce en les laissant seuls afin qu’ils puissent enfin s’avouer le lien très puissant qu’ils ressentent l’un pour l’autre et elle retrouve ses parents avec le visage rayonnant d’un bonheur sincère, bonheur qui n’échappe pas à leurs regards et qui ne manquent pas de s’en étonner, connaissant la raison de la visite de Sylvain.

- (Sylvie) Et bien ma chérie !! Moi qui pensait que l’annonce du départ de votre ami allait vous rendre triste, je m’aperçois que ce n’est pas le cas du moins pour toi apparemment !!

- (Carole) Je leur laisse vous annoncer la nouvelle ! Hi ! Hi ! Maintenant il ne reste plus qu’à trouver une solution pour que les amoureux ne soient pas séparés et il va falloir se creuser la tête croyez-moi !!

CHAPITRE 134 (Aix en Provence) (Deux jours plus tard)

Florian suit sa « thérapie » avec Philippe ce matin-là, pendant que Yuan et Antoine font le point avec Michel sur les bouleversements survenus chez les habitants du quartier et les souvenirs de leur copain, essayant de faire une synthèse fiable des raisons de ses changements.

- (Michel) Beaucoup de ses noms me disent quelque chose, mais ils ont tous déménagés pour une raison ou une autre !! Pour beaucoup à cause d’un décès ou d’une maladie il me semble !! D’autres encore pour les raisons que vous connaissez déjà, hélas !! Par contre je n’ai jamais eu connaissance qu’André ait eu un frère ? Ce qui réduit les chances de retrouver un jour votre Thomas… du moins s’il existe !!

- (Antoine) Ce n’est pas « notre » Thomas mon oncle, c’est celui de « Flo » et il est persuadé qu’il le retrouvera !!

- (Michel) Je l’espère de tout mon cœur mon garçon, la façon dont il en parle ne fait aucun doute sur les sentiments qu’il éprouve pour lui.

- (Yuan) Nous pourrions peut-être aller rendre visite à cette famille ? Peut-être pourront-ils nous en apprendre davantage et ça nous permettra de faire la connaissance d’autres amis de Florian, ou du moins faire en sorte qu’ils le deviennent si ce n’était pas le cas.

Michel les fixe avec un sérieux qui perturbe les deux garçons.

- Là ça risque d’être plus compliqué !!

- (Yuan) Comment ça ?

- (Antoine) Ne me dis pas mon oncle qu’il y a encore un coup de Florian plus jeune…. Avec… comment déjà ?

- (Yuan) Mathis et Léa si je me rappelle bien ?

- (Michel) C’est exact mon garçon, sauf que…

Michel raconte alors ce qu’il avait tu volontairement lors des premières explications avec Antoine, cette fois il va jusqu’au bout des choses et bien sûr il a l’entière attention des deux amis qui ont le visage décomposé en apprenant une histoire terrible avec encore cette fois, Florian comme principal instigateur.

- (Antoine) Tu en as encore beaucoup des comme celle-là mon oncle ?

- (Michel) Avec des répercussions aussi graves ? Non, quand même pas !!

- (Yuan) Et bien tant mieux !! Parce que là il s’agit d’un mort et « Flo » ne pourra rien y faire pour réparer les dégâts, la mort de Mathis risque de bouleverser le déroulement de ses souvenirs encore plus que jusqu’à présent avec celle d’Erwan le fils de Maurice !!

Antoine hoche la tête en signe qu’il est d’accord avec son copain.

- Malgré toute cette sinistre histoire, il y a quand même quelque chose de bon !!

- (Yuan) Ah !! Tu trouves toi ?? Et qu’est ce qui pourrait en ressortir de bon d’après toi ?

Antoine sent bien les regards incrédules braqués sur lui quand il répond.

- Au moins le garçon de la piscine….

- (Michel) Et bien oui, quoi ??

- Ce n’est pas Thomas !! Jusqu’à ce que tu nous révèles le prénom de l’autre garçon mon oncle, j’ai bien cru que c’était de lui qu’il s’agissait !!

- (Yuan) Il aurait peut-être été préférable que ce soit lui justement !!

Antoine surprit, regarde son copain comme s’il avait dit la pire des conneries.

- Non mais, ça ne va pas la tête !!! Tu te rends compte de ce que tu viens de dire ??

- (Yuan) Parfaitement figure toi et pour ta gouverne ma tête va très bien !! Réfléchis juste cinq minutes ?? Le garçon est toujours vivant !! Avec son « don », « Flo » aurait vite fait de le guérir dès l’instant où nous l’aurions retrouvé !! Et comme c’est ton oncle qui paie les factures, cela n’aurait été qu’un jeu d’enfant !!

- (Michel) Sauf que tu oublies une chose fondamentale mon grand !! Florian pourrait sans doute guérir son corps, mais as-tu pensé à son esprit ? Ce garçon en est resté à l’état mental de ses dix ans, du moins c’est ce que je lui souhaite au mieux car au pire je ne préfère même pas y penser.

- (Antoine) Alors on fait quoi maintenant ?

- (Michel) Le mieux serait d’attendre que ça vienne d’eux, ou plutôt de Léa et si ce que m’a dit Philippe est exact, ce dont je ne doute pas un instant, elle ou son père ne devraient pas tarder à donner des nouvelles !!

- (Yuan) Nous pourrions aussi en parler à Chloé ? Après tout elle aussi est une victime de cette sombre histoire !!

- (Michel) Là je ne dis pas !! Mais allez-y doucement, rappelez-vous que nous parlons du deuil d’un fils et d’un frère !! Les cicatrices ne sont peut-être pas encore toutes refermées !!

CHAPITRE 135 (Aix en Provence) (Cabinet du docteur Espinach)

« Fin de la séance de psychanalyse. »

Philippe sourit en s’étirant dans son fauteuil, il observe avec tendresse le jeune homme qui est allongé sur son canapé et qui une fois encore a répondu honnêtement à toutes ses questions, sans se rendre compte une seconde qu’à chacune de ses réponses il lui en venait une multitude d’autres, au point où le spécialiste ne sait plus où donner de la tête.

- Je pense que nous allons en rester là pour ce matin.

- Il est déjà l’heure ?

- Pas encore tout à fait, mais il faut que je trie toutes ces informations et surtout que je trouve un canevas logique à tes souvenirs qui m’amènerais à y voir plus clair.

- Et bien bon courage ! Hi ! Hi ! Parce que moi nada !! Plus j’y pense et plus je deviens chèvre !! Au fait, j’y pense !! Tu savais que Chloé a retrouvé l’adresse d’Éric ??

- (Philippe) C’est le garçon qui habitait en face de chez tes grands parents ?

- Lui-même !! Je vais voir s’il nous est possible d’aller lui rendre visite, déjà parce que je suis sûr que ça fera plaisir à Chloé et ensuite parce que j’aimerais réellement le revoir, il me manque terriblement lui aussi tu sais ?

- (Philippe) N’oublie pas que pour lui tu ne seras au mieux qu’un inconnu, au pire un souvenir qu’il aura très certainement cherché à oublier !!

- Qu’est ce qui te fait dire une chose pareille ?

- (Philippe) Peut être sa façon d’agir avec Chloé justement !! S’ils étaient aussi amis qu’ils semblaient l’être jusqu’à « l’accident », il était logique qu’il cherche à lui donner des nouvelles tu ne crois pas ? Ne serait-ce déjà que pour savoir comment elle se remettait !!

- Tu as sans doute raison, mais si je ne fais rien ce n’est pas comme ça que je risque d’en refaire un ami !!

Philippe sourit en se levant brusquement, le fait d’entendre Florian parler d’ami lui remet en mémoire que peut-être il en aurait retrouvé un autre.

- Attends-moi un instant tu veux bien ? J’ai découvert quelque chose ce matin par pur hasard qui pourrait t’intéresser !!

Il revient quelques minutes plus tard en tenant quelques revues en mains.

- Je faisais le tri dans ces vieux magazines, tu sais ce que c’est !! Ils restent dans la salle d’attente pendant des mois et il était temps de les renouveler !!

Philippe en prend un qu’il ouvre à la page centrale en le tendant à Florian.

- J’ai comme eu une idée de déjà vu et je me suis rappelé tes croquis, ce garçon ressemble trait pour trait à plusieurs d’entre eux, regarde !!

Dès que mon regard se porte sur l’image, je sens mon cœur faire un bond dans ma poitrine.

- « Raphi » !!!

Philippe comprend aux larmes d’émotion qui recouvrent rapidement les joues de son jeune protégé, qu’il a vu juste et que le mannequin qui pose en double page centrale pour une grande marque de vêtements de sport, est bien celui auquel il pensait.

- Voilà au moins une bonne nouvelle, pas vrai ?? J’espère juste que ce garçon n’a pas eu à faire à ce que tu étais avant !!

Sa voix me parvient comme dans un brouillard, tellement je suis ému et obnubilé par la photo de mon Raphaël toujours aussi magnifique.

Celui qui en a pris le cliché a su saisir l’instant qui le rend encore plus craquant et en faire ressortir aussi bien l’émotion de son visage, que la félinité de son corps.

Du coup me revient en mémoire plusieurs posters agrafés aux murs de ma chambre d'infirme et c'est seulement maintenant que je fais le rapprochement avec celui que j'ai en mains.

Un claquement de doigts me fait revenir à la réalité et détourner mon regard de la revue, pour redevenir attentif aux paroles de Philippe.

- Et bien mon garçon !! Te revoilà parmi nous ?

- Excuse-moi, mais je ne m’attendais vraiment pas à ça !! Je veux dire à revoir son visage et avoir de ses nouvelles aussi vite !!

- Je te comprends, au moins celui-là on est sûr qu’il existe dans ce présent !! Il ne te reste plus qu’à le retrouver !!

- Pour ça c’est facile !! Avec un peu de chance ses parents devraient toujours tenir le camping de la dune dans le bassin d’Arcachon !! Et si ce n’était pas le cas, rien de plus facile d’obtenir son adresse par celui qui a pris cette photo.

- Et bien !! Cette journée aura été productive puisque nous savons désormais où sont deux de tes plus proches amis, d’ailleurs en y pensant je trouve que tu ne sembles pas pressé de les revoir !!

- Tu dis ça parce que je reste à passer mes matinées avec toi et le reste du temps chez mes grands-parents ?

- Exactement !!

- La précipitation n’a jamais été mon maitre mot tu sais ?? je préfère consolider ma relation avec ceux que j’ai déjà retrouvé, avant d’aller plus loin et en plus il faut aussi que je m’habitue à cette nouvelle vie, ce n’est pas aussi évident que ça y paraît figure toi !! Il y a des choses que j’ai connu ou pu faire dans mes souvenirs et qui ici n’existent pas ou que j’en ai perdu les capacités, je ne voudrais pas non plus qu’il m’arrive certaines choses que mon esprit garde en mémoire et qui ont fini dans des bains de sang.

- C’est très bien mon garçon, je constate que tu t’es mis des priorités et c’est exactement ce que je t’aurais conseillé de faire, tu as tout le temps pour toi alors tu as raison de ne rien vouloir précipiter.

- En fait il me reste un an !! Il me semble que la date d’anniversaire de mes dix-neuf ans soit un élément déclencheur de mon changement de personnalité ou quel que soit ce que ça peut être et qui me fait revenir dans un autre Florian.

- (Philippe) Tu penses revivre en boucle ces dix-huit années qui suivent ta naissance ?? C’est bien ça ??

- Presque oui !! Ou tout du moins le temps entre le décès du Florian auquel je prends la place au moment où celui que je suis arrivé à l’âge fatidique, soit quelques jours avant ma dix-neuvième année.

- (Philippe) C’est une possibilité qu’il faudra approfondir, comme celle où dans tes différents souvenirs tes grands-parents perdent la vie et déclenchent le processus de ce changement de corps.

- Je sens que tout cela est lié, même si ça ne donne pas l’explication du pourquoi et de ce que je suis en réalité !!

- Tout ce que je peux te dire, c’est que tu n’es pas quelqu’un de commun !! C’est le moins que l’on puisse te reconnaître ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 136 (Aix en Provence) (Chez les De Bierne, juste avant le déjeuner)

Michel est dans son jardin à s’occuper de son potager après avoir passé presque deux heures à discuter avec les garçons, le fait de s’occuper de ses légumes l’aide à vider sa tête de toutes ces questions qui l’assaillent depuis que son petit-fils est sorti du coma.

C’est le bruit d’une voiture se garant devant chez lui qui le fait se redresser, surpris de voir la lumière bleue sur le toit du taxi et se demandant qui ça peut bien être alors qu’il n’attend personne.

***/***

« Quelques heures plus tôt dans la matinée, à l’agence de la DBIFC d’Aix en Provence. »

Hellènes, Pierre et Antonin sortent du taxi qui les a pris en charge à la sortie de l’aéroport où le jet privé venait de se poser.

- (Hellènes) Pourquoi tu nous arrêtes à l’agence mon chéri ? Je croyais que nous irions directement chez tes parents ?

- (Pierre) Quelques signatures, je n’en aurai pas pour longtemps et n’oublie pas que je ne suis pas en vacances, s’agirait pas non plus que je laisse tout le boulot à Franck à son retour !! Et puis comme ça Antonin aura une idée de la société et de ce qu’elle représente pour nous.

Hellènes sourit au petit blond qui reste timidement en retrait, le sourire qu’il lui renvoie en retour lui fait chaud au cœur et elle reconnaît volontiers qu’il a pris une grande place dans leur vie depuis qu’il est arrivé le premier jour, le considérant de plus en plus comme un second fils.

D’ailleurs il n’y a pas qu’elle et Hellènes ne s’y trompe pas quand elle voit le geste de son mari qui lui prend les épaules en le poussant avec douceur devant lui pour qu’il passe en premier.

- Allez mon gars !! C’est un peu ton entreprise aussi tu sais ? Maintenant que tu vis avec nous !!

Les paroles de Pierre font tilt dans la tête de sa femme qui trouvait bizarre cette histoire de signatures, alors qu’il aurait pu y retourner tranquillement le lendemain sans que ça ne gêne personne.

Elle est parfaitement au fait des discussions qu’il a avec Franck pour l’avenir de la société, tout comme eux elle connait la réponse de Florian quand à prendre la suite de son père et se surprend à sourire en regardant son chéri pousser doucement Antonin comme si déjà c’était lui qui menait la barque.

Elle rattrape donc les deux hommes en enserrant d’un bras la taille de Pierre et lui souffle à l’oreille.

- Laisse-le faire ses choix seul s’il te plait, il est encore fragile !!

Pierre croise le regard de sa femme en lui faisant un clin d’œil.

- Je montre juste à Antonin ce qui fait la fierté de ma vie professionnelle, c’est tout !!

***/***

« À l’intérieur de la DBIFC. »

Mickael regarde par la fenêtre depuis son tout nouveau bureau, il n’en est pas encore revenu de son embauche au sein de cette entreprise familiale que d’aucuns avant lui auraient aimé avoir sa chance et il reconnait la veine qu’il a eu de pouvoir dans un premier temps y obtenir un apprentissage en alternance et ensuite d’y appartenir à part entière pour s’y épanouir au milieu d’une ambiance sachant allier le travail mais aussi le plaisir de se lever chaque matin pour s’y rendre.

Qu’elle n’est pas sa surprise ce matin-là d’y voir arriver le grand patron au bras de ce qui sans conteste doit être son épouse, accompagné d’un jeune garçon blond hyper mignon qui à l’évidence se retrouve tout intimidé d’être là.

- Hé les gars !! Voilà le pacha qui arrive !! Il a amené toute sa famille avec lui on dirait !!

Il voit les sourires de tous ses collègues se figer quand il a terminé la dernière moitié de sa phrase, surpris de ce changement radical d’attitude alors qu’il sait très bien comment est adulé leur patron par tous ses collaborateurs.

- Qu’est-ce que j’ai dit ??

- (Un collègue) Le rouquin est avec lui ?? Manquait plus que ce connard de merdeux ici !! Ceux de Paris doivent être bien contents de le savoir loin, parole !!

- Il n’a pas l’air si terrible pourtant ??

- Ne t’y fit pas « Micka » !! C’est aussi ce que disaient de lui ceux de Paris avant d’avoir eu à faire à lui et il leur en a déjà fait voir des vertes et des pas mûres, crois-moi sur paroles !! Tu devrais le savoir puisque tu viens de là-bas ??

CHAPITRE 137 (Aix en Provence) (Chez les De Bierne, juste avant le déjeuner) (suite)

- Je ne sais pas de quoi vous parlez tous, mais ce gars n’est pas rouquin !!

- Comment ça pas rouquin ??

- Venez voir si vous ne me croyez pas !!

Le personnel présent dans le bureau paysagé se lève pour venir à la fenêtre qui donne sur l’entrée de l’agence.

- Tiens c’est vrai ça !! Il est blond le môme !!

- Ce doit être le fils De Bierne quand même !! Regarde comme le boss le tient !! Il a dû très certainement se faire une teinte pour changer de look ou se faire oublier un peu, qui sait !! Petit, mince, gueule d’ange et cheveux longs, c’est bien la description que nous avons eu du gamin !!

Une voix de fille derrière eux.

- Poussez-vous les gars, je ne vois rien moi !! Mais c’est vrai qu’il est trognon le blondinet ?? J’en ferais bien mes quatre heures ! Hi ! Hi !

- Wouah !!! Écoute l’autre couguar !!

- C’est de moi que tu parles ?? Je n’ai que vingt-trois ans je te signale quand même, alors modère tes paroles tu veux bien ?? Décidemment il est trop top ! Hi ! Hi !

Mickael sourit comme à son habitude devant le bagout de sa collègue et il espère bien rapidement amie, elle ne mâche pas ses mots et n’hésite pas à remettre en place ceux qui la chicane un peu trop, au grand amusement de tous d’ailleurs qui le font souvent exprès de la mettre en boite.

Leur patron et sa famille disparaissant de leurs vues en entrant dans l’agence, ils reprennent tous leurs places comme si de rien était et s’affairent à leurs postes, ne voulant surtout pas être pris à ne rien faire devant celui qu’ils apprécient trop pour lui faire cet affront.

***/***

Une fois passé l’accueil, Antonin regarde les yeux grands ouverts autour de lui, s’imprégnant des lieux et de l’ambiance qui y règne, une femme passe près de lui pour venir s’adresser à son patron en lui jetant un regard noir qui le fait aussitôt se recroqueviller sur lui-même et se serrer contre Hellènes qui du coup s’en étonne.

- Allons « Tonin » !! Tu n’as pas à avoir peur ici !! Personne ne va te manger tu sais !!

La secrétaire passe devant eux et s’avance vers Pierre, ils discutent quelques secondes et celui-ci se tourne vers sa femme avec le sourire.

- Tu n’as qu’à faire visiter l'agence à Antonin pendant que je vais régler quelques affaires en attente ?

- Bonne idée, chéri !! Tu n’auras qu’à nous rejoindre quand tu auras terminé !!

- Entendu, on fait comme ça !!

Pierre s’éloigne, suivit par la secrétaire qui ne peut s’empêcher de jeter une nouvelle fois un regard haineux vers Antonin, mais cette fois il est capté par Hellènes qui a un hoquet de surprise en serrant plus fort le petit blond toujours contre elle.

- Mais qu’est-ce que c’est ?? Madame, s’il vous plait ??

La secrétaire surprise, se retourne vers la femme de son patron.

- C’est à moi que vous vous adressez madame ?

- A qui d’autre voulez-vous ? Pourquoi avez-vous fusillé ce garçon du regard ? Il ne vous a rien fait il me semble ?

- Nous savons tous qui il est et de quoi il est capable, je ne voudrais pas vous sembler impolie madame mais la réputation de votre fils vous a hélas précédée depuis longtemps ici !!

Pierre qui avait pris un peu d’avance dans le couloir, revient sur ses pas avec le visage des mauvais jours qui ne lui est tellement pas habituel que la femme comprend qu’elle a sans doute été trop loin et va pour s’en excuser, quand il ne lui laisse pas le temps de le faire avant de lui poser la question.

- Antonin n’est pas mon fils et j’aimerais connaître les rumeurs qui trainent ici sur Florian pour vous permettre une telle indélicatesse de parole devant mon épouse ?

La femme ne sait plus où se mettre, l’éclat de voix de son patron la paralyse tellement qu’elle en tremble et c’est une autre voix joyeuse celle-là qui font se retourner vers elle tous les regards.

- Je l’avais bien dit qu’il était trop trognon pour être méchant ! Hi ! Hi !

Mickael l’attrape par l’épaule pour la faire taire.

- « Cathy » tais-toi s’il te plait, ne va pas te donner en spectacle devant le patron quand même !!

Catherine ne se laisse pas démonter par les paroles de son ami, elle termine de descendre les dernières marches pour arriver devant Antonin et lui prendre le menton d’une main et le levant vers elle.

- En plus c’est qu’il a des yeux magnifiques ! Hi ! Hi ! Dis donc apollon !! Tu ne chercherais pas une petite copine par hasard ??

- Non madame !!

- Madame ????????

L’éclat de rire général qui suit l’air offusqué de Catherine, fait bizarrement oublié toute la tension précédente et c’est avec les larmes aux yeux que tous repartent à leur travail non sans jeter une dernière fois un regard amusé à leur collègue et amie, qui n’a décidemment pas la langue dans sa poche.

CHAPITRE 138 (Aix en Provence) (Chez les De Bierne, juste avant le déjeuner) (fin)

Miraculeusement l’effet des paroles de Pierre en disant qu’Antonin n’était pas son fils, a remis les sourires et la bonne humeur chez tous les salariés de l’entreprise, la visite des lieux qu’Hellènes fait découvrir à Antonin se terminant mieux qu’elle n’avait commencé et c’est au bout d’une heure quand Pierre les rejoint enfin, qu’ils quittent l’agence Aixoise avec derrière eux l’expression satisfaite des visages de tous les collaborateurs heureux encore cette fois d’avoir eu l’occasion de rencontrer le big-boss.

Ce n’est qu’une fois remontés dans le taxi, que les inquiétudes d’Hellènes reviennent d’actualité et qu’elle exprime haut et fort ses craintes à son mari.

- Tu te rends compte qu’ils avaient pris « Tonin » pour « Flo » ??

- Ils n’ont jamais vu Florian je te rappelle !! Non… !! En fait ce qui me gêne le plus c’est leurs réactions envers notre fils, il ne faut pas demander ce que ceux de Paris ont dû leur raconter pour qu’ils le haïssent autant !!

- (Antonin) Pourquoi ils font ça ? Votre fils leur a fait quelque chose de mal ?

- (Pierre) L’ancien Florian était ce qu’on pouvait souhaiter de pire à une famille, je t’en ai déjà touché quelques mots il me semble ?

- (Antonin) Oui mais je ne pensais pas que c’était aussi fort !! Ces gens me regardaient comme si j’étais leur pire ennemi !!

Hellènes voit bien le chauffeur du taxi tendre l’oreille pour écouter ce qui ressemble à un secret de famille, Friand de ce genre de cancan qu’il peut ensuite répéter à ceux de ses clients qui engagent une conversation avec lui et qu’en plus ce soient les secrets intimes d’un grand patron bien connu de cette ville, cela vaut son pesant de pourboire assurément.

- Nous reparlerons de ça plus tard, ça ne regarde que nous !!

Pierre suit le regard de sa femme vers le chauffeur et hoche la tête en guise d’acquiescement, changeant aussitôt de sujet de conversation.

- Je t’ai trouvé bien intimidé devant mes collaborateurs « Tonin » ?

- C’est que je ne suis pas habitué à voir autant de monde tu sais !! Cela allait mieux vers la fin de la visite !!

- Tu as pu voir en quoi consiste notre travail ?

- Oh oui !! J’aime beaucoup ce que vous faites dans cette entreprise, ça doit être passionnant !!

Hellènes voit bien le sourire satisfait de Pierre qui se recale confortablement dans son siège.

- Peut-être pourras tu emmener « Tonin » de temps en temps avec toi pour qu’il voit ce que vous faites sur le terrain ?

- (Pierre) Ça te plairait ?

- Oh oui !! Avec mes parents nous nous cachions souvent dans les bois pour passer la nuit et même si j’avais peur, j’aimais bien être au milieu des arbres, leurs odeurs, le calme et tout le reste !!

- Et bien soit !! Dès que tu auras tes nouveaux papiers, je n’y manquerai pas !! Tu ne peux pas savoir le plaisir que tu me fais « Tonin » !!!

- Pourquoi ça ? Florian n’aime pas la nature ?

- Je n’ai pas dit ça !! C’est juste que ce n’est pas son but de suivre mes pas dans ma société, il veut être chirurgien tu comprends ?

- Ça je le savais ! Hi ! Hi !

Antonin voit l’étonnement que ses paroles occasionnent et croit bon de préciser en se tapotant le crâne.

- C’était là-dedans avec le reste !!

- (Hellènes) Tu vas avoir un choc en te retrouvant devant lui, mais tu ne t’imagines certainement pas celui que lui va avoir en te voyant !!

- (Pierre) Nous n’allons pas tarder à le savoir, nous arrivons au lotissement où vivent mes parents. Ne sois surtout pas intimidé par eux mon garçon, ils sont très gentils et ils t’accueilleront les bras ouverts j’en suis certain !! Tiens !! Nous sommes arrivés !! Chauffeur, garez-vous devant le pavillon là-bas s’il vous plait ?

- Bien monsieur !!

***/***

Michel sourit en reconnaissant son fils et sa bru qui descendent du taxi, il se dit que pour une surprise c’est une surprise et il se fige soudainement en voyant également en sortir un tout jeune homme à la silhouette étrangement semblable à son petit-fils, il reconnait aussitôt le visage qu’il a pu apprendre à reconnaître sur les dessins de Florian et il connait également ce que représente ce garçon blond pour son petit-fils, une émotion immense venant soudainement lui serrer le cœur en comprenant l’importance que va avoir ce petit blond pour sa famille.

Une larme perle aux bords de ses yeux qui s’écoule lentement sur sa joue ridée par les ans, Pierre s’en rend compte et sourit à son père pour lui démontrer la joie que lui aussi éprouve en cet instant et une fois qu’il a réglé la course au chauffeur, il se dirige vers lui en tenant Antonin encore une fois intimidé pour le lui présenter.

- Papa !! Voici Antonin l’ami de Florian !! Mais à voir ta tête je me doute que tu l’as déjà reconnu !!

Michel prend le jeune garçon dans ses bras et laisse alors s’échapper toute son émotivité en pleurant à chaudes larmes.

- J’en connais un qui va être content, oui !! J’en connais un !! Bienvenu parmi nous mon garçon, tu es le lien qui manquait aux souvenirs de mon petit fils et tu ne peux même pas imaginer combien je suis heureux pour vous deux !! Oui !! Pour vous deux !!

CHAPITRE 139 (Aix en Provence) (Chez les De Bierne, retrouvailles)

« Cabinet du professeur Espinach, un peu avant midi ce jour-là. »

Philippe reste songeur depuis que Florian est reparti, décidément il ne sait plus trop à quoi s’en tenir avec tout ce qu’il a appris sur lui depuis qu’il a commencé les séances quotidiennes.

Il est confronté à des impossibilités tant physiques que mentales qui lui semblent insolubles ne serait-ce d’accepter ce que son cerveau refuse encore de croire, il en est là dans ses pensées quand un bref coup à sa porte suivit de l’entrée de sa secrétaire le font revenir à des choses plus terre à terre.

- Oui ??

- Un monsieur Louvain, André Louvain désirerait vous parlez !! Je lui ai dit qu’il fallait qu’il prenne rendez-vous, mais il m’a certifié que vous ne verriez aucun problème à le recevoir.

- C’est exact !! Faites-le entrer s’il vous plait !!

- Bien professeur !!

Philippe range le dossier de Florian qui est encore sur son bureau, juste le temps pour qu’il entende sa secrétaire parler avec André.

- Le professeur vous attend monsieur, son bureau se trouve au fond de la salle d’attente.

- Merci beaucoup et je m’excuse encore de l’heure inappropriée de ma visite.

Philippe se lève pour l’accueillir, une poignée de main virile avant qu’André attaque à brûle-pourpoint le but de sa visite en déposant le contenu de l’enveloppe que lui avait confié Philippe sur le sous-main du bureau.

- Ça fait deux jours que je ne dors plus !! Ma femme et ma fille sont dans tous leurs états et je ne trouve pas d’explications logiques à ces images !!

- (Philippe) Je vous attendais plus tôt !!

André éparpille les quelques feuillets sur le bureau.

- Je reconnais avoir longuement hésité à venir, j’ai tout d’abord cru à une plaisanterie de mauvais goût je vous avoue !!

- Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?

- Le réalisme de ces portraits mais aussi l’impossibilité que celui qui les a croqués connaisse certaines des personnes qui y sont représentées, voyez-vous mon frère n’est jamais venu à Aix en Provence !! Nous habitions Marseille avant d’y faire l’acquisition de notre premier pavillon et notre dispute date d’avant notre emménagement il y a plus de vingt ans, pourtant c’est bien lui et sa femme qui apparaissent sur cette feuille et ce même si l’âge qu’ils ont sur cette planche semble beaucoup plus récente, moi-même j’aurais été bien incapable de le représenter tel qu’il apparaît ici !! Comment expliquez-vous ça ? De plus il n’y a aucun doute que des deux garçons blonds, l’un des deux au moins serait mon fils s’il avait vécu assez longtemps !! Je ne sais pas du tout qui est l’autre, mais vu la ressemblance frappante ce ne pourrait être qu’un autre de mes fils et voyez-vous professeur, je suis bien placé pour savoir…

André hésite du fait qu’il pense bien à une autre possibilité mais décide de ne rien révélé encore.

- …que ce n’est pas.... Le…cas et donc…. Voilà pourquoi je suis venu vous visiter aujourd’hui !!

- Ce n’est pas un autre de vos fils en effet !! Ce garçon est votre neveu Thomas, celui-là même qui a occasionné ma visite chez vous !!

- Mais enfin !! Je n’en ai jamais entendu parler et rien ne dit qu’il existe quelque part !!!

- Veuillez-vous asseoir, nous allons avoir je pense une longue conversation !! Laissez-moi déjà vous donnez les noms des autres personnes qui apparaissent sur ses feuillets, ainsi que ce qu’ils représentent ou pour être plus exact, ce qu’ils représentaient pour vos enfants dans les souvenirs de Florian !! Car vous l’avez compris je pense, c’est lui l’auteur de ces dessins qui sont issus de sa mémoire.

- Mais !!!

- Ecoutez ce que j’ai à dire s’il vous plait !! Il sera temps après ça de poser vos questions.

***/***

« Dans le bus qui ramène Florian au lotissement de ses grands-parents. »

Je regarde par la vitre du bus en souriant béatement, ce que j’ai appris ce matin me rend tout guilleret et mes pensées vont vers mes deux amis que j’ai bon espoir de revoir rapidement maintenant que j’ai eu confirmation de leurs existences, mon cerveau tourne à toute allure pour trouver par quel moyen me présenter à eux sans qu’ils n’y trouvent matière à ne pas m’accepter tel que je le souhaiterais.

Je sais très bien que jusque-là les choses ont pour le moins plutôt bien tournées en ma faveur, ne serait-ce la tristesse d’avoir appris pour Erwan et je ne me fais pas d’illusions sur le fait qu’il y aura encore très certainement quelques divergences entre cette réalité et mes souvenirs, en priant toutefois pour ne plus perdre d’autres personnes qui m’étaient chères.

J’entends le clignotant du bus, un bref regard me conforte que c’est bien mon arrêt et je quitte mon siège pour attendre l’ouverture des portes, il y a bien quelques personnes qui me dévisages mais apparemment juste par curiosité, voir par intérêt et non avec le regard haineux que j’appréhende toujours d’y lire sur leurs visages.

Mes sept ans d’absence m’ont suffisamment transformé pour que le risque d’être reconnu soit des plus minces, mais on ne sait jamais et les actes de méchanceté de mon ancien moi pourraient en affecter encore quelques personnes, personnes qui si elles me reconnaissaient, ne m’amèneraient que des ennuis qu’il est préférable d’éviter.

Ce n’est qu’une fois dans ma rue, que mon sourire revient et que je me moque intérieurement une fois de plus de moi et de mes craintes qui jusque-là sont restées sans fondement.

***/***

« Dans le pavillon des De Bierne. »

Yuan quitte la fenêtre de la cuisine donnant sur la rue, il entre en trombe dans le salon où toute la famille prend l’apéritif en attendant justement l’arrivée du fils prodigue.

- Le voilà !!

- (Antoine) Tiens !! Prends ça !! Tu sais ce que tu as à faire !!

CHAPITRE 140 (Aix en Provence) (Chez les De Bierne, retrouvailles) (fin)

Yuan attrape le masque de nuit que lui tend Antoine et se précipite vers la porte d’entrée avant que Florian ne la franchisse, il arrive dehors juste à temps pour accueillir son copain avec un petit sourire qui en dit long sur la façon dont il voit la suite des événements.

Je suis surpris de le voir me barrer le passage et lui en fait la remarque en regardant ce qu’il tient en main avec amusement.

- Une partie de colin-maillard ?? On est peut-être un peu vieux pour ça, non ? Hi ! Hi !

- Nous avons une surprise pour toi « Flo » !! Il va falloir que tu devines ce que c’est !!

- Allez !! Dis-moi ?? Je ferai celui qui ne sait pas ! Hi ! Hi !

- Tss ! Tss ! Pas question !! Tu mets ce masque sur tes yeux et tu ne triches pas, d’accord ??

- Humm !! C’est quoi ?? Un gâteau ??

- Je ne te dirai rien, alors ça ne sert à rien de me questionner !! Un gâteau ?? Je reconnais bien là le goinfre que tu es ! Hi ! Hi !

Comme à chaque fois que ma curiosité est mise à l’épreuve, je me trémousse sur place au plus grand amusement je le vois bien de mon copain qui en a les yeux qui luisent du plaisir de me sentir sur les dents.

- Il y a des fois où je me demande vraiment quel âge tu as !! On croirait un gosse devant un arbre de Noël !!

Il m’embrasse rapidement sur le coin des lèvres.

- Ne change surtout plus, j’adore !! Allez !! Mets ce masque et devine ce que c’est !!

Une fois le bandeau en place, il me prend la main et me conduit à l’intérieur de la maison, je ressens la présence de plusieurs personnes qui étrangement font silence et Yuan me laisse planter là au milieu de la pièce en allant s’asseoir sur le divan.

Je le sais parce que j’entends le crissement du cuir sous son poids, j’essaie d’écouter les respirations pour me faire une idée du nombre de personnes qui sont là et j’ai très vite la conviction qu’il y en a plus qu’il ne devrait, j’hume alors l’air ambiant et un déclic se fait aussitôt dans ma tête en reconnaissant le parfum qui m’arrive aux narines.

- Maman ??

Plusieurs rires retentissent dont un en particulier que je reconnais aussitôt.

- Papa ?? Vous êtes revenus ?? C’est ça la surprise ?? Cool !!

- (Yuan) Tes parents sont bien là en effet mais cherche mieux ! Hi ! Hi ! Ce sont eux qui t’ont amené la surprise !!

- Je peux me déplacer ??

- (Yuan) Tu fais comme tu le sens, juste que tu dois garder le bandeau !!

Je me concentre en me remémorant la disposition de la pièce, quelques pas et un premier contact avec la table basse me situe dans le salon, il m’est aisé ensuite d’évoluer sans trop prendre de risques de buter dans quelque chose et je me prends au jeu en me déplaçant lentement dans le salon à la recherche de cette surprise qui semble les amuser beaucoup.

Rien sur la table, je reconnais ensuite au toucher mes grands-parents qui ont monopolisé les deux fauteuils et j’en profite pour leur faire la bise en m’asseyant un bref instant sur leurs genoux, je recommence mon inspection quand soudainement quelque chose me trouble.

Une impression bizarre à laquelle je n’arrive pas à mettre un nom, une odeur de transpiration, un battement de cœur rapide, une respiration haletante, un reniflement d’émotion, un petit bruit de pieds qui bat le sol en cadence de nervosité ou de trouble trop fort.

- Il y a quelqu’un d’autre ici !!

- (Yuan) Bravo « Flo » !! Il ne te reste plus qu’à deviner qui c’est !!

***/***

Antonin depuis l’entrée de Florian dans le salon avec les yeux bandés, n’arrive plus à juguler ses émotions tellement celles-ci sont fortes et dépassent de loin ses capacités à pouvoir les gérer en gardant son calme.

Il a l’impression de revivre ses rêves les plus torrides où il passait ses nuits dans les bras de ce garçon, des nuits de passions, d’amour et d’une amitié sans commune mesure avec la vie qu’il vivait alors, perdu dans ce monde sans argent et dans une détresse telle, qu’il ne voyait pour lui qu’une tombe comme avenir proche.

Le voir en chair et en os à quelques mètres à peine de lui alors qu’il n’était que le fantasme qui l’aidait à survivre, l’oasis où il aimait s’enfermer pour quelques heures d’un sommeil agité, toujours sur le qui-vive d’un mauvais coup porté contre lui et qui seul lui amenait un semblant de joie quand il ouvrait les yeux chaque matin, avant de reprendre conscience de son triste sort.

C’en est trop pour Antonin qui se lève brusquement pour se jeter dans les bras de ce garçon qu’il aime comme un fou depuis tant d’années, pleurant à chaudes larmes en le serrant très fort contre son corps tremblant de cette explosion d’émotions.

***/***

Un réflexe ? Un pressentiment ? Quelque chose de suffisamment puissant en tous les cas, venant du plus profond de mon être me fait ouvrir les bras au moment précis où un corps fragile et chaud vient s’y blottir tout tremblant et en pleure contre ma poitrine.

Mes bras se referment, instinctivement protecteurs pour enlacer celui que mon cœur a reconnu quelques millisecondes avant mon esprit et dont le prénom s’échappe de mes lèvres avec une douceur telle qu’elle m’en donne la chair de poule.

- Antonin !! C’est bien toi ??

CHAPITRE 141 (Paris) (Bureaux de la DST)

Maurice regarde dans la rue depuis la fenêtre grande ouverte de son bureau, un petit moment de détente qu’il aime s’accorder de temps en temps et qui l’aide souvent à faire le tri dans ses pensées en s’aérant la tête.

Un sourire d’intense satisfaction illumine son visage car depuis quelques jours tout semble lui réussir, les quelques heures de discussions avec Florian ainsi que les nombreuses notes qu’il en a pris, commencent à porter leurs fruits et les premières arrestations tentent à démontrer qu’il y a beaucoup de similitudes entre les souvenirs du petit rouquin et la réalité actuelle.

Quelques assassins notoires à la solde de pays sans scrupule se sont retrouvés des plus surpris quand les hommes de la DST sont venus les dénicher là où ils n’y avaient aucune raison qu’ils les trouvent.

La section contre-espionnage elle aussi fait gorge chaude des indications précises que leur a apporté leur patron, patron qui depuis ces quelques jours est monté très haut dans leur estime alors qu’il n’a pris son poste que récemment et que beaucoup cherchaient encore à juger du bien-fondé de sa promotion à la direction du service.

Jalousie bien naturelle pour des personnes qui espéraient le poste et qui maintenant sont bien obligés d’en accepter le nouveau titulaire au vu de ses résultats autant probants que rapides.

Un dernier soupir de satisfaction et Maurice retourne à son bureau où l’attend encore une pile conséquente de dossiers à traiter, il la repousse néanmoins pour sortir d’un de ses tiroirs un autre dossier qui s’étoffe de jours en jours de nouvelles informations et qui commence même à troubler son sommeil tant chaque donnée recueillie appellent à d’autres questions encore plus inimaginables.

Maurice va pour l’ouvrir et se plonger de nouveau dedans quand un appel vient lui détourner l’attention.

- Maurice Désmaré, je vous écoute !!

- …..

- Entendu, faites-le entrer !!

- ….

Maurice raccroche le combiné et range le dossier dans son tiroir, il le referme juste quand un homme à la carrure imposante entre dans la pièce.

- Vous aviez demandé à me voir patron ?

- En effet monsieur Novack !! Vous êtes une des dernières personnes de mon service que je n’avais pas encore eu l’occasion de rencontrer depuis ma prise de fonction et étant donné votre disons…. « Spécialité » …. Au sein de l’agence, je tenais à mieux vous connaître. Quelqu’un devenu très proche m’ayant demandé de vos nouvelles, j’ai cru bon de vous convoquer pour faire un point sur vos activités actuelles et le cas échéant vous en détacher pour une mission de haute sécurité auprès de cette personne.

- Vous piquez ma curiosité patron !! Qui est cette personne ??

- Florian De Bierne !!

- Vous êtes certain de ne pas faire erreur patron ? Je n’ai jamais entendu parler de cet homme, je vous assure et qu’il ait pu vous demander de mes nouvelles, m’intrigue au plus haut point je vous l’avoue !!

- Pourtant il m’a assuré très bien vous connaître personnellement, me demandant même des nouvelles des trois « Jo » !!

Maurice sourit devant le visage de Victor, marqué par un extrême étonnement à ses paroles.

- Je puis vous assurez que c’est bien la première fois que j’entends parler de cette personne !! Qu’il connaisse les triplés m’étonne encore davantage car très peu connaissent ce qui pour elles tient du secret depuis qu’elles sont en âge de faire tourner les gens en bourriques !!

C’est au tour de Maurice de marquer l’étonnement absolu en comprenant ce que signifient le « elles », il éclate alors de rire devant un Victor qui aimerait très certainement à voir la tête qu’il fait, en comprendre la raison.

- (Maurice) Elles !! Vous avez bien dit…. Elles ??

Victor visiblement décontenancé par la question.

- Normal puisque ce sont des filles !! Je ne comprends vraiment pas ce qu’il y a de si comique ?? Peut-être voudriez-vous bien me l’expliquer que je puisse en rire avec vous ??

Maurice s’esclaffe encore plus fort en se claquant les cuisses de ses deux mains.

- Eh bien ! Hi ! Hi ! J’en connais un qui va faire une drôle de trombine en l’apprenant ! Hi ! Hi ! Mais dites-moi ? Elles sont bien rousses toutes les trois ? Avec les cheveux en crêtes de coqs ??

- Euh !! Oui !! Mais comment….

Maurice lui coupe la parole d’un geste de la main.

- C’est une longue histoire et je ne doute pas qu’après l’avoir entendue, vous ne trouviez pas ça également du plus grand des comiques ! Hi ! Hi ! Des filles !!! Je n’y crois pas !!! Vous êtes sûr ?? Hi ! Hi !

CHAPITRE 142 (Paris) (Bureaux de la DST) (fin)

« Dans le bureau de Maurice, début d’après-midi. »

La conversation entre les deux hommes est si passionnante que ni l’un ni l’autre n’ont vu l’heure du déjeuner passer et quand ils s’en rendent compte l’appétit les a quittés, aussi c’est sans s’être concertés qu’ils préfèrent continuer leur discussion.

- Je ne sais que penser de tout ça patron, s’il n’y avait pas toutes ces preuves et les arrestations qui en découlent, je serais très certainement amené à penser que vous avez perdu l’esprit !!

- Pourtant les faits parlent d’eux-mêmes, ce garçon reste une énigme qu’il nous faudra bien déchiffrer un jour et c’est pourquoi je vous parlais d’une nouvelle mission, une mission particulière je vous le concède mais qui j’en suis certain saura très vite monopoliser toute votre énergie.

- Quelle en sera la teneur ?

- Avant d’en venir au but de cette mission, il vous reste quelques informations à connaître !! Sachez déjà que nous venons depuis quelques jours de classer tout ce qui concerne ce garçon en « secret défense » sur ordre express de la plus haute autorité.

- Ça me semble judicieux au vu de ce que j’ai déjà appris !! Si toutes ces informations venaient à être découvertes, les problèmes qui en découleraient seraient proportionnelles à l’importance politique ou autre de celui ou ceux qui en auraient eu vent !!

Maurice arpente pendant plusieurs minutes les quelques mètres entre son bureau et la porte de celui-ci, Victor quant à lui ressasse en boucle tout ce qu’il vient d’apprendre et sursaute de surprise quand enfin son patron se décide à reprendre la parole.

- Personne !! Vous m’entendez bien ? Personne, ne doit apprendre ce que je viens de vous révéler !! Il en va de la sécurité de tous !! Imaginez que le monde découvre que notre vie n’est pas la seule et qu’il existe quelque part que ce soit dans le temps ou dans l’espace, une vie semblable à la nôtre ? Personne ici-bas n’est prêt à entendre une telle révélation sans y être préparé à minima à en comprendre les implications !!! Si en plus il venait aux oreilles de tout un chacun qu’une personne qui a le « pouvoir » de passer d’une réalité à une autre en gardant la mémoire de ses anciennes vies est parmi nous, vous imaginez bien ce que cette révélation amènerait comme complications. Et si cette personne qui plus est se révèle posséder ce que j’appellerai faute de mieux des « dons », celui entre autres de se guérir mais aussi de débarrasser n’importe qui de tous les maux dont il souffre !! Une personne capable d’engranger dans sa mémoire toutes les cultures, les écrits et les avancées significatives d’une planète entière !! Mais aussi d’avoir la possibilité de synthétiser son savoir pour en explorer d’autres possibilités, voire réaliser des découvertes si spectaculaires que je n’ose même pas imaginer l’impact qu’elles auraient sur notre façon de vivre !!

- Vous n’allez pas un peu loin dans votre analyse patron ? Je veux bien croire que ce jeune homme sorte de l’ordinaire mais de là à le déifier comme vous le faites, il y a là un énorme pas que je me garderai bien de franchir !!

- Et c’est justement pour cette raison que je vous confie cette mission de protection, de surveillance et de renseignements sur sa personne !! Nous sommes très peu à être au courant, du moins suffisamment pour y voir le magnifique espoir mais aussi le terrible danger qu’il pourrait en résulter si toutes ces informations tombaient entre de mauvaises mains !! D’autres guère plus nombreuses en connaissent toutefois suffisamment pour déjà se poser des questions, mais heureusement leurs connaissances sont limitées dans leurs seuls secteurs d’activités !! Il sera dans vos prérogatives de mettre tout en œuvre pour qu’elles en restent là !! Il est possible comme vous venez de le souligner, que tout ceci ne soit que conjectures de notre part et croyez-moi ou pas, j’en serais le premier heureux de l’apprendre !! Mais les faits sont là !! Il est donc de notre devoir envers notre pays et envers les autres nations d’en vérifier la véracité, nous avons la chance que ce garçon, Florian, soit une personne fondamentalement altruiste et que ses préoccupations premières soient très loin de celles d’un despote.

- S’il est aussi potentiellement dangereux que vous semblez le croire, pourquoi le laisser libre ?

Maurice regarde Victor avec étonnement et incrédulité, il finit par sourire en reprenant la parole d’une voix complètement différente marquée fortement par son ressenti envers Florian.

- Parce qu’il ne demande rien d’autre que de retrouver ses amis pour vivre heureux, voilà pourquoi !! De plus je suis persuadé qu’il n’est même pas conscient de ce qu’il représente et que ses pensées sont très loin croyez-moi de celles que je viens de vous exposez, ce n’est qu’un jeune homme encore dans l’adolescence qui cherche son bonheur. D’ailleurs en parlant de ça, je vais vous confier une autre mission !! Vous aurez tout le personnel nécessaire pour la mener à bien, je vous ai d’ailleurs fait une liste de noms de personnes faisant partie de nos services et auxquelles vous devrez faire appel en priorité.

- Quelle sera cette mission patron ?

- Retrouver un garçon qui d’après le peu que j’en sais vit quelque part dans un pays émergeant, il est je pense très important de le retrouver et il faudra mener cette nouvelle enquête avec la même discrétion que la précédente, je ne vous cacherais rien en vous disant que les deux affaires sont liées !!

- Ce garçon a-t-il un nom ?

- Certainement !! Il s’appelle Thomas Louvain !!

- Entendu patron !! Puis je disposer du dossier De Bierne ?

- Il ne doit pas quitter ce bureau, vous pourrez le consulter à votre guise ici !! Je vais vous y faire installer le nécessaire pour votre confort de recherche, rappelez-vous que tout ce qui entre ici ne doit pas en sortir !! Seul le président et quelques personnes dont les noms sont inscrits en première page du dossier peuvent en avoir connaissance.

Maurice comprend que son visiteur s’apprête à sortir, il sourit brièvement avant de le rappeler.

- Ah oui !! Une chose encore, disons plutôt une faveur que je vous demande !!

- Laquelle, patron ?

- J’aimerai être présent le jour où Florian rencontrera les triplés ! Hi ! Hi ! Je ne voudrais surtout pas rater cet instant !!

- Parce que vous pensez qu’il souhaitera les voir ??

- Ça ne fait aucun doute !! Rappelez-vous ces paroles Victor, Florian est un garçon attachant qui ne saura vous laissez indifférent quand vous aurez appris à le connaître et là d’où il vient quel qu’en soit l’endroit exact, il vous tenait vous et votre famille en très grande amitié !! Au fait !! Si ce n’est pas indiscret de ma part, j’aimerais connaître les prénoms de vos filles.

- Il n’y a pas de secret d’état à vous le révélez patron !! Il y a Joanne l’aînée, Josiane et Joëlle la cadette, je ne comprends toujours pas le pourquoi de votre fou rire de tantôt ?

- Vous le comprendrez vite en lisant mes notes prises lors de mes conversations d’avec Florian ! Hi ! Hi ! Je les ai transcrites entièrement et elles sont dans son dossier, je vous laisse la surprise de ce que vous y apprendrez sur votre fratrie ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 143 (Aix en Provence) (Antonin)

« Chez les De Bierne, au moment des retrouvailles. »

L’instant de forte émotion passée, les deux amis se séparent en n’en croyant pas leurs yeux de ce qui pourtant semble bien réel.

La maison et ses habitants retrouvent son calme, chacun se reprend comme il le peut du moment intense qu’il vient de vivre de ces retrouvailles si particulières.

Attendant maintenant avec impatience et curiosité les révélations qui ne vont certainement pas manquer d’arriver, levant certainement une partie du voile de mystère qui imprègne les souvenirs d’Antonin.

Celui-ci est dans l’incompréhension la plus totale de se retrouver face à ce garçon roux qui jusqu’alors n’était pour lui qu’un rêve, un très beau, voire un merveilleux rêve, mais un rêve tout de même et jamais il n’aurait imaginé un jour être confronté à lui dans la vraie vie.

***/***

- (Antonin) Comment est-ce possible !! Je veux dire, comment peux-tu exister vraiment ??

Ses paroles d’abord pour le moins étranges, prennent alors toutes leurs importances quand je commence à en percevoir le sens.

- Ôte-moi d’un doute là !! C’est la première fois que tu me vois ??

- Ailleurs que dans ma tête durant toutes ces nuits ? Oui bien sûr !!

- Y avait-il autre chose ? Un message ??

- Il me semble en effet !! Je n’ai jamais pu en saisir le sens exact pourtant, ce que je me rappelle c’est qu’il était important et aussi qu’il était en rapport avec Thomas.

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine en entendant Antonin prononcer le prénom de mon chéri, un immense espoir de le retrouver plus vite que je ne l’aurais pensé me fait lui poser la question d’une voix fébrile.

- Thomas !! Tu connais Thomas ?? Où est-il ?? Il va bien ??

- Je te retournerai aussi bien toutes tes questions !! Pour moi jusqu’à pas si longtemps, vous n’étiez tous les deux que le fruit de mon imagination qui m’aidaient à ne pas devenir fou de solitude et surtout à pouvoir supporter une journée de plus là où je n’avais plus guère d’espoirs de m’en sortir avant que ton père ne vienne me chercher.

Je regarde mon père.

- Tu savais qui il était p’pa ?

- (Pierre) C’est ta mère qui a reconnu « Tonin » grâce aux dessins que tu avais jeté dans ta poubelle, pour ma part j’avais déjà depuis quelques temps remarqué sa détresse et j’avais aussi envisagé sérieusement de lui venir en aide un jour ou l’autre, le fait d’apprendre ce qu’Antonin représentait pour toi n’a fait que précipiter une décision qui était déjà prise inconsciemment dans ma tête. Si je ne l’avais pas encore prise, c’était seulement dans l’intention de vous en parler à toi et à ta mère pour que nous soyons tous d’accord avant, tu comprends ?

- Bien sûr !! Je suis certain que vous ne regrettez pas votre décision, pas vrai ??

- (Hellènes) « Tonin » est comme un second fils pour moi et ton père, mais tu dois bien déjà t’en douter ?

- Il va falloir pourtant que vous vous ôtiez cette idée de la tête !! Antonin ne sera jamais mon frère !!

- (Hellènes) Mais !!! Je croyais que….

Je sens bien tous les regards portés sur moi et je m’empresse de reprendre la parole pour ne pas qu’ils se fassent de mauvaises idées comme ça semble l’être sur le sens de ma dernière phrase.

Je fais les quelques pas qui me sépare d’Antonin pour le prendre doucement par la taille et le sentir frémir sous mes doigts, me prouvant par la même que je ne me trompe pas sur ses sentiments envers moi.

Je fixe ensuite mes parents avec le sourire.

- Ça m’étonnerait beaucoup qu’Antonin m’ait vu comme un frère dans ses rêves, pas vrai blondinet ?

Je sens sa main faire timidement le tour de ma taille, son regard s’enflamme autant que ses joues qui prennent une coloration des plus caractéristiques des sentiments qu’il éprouve, mêlant le trouble à la joie sincère d’apprendre qu’ils sont réciproques et à la timidité qui le tient encore d’avouer ses sentiments en public, ainsi que l’impact que ses prochaines paroles vont avoir sur sa vie future.

- C’est exact et Florian a raison, il va me falloir du temps je pense pour me faire à l’idée que ce qui n’était encore il n’y a pas si longtemps qu’un fantasme puisse devenir une réalité et que dans cette réalité mes liens avec « Flo » seront tout sauf fraternels tout du moins dans le sens où vous l’envisagiez.

- (Antoine) « Yu » !! Un seau d’eau, vite !! Y a le petit blond qui prend feu là !! Waouh !! Si ce n’est pas une déclaration, je me demande bien ce que ça pouvait être d’autre ma parole !!

Pierre regarde le fils de son ami Ming, étonné de ne pas le voir réagir autrement qu’en riant de bon cœur aux paroles de son neveu qui pourtant ne prêtent pas à confusion sur le sens qu’ils leur donnent et il se serait attendu au moins à un rictus de jalousie de la part du jeune asiatique, connaissant les sentiments qu’il éprouve pour son fils.

Yuan capte l’expression de Pierre, il lui sourit joyeusement en interpellant Antoine.

- J’ai l’impression que ton oncle n’est pas au courant pour nous deux !!

Pierre se tourne vers Antoine, surpris.

- Au courant de quoi ?

- (Antoine) On est ensemble « Yu » et moi mon oncle !!

- (Pierre) Comment ça ensemble ??

- (Antoine) Ensemble, ensemble quoi !! Comme toi et tante Hellènes !!

- (Pierre) Mais je pensais que….

Pierre voit bien les yeux rieurs des trois garçons, il lui revient alors en mémoire la conversation qu’il a eu avec son fils au sujet de ses relations avec quelques-uns de ses amis en particulier.

- Je vois qu’il y a des événements incontournables dans tes souvenirs fiston.

Je vois bien que son attention vient de se mobiliser sur Antoine, comprenant où vont porter ses prochaines questions et je préfère clore le sujet d’une phrase plutôt que d’avoir à les subir.

- Avec quelques différences quand même p’pa !! Il faut bien s’adapter !! Pourtant l’idée reste la même ! Hi ! Hi !

***/***

Ce que ne voit pas Florian, c’est le visage d’Antonin qui semble perplexe à essayer de comprendre le sens de tous ces sous-entendus et se promettant d’en savoir plus le plus rapidement possible car ce qu’elles lui amènent comme pensées n’est pas spécialement pour lui plaire ou du moins pas sans certaines « conditions ».

CHAPITRE 144 (Aix en Provence) (Le lendemain matin)

« Chambre des garçons. »

Tout est on ne peut plus calme et sage ce matin-là car ils ont bien senti que le petit blond n’était pas prêt à autre chose qu’une nuit de sommeil passée serrée contre Florian, alors que Yuan et Antoine prenaient le clic clac, restant eux aussi sagement enlacés dans les bras l’un de l’autre pour finir par s’endormir rapidement.

***/***

J’ouvre les yeux en évitant de bouger pour ne pas déranger Antonin qui est collé derrière mon dos comme une seconde peau, sa main plaquée contre ma poitrine en dessous de ma veste de pyjama me fait un effet terrible et ma respiration s’accélère alors que je sens bien mon sexe tendu ne demandant qu’à sortir de sa niche pour recevoir ses caresses habituelles.

Il me faut me faire violence pour ne pas lui donner ce que tout mon corps réclame, ne serait-ce que le souvenir de la pudeur d’Antonin et du temps qu’il lui a fallu à l’époque pour franchir le pas avec moi et Thomas, pour me retenir de cette envie de sexe qui m’a pris à la gorge depuis mon réveil.

Pourtant je sens bien cette chose dure et sans équivoque sur ce que ça peut être qui s’est insérée profondément dans ma raie, nos peaux brûlantes seulement séparées par le tissu de nos sous-vêtements.

Je dois me mordre les lèvres pour ne pas m’exciter davantage en remuant les reins, ce qui si Antonin se réveillait me mettrait dans une situation difficilement défendable, surtout s’il est toujours comme je le pense sincèrement vierge de toutes activités d’ordres sexuelles avec un garçon.

J’en suis là dans mes pensées quand un son rauque visiblement retenu venant de l’autre lit affole encore plus mes sens qui n’avaient pas vraiment besoin de ça en ce moment.

A l’évidence mes deux autres compères n’ont pas la même retenue et s’en donnent à cœur joie avec malgré tout la décence ou du moins l’intention que ça reste entre eux deux pour ne pas effaroucher le nouvel occupant de la chambre plus que nécessaire.

Je sais bien que ça part d’un bon sentiment tout comme je suis conscient que ça ne pourra pas durer éternellement avant que le manque d’intimité ne nous oblige à mettre les points sur les « I » et de savoir exactement à quoi nous en tenir, j’avoue que moi-même étant donné ma sexualité débordante en étant le premier demandeur.

Un bruit de corps qui bouge, un râle étouffé de surprise et de contentement, un son de ressorts malmenés dans une cadence lente allant crescendo ne me laisse plus aucun doute sur l’activité matinale de mes deux compères qui maintenant s’en donnent à « c……s » rabattues et oublient très vite leur intention de discrétions tellement ils sont pris maintenant dans leurs libidos débridées.

Je suis dans mes pensées à me rappeler qu’hier encore j’étais avec eux à m’éclater à fond quand la main sur ma poitrine descend rapidement le long de mon ventre, vient crocheter mon slip pour le faire descendre et s’empare de mon sexe raide comme un gourdin pour le caresser sur toute sa longueur alors que celui tout aussi raide d’Antonin me donne des petits coups impatients en s’enfonçant encore plus dans ma raie culière.

Une voix douce, encore timide mais visiblement déterminée me souffle alors à l’oreille.

- Hum !! Nous aussi on a droit au câlin, pas vrai ??

En guise de réponse et pour ne pas lui montrer mon trouble, je plaque ma main sur la sienne en la faisant lentement dévier de sa trajectoire et descendre entre mes cuisses pour l’amener là où mon petit trou palpite d’excitation depuis que sa hampe l’émoustille de ses petits coups répétés.

Le message semble bien compris car sa main se libère et je le sens s’écarter de mon corps, un bruit de tissu que l’on enlève suivit rapidement de mon slip qui descend à son tour suffisamment pour libérer mes fesses et le revoilà à se plaquer contre moi en guidant son sexe pour m’investir lentement sans à-coup jusqu’à ce qu’il y soit entré entièrement et que sa main reprenne possession de mon sexe pour le masturber tout en douceur.

- C’est mieux comme ça, non ?

Que répliquer à ça ?? Je sais pertinemment que si j’ouvre la bouche ce ne sera pas pour lui répondre mais pour laisser échapper le râle de plaisir que je retiens déjà avec peine tellement la surprise de son geste et la douceur de son sexe en moi me retourne les sens, aussi je me contente de remuer les reins pour aider aux mouvements de pénétrations qui déjà m’amènent au bord de l’orgasme.

***/***

Antonin sent le sexe déjà énorme dans sa main prendre encore plus de volume, il comprend que Florian n’est plus loin de la jouissance et les petits mouvements de ses fesses ne sont pas loin à l’amener lui aussi au point de non-retour.

- Ahhrrrr !!!

Le silence se fait soudainement dans la chambre, le temps pour tous de comprendre ce qu’il vient d’arriver et un ricanement d’abord léger puis de plus en plus prononcé retentit bientôt aux oreilles d’Antonin qui relève la tête pour voir Yuan et Antoine les fixer lui et Florian, avec une moue égrillarde mais les yeux marquants encore la surprise de ce qu’ils viennent de comprendre.

- (Yuan) Il ne faut pas le choquer, c’est bien ce que tu disais « Flo » ??

- (Antoine) Il lui faut le temps pour qu’il s’habitue à nous ??

- (Yuan) Il est trop sensible pour le faire devant vous ??

- (Antoine) Il ….

Antonin surpris regarde son petit rouquin.

- Tu m’expliques s’il te plait ?? Où ils ont été cherchés tout ça ces deux-là ?? Tu leur as vraiment dit ça de moi ??

- C’est ce que je me rappelais de toi mais là je t’avouerai que tu m’en as bouché un coin ! Hi ! Hi !

Je me retourne pour vérifier mes dires.

- D’ailleurs il y est toujours ! Hi ! Hi ! Non sans déconner « Tonin » je ne m’attendais pas à te voir si dégourdi sur ce coup-là !!

Antonin amusé et se rappelant de la conversation de la veille au soir entre son ami et son père.

- Sans doute une des fameuses différences !! Il va te falloir t’adapter ! Hi ! Hi ! Quant à l’idée, il va falloir que tu m’expliques et pas sûr qu’elle reste la même, ou alors avec quelques conditions !!

***/***

Curieux d’en apprendre plus, Yuan et Antoine s’approchent d’Antonin, toujours nus et leurs sexes à moitié pendants, le jeune blondinet les voyant s’approcher s’est redressé après un baiser dans le cou de Florian suivi d’une petite claque sur ses fesses pour qu’il se libère de son emprise.

Ses deux mains partent avec douceur mais fermeté à la cueillette des belles boules pendantes, ce qui bien sûr ranime presque instantanément la vigueur sexuelle de ses deux nouveaux amis et une fois la forme de ceux-ci visiblement revenue au beau fixe, il les libère pour retourner se blottir amoureusement contre son rouquin encore tout chaud et aussi surpris de son geste que ses deux copains.

***/***

Je ne peux m’empêcher de poser la question qui me brûle les lèvres, comme d’ailleurs je le vois bien celles de Yuan et d’Antoine, qui restent figés devant nous la queue toujours aussi raide des palpations coquines d’Antonin.

- Quelles conditions ??

- J’attends déjà que tu m’expliques « l’idée qui reste soi-disant la même », après on verra !!

CHAPITRE 145 (Orléans)

« Dojo d’Orléans, ce jour-là vers dix-huit heures. »

Marc et Ludovic attendent que Flavien ait terminé de prendre sa douche après l’avoir accompagné à sa compétition de karaté, compétition à laquelle il s’en est très bien sorti puisqu’il s’est vu qualifier pour les inters régionaux qui se dérouleront à la Toussaint.

Ludovic bien sûr n’est pas peu fier de son « grand » frère et n’a pas manqué tout le long de la compétition à le faire savoir à qui voulait bien l’entendre, quoiqu’il aurait fallu être sourd dans le cas contraire au vu des braillements qu’il a poussé sans discontinuer et ce à chaque fois que son frère mettait les pieds sur les tatamis.

Le grand blond apparaît enfin avec son sac à dos en bandoulière, tout heureux de cette journée née sous de bons auspices et qui lui a permis d’avoir son meilleur ami près de lui ainsi que son petit « Ludo » visiblement en pleine forme, alors que lui-même réussissait à se démarquer pour accéder au niveau supérieur d’un sport qu’il pratique avec assiduité depuis son plus jeune âge.

Une fois Flavien à quelques pas à peine de ses amis, Ludovic prend la position de combat avec un sérieux qui éclate les deux amis.

- Allez grand serin !! En garde !! Tu vas avoir à faire avec « Ludo » Lee le frère à Bruce, celui qui lui a appris tout ce qu’il sait !! Housss !!

Flavien fait le signe de se rendre.

- Pitié maître « Ludo » !! Je ne me sens plus la force aujourd’hui de combattre un tel champion !!

Le petit blondinet se retourne vers Marc en lui faisant un clin d’œil amusé.

- Tu veux venir t’y frotter ou tu préfères toi aussi faire profil bas comme l’autre dégonflé ??

- Heu !! Joker !!

Ludovic éclate de rire en venant sauter au cou de son grand frère et lui dire à l’oreille comme un secret.

- Je t’aurais laissé gagner tu sais !!

- Ah !! Mince alors !! Si j’avais su ! Hi ! Hi !

***/***

Alexie les observe discrètement quelques mètres plus loin à l’angle de la rue, sa colère contre Arnault est toujours aussi vivace mais ses cousins et Marc lui manquent depuis qu’il s’est enfui de chez son oncle, ne voulant rien entendre d’eux qui l’avaient suivi jusque dans la rue ce jour-là pour chercher vainement à le calmer.

Il s’en était suivi une engueulade maison entre lui et ses amis, engueulade où des mots qu’il regrette ont été prononcés et qui a eu pour résultat de le voir se retrouver seul à ruminer ses pensées depuis tout ce temps-là.

***/***

Marc l’aperçoit juste au moment où Alexie disparaît derrière l’angle de la rue.

- Boudeur en vue !!

- (Flavien) Où ça ??

- Derrière la maison à droite !!

- (Flavien) Qu’est-ce qu’on fait ?? Ça me gave cette histoire !! Déjà Arnault qui est reparti avec une tronche de dernier de la classe et l’autre zigoto qui nous suit à la trace dès qu’on met le nez dehors !!

- Mon avis qu’il commence à trouver le temps long mais qu’il n’ose pas revenir vers nous après ce qui est arrivé l’autre jour !!

- (Flavien) Laisse le donc faire la gueule, ça lui apprendra à modérer ses paroles !!

- (Ludovic) Il me manque « Alex » tu sais ?

Flavien sourit à son petit frère.

- Mais à nous aussi !! Seulement c’est à lui de s’excuser et nous n’avons pas à lui courir après pour ça, ce serait trop facile tu comprends ?

- Non justement !! Tu m’as toujours dit qu’il fallait se montrer intelligent dans ces cas là pour pardonner en premier et là tu fais exactement le contraire, alors faudrait savoir !!

- (Marc) Il marque un point reconnaît le !!

- (Flavien) Voilà qu’un minot de neuf ans me fait la morale maintenant !! Où va-t-on ?? Bon !! Tu as gagné !! Essayons de le coincer quelque part avant qu’il prenne le large encore une fois et cette fois il aura intérêt à m’écouter, sinon il pourra faire une croix sur mon amitié !!

- (Ludovic) Pfff !!! Tu l’aimes trop pour ça et nous aussi !!

- (Marc) Je ne sais pas ce qu’il y avait dans la seringue, mais en tout cas depuis il a drôlement mûri le petit !! En plus tu sais très bien qu’il a raison alors ne fait pas semblant d’être ce que tu n’es pas !!

- (Flavien) J’ai tout le monde contre moi à ce que je vois !! Je sais très bien que vous avez raison, mais il fait chier aussi l’autre naze avec ses états d’âmes !!

- (Marc) Tu aurais préféré qu’il saute dans les bras d’Arnault après ce qu’il a appris sur lui ?

Flavien préfère ne pas répondre car ce n’est pas ce qu’il reproche à son cousin, mais bien de s’en être pris à eux qui cherchaient seulement à le raisonner et qui au lieu de les écouter, s’est mis à les traiter de tous les noms d’une voix quasi hystérique comme si c’étaient eux les coupables.

Maintenant il doit bien reconnaître que ça a assez duré comme ça et qu’il est grand temps d’avoir cette explication avant que le fossé ne se creuse davantage, ne souhaitant qu’une chose c’est de les voir tous redevenir amis comme avant.

- Rattrapons-le alors !! Qu’est-ce qu’on attend ??

CHAPITRE 146 (Reims)

« Bureau du doyen de la faculté de médecine. »

Frédéric vient juste d’entrer dans le bureau du doyen sur convocation de celui-ci, il attend maintenant les explications à cette demande sortant de l’ordinaire et n’est qu’à moitié surpris de la première phrase, une question en fait que lui pose Alain en levant les yeux du dossier qu’il relit pour la énième fois depuis qu’il l’a en sa possession.

- Avez-vous entendu à tout hasard parler d’un certain Florian De Bierne ?

- Si je vous disais que je n’entends parler que de lui depuis quelques jours, me croiriez-vous ?

- Je n’en serais pas plus étonné que ça voyez-vous, car il en va de même pour moi et c’est d’ailleurs la raison qui m’a fait vous convoquer aujourd’hui. Mais si ce n’est pas indiscret, j’aimerais bien connaître ce pourquoi le nom de ce garçon ne vous est pas inconnu ?

- En fait c’est plus en rapport avec mon épouse qu’avec moi, quoique certaines informations assez personnelles me concernent également. Je ne pense pas être habilité à vous en dire beaucoup plus si ce n’est que certaines choses pour le moins troublantes tournent autour de ce jeune homme et qu’il nous a été demandé plus ou moins officiellement de le prendre chez nous pendant le temps où il sera en étude à Reims. J’avoue qu’au premier abord j’ai trouvé cette demarche plutôt déplacée au vu des antécédents de ce garçon, maintenant certaines informations que nous avons reçues sur lui m’ont fait sinon changer d’avis, du moins accepter de reconsidérer ma position.

- Votre épouse si je me souviens bien, est juge pour mineurs au tribunal de Reims ? J’ai lu dans son dossier les différents démêlés qu’a eu ce Florian avec la justice et je ne pense pas faire d’erreur en présumant qu’il y ait cause à effet avec la mise à contribution de votre famille quant au suivi de ce jeune homme, est-ce exact ?

- En partie seulement et ce n’est pas cette partie qui nous a fait changer d’avis croyez-moi !!

- Ni la mienne rassurez-vous !! Comme je comprends parfaitement que vous ne vouliez pas m’en dire plus sur vos raisons, je n’insisterais donc pas et j’ai déjà une petite idée à ce sujet qui doit être très proche de celle qui m’a fait vous demander de venir. J’ai eu moi aussi l’insigne honneur d’être mis en présence avec une personne qui je vous l’avouerais n’était pas de celle à laquelle je pensais avoir une conversation un jour et j’ai fait depuis ma petite enquête sur les motivations qui l’ont poussé à venir assister à la demande d’un ami pour que j’accepte d’intégrer son fils dans notre université.

- Votre « enquête » ne porterait elle pas sur un changement radical de personnalité du jeune Florian par hasard ?

- Ça se pourrait bien et m’en voilà encore plus conforté par vos paroles mon cher Frédéric, aussi irai-je droit au but de ma demande !! J’aimerais que vous fassiez passer des tests d’aptitude à ce jeune homme avant de prendre ma décision à accepter ou non de l’intégrer à la prochaine rentrée parmi nos étudiants de première année. Je sais bien que ma demande n’est pas conventionnelle et que mon choix quand à ce que ce soit vous qui vous en chargiez, n’est venu qu’après avoir entendu prononcer votre nom par une des personnes auprès desquelles j’ai pris quelques renseignements.

Frédéric soupire en prenant une position plus confortable sur son siège.

- Je vous propose que nous mettions carte sur table, nous sommes assez adultes pour garder pour nous ce qui sera dit dans ce bureau !!

- J’allais vous proposer la même chose !!

- Très bien donc !! Il nous a été rapporté une histoire bien curieuse, qui à première vue pourrait sembler fantaisiste pour ne pas dire complètement démente s’il n’y avait eu….

***/***

« Plus tard dans la soirée. »

Chacun des deux hommes ayant révélé ce qu’ils avaient appris soit grâce aux documents qu’ils ont reçus, soit depuis lors par leurs recherches personnelles et qui les ont suffisamment intrigués voire convaincus qu’ils devaient prendre au sérieux les informations troublantes en leurs possessions.

Leurs discussions mettant encore plus de grains à moudre dans leurs convictions d’avoir à faire à quelque chose d’assez important pour qu’ils aient envie de s’investir personnellement.

- (Frédéric) Ou nous sommes mis face à une situation où notre science n’a encore aucune explication, ou alors à une fumisterie montée avec un art des plus rares !!

- (Alain) Pourtant toutes les preuves apportées semblent bien réelles et je ne vois l’intérêt pour personne de vouloir nous monter un tel bateau !!

- (Frédéric) Tenons nous en aux faits et l’avenir nous dira ce qu’il en est, pour ma part il me reste à convaincre mes garçons et je vous avouerai que je ne sais absolument pas par quel bout commencer, je préparerai également la série de tests que vous m’avez demandé en vous assurant que je surveillerai de près le garçon pendant qu’il y répondra !!

Alain se lève, montrant par-là que l’entretien est arrivé à sa fin, il raccompagne Frédéric jusqu’à la sortie de la fac et prend ensuite le chemin pour regagner ses appartements, le visage encore songeur des révélations de Frédéric.

Frédéric pour sa part montre un visage décontracté en prenant place dans sa voiture, trémoussant son fessier sur le siège rien que pour le plaisir de ne plus ressentir cette gêne, voire cette douleur qui a mystérieusement disparu après qu’il se soit badigeonné copieusement de cette pommade miracle, cadeau de ce mystérieux Florian aux dires du patron de la DST en personne.

Pommade qui à ce jour reste le seul secret qu’il n’a pas révélé au doyen, déjà à cause de l’aveu qu’il aurait dû faire sur ses poussées hémorroïdaires qui lui ont pourri la vie durant toutes ces années, mais aussi parce que l’analyse qu’il en a fait ainsi que le résultat qui s’en est suivi l’a laissé suffisamment perplexe pour qu’il garde pour lui l’information, bien décidé à protéger pour l’instant le secret de celui qui prétend être ou tout du moins avoir été l’ami intime de sa famille.

CHAPITRE 147 (Salon de Provence) (Quelques jours plus tard) (Éric)

« Dans le bus entre Aix en Provence et Salon de Provence. »

Beaucoup préfèrent cette navette par bus qui les déposent en centre-ville, plutôt que le train régional tout aussi long mais qui en plus nécessite plusieurs changements pour en arriver au même point et les garçons accompagnés de Chloé ont donc choisi ce mode de transport beaucoup plus pratique, voire même agréable pour eux.

Ils sont donc tous les cinq au fond du bus à discuter tranquillement, Chloé faisant pour sa part connaissance d’Antonin qui bien sûr fait partie intégrante de la petite bande d’amis qui s’étoffe régulièrement au plus grand plaisir de tous, qui ils doivent bien en convenir se sentaient plutôt seuls avant toutes ces péripéties.

- (Antoine) Nous allons peut-être encore agrandir le groupe après cette journée !!

- C’est ce que je souhaite le plus au monde vous le savez tous !!

- (Chloé) Va falloir quand même la jouer serrer avec Éric !! Je ne sais pas ce qu’il est devenu depuis « l’accident » et son silence ne me dit rien qui vaille !!

- (Yuan) Il doit penser la même chose de toi, pas vrai ??

- (Chloé) Tu as sans doute raison, mais quelque chose me dit que nous allons tomber sur un os !!

- (Antonin) Tant mieux pour « Flo », il adore ça ! Hi ! Hi !

Je l’observe du coin de l’œil pour m’assurer qu’il fait bien allusion à ce à quoi je pense, avant de répondre.

- Ça me changera peut-être des os de poulets ! Hi ! Hi ! Pas vrai les copains ??

- (Yuan) Tu sais ce qu’il te dit le poulet ?

- (Antonin) Ah !! C’est de toi qu’il parlait ?? Je me demandais quoi sur le coup ! Hi ! Hi !

- (Antoine) Ecoutez l’autre prétentieux !! Qu’est-ce qu’il ferait croire ??

- (Chloé) Mais ce n’est pas bientôt fini, oui ?? Vous ne pensez vraiment qu’à ça, ce n’est pas possible des gugusses pareils !! Sérieusement les gars, vous avez réfléchi à ce qu’on va lui dire ?? Parce que pour ma part, je suis plutôt sèche !!

Elle remarque aussitôt l’air goguenard de ses copains.

- Le premier qui balance une vanne aura affaire à moi !! Ce n’est quand même pas de ma faute si je ne suis entourée que par des suceurs de bites ! Hi ! Hi !

- (Antoine) Wouah !! Comment elle nous parle la miss !! Tu ne vas quand même pas nous reprocher ce que tu rêves de faire.

- (Chloé) Pouah !!! C’est dégueulasse !!! Jamais je ne ferai un truc pareil !!

- (Yuan) Je plains ton futur mec alors !! Il n’a pas fini de se sentir frustrer ! Hi ! Hi ! Remarque que s’il est cool et beau mec, tu pourras toujours nous le prêter de temps en temps ! Hi ! Hi !

- (Antoine) Histoire qu’il ait un peu de plaisir dans sa vie ! Hi ! Hi !

- (Chloé) Avisez-vous d’essayer un truc pareil !!

- (Antonin) Tu ne vois donc pas qu’ils le font exprès rien que pour te faire râler ?? Au lieu de balancer vos vannes à deux balles, vous pourriez aider « Flo » à trouver une idée qui tienne la route !! N’oubliez pas comment vous le voyiez encore il n’y a pas si longtemps et mettez-vous un peu à sa place !!

Quelques minutes de silence suivent les paroles d’Antonin, prouvant par la même que ses dernières paroles n’étaient pas dénuées de sens.

- (Yuan) Nous pourrions lui proposer de l’aider à retrouver Raphaël ?

- (Chloé) Comment ça le retrouver ?? Ce serait étonnant qu’il sache même qu’il existe !!

- (Antoine) Ce n’est pas faux !!

- (Antonin) Tu en penses quoi « Flo » ??

- La meilleure solution je pense, serait de ne pas lui dire tout de suite qui je suis, sinon c’est mort !!

- (Antoine) On fait quoi alors ?

- On accompagne juste Chloé qui vient lui rendre une petite visite et on avise suivant comment il réagit.

- (Chloé) Un peu gros, non ?

- Pas forcément pour lui !! Pour nous sans doute parce que nous connaissons les raisons qui nous amènent vers lui, mais n’oublions pas qu’Éric les ignore et que ça peut passer, il te suffira de lui dire que nous passions par ici et que tu avais envie de faire un petit détour pour le voir.

- (Chloé) Comment j’aurais eu son adresse ??

- Dis-lui simplement la vérité, que tu as regardé dans l’annuaire et que tu attendais l’occasion de passer près de chez lui pour renouer ou tout du moins le revoir, n’oublie pas que c’était quand même ton meilleur ami et qu’une fille est censée être plus sentimentale qu’un mec, ça devrait le faire comme explication. De toute façon je ne vois rien d’autre pour le moment, le revoir permettra au moins un premier contact et qui sait par la suite si nous y allons tranquille, peut être aura-t-il envie de se lier d’amitié avec nous.

- (Chloé) On a fait tout ce chemin juste pour un coucou si je comprends bien ?

- Sauf si l’occasion nous donne un meilleur prétexte, je pense que ce sera déjà bien pour une première approche et encore si je dis ça, c’est à la condition qu’il ne me reconnaisse pas, sinon je ne sais pas du tout où on ira avec lui !!

- (Yuan) Et tu y tiens beaucoup, pas vrai ?

Je me tapote la tête.

- Il a toujours été là quels que soient mes souvenirs !!

- (Yuan) Je comprends que ce serait difficile pour toi s’il ne redevenait pas ami avec nous !!

- Très difficile en effet, maintenant rien n’est perdu et jusque-là tout tourne plutôt pas trop mal, d’ailleurs si ça vous dit j’ai eu une idée pour Raphaël !!

- (Antoine) Ma parole tu as enclenché la vitesse supérieure ! Hi ! Hi !

- Il le faut bien, l’été ne durera pas éternellement et à la rentrée je serai loin d’ici, je n’aurais plus la même opportunité d’aller à sa rencontre les quelques jours où je pourrai revenir chez mes grands-parents. L’idée est la même en fait que la dernière fois où je l’ai rencontré, c’est d’aller passer quelques jours dans le camping de ses parents et en plus ça nous fera des vacances, vous ne serez pas contre passer un petit moment rien qu’entre nous je pense ??

CHAPITRE 148 (Salon de Provence) (Quelques jours plus tard) (Éric) (suite)

L’idée semble plaire à tout le monde puisque nous ne parlons plus que de ça jusqu’à notre arrivée à Salon de Provence, quelques minutes de marche plus tard nous nous retrouvons devant une petite maison de ville à étages qui correspond à l’adresse qu’a notée Chloé.

Nous nous arrêtons devant la porte, chacun attendant que l’autre fasse le premier pas.

- Vas-y ma puce !! Après tout c’est toi qui es censée venir prendre de ses nouvelles !!

- J’ai un peu le stress là !! Après tout, ça fait plus de sept ans que je ne l’ai pas vu !!

- On est là alors ne t’inquiète pas, ça va bien se passer !! Et puis, rien ne dit qu’il ne sera pas content de te revoir lui aussi !!

- Peut-être vaudrait-il mieux que j’y aille seule ? Il pourrait être intimidé de me voir débouler d’un seul coup avec quatre inconnus.

- C’est comme tu le sens ma puce !!

Je regarde autour de nous et je lui montre un troquet situé à quelques mètres de là au coin de la rue.

- Nous t’attendrons au café là-bas !! S’il y a un problème, nous ne serons pas loin, c’est vraiment ce que tu veux ?

- Oui je préfère comme ça, si je vois que c’est cool avec Éric je lui dirais alors que je ne suis pas venue seule et j’essayerai de l’amener avec moi pour que vous fassiez connaissance.

- J’y go les gars !!

Notre copine attend que nous soyons assez loin d’elle pour appuyer sur le bouton de sonnette et attendre que quelqu’un lui ouvre, visiblement intimidé par son geste.

***/***

« Deux étages plus haut, dans la chambre d’Éric. »

Le bruit du carillon de l’entrée ne surprend pas Éric qui étant à sa fenêtre depuis déjà un bon moment, a vu arriver le petit groupe de jeunes qui tout de suite a amené sa curiosité sur leur physique plus qu’intéressant, du moins pour lui qui a toujours été attiré par les garçons et cela même si son côté solitaire a fait qu’il n’ose jamais en aborder aucun.

Mais là c’est du lourd et ne serait-ce sa préférence affirmer pour les rouquins, il n’aurait pu dire lequel des quatre lui plait le plus.

C’est donc le front collé à la fenêtre, qu’il s’emplit la vue avec le sourire aux lèvres du petit rouquin à la coupe en pétard qui de suite l’a attiré irrésistiblement en lui donnant chaud sur tout le corps.

Bien sûr il est très loin de penser à qui il a à faire car sinon ce n’est pas un sourire qui ornerait ses lèvres en ce moment même, seulement voilà !! Sept ans ont passé et jamais l’idée lui serait venue que ce puisse être justement le garçon envers qui il éprouve le plus de ressentiment, qui passe justement sous sa fenêtre et semble même s’y arrêter pour discuter avec la jeune fille qui les accompagne, reprenant ensuite leur marche sans la fille cette fois qu’il vient juste de perdre de vue après qu’elle se soit rapprochée de sa porte d’entrée.

***/***

« Ding ! Dong ! »

Que ce soit justement chez lui que ça sonne l’interpelle sur la raison de sa visite, il voit bien les quatre garçons s’asseoir à une table du bistrot au coin de la rue et comprend alors qu’ils doivent attendre qu’elle revienne après sa visite à ses parents, car bien sûr Éric ne se doute pas un instant que ce puisse être pour le voir lui.

***/***

Chloé entend des pas derrière la porte, quand celle-ci s’ouvre elle reconnaît immédiatement Monique la mère de son copain et lui envoie un franc sourire qui trouble visiblement la femme qui à l’évidence ne l’a pas reconnue elle non plus.

- Oui ??

- Bonjour madame Delierre !! Vous ne me reconnaissez pas ??

Monique reste un moment à chercher où elle aurait bien pu déjà rencontrer cette belle jeune fille et ce n’est qu’en apercevant la canne qu’elle tient en main, qu’elle fait enfin le rapprochement et s’exclame en lui rendant son sourire.

- Mon dieu !! Chloé ?? C’est bien toi ??

- C’est bien moi en effet, je suis contente de vous revoir !!

- Et moi donc !! Mais entre Chloé !! Si je m’attendais à ta visite !! Tu parles d’une surprise !!

- Ça fait déjà un moment que j’attendais l’occasion de venir à Salon pour passer vous saluer et voir comment va « Riquet » !! J’ai eu votre adresse par hasard et je voulais absolument voire si tout allait bien chez vous, Éric ne m’a plus donné de nouvelles depuis l’accident vous savez ??

Monique referme le porte derrière Chloé et lui montre le chemin jusqu’à un petit salon joliment décoré, réfléchissant en même temps à ce qu’elle va bien pouvoir répondre à sa question dite d’un ton convivial mais avec une petite pointe de reproche que la brave femme comprend très bien au demeurant.

- Il faut lui pardonner tu sais !! Il a été fortement marqué par les événements de cette journée, il s’est depuis renfermé sur lui-même et il ne sort presque plus si ce n’est pour aller à ses cours de fac, c’est triste à dire de la part d’une mère mais je crois sincèrement que mon fils s’est fermé aux autres depuis l’accident.

- Mais enfin !! Pour quelles raisons ?? Il n’y était pour rien !!

- Le psychologue que nous avons consulté la première année après le drame, nous a dit qu’Éric ne voulait plus se faire d’amis de peur de les perdre encore une fois. Oh !! Pour ça il a bien tenté de lui faire entendre raison, rien n’y a fait et le voilà depuis toutes ces années, passant le plus clair de son temps dans sa chambre avec ses bouquins et son ordinateur !! Mais toi ma chérie ?? Comment vas-tu ?? Ta jambe te fait toujours autant souffrir ? Quel malheur quand même !! Une si jolie fille comme toi, en être à devoir marcher avec une canne pour le restant de ses jours !!

- Il y a bien fallu que je reprenne le dessus vous savez ? En plus j’ai eu la chance de rencontrer quelqu’un dernièrement qui s’occupe de ma rééducation et ma jambe va de mieux en mieux depuis lors, j’arrive même à marcher sans ma canne et nous avons de bons espoirs pour que je puisse m’en passer très prochainement, vous ne pouvez pas savoir quel plaisir j’éprouve depuis que j’ai eu la bonne fortune de rencontrer cette personne.

- J’en suis très heureuse pour toi !! Mais j’y pense !! Tu es venue avec tes parents ? Pourquoi ne sont-ils pas avec toi ?? Cela m’aurait fait très plaisir de les revoir !!

- Je suis avec des copains, nous sommes venus aujourd’hui pour une recherche que l’un d’entre eux fait sur un sujet qui le passionne et j’en ai profité pour venir faire un petit coucou en espérant qu’Éric serait là lui aussi !!

- Comme je te l’ai dit, il ne bouge quasiment jamais de la maison !! Je te l’appelle, je suis certaine qu’il sera content de te revoir même s’il ne te le montre pas !! Je te l’ai dit, il est devenu distant en dehors de la famille.

Monique s’avance jusqu’à l’escalier, met sa main en porte-voix et appelle son fils d’une voix forte qui fait sourire Chloé.

- Éric !!! Descends !! Il y a une surprise pour toi !!

- Hi ! Hi ! J’adore votre interphone !!

CHAPITRE 149 (Salon de Provence) (Quelques jours plus tard) (Éric)

Monique se retourne vers Chloé amusé par sa répartie.

- C’est ce qu’on fait de mieux actuellement !!

Un bruit de pas descendant l’escalier.

- Et comme tu le vois, c’est encore la méthode la plus efficace !!

Chloé ne dit rien car son attention est tournée vers le bas des marches, un jeune homme d’une vingtaine d’année à peine apparaît alors qui la scotche quelques secondes de par sa beauté virile.

En effet Éric a bien changé depuis ses souvenirs, il ne reste rien du gamin rieur et déluré qui se présente devant elle, le grand brun ténébreux au corps ciselé lui amène comme pour ceux qui sont devenus depuis ses amis une énorme bouffée de chaleur à l’estomac.

- Tu m’as appelé m’man ?? Bonjour mademoiselle !!

Chloé reprend le dessus sur ses émotions en se sentant interpellée.

- Bonjour « Riquet » !! Tu vas bien depuis le temps ??

La perplexité peut se lire sur le visage du grand brun, qui reporte alors son regard étonné vers sa mère qui s’aperçoit de son trouble.

- Et bien !! Tu ne reconnais pas Chloé ??

- Chloé ?? Tu veux dire « ma » Chloé ??

- (Monique) Elle serait peut-être restée « ta » Chloé si tu t’étais plus préoccupé de garder le contact avec elle que tu ne l’as fait !!

***/***

Éric entend bien le reproche dans la voix de sa mère et ça ne l’aide en rien à aborder la belle jeune fille qu’est devenue maintenant son amie d’enfance.

Il finit quand même par s’apercevoir de la moue d’amusement de celle-ci face à l’impression qu’il doit lui faire et il finit par se reprendre, souriant à son tour en s’approchant d’elle pour lui faire la bise.

La conversation d’abord difficile, prend très vite un rythme plus naturel et au bout de quelques minutes, ils retrouvent une grande partie de la complicité qui était la leur pendant leur jeunesse.

Éric tout comme Chloé se font la même réflexion que c’était une erreur de couper les ponts comme ils l’ont fait et qu’ils ont gâché l’un comme l’autre beaucoup d’occasions de passer du temps ensemble, préférant chacun une solitude qui les rendait triste plus souvent qu’à leurs tours.

Monique sourit intérieurement de les voir aussi manifestement complices malgré ces longues années de séparations, elle s’éclipse donc dans sa cuisine pour les laisser profiter de leurs retrouvailles.

***/***

C’est le carillon donnant l’heure qui fait revenir Chloé à la raison de sa venue, pensant aux garçons qui l’attendent depuis maintenant plus d’une heure.

- Je vais devoir te laisser, j’ai des amis qui m’attendent dehors !! J’espère que maintenant que nous avons repris contact, nous n’attendrons pas encore sept ans pour nous revoir !! Après tout, nous n’habitons pas si loin l’un de l’autre !!

- C’est que je n’aime pas trop sortir tu sais !! Mais j’aimerais moi aussi qu’on reste en contact, sois en certaine !! Et puis nous avons tant de choses à nous raconter, depuis tout ce temps !!

- Tu n’as qu’à venir passer la journée avec nous ?? Mes amis sont très sympathiques, tu verras !!

- Tu parles des quatre gars qui étaient avec toi dehors tout à l’heure ?

- Tiens donc ?? Tu nous avais vus alors ??

- J’étais à ma fenêtre c’est pour ça et puis une belle jeune fille comme toi ne pouvait pas manquer de m’interpeller ! Hi ! Hi ! Même si je n’avais pas la moindre idée de qui tu étais !!

- Hum !! Garde tes méthodes de drague à deux balles mon « Riquet », il te faudra être beaucoup plus convaincant pour me mettre dans ton lit ! Hi ! Hi !

- Décidemment tu ne changeras pas, toujours aussi délurée !! Comme la fillette de mes souvenirs ! Hi ! Hi ! Allez !! Dis-moi ?? Lequel des quatre est ton petit copain ?

- Tu deviens bien curieux d’un seul coup !! Lequel tu verrais bien toi ?? Histoire de voir au cas où !!

Éric se remémore le physique des quatre garçons, un sourire lui vient alors quand il répond.

- Les quatre sont plutôt au top à ce que j’en ai pu voir !!

- Je dois bien reconnaître que tu as raison ! Hi ! Hi ! Mais s’il devait y en avoir un, lequel tu verrais toi ??

- Si j’étais une fille tu veux dire ?

- Si tu veux, oui !! Alors lequel ??

- Pfff !!! Alors là tu me poses une colle, peut être le petit rouquin ??

- Fl…. Heu !! Floran ?? Ça aurait pu, oui !! Mais c’est impossible, hélas !! Comme pour les trois autres d’ailleurs ! Hi ! Hi !

- Comment ça impossible ??

- Et bien figure toi que j’ai une certaine propension à me faire des copains là où je ne risque pas d’en faire des petits copains, si tu vois ce que je veux dire ??

- Heu !! Non !! Je ne comprends pas !!

- En fait ils sont homos !!

- Les quatre ?? Je n’y crois pas !!

- Pourtant le fait est que les filles ne sont pas leur tasse de thé, mais je les adore !! Ils sont hyper sympas et je les kiffe trop !! D’ailleurs nous devons partir tous ensemble en vacances au bord de la dune du Pilat d’ici quelques jours, j’ai hâte d’y être !!

Chloé observe attentivement Éric, il lui semble bien que ses révélations sur les garçons ne l’aient pas laissé indifférent et de là à penser qu’Éric est comme dans les souvenirs de Florian c'est-à-dire homo lui aussi, le chemin est vite parcouru.

- Alors !! Tu veux que je te les présente ou pas ?

CHAPITRE 150 (Salon de Provence) (Quelques jours plus tard) (Éric)

- Qui ça ?? Tes amis ??

- Qui veux-tu d’autre ?? À moins que tu sois homophobe ?? Tu ne l’es pas j’espère ?? Parce que sinon ça va être délicat de rester amis !!

- Heu !!! Non !! Je n’ai rien contre ça !! En espérant qu’ils n’essaient pas de me draguer ! Hi ! Hi !

- Là je ne te promets rien !! Tu as vu comment ils sont beaux mecs ?? Alors quand ils vont te voir je ne suis pas certaine que tu leur seras indifférent, mais ne t’inquiète pas pour ça !! Ils n’insisteront pas s’ils voient que tu n’es pas intéressé, et puis ils sont déjà ensemble, alors….

- En couples ou tous les quatre ensemble ??

- Aux dernières nouvelles je dirais tous les quatre ! Hi ! Hi !

- Et bien ça alors !!!

Le regard brillant d’intérêt d’Éric ne passe pas inaperçu aux yeux de Chloé qui s’amuse intérieurement comme une folle, tout en se disant malgré tout qu’elle n’a vraiment pas de chance et qu’à chaque fois qu’elle rencontre un beau gars, il faut que celui-ci ne s’intéresse pas à la gente féminine.

- Allez viens !! Au pire ça te passera le temps et nous pourrons continuer à discuter, au mieux tu te feras de nouveaux amis et ça te fera apparemment le plus grand bien, parce que d’après ta mère tu en manquerais singulièrement !!

- Elle t’a dit ça ?? Je n’y crois pas !! De quoi elle se mêle, enfin !!

- Ne le prends pas mal, elle s’inquiète pour toi comme toutes les mères le font et c’est normal.

C’est le moment où Monique refait son apparition dans le salon, n’entendant que la fin de la phrase de Chloé.

- Pourrais-je savoir ce que font toutes les mères ?

- (Éric) S’occuper de ce qui ne les regarde pas, par exemple !! Qu’est-ce que tu as été dire à Chloé que je n’avais pas d’amis ?

- (Monique) Parce que tu en as ? Première nouvelle !! Il faudra les inviter alors !!

- (Chloé) Je proposais justement à « Riquet » de lui présenter mes copains, il pourrait passer le reste de la journée avec nous comme ça et je lui disais qu’il pourrait devenir ami avec eux lui aussi, comme ça nous pourrions nous revoir !!

- (Monique) Mais c’est une très bonne idée ça !! Qu’est-ce que tu attends pour y aller ??

- (Éric) M’man !!!

- (Monique) Il n’y a pas de « m’man » qui tienne !! Chloé a raison !! Maintenant que vous vous êtes revus, ce serait bête d’en rester là !!

***/***

« A la terrasse du bar. »

- (Yuan) Ça commence à être long !! Je me demande bien ce qu’elle fait ??

- (Antoine) Ça fait sept ans qu’ils ne se sont pas vus, alors ils doivent avoir pleins de trucs à se raconter !!

- Je ne m’inquiète pas pour Chloé, je suis certain qu’elle est en train de se le mettre dans la poche ! Hi ! Hi !

- (Antonin) Pourvu que tout se passe bien !!

Les quatre copains retournent dans leurs pensées quelques secondes, quand Yuan reprend la parole d’une voix crispée.

- Nous allons vite le savoir les gars !! Les voilà qu’ils s’amènent tous les deux !!

- (Antoine) Waouh !!! Vous avez vu le mec ?? Wouff !! T’en as encore beaucoup des comme ça à nous montrer cousin ??

- Quelques-uns, oui !! Mais ferme la bouche tu veux bien ?? On n’est pas venu là pour faire notre marché ! Hi ! Hi !

- (Antonin) Je vois que tu n’es pas stressé « Flo » ?? Moi à ta place je ne saurai plus où me mettre !!

- Et ça servirait à quoi, je te le demande ?? Bon !! Surtout pas d’impair les gars !! Vous laissez parler Chloé, elle nous fera vite comprendre ce qu’il s’est dit entre eux et moins nous parlerons avant, moins nous risquerons de dire une connerie.

***/***

- (Chloé) Ce sont eux là-bas !!

- Je les ai reconnus !! Tu es sure qu’ils ne vont pas faire la gueule de me voir débouler avec toi ?

- Bien sûr que non !! Où tu vas chercher ça toi ?? De toute façon nous allons le savoir très vite !! S’ils te serrent la main, ce n’est pas trop bon signe et s’ils te roulent direct une pelle, c’est qu’ils te mettront vite dans leur lit ! Hi ! Hi !

- Ah !!Ah !! Vraiment trop drôle !! Tu sais t’y faire pour rendre les gens à l’aise toi !! Pas de doutes là-dessus !!

- Pffttt !!! Si on ne peut plus plaisanter maintenant !! Bon !! Nous y voilà !! C’est moi qui vais te présenter alors reste naturel et desserre les fesses ! Hi ! Hi !

***/***

Chloé et Éric s’arrête devant la tablée où sont assis les quatre copains, elle profite qu’Éric ne peut pas la voir pour leur faire un petit clin d’œil signifiant que tout baigne et remarque aussitôt les traits de ses amis qui se détendent, visiblement soulagés d’un grand poids.

C’est Yuan qui s’adresse à elle en premier, fixant le beau brun dans les yeux.

- Je vois que tout va pour le mieux avec ton copain, mais dis donc petite cachotière !!! Tu ne nous avais pas dit qu’il était aussi craquant ton « Riquet » !!

Antonin se prend la tête dans les mains en soupirant, semblant désolé des paroles de Yuan.

- Et bien !! Ça démarre fort !! C’est sûr que vu comme ça, on n’en est plus à dire une connerie près !! Pas vrai « Flo » ??

CHAPITRE 151 (Salon de Provence) (Quelques jours plus tard) (Éric)

Le regard réprobateur qu’il reçoit de tous ses amis renvoie Antonin quelques semaines en arrière dans l’état mental misérable du temps de son errance dans la rue, le petit blondinet se décompose et devient livide à vue d’œil en se rendant compte de la gaffe qu’il vient de faire, alors qu’il reprochait justement la même chose à Yuan.

Ses yeux brillent des larmes qui s’en échappent, de sa bouche sort alors un mot qu’il répète en boucle d’une voix qui fait pitié à entendre tellement elle démontre combien est encore fragile cette façade de garçon comme tout le monde qu’il se forge depuis qu’ils ont fait sa connaissance.

- Pardon ! Pardon ! Pardon !

Je suis obligé de me lever pour l’arrêter dans sa litanie tellement elle me fait mal à entendre, me faisant remonter les souvenirs d’un autre Antonin tout aussi misérable et perdu, m’aidant grâce à cela à ne pas m’énerver contre lui, ce qui avait été le cas cette fois-là.

- Tout va bien « Tonin », tu n’as rien dit de mal !!

- Ça m’a échappé « Flo » !! Ooooh, Noonnnnnn !! …Pardon !!

Je lui caresse les cheveux d’une main en le serrant contre moi de l’autre, regardant tour à tour mes amis qui ne savent pas quoi faire devant la détresse évidente d’Antonin.

Je remarque également que Chloé parle à l’oreille d’Éric qui semble ahuri d’entendre ces paroles et à ses yeux braqués sur Antonin, il ne m’est pas difficile de comprendre qu’elle lui explique l’origine de l’état émotionnel de celui-ci.

Du coup son regard sur nous et plus particulièrement je le sens bien sur moi, change de façon très nette et de curieux qu’il était jusqu’à présent, il est devenu beaucoup plus amical voire même brillant d’une émotion qu’il a de la peine à contenir.

***/***

- Non !!!

- (Chloé) Je t’assure que c’est vrai !! Il est plus fragile qu’on pourrait le croire à le regarder et le moindre reproche prend une telle ampleur dans sa tête qu’il craque pour une broutille, tu comprends ?

- (Éric) Mais personne ne lui a rien reproché il me semble ??

- (Chloé) Un regard suffit comme tu as pu le voir !!

- (Éric) Mais il n’a rien dit de mal il me semble, ou alors je n’ai pas tout suivi ?

- (Chloé) C’est bien ce que je te disais, une broutille suffit !!

***/***

Chloé se racle la gorge avant de reprendre la parole pour que tout le monde l’entende cette fois.

- Pas de soucis avec Éric les gars !! Je l’ai prévenu que vous étiez tous les quatre de grosses tantouses ! Hi ! Hi ! Alors ce n’est pas la peine d’en vouloir à Antonin, en plus je suis certaine qu’il cherchait juste à ne pas le choquer en minimisant les paroles de Yuan !! Pas vrai « Flo » ??

Elle n’attend pas les réactions qui ne vont pas manquer pour poursuivre.

- Comme tu l’as sans doute compris, le rouquin c’est Floran ou « Flo » pour les amis, le petit blond c’est Antonin ou « Tonin », voici Yuan ou « Yu » et le dernier c’est Antoine ou « Toinou ».

- (Antoine) Je préfère Antoine si ça ne te fait rien, il n’y a plus que le « rouquemoutte » qui m’appelle « Toinou » comme quand on était gosses ! Hi ! Hi !

Éric sourit, visiblement amusé et se tourne vers Chloé.

- Je te comprends !! Moi c’est pareil avec Chloé, ça faisait des années que je ne m’étais pas entendu appeler « Riquet » et j’avoue que maintenant ça me fait bizarre également !!

Je sens son regard qui nous observe moi et « Tonin », je lui envoie mon sourire le plus charmeur, qui semble avoir un certain effet sur lui et je peux lire son trouble comme à livre ouvert sur son visage, la question qu’il me pose alors ne me surprend donc pas plus que ça.

- Vous êtes ensemble tous les deux ?? Chloé ne m’avait pas charrié alors ??

- (Chloé) Hé !! Traite-moi de menteuse tant que tu y es ??

- Pour répondre à ta question, nous sommes ensemble oui !! Seulement pas vraiment que nous deux Antonin, mais plutôt tous les quatre !! Ça te pose un problème qu’on soit gay ?

- (Éric) Non, aucun !!

- (Chloé) Il m’a juste dit que vous n’aviez pas intérêt à le draguer !!

J’accentue mon sourire sur lui, son trouble augmente d’autant et je lui envoie un petit clin d’œil coquin en soupirant tristement pour voir sa réaction.

- Dommage alors !! Mais rassure-toi mon « Riquet » ! Hi ! Hi ! Nous ne sommes pas comme ça à vouloir forcer les gens à quoi que ce soit, j’espère que tu me crois ?? Et puis il faut bien laisser quelques beaux mecs pour les filles sinon imagine la tronche de leurs futurs gosses, ce serait dommage pour la prochaine génération de gay s’il n’y avait plus que des thons à draguer !!

- (Antoine) Tiens donc ?? Je n’avais pas pensé à ça, décidément t’es une tête « Flo » !!

- (Yuan) Alors Chloé a peut-être une chance ! Hi ! Hi ! Si c’est le cas, j’espère pour toi que tu es bien monté !! Chloé a bavé devant celle de « Flo » quand elle l’a vue et maintenant c’est sûr qu’elle va être plus difficile dans ses choix de mecs ! Hi ! Hi !

Antoine n’est pas fou, il capte bien le regard du beau brun braqué sur son cousin depuis le début et les mimiques de Florian lui laisse à penser que celui-ci joue à fond de ses « dons » de séducteur, ne laissant visiblement pas indifférent celui qui petit à petit entre dans ses filets sans s’en être rendu encore vraiment compte.

Pendant que la petite joute verbale entre Chloé et Yuan, amuse le reste de la galerie et aide Antonin à se reprendre, Antoine suit de très près la méthode de drague, toute en finesse venant de Florian en lui faisant étrangement penser à un serpent hypnotisant sa proie.

CHAPITRE 152 (Salon de Provence) (Quelques jours plus tard) (Éric)

La proie pour le coup semble des plus consentantes au vu des signes qu’il peut y lire sur le visage d’Éric, chaque sourire de Florian lui amenant des rougeurs de plus en plus marquées sur les joues en même temps qu’il accentue les siens et ses yeux surtout montrent tout l’intérêt qu’il lui porte, au point où il finit par s’en apercevoir lui-même et qu’il détourne enfin le regard en baissant la tête de gêne.

- Tu as le choix donc !! Celui de faire partie de notre petit groupe de tantouses comme le dit si bien Chloé ou d’être notre premier pote hétéro ??

La question aussi soudaine qu’inattendue que je viens de lui poser stoppe immédiatement la conversation entre Chloé et Yuan, je sens les regards ahuris de mes amis me fixer comme si j’étais soudainement devenu fou.

- Tu pourrais répondre ??

- (Chloé) « Flo » !!!

- Quoi « Flo » ?? Je ne sais pas pour vous, mais moi je préfère savoir à quoi m’en tenir une bonne fois pour toute avec Éric !! Pas vous ??

- (Yuan) Bien sûr que oui !! Mais tu as une façon un peu directe de présenter les choses et en plus tu ne lui donnes pas toutes les options !!

- (Antoine) Quelles options ??

- (Yuan) Celles de ne vouloir être ni l’un ni l’autre vis à vis de nous des deux propositions ou encore qu’il soit comme nous mais que nous ne l’intéressions pas !!

- Peut-être serait-il bien de le laisser répondre, vous ne pensez pas vous deux ? Si je ne lui ai pas parlé des autres options comme dit si bien Yuan, c’est tout simplement parce que je ne crois pas que ce sera une de celles que prendrait notre « Riquet » !! Voilà pourquoi !!

- (Chloé) Votre « Riquet » ?? Mais tu as été cherché ça où d’abord ?? N’oublie pas déjà que ça ne fait pas dix minutes que vous le connaissez et ta façon de voir les choses si j’étais à sa place, ne me donnerait pas vraiment envie de poursuivre plus loin avec vous et encore plus avec toi !!

Chloé se retient juste à temps de ne pas révéler ce qu’Éric ignore encore, elle préfère hausser les épaules en soupirant un grand coup et en terminer là ses reproches.

- Pffttt !!!

Dire qu’Éric n’est pas embarrassé par toute cette discussion à son sujet serait une gageure manifeste, seulement il n’est pas non plus aussi mal à l’aise qu’il le devrait et il s’en rend bien compte en cherchant à analyser pourquoi il ne les envoie pas tous tout simplement promener avec leurs questions sur ce qu’il voudrait ou pas être ou faire avec eux, alors qu’il ne les voit que pour la première fois.

- Vous en oubliez une autre ??

Je le regarde amusé.

- Je ne crois pas, non !!

- (Éric) Tu ne sais même pas à quoi je fais allusion, alors ne sois pas si catégorique là-dessus !!

- De tout ce que j’ai entendu, il ne restait qu’une considération à prendre en compte et je peux t’assurer qu’aucun de nous ne la prendrait !!

Éric narquois.

- Tiens donc ?? Tu parles au nom de vous quatre ?? Tu as l’air bien sûr de toi !!

- Je connais mes amis !!

Éric est troublé par la réponse du petit rouquin si craquant et particulièrement quand il fait cette bouille là en le regardant qu’il ne peut s’empêcher de lui sourire, son cerveau tourne à fond les gamelles pour trouver une échappatoire qui le satisfera tout en ne donnant pas une réponse catégorique.

Une chose pourtant est sûre dans sa tête, c’est qu’il n’a pas envie de les voir partir sans qu’il soit question de les revoir.

Il ne saurait encore clairement dire pourquoi, même s’il se doute quand même un petit peu de ce qui l’attire vers ce groupe de jeunes gars aussi mignons que sympas et sa réponse il la trouve en faisant en sorte qu’elle lui laisse disons des possibilités ultérieures à changer d’avis, ce qui lui fait observer attentivement les quatre copains qui attendent manifestement qu’il prenne la parole.

- Et bien dans un premier temps je ne serais pas contre être votre ami !!

Je note en souriant le « premier temps » et décide de passer à autre chose pour détendre l’atmosphère, nous passons donc une grande partie de la journée à découvrir la ville tout en cimentant notre nouvelle amitié.

C’est assez tard dans l’après-midi que nous raccompagnons Éric jusque chez lui, les au revoir et à bientôt sont sincères de part et d’autre et c’est avec regret que nous le quittons non sans avoir pris un nouveau rendez-vous et sa promesse de réfléchir à notre proposition qu’il vienne passer avec nous les quelques jours de vacances qui déjà font parties prenantes de nos proches projets.

***/***

Ce n’est qu’une fois installé dans le bus pour le retour à Aix, qu’Antoine revient curieux sur une chose qui s’est dite et qu’il n’a toujours pas comprise.

- C’était quoi cette option qui nous concerne tous les quatre et que tu étais si certain qu’elle ne serait pas prise ?

CHAPITRE 153 (Salon de Provence) (Quelques jours plus tard) (Éric) (fin)

- Celle qu’il ne plaise pas à l’un, ou plusieurs de nous quatre pardi !!

- Tu crois que vous parliez de la même chose ??

- Oh que oui !! Et je suis sûr que ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd !!

- Tu y as été un peu fort avec lui, avoue ??

- C’était un peu fait exprès !! Comme je vous l’ai dit l’autre jour, il faut passez à la vitesse supérieure, quitte à brûler quelques étapes !!

- (Yuan) Il aurait pu nous envoyer promener, tu y as pensé ??

- Je savais ce que je faisais, t’inquiète !!

- (Antoine) Un serpent devant son futur repas !!

- (Yuan) Tu as fumé un joint ou quoi ??

- Explique !!

- (Antoine) Hein !! Ah, oui !! C’est la réflexion que je me suis faite en observant attentivement le comportement de Florian vis à vis d’Éric tout à l’heure et je pense que ses paroles ont découlées de ce qu’il a vu ou lu dans ses yeux, pas vrai cousin ?

- Déjà pour répondre à « Yu », il ne l’a pas fait et nous allons même très vite nous revoir !! Ensuite si j’ai été aussi direct avec lui c’est tout simplement parce que je suis certain qu’il ne demande qu’à faire partie de notre groupe et pas que comme simple ami, dommage pour toi ma puce ! Hi ! Hi !

- (Chloé) Je m’en étais déjà aperçue avant de vous le présenter, en fait s’il ne m’a pas reconnue quand il nous a vu dans la rue de sa fenêtre c’est parce qu’il ne voyait déjà que vous quatre et en particulier l’un d’entre vous à mon avis !!

- (Antoine) Florian je parie ??

- (Chloé) Et tu aurais gagné !! Je me rappelle que déjà à l’époque, Éric faisait tout pour devenir son ami et je m’étais déjà demandé pourquoi, maintenant j’ai la réponse ! Hi ! Hi !

- Reste plus qu’à savoir comment il réagira quand il saura qui je suis vraiment, ou du moins qui j’étais !!

- (Antonin) Tu comptes le lui dire quand ?

- Le plus tôt possible, tu sais bien que je n’aime pas mentir et encore moins à ceux que j’aime !!

- (Antonin) Pourtant c’est ce que tu as fait aujourd’hui ??

- Par omission peut-être, mais je ne lui ai rien dit qu’il pourrait me reprocher comme un mensonge plus tard !!

- (Yuan) C’était limite quand même, reconnais-le ?

- Tu voulais quoi ? Que je lui dise salut moi c’est Florian, tu sais le mec qui a estropié Chloé le jour où tu nous as invité chez toi il y a sept ans !!

- (Yuan) Non, quand même pas !!

- Alors ? Tu aurais fait quoi à ma place ?

- (Yuan) Le laisser venir à son rythme vers nous ?? Attendre ensuite le bon moment pour lui dire la vérité, en espérant qu’il comprendra !! Après tout nous t’en voulions tous au moins autant que lui, rappelle-toi ??

- Oui mais pour vous ce n’était pas tout à fait pareil, j’ai pu vous donner rapidement des preuves que je disais la vérité !!

- (Chloé) Pourquoi tu n’as pas fait pas pareil avec lui ??

- Qu’est-ce que j’en sais moi !! Sans doute parce qu’il est en bonne santé tout comme sa famille et que je ne me voyais vraiment pas m’entailler les veines en pleine rue, vous imaginez un peu ses réactions !! Pour vous trois il y avait le contexte familial avec des adultes qui étaient là pour rassurer et aller dans mon sens !! Pour Antonin c’était différent puisque j’étais dans ses rêves et je lui ai implanté toute ma mémoire dans un autre temps, justement au cas où il m’arriverait quelque chose.

- (Antoine) Ce n’était pas le même Antonin pourtant ?

- J’avoue que je n’ai pas bien compris ce qui est arrivé ce jour-là, j’ai été comme guidé par une intuition inconsciente et aujourd’hui encore je n’ai pas toutes les réponses, tout ce dont je suis certain c’est que ça nous aidera moi et Thomas, quand nous nous retrouverons !!

Antonin comprend alors brusquement le sens caché d’un point crucial de ses rêves et s’exclame !!

- C’est Thomas la clé !!! C’est bien ça ??

Mes idées commencent petit à petit à se mettre enfin en place et la réflexion d’Antonin m’amène la lueur de compréhension qui me manquait et que je cherchais depuis ma sortie du coma.

- La clé !! Voilà donc la signification de ce mot que j’avais en tête sans en trouver le sens !! Tu disais rappelle-toi que tu avais l’impression d’avoir des informations mais que tu n’arrivais pas à t’en rappeler, comme si elles étaient enfermées dans un coffre !! Tu te souviens ??

- (Antonin) Bien sûr !! Alors ce serait « Thom » la clé ??

- (Chloé) Vous n’avez pas peur de ce que vous pourriez découvrir en ouvrant ce « coffre » ??

- Je pense qu’il y a toute la vérité sur ce que je suis, mais aussi le rapport qu’il y a avec Thomas !! Pour lui aussi c’est peut-être le moyen de se souvenir de tout ce que nous avons vécus ensemble, qui sait ??

- (Antonin) Pour le savoir le plus urgent est de le retrouver, pour le retrouver il faut que tu trouves suffisamment d’aide et pour que tu aies suffisamment d’aide, il faut que tu redeviennes celui que j’ai connu dans ma tête !!

- Si tu le dis !!

- (Antonin) J’en suis sûr Florian !! Je ne saurais te dire pourquoi, mais crois-moi c’est ce que tu as à faire et vite !! Car je sens aussi que le temps est un facteur à prendre en compte.

- Pour ça au moins tu ne m’apprends rien, nous avons à peu près une année entière pour résoudre le mystère et retrouver mon Thomas.

- (Yuan) Après ça qu’est-ce qu’il se passera si nous ne l’avons pas trouvé ?

- Je devrais très certainement revivre une nouvelle vie, encore une fois !! Et cette fois dieu seul sait ce qu’elle me réservera !!

CHAPITRE 154 (Reims) (Les trois frères)

« Vingt-deux heures dans la chambre de Guillaume. »

Ce n’est pas en un an que l’on perd plus de dix-huit ans d’habitude (du moins pour les deux aînés), quand il n’y avait qu’une seule chambre pour eux trois et encore ce soir-là, la fratrie passe un peu de temps ensemble pour entretenir les forts liens qu’ils ressentent les uns envers les autres.

Leurs pensées du jour ou plutôt du soir, viennent d’une conversation qu’ils ont eue avec leurs parents au dîner et qui bizarrement va à l’encontre d’une autre pas si ancienne que ça, Aurélien étant le premier à ramener le sujet ce soir-là, visiblement en colère.

- Qu’est ce qui leur prend aux parents !!! Ils sont tombés sur la tête ou quoi ??

- (Damien) Ne t’énerve pas « Aurel » !! Ce n’est pas bon pour ton image de baba cool ! Hi ! Hi !

- (Guillaume) Pourquoi ont-ils subitement changé d’avis, voilà la question qu’elle est bonne !! La dernière fois qu’ils ont abordé le sujet, il ne fallait surtout pas que nous fréquentions un mec aussi « relou » et voilà que maintenant il est question qu’il vienne habiter chez nous !!

- (Aurélien) Et pas qu’une journée ou deux en plus, rendez-vous compte les gars !!

Quatre ans au moins qu’ils ont dit !!

- (Damien) D’après eux il aurait changé !! Peut-être devons-nous lui laisser une chance !!

- (Aurélien) Une chance de quoi ?? Estropier l’un de nous parce qu’il lui aura refusé quelque chose ?? Je l’ai vu faire vous savez et je sais de quoi je parle, ce mec est fou à lier !! Vous auriez vu son regard froid et calculateur, sondant chaque personne qui l’approchait pour savoir ce qu’il pourrait en tirer !! Brrr !! Quand j’y repense, ça me fait froid dans le dos. Heureusement qu’il a été viré après avoir envoyé le gars de sixième à l’hosto !!

- (Guillaume) Les parents ne sont pas fous quand même !! S’ils ont pris cette décision, c’est qu’il y a quelque chose ou quelqu’un qui les a convaincus de le faire !!

- (Damien) Il ressemble à quoi au fait ?? Il me semble « qu’Aurel » avait parlé d’un mec à qui on aurait donné le bon dieu sans confession !! Tu peux nous en dire plus ??

- (Aurélien) Un petit rouquin avec une bonne bouille sympa !! Du moins c‘est la première impression avant de s’apercevoir de quoi il est capable, après ça croit-moi !! Sa gueule d’ange ne trompe plus personne et je me souviens encore de la façon que tous avaient d’éviter de croiser son chemin après seulement quelques jours.

- (Guillaume) Un ange démoniaque en quelque sorte ??

- (Aurélien) C’est tout à fait l’image qu’il faut s’en faire et croyez-moi, méfiez-vous en comme de la peste !! Les parents ont beau dire ce qu’ils veulent, moi je l’ai vu et je me suis déjà fait mon opinion sur lui.

- (Damien) Ça ne va être gai !! Bonjour les soirées en famille !!

- (Guillaume) De toute façon rien n’est encore fait, les parents n’ont pas encore dit oui il me semble !! Non ??

- (Aurélien) C’était tout comme !! Il faudrait qu’on en sache plus !! Le seul moyen efficace c’est d’envoyer bébé les interroger quand ils sont le plus vulnérable ! Hi ! Hi !

- (Guillaume) Un câlin entre eux deux ??

- (Aurélien) Tu as tout compris ! Hi ! Hi !

- (Damien) Il a de la chance parce que moi je nage dans le potage, c’est quoi cette histoire de bébé ??

- (Guillaume) Allons mon « Daminou » !! C’est qui le petit « Dami » à sa moman ??

- (Aurélien) Le « tit » bout d’homme à son papounet ??

Damien devient rouge de confusion quand il comprend que ses frères parlent de lui.

- Et alors !! C’est normal de montrer à ses parents qu’on les aime !! Vous êtes des sans cœurs, ou vous vous trouvez peut-être trop vieux pour ça mais moi ça me fait plaisir et à eux aussi !! Vous pouvez dire ce que vous voulez, ça ne m’empêchera pas de le leur montrer quand j’en aurais envie et à la façon qui me conviendra le mieux, qu’elle vous paraisse enfantine je m’en fous royalement et c’est toujours mieux que de ne rien faire au point de paraître parfois indifférent, comme vous le faites !!

Guillaume et Aurélien se regardent, un peu honteux des reproches de Damien, reproches non sans un fort accent de vérité qu’ils sont bien obligés de reconnaître.

- (Guillaume) Tu as sans doute raison, c’est peut-être justement parce que tu es le plus jeune que nous te laissons le faire à notre place. Par contre l’idée « d’Aurel » à savoir de connaître les véritables raisons qui les ont poussés à prendre cette décision est bonne et tu es sans doute le mieux placer de nous trois pour les découvrir, il te suffit d’aller les voir en t’inquiétant qu’il ne te fasse du mal par exemple.

- (Aurélien) Connaissant maman, elle fera tout pour te rassurer et t’en dira certainement plus que pendant le dîner, de toute façon ça ne coûte rien d’essayer et au pire ça leur donnera l’occasion de t’avoir près d’eux, j’admets volontiers que tu as eu raison dans tes reproches de tout à l’heure et je te promets que je ne me moquerai plus de toi, du moins pour ça ! Hi ! Hi !

- (Guillaume) Ne te fais pas prier, vas-y !! Sors l’artillerie lourde surtout !! Tu sais bien qu’avec eux c’est ce qui marche le mieux !!

CHAPITRE 155 (Reims) (Damien)

« Vingt-deux heures quinze, dans le salon. »

Frédéric et Annie sont confortablement assis dans le canapé du salon à regarder une émission culturelle du satellite, quand des pas feutrés se dirigeant vers eux les font se retourner.

L’arrivée de Damien leur amène le sourire, trop contents d’avoir encore droit au câlin duquel ils sont autant demandeur que leur cadet et c’est donc tout naturellement qu’ils lui font une place entre eux deux, pour ensuite une fois qu’il s’est bien installé lui entourer chacun un bras autour de ses épaules en le serrant doucement contre eux pour l’embrasser chacun sur une joue.

Damien adore ces moments de pure tendresse entre lui et ses parents, il trouve dommage que ses frères se trouvent trop vieux pour ça et il se dit qu’ils ne savent pas ce qu’ils perdent.

Ce n’est qu’un moment plus tard qu’il se rappelle le but de sa venue, cherchant l’excuse qui lui fera poser les questions aux réponses qu’il est venu chercher.

Annie voit bien le sourire jusqu’alors épanoui de son fils disparaître pour être remplacé par une moue soucieuse et c’est elle qui sans le savoir, apporte l’occasion que cherchait Damien en lui en faisant la remarque.

- Quelque chose qui ne va pas mon bébé ??

- Pourquoi tu dis ça m’man ?

Annie jette un coup d’œil entendu à son mari qui s’en mord les lèvres pour ne pas éclater de rire, le fait que Damien ne se soit pas rebellé comme pourtant à chaque fois au « mon bébé » prouverait que sa venue auprès d’eux n’était pas si désintéressée et naturelle qu’il n’y paraissait à prime abord, Annie n’étant pas si réputée dans son métier pour s’y laisser prendre.

- Parce que je te connais trop bien et que le moment du câlin est passé, ce sont tes frères qui t’envoient ou c’est plus personnel ??

- Nous ne sommes pas bien tous les cinq m’man ? Pourquoi faire venir cet inconnu chez nous ? Et encore quand je dis inconnu, ce n’est pas vraiment le cas pour tout le monde, pas vrai ??

- (Frédéric) De quoi avez-vous peur ??

- (Damien) Je n’en sais trop rien en fait, juste que jusque maintenant on est heureux tous ensemble et que je ne voudrais pas que ça change en mal, ce n’est pas toi m’man qui disait qu’il ne fallait pas s’approcher de ce genre de gars ??

- (Annie) Si bien sûr !!

- (Damien) Alors pourquoi maintenant tu veux faire exactement le contraire ?? Et toi p’pa ?? Tu ne le connaissais pas il me semble et maintenant tu tiens le même discours que maman sans lui avoir demandé le minimum d’explication !!

- (Frédéric) Nous ne pouvons pas vous en dire plus, il faut pourtant que toi tout comme tes frères vous nous fassiez confiance !! C’est comme le Canada dry et l’alcool, tu comprends ? Ça y ressemble, ça a le même goût mais ça n’en est pas !!

Annie sourit devant la tête de Damien aux explications de son père.

- Ce que veut dire ton père mon chéri, c’est que ce garçon garde pour tout le monde les apparences et le vécu de celui d’origine, mais que dans sa tête ce n’est plus le même depuis l’accident où il a failli mourir. Son traumatisme au cerveau lui a fait développer une autre personnalité qui est à l’opposé de l’ancienne, tout ceci est très bien encadré par les services appropriés et si nous avons juste accepté de le prendre chez nous, c’est pour mieux comprendre ce qu’il est devenu en l’aidant à se réaliser pleinement dans ses nouvelles ambitions.

- (Damien) Quelles ambitions ?

- (Annie) De faire oublier un passé auquel il ne rattache aucuns souvenirs et de pouvoir se faire une nouvelle vie, riche et pleine de joie, dans un contexte où il ne serait pas jugé à l’avance sur ses antécédents.

- (Frédéric) Il a eu des résultats inimaginables aux examens du bac qu’il vient de passer, jamais le garçon qu’il était avant n’aurait pu les obtenir et son cerveau d’après ses dernières IRM, montre des zones inhabituelles d’activités et c’est aussi ce que nous devrons chercher à comprendre.

- (Damien) Mais pourquoi chez nous ?? Pourquoi pas dans une autre famille que la nôtre, ou encore mieux chez lui avec ses parents ??

- (Frédéric) Tout simplement parce que du fait de nos métiers ainsi qu’une autre raison encore confidentielle, il nous l’a été demandé à ta mère et à moi, nous avons été jugés les plus aptes à comprendre le bien-fondé de ce qu’il lui arrive.

- (Damien) Et s’il était devenu si intelligent qu’il ait monté ça justement pour qu’on le laisse tranquille et pouvoir ensuite retourner à ses anciennes…. Pulsions ? Vous y avez pensé ?

CHAPITRE 156 (Reims) (Damien) (fin)

- (Frédéric) Comme je te l’ai déjà dit, certaines choses ne peuvent être dévoilées pour l’instant et tu devras nous faire confiance, mais je peux t’assurer que le garçon qui passera cette porte sera sincère avec vous. Notre décision de l’héberger si elle doit effectivement se faire, ne sera donné qu’à cette condition et ne sera prise que quand nous même en serons convaincus, ce qui à ce jour n’est pas encore tout à fait le cas.

Annie embrasse son fils avec toute la tendresse d’une mère se voulant rassurante.

- Nous ne mettrions pas volontairement le ver dans le fruit, nous crois-tu aussi stupide ??

- (Damien) Je n’ai jamais dit ça !! Juste que le risque zéro n’existant pas, vous ou plutôt nous tous, pourrions le regretter un jour !!

- (Frédéric) Je t’assure que vous vous faites de la bile pour rien, va dire à tes frères que nous gérons la situation et que nous vous demandons juste que vous lui laissiez une chance de prouver sa bonne foi quand il passera cette porte.

- (Damien) Votre décision est prise alors ?

Annie embrasse son fils en le poussant doucement hors du canapé.

- Nous devons encore en discuter seul à seul avec ton père, fais comme il vient de te le demander s’il te plait et je te promets que nous reparlerons de tout ça le moment venu !!

Le couple attend que leur cadet soit reparti pour qu’enfin leurs visages reflètent le doute qu’ils ont voulu cacher à Damien, comprenant bien eux aussi le risque minime soit-il qu’ils prennent à faire entrer un étranger dans leur famille.

- (Frédéric) Peut être aurions-nous dû leurs montrer les dessins ? Ils y auraient peut-être aperçu d’autres anomalies qui nous auraient échappé ?

- (Annie) Tu n’y penses pas sérieusement ??

- Non, bien sûr !! Ils ne connaîtront sans doute jamais dans cette réalité, ceux qui apparaissent à leurs côtés !!

- Deux magnifiques jeunes filles, il faut bien le reconnaître !!

- Oui !! Mais aussi un tout aussi magnifique garçon et je ne suis pas certain des réactions de Damien à se voir serrer comme il l’est entre ses bras, l’intimité de ses trois jeunes gens avec nos fils ne fait aucun doute sur la relation qu’ils sont censés avoir ensemble.

- (Annie) Tu peux me dire pourquoi cette vision ne m’était pas apparue au premier abord et qu’il a fallu que tu en fasses mention pour qu’elle me paraisse évidente ?

- (Frédéric) Parce que certainement quelque chose en toi avait déjà deviné la différence de notre « Dami » d’avec ses frères, son tempérament plus émotif et son besoin de câlins avec nous, alors qu’à son âge beaucoup pour ne pas dire une majorité des garçons se trouvent trop vieux pour ça.

- (Annie) Tu as sans doute raison !! Maintenant reconnais qu’il a plutôt bon goût, ce garçon est vraiment à croquer !!

- (Frédéric) Les filles ne sont pas mal non plus !!

- Tu penses vraiment que ça pourrait être différent et que tout comme pour le vase, cela ne prouve rien si ce n’est que le destin n’est pas forcement immuable ?

- Je pense surtout qu’ils devront faire leurs propres choix et qu’il ne sert à rien de les mettre sur des pistes qui sont peut-être illusoires.

- Et pourtant tu étais prêt à leurs montrer les dessins ??

- J’avais juste oublié ce détail !! Nous pourrions leurs faire voir ceux qui ne prêtent pas à ce genre de confusions ? Qu’en penses-tu chérie ?

- Peut-être devrions nous attendre encore un peu !! J’aimerai déjà en causer deux mots avec qui tu sais, histoire d’avoir déjà quelques réponses ne serait-ce que sur ces jeunes gens par exemple !! Peut-être sont-ils déjà en couples ou n’existent-ils tout simplement pas, ou pire encore !! Imagine, s’ils n’existent plus pour quelques raisons que ce soit !! Une maladie, un accident ou que sais-je d’autre encore !! La vie est tellement faite d’imprévus et je me rappelle surtout la question que m’a posé monsieur Désmaré sur le nombre de mes enfants et s’ils étaient toujours bien en bonne santé tous les trois !! J’avoue au début ne pas avoir saisi où il voulait en venir en me posant ces questions jusqu'à ce qu'il m'explique pour son fils, maintenant je commence à en percevoir réellement le sens !! Il voulait juste s’assurer que je n’aurai pas une mauvaise surprise en découvrant ce qu’il y avait dans la pochette qu’il m’a montré, je pense que s’il a pensé à une telle chose c’est que quelqu’un en plus de lui s’y est fait prendre et qu’il voulait éviter que ça se reproduise, du moins pas sans y avoir préparé la personne au préalable.

- Pffttt !!! Tout ça commence à me dépasser un peu beaucoup !! Je vais me cantonner dans ce qu’il m’a été demandé de faire et j’attendrai de voir de visu ce garçon pour reprendre d’autres conjectures à son sujet.

- (Annie) Je vais le convoquer d’ici peu pour son injonction à se présenter devant un juge, je m’arrangerai pour que Damien et Guillaume ne soit pas loin, je suis curieuse de voir ses réactions à la vue de mes fils et je m’apercevrai tout de suite si son amitié ou du moins les souvenirs qu’il en a envers eux sont sincères ou pas.

- (Frédéric) Je présume que si tu ne mets pas Aurélien dans le coup, c’est pour qu’il n’y ait pas de réactions du côté de nos garçons ?

- Exactement !! Sais-tu que tu as raté ta vocation mon chéri ??

- Hummm !!! Si tu le dis !! J’aimerai profiter qu’il soit sur Reims pour faire moi aussi sa connaissance, discrètement bien sûr !!

- Laisse-moi y réfléchir encore quelques jours !! De toute façon il est clair que nous ne tenterons rien sans l’aval de ceux qui sont en charge de ce dossier !! Toute erreur de notre part pourrait avoir des répercussions auxquelles nous ne sommes pas préparés !!

- Je vais essayer également d’en savoir plus de mon côté, le Doyen m’a parlé d’un éminent psychiatre qui serait lui aussi sur cette affaire et j’aimerai le contacter.

- Tu veux sans doute parler du professeur Philippe Espinach d’Aix en Provence ??

- C’est bien de lui qu’il s’agit en effet !!

- Alors j’ai trouvé ton excuse pour être présent au tribunal le jour où le jeune De Bierne sera convoqué, le professeur Espinach sera également présent pour amener ses premières conclusions suite aux séances qu’il aura déjà passé avec son patient et tu pourras sans doute obtenir de lui un rendez-vous avant qu’il ne reparte chez lui.

- Je m’en occupe dès demain !! Pffttt !! Et bien tout ça reste quand même bien mystérieux voir si on y regarde de plus près, complètement incroyable !! Il n’y aurait ces preuves que contient ton dossier, qu’elles soient d’une irréfutabilité médicale ou plus subjectives !! Je serai prêt à croire que nous nageons en pleine science-fiction !!

- (Annie) C’est certain qu’en mettant les choses bout à bout, ça laisse à s’interroger sérieusement sur notre santé mentale à pouvoir y croire ne serait-ce qu’un instant et pourtant c’est bien le cas ??

- Il y a certainement des explications logiques à tout cela, le fait que les synapses de son cerveau se soient développés avec autant d’ampleur doit certainement en être une et pas des moindres !! Pour le reste rappelons-nous que le cerveau humain est loin d’avoir révélé tous ses secrets et nous n’en sommes encore qu’au tout début de nos découvertes à ce sujet. Quand à comprendre ces possibilités, peut-être que ce garçon est le premier d’une sorte d’évolution ??

- (Annie) Ou le dernier de quelque chose qui nous échappe !!

CHAPITRE 157 (Aix en Provence) (Le lendemain matin)

« Chambre des garçons. »

Antoine ouvre le premier les yeux et se redresse sur les coudes pour jeter un regard panoramique sur la chambre, un sourire épanouit son visage à la vue de ses amis toujours endormis.

Cette nuit par rapport aux précédentes a été relativement calme, sans doute due à la longue journée passée à visiter Salon de Provence et qui de ce fait à limiter leurs pulsions de sexe qui n’a consisté qu’en un gros câlin, chacun profitant « sagement » de son compagnon de lit.

Antoine reporte son regard sur Yuan, admirant sans pouvoir jamais s’en lasser la frange de cheveux noir corbeau qui lui mange à moitié ses yeux en amande et les siens brillent soudainement d’émotion de cette chance qu’il a que leur amitié se soit transformée en un attachement beaucoup plus fort, faisant ressortir tous les sentiments qu’il éprouve maintenant pour ce garçon magnifique qui partage désormais sa vie.

Le fait d’être observé de la sorte réveille Yuan qui derrière le voile de protection de ses cheveux peut voir l’expression contemplative d’Antoine, mais aussi y lire toute la palette de sentiments que ressent envers lui son ami pendant qu'il le croit toujours endormi et qui le conforte s’il en avait besoin dans les siens à son égard, sentant bien lui aussi son cœur s’emballer par la présence de celui envers qui il n’y a que quelques semaines encore ne représentait pas une importance aussi forte dans ses pensées.

- Hummm !!! J’adore quand un beau garçon me dévisage de la sorte à mon réveil !!

- Juste un beau garçon ?

- Tu sais bien que non !! Ça me plairait beaucoup de t’avoir près de moi à chaque réveil tu sais ? Tu ne voudrais pas venir vivre avec moi à Paris ? Nous pourrions y continuer nos études et vivre ensemble, j’y pense de plus en plus et je cherchais justement la bonne occasion pour t’en parler !!

Le sourire d’Antoine se fait radieux et ses lèvres viennent doucement se poser sur celles de son ami pour un long baiser passionner, réveillant en eux l’ardeur d’une jeunesse qui ne demande qu’à s’épancher.

- (Yuan) Humm !! Je prends ça pour un oui !!

- Je voulais t’en parler moi aussi, ma tante m’avait proposé de m’héberger chez eux mais c’était avant nous deux tu comprends ?

- Non seulement je comprends, mais je suis sûr qu’elle verra cette décision d’un bon œil !! Nous savoir ensemble doit j’en suis certain la rassurer et ta famille aussi par la même occasion, le fait que vous soyez cousins germains avec « Flo » devait quand même les faire tiquer !! Maintenant ils ne verront plus nos relations de la même façon, surtout depuis qu’Antonin a mis les pendules à l’heure avec notre « rouquemoutte » national ! Hi ! Hi !

- (Antoine) Remarque il a été plutôt cool !! Juste qu’il lui a demandé de ne rien faire avec nous derrière son dos, c’est un peu le même genre de relation qu’il avait avec lui et Thomas dans ses souvenirs, c’est peut-être aussi la raison pour que « Flo » ait accepté sans rien trouver à y redire !!

- Je t’avouerai que maintenant que je suis avec toi, cette idée me va bien et j’espère que tu seras d’accord pour que nous nous y tenions aussi ?

- L’idée contraire ne m’avait même pas effleuré l’esprit figure toi et c’est bien qu’on en parle, comme ça au moins les choses sont claires !!

- Et pour Éric ??

- Déjà une, il n’y a rien de fait et de deux ça ne change rien à notre décision si c’était le

cas !! J’avoue qu’il me plait plus que bien le gaillard !! J’adore les potes de « Flo » en fait !! S’ils sont tous comme ça, ça en promet des soirées tête dans le cul ! Hi ! Hi !

- (Yuan) J’y crois pas d’avoir des idées pareilles !! C’est sans doute l’autre clown qui est en train de nous faire devenir comme lui !!

- (Antoine) C’est pareil pour moi tu sais !! Jamais je n’aurais imaginé avoir des relations multiples avant cette histoire !! Le pire de tout, c’est que ça me semble normal et que je kiffe vraiment !!

Les deux amis regardent l’autre lit où les deux asticots de la bande dorment encore, une même idée leur traverse l’esprit et leurs yeux se croisent avec la même lueur lubrique à l’intérieur.

- (Yuan) Faudrait peut-être penser à les réveiller ces deux-là ??

- (Antoine) En douceur alors ??

- C’était l’idée général ! Hi ! Hi !

- Lequel tu prends ? Moi je t’avouerai que j’ai une « grosse » faim ce matin !!

- Ok !! Je te le laisse, moi je suis plus du soir pour les repas consistants !!

CHAPITRE 158 (Aix en Provence) (Le lendemain matin) (suite)

L’idée étant posé et accepté, il ne reste plus qu’aux deux copains à la mettre en œuvre et c’est le plus discrètement possible qu’ils arrivent au pied du lit où juste deux touffes de cheveux, rousse et blonde, apparaissent de sous la couette.

Celle-ci est très vite soulevée jusqu’au nombril des deux endormis, découvrant à la vue des deux affamés les deux petites touffes de poils surmontant leurs sexes encore au repos mais déjà assez impressionnant du moins pour l’un d’eux.

C’est à petits coups de langue sur l’objet de leur attention que commence la mise en bouche des deux lascars, s’excitant à voir les hampes s’épanouir jusqu’à tenir une raideur glorieuse et voir les glands apparaître de sous la peau fine de leurs tiges maintenant tendues à s’en décoller du reste du corps.

Les langues papillonnent encore sur cette chair rosée d’où déjà s’échappe un fin filet odorant qu’elles cueillent avec gourmandise pour ensuite refermer leurs lèvres dessus et commencer à les prendre en bouche de plus en plus goulûment.

Antoine déclare forfait rapidement en se rendant compte que jamais même aussi gourmand soit-il tout entrera, alors que Yuan plisse les narines sous les chatouilles que lui occasionne la petite toison blonde d’Antonin.

Bien sûr cette gâterie matinale finit par réveiller ceux qui la subissent avec un plaisir évident, un coup d’œil vers la couette leur amène le sourire et c’est en se fixant dans les yeux qu’ils se laissent faire sans montrer qu’ils sont maintenant au fait que ce qui au début leur a semblé n’être qu’un rêve érotique, n’était en fait que la réalité d’un plaisir qui va bientôt trouver son aboutissement.

***/***

Je vois bien les yeux de « Tonin » se refermer doucement sous l’orgasme qui commence à lui clouer les reins, je ressens moi aussi la montée impérieuse du plaisir causé par cette chaleur humide qui me masturbe tout en douceur et j’en suis au point où il va m’être complètement impossible de me retenir plus longtemps quand un doigt curieux vient frotter mon intimité et que j’envoie tout dans un râle de pur bonheur, m’amusant néanmoins du hoquet de surprise de mon suceur à recevoir cette manne épaisse en pleine gorge.

- Arrhhh !!!

- Mmmmm !!!

Un deuxième râle près de mon oreille m’annonce que pour Antonin aussi c’est la délivrance, une envie de rire me prend quand le même son nous arrive de sous la couette.

- Arrhhh !!!

- Mmmmm !!!

- Hi ! Hi ! Alors les enfants ?? Le biberon était à bonne température ??

La couette s’envole dans la pièce et les têtes d’Antoine et de Yuan apparaissent, les joues rouges de la chaleur qu’il y faisait dessous.

- (Antoine) Putain !! Je croyais que ça n’allait pas s’arrêter !!

- (Yuan) C’est qu’il a du débit aussi le blondinet !! Parole !!

Antoine se redresse le sexe en érection, suivi de près par son comparse tout aussi excité.

- A vous deux de prendre le petit « déj » maintenant !! J’ai envie grave d’envoyer la sauce !!

- Pareil pour moi les deux nains !! Faites nous ça bien ! Hi ! Hi !

Un petit clin d’œil avec Antonin et nous voilà à quatre pattes sur le lit en nous tournant le dos pour avoir chacun un de nos potes debout près de nous à attendre qu’on leur renvoie l’ascenseur.

Pas besoin non plus de se forcer pour s’occuper de la bête superbe qui vibre devant mon visage, nous y allons alors de bon cœur et sans nous être concertés avec Antonin, en remuant des fesses de façon plus que subjectives.

C’est sans surprise que je voie la main d’Antoine caresser la croupe d’Antonin alors que Yuan en fait autant de la mienne et j’écarte encore plus les fesses en cambrant les reins pour qu’il aille là où j’en meurs d’envie, suçant toujours aussi goulûment mon cousin qui en tremble sur ses jambes sous l’effet de l’excitation.

Pourquoi ne suis-je pas surpris de me sentir investi me direz-vous ? Et bien tout simplement parce que je n’attendais que ça et mon viril asiatique ne s’y est pas laisser compter, il me prend maintenant avec vigueur en donnant à mon corps un mouvement de balancier qui me fait un bien fou.

Bien sûr mon blondinet a droit rapidement à la même « punition » et ma libido monte encore de plusieurs crans de voir Antoine le prendre avec ses mains lui tenant fermement les hanches pour aller encore plus loin dans le fourreau accueillant qui ne demandait également qu’à le recevoir.

J’arrive malgré les coups débridés de mon pote asiatique (Hi ! Hi !) à prendre mon sexe en mains pour le soulager et je pars une nouvelle fois quand je sens le membre raide de Yuan qui se cale au plus profond de moi alors qu’il prend lui aussi son plaisir.

Nous nous affalons les uns sur les autres, en sueur de cette joute matinale et repus pour l’instant de nos envies de sexe respectives, il était apparemment temps car une voix venant du jardin s’adresse à nous, mi amusés, mi sérieux.

- Ce n’est pas un peu fini là-haut ?? On n’entend que vous dans la rue !! Les voisins vont finir par se poser des questions !! Ah la jeunesse !! Le petit-déjeuner n’attend plus que vous et je signale à Antonin que nous devons aller en ville tous les deux, alors magnez-vous les fesses !!

CHAPITRE 159 (Aix en Provence) (Le lendemain matin) (fin)

***/***

Autant dire que les paroles de Michel font l'effet d'un envol de moineau aussi bien pour prendre la douche que pour s’habiller et descendre ensuite à la cuisine s’installer chacun l’air innocent devant son bol, croquant tous à pleines dents les tartines à la confiture qu’affectionne tant Florian.

***/***

Je surveille Antonin depuis que nous sommes descendus des chambres, trouvant qu’il fait une drôle de trombine.

- Quelque chose ne va pas « Tonin » ?

- Non !! C’est bon !!

- Ta ! Ta ! Ta ! Ta ! Je vois bien que tu n’es pas comme d’habitude !!

Antonin hésite à parler, il me regarde et voit que je m’inquiète pour lui, aussi c’est avec un sourire encore timide qu’il me répond.

- C’est Michel !! Il s’est mis dans la tête de m’emmener chez le coiffeur, après c’est chez le dentiste et que sais-je encore comme rendez-vous qu’il m’a pris pour ma santé qu’il m’a dit !!

- C’est qu’il se préoccupe des années que tu viens de vivre et qu’il veut s’assurer que tout va bien pour toi !! Je ne vois pas ce qu’il y a là à faire la tête que tu fais ??

- Je n’aime pas le dentiste !!

- Ah !! C’est donc ça ! Hi ! Hi ! Rassure-toi, il ne verra rien qui ait besoin de son intervention !!

- Comment tu peux le savoir ??

- Tout simplement parce que depuis qu’on est ensemble, ton corps a eu largement le temps de guérir de tous les petits bobos que tu pouvais avoir, voilà pourquoi !! Tu verras que tout se passera bien, en fait ce qui m’inquiète le plus c’est le coiffeur !! Tu ne vas pas couper tes magnifiques cheveux quand même ??

Antonin sourit franchement cette fois, amusé de la moue que je fais à l’idée qu’il coupe ses longs cheveux blonds.

- Michel dit que c’est juste pour les égaliser afin qu’ils ne s’abiment pas et qu’ils soient plus faciles à coiffer !!

Je regarde mon grand-père qui vient d’entrer dans la cuisine.

- Tu sais papy !! Antonin n’a pas besoin de voir quelques toubibs que ce soit, tout comme toi, mamie et tous les autres, tu le sais bien en plus !!

Mon grand-père me fait un clin d’œil.

- Ça ne coûte pas grand-chose de s’en assurer !! De toute façon les rendez-vous sont pris et d’ailleurs il est grand temps d’y aller, tu es prêt Antonin ?

- Juste le temps de mettre un tee-shirt propre !!

Antonin se mordille la lèvre en repensant à un truc qui semble le contrarier.

Je peux t’en emprunter un « Flo » ? Ceux que j’ai sont au lavage !!

- Bien sûr quelle question !!

J’attends qu’il soit hors de vue pour poser la question à mon grand-père.

- C’était quoi ce clin d’œil ??

- C’était le seul moyen que j’ai trouvé pour qu’il accepte de venir avec moi en ville sans le vexer, après le coiffeur nous irons faire les magasins pour le rhabiller et il sera bien obligé de me suivre, j’en ai marre qu’il n’ait que des affaires à toi à se mettre sur le dos !!

- Un conseil Papy !! Fais-lui comprendre que ce n’est qu’un prêt en attendant qu’il gagne sa vie, j’ai déjà eu ce genre de problèmes avec lui et crois-moi, il est plutôt… disons…. Fier et émotif sur certains sujets et si tu ne veux pas te trimbaler toute la matinée avec une madeleine, tu ferais bien de suivre mes conseils ! Hi ! Hi !

- Et toi ?? Tu n’as besoin de rien ?? As-tu de l’argent au moins ??

- Je me suis arrangé avec « Yu » et Antoine qui me font crédit le temps que je me retourne, ne t’inquiète pas pour moi papy !! Vous avez eu assez à subir l’autre sangsue !!

- Comme tu voudras mon grand !! N’oublie pas que tout ce que nous avons te reviendra un jour de toute façon !!

Antonin redescend et je manque d’avaler de travers en voyant comment il s’est habillé, décidément mon grand-père a raison et mes goûts vestimentaires qui sur moi ne choquent personne voire même amènent le sourire, le font ressembler à un épouvantail à moineaux.

- (Yuan) Tu cherchais à te la jouer discret je parie ?

- (Antonin) Pourquoi tu dis ça ??

- Juste pour te prévenir que si c’est le cas et bien c’est raté ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 160 (Aix en Provence) (Révélations)

Je préfère botter en touche devant le regard de cocker d’Antonin suite aux remarques de Yuan, je me lève donc avec le prétexte d’être moi aussi pressé et que je ne voudrais pas arriver en retard à mon rendez-vous matinal quotidien avec Philippe.

Je les quitte donc, curieux malgré tout d’être à midi pour savoir comment s’est passé la matinée d’Antonin et c’est en réfléchissant au moyen de nous faire rapidement gagner suffisamment d’argent pour préserver aussi bien ma fierté que celle de mon ami, que je fais le trajet menant jusqu’au cabinet de Philippe.

Quelle n’est pas ma surprise d’apercevoir Chloé dans la salle d’attente ce matin-là.

- Chloé ?? Qu’est-ce que tu fais ici ??

Elle se lève en souriant timidement pour venir m’embrasser.

- C’est Philippe qui m’a demandé de venir, il nous attend !!

- Tu sais pourquoi il t’a demandé çà ??

Son visage devient subitement triste, c’est à la limite des larmes qu’elle lève ses yeux brillants vers moi.

- Oui bien sûr !! Mais il ne préfère pas que ce soit moi qui t’en parle en premier.

- C’est encore quelque chose en rapport avec l’autre ??

Chloé hoche la tête, le visage cette fois complètement décomposé.

- C’est si grave ??

- Oui Florian !! Personne ne voulait t’en parler et tu comprendras pourquoi, seulement tu risques de l’apprendre sans y être préparé et Philippe a déjà assisté à tes réactions quand tu as su pour ton ami Erwan !!

- Quelqu’un d’autre est mort ?? C’est ça ??

Chloé cette fois éclate en sanglots, je n’ai pas le temps de lui poser de nouvelles questions que la porte s’ouvre et que Philippe sort de son bureau pour s’avancer vers nous, la prenant par la taille sans un mot en me faisant signe de les suivre.

J’avoue que je n’en mène pas large et qu’une boule commence à me nouer l’estomac, pour ne rien arranger je m’aperçois qu’il y a déjà quelqu’un dans la pièce et la présence de cette personne me crispe encore plus si cela était possible, c’est donc en m’attendant maintenant vraiment au pire que je referme la porte derrière moi.

- Bonjour Maurice !!

- Bonjour Florian !!

***/***

Philippe fait asseoir Chloé sur le canapé, il se tourne ensuite vers le petit rouquin qui semble bouleversé et il se demande ce qu’a bien pu déjà lui apprendre son amie pour qu’il soit dans cet état.

Il se tourne alors vers elle pour lui poser la question.

- Il est au courant ?

Chloé le visage couvert de larmes lui fait non de la tête.

***/***

- Au courant de quoi ?? C’est Thomas ?? Il lui est arrivé quelque chose ??

Maurice s’approche de moi pour me guider jusque près de mon amie, des tremblements nerveux incontrôlables me prennent alors quand je repose ma question d’une voix hystérique.

- C’est mon Thomas ?? Il est mort ??

- (Philippe) Reprends toi Florian, il ne s’agit pas de Thomas !! Nous n’avons toujours pas de nouvelles à son sujet.

- (Maurice) J’ai ouvert une enquête pour le retrouver, pour l’instant nous n’avons toujours rien de concret.

- (Philippe) J’ai fait venir Chloé pour qu’elle puisse témoigner de certains faits que tu ignores encore et qui se sont passés le jour où elle a eu cet accident à la jambe.

- Tu parles d’un accident !!

- (Philippe) Nous l’appellerons ainsi parce que nous tous savons que tu n’en as aucun souvenir et que tu n’y es pour rien, quoique tu en dises !! Maintenant il faut que tu connaisses la vérité !! Tu risques de rencontrer des personnes qui ont appris ta présence chez tes grands-parents, c’est moi qui ai été les voir sans connaître le malheur qui les affligeaient mais dans l’intention de prendre des renseignements pour justement retrouver Thomas. Je suis donc allé rendre visite à la seule famille Louvain qui habite ou plutôt qui habitait le quartier où vivent tes grands-parents.

- Tu as vu André et Nathalie ?? Tu as leur adresse ?? Tu sais combien comptaient Mathis et Léa dans ce que je suis bien obligé d’appeler mes précédentes vies ?? Après Éric et Raphaël, ils sont sur ma liste mais je ne sais même pas s’ils se souviennent d’un Florian et s’ils sont impliqués eux aussi comme ça semble l’être dans les malversations de l’autre, je sens que je n’ai encore pas fini de ramer pour changer leur état d’esprit envers moi.

- (Philippe) Et c’est justement la raison qui m’a fait demander à Maurice et Chloé d’être là ce matin, d’autres personnes devraient arriver d’ici une petite heure et je n’ai que le temps de t’apprendre les circonstances exactes qui ont fait de cette journée il y a sept ans déjà, le malheur de plusieurs familles et que personne n’a encore osé te raconter.

***/***

« Un moment plus tard. »

Je ne saurais décrire toutes les affres émotionnelles par lesquelles je suis passé pendant toutes ses longues minutes où j’ai appris que ce qui déjà me semblait un acte horrible envers Chloé perpétré par ce Florian que je ne peux que définir que comme démoniaque, n’était en fait que la face visible de l’iceberg et que des événements plus terribles encore s’étaient déroulés autour de cette piscine, le pire en étant les dommages collatéraux comme le suicide de Mathis.

Je sens une piqûre dans mon bras, me tournant encore hébété vers Philippe qui tient la seringue vide encore en main.

- Ce n’est qu’un tranquillisant mon grand, ça t’aidera à passer ce moment de trop forte émotion.

Mes larmes me brûlent le visage, j’ai l’impression que mon estomac se retourne dans mon ventre et je ne peux retenir ce qu’il contient qui sort de ma bouche par jet d’une puanteur indescriptible et se répand en flaques sur le sol, juste avant que je ne sente ma tête tourner et que je perde connaissance.

***/***

Philippe aidé de Chloé, enlèvent les vêtements souillés de Florian pour ensuite nettoyer au mieux les dégâts, pendant que Maurice se dirige vers le bureau du psychiatre et stoppe l’enregistrement de la conversation sur son pc portable, il se dirige ensuite avec lui jusqu’à la salle d’attente où trois personnes sont déjà installées depuis quelques minutes.

- Vous êtes bien la famille Louvain ? Je me présente !! Maurice Désmaré directeur du département de la sécurité du territoire, ou la DST si vous préférez !! J’ai quelque chose d’important à vous montrer avant que le professeur Espinach ne vous fasse entrer dans son bureau.

CHAPITRE 161 (Bordeaux) (Benjamin)

« Bordeaux, centre d’internement pour déficients mentaux. »

Le bureau du directeur du centre est occupé ce matin-là par un petit groupe de responsables de différents services et d’un homme que certainement personne d’entre eux ne se serait attendu à voir un jour dans les locaux.

Cet homme s’est présenté comme étant monsieur Alain Durieux le directeur adjoint de la DST, mandaté par son chef direct pour prendre tous renseignements qu’il jugera bon sur un de leurs patients.

Lui-même n’étant pas le moins étonné de s’être vu confier cette mission qui sort et c’est peu de le dire, des tâches habituelles rattachées à sa fonction.

- (Le directeur) Le seul Benjamin qui correspond à votre recherche et faisant parti de nos résidents, n’est absolument pas en état de subir un quelconque interrogatoire de quelque sorte que ce soit !! Il est depuis sept ans en état végétatif, n’ayant absolument aucunement conscience de la réalité qui l’entoure.

- (Alain) Là n’est pas le but de ma présence aujourd’hui, je dois juste venir constater son état de santé général et vérifier de visu s’il peut être envisageable de le déplacer dans une autre unité de soins.

Un chef de service prend la parole, à la fois curieux mais également surprit par la demande.

- Pourquoi vouloir le déplacer ? Benjamin nous connaît, le déplacer risquerait de le perturber et anéantir tout le travail de notre équipe depuis qu’il est parmi nous.

- (Alain) Vous le donniez il n’y a pas deux minutes comme n’ayant aucune conscience ?

Je ne comprends pas comment il pourrait dans ce cas être perturbé ?

- (Le directeur) Le terme employé n’était pas le bon, il suffit habituellement pour faire comprendre ce que sont nos patients. Le terme qui le définit le mieux peut heurter certaines âmes sensibles, en fait l’état végétatif en terme strictement médical est un non-sens et il faudrait plutôt employer celui d’animal, reconnaissez que le premier est plus facile à accepter par leurs proches qui sont suffisamment atteints par le malheur qui les touche.

- (Alain) Je comprends bien !! Mais alors ça signifierait qu’ils gardent une certaine conscience de leur environnement ?

- (Le directeur) C’est un peu plus compliqué, mais on peut dire ça en effet !! Pour ce qui est du cas qui vous intéresse, nous pourrions le comparer à un animal domestique qui reconnaît celui qui le nourrit et obéit à quelques ordres simples.

- (Alain) Une sorte de dressage en somme ??

- (Le directeur) Je vous avais prévenu que ça heurterait votre sensibilité !! C’est pour cette raison que le terme de végétatif est employé pour ce genre de cas pathologiques.

- (Alain) Admettons !! Il me faut une copie complète de son dossier, aussi bien médical que comportemental ainsi que tout ce qui pourrait le concerner s’étant produit durant son séjour dans votre centre. Je mettrai ce dossier dans les mains de spécialistes qui pourront ainsi avaliser ou non la possibilité de lui faire changer de contexte sans le perturber outre mesure.

Alain depuis le début de l’entretien observe attentivement les personnes qui y assistent et quelque chose qu’il n’arrive pas encore à définir, le gêne dans leur expression comportementale.

Commence alors une batterie de questions débitées à un rythme rapide pour ne pas leur laisser le temps de réfléchir, où tout y passe de façon pouvant sembler décousu.

Que ce soit sur ce qu’il aime manger, comment il est physiquement, sa façon d’être, calme ou agité et d’autres encore jusqu’à ce que cela lui amène une conviction qui si elle s’avère exact, ne restera pas sans que certains en répondront devant qui de droit.

- Pendant que vous me sortez son dossier pour m’en faire une copie, j’aimerais que vous me meniez jusqu’à Benjamin !!

- (Le directeur) Julie !! Voulez-vous conduire monsieur Durieux s’il vous plait ?

- (Alain) Je préférerais que ce soit ces messieurs qui m’y emmènent !! Mademoiselle ??

Auriez-vous l’amabilité de faire entrer les deux hommes qui attendent dans le couloir ??

La jeune femme s’exécute non sans avoir jeté un regard inquiet vers son patron qui lui fait un signe d’accord de la tête, reportant ensuite son attention vers son visiteur.

Alain se conforte encore plus dans sa conviction qu’il va découvrir quelque chose d’anormal voire de malsain, les regards fuyants qui se détournent dès qu’il tente de les fixer lui faisant craindre hélas le pire et c’est d’une voix ayant perdu toute amabilité qu’il s’adresse à ses hommes dès que ceux-ci entrent dans la pièce.

- Vous accompagnez cette demoiselle ainsi que monsieur le directeur jusqu’au secrétariat, ils vous remettront les copies d’un dossier sur un résident du nom de Benjamin Charlier. Assurez-vous que rien ne soit oublié et qu’aucune communication téléphonique ou autre ne soit donnée pendant que je serai absent.

- Bien patron !!

- (Le directeur) Mais enfin !! Pouvez-vous me dire ce qu’il se passe ??

- (Alain) J’espère pour vous tous qu’il ne se passe rien justement et c’est pourquoi je prends ces mesures afin de m’en assurer !

Un chef de service élève le ton.

- De quel droit nous traitez-vous de la sorte ?? Nous ne sommes pas des criminels que je sache ??

- (Alain) Je n’ai jamais employé ce terme ?? Pourquoi pensez-vous une chose pareille ??

Votre conscience vous pèse dirait-on ??

- (L’homme) Bien sûr que non !!

- (Alain) Il n’y a donc pas à s’en faire, conduisez-moi au jeune Benjamin et nous verrons quel comportement « animal » il aura en vous voyant !!

Alain revient un instant vers ses hommes, il donne quelques instructions au plus âgé des deux.

- Fais venir la cavalerie du cru, j’ai un mauvais pressentiment !! Il y a quelque chose de pas clair dans toute cette histoire, j’ai comme l’impression que nous avons mis les pieds dans un nid de scorpions !!

- On dirait qu’ils ne sont pas très à l’aise patron !!

- J’avais remarqué aussi figure toi !!

Alain regarde les trois hommes qui doivent l’accompagner.

- Allons-y messieurs !! Après vous !! Et veuillez rester à moins d’un mètre l’un de l’autre je vous prie !!

CHAPITRE 162 (Aix en Provence) (Panique)

Pendant que Maurice fait visionner à la famille Louvain ce qu’il a enregistré pendant l’heure précédente, Philippe et Chloé commencent à s’inquiéter sérieusement de l’état de Florian toujours inconscient étendu sur le canapé.

Ce n’est qu’une fois qu’ils ont nettoyé les vomissures du petit rouquin, qu’ils sont revenus vers lui pour constater qu’il n’a toujours pas repris conscience et Philippe lui prend alors sa tension qui lui semble anormalement basse, lui soulevant ensuite les paupières pour remarquer aussitôt ses pupilles révulsées.

- Va chercher Maurice !! Vite !! Pendant ce temps-là j’appelle une ambulance !!

***/***

Maurice observe de près les réactions de Léa, qui des trois lui semblait la plus furieuse contre Florian lors de sa précédente visite aux dires de Philippe.

L’ahurissement qu’il peut lire sur son visage pendant que la vidéo défile sous ses yeux, le rassure quelque peu sur la suite de la matinée quand il mettra toute la famille Louvain en présence de celui qu’il doit bien s’avouer, est devenu son protégé.

C’est la porte du cabinet qui s’ouvre à la volée qui lui fait relever la tête vers Chloé qui semble dans tous ses états, une certaine panique marquant son visage et le doute ne lui est plus permis de comprendre qu’un grave problème est arrivé, quand elle s’adresse à lui d’une voix criarde.

- C’est Florian !! Il ne va pas bien !! Philippe appelle une ambulance !! Oh, mon dieu !! Pourvu que ce ne soit pas grave !!

Maurice s’adresse à Marc en se levant d’un bond pour se rendre auprès de Florian.

- Occupez-vous de Chloé, vous voulez bien !!

Il n’attend pas la réponse qu’il est déjà passé derrière la jeune fille en refermant la porte de séparation, il découvre alors Philippe épongeant le front du jeune rouquin tout en levant un regard anxieux vers lui.

- L’ambulance ne devrait pas tarder !!

- C’est grave ??

- Son pouls est faible, sa respiration hachée et il révulse des pupilles, il est en état de catalepsie !! Il lui faut très vite des soins sinon je ne sais pas ce qui va lui arriver, rien de bon en tous les cas !!

- J’avertis les services de police !! Qu’ils dégagent la route de l’ambulance !! Nous aurions dû prévoir qu’il n’irait pas bien après ce que nous lui avons appris !!

***/***

« Hôpital d’Aix en Provence, une heure plus tard. »

Les quatre motards de la police nationale saluent Maurice en enfourchant leurs motos pour retourner à leurs autres occupations, étonnés qu’un personnage aussi important soit ici et se demandant qui est la personne transportée dans l’ambulance pour avoir eu droit à un tel déploiement des forces de l’ordre.

C’est en croisant les quatre motards, que Marc entre à son tour dans le parking et cherche une place pour se garer, n’ayant pu résister aux demandes hystériques de Chloé à ce qu’il l’emmène au plus vite rejoindre son copain.

Tout comme son épouse et sa fille, ils ont été fortement étonnés de voir apparaître la jeune fille dans la salle d’attente et ce n’est qu’une fois remis de leurs émotions, qu’ils se sont aperçus qu’elle n’avait plus sa canne et se tenait debout sans autre artifice.

Il leur a fallu tout le trajet pour comprendre ou du moins tenter de le faire, que c’est grâce à Florian si elle a pu guérir de son handicap et que ce garçon qu’elle devrait pourtant pour le moins haïr, est celui-là même pour qui elle s’inquiète autant de sa santé.

Léa a passé tout le trajet à côté de sa mère à l’arrière du véhicule avec le portable de Maurice sur les genoux, ils ont pu ainsi suivre le reste de l’enregistrement jusqu’au moment où le jeune rouquin s’est mis à vomir pour ensuite s’évanouir.

Ils ont suivi toutes ses émotions visiblement non feintes, au fur et à mesure que lui était révélé cette journée tragique, qui a été la cause entre autres du suicide de Mathis et il ne fait aucun doute pour elles qu’il était sincère, malgré qu’elles n’arrivent pas encore à croire que soit possible cette histoire de souvenirs d’un autre passé.

***/***

Quand Chloé accompagnée des Louvain pénètre dans la salle d’attente à l’étage où a été conduit Florian, celle-ci est déjà occupée par les amis proches et les grands parents de son copain.

Maryse en larmes, encadrée par Michel et son neveu, qui tentent par leurs présences de la réconforter, leurs visages soucieux montrant bien malgré qu’ils ne veuillent pas l’inquiéter plus qu’elle ne l’est déjà, qu’eux aussi se font un sang d’encre à attendre que quelqu’un les renseigne sur l’état de santé de Florian.

Yuan légèrement en retrait avec Antonin, tient celui-ci contre lui pour le soutenir de son mieux et le visage ravagé de larmes du blondinet, montre la peine que lui aussi subit de cette situation où le manque manifeste de renseignements leurs brisent les nerfs.

Marc est en plein questionnement devant la vision de toutes ces personnes visiblement touchées par l’hospitalisation, de celui qui dans ses souvenirs n’aurait eu personne pour le pleurer s’il lui était arrivé ce genre de mésaventure et c’est très certainement le déclic qu’il avait besoin, pour croire enfin à la véracité de ce qu’il a appris depuis quelques jours, mais surtout après cette dernière heure.

Son visage montre alors l’inquiétude qu’il éprouve soudainement pour ce garçon avec qui il a bien l’intention d’avoir une longue, voire très longue conversation et qui se trouve actuellement plutôt mal en point.

Il retourne dans le couloir rejoindre Maurice et Philippe, qui restent planter là en interpellant chaque personnel du centre hospitalier qui passe pour avoir des nouvelles.

- Alors ??

- (Philippe) Toujours rien !! C’est désespérant d’attendre comme ça que quelqu’un veuille bien nous dire ce qu’il se passe !!

CHAPITRE 163 (Aix en Provence) (Étrange thérapie)

« Chambre de soins intensifs. »

Une fois les différents capteurs mis en place sur le crâne du jeune homme inconscient, l’interne s’active à mettre en service l’appareil qui va suivre l’activité cérébrale en faisant apparaître sur l’écran un spectre de couleurs variable suivant les réactions aux stimuli qui lui sont envoyés.

Le responsable du service étudie les rapports d’analyses au fur et à mesure qu’ils lui parviennent et se retourne avec étonnement, quand le jeune interne l’interpelle d’une voix marquant la surprise.

- Professeur !! Venez voir !! C’est incroyable !!

- Quoi donc ??

- L’activation de son cerveau professeur !!

L’homme s’avance jusque devant l’écran.

- Oui et alors ?? Mais !! Qu’est-ce que ça veut dire ?? Revérifiez les branchements, voulez-vous ?? ça ne peut être qu’une erreur !!

L’interne retourne près du patient pour s’assurer que les connexions sont dans le bon ordre et au bon endroit.

- Il n’y a pas d’erreur professeur !!

- Ne dites pas n’importe quoi voyons !! A voir l’écran c’est un arbre de Noël, pas un cerveau !! Il faut vraiment que je fasse tout moi-même !!

***/***

« Dix minutes plus tard. »

- Bon dieu !! Le cerveau de ce gamin tourne à plus de soixante-dix pour cent de ses capacités, c’est impossible !! Et en plus ça continue à grimper !! Voilà une nouvelle zone qui s’active !! Qu’est-ce que c’est que ce bordel !!

Un son étrange leur parvient presque inaudible, disparaissant aussi vite qu’il était apparu.

- C’était quoi professeur ? Vous avez entendu ?

Le spécialiste règle plus finement un potentiomètre, une ligne apparaît alors sur le moniteur.

- Tout est détraqué dans cette pièce !! Voilà qu’on enregistre des sons non audibles pour l’oreille humaine !!

La chambre s’assombrit soudainement, les faisant se retourner vers la fenêtre où la vision qu’ils ont leur fait soudainement dresser les cheveux sur la tête.

- C’est quoi toutes ces bestioles ??

- Des abeilles professeur !! On dirait qu’une ruche entière voudrait entrer !!

***/***

« Dans le couloir. »

Maurice fait signe aux deux hommes près de lui de faire silence, une fois chose faite il s’approche de la porte pour y plaquer son oreille et il l’ouvre ensuite à la volée, ayant cru percevoir des cris alarmants à l’intérieur.

Son premier regard va vers le jeune garçon toujours inconscient allongé sur le lit, la tête bardée de fils reliés à différents appareils qui bien sûr ne veulent rien dire pour lui et il se détourne ensuite vers les deux hommes en blouse blanche qui semblent hypnotisés par la fenêtre de la chambre.

Tout d’abord il n’y voit que ce qui lui semble être la nuit, comprenant très vite que vu l’heure c’est impossible et il finit par distinguer un mouvement diffus en même temps qu’un bourdonnement lancinant qu’il n’avait pas perçu au départ s’enregistre enfin dans son cerveau et lui fasse comprendre ce qu’il en est.

- Qu’est-ce qu’il se passe ici ??

- (Le professeur) Les abeilles !! Elles sont arrivées brusquement il y a quelques minutes à peine, c’est incompréhensible !! C’est bien la première fois que je vois ça !!

- (L’interne) C’est arrivé juste après que les instruments aient enregistré le son !!

Maurice tend l’oreille.

- Le son ?? Quel son ?? À part les bourdonnements qu’elles font je n’entends rien !!

- (Le professeur) C’est parce qu’il est trop haut dans les kilohertz pour que nous puissions l’entendre, ça vient du garçon ! Ça et son cerveau qui est actif à plus de quatre-vingt pour cent maintenant !! J’avoue que ça me dépasse !!

- (Maurice) Il n’était qu’à quarante-cinq pour cent à sa sortie du coma il y a quelques semaines !! Vous êtes sûr de vous ??

Le professeur ébahi.

- Quarante-cinq ?? Mais c’est déjà plus du double de la normale !

- (Maurice) Est-ce dangereux ?? N’y a-t-il pas un moyen de faire baisser cette activité cérébrale ??

- (Le professeur) Comment le saurais-je ?? Puisque c’est une impossibilité tout comme ce son qui sort de sa gorge et qui a sans aucun doute attiré ces abeilles !!

Une voix claire quoiqu’encore très fortement teintée d’émotion se fait entendre derrière eux.

- Il faut les laisser entrer !! Florian a besoin d’elles pour revenir !!

CHAPITRE 164 (Aix en Provence) (Étrange thérapie) (fin)

Maurice se tourne vers la voix qui vient de prononcer ces étranges paroles, Antonin toujours soutenu par Yuan reste figé devant Florian inconscient.

- Elles viennent pour le soulager !! C’est lui qui les a appelées !!

- (Maurice) Comment tu peux savoir ça petit ??

- C’est venu dans ma tête comme une évidence, à croire que je connaissais déjà la raison de leur présence !!

Le professeur relève la tête de l’écran, visiblement inquiet des résultats qu’ils indiquent.

- S’il y a quoique ce soit à tenter, il faut le faire vite !! Sa conscience est maintenant à plus de quatre-vingt-douze pour cent de ses capacités cérébrales !!

- (Maurice) Que risque-t-il au juste ?

- Comment vous expliquez !! C’est comme si son cerveau était dans un micro-onde, il s’échauffe jusqu’au moment critique où il va exploser !!

Maurice regarde l’assistant toujours obnubilé par ce qu’il se passe à la fenêtre, son visage se fige alors en montrant la décision qu’il vient de prendre et l’ordre qu’il donne alors n’amène aucun doute quant à la détermination qu’il soit immédiatement exécuté.

- Ouvrez cette putain de fenêtre !! C’est un ordre !!

Il se retourne vers Yuan, Antonin et le professeur.

- Quant à vous !! Veuillez-vous reculer à l’autre bout de la pièce !!

L’interne hésite quelques secondes, pris de panique à l’idée d’avoir l’essaim qui s’en prenne à lui dès qu’il aura exécuté l’ordre et Maurice réagit alors avec une rapidité qui les surprend tous, il fait d’abord voler la couette qui recouvre Florian pour ensuite s’élancer vers la fenêtre et repousser assez violemment l’interne, il actionne alors le loquet pour ouvrir en grand, prenant quand même le temps de se protéger derrière.

L’essaim entre alors en trombe dans la chambre pour aller directement recouvrir le petit rouquin qui très vite se retrouve couvert de piqûres sur toutes les parties apparentes de sa peau.

Une seconde vague arrive ensuite qui semble cette fois le recouvrir d’une substance jaunâtre, suivie vague après vague par un incessant renouvellement d’ouvrières.

Cela dure environ cinq à dix longues minutes qui paraissent des heures aux cinq hommes toujours dans la pièce à regarder ahuris, le manège des abeilles qui finissent par disparaître, laissant Florian couvert d’une gangue épaisse le faisant ressembler à un mannequin de cire.

Les choses alors reprennent très vite leur cours, Antonin étonné qui s’approche de Florian en prenant sur son doigt quelques gouttes du produit gras le recouvrant pour les porter à sa bouche.

- Humm !! C’est du miel !! Le meilleur que je n’aie jamais goûté en plus !!

Maurice s’adresse alors au professeur qui s’est replacé face à l’écran.

- Alors docteur ??

- C’est incroyable !! Ça redescend lentement !!

- Vous expliquez ça comment ??

- Le venin des abeilles sans doute !! Ils ont des propriétés anesthésiantes très puissantes, c’est le moyen qu’elles ont pour se défendre et ce venin est très dangereux en cas de piqûres trop nombreuses, le cerveau alors ne réagit plus et stoppe ses réflexes vitaux, c’est entre autres ce qui occasionne parfois la mort des personnes qui se font attaquer par un essaim.

- Pourquoi est-il recouvert de miel ??

Le professeur imite Antonin en portant une parcelle du produit qui recouvre Florian à sa bouche.

- Ça demande à être conforté par analyse, mais ce n’est pas à proprement parler du miel !! Je dirais plutôt de la gelée royale !! Comme vous le savez certainement, ce produit est très rare dans une ruche et sert essentiellement à nourrir la reine et les futures reines, elle a un effet prouvé sur la régénérescence des cellules.

- Mais il y en a plusieurs kilos !!

- Apparemment beaucoup de ruches viennent de faire un énorme sacrifice pour sauver ce jeune homme, il est impossible qu’une reine survive si elle n’en reçoit pas régulièrement !! Vous n’aurez qu’à interroger n’importe quel apiculteur qui vous dira qu’il ne prélève cette substance qu’avec parcimonie pour préserver la survie de ses ruches.

- (L’interne) Pourquoi ont-elles fait une chose pareille ?? Je n’ai jamais entendu dire que ça se soit déjà produit n’importe où dans le monde ??

- (Maurice) Nous n’en sommes encore qu’aux constats pour ce qui concerne ce garçon, beaucoup d’événements paraissant impossibles le deviennent avec lui et tout ce qui le concerne est depuis plusieurs semaines revêtu du statut de secret d’état, il vous sera imposé de ne jamais faire mention de ce qui s’est et se passera encore dans cette chambre !! A partir de cette minute, vous seuls serez autorisés à entrer dans cette pièce que je vais faire garder par mes hommes jusqu’à sa sortie !! C’est bien compris messieurs, où dois-je prendre des mesures plus drastiques pour m’assurer que le secret soit maintenu ??

- (Le professeur) Nous sommes déjà tenus par le secret de notre profession, je comprends très bien les précautions à prendre sur ce à quoi nous venons d’assister !! Maintenant nous ne sommes pas les seuls dans cette chambre ??

- Je me porte garant de ces deux garçons, ils sauront protéger le secret concernant leur ami.

- (Yuan) Je crois qu’il se réveille !!

Maurice voit le professeur reporter son regard vers l’écran.

- Où en sommes-nous maintenant ?

- Ça semble se stabiliser juste au-dessous des cinquante pour cent !! C’est du jamais vu !!

- Et le son ??

- Disparu, en même temps que les abeilles !!

- Je pense qu’il est temps que vous quittiez cette pièce avec votre assistant !! Je ferai intervenir des personnes compétentes de mes services pour récupérer toutes les traces informatiques de cette dernière heure.

- Vous n’allez pas les effacer quand même ?? Rendez-vous compte du potentiel de connaissances que nous pourrions en tirer ??

- N’ayez aucune inquiétude docteur !! Nos services de recherches auront les compétences et la « discrétion » nécessaire pour tirer de ces fichiers tout ce qu’il y en a à savoir !!

CHAPITRE 165 (Bordeaux) (Benjamin) (suite)

Alain suit les trois hommes dans le méandre des couloirs du centre, ils passent par plusieurs salles où des malades de tous âges, hommes et femmes confondus, déambulent sans but apparent sous la surveillance du personnel infirmier.

Ils ne s’arrêtent pourtant dans aucune de ces salles, continuant leur marche vers une autre aile du bâtiment où cette fois les patients semblent beaucoup plus agités, certains mêmes ayant les bras entravés dans une sorte de camisole.

- Je croyais que le jeune Benjamin n’amenait pas de problèmes particuliers ?

- C’est exact monsieur, c’est un garçon très doux.

- Comment ça très doux ?

Un des deux autres hommes envoie un regard de reproche à celui qui vient de parler, l’œil observateur d’Alain ne manque pas de s’en apercevoir.

- Mon collègue voulait dire que Benjamin n’a jamais eu aucune pulsion suicidaire ou de méchancetés depuis qu’il est arrivé ici.

- Alors pourquoi est-il dans cette aile du bâtiment qui semble réservée aux éléments potentiellement dangereux ?

- Nous ne faisons que la traverser rassurez-vous !! Benjamin du fait justement qu’il ne nous cause aucun souci, a droit pendant l’été à passer ses journées dans le patio près de la salle de musculation où nos résidents sont maintenus dans le meilleur état physique possible.

- Ah !! Très bien !! Vous en parlez tous comme s’il était un peu votre chouchou ?? C’est du moins ce que j’en ressens depuis que je vous entends en parler !!

- C’est un peu la mascotte du centre en effet, faut dire qu’il est très attachant et c’est aussi le plus jeune de nos pensionnaires, il n’avait qu’une dizaine d’années quand il est arrivé vous savez ?? Une bien triste histoire si je me souviens bien.

Un de ses collègues qui comme de bien entendu ne rate rien de la conversation.

- Les cas de pertes d’esprits accidentels comme c’est le cas pour Benjamin sont très rares savez-vous ? Le reste de nos résidents sont arrivés ici pour cause de folie ou de tares génétiques, Benjamin lui a juste vu son cerveau s’arrêter brusquement de penser et n’est donc pas atteint par les pulsions irréfléchies voire destructrices qui nous obligent à surveiller en permanence nos autres pensionnaires.

La conversation continue encore quelques minutes, jusqu’au moment où ils arrivent devant une porte double semblant vue sa robustesse donner sur l’extérieur.

Alain remarque que l’homme avant de l’ouvrir tourne une pancarte qui de verte passe ainsi au rouge, son œil s’allume immédiatement d’intérêt quand il pose la question.

- Pourquoi cette pancarte ??

- C’est juste pour signaler qu’il y a un membre du personnel dans le patio !!

- Dans quel intérêt ??

Alain voit bien le regard bizarre qu’ils se jettent un bref instant entre eux, avant que l’un d’eux réponde.

- C’est une habitude vous savez ?? Elle date de bien avant notre arrivée et je ne me suis jamais posé la question, maintenant que vous le dites !!

- Alain traverse la porte sans répondre, il est étonné de ce qu’il y découvre et le patio n’est en fait qu’un magnifique jardin avec au centre une tonnelle où il peut apercevoir une personne assise à l’intérieur, semblant plongée dans ses pensées.

Les trois hommes vont pour passer devant lui quand il les stoppe du bras en leur bloquant le passage.

- Attendez !! J’aimerai que vous ne bougiez pas d’ici pendant que je m’approche de lui, j’aimerai croiser son regard pour me faire ma propre idée de son état mental.

- Pas de soucis, comme je vous l’ai dit Benjamin n’est absolument pas dangereux.

Alain voit bien avec quel soulagement ils ont semblé accepter sa demande, décidément ce dit-il, quelque chose cloche depuis qu’il est arrivé au centre et son instinct ne le trompe pas souvent, pour ne pas dire que c’est un sixième sens qui l’a beaucoup aidé déjà dans sa profession.

Comme la porte donnant sur l’intérieur du centre n’est pas refermé sur eux, il capte un homme en blouse blanche semblant fortement contrarié que quelqu’un occupe la place et regarde sa montre avec cette fois un regard étonné en jetant un coup d’œil à ses collègues, ce n’est qu’après avoir fait plusieurs pas vers eux qu’il voit enfin Alain et baisse la tête en repartant par où il était venu, donnant encore plus au sous-directeur de la DST de quoi mettre du grain à moudre quant à ce qu’il cherche à découvrir.

Il fait comprendre une dernière fois d’un geste sans appel que personne ne doit chercher à le suivre, s’avançant vers le jeune homme qui n’a pas bouger d’un cil depuis qu’il l’observe et plus il s’approche de lui, plus sa conviction se renforce qu’il n’a pas été placé là dans ce cadre édénique par hasard.

Les pièces du puzzle commencent à se mettre en place, le visage d’Alain pâlit au fur et à mesure que toutes ses questions commencent à avoir leurs réponses et il se force à sourire quand le garçon perçoit enfin sa présence en tournant son visage vers lui.

Un magnifique visage comme Alain en a rarement vu autrement peut-être qu’à la télé ou dans des magazines people, des yeux d’un bleu très pâle d’une rare beauté surmontés d’une chevelure en brosse à la blondeur des blés, encadrant un visage rond au nez fin et aux lèvres pleines.

Le physique du jeune homme est au diapason de son visage, torse nu le corps imberbe mais bronzé par les longues journées déjà passées dans ce petit paradis fleuri.

Seulement vêtu d’un pantacourt de sport qui ne laisse apparaître que ses mollets recouverts d’une fine toison blonde et dorée, la taille galbée et la poitrine large cisèlent sa silhouette en « V », visiblement entretenue avec soins par les coaches sportifs du centre.

Alain reste scotché devant cette image d’apollon aux yeux perdus dans un manque de pensées manifestes, il sent les larmes coulées sur ses joues d’un tel gâchis et cherche un mouchoir dans sa poche de pantalon pour s’essuyer le visage, son action semble interprétée différemment par Benjamin qui paraît soudainement s’éveiller à la vision de ce geste pour le moins anodin.

- Que signifie cet intérêt soudain mon garçon ?

CHAPITRE 166 (Aix en Provence)

« Début d’après-midi. »

Philippe montre sa pièce d’identité au planton qui monte la garde devant la chambre de Florian, l’homme vérifie qu’il fait bien partie des personnes autorisées et lui fait signe que tout est ok, laissant le psychiatre poursuivre son chemin en entrant dans la pièce.

Le premier constat surprenant que fait Philippe est qu’il n’y a personne dans la chambre, il en est vite dissuadé pourtant quand il entend des voix amusées venir de derrière la mince cloison séparant la chambre de la partie salle de bain, toilette.

- Allez ! Hi ! Hi ! Remets-en encore un peu, j’adore ça en plus !!

- Ne viens pas te plaindre de prendre du poids sale goinfre !! Bon !! Ça va comme ça cette fois ci ?? Ça ne va plus être une sucette mais une barbe à papa ! Hi ! Hi !

Un étrange bruit de succion se fait entendre qui laisse Philippe dans l’expectative, n’osant pas comprendre ce qui se passe derrière la cloison où il reconnaît les voix de Florian et d’Antonin.

- Slurp !!!

- Hummm !!! J’adore quand tu fais ça !!

- Un vrai délice !! Miam !!

- Tu parles de quoi là ? Du miel ou de ma queue ??

- Bah, des deux pardi !! Miam !!

Philippe n’a plus aucun doute sur les paroles précédentes et préfère sortir, quitte à revenir un peu plus tard, le visage marqué par la gêne d’avoir été indiscret même si ce n’était pas volontaire de sa part.

Il sourit malgré tout, rassuré que tout aille pour le mieux, Florian s’étant visiblement rétabli de ses derniers soucis de santé.

***/***

« A l’intérieur de la salle de bain. »

Antonin est à genoux face à son copain, ses deux mains plaquées sur ses fesses et sa langue léchant avec gourmandise le sexe turgescent recouvert de miel et qui vibre d’un plaisir certain sous la caresse râpeuse qui le parcourt de long en large.

L’idée est venue d’Antonin qui trouvait malheureux de gâcher cette friandise et qui voyant l’érection glorieuse de Florian juste avant de passer sous la douche, n’a trouvé rien de mieux que de joindre l’agréable à…l’agréable.

***/***

Je profite de chaque passage pour en remettre une couche, jusqu’à ce qu’Antonin n’en puisse plus et que je le sente proche de l’écœurement, je le repousse alors doucement pour le faire se retourner en s’agenouillant à son tour pour pointer mon gland encore tout mielleux entre ses petites fesses.

- Tu as droit au lubrifiant de luxe ! Hi ! Hi !

- Humm !! Oui !! Ahhh !! Vas-y !! Entre dans ta ruche ma reine !!

J’éclate de rire, manquant presque de débander.

- Ta reine doit être un sacré travelo alors ! Hi ! Hi !

Antonin n’en est plus aux jeux de mots aussi amusant soient-ils tellement le plaisir qu’il ressent à être rempli par son chéri lui fait de l’effet, son bassin se cambre sous les coups puissants de la saillie virile et sa tête cherche le creux du cou de Florian pour s’y blottir langoureusement pendant qu’un feu irrésistible lui chauffe les reins, le rendant sensible à chaque contact entre leurs deux corps.

***/***

La fusion charnelle entre nous est si forte que le simple contact de ma main se posant possessive sur le ventre glabre d’Antonin, déclenche ma jouissance et la sienne qui arrive en écho dans un spasme libérateur, nous laissant soudainement sans force affalés l’un sur l’autre.

Le câlin qui suit est de ceux qui m’amène loin dans l’affectif, sentir Antonin tout chaud cherchant mes lèvres pour un baiser tout en tendresse me rend des plus réceptifs à ce petit blond qui a su conquérir mon cœur par sa douceur et sa gentillesse.

Il n’y a besoin d’aucune parole entre nous, sachant bien que l’autre ressent la même plénitude de ces moments trop rares où l’affection dépasse et de loin les plaisirs de la chair, c’est toujours enlacé que nous entrons sous la douche pour débarrasser nos corps de ce miel collant qui maintenant nous dérange.

Là encore nos corps s’enlacent, nos lèvres se trouvent et nos langues s’emmêlent dans un ballet sensuel où tout notre être ne fait plus qu’un sous la chaleur revigorante de l’eau bienfaisante qui nous purifie autant le corps que l’esprit après le déchaînement des sens.

***/***

- Je t’aime « Tonin »

- Je t’aime « Flo »

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Nos yeux s’écarquillent d’ahurissement quand nos lèvres se séparent et que nous comprenons qu’aucune parole n’est sortie de nos bouches, ses aveux venant directement de nos pensées.

- Qu’est-ce que c’était ??

- Je t’expliquerai « Tonin » !! Pour l’instant tu n’en parles à personne !! J’ai l’impression que certains « dons » me reviennent, seulement je ne les contrôle pas encore et c’est trop tôt pour en parler !!

CHAPITRE 167 (Bordeaux) (Benjamin) (fin)

« Milieu d’après-midi. »

Un impressionnant dispositif policier s’agite dans le centre où une dizaine d’hommes attendent menottes aux poignets d’être emmené en détention sur ordre exprès du préfet lui-même, qui actuellement est en pleine discussion avec le directeur de la DST venant d’arriver directement d’Aix en Provence pour y rejoindre son adjoint, visiblement furieux tous les trois à la découverte fortuite d’une affaire qui ne date à l’évidence pas d’hier et qui met en cause le personnel d’encadrement du centre.

Les langues commencent à se délier parmi les moins impliqués dans cette sordide histoire qui s’il n’y avait eu cette visite sur la demande de Maurice, aurait perduré encore certainement pendant plusieurs années.

Benjamin est emmené en ambulance pour divers examens médicaux, encadré par deux infirmiers visiblement émus d’apprendre quel sort a été le sien depuis un âge qu’il reste encore à définir.

***/***

- (Le préfet) Vous rendez vous compte que s’il n’y avait pas eu cette enquête de vos services au sujet de ce garçon, rien de tout ceci ne serait jamais apparu au grand jour !! Mais qu’est ce qui leur a pris à la fin ??

- (Alain) Je pense que l’extrême douceur conjugué à la beauté de ce garçon ainsi que le fait qu’il soit inconscient des actes portés contre lui, leur ont fait perdre toute moralité. Certaines pulsions quand elles ne sont pas contrôlées peuvent amener à de tels actes, l’apparente passivité voire très certainement le plaisir purement physique qu’y prenait le garçon leur a laissé penser qu’ils ne faisaient rien d’autre qu’ils n’auraient fait avec une personne consentante.

- (Maurice) S’il était majeur encore, je pourrai à la limite comprendre !! Quoiqu’ils sussent pertinemment de par leurs spécialisations que Benjamin n’avait pas son libre arbitre !!

- (Alain) Ce que je vais dire va vous paraître incongru et ne pardonne pas l’acte en soi, mais je suis persuadé qu’ils l’aimaient réellement d’une certaine façon !! Il suffit de voir à son corps bronzé et musclé comment ils se sont occupés de sa santé et de son bien-être, l’endroit même où il passait le plus clair de son temps était idyllique et de plus s’il n’avait été pour eux qu’un jouet pour assouvir leurs plus bas instincts, Benjamin n’aurait pas eu les réactions qu’il a eu quand je leur aie demandé de s’approcher un par un de lui.

- (Le préfet) De quelles réactions parlez-vous ??

- (Alain) Le sourire resplendissant qu’a eu Benjamin à leur venue par exemple ainsi que leur regard envers lui qui en disait long sur leurs pensées et quand ils ont vu que j’avais tout compris, j’ai pu y lire la tristesse dans leurs yeux qu’on le leur enlève. Je suis certain qu’ils n’ont même pas pensé à eux et au jugement qui les attendait, mais seulement qu’ils ne pourraient plus le serrer dans leurs bras. D’ailleurs regardez-les !! Alors qu’ils devraient craindre pour leur avenir, ils n’ont d’yeux que pour lui et ces regards-là ne sont pas feints, j’en mettrai ma main à couper !!

- (Maurice) Qu’on me laisse seul avec eux et ce n’est pas la main que je leur couperai, croyez-moi !! Je comprends tes paroles et je suis tenté d’y adhérer, mais elles n’excusent en rien le fait qu’ils se soient servis de lui !! De plus vu le nombre des personnes impliquées, il n’est pas difficile d’imaginer que ce n’était pas la compagnie qui lui manquait !! Sans compter cette histoire de pancarte pour être certain d’être bien tranquille pendant qu’ils abusaient de lui, quand on aime quelqu’un, on n’agit certainement pas de la sorte !!

- (Le préfet) J’ai appelé le ministère qui gère ce genre d’établissement, ils vont commencer le rapatriement des résidents dans les centres qui disposent de la place suffisante pour les accueillir en attendant d’affecter d’autres personnels ici !! Heureusement que ce scandale n’a pas été porté à la connaissance des médias, il n’y aurait plus manqué que ça !!

- (Maurice) Nos services garderont le silence bien entendu !! Par contre je vous demanderai de me laisser prendre en charge le jeune Benjamin, comme vous le savez il fait partie disons d’une …. Enquête qu’il ne m’est pas autorisé de vous révéler !! Je vais m’arranger pour qu’il soit pris un temps sous tutelle par l’hôpital qui va le recevoir, ensuite j’ai peut-être une solution pour qu’il vive à l’avenir dans une ambiance plus familiale et je vous demanderai certainement de signer les papiers d’autorisation nécessaires, je ne peux vous en dire plus pour le moment mais sachez monsieur le préfet que là où il sera, il y sera bien.

- (Le préfet) Je ne mets pas en doute votre parole monsieur Désmaré !! Je me permettrai juste de vérifier personnellement que l’endroit où il sera lui conviendra et n’y voyez rien d’autre que l’intérêt que je lui porte, ce garçon doit retrouver une sérénité qu’il n’aurait jamais dû perdre.

Les trois hommes se serrent franchement la main, Maurice attend que le préfet se soit éloigné pour reprendre la conversation avec Alain.

- Félicitation !! Tu as fait ce qu’il fallait !!

- Dès le départ j’ai senti que quelque chose clochait chez eux, je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus mais quand j’ai vu Benjamin, tout le puzzle de questions que je me posais s’est assemblé d’un coup !!

- Comment ça ??

- Déjà sa réaction quand j’ai mis ma main dans ma poche pour prendre un mouchoir, il a dû penser que je me tripotais et son regard a changé, il m’a souri et ses yeux se sont mis à briller d’excitations, il connaissait visiblement ce geste !!

- Tu parlais tout à l’heure du plaisir qu’il éprouvait très certainement, d’où t’est venue cette pensée ??

- Il n’y a pas que son visage qui réagissait à mon geste !!

- Non !!! Tu veux dire qu’il….

- Avait une très forte érection !! C’est exact et vu le peu de vêtement qu’il portait, c’était bien visible crois-moi !!

- Dans un sens c’est aussi bien pour lui qu’il y ait pris du plaisir !! Bien sûr ça ne pardonne pas leurs agissements, ces fumiers méritent leurs sorts !! Mais du moins ça prouve qu’ils n’employaient pas la brutalité !! Maintenant reste à savoir depuis quand ils abusaient de lui comme ça ??

- Nous le saurons très vite au rythme où les langues se délient !! J’écoutais la demande que tu as faite au préfet, où comptes-tu donc le placer ??

- J’ai ma petite idée, mais avant j’aimerais qu’il rencontre un jeune rouquin qui pourrait peut-être faire un nouveau miracle.

- Non ?? Tu crois qu’il….

- Je ne suis sûr de rien en fait, mais j’aimerais tellement que ce soit le cas !! Florian ne devrait pas rester insensible à Benjamin, surtout maintenant qu’il est au courant de son existence et encore plus depuis qu’il connaît la véritable cause de son traumatisme !!

CHAPITRE 168 (Afrique)

« Village Masaï. »

Okoumé est triste, triste de voir son fils Taha encore une fois en pleine dépression alors qu’il commençait à aller mieux depuis quelques années de la mort accidentelle de son frère aîné.

Aomé l’entraînait au tir à l’arc quand une flèche de Taha censée aboutir dans la cible, a dévié sa course sur un mauvais réflexe du cadet alors âgé d’une dizaine d’étés et est allé se ficher en pleine tête d’Aomé qui n’a rien vu venir.

Taha aujourd’hui approche de son dix-huitième été, l’âge où il va pouvoir porter les attributs d’un homme fait et le revoilà plongé dans la déprime depuis qu’hier la décision des sages de la tribu a été sans appel en condamnant son meilleur ami Naomé à l’exil.

Sa féminité l’a trahi, la sentence pour déviance sexuelle étant immédiate, celui-ci a dû quitter sa famille et son village le soir même, s’enfonçant seul dans la jungle avec les conséquences certaines que ça implique qui ne lui donnent au plus que quelques jours de survie.

Okoumé ne supporte pas que le destin s’acharne ainsi sur son fils, connaissant l’attachement qu’il a envers son ami d’enfance et sa décision se prend alors sans réfléchir aux conséquences si elle était découverte, se munissant de ses armes pour partir à la recherche du jeune homme avec la ferme intention de l’emmener au dispensaire où le vieux père blanc saura le protéger et lui donner une éducation suffisante pour qu’il puisse ensuite rejoindre la grande ville.

Okoumé s’approche de son fils pour le réconforter et lui faire retrouver le moral avec l’assurance que Naomé même s’il se trouve loin de lui, pourra au moins avoir une existence normale.

- Je viens avec toi père !!

- Alors fais vite mon fils, le temps qui passe est le plus grand ennemi de Naomé.

***/***

Naomé descend de l’arbre sur les branches duquel il a passé la nuit relativement à l’abri des prédateurs, s’il n’a pas vraiment trouvé le sommeil du moins son corps a pu prendre quelque repos et après s’être nourri de quelques baies, il repart sans vraiment savoir vers quel but, encore trop traumatisé par le rejet si soudain de sa tribu.

Le seul soulagement qui l’aide à tenir une journée de plus, c’est de savoir que l’amour de sa vie ne risque rien et c’est donc l’image de Taha qui lui permet de faire un pas devant l’autre sans baisser les bras, malgré qu’il ne se fasse pas vraiment d’illusion sur son avenir.

***/***

« Clairière des pierres. »

Une sorte de brume bleuâtre nimbe les météorites, montrant à un profane combien l’agitation est grande parmi les esprits les occupant depuis des lustres.

- Celui que nous attendions approche mes frères, notre décision doit être unanime !!

- C’est contre nos principes fondamentaux du respect de l’âme et du corps qu’ils occupent !! Cette ignominie ne peut être accomplie !! Nous n’obtiendrions jamais le pardon d’un tel acte !!

- Il y a peut-être un moyen auquel nous n’avons pas pensé, qui préservera à la fois son intégrité physique et mentale !!

- Parle mon frère, nous t’écoutons !!

- Nous pourrions lui confier cette mission en lui donnant les moyens de l’accomplir !!

- Seul !! C’est impossible !! Il ne nous entendrait pas, nous serions bien trop loin pour ça et celui de nous qui irait avec lui n’aurait pas la puissance nécessaire pour se faire entendre !! Cela a déjà été tenté, rappelle-toi mon frère !!

- J’en suis conscient !! Ce n’était pas là mon propos !! Nous pourrions le faire communiquer avec quelqu’un de suffisamment proche de lui pour que la liaison s’établisse, en nous servant de leurs esprits comme moyen de communication !! Nous ne pourrions peut-être pas agir directement, mais du moins nous ne resterions pas aveugles.

- Tu penses à cet autre humain qui hante ses pensées ?

- Le même qui est parti à sa recherche, c’est bien là mon idée !! Il nous faudra juste nous dévoiler à eux, le stade d’évolution actuel sur cette planète et de ce peuple en particulier devrait nous permettre de les convaincre sans problème.

- Tu veux nous faire passer pour …lui ??

- Il nous suffira de les laisser nous déifier sans les contredire et tant mieux s’ils se croient posséder d’une mission divine, leurs croyances devraient leur donner la force nécessaire à mener à bien cette mission.

- Avons-nous d’autres choix ??

- L’autre choix a déjà été rejeté, celui-ci préserve notre conscience !! Je transférerai mon essence dans un de ces deux humains !!

- Garde à l’esprit l’importance de ta mission mon frère, il en va de la survie des univers si ce que nous avons perçus dans la trame temporelle est bien ce que nous attendions depuis tout ce temps !!

- Peut-être n’est-ce encore qu’une transition et que ce monde n’est pas celui qui le verra retrouver son intégrité et redevenir entier.

- Peut-être en effet, elle ne sera pas vaine pour autant et elle nous permettra déjà de s’assurer de son degré d’empathie pour tout ce qui vie et si notre « sacrifice » n’aura pas été vain.

***/***

Naomé marche depuis une bonne demi-heure, l’esprit perdu dans ses pensées quand son regard est attiré par une zone où le soleil entre plus facilement, sans trop y réfléchir il s’y dirige ne serait-ce déjà que pour prendre un bain de lumière et le réchauffer de cette humidité qui lui a glacé le corps toute la nuit.

CHAPITRE 169 (Afrique) (suite)

Il n’est pas difficile à un chasseur expérimenté comme l’est Okoumé de suivre les traces d’un homme et encore plus quand il ne se cache pas, il arrive donc lui et son fils très vite à l’arbre où Naomé a passé la nuit.

- Sage décision qu’il a eue de ne pas poursuivre son errance une fois le soleil couché !!

- Naomé est à l’âge d’homme père et il a toujours suivi les conseils de nos chasseurs !!

- Il aurait mieux fait de suivre ceux de nos anciens et il n’en serait pas là !!

Taha se mord les lèvres car depuis le conseil des anciens, il évite ce sujet pour ne pas avoir à lui mentir.

- Naomé n’a jamais été un homme dans sa tête père, comment peut-il en être tenu responsable ?

- Ce sont nos traditions et dans ces temps troublés, il n’y a plus quelles qui maintiennent soudées nos tribus !! Nos anciens ne l’ont pas condamné à l’exil de gaieté de cœur soit en certain mon fils !!

- Sauf que nous, nous ne l’acceptons pas !!

- Sache que je ne fais pas ça juste pour Naomé mais aussi pour toi mon fils !! Me crois-tu à ce point aveugle ?

- Alors tu …sais ??

- Je l’ai toujours su, votre amitié est trop forte pour qu’il en ait été autrement et je ne voulais pas te voir une nouvelle fois malheureux !! Tu mérites mieux que de perdre tous ceux que tu aimes.

- Je ne suis pas comme « Nao » père !! Quand je suis avec lui ce n’est pas tant son physique que ce qu’il est à l’intérieur de sa tête qui me fait l’aimer !!

- Je le sais mon fils !! Mais il sera temps de reprendre cette conversation quand nous aurons retrouvé Naomé, d’après les traces il ne peut être bien loin et il faudra ensuite faire le chemin jusqu’au dispensaire du père blanc avant de retrouver la tribu.

- C’est au vieux père Antoine que tu vas confier « Nao » ??

- Qui d’autre que ce saint homme accepterait une telle charge ??

- Naomé vivra alors ?? Mon cœur est joyeux père !!

- Mais le mien inquiet fils !! J’ai bien peur que cette décision fasse qu’un jour je vous perde tous les deux.

Taha reste muet car répondre serait avouer à son père que ses craintes sont fondées du fait qu’il n’a pas l’intention de laisser son ami seul bien longtemps, quitte à prendre avec « Nao » le chemin de la grande ville où leur couple ne sera pas jugé.

Okoumé comprend le mutisme de son fils, il le respecte car il le trouve préférable à un mensonge et d’un signe de sa lance, il donne l’ordre du départ pour suivre la piste qui semble mener vers un lieu qu’il connaît bien pour y avoir assisté à la chute des pierres du ciel alors qu’il n’était guère plus vieux que son fils.

***/***

« Presque dix-huit ans en arrière. »

Okoumé était allé seul à la chasse, fier de faire enfin partie des chasseurs de la tribu et s’était dirigé vers une zone où il savait trouver un gibier abondant car celui-ci appréciait les jeunes pousses gorgées de soleil qui parsemaient le sol de la petite clairière.

Ce jour-là une étrange pluie de pierre l’a fait s’abriter sous la plus grosse branche du plus vieil arbre, levant des yeux stupéfaits vers le ciel en colère.

Il a tout vu de l’oiseau de fer qui a traversé la pluie de pierre qui s’abattaient sur lui, il l’a vu dévier de sa course et a bien cru un instant sa dernière heure arriver quand l’oiseau géant s’était dirigé vers l’endroit où il avait trouvé à s’abriter.

Ce n’est qu’au dernier moment que l’oiseau a repris de l’altitude pour s’éloigner de lui, un cri s’en échappant comme un grondement de tonnerre lui faisant alors détourner le regard pour se plaquer au sol, les mains protégeant ses oreilles.

S’il s’en est sorti vivant ce jour-là c’est sans doute parce que les dieux l’ont protégé, car aucune des pierres du ciel ne l’a atteint et ce n’est qu’en rouvrant les yeux, qu’il a compris à quoi il venait d’échapper.

Le sol couvert de ces pierres brûlantes d’où s’échappaient un nuage de fumée qui rendait la clairière quasiment impénétrable au regard.

***/***

Okoumé se souvient qu’il est resté un long moment prostré à prier ses dieux ce jour-là, il n’est jamais revenu depuis en ce lieu pour ne pas forcer une seconde fois le destin et voilà qu’aujourd’hui ses pas le dirigent une nouvelle fois comme il y a si longtemps, vers cette clairière où les pierres du ciel ont trouvé refuge.

***/***

Naomé entre dans la clairière avec précaution en tenant fermement sa lance, les prédateurs aimant particulièrement ce genre d’endroit où ils ont l’assurance d’y trouver un gibier abondant.

Etrangement l’endroit paraît dénué de toutes traces de passage de quelque animal que ce soit, aucun excrément ne venant entacher la couche d’humus qui tapisse le sol à part un endroit précis où des pierres semblent y avoir été entassées, nimbées d’une brume bleuâtre qui fige le jeune Masaï devant l’étrangeté du phénomène.

CHAPITRE 170 (Afrique) (fin)

« Une demi-heure plus tard. »

Okoumé et son fils arrivent à leurs tours devant la trouée, comme Naomé peu de temps avant ils épient chaque son en armant leurs lances et s’avancent lentement pour passer la limite des derniers arbres, se faisant la même remarque que leur ami précédemment du manque de traces de passages d’animaux quels qu’ils soient.

C’est Taha qui le premier remarque Naomé près d’un amas de pierres et qui semble ne pas s’être rendu compte de leurs présences, il va pour l’appeler quand son père le retient d’un geste sans équivoque de sa main qu’il vient plaquer sur sa bouche.

Okoumé est intrigué par la rigidité du garçon, l’écran brumeux et légèrement coloré qui le recouvre comme le reste de la zone où il se trouve, lui donne soudainement froid dans le dos.

Il s’apprête à faire un pas en arrière en entraînant son fils avec lui quand quelque chose qu’il ne saurait définir l’en empêche et au contraire le pousse à s’avancer avec Taha jusqu’à ce qu’ils soient suffisamment près eux pour être recouvert de cette brume qui quelques secondes plus tôt lui avait amené ce geste de prudence devant ce phénomène autant intriguant qu’inconnu.

Un bien-être le prend subitement, en même temps qu’une voix semblant sortir de sa tête s’adresse à lui.

***/***

- N’ayez aucune crainte, humains !! Ce que vous ressentez n’est que la guérison de vos corps !! Nous vous avons choisis parce que vos cœurs sont purs et que nous avons besoins de votre aide, en récompense nous vous accorderons à chacun de vous le vœu secret le plus cher que nous lisons dans votre esprit !!

- (Okoumé) Où et qui êtes-vous ?? Mes oreilles ne perçoivent pas les paroles que pourtant je comprends ??

- Ce que nous sommes n’a aucune importance, nous venons de si loin parmi les étoiles du ciel que votre esprit ne pourrait le comprendre.

- (Taha) Quelle aide attendez-vous de nous ??

- Retrouver celui qui a été, est et sera !! Lui porter notre message pour qu’il retrouve la voie !! Pour cela l’un de vous devra partir alors qu’un autre devra rester près de nous et vos esprits seront liés pour pouvoir communiquer, toi Okoumé sera chargé de lui apporter sa nourriture et nous nous chargerons de sa protection tout comme de celle de celui qui s’éloignera de son peuple.

- (Taha) Qui devra partir ??

- Toi jeune humain !! Ton compagnon doit continuer à guider sa tribu et l’autre jeune humain qui compte beaucoup pour toi n’est pas prêt pour un si long périple loin des siens !! Les difficultés seront grandes, seul un esprit à la volonté forte pourra mener à bien ce long voyage.

- (Okoumé) Comment mon fils trouvera-t-il celui qui semble aussi important à vos yeux ?

- Dans ce que ton esprit nomme l’oiseau de fer qui t’est apparu ici il y a bien longtemps lors de notre arrivé, il y avait un enfant humain !! C’est lui que doit rechercher ton fils !!

- (Okoumé) Qu’a-t-il de si important pour vous ??

- Tu ne comprendrais pas humain !! Sache seulement qu’il est le commencement et la fin de tout mais qu’il en a perdu la conscience, notre but est de le remettre sur la voie qu’il avait perdue pour qu’il retrouve sa puissance. Nous sommes un peuple qui s’est sacrifié pour éviter que la vie disparaisse et pour que d’autres peuples comme le tien soient libres pour poursuivre leurs destinées.

- (Taha) Un dieu qui serait amnésique ??? C’est comme ça que le père Antoine nomme les personnes qui ont perdus leurs souvenirs !!

- Si tu veux jeune humain, nous l’appelons l’unique parce qu’il est à la fois le premier et sera le dernier !! Il puise sa force grâce à la prière des peuples qui le nomment suivant leurs croyances d’un ou de plusieurs noms. Tu ne seras pas seul car en plus de la liaison mentale avec ton ami, je serai avec toi dans ta tête pour observer et te guider, tu n’as donc rien à craindre.

- Je devrais aller jusqu’où ? Au-delà du grand océan ?? Là où vivent les hommes blancs ??

- Tu devras te rendre là où il se trouve !! Votre aide sera récompensé rappelle-toi de mes premières paroles !!

Naomé qui prend la parole pour la première fois depuis qu’il est entré dans la clairière.

- Nous vous aiderons !! Pourrez-vous vraiment réaliser ensuite nos vœux les plus chers ??

L’entité ne garde que la connexion avec le jeune humain pour que lui seul l’entende.

- Quand ton ami reviendra, il pourra vivre le restant de ses jours heureux avec toi sans que vos traditions n’y voient plus là rien de condamnable.

CHAPITRE 171 (Aix en Provence) (Mise au point entre adultes)

« Début de soirée chez les De Bierne. »

Malgré cette journée spécialement agitée, le salon ne désemplit pas et les discussions vont bon train entre tous ceux qui y ont été mêlé de près ou de loin, à part les plus jeunes qui eux sont restés auprès de leur ami sur autorisation spéciale de Maurice au grand dam du personnel hospitalier qui s’est vivement insurgé sur ce manque de respect flagrant des règlements.

Si Maurice a accepté la demande des garçons, c’est justement pour pouvoir avoir cette discussion entre adultes et surtout aborder le sujet qui lui tient à cœur depuis sa visite rapide au centre où était interné Benjamin.

C’est donc plutôt habilement qu’il laisse dériver les conversations jusqu’à la cause évidente qui a occasionné l’évanouissement de Florian, sans révéler quoi que ce soit sur les conséquences directes, sur ses activités cérébrales croissantes de manières exponentielles, mais sans omettre bien sûr la façon peu orthodoxe pour ne pas dire fantastique qui a stoppé net ce qui aurait pu avoir de graves, voire fatales conséquences sur la vie même du jeune rouquin.

- (Philippe) Je pense suffisamment bien connaître Florian maintenant pour savoir qu’il voudra réparer les erreurs du passé, il serait donc bien je présume que nous nous y préparions.

- (Michel) A quoi penses-tu en disant ça ?

- (Philippe) Chloé a eu cette guérison que je ne peux pour l’instant faute d’en savoir plus, que qualifier de miraculeuse !! Pour Mathis c’est hélas trop tard et j’en suis désolé pour sa famille, maintenant il reste le garçon qui était avec eux ce jour-là et que Florian va très certainement chercher à retrouver sitôt sorti de l’hôpital !!

- (André) J’ai moi-même été comment dire…. Stupéfié !! Oui c’est bien le mot, en voyant que Chloé n’avait plus aucune séquelle de son handicap à la jambe !! Peut-être pourra-t-il faire la même chose pour Benjamin ??

- (Michel) Sauf que pour ce garçon, il n’y a pas que l’aspect physique à prendre en compte !! N’oublions pas que son mental ne pourrait qu’au mieux revenir à celui qu’il avait lors de l’accident et je dis ça sans vraiment savoir si sa guérison est possible, juste avec l’espoir pour ce jeune homme que ça le soit !!

- (Maurice) Il faudrait déjà poser la question à sa famille, peut être seraient ils prêt à le reprendre s’il ne se posait pas de problèmes à sa garde en milieu familiale et c’est ce qu’il semble bien être le cas d’après ce que j’en ai vu cette après-midi !!

- (Nathalie) Vous avez rendu visite à Benjamin ??

- (Maurice) J’avais diligenté une enquête sur ce garçon, j’avais dans l’idée qu’il serait bon pour mes dossiers d’en savoir plus sur sa condition et bien m’en a pris assurément !!

Maurice rapporte alors ce que son adjoint a pu constater, ses doutes puis ses preuves formelles qui l’ont conduit à faire arrêter plusieurs personnes impliquées et mettre sous protection le jeune Benjamin, les rassurant toutefois sur son excellent état de santé.

Bien sûr ces révélations horrifient son auditoire qui en reste prostré d’apprendre ce qu’a pu vivre Benjamin, alors qu’eux tous le croyaient dans une institution digne de moralité.

- (Maurice) D’où ma question à savoir si quelqu’un de sa famille pourrait le reprendre !! Ce garçon est d’une gentillesse et d’une douceur qui j’en suis certain, n’apporterait que de la joie dans n’importe quel foyer et ne serait-ce son détachement aux choses de la vie courante, rien ne laisse voir son handicap mental.

- (Nathalie) C’est un très beau garçon qui ressemblait déjà beaucoup à mon fils à l’époque et j’ai toujours les larmes aux yeux quand je dois le quitter à chacune de mes visites vous savez ?

- (Maurice) Je ne savais pas, non !! Vous alliez souvent le voir ?

- (Nathalie) Chaque mois, des fois plus souvent quand j’en avais la possibilité et quand Léa insistait pour retourner le voir, ma fille aime beaucoup Benjamin !! Je pense qu’elle l’identifie à son petit frère et je dois bien vous avouez que c’est aussi ce que je ressens à chaque fois que je pense à lui, mon fils aurait son âge à une année près vous savez et ils se ressemblaient tellement !!

André prend sa femme dans ses bras car celle-ci vient de fondre en larmes, il pose son regard sur Maurice qui n’y voit qu’une tristesse sincère déjà de ce qu’il a appris par lui sur le traitement que subissait Benjamin, mais aussi de la même peine que son épouse d’avoir lui aussi transféré son amour de père sur ce garçon.

- Nous étions ses seules visites et même s’il n’en était pas conscient, il semblait nous reconnaître et son sourire alors nous allait droit au cœur.

- (Philippe) Ses parents ne le visitaient donc pas ??

- (André) Bien sûr que si !! Seulement ils sont décédés depuis déjà quelques années, nous sommes les seuls depuis à savoir qu’il existe !! Enfin à part Pierre De Bierne qui paie les factures et nous jusqu’à aujourd’hui !!

- (Maryse) Peut être que….

Philippe comprend la question qu’elle allait poser, comme il comprend également son cheminement de pensées qui l’a empêché d’aller jusqu’au bout de sa phrase.

Devant le regard interrogateur du couple Louvain où il peut y lire un espoir que quelqu’un fasse pour eux cette demande qu’ils n’osent pas formuler eux-mêmes, sans doute par pudeur ou par peur de la voir rejeter, Philippe avec un grand sourire s’empresse alors de la terminer à la place de la vielle femme.

- Vous pourriez demander sa garde ?? Après tout qui connaît-il mieux que vous ?? De plus je sens bien tout l’amour que vous portez à ce garçon et je ne vois vraiment pas où il serait mieux qu’entouré de personnes aimantes ??

Maurice sourit car c’était un peu dans cette direction qu’il comptait mener la conversation et c’est avec étonnement qu’il constate qu’il n’y a pas eu besoin de son intervention pour qu’elle aille dans ce sens, visiblement rassuré lui aussi de ne pas confier de nouveau ce garçon si attachant dans un centre d’enfermement quelconque.

- Si vous preniez cette décision, je ferais en sorte qu’il n’y ait aucun blocage d’ordre administratif.

CHAPITRE 172 (Aix en Provence) (Mise au point entre adultes) (fin)

André ne voit qu’une chose en plus de la joie qu’il éprouve, c’est celle de sa femme qui lui sert fortement la main d’un espoir et d’une joie sans pareille.

- Ce serait avec un réel plaisir que nous prendrions Benjamin en tutelle chez nous !! Pour être tout à fait honnête avec vous, c’était déjà un sujet de conversation et de décision entre nous et notre fille, nous attendions la majorité de Benjamin pour en faire la demande officielle.

- (Maurice) Et bien soit !! Je m’occupe d’accélérer les procédures, je m’arrangerai avec le centre hospitalier qui l’a en charge à l’heure actuelle pour qu’il le garde le temps que vous soyez prêts à le recevoir !! A vous de me donner une date, je vous laisse le temps d’en discuter tranquillement en famille et de toute façon, nous nous reverrons bientôt j’en suis certain !! Ne serait-ce avec un drôle de bonhomme qui va vous tomber dessus comme une pluie tropicale d’ici peu ! Hi ! Hi ! N’oubliez surtout pas que pour lui vous faites quasiment partie depuis toujours de sa famille et qu’il vous faudra oublier le passé, sauf bien sûr si vous le considérez toujours comme celui que vous avez jadis connu.

- (André) Le petit témoignage que nous avons visionné ce matin nous a fait beaucoup réfléchir et pour ma part je le crois sincère, comment pourrait-il en être autrement après avoir vu dans quel état il s’est mis en apprenant le décès de notre fils ??

- (Philippe) Et pour Léa ??

- (André) Je pense que comme pour nous après le visionnage et ensuite l’après-midi passer avec son amie Chloé va lui être salutaire !!

- (Philippe) On dirait que tout ça s’annonce pas mal !! Reste plus que Florian !!

- (Maurice) Il va très bien il me semble ??

- (Philippe) Pour ça oui, pas d’inquiétude ! Hi ! Hi ! Il jouait même un étrange jeu dans la salle de bain avec son petit blond cet après-midi ! Hi ! Hi ! Une histoire de gourmandise avec du miel qu’il ne fallait pas laisser perdre. Non !! Mon propos était tout autre !! Quand je disais « reste plus que Florian », je pensais surtout à la façon qu’il va trouver pour réparer les dégâts sur Benjamin ?? Mon petit doigt me parle beaucoup en ce moment et là il me dit que le Benjamin de vos visites ne sera bientôt plus qu’un souvenir, il y a des chances pour que vous retrouviez un tout autre garçon et pourquoi pas un fils qui à l’évidence vous manque terriblement !! Je ne parle pas de mettre quelqu’un à la place de celui que vous avez perdu, ne vous y trompez surtout pas !! J’avais plutôt en tête un second fils, comme il m’a semblé comprendre que vous le considériez déjà plus ou moins. Juste qu’il sera à mon avis beaucoup plus réceptif à l’amour que vous lui apporterez.

- (Maurice) Il faudra juste garder à l’esprit quoi qu’il advienne, que Florian a besoin de discrétion autour de lui et que ses « dons » comme aime à les appeler notre cher ami psychiatre, doivent pour l’instant n’être connus ou plutôt reconnus que dans un cercle le plus restreint possible d’intimes.

- (Michel) Et bien !! Ce n’est pas gagné d’avance niveau restreint, à l’allure où ça va !!

- (Maurice) Justement !! Il va me falloir au plus vite une liste la plus exhaustive possible de ceux qui ont eu à subir celui que j’appellerai dorénavant « l’autre » ainsi que ceux de ses amis qui sont dans ses souvenirs et qu’il va vouloir retrouver, j’ai déjà mis les services de l’état à la recherche de votre frère pour retrouver le cas échéant son fils Thomas, qui s’il existe est la personne la plus importante qui soit pour Florian, vous savez pour la plupart la raison qui le motive, n’est-ce pas ?

- (Philippe) Je pense pouvoir t’envoyer une liste d’ici la fin de la semaine, nous y travaillerons en priorité avec « Flo » pendant ses séances du matin !! Pour ce qui est de « l’autre », je pense que sa famille et peut-être ceux qui en ont souffert que nous connaissons déjà devraient y réfléchir tous ensemble, ça aidera sûrement à faire revenir certains faits oubliés et ensuite faire en sorte qu’il y ait réparation sans pour autant que ça amène des soupçons sur Florian, auquel cas comme par exemple avec l’homme qui conduisait la camionnette, tu pourrais faire disparaître certains rapports trop disons…miraculeux !! Maintenant je vous exhorte tous à le laisser le plus possible mener la vie qu’il souhaite !! D’après nos conversations qui sont bien sûr couvertes par le secret de ma profession, je peux néanmoins vous assurez que ce ne sera qu’à cette condition qu’il amènera les progrès et les connaissances fantastiques qu’attendront ceux qui sauront le protéger sans l’étouffer. Ce garçon n’est guidé que par l’amitié qu’il donne sans restriction aux personnes qui l’aiment, toutes ses recherches partent de là !! Je n’en dirai donc pas plus pour ne pas passer outre à mon devoir de réserve envers lui, il vous en dira peut-être plus de lui-même si vous le lui demandez.

- (Maurice) Je respecte ton silence et je comprends tes craintes, sache seulement que ce que nous savons déjà de lui est suffisant pour que nous le mettions sous protection et certains rapports ont de quoi occuper un certain nombre de personnes pendant un long moment.

- (Philippe) Je me permettrai juste de te dire que tout ça ce n’est que de la broutille par rapport à ce que j’ai appris sur lui !! Maintenant je t’avouerai aussi qu’il y a très certainement une quote-part à faire entre ses souvenirs et ses réelles possibilités, quoique plus le temps passe et plus elle s’amincit dans mes certitudes.

- (Maurice) Tu sais que je pourrais t’obliger par jugement à révéler toutes tes notes à son sujet ?

- (Philippe) Mais tu ne le feras pas !!

- (Maurice) Tiens donc ?? Et pour quelles raisons ??

- (Philippe) Parce que tu l’aurais déjà fait !!

- (Maurice) Peux-tu me dire ce qui m’en a empêché si c’est le cas ??

- (Philippe) Ce n’est pas un secret, parce que tout simplement tu es comme nous tous !! Tu aimes déjà trop ce gamin pour trahir ses secrets et tu ne chercheras pas à en apprendre plus sur lui qu’il n’acceptera de t’en dire !!

- (Maurice) Autre chose ??

- (Philippe) Plusieurs en effet !! La première c’est que je ne t’en aurais pas parlé si j’avais le moindre doute sur toi et la seconde, c’est que je n’ai pris aucune note !! Il te serait donc difficile de les obtenir et ce même avec toutes les pièces administratives m’y contraignant que tu pourrais avoir en mains ! Hi ! Hi !

- (Maurice) Pffttt !! Essayez de discuter avec un psychiatre vous !! Ils sont plus têtus que leurs patients !! Bon !! Ce n’est pas le tout !! Il faut nous remettre au boulot, j’attends ta liste pour la fin de la semaine et je verrai ce que ça donne, j’espère juste qu’il n’y aura pas de nouvelles mauvaises nouvelles !! Deux suffisent largement et je n’ai pas envie d’ouvrir la fenêtre à plusieurs essaims d’abeilles à chaque fois, je dois reconnaître que c’est assez inquiétant quand même.

- (Maryse) Et pas très recommandé pour la ligne d’Antonin si je me réfère à ce qu’a surpris Philippe ! Hi ! Hi !

L’éclat de rire général dans le salon donne le signal qu’il est temps pour tous de se quitter et pour Maryse d’aller préparer le souper de la bande d’affamés qui ne devrait plus tarder de rentrer.

Maurice attend d’être seul dans le salon pour sortir un sachet en plastique de sa poche et y mettre à l’intérieur sans les toucher des mains, les verres qu’André et sa femme ont posés sur la petite table près du sien.

CHAPITRE 173 (Reims) (Découverte autant étrange et mystérieuse, qu’intéressante)

« Chez les Viala, ce soir-là. »

Guillaume frappe un coup bref à la porte d’Aurélien et entre dans la foulée car s’il attend une réaction rapide de son frère, il n’est pas rendu à pester d’impatience derrière la porte.

- Regarde ça « Aurel » !!! C’était sur le bureau de papa !!

- Depuis quand tu fouilles dans son bureau toi ??

- Depuis que les parents nous cachent des choses !! En plus j’ai eu le nez fin, mate un peu ça !!

Guillaume étale devant son frère les planches de dessins confiées par Maurice à sa mère.

- T’en dit quoi ??

- Hummm !!! Pas mal, pas mal !!

- Je ne parle pas des filles « Aurel » !!

- Et bien le gars est pas mal lui aussi, mais je ne te savais pas intéresser par les mecs ??

- T’es lourd « Aurel » !! En plus tu vois bien qu’il est près de « Dami » !! Non je te parlais de nous et de tout ce qui nous entoure !! Regarde nos fringues et l’appartement n’a jamais eu cette déco-là, celui qui a dessiné ça s’est complètement planté !!

- En tous les cas, il ou elle est doué !! C’est vraiment réaliste ! Wouff !! Je t’avouerai que je kiffe la fille qui me tient par la taille !! Waouh !! Tu as vu le canon ??

- Ok !! Tu n’as pas tort j’avoue !! Mais pose-toi plutôt la question de ce que font ces folios sur le bureau de papa ??

- Qu’est-ce que j’en sais, tu n’as qu’à lui demander ??

- C’est tout l’effet que ça te fait ?? Y a pas, t’es vraiment un looser !!

- Et bien explique, monsieur je sais tout mieux que les autres ??

- Pffttt !!! Pour moi il y a un rapport avec cette histoire du gars qui doit venir habiter chez nous !! Les parents ne nous cachent rien d’habitude et ces dessins sont pour le moins bizarres, on nous reconnaît avec certitude tout comme la disposition de l’appartement mais tout le reste ne colle pas !! Les deux filles et le gars nous sont inconnus, les meubles et les papiers-peints idem, c’est comme si ces images venaient d’ailleurs.

- Ou alors tout simplement que celui qui les a dessinés nous connaît sans être jamais venu chez nous ??

- Ça ne colle pas !! Et puis il y a « Dami » avec ce mec !!

- Tu le savais aussi bien que moi pour « Dami », je ne vois pas ce qui te choque ?? En plus nous ne les connaissons même pas ces trois-là !!

Guillaume prend la dernière feuille et la met sous le nez d’Aurélien.

- Et celui-là ?? Tu ne le connais pas non plus peut-être ??

Guillaume voit son frère pâlir, il comprend alors qu’il a bien mis le doigt sur quelque chose en empruntant les planches pour les lui montrer.

- Tu ne vois toujours pas ce qui me choque ?? C’est bien le mec de ton bahut pourtant ?? Pour quelqu’un que tu ne peux pas blairer, tu es plutôt souriant pas vrai ??

- Je ne comprends pas !! Pourtant c’est bien ce petit con de De Bierne !! Nous nageons en plein délire là !! Ou alors c’est quelqu’un qui veut nous faire une blague ??

- Hum !! Je me demande en fait !! Les parents semblent trop impliqués dans cette histoire, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond là-dedans !!

- Va remettre tout ça à sa place !! Nous ferons comme si nous ne les avions pas vus, il faudra bien à un moment que….

- (Guillaume) Que quoi ??

- Attends deux minutes !! Quelque chose vient de me sauter aux yeux, ce n’est pas possible !!

- Tu m’intrigues là !!

Aurélien ne répond pas et sort de la chambre pour aller dans celle de ses parents, il revient ensuite dans la sienne avec en main un cadre que ceux-ci gardent depuis toujours sur la commode en souvenir de leur mariage.

Il pose le cadre devant le dessin et du doigt, il montre à son frère ce qui a retenu soudainement son attention.

- Tu vois ce vase ??

- Eh bien oui qu’est-ce qu’il a ? C’est évident que c’est le même, je ne vois pas ce qui te dérange là-dedans ??

- Une histoire que maman m’a très souvent racontée, ce vase aurait une très grande valeur et serait l’héritage du premier né dans sa famille depuis plusieurs générations.

- C’est drôle, je ne me rappelle pas l’avoir jamais vu ??

- Et pour cause frangin !! C’est moi qui l’ai mis en miette alors que je n’étais encore qu’un bébé !! Si je m’en rappelle aussi bien, c’est juste parce que c’était la blague préférée de maman étant gamin quand elle me disait que j’avais considérablement amoindri mon héritage en le brisant.

- Tu es certain que c’est le même ?? Après tout ce n’est qu’un dessin !!

- Bien sûr que j’en suis certain !! Tout ce que je peux dire c’est que celui ou celle qui a dessiné ça a une sacrée patte et surtout un goût prononcé pour les détails !!

- Putain l’embrouille !! Je suis complètement à l’ouest maintenant !!

- Va remettre ça où tu l’as pris et on ne dit rien à personne, attendons que ça vienne des parents et peut être aurons-nous une explication qui tient la route.

- Et pour « Dami » ? On le met au courant ?

- Surtout pas !! Tu le connais, il ne sait pas garder un secret avec eux et en plus je ne préfère pas qu’il voit ça pour l’instant.

- Pourquoi donc ??

- Il comprendrait que les parents connaissent ses penchants et je ne suis pas sûr du tout qu’il soit prêt à l’apprendre, mets-toi un peu à sa place.

Guillaume reprend la feuille précédente pour regarder une nouvelle fois le garçon qui tient Damien par la taille en souriant, puis reporte ensuite son attention sur les deux filles et plus précisément sur celle qui semble être avec lui.

- Bah !! Une chose est sûre en tout cas !! C’est que nous avons bon goût tous les trois ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 174 (Aix en Provence) (Centre hospitalier, deux jours plus tard)

L’infirmière referme la porte de la chambre derrière elle, non sans au préalable avoir lancé un dernier sourire attendri au jeune homme qui y est enfermé et qui le lui rend sans paraître s’en rendre réellement compte, malgré que ses yeux soient rivés sur elle à suivre ses moindres gestes depuis son entrée pour les soins.

Deux hommes en blouses blanches attendent qu’elle ait quitté le couloir pour s’y engager et après s’être assurés d’être seuls, entrent à leurs tours dans la chambre.

Il ne leur faut pas deux minutes pour en ressortir avec son occupant visiblement heureux de cette ballade, les deux infirmiers prennent rapidement le chemin des blocs opératoires, manifestement soulagés de ne croiser personne dans les couloirs.

Maintenant l’heure tardive explique en grande partie le manque d’activité dans cette aile de l’hôpital, mais grandement aidé également par un affairement inhabituel dans une aile bizarrement située à l’opposé de celle-là.

***/***

« Salle d’opération. »

Étonnamment pour un tel lieu, il y a surnombre de personnes à l’intérieur de la salle d’opération.

En plus de l’équipe opératoire normale qui comporte quatre membres s’activant déjà à préparer le bloc et un chirurgien qui ne devrait plus tarder à arriver, trois autres personnes sont également présentes et se tiennent dans un coin de la pièce, revêtus eux aussi des tenues sanitaires réglementaires pour un tel lieu.

Maurice est accompagné de son adjoint Alain Durieux et d’un des plus éminents spécialiste Japonais en chirurgie du cerveau à la renommée internationale qui a accepté non seulement de faire le déplacement, mais également de confier son équipe hautement spécialisé aux mains d’un autre de ses confrères, inconnu qui plus est et ce juste pour payer une dette envers celui qui avant d’obtenir le poste de directeur de la DST, était un des agents les plus efficaces sur le terrain pour ce qui est du renseignement.

Le professeur Akihito Assaki a pu retrouver son père grâce à l’aide et aux recherches du gouvernement Français qui avait diligenté à l’époque l’équipe de Maurice, celui-ci ayant disparu lors des conflits de la seconde guerre mondiale et l’acharnement du jeune Désmaré a très vite porté ses fruits, ramenant le vieil homme dans sa famille alors qu’il était interné dans un centre américain pour grands blessés de guerre et qu’il n’avait plus toute sa tête suite à une balle lui ayant traversé le crâne.

Depuis ce jour, un respect mêlé d’amitié lie les deux hommes et quand Maurice lui a demandé son aide, celui-ci n’a pas hésité une seule minute à la lui apporter.

« En anglais, traduit. »

- (Akihito) J’ai examiné attentivement le dossier du jeune homme qui doit subir l’intervention, les chances de réussite sont quasiment nulles et je pense sincèrement qu’il vaudrait mieux ne rien tenter.

- (Maurice) Je pense qu’au contraire ses chances sont élevées !! Je t’ai fait venir parce que je voudrais que tu suives attentivement chaque geste de la personne qui va pratiquer l’opération et ensuite me donner tes impressions, mais aussi pour que le secret soit bien gardé. Je compte sur ta discrétion ainsi que celle de ton équipe pour ne révéler à quiconque de ce qu’il se passera dans cette salle dans les prochaines heures.

- (Akihito) Tout cela est bien mystérieux mon ami mais tu as ma promesse et j’ai cru comprendre que personne n’est au courant officiellement de cette intervention, que me caches-tu donc ?

- (Maurice) Quelque chose de tellement énorme que je préfère te laisser t’en faire ta propre opinion !! Sache juste que si nous ne faisons rien d’officiel, nous avons du moins les accords officieux qui nous y autorisent et que ta présence a été une des conditions pour les avoir.

- (Akihito) Pourquoi donc puisque je ne suis censé qu’observer ?

- (Maurice) Pour pouvoir reprendre la main au cas où nous nous serions trompés et où nous aurions surestimé les capacités de la personne qui va réaliser l’acte chirurgical.

- (Akihito) Rien que ça ??

- (Maurice) Il fallait rassurer mon responsable tu comprends ?? Pour ma part j’ai déjà vu le résultat de ses… prouesses et je n’ai aucun doute sur sa réussite cette fois encore.

La porte s’ouvre et les deux infirmiers encadrant Benjamin entrent dans le bloc, le jeune garçon toujours souriant est aussitôt pris en charge par l’équipe qui le prépare avec douceur pour ne pas lui amener un stress inutile duquel il peut se passer.

Une fois allongé sur le bloc opératoire, il est endormi puis tondu pour ensuite être raccordé aux différents monitors qui suivront en réelle ses courbes vitales.

Maurice s’adresse aux deux infirmiers qui en réalité font partie de son équipe.

- Vous ne vous êtes pas fait repérer ??

- Non patron !!

- Très bien !! Faites prévenir Florian que nous n’attendons plus que lui et restez dans le couloir en surveillance, personne ne doit entrer tant que je n’en aurais pas donné l’ordre.

- Compris patron !!

Maurice rejoint Akihito qui s’était rapproché de Benjamin.

- Un garçon magnifique n’est-ce pas ?

- (Akihito) J’en conviens volontiers !! C’est étonnant qu’il soit dans un aussi bon état d’entretien physique avec un tel handicap mental.

- Disons qu’il était spécialement choyé par ceux qui en avaient la charge !! Ils avaient leurs…raisons pour qu’il soit au mieux de « ses » formes !!

Akihito voit bien le visage subitement fermé de son ami, il comprend alors ses raisons et reporte son attention sur le physique plus qu’attirant de Benjamin, ses traits à son tour tirés par la colère qu’il éprouve envers ceux qui ont pu abuser ainsi d’un garçon innocent.

La porte s’ouvre une nouvelle fois, Akihito ne s’est pas encore retourné qu’il a déjà la surprise de constater l’ahurissement sur les visages habituellement impassibles des membres de son équipe.

Il tourne la tête à son tour vers l’endroit où portent leurs regards, prenant sans s’en rendre compte le même air stupide qu’eux devant ce que ses yeux découvrent et qui est à des années lumières de ce à quoi, ou plutôt à qui il s’attendait de rencontrer.

CHAPITRE 175 (Aix en Provence) (Flashback)

« Retour à la veille au soir, devant chez les Louvain. »

- Tu es certaine qu’ils ne vont pas me jeter dehors ??

- Au contraire Florian, je dirais qu’ils t’attendent avec impatience maintenant qu’ils ont compris qui tu étais !!

- Et pour « Math » ??

- Ils sont conscients qu’on ne peut pas faire revivre le passé, je pense que leurs préoccupations actuelles vont plus sur Benjamin et ce que tu peux faire pour lui.

- J’ai été le revoir ce matin tu sais ? C’est bluffant comme il peut ressembler à « Math » !! Bien sûr ce n’est pas lui puisqu’il ne fait aucun doute que Mathis soit mort, mais il y a quand même beaucoup de similitudes au point où je me demande s’il n’y aurait pas des airs de famille.

- Pour ça faudra leur demander, pour ma part je ne me souviens juste qu’ils étaient amis !! Maintenant c’est aussi possible qu’il y ait pu y avoir un lien de cousinage ou un truc dans le genre.

- Un fils caché ! Hi ! Hi !

- Pffttt !!! N’importe quoi !!

- Ecoute Chloé !! Je sais bien que ça parait débile ce que je vais te dire, mais sérieusement j’ai un doute.

- N’oublie pas que tu viens chez eux pour te réconcilier, alors ne va pas tout foutre en l’air avec tes suspicions qui n’ont aucun fondement !! Je les connais bien, ou du moins il y a quelques années de ça je les connaissais bien et je peux t’assurer qu’ils s’aimaient trop à l’époque pour qu’André aille voir ailleurs.

- Je le sais aussi bien que toi figure toi !! N’oublie pas que moi aussi j’ai été ami avec eux, je connais très bien leurs sentiments l’un envers l’autre !! Seulement j’ai cette idée en tête et il y a vraiment trop de points communs entre Mathis, Thomas et Benjamin, d’ailleurs je devrais bientôt être fixé.

- Comment ça être fixé ?? Qu’est-ce que tu as encore fait ??

- J’ai juste demandé hier à Maurice quand il m’a montré Benjamin de faire un contrôle d’ADN, ça n’a pas été difficile ensuite pour lui d’avoir celui d’André et de Nathalie en récupérant leurs verres lors de l'apéritif organisé chez mes grands-parents.

- Tu as fait ça ??? Je n’y crois pas !!! Mais ça va t’amener quoi si c’est positif ??

- L’explication à beaucoup de choses que j’ai apprises ces derniers jours !!

- Ah oui !! Comme quoi par exemple ??

- Déjà leurs visites régulières au centre où Benjamin était interné, ensuite tous ces weekends qu’il passait chez eux avant l’accident et surtout le fait qu’ils veulent le prendre en tutelle maintenant, ça plus la ressemblance plus que frappante avec le Mathis de mes souvenirs !! Avoue que ça commence à faire beaucoup !!

- Pour répondre à tes questions, c’était le meilleur ami de Mathis et ses parents n’étaient semblerait il pas assez riches pour vivre ailleurs que dans une cité HLM, c’est pour ça qu’ils l’invitaient souvent chez eux. Ensuite ils se sont sentis fautifs de l’avoir laissé chez Éric ce jour-là et donc ils s’en sont occupés du mieux qu’ils le pouvaient en allant lui rendre visite. Avec les années ils ont finis par l’aimer à leur façon, sans doute pour compenser avec la perte de leur fils et maintenant qu’il se retrouve seul, c’est logique qu’ils le prennent avec eux.

- Les deux idées se tiennent je dois bien le reconnaître, cependant ça ne coûte rien de vérifier si j’ai raison ou si c’est toi !! Maurice m’a promis de m’appeler dès qu’il a les résultats et avec les moyens qu’il dispose, ça ne devrait plus tarder !! Je pensais même les avoir avant de venir, ça m’aurait permis d’avoir leurs autorisations pour une idée que j’ai en tête.

- C’est plus une tête que tu as, c’est un vrai boulevard à pensées ! Hi ! Hi !

- Si tu le dis ma grande !!

- Tu vas vraiment lui ouvrir le crâne demain soir alors ??

- C’est la seule solution, ma salive ne suffirait pas à remettre tout en place !!

- Tu sais ce que tu fais au moins ??

- Tu es bien placée pour le savoir, non ??

- Je dois bien avouer que c’est efficace !! Beurk !! Si j’avais su ce qu’il y avait dans le pot, je ne l’aurai jamais étalé sur ma jambe ! Hi ! Hi !

- Et encore, toi ce n’est rien !! Yuan s’en est couvert tout le corps et il en a bu une fiole complète !! Pareil pour mon oncle qui en a bu un verre cul sec !!

- J’aurais bien voulu voir leurs têtes ! Hi ! Hi ! Pour en revenir à Benjamin, ce n’est pas rien quand même de lui ouvrir la tête pour remettre son cerveau en place !! Brrr !!! Et puis pourquoi personne n’a tenté de le faire avant toi d’abord ??

- Parce que c’est voué à l’échec avec les connaissances actuelles, voilà pourquoi !!

- Mais toi tu vas réussir pas vrai ??

- Bien sûr ma puce !! Je n’en suis pas à ma première opération de ce genre ? J’avais… disons une certaine habitude de le faire là d’où je viens !!

- Tu regrettes d’être parti pas vrai ?

- Tu ne peux même pas imaginer à quel point !!

- Si tu pouvais le faire, tu y retournerais ??

- Tu peux en être certaine !!

- Et nous dans tout ça ?? On devient quoi ??

- Vous êtes tous aussi là-bas tu sais ??

- Oui peut être !! Mais ce n’est pas nous, enfin je veux dire pas ceux d’ici !!

CHAPITRE 176 (Aix en Provence) (Flashback) (suite)

Que répondre sans la rendre triste, que la Chloé de mes souvenirs compte plus que celle du présent alors que ce n’est absolument pas le cas et que depuis nos retrouvailles, je tiens tout autant à elle.

Je botte donc en touche en m’avançant vers le portail pour appuyer sur la sonnette, conscient qu’il ne faudra plus à l’avenir faire mention à n’importe lequel de mes amis que l’idée de repartir là où je me sentais le mieux, est la chose la plus chère dans mon cœur.

La porte s’ouvre et c’est Léa qui nous accueille, souriant franchement à son amie et visiblement plus gênée quand c’est mon tour.

- Bonsoir !! On vous attendait, ça va mieux toi ??

- Beaucoup mieux, merci !! J’avoue que je ne sais pas trop quoi dire, juste peut être que je regrette.

- Nous savons que ce n’était pas vraiment toi, laisse-nous juste le temps de nous y faire !!

Je sens mes yeux s’embuer d’une telle gentillesse de sa part, Chloé s’en aperçoit aussitôt et me prend gentiment par la taille.

- Calme-toi « Flo », tu vas encore te rendre malade sinon !!

J’éclate en sanglots, la pensée de Mathis étant encore trop présente.

- Je l’aimais tellement !! Je le lui avais avoué vous savez, mais il y avait Thomas et ce n’était pas possible !! Ils étaient comme deux frères !!

Chloé et Léa se regardent les yeux brillants de larmes d’une telle détresse affective, me prenant dans leurs bras pour tenter de me calmer.

- (Chloé) Nous retrouverons Thomas !!

- (Léa) Qu’il y en ait au moins un qui te reste !! Calme-toi maintenant, sinon à nous trois ça va être l’inondation d’ici pas longtemps.

Je ressens bien l’empathie de mes deux amies et quelque part ça me remonte suffisamment le moral pour que je cesse de pleurer et de trembler, retrouvant assez de force pour me reprendre et tenter un faible sourire pour les réconforter, elles aussi.

- (Léa) Nous pourrions rentrer à la maison si ça va mieux ?

- Tu as raison, toutes ces choses que j’apprends sur moi depuis ces quelques semaines me font trop mal et il faut que je libère un peu les vannes de temps en temps, c’est vraiment trop dur à accepter, je suis désolé de me montrer en spectacle comme ça.

- (Chloé) Tu n’as pas à être désolé, nous te comprenons très bien et au contraire ça nous prouve que toi au moins, tu as un cœur !!

- (Léa) Essayons d’oublier le passé, je sais bien que ce n’est pas facile mais c’est la meilleure chose à faire. Rentrons à la maison, les parents nous attendent et eux aussi ont besoin d’oublier, alors concentrons-nous sur les choses positives.

Je renifle un grand coup en m’essuyant les yeux d’un revers de la main, voyant bien que mon geste les fait sourire d’amusement cette fois et que la tête que je dois faire y est pour beaucoup, ce que d’ailleurs ne manque pas de me faire remarquer Chloé.

- Ne fais pas le cocker comme ça « Flo » ! Hi ! Hi !

C’est donc toujours tenu par la taille par mes deux amies que je fais mon apparition dans le salon où André et Nathalie nous regardent avec une telle expression d’ahurissement qu’à mon tour j’éclate de rire.

- Qu’est-ce que vous voulez ! Hi ! Hi ! Elles tombent toutes amoureuses de moi, vous avez de la chance que je préfère les garçons sinon vous auriez du mouron à vous faire ! Hi ! Hi !

Je pense que c’est cette entrée en matière pour le moins inattendue qui fait que l’atmosphère se détend tout d’un coup et qu’au bout de très peu de temps, l’ambiance amicale prédomine au point que tous les aprioris que chacun s’était fait de cette rencontre tombent comme par miracle.

L’heure qui suit passe à répondre à toutes ou presque des questions qu’ils se posent encore, marquée souvent par quelques larmes d’émotions et aussi par quelques moments qui mettent leurs certitudes comme leurs compréhensions à rude épreuve quand sont abordés les points me concernant et plus particulièrement ceux liés à ces autres vies que j’ai vécues, ainsi que ce pouvoir de guérison qu’ils ne peuvent pas réfuter n’en serait-ce déjà comme preuve la présence de Chloé sans sa canne.

C’est en abordant ce thème, qu’arrive le pourquoi de ma présence chez eux, à savoir mon intervention prévue demain soir sur Benjamin et le fait que j’ai pu avoir l’accord pour la pratiquer, alors qu’ici je n’ai absolument aucune compétence reconnue pour le faire.

Les questions une nouvelle fois pleuvent sur moi qui essaie tant bien que mal d’y répondre sans trop non plus leur en dévoiler sur mes intentions, du moins tant que je n’aurais pas la certitude qu’elles puissent être acceptées d’eux sans réserve.

Je me prépare à tenter une approche détournée pour déjà me faire une première opinion à ce sujet, quand la question vient tout naturellement d’eux et c’est André qui me la pose avec une certaine inquiétude dans la voix.

- Après l’opération, Benjamin restera-t-il comme il est actuellement !!

- Ça ne servirait pas à grand-chose de l’opérer si c’est pour qu’il reste comme ça !!

- Ce n’est pas ce que je voulais dire, retrouvera-t-il ses souvenirs d’avant l’accident ou lui faudra-t-il tout réapprendre ??

CHAPITRE 177 (Aix en Provence) (Flashback) (suite)

« Bureau provisoire du directeur de la DST à Aix en Provence, quelques instants plus tôt ce soir-là. »

Maurice reste un moment figé de stupéfaction devant le dossier d’analyse qu’il tient en mains, révélant entre autres la filiation de Benjamin avec la famille Louvain et que l’intuition de Florian était donc bien la bonne, quand il lui a demandé de procéder à ces examens d’ADN.

Maurice hésite sur la suite à tenir après ces révélations, il devrait normalement faire prévenir les services concernés vu que la procréation par mère porteuse n’est toujours pas légale en France et qu’à l’époque des faits, elle n’en était autorisée que dans très peu de pays.

Quelque chose dans cette histoire le trouble suffisamment pour qu’il n’en fasse rien et qu’il attende d’en savoir plus.

Maintenant le fait d’attendre n’étant pas vraiment dans son tempérament, il quitte son bureau provisoire pour se rendre à l’adresse où habitent les Louvain et où Florian doit ou ne devrait pas tarder à se trouver à l’heure actuelle, Maurice étant au courant de l’invitation qu’a eu son protégé à s’y rendre.

***/***

« Retour chez les Louvain. »

La question d’André reste en suspens le temps que j’y apporte une réponse et je sens bien qu’il n’y a pas que lui qui est suspendu à mes lèvres, tous se l’étant posé au moins une centaine de fois depuis qu’ils sont au courant de l’opération.

- En fait ça va dépendre surtout de vous !!

André ne s’attendait certainement pas à entendre mes dernières paroles, son regard incrédule fait le tour de tous les visages présents dans la pièce pour y voir la même surprise que dans le sien.

- Comment ça, de nous ??

- Il y a une autre possibilité !! Mais avant de vous en dire plus, je veux connaître la vérité en ce qui concerne Benjamin !! J’en ai déjà ma petite idée, ayant connu Mathis à cet âge et une telle ressemblance ne peut avoir qu’une seule explication !! Soit c’est le fils d’une personne apparentée à vous au premier degré comme mon Thomas, soit c’est le vôtre !!

- (Chloé) Florian !! Arrête ça tu veux bien ??

- (Léa) C’est quoi cette histoire ??

J’observe André et sa femme depuis le début de ma tirade, comprenant que j’ai vu juste à la pâleur soudaine de leur visage.

- Léa n’est donc pas au courant ??

- (Léa) Au courant de quoi !! Papa !! Maman !! Répondez, dites quelque chose !!

C’est sa mère qui répond dans un souffle à peine audible.

- Florian a raison ma puce !! Benjamin est bien ton frère !!

Léa tombe des nues, ses yeux fixent ses parents en se rendant compte qu’ils lui ont menti ou tout du moins caché cette vérité depuis toutes ses années.

- Pourquoi vous ne nous avez rien dit ??

- (André) Parce que ça ne devait pas se passer comme ça, les Charlier ont toujours été nos meilleurs amis et ils étaient stériles l’un comme l’autre, quand tu es venue au monde et une année plus tard ton frère, ils étaient tellement en admiration devant vous deux que nous avons finalement accepté ta mère et moi les prélèvements nécessaires pour une insémination artificielle qui s’est réalisé dans un pays proche où c’était déjà autorisé.

- (Nathalie) Ils étaient si malheureux tu comprends ?? Nous avions deux magnifiques enfants et eux ils ne pouvaient pas en avoir !!

- (André) Quand nous sommes revenus en France et que les tests de grossesse se sont révélés positifs, ils ont déclaré l’enfant comme s’il venait d’eux et nous nous étions jurés de garder le secret, même à nos propres enfants.

- (Nathalie) Quand Benjamin est né, nous nous sommes encore plus rapprochés de nos amis et comme vous avez tous grandi ensemble, c’est tout naturellement que vous vous êtes liés d’amitié également tous les trois.

- (André) Tout allait pour le mieux quand il y a eu ce jour funeste, nous ne reviendrons pas dessus puisque c’est le passé et que nous savons à quoi nous en tenir, toujours est-il que ce jour-là nous avons perdus nos deux fils !!

- (Nathalie) Nous n’avons rien vu venir avec ton petit frère !! Il aimait trop Benjamin et Mathis s’est rendu lui-même coupable de …. L’accident, à cause de la dispute qu’il a eue avec lui juste avant.

- (André) Nous ne pouvions pas laisser Benjamin dans ce centre sans lui rendre visite et tu étais la première même petite à vouloir qu’on t’y emmène, rappelle-toi ??

- (Nathalie) Trois ans plus tard, nos amis nous ont quittés et tu connais la suite ??

- (André) Nous avions décidé comme tu le sais de prendre Benjamin avec nous dès qu’il serait majeur, cette sinistre histoire n’a fait que de rapprocher l’échéance voilà tout !!

- (Léa) Vous comptiez me dire la vérité un jour ou pas ??

- (André) Nous avions l’intention de t’en faire part une fois que nous l’aurions eu avec nous à la maison.

- (Nathalie) Je sais que tu l’as toujours considéré comme un petit frère, alors qu’il le soit vraiment devrait te rendre heureuse !!

Nathalie se tourne vers moi les yeux embués de larmes.

- Depuis le temps que je voulais ne plus taire ce secret !! Grâce à toi je vais pouvoir enfin être une vraie mère pour Benjamin et même s’il n’en est pas conscient, il ne sera jamais sans amour !!

- Mais justement c’est là où tu te trompes et où j’interviens, je peux lui donner la mémoire d’une vie qu’il aurait pu avoir s’il n’avait pas eu cet accident, à vous de définir ce qu’il devra savoir à votre sujet !! Il reprendrait donc une vie normale d’un garçon de son âge avec des souvenirs suffisant pour son équilibre mental.

- (Chloé) Mais c’est impossible voyons !!

CHAPITRE 178 (Aix en Provence) (Flashback) (fin)

- Pas plus impossible pour moi que de te redonner en quelques minutes la possibilité de remarcher !! Par contre il gardera la mémoire de sa vie d’avant avec peut-être juste quelques rajouts comme par exemple le fait qu’il sache que vous êtes ses vrais parents génétiques depuis toujours !! Une vérité qui lui viendrait de ses parents « adoptifs » qui ne lui auraient jamais cachés les raisons de sa conception et qu’il aurait gardés pour lui sans jamais en faire allusion même à vous. Il ne sera donc pas surpris quand vous le prendrez chez vous et que vous lui appreniez la vérité, seules ces années passées au centre seront remplacées en partie et en partie seulement afin qu’il en garde le souvenir ainsi que celui de vos visites. A nous maintenant de trouver la raison de cet enfermement en milieu hospitalier, c’est cette partie-là qui sera déterminante pour qu’il ne se doute jamais de rien.

J’arrête mon monologue, attendant une éventuelle idée qui leur viendrait et ce n’est qu’à ce moment que je m’aperçois de la façon qu’ils ont eu de m’écouter tout ce temps, me dévisageant comme si je venais d’un autre monde ce qui d’ailleurs n’est peut-être pas tout à fait faux.

- Ouh-ouh !!! Il y a quelqu’un ?? Vous avez entendu mes explications ou pas ??

- (Léa) Tu te moques de nous ou tu es sérieux ??

- Je me doute que c’est dur à avaler, vous voulez peut-être une preuve que ce ne sont pas des affabulations de ma part ??

- (Chloé) Tu ferais bien, oui !! Parce que là tu m’excuseras, mais j’ai un peu le sentiment que tu as gardé des séquelles de ton coma !!

- (Nathalie) Pourtant ce serait merveilleux si ça pouvait être vrai !!

- (André) Quel genre de preuve tu peux nous apporter ??

- Un petit souvenir qui deviendra le vôtre en sachant pertinemment que c’est impossible par exemple ??

- (Léa) Comme quoi ??

Je me concentre sur eux en reproduisant le contact que j’ai eu dernièrement avec

Antonin, j’envoie alors dans leurs cerveaux pendant juste quelques secondes l’image de Damien et de Guillaume attablés avec eux à rire d’une plaisanterie venant de moi un jour où nous étions passés les voir. Je prends soin toutefois de bien choisir le moment où Mathis n’était pas présent avec nous, pour ne pas ranimer en eux la tristesse qu’un tel souvenir leur apporterait.

Je rouvre les yeux en m’amusant de voir leurs visages où l’ahurissement est un bien faible mot pour définir ce qu’ils ressentent.

J’avoue que je suis moi-même troublé de l’avoir fait sans en avoir éprouvé d’efforts particuliers, comprenant que je viens de passer une nouvelle étape importante dans ce que je suis en réalité et que comme dans cette autre vie, mes « dons » surgissent ou plutôt resurgissent au moment où le besoin s’en fait sentir.

- (Chloé) Comment t’as fait ça ??

- Tu voulais une preuve alors je t’en ai donné une !! Je pense que maintenant vous allez arrêter de me prendre pour un fou ! Hi ! Hi !

- (Léa) Ces deux garçons existent vraiment ?

- Normalement oui !!

- (Léa) Ils sont qui pour nous ?

- Pour l’instant personne, mais peut être que dans cette réalité ils pourraient être plus que des inconnus, qui sait ??

Je vois bien qu’André et Nathalie sont toujours perdus loin dans leurs pensées et je comprends très bien toutes les questions qui se posent à eux après tout ce qu’ils viennent d’apprendre, j’en profite donc pour faire signe à Chloé qu’il est temps pour nous de partir.

- Il se fait tard, vous nous excuserez si nous vous laissons pour ce soir !! Demain nous pourrons reprendre cette conversation, un peu de repos fera du bien à tout le monde pour réfléchir à tout ça.

André semble sortir de sa léthargie pour répondre.

- Hein !! A oui bien sûr !! Léa va vous raccompagner, merci encore pour tout ce que tu fais pour nous Florian !!

- J’essaie juste de réparer ce qui peut l’être et surtout de retrouver mes amis tels que je me souviens d’eux.

- (Nathalie) Je ne doute pas un instant que tu y parviennes, je pense que tu es bien parti pour.

Chloé me tire par la manche, m’évitant ainsi de chercher quoi répondre.

- Allez !! La nuit commence à tomber !!

Nous embrassons Léa une fois dehors, nous donnant rendez-vous pour le lendemain et nous prenons le chemin du retour, ce n’est qu’au bout de quelques centaines de mètres qu’une voiture nous fait sursauter en venant s’arrêter juste devant nous et ce n’est qu’une fois la vitre côté passager ouverte que je reconnais Maurice à l’intérieur, qui nous adresse un grand sourire.

- Je vois que j’arrive un peu tard !! Je vous ramène ??

- Cool !!

Ce n’est qu’une fois en route qu’il nous révèle le but de sa visite, nous lui racontons alors le déroulement de la soirée et il semble satisfait de connaître le fin mot de la naissance de Benjamin, je profite de le sentir particulièrement positif sur le sujet pour lui demander un service.

- Tu ne pourrais pas les aider pour que toute cette histoire trouve rapidement la fin qu’elle mérite ??

- Après ce que tu t’apprêtes à faire, je ne vois pas comment faire autrement. Il va falloir qu’on parle sérieusement tous les deux, tu te rends compte j’espère que tu ne nous aides pas beaucoup !! A ce rythme-là, tu vas finir par attirer les questions et surtout les ennuis.

- De toute façon ils arriveront un jour ou l’autre, tu voulais quoi ? Que je laisse cette famille se débrouiller seule à se sacrifier pour quelque chose dont je me sens responsable ? Je sais ce que tu vas me dire, seulement c’est comme ça que je le ressens et je ne peux rien y faire d’autre qu’essayer de réparer du mieux que je peux.

- (Maurice) Reconnais que ta façon de procéder sort tout de même des sentiers battus ! Hi ! Hi !

- Justement !! Ça semble tellement dément que personne ne pourrait imaginer qu’une chose pareille puisse être possible !!

- (Maurice) Pour certaines choses je veux bien le croire, mais d’autres plus crédibles pourraient attirer l’attention de personnes qui voudraient t’utiliser à leurs fins.

- Je sais, hélas !! Tiens !! Ça me fait penser à un truc qui devrait t’aider à démanteler un réseau d’espions russes si ça t’intéresse ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 179 (Aix en Provence) (Centre hospitalier, deux jours plus tard) (fin)

« Retour au présent. »

Akihito après ce bref moment d’incrédulité devant le gamin à la dégaine pour le moins atypique qui vient d’entrer, se tourne vers Maurice.

« En anglais traduit. »

- Je pensais que tes hommes devaient garder l’entrée de cette salle et ne laisser personne y entrer sans ton ordre ??

- (Maurice) C’est bien ce qu’ils font en effet !!

- (Akihito) Alors pourrais-tu m’expliquer ce que vient faire ce garçon dans le bloc ?

- (Maurice) Florian est celui qui va opérer Benjamin !!

- (Akihito) L’humour Français m’a toujours été difficile à comprendre et encore plus particulièrement dans ces moments où il n’a pas lieu d’être !!

- (Maurice) Je t’assure mon cher ami que loin de moi était la pensée de me moquer de toi !! Je te demande juste de me faire confiance et de ne surtout pas te fier aux apparences. Florian !! Viens que je te présente à mon ami Akihito !!

- Vous êtes Akihito Assaki ?? Je suis honoré de faire votre connaissance professeur, j’ai beaucoup entendu parler de vous.

Akihito sourit au jeune rouquin qui marque devant lui toutes les attitudes de respect pourtant peu usités pour un Européen.

- Je ne pourrais pas en dire autant pour ma part jeune homme, n’ayant eu connaissance que très récemment de votre existence. Vous me voyez pourtant extrêmement surpris qu’un garçon de votre âge ait les qualités requises et nécessaires à réaliser un tel acte chirurgical que je définirai d’impossible.

- Ne serait-ce pas un de vos sages qui a dit que la valeur de l’homme ne se compte pas au nombre de ses années ? En plus chez nous un dicton dit qu’impossible n’est pas Français !!

Akihito tourne son regard vers son ami qui semble s’amuser comme un enfant de cette joute verbale.

- Que me caches-tu donc mon ami pour avoir une telle assurance dans le regard ?

- (Maurice) Tu le comprendras bien avant de sortir de cette pièce, n’oublie pas pourquoi je t’ai demandé de venir !! Maintenant si nous laissions Florian faire ce pour quoi il est venu ?

Akihito sonde le regard de Maurice, n’y trouvant rien qui pourrait marquer le moindre doute sur la détermination qu’il a à ce que son jeune protégé ne réalise ce pour quoi ils sont tous là et il acquiesce d’un signe de tête en se positionnant de façon à pouvoir suivre le moindre geste du jeune rouquin, afin de pouvoir intervenir rapidement le cas échéant au cas où quelque chose dérape.

***/***

Les heures qui suivent seront pour lui les plus inoubliables de sa pourtant longue carrière de chirurgien, que ce soit les connaissances évidentes tout comme la précision et la dextérité des gestes qui ne marquent aucune hésitation et réalisent devant ses yeux ce qu’il pourra plus tard qualifier comme la maîtrise parfaite d’un métier qui entre les doigts de ce garçon devient un art.

***/***

Je vérifie une dernière fois que plus rien n’empêche maintenant la fermeture de la boite crânienne, je me tourne alors vers Maurice pour lui faire le signal convenu à l’avance et j’attends qu’il se soit avancé suffisamment d’Akihito, pour donner une série d’instruction à l’équipe qui m’a secondé pendant toute la durée de l’intervention et qui de ce fait pendant un bref moment ne pourrons faire autrement que me tourner le dos.

Maurice interpelle son ami à l’oreille en lui demandant si tout se passe pour le mieux et celui-ci se tourne tout naturellement vers lui pour lui répondre en face comme le pousse à le faire inconsciemment son éducation.

Je profite de ces quelques secondes sans surveillance pour envoyer le plus de salive possible sur le lobe cérébral et en particulier sur la zone ayant subi le traumatisme du choc, empêchant celui-ci de fonctionner normalement depuis toutes ces années.

Je ne peux hélas pas attendre d’en voir les effets, refermant dans la foulée la boite crânienne de Benjamin en donnant mes instructions à l’assistante pour qu’elle maintienne le tout en place le temps pour moi de faire les sutures pour ensuite faire le bandage au plâtre qui maintiendra le tout pendant le temps nécessaire à la reconstruction des os et des cartilages.

J’envoie une sonde mentale rapide dans le cerveau de Benjamin pour m’assurer déjà de l’état général de ses pensées inconscientes, ce que j’y trouve me conforte dans la réussite de la première étape qui consistait à réparer les dégâts causés par sa chute et j’arrête là mon introspection pour ne pas que mon attitude figée vienne à poser des questions.

- Nous allons le conduire en salle de réveil, j’aimerai m’en occuper personnellement si personne n’y voit d’objections !!

Maurice est parfaitement au courant de mes raisons et donne les ordres en conséquence, prenant son ami Akihito par le bras en lui demandant de bien vouloir le suivre avec son équipe pour lui faire un rapport à chaud de l’intervention à laquelle ils viennent d’assister et de prêter leurs concours.

Celui-ci n’y voit bien sûr rien que de plus normal dans la démarche, il jette un dernier coup d’œil admiratif sur le petit rouquin qui vient de lui donner une démonstration de ses talents et se promet qu’à l’avenir il ferait comme un certain sage remis judicieusement au goût du jour, ne jugeant plus par avance les qualités des personnes qu’il rencontrera par rapport à la première impression qu’il pourrait s’en faire.

***/***

« Une demi-heure plus tard, salle de réveil. »

- Merci bien les gars !! Si vous voulez bien me laisser seul avec mon patient, je dois garder toute mon attention sur ses premiers signes de conscience !!

- Nous resterons derrière la porte en cas de besoin !!

- Ça risque de prendre du temps alors ne vous inquiétez pas, juste que personne ne doit franchir cette porte tant que je suis à l’intérieur et qu’importe si ça dure toute la journée, si j’ai besoin de quelque chose je vous le ferai savoir.

- Le patron nous avait prévenus !!

J’attends qu’ils sortent pour prendre le siège et le placer juste devant le lit à la hauteur du visage de Benjamin, je soupire un grand coup avant de me concentrer et commencer les longues heures qui m’attendent à faire le tri dans ses pensées et à lui donner les souvenirs manquants à sa nouvelle vie mais aussi l’éducation qu’un jeune homme de son âge doit avoir pour reprendre une existence normale à sa sortie de l’hôpital.

CHAPITRE 180 (Aix en Provence) (Le lendemain en fin d’après-midi)

« Salle de réveil. »

La première sensation me venant à l’esprit quand enfin je me libère de celui de Benjamin, c’est la soif qui assèche ma bouche.

Je me lève avec les membres raides d’avoir gardé cette position assise pendant si longtemps, pour me diriger directement vers le cabinet de toilette attenant et boire avidement de longs traits directement au robinet du lavabo.

Pour Benjamin je suis resté le plus possible dans son vécu réel qu’il avait gardé encore très bien en mémoire inconsciente de ses années précédant le drame, ne rajoutant à ça que le fait qu’il soit au courant de qui sont ses parents biologiques et je ne suis réellement intervenu qu’après le choc pour mettre en place les nouveaux souvenirs en lieu et place de six des sept années passées dans le centre.

Dans ses nouveaux souvenirs, le choc l’aurait mis dans un coma profond durant une grande partie de ces longues années, six ans exactement et m’évitant ainsi trop d’incohérences en ne reprenant l’idée du centre que pour les besoins d’une rééducation rapide et consistant essentiellement à avoir passer la dernière année dans une école spécialisée spécialement adaptée à sa remise en forme physique ainsi qu’à lui faire rattraper son retard sur ses connaissances du monde actuel et sur sa scolarité.

Pour ça j’ai conservé toutes les images du centre avec les visages des personnes qu’il avait en mémoire, en y rajoutant simplement mais c’est la chose qui m’a pris le plus de temps, les longues heures de cours qui m’ont beaucoup aidés à boucher les trous des souvenirs que j’ai dû effacé avec soin concernant certaines visions des autres résidents qui sinon lui auraient donné de quoi se poser trop de questions sur leurs états mentaux et bien sûr toutes celles concernant les abus qu’il a subis ces deux dernières années sur sa personne.

Le voilà maintenant prêt à reprendre une vie normale, son opération étant justifié par l’élimination d’un dernier caillot qui ne se serait pas résorbé seul et aurait risqué de lui occasionner des nuisances s’il était resté dans l’état.

J’ai un peu transgressé ce qui avait été convenu la veille entre ses parents et moi, mais je ne pense pas qu’ils m’en veuillent et je leur laisse la surprise ainsi qu’à tous ceux que j’aime, de voir sa réaction quand nous nous retrouverons face à face.

Maintenant il est temps de le confier dans les mains du personnel de l’hôpital et de laisser sa vie reprendre son cours, je suis sûr au moins d’avoir trouvé en lui un ami même s’il n’aura jamais la place dans mon cœur qu’a pu avoir Mathis durant toutes ces années de cette vie de rêve que j’aurais tant aimé n’avoir jamais quitté.

Quelle n’est pas ma surprise en ouvrant la porte d’avoir la vision de Maurice endormi sur une chaise, deux hommes à lui que je n’avais encore jamais vu montant la garde en silence pour laisser leur patron se reposer.

J’avoue qu’encore une fois je me laisse prendre à la sensiblerie qui est ma marque de fabrique, une larme s’écoulant lentement de ma joue à la vue de cet homme qui m’a lui aussi tout comme ses homologues d’un autre temps pris en affection et qu’il ne vienne pas me dire que sa présence non-stop n’est due qu’à sa fonction ainsi qu’aux ordres qu’il a reçus.

Son sixième sens doit être très affûté car le fait de simplement l’observer lui fait ouvrir les yeux, son regard n’attend qu’une réponse que je m’empresse de lui donner pour le rassurer.

- Il ne devrait pas tarder à s’éveiller mais j’ai fait en sorte qu’il reste endormi le temps que son cerveau assimile toutes les nouvelles données, j’ai fait pour le mieux et si ça ne lui rend pas ses années perdues, au moins il retrouvera une vie normale.

Maurice va pour me dire quelque chose, mais il se retient au dernier moment en se rappelant que nous ne sommes pas seuls dans le couloir.

- Akihito ne tarit pas d’éloges sur la façon avec laquelle tu as mené cette opération et j’ai dû lui rappeler plusieurs fois sa promesse de ne rien révéler à personne, parce qu’il était prêt crois-moi à faire une conférence de presse tellement il a été impressionné.

- Ce n’était pas une bonne idée de le faire venir tu sais ?

- Hélas elle ne venait pas de moi !! Je suis bien obligé de justifier mes heures passées avec toi à mon supérieur, mon tort a sans doute été de l’avertir avant de savoir tout ce que j’ai appris depuis sur toi et tes mystérieuses pour ne pas dire autre chose, capacités !!

Il se tourne vers ses hommes.

- Vous pouvez disposer !! Je me charge de reconduire Florian chez lui !!

- Bien patron !!

Nous attendons tous les deux qu’ils ne soient plus visibles pour en venir aux questions essentielles.

- Tu lui as dit quoi exactement ?

- Il connaît tout de toi jusqu’à ces dernières quarante-huit heures, je préférerais qu’il ne découvre pas dans l’immédiat ces choses que tu peux mettre dans la tête des gens.

- Tu as peur qu’il craigne que je m’en serve pour de mauvaises intentions ? Je ne ferai jamais une chose pareille, je te le promets !!

- J’en suis convaincu Florian, sinon je n’aurais pas voulu garder ça pour moi !!

- Et pour les abeilles ?? Je ne m’en rappelle pas tu sais ?? Ni de les avoir fait venir ni le reste ensuite et j’ai été le premier étonné de me retrouver couvert de miel en me réveillant !!

- Pas autant que nous crois-moi !! Et pour ce qui est du rapport sur le sujet, Je crois que depuis qu’il l’a lu c’est lui qui doit les avoir ! Hi ! Hi !

- Pour Benjamin, il faut le sortir d’ici rapidement avant que quelqu’un ne finisse par s’apercevoir de quelque chose !!

- (Maurice) On ne devrait pas attendre qu’il se réveille ??

- Il en a jusqu’à après demain matin au moins à roupiller comme un loir, il est guéri tu sais ?? Plus besoin d’y aller aux petits soins avec lui !! D’ailleurs fais-moi penser à lui enlever le plâtre avant qu’il ne revienne à lui de façon à ce que je fasse disparaître les dernières cicatrices avant que ses cheveux repoussent.

Je vois bien le regard de Maurice qui me fixe, subjugué par mes paroles, je comprends aussi l’étrangeté pour lui pour ne pas dire l’incrédulité qu’il ressent devant ce que je suis capable de faire et moi-même n’en revient toujours pas si ce n’est que j’en ai pris l’habitude, faisant presque naturellement ce qui pourtant me semble toujours tenir du miracle.

- Je comprends que pour toi ce n’est pas facile à accepter, dis-toi bien que pour moi c’est un peu pareil !! Bon !! Je dois encore retourner chez les Louvain pour les préparer au réveil de Benjamin, ils ont besoin que je leur mette en place certains souvenirs à eux aussi sinon ça risque de « buger » grave !! Après ça je file au lit et j’hiberne ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 181 (Aix en Provence) (Le lendemain matin)

« Chez les De Bierne, chambre des garçons. »

Quand j’ouvre les yeux, la chambre est vide et je me tourne vers le réveil qui m’indique dix heures vingt-deux, j’hésite à paresser une heure ou deux de plus quand des sons de voix me parviennent depuis le jardin.

- Ce n’est pas ma faute !! J’avais juste oublié de prévenir mes parents !!

- Là !! C’est sûr, on est dans la merde !!

- Surtout Florian !!

J’ai bien reconnu la voix de Chloé parlant avec Antoine, maintenant le ton employé ne me dit rien qui vaille et je me précipite à la fenêtre pour en savoir plus.

- Qu’est-ce qu’il se passe encore ??

- (Chloé) C’est Éric !! Il sait que tu es là !! Il a téléphoné chez moi ce matin pour savoir si c’était toujours ok pour nous demain !! Tu te rappelles qu’on devait passer la journée tous ensemble, seulement c’est ma mère qui a décroché et elle a pensé qu’il était au courant, du coup elle a vendu la mèche !!

- Il a réagi comment ??

- Mal !!

- Ah, je comprends !! Ils sont où les autres ??

- Dans la cuisine je crois !!

- Dites-leur de se préparer, nous allons chez Éric percer l’abcès avant qu’il ne soit trop tard !! Je m’habille et je descends !!

***/***

« Treize heures trente, devant chez les Delierre. »

Nous nous arrêtons devant la porte, je ressens le stress de mes amis et j’avoue que je n’en mène pas large moi non plus, seulement je sais aussi que plus nous tarderons à avoir cette explication et plus elle sera difficile, Éric ayant tout le temps de ruminer le pire en pensant qu’on a voulu se moquer de lui.

- Nous y allons, nous deux Chloé !! Vous autres allez donc nous attendre au bistrot du coin !! J’espère que ça va aller et qu’on vous rejoindra rapidement !!

- (Yuan) Et s’il ne veut rien savoir ?

- J’aurais alors perdu quelqu’un en qui je tiens beaucoup !!

- (Antonin) Tu ne lui as rien fait à lui pourtant ??

- (Chloé) Peut être pas physiquement mais après la conversation que j’ai eue avec sa mère, moralement il en a pris un coup !!

- (Antoine) Tu vas lui dire quoi ??

- Si je lui dis de but en blanc la vérité, jamais il ne voudra me croire et si je lui raconte des histoires, ça risque d’être encore pire quand il s’en rendra compte !! La présence de Chloé devrait le faire réfléchir et ce que j’ai amené aussi, du moins c’est mon vœu le plus cher croyez-moi !!

Antoine montre du doigt la pochette que j’ai amenée avec moi.

- Tu crois qu’avec ça les choses seront plus faciles ?

- Ça plus quelques autres arguments, de toute façon je n’ai pas trop le choix et peut-être que le fait de venir aussi vite le voir ira dans le bon sens !!

- (Yuan) En plus il a appris à t’apprécier la fois où nous l’avons rencontré, ce n’est pas comme s’il te revoyait après sept ans sans nouvelle !!

- Je vais vite être renseigné ! Hi ! Hi !

- (Chloé) Je n’y crois pas !! Ça le fait rire en plus, alors que nous on stresse à sa place !! Tu es vraiment un drôle de loustic quand même !!

- C’est ça qui fait mon charme ma puce, pas vrai les copains ??

Le sourire moqueur et ironique de mes trois loulous, ajouté aux regards appuyés qu’ils ont vers ma braguette me fait comprendre que je ne devrais pas insister et revenir à des choses plus sérieuses, aussi c’est d’un geste de la main simulant l’agacement que je leur fais signe de partir pendant que Chloé prête à éclater de rire devant la tête que je fais, appuie sur la sonnette pour s’annoncer.

C’est à nouveau Monique qui ouvre la porte cette fois encore, reconnaissant Chloé et lui faisant un sourire crispé qui n’est pas pour nous rassurer.

- Chloé ??? Je ne sais pas ce qu’il se passe entre vous, mais depuis ce matin Éric est d’une humeur de chien !! Il n’est même pas descendu à midi pour manger !! J’espère que vous ne vous êtes pas disputés au moins ??

- (Chloé) C’est justement pour ça que nous sommes venus !!

CHAPITRE 182 (Salon de Provence) (Explications)

Au « nous » de Chloé, Monique remarque alors seulement ma présence.

- Excusez-moi jeune homme, je ne vous avais pas vu !!

- Bonjour !! Je pense que c’est à cause de moi si Éric reste enfermé dans sa chambre, Chloé n’y est pour rien.

- (Chloé) Peut être pourrions-nous vous expliquez ailleurs que sur le pas de porte ??

Monique me fixe un long moment avant de réagir aux paroles de Chloé.

- Mais oui bien sûr, entrez donc !! Chloé, tu connais le chemin !!

Nous arrivons donc au salon où José termine son café, il se tourne vers nous surpris apparemment de voir un couple de jeune entrer chez lui et c’est sa femme qui commence les présentations afin de couper court à ce début de silence gêné qui commençait à s’instaurer.

- Tu ne reconnais pas Chloé je présume ?

- (José) Chloé ??? Comment le pourrais-je ?? D’une gamine que nous avons laissée derrière nous il y a sept ans, te voici transformer en une belle jeune fille que beaucoup de garçons doivent courtiser.

- (Chloé) Si seulement c’était vrai ! Hi ! Hi !

- (José) Ton ami ne dira pas le contraire, pas vrai jeune homme ?

- Bah !! Je ne suis pas le meilleur juge qui soit, mais c’est vrai que le châssis vaut largement l’informatique embarquée ! Hi ! Hi !

- (Chloé) Pffttt !!! Pourquoi je n’ai que des copains gays moi ??

La franchise de l’aveu laisse les deux adultes sur le cul, se regardant avec surprise tout d’abord puis un visible amusement qui me rassure quant à leur tolérance sur ce sujet pour beaucoup encore délicat.

- (Monique) Vous me disiez jeune homme que l’humeur exécrable de mon fils depuis ce matin vous était imputable ?

- C’est exact !! Et si vous me le permettez, j’aimerais aller m’en expliquer avec lui !! Chloé en profitera pour répondre à vos questions, si vous êtes d’accord ?

José me regarde depuis le début avec un drôle d’air, essayant très certainement de comprendre ma présence ici avec Chloé et surtout je pense, mon lien si lien il y a avec son fils.

- Sa chambre est au dernier étage, vous ne pouvez pas vous trompez puisque c’est la seule !!

- Merci !! Je vais voir si je peux arranger les choses avec Éric !! Je te laisse tout expliquer ma puce !!

***/***

Monique, José et Chloé attendent qu’il soit sorti du salon pour reprendre la conversation sur ce qui à amener leur visite, c’est Monique qui reprend la parole la première une fois la silhouette du petit rouquin disparu de sa vue.

- Un garçon très mignon et sympathique, tu sais choisir tes amis !!

- (Chloé) Pourtant il y a quelques jours encore c’était le garçon que je détestais le plus et mon père n’avait qu’une idée en tête s’il revenait à Aix, c’était de l’attraper entre quatre yeux pour lui faire sa fête.

- (José) Je me disais aussi que son visage ne m’était pas inconnu !! Il est donc revenu après toutes ces années ?

- (Monique) Mais de quoi tu parles, enfin ??

- (José) C’est le petit fils de Michel et Maryse !!

- (Monique) Non !!! Et il ose venir ici pour voir Éric ?? Il a un sacré culot après ce qu’il a fait !!

- (Chloé) Florian n’est plus le même, essayez de vous calmer le temps que je vous explique !! Vous pensez bien que je ne serais pas venue avec lui si ce n’était pas le cas !!

***/***

J’arrive en haut des marches où un minuscule palier donne sur une porte qui doit être celle de sa chambre, si je suis venu jusqu’ici ce n’est pas pour reculer maintenant et c’est donc sans hésiter que je frappe à sa porte, attendant sa réaction quand il verra qui l’attend derrière.

« Toc ! Toc ! Toc ! »

- J’ai dit que je voulais être seul !!

« Toc ! Toc ! Toc ! »

J’entends un soupir marqué d’exaspération à l’intérieur de la chambre, puis des pas qui s’avancent vers la porte et la déverrouille dans un bruit sec, visiblement agacé qu’on ne respecte pas sa volonté de ne voir personne.

La porte s’ouvre dans la foulée, je capte aussitôt son regard marquant la surprise quand il me reconnaît et j’ai juste le temps de mettre mon pied dans l’encadrement au moment où il s’apprête à la refermer sous mon nez sans une parole.

- Attends, Éric !!

La porte s’ouvre de nouveau, son regard me fusille et ses poings se serrent au point d’en avoir les articulations toutes blanches de l’envie qu’il a de me les mettre dans la figure.

- Vas-y, frappe-moi si ça doit te soulager !! J’avoue que j’aurais préféré un autre accueil que celui-là, mais je comprends très bien que tu m’en veuilles toujours !!

Je me sens happer brutalement par le col, mon dos vient ensuite frapper durement le mur contre lequel il me plaque et son autre poing toujours serrer, se lève menaçant prêt à frapper.

Je ferme les yeux en attendant le coup qui ne va pas manquer d’arriver, quelques secondes passent avant que je puisse respirer plus à l’aise quand il relâche son étreinte et que la porte claque un grand coup, se refermant à double tour en me laissant seul sur le palier.

- Fous le camp de chez moi !! Et ne reviens plus sinon je te casse la gueule pour de bon, c’est bien compris ??

- Non !!

CHAPITRE 183 (Salon de Provence) (Explications) (suite)

La porte se déverrouille une fois de plus et s’ouvre à la volée, je referme les yeux et je reste immobile, toujours plaqué contre le mur en attendant le coup qui ne va pas manquer cette fois ci d’arriver.

***/***

Éric regarde le jeune rouquin attendant visiblement de prendre son poing dans la figure, de le voir si fluet rester sans bouger les yeux clos et le visage grimaçant d’appréhension lui amène le sourire aux lèvres, lui ôtant bizarrement toute la colère qu’il ressentait.

Il voit un de ses yeux s’ouvrir d’un coup, rond d’étonnement et rien que ce simple geste lui donne une telle bille de clown qu’Éric comprend qu’il ne pourra jamais le frapper comme il en avait l’intention pourtant à peine quelques secondes plus tôt.

Éric dévisage maintenant le petit rouquin avec dans la tête un panel de sentiments contradictoires, la colère se mêlant à l’envie de poursuivre une relation amicale commencée sous de bons auspices quelques jours plus tôt.

Maintenant Éric sait bien qu’il n’y a pas que ça, le petit gars qui se tient courageusement devant lui en bravant sa peur de prendre des coups lui a plu dès le premier regard et ce matin encore avant d’avoir cet appel téléphonique qui l’a mis sens dessus dessous, il n’avait qu’une hâte c’est celle de le revoir le lendemain pour passer la journée avec lui et ses amis.

***/***

Je comprends son trouble pour la bonne raison que j’éprouve le même pour lui, c’est toujours aussi déstabilisant pour moi qu’un ami d’enfance me regarde comme s’il me découvrait pour la première fois et plus particulièrement quand c’est un de ceux qui m’était le plus proche, je retiens mon réflexe de venir me serrer contre lui car il ne le comprendrait pas et c’est particulièrement difficile quand en plus ma libido commence à se faire pressante, ne demandant qu’à partager de nouveaux nos moments intimes.

- Je peux tout t’expliquer si tu veux bien m’écouter !!

- M’expliquer quoi ? J’étais là ce jour-là et il n’y a rien à expliquer !!

- Toi tu étais là peut-être, mais pas moi !! Du moins pas celui que je suis maintenant !!

- Tu n’as trouvé que ça à dire ??

- C’est pour ça que je suis venu, crois-tu que Chloé serait avec moi si ce que j’ai à te dire n’était pas si important ? Crois-tu que ce soit facile pour moi de recommencer tout à zéro avec ceux qui étaient mes meilleurs amis et qui ne rêvaient tous que de me défoncer la tête quand je les ai revus pour la première fois ?

- De mieux en mieux !! Tu devrais consulter mon gars !! Il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond chez toi !!

- Si tu me laissais entrer et reprendre tout depuis le début, je pense qu’on serait bien mieux à l’intérieur que debout comme des imbéciles devant la porte de ta chambre. A moins que tu préfères qu’on rejoigne les autres au troquet ?

- Non, entre !! Juste que j’aimerais savoir ce qui m’a retenu de ne pas t’en mettre une ?

- Sans doute la même raison qui m’a fait venir ! Hi ! Hi !

« Dans le salon pendant ce temps-là. »

Chloé termine ses révélations, ou du moins celles qu’elle s’est sentie autoriser à donner et qui sont déjà bien suffisantes au vu de la tête que font José et Monique.

- (Monique) Alors comme ça il ne se souvient plus de rien ?

- (Chloé) Comment pourrait-il s’en souvenir, puisque ce n’était pas vraiment lui à cette époque ?

- (José) Ton histoire excuse-moi de te le dire, me parait bien tordu quand même et je n’arrive pas à comprendre que toi et tes parents vous y soyez laisser convaincre ? Qu’un cerveau sous un choc violent perde la mémoire ou encore retrouve une personnalité légèrement différente passe encore !! Mais que ton Florian vienne d’une autre réalité et qu’en plus il soit capable de faire tout ce que tu prétends, c’est quand même fort de café avoue le ? Comment avez-vous pu y croire même cinq minutes ?

- (Chloé) Devant certaines preuves irréfutables, nous ne pouvions pas faire autrement !!

- (José) Pourrions-nous connaitre ces preuves si elles existent vraiment ?

- (Chloé) Pour celles qui vous concernent, Florian les a avec lui et doit certainement déjà les montrer à Éric à l’heure qu’il est !!

- (Monique) Mais pour toi et tes parents ?

- (Chloé) Heureusement que j’avais prévu le coup ! Hi ! Hi ! C’est pour ça que j’ai mis un short sous mon pantalon !!

Chloé déboutonne son jeans et le baisse sous les regards surpris du couple, elle leur montre ensuite sa cuisse qui normalement devrait être horriblement marquée par l’affreuse cicatrice résultat de plusieurs opérations toutes aussi inutiles les unes que les autres et ne montrant aux parents d’Éric incrédules, qu’une peau saine déjà légèrement halée par le soleil.

- Si ça ce n’est pas une preuve !! Eh bien, je ne sais pas ce qu’il vous faut de plus !!

CHAPITRE 184 (Salon de Provence) (Explications) (fin)

« Dans la chambre d’Éric. »

Nous sommes assis face à face sur deux fauteuils dans le coin télévision de son immense chambre qui en fait n’est que l’aménagement totale d’un ancien grenier et donne à la pièce un volume qui ferait penser à un loft.

- Wouah !!! Ça doit être cool pour les galipettes ! Hi ! Hi ! Tu ne dois pas t’ennuyer !! Wouff !! Tu parles d’une piaule !!

- Pour ça il faudrait déjà qu’il y ait quelqu’un dans ma vie et que les murs soient insonorisés !!

- Je n’y crois pas ?? Un super beau mec comme toi et tu n’as personne ?? Ne me dis pas que t’es encore puceau pendant que tu y es ?

Éric devient subitement rouge vif en baissant les yeux, me faisant comprendre pour je dois bien le reconnaître à ma plus grande joie, qu’il est encore vierge.

- Ah !! D’accord !! Va falloir vite changer ça alors ! Hi ! Hi !

- Au lieu de balancer tes âneries, si tu me disais plutôt ce que tu avais de si important à me dire ? Parce que pour l’instant tu es toujours pour moi le petit salopard qui a estropié ma copine, foutu la vie en l’air de deux de mes potes et quelque part la mienne aussi.

- Si je te dis que ce n’était pas moi, tu me croirais ? Non bien sûr et pourtant c’est bien le cas !!

- A moins qu’il y ait un autre Florian De Bierne rouquin, tu n’arriveras jamais à me faire croire une chose pareille !!

- Il n’y en a pas d’autre hélas !! Je vais tout te raconter, essaie de m’écouter jusqu’au bout et je répondrais à tes questions ensuite.

Éric s’enfonce confortablement dans son fauteuil, ce simple geste qui met en valeur le renflement de son sexe me fait me pincer les lèvres d’envie et c’est donc d’une voix rauque que je recommence mon récit pour la énième fois.

***/***

« Presque une heure plus tard. »

Ça fait bien une minute que j’ai cessé de parler, Éric me fixe toujours sans réaction, la bouche entrouverte comme pendant toute la durée de mes révélations et c’est quand je lui pose ma main sur son genou qu’il semble revenir à la réalité, fixant ses yeux dans les miens, visiblement troublé.

- J’attends tes questions maintenant ??

- Tu devrais écrire des romans avec l’imagination que tu as, tu ferais vite fortune crois-moi !! C’est du moins ce que j’ai pensé jusqu’à ce que tu arrives sur nos relations que nous partagions avec ce fameux Thomas, que je ne connais pas ceci dit en passant.

- Qu’est ce qui t’as fait douter que je te raconte des craques en fin de compte ?

- Plusieurs choses, qui bout à bout me mettent quand même un doute !! Comme par exemple que je sois comme vous et que nous soyons tous amants, c’était assez osé de ta part de me dire ça reconnaît le ?

- C’est l’exacte vérité pourtant !! Mais ce n’est pas ça qui t’a convaincu ?

- Je ne t’ai jamais dit que je l’étais, juste que ça m’a interpellé !! C’est quand tu as parlé de Raphaël et surtout comme tu le décris, je ne pense pas que tu aies pu apprendre que je le kiffe depuis maintenant deux ans et ça tu vois ? Ça me perturbe plus que tout le reste de ton histoire !!

- Tu connais « Raphi » ??

- Pas vraiment, non !! Disons que je collectionne ses photos depuis la première fois que je l’ai vu dans un magazine, j’ai eu un coup de foudre tu comprends ?

- Avec une photo ?? Waouh !! Ça promet le jour où ce sera en réel ! Hi ! Hi !

- Ce n’est pas demain la veille hélas !! Je ne sais absolument rien sur lui ni même où il vit !!

- Moi je le sais !!

Éric me regarde comme si j’étais subitement apparu devant lui, il se lève d’un bond pour aller farfouiller dans un de ses tiroirs de bureau et revient avec une série de revues peoples dans la main, qu’il ouvre aux pages qui l’intéressent pour me les mettre sous le nez.

- On parle bien de ce Raphaël-là ??

- Oh que oui !! Putain !! Toujours aussi bandant et sexy mon « Raphi » !!

- Et tu sais où il est ??

- Bien sûr puisque c’est chez ses parents que nous l’avons connu, d’ailleurs c’est pour aller le retrouver que nous avons prévus cette semaine de vacances !! On t’a même proposé de venir avec nous, rappelle-toi ?

- Tu ne te moques pas de moi ??

- Bien sûr que non et d’ailleurs pour l’instant je t’ai raconté mon histoire sans te montrer les preuves que je t’ai amenée.

Je prends la pochette que j’ai à côté de moi et la lui tend.

- Tiens !! Ça m’étonnerait qu’après ça tu doutes encore de ma sincérité !! Pour les autres choses que je t’ai dites, tu en seras convaincu quand Chloé te montrera sa cuisse et quand tu reverras Benjamin qui doit sortir d’ici peu de l’hôpital, complètement guéri lui aussi.

Éric ne détache pas ses yeux des miens, semblant comme hypnotisé par mon regard et c’est un pur réflexe qui lui fait prendre le dossier que je lui tends toujours, semblant revenir enfin à lui en l’ouvrant avec fébrilité.

Je me lève pour venir derrière lui en posant ma tête sur son épaule, je le sens vibrer à mon contact mais il ne me repousse pas et je souris en comprenant que je suis loin ici aussi de lui être indifférent.

Mes dessins le laissent sans voix, déroulant devant lui nos années d’amitiés avec toute la bande, qui une fois arrivé à notre adolescence s’est agrandi de manière exponentielle.

Il a un hoquet de surprise quand il arrive aux derniers folios où je nous ai tous représenté au camping du Pilat avec bien sûr en premier plan notre Raphaël resplendissant de joie, les bras l’enlaçant avec un sourire possessif et amoureux ne laissant aucun doute sur l’état de leur relation.

Je sens les larmes couler sur sa joue qui viennent mouiller la mienne toujours contre lui, je lui dépose alors un baiser tout en sentiment qui une fois encore le fait devenir tremblant d’émotion.

- Tu vois bien mon « Riquet » que tout ce que je t’ai dit est bien vrai !!

Encore de longues minutes passent quand il arrive à se reprendre, c’est d’une voix presque imperceptible qu’il me demande.

- Tu peux me laisser seul s’il te plait ? J’ai besoin de faire le point dans ma tête !!

- Bien sûr, je comprends !! ….. Mais on va se revoir dis ??

- Je pense que oui !! C’est moi qui viendrais quand je me sentirai prêt, d’accord ??

- D’accord !! Mais si tu veux venir avec nous dans le bassin d’Arcachon, il faudra nous le dire rapidement !! C’est pour réserver les places tu comprends ?

- Entendu !! Mais pour aujourd’hui, j’ai besoin de réfléchir à tout ça !!

CHAPITRE 185 (Aix en Provence) (le lendemain matin)

« Chez les Louvain, dans la cuisine. »

Le couple est attablé à prendre son petit déjeuner en poursuivant une conversation qui a déjà prise une bonne partie de la nuit, depuis qu’une ambulance a ramené chez eux Benjamin la veille au soir et qu’ils l’ont laissé toujours endormi dans la chambre d’ami remise aux goûts du jour dans cette intention.

Philippe accompagné de Maurice, étaient là eux aussi pour leur donner les dernières dispositions officielles pour l’un et les recommandations à prendre en compte dès son réveil pour l’autre.

Le plus perturbant pour Nathalie et son mari n’est pas d’accueillir leur fils chez eux, mais bel et bien ses souvenirs que leur a mis en tête Florian en prenant bien soin qu’ils restent conscients qu’ils ne sont là que pour les aider à ne pas trahir un jour la vérité sur ces sept années qu’a passé Benjamin en enfermement psychiatrique.

Ils ont donc deux histoires différentes en tête, sachant bien laquelle devra y rester précieusement enfouie et c’est justement le sujet de conversation de ce matin.

- (André) Heureusement que Florian a trouvé cette idée qui efface une grande partie de ses années d’absences pour rester ensuite cohérent avec une grande partie de vérité sur ce qu’a connu Benjamin.

- (Nathalie) Ce garçon nous étonnera toujours, il en connaît certainement autant voire même plus que Philippe sur la psychologie humaine et il a réussi l’exploit de simplifier tout au maximum pour qu’ensuite tout reprenne sa place, d’après lui il n’y aura aucunes difficultés pour que notre fils puisse reprendre le lycée en terminale dès la prochaine rentrée.

- (André) Je me demande bien comment il peut faire des choses pareilles !! Philippe pense à une mutation de son esprit qui lui permettrait de rester conscient lors du grand passage, j’avoue que j’ai du mal à adhérer à son concept !!

- (Nathalie) Pour moi c’est pareil, il m’aurait dit que Florian n’était pas humain que je l’aurais cru plus volontiers !!

- (André) Comment ça pas humain ?

- (Nathalie) Venant d’ailleurs !!

- (André) C’est un peu la même chose, reconnais-le ??

- (Nathalie) Peut-être ou pas !! De toute façon c’est suffisamment étrange et ce serait étonnant que la vérité soit celle qu’on pense, il pourrait aussi bien être un sorcier comme les croyances du moyen âge ou même un dieu si on veut pousser encore plus loin dans le mystique ou l’ésotérisme !!

- (André) Toutes les croyances quelles qu’elles soient ont au moins un début de vérité, c’est du moins ce que moi j’en pense et nous pourrions en débattre encore pendant des heures que ça n’avancera pas notre connaissance de ce qu’est exactement ce garçon, tout ce que j’en retiens pour le moment c’est que nous avons eu une chance extraordinaire de le trouver.

- (Nathalie) C’est plutôt lui qui nous a trouvé ! Hi ! Hi !

***/***

« Dans la chambre de Benjamin, à l’étage. »

Léa est assise depuis des heures près du lit où repose ce garçon magnifique qui elle l’a appris tout récemment est son frère de sang, alors qu’elle le considérait déjà comme son frère de cœur depuis toujours.

Elle ne peut qu’admirer ses traits fins au visage rond comme le sien, elle se souvient de ses magnifiques cheveux blonds bouclés de sa jeunesse avant la coupe en brosse du centre, comme de ses yeux bleus délavés qui bientôt vont s’ouvrir avec cette fois l’étincelle de vie du moins l’espère-t-elle qui lui manquait jusqu’alors.

Léa se souvient d’avant l’accident et du nombre de fois que ses amies lui demandaient si Benjamin et Mathis n’étaient pas des frères jumeaux tellement la ressemblance entre les deux garçons était frappante.

Jamais elle ne se serait doutée d’une filiation quelconque avant que Florian n’en parle, ce même Florian qu’elle a détesté pendant si longtemps et pour qui maintenant elle éprouve plus que de l’amitié, en sachant très bien que ça ne lui apportera que des serrements d’estomac, le dit Florian étant gay et ne se cachant pas de le dire.

Son regard ne lâche pas ce frère qui maintenant ne les quittera plus, brillant des larmes qu’elle a versées depuis qu’elle le veille et n’attendant que le premier signe de son réveille pour admirer encore son regard pâle, surveillant la première lueur d’intelligence qui marquera sa guérison définitive.

« Toc ! Toc ! »

Léa se redresse surprise.

- Oui ??

- Je peux entrer ??

- Florian ??

- Non, c’est l’archange Gabriel ! Hi ! Hi !

Le sourire de la jeune fille devient resplendissant de joie.

- Entre !!

La porte s’ouvre et la frimousse de son ami apparaît dans l’encoignure, grêlée des tâches de son cernant son regard d’un vert perçant presque magnétique.

- L’archange Gabriel était blond je te signale ! Hi ! Hi !

Je lève les yeux au ciel.

- C’est plutôt humide là-haut, il était temps que je redescende ! Hi ! Hi ! Bon !! Sérieux !! Je viens terminer le travail sur blanche neige avant de lui faire le baiser qui va le réveiller !!

- Tu viens faire quoi ??

- Comme je viens de te le dire, terminer le boulot !! Tu ne voudrais pas qu’il se réveille avec une cicatrice tout autour du crâne quand même ??

CHAPITRE 186 (Aix en Provence) (le lendemain matin) (suite)

- Tu vas lui faire quoi exactement ?

- Déjà lui enlever le plâtre qu’il a sur la tête, puis lui effacer les marques de l’opération en n’en gardant qu’une toute petite pour que l’intervention bénigne qu’il a en mémoire reste crédible.

- Et ensuite ?

- Et bien j’ôterai le blocage qui le maintenait endormi pour que son cerveau ait eu le temps d’assimiler toutes ces nouvelles connaissances.

- Tu lui as vraiment donné l’enseignement des sept ans qu’il a perdu ? Comment as-tu pu te rappeler de tout ce qu’on apprend à l’école ??

- Tu sais comment on m’appelait dans une des réalités que j’ai vécues ?? Non ?? Einstein !!

- Rien que ça ! Hi ! Hi !

- Hé oui ma belle, rien que ça !! D’ailleurs ce n’est pas Florian que j’aurais dû avoir comme prénom !!

- Je ne te vois pas t’appeler Albert ! Hi ! Hi !

- Meuh non !! Je pensais plutôt à Franck !!

- Franck ?? Pourquoi Franck ??

- Frankenstein ! Hi ! Hi !

Je mime la démarche du monstre en poussant un grand cri et en m'approchant de ma créature qu'est Benjamin étendu sur le lit.

« Warrhhhh !!!!! »

- Qu’est-ce que tu en penses ? Plutôt ressemblant pas vrai ! Hi ! Hi !

Léa est tellement pliée en deux qu’elle ne peut pas prononcer une parole, ses mains tenant son bas ventre pour se retenir d’une énorme envie de pisser qu’elle n’arrive pas à juguler et ce qui devait arriver arriva, la faisant s’enfuir en courant vers la salle de bain en riant toujours autant.

C’était un peu le but recherché pour m’en débarrasser gentiment et pouvoir faire ce que j’ai à faire sur Benjamin sans témoin, le fait de connaître une chose est tout autre quand on le voit faire.

Je ne voulais pas prendre le risque qu’elle en parle même involontairement à une ou plusieurs de ses amies sous le coup de l’émotion qu’une telle vision lui aurait donné.

J’approche rapidement de Benjamin en ouvrant la petite mallette que j’ai prise avec moi, j’en sors le nécessaire pour couper les bandages et le plâtre qui faisaient illusions devant l’équipe d’Akihito, ma salive ayant ressoudé les os de la boite crânienne bien avant qu’il durcisse.

Je nettoie bien le crâne de Benjamin pour lui enlever les croûtes de sang, le lui badigeonnant ensuite d’une pommade de ma composition pour accélérer la repousse de ses cheveux et j’enduis ensuite un doigt de salive pour faire avec le tour de sa cicatrice, je ne laisse que deux petits centimètres dans un endroit invisible derrière l’oreille droite qui seront suffisant pour lui rappeler l’opération.

J’attends ensuite le retour de Léa pour qu’elle soit présente au réveil de son frère, car je pense que c’est vers elle qui l’a toujours aimé que celui-ci doit se porter en premier.

Celle-ci ne tarde d’ailleurs pas à arriver, dès qu’elle me voit elle repart en live et je dois me forcer à garder mon sérieux pour ne pas lui en remettre une couche, ce que d’ailleurs elle aurait besoin rien que pour rester au sec.

Je la regarde s’approcher de son frère, ses yeux fixés sur son crâne et elle retrouve subitement son sérieux en s’apercevant qu’il n’y a plus trace de l’intervention.

- Comment tu as fait ça ??

- Comme pour Chloé, j’ai utilisé mon médicament miracle avec un peu de bave de crapaud dedans ! Hi ! Hi !

Ses doigts caressent la tête de son frère, ses yeux revenant vers moi interrogateurs.

- Pourquoi c’est tout gras ?

- Pour la repousse des cheveux !

- Ah !!!

- Ça n’a plus l’air de t’étonner ??

- Avec toi plus rien ne m’étonnera jamais, surtout après ce que tu viens de faire !!

- Et c’est aussi bien ma grande, crois-moi sur parole !! Moins tu en sauras et moins tu risqueras d’en dire !!

- Tu m’aurais demandé de sortir tout à l’heure ?

Je la regarde en lui faisant un clin d’œil de connivence.

- C’est ce que tu as fait, non ?

- Ah !! Parce que tu…. Ah !! D’accord !!

- C’était mieux comme ça je trouve, surtout plus drôle pas vrai ?? Hi ! Hi ! Bon !! Si on réveillait l’autre loir maintenant ??

- Attends !!! J’appelle mes parents, je suis sûre qu’eux aussi voudront être là !!

- Tu as raison !! Rien de mieux que des retrouvailles en famille, j’aurais tellement aimé connaître ça à ma sortie du coma !!

Léa voit bien que cette pensée me rend triste, elle vient aussitôt me prendre dans ses bras et m’embrasser sur le front.

- Ils ne pouvaient pas savoir !! Je suis certaine que sinon ils auraient été là, il y a bien eu quelqu’un qui s’en est aperçu ?

- Une infirmière, oui !! Mais je t’assure qu’elle m’y aurait bien renvoyé sans regret quand elle a vu que j’en étais sorti !!

- Elle non plus ne pouvait pas savoir !! Celui duquel tu as pris la place n’était pas de ceux qu’on souhaitait revoir avec le sourire, je suis certaine qu’elle a dû vite se rendre compte que tu avais changé !! Non ??

Je rigole en me rappelant la tête de « Nini ».

- Pour ça oui ! Hi ! Hi ! Surtout quand je l’ai appelé madame !!

CHAPITRE 187 (Aix en Provence) (le lendemain matin) (fin)

Léa sourit à son tour en m’embrassant une nouvelle fois.

- Là, tu vois !! Qu’est-ce que je disais !! Je vais chercher mes parents !!

***/***

« Dans la cuisine »

Le petit-déjeuner terminé, Nathalie fait sa petite vaisselle pendant que son mari s’apprête à partir travailler et ce sont des pas rapides descendant l’escalier qui les font se retourner pour voir leur fille déboulée sur eux toute excitée.

- P’pa !! M’man !! Venez vite !! Florian va réveiller Benjamin !!

- (Nathalie) Florian ?? Il est là-haut ??

- (André) On ne l’a pas entendu entrer ?? Ce garçon est quand même bizarre vous ne trouvez pas ??

- (Nathalie) Tu oublies juste que pour lui nous étions très proches et je ne serais pas plus étonnée que ça d’apprendre que c’était dans ses habitudes d’aller voir nos enfants dans leurs chambres comme s’il était chez lui !!

- (André) Mouaih !! Mais bon !! Ici nous ne sommes pas habitués à ce genre d’intrusion comme ça !!

- (Chloé) Je suis sûr que tu vas très vite t’y faire p’pa, parce qu’il est arrivé à l’étage pareil que si quelqu’un lui avait ouvert ! Hi ! Hi ! Bon !! Vous venez ??

***/***

« Dans la chambre. »

Je prends un des sièges et je vais le placer là où il est difficile de voir depuis le lit sans se relever, une fois installé je me concentre sur l’esprit de Benjamin en vérifiant une dernière fois qu’il est prêt à revenir parmi nous sans risque pour lui.

Je renforce ses souvenirs sur les derniers jours où il a appris qu’une dernière petite intervention chirurgicale bénigne lui permettra de sortir de l’institution dans laquelle il a eu son année de rééducation, une petite chose m’interpelle alors au niveau du vrai vécu que je lui ai laissé en mémoire.

Celui d’un homme jeune qui était proche de Benjamin, faisant partie de ceux que Maurice a arrêté pour mettre en examen et je crois bien qu’une grossière erreur a failli arriver sur les motivations ainsi que les actes de cet homme, ne voyant rien d’autre dans la mémoire de Benjamin que le plaisir qu’il éprouvait en sa présence sans y déceler quoi que ce soit qui ait une connotation sexuelle.

Bien au contraire, je peux lire dans ses souvenirs inconscients qu’il ressentait cette présence comme un fort moment de joie d’avoir un ami près de lui pour lui parler et ce même si le sens des paroles ne lui étaient pas compréhensibles, ne gardant que le plaisir d’avoir de la compagnie dans cet endroit où il était laissé continuellement seul à part bien sûr pour les autres raisons délictueuses celles-là.

Je remonte le plus loin possible dans sa mémoire inconsciente pour y chercher plus de renseignements sur ses ressentis en présence de cet homme en particulier, je n’y trouve qu’un plaisir sincère d’être avec lui sans aucune trace de cette libido animale qui lui faisait apprécier autant les contacts plus charnels qui je dois bien l’avouer ne lui ont laissé aucune blessure tant physique que morale.

Je note dans ma tête qu’il me faudra dès la sortie de chez les Louvain prévenir Maurice, pour ne pas que cette erreur d’interprétation de sa part n’amène des complications dans la vie familiale et professionnelle de ce garçon, qui n’a rien fait que d’apporter un peu de chaleur humaine à un patient en manquant particulièrement.

J’entends des pas qui montent l’escalier, j’envoie alors l’ordre aux glandes liées au sommeil de stopper leurs productions en continu et de revenir à la normale, ce qui devrait mettre Benjamin en état de réveil rapide.

La porte s’ouvre, la famille au complet entre dans la chambre et je me lève pour embrasser Nathalie, voyant bien au moment d’en faire de même pour André que celui-ci a envers moi un bref moment de flou dans le regard que je n’arrive pas à comprendre.

- Ça ne va pas ?? On dirait que tu n’es pas content que je sois là ??

André est visiblement surpris que je lui en fasse la remarque alors que lui-même n’en était pas vraiment conscient, il reste un petit moment à m’observer avant de retrouver le sourire.

- C’est juste que je ne te voyais pas si petit et qu’il va me falloir descendre le bouton de sonnette !!

- Oups !! Je comprends, excuse-moi mais je n’ai pas réfléchi et je me croyais encore …. Ailleurs !!

- Bon, d’accord !! Je laisse le bouton où il est, mais viens au moins dire bonjour !! Nous ne sommes pas habitués autant que toi à ce genre de familiarité.

C’est Léa qui nous coupe la parole.

- Je crois que Benjamin se réveille !!

Je retourne vite fait sur ma chaise pour pouvoir intervenir rapidement au cas où quelque chose n’irait pas comme prévu, je fais signe aux autres de se rapprocher de Benjamin et je me concentre sur son réveil, cherchant l’éventuelle faille dans ce que nous avons mis en place et qui pourrait créer un bug dans ces retrouvailles.

***/***

Les paupières de Benjamin s’ouvrent lentement, je sens en lui l’étonnement bien naturel de chercher à comprendre où il est, jusqu’au moment où sa conscience mnémonique lui revient et qu’il reconnaît en souriant les trois personnes penchées sur lui.

- Léa ?? Nathalie ?? André ?? Je suis où ??

Les deux femmes éclatent en sanglots du bonheur immense d’entendre le son de sa voix, alors qu’André retient ses larmes de joie pour répondre d’une voix chevrotante d’émotion à son enfant enfin revenu à la réalité des choses après toutes ces années.

- Tu es chez toi maintenant mon grand !! Plus jamais tu ne retourneras là-bas !! Tu es guéri tu comprends !!

CHAPITRE 188 (Camping de la dune, ce matin-là)

Jean sort de l’appartement, le visage soucieux de l’état de santé de sa femme aux poumons fragiles.

Etat de santé qui semble se détériorer chaque semaine davantage depuis quelques mois, malgré ses efforts tout comme ses sourires pour tenter de le lui cacher.

Il descend l’escalier qui mène directement à l’accueil pour commencer sa journée de travail, le moral loin d’être au beau fixe et prend sur lui malgré tout pour rester avenant face aux campeurs qui ne manqueront pas de venir lui poser les mêmes éternelles questions.

Il est encore tôt, aussi en profite-t-il pour passer quelques minutes dehors, jouissant du calme ambiant en prenant le frais et ressentir le plaisir de respirer l’air iodé apporté par l’océan.

Un bruit lui fait tendre l’oreille et se retourner, surpris d’apercevoir son fils déjà au travail arrivant vers lui à fond les pédales sur son vélo et freinant au dernier moment comme à son habitude, souriant jusqu’aux oreilles en terminant sa course dans un dérapage contrôlé.

- T’es déjà au boulot ??

- Tu sais bien que je préfère en faire un maximum à la fraîche p’pa !! Et puis en plus c’est mieux quand il n’y a personne !!

- Ce n’est pas comme ça que tu risques de te faire des amis fiston !!

- Pour quoi faire ?? De toute façon ils ne font que passer ici !! C’est déjà bon de supporter leurs regards, j’ai toujours l’impression d’être un animal de cirque !!

- Voilà ce que c’est d’être une star ! Hi ! Hi ! Tu devrais plutôt être flatté, ça prouve que tu leurs plais.

- Sauf qu’à moi ils ne me plaisent pas, voilà toute la différence !!

- Allons fiston !! Il y a pourtant de quoi passer quelques bonnes soirées ! Hi ! Hi ! Tu es trop difficile, tout le monde ne peut pas être mannequin vedette dans les magazines en vogue !!

- Tu crois que je ne le sais pas ?? Ce n’est pas ce que je recherche non plus, seulement je voudrais trouver une personne qui voit autre chose en moi que mon physique et surtout avec qui ça pourrait durer plus que quelques semaines, tu vas me dire que ça n’empêche pas de prendre du bon temps en attendant !! Seulement ce n’est pas mon truc, j’ai eu trop l’occasion de voir la vie que mènent ceux qui agissent de la sorte et surtout du manque affectif qu’ils éprouvent ensuite, pour avoir envie de les imiter tu comprends ?

- Je le sais bien fiston, je disais ça juste pour plaisanter !! Maintenant tu viens d’avoir vingt ans et j’aimerais te savoir heureux, la vie est si courte !! Surtout la jeunesse !!

- T’inquiète p’pa !! Je sais bien tout ça, juste que j’attends la bonne personne !! Comment va maman ce matin ?

- Pas très fort, je vais appeler le médecin pour qu’il vienne l’ausculter !! L’état de ta mère m’inquiète tu sais ? J’espère que cette bronchite chronique va finir par passer, les médicaments lui font de moins en moins d’effets !!

- Je termine vite fait et j’irai la voir !! Tu as autre chose à me donner à faire ensuite ??

- Oui, mais tu as le temps !! J’ai les deux mobil homes, le vingt-deux et le vingt-trois qui se libèrent ce midi et un gars les a loués pour deux semaines à partir de la semaine prochaine !!

- Pas de soucis, je m’en occuperai cette aprèm !! Ça promet une ribambelle de mômes pour en prendre deux d’un coup ! Hi ! Hi !

- Des grands mômes alors, d’après ce que j’ai compris ce serait plutôt des jeunes de ton âge !!

- Encore des fils à papa je présume, vu le prix en pleine saison !!

- Je n’en sais trop rien en fait !! Ce qui m’a paru bizarre c’est qu’ils semblaient déjà être venu ici et j’ai vérifié les registres, le nom qu’il m’a donné n’y est inscrit nulle part !!

- C’est comment ?? Peut-être que ça va me parler !!

- De Bierne !!

- Bingo !! Qu’est-ce que je disais !!

- Tu les connais ??

- Pas directement mais c’est le nom d’un grand patron de multinationale !! Attendons-nous à avoir une bande de jeunes prétentieux comme tu les adores ! Hi ! Hi !

- Manquait plus que ça !! Bon de toute façon c’est trop tard, la location est déjà payée !!

- Je peux aussi me tromper sur leurs comptes !! Bon !! J’y vais, à plus p’pa !!

Raphaël repart aussi vite qu’il était arrivé, ronchonnant tout seul sur ceux qui n’ont pas besoin comme lui d’avoir à travailler pour se payer leurs études et préfèrent passer l’été à se la couler douce sur la plage aux frais de leurs parents.

C’est sûr se dit-il, que ce n’est pas encore avec ce genre de personnes qu’il va se faire des amis et ils n’ont plutôt pas intérêts à montrer trop d’attentions sur lui, s’ils ne veulent pas se faire envoyer paître comme il se doit.

CHAPITRE 189 (Salon de Provence) (Éric)

- Arrhhh !!!

Le corps d’Éric se cabre sur son lit sous l’effet dévastateur de l’éjaculation qui vient couronner ses manipulations matinales.

La main part sans hésiter prendre les mouchoirs en papier qu’elle sait y trouver sur la table de chevet, il essuie pour la deuxième fois depuis qu’il est réveillé le fruit de sa jouissance et s’étonne de garder l’érection qui décidément ne veut pas s’avouer vaincu, la tête encore remplie de l’image alanguie d’un petit rouquin qui depuis la veille au soir reste dans ses pensées.

C’est bien la première fois depuis deux ans qu’il se donne du plaisir avec en tête quelqu’un d’autre que son Raphaël, il en est d’ailleurs le premier étonné.

Force est pour lui de constater que sa libido se partage maintenant avec celui qui malgré qu’il ait appris qui il est, devient de plus en plus présent dans ses pensées les moins sages et il garde encore en mémoire le contact de sa joue contre la sienne, lui donnant un frisson de plaisir qui lui fait reprendre son sexe en main prêt à remettre le couvert.

Malheureusement un bruit de pas montant l’escalier l’en empêche, le faisant se lever d’un bond pour ouvrir la fenêtre et mettre la preuve flagrante de son excitation sous le couvert de sa robe de chambre qu’il noue juste à temps avant qu’un coup bref annonce l’entrée d’un de ses parents.

« Toc ! »

- Oui ? Tu peux entrer !

- Tu t’es encore fait mal mon garçon ! Hi ! Hi ! Tu vas finir par inquiéter ta mère si ça continue !!

- Papa !! S’il te plait !!

- Quoi papa ?? Je sais ce que c’est tu sais ?? J’ai eu ton âge, juste qu’entre tes cris et le lit qui grince, ce n’est pas la discrétion qui t’inspire ! Hi ! Hi ! Un conseil mon fils, trouve-toi quelqu’un avant que ça ne devienne une habitude, sinon tu risques d’avoir des problèmes avec ça et ne plus pouvoir éprouver du plaisir autrement !!

- C’est pour me faire la morale là-dessus que tu es monté ??

- Pas vraiment, non !! C’est juste pour te dire qu’il y a le petit rouquin que tu détestes tant qui te demande au téléphone !! Du moins je pense, il voulait parler à un certain « Riquet » ! Hi ! Hi !

- Florian !!! Et c’est seulement maintenant que tu me le dis ??

- Je te signale que ça fait deux fois que je t’appelle, si tu avais été moins…occupé !! Tu m’aurais entendu !!

José éclate de rire quand il voit son fils partir comme une fusée pour dévaler l’escalier quatre à quatre.

- J’aurais peut-être dû dire, que tu détestais ! Hi ! Hi ! Il est quand même incroyable ce gamin !! Il arrive chez nous après tout le bordel qu’il a semé et c’est reparti comme si de rien n’était !!

Bien sûr il n’attend pas de réponse, étant même certain qu’il n’a pas été entendu et c’est toujours en riant qu’il redescend à son tour, surpris malgré tout du changement radical de son fils mais surtout de sa voix au téléphone qui lui fait se poser la question pour la première fois de savoir où vont ses préférences sexuelles.

***/***

« Au téléphone. »

- Allô !! Florian ??

- ….

- J’allais le faire !!

- ….

- Ah !! Il te faut la réponse tout de suite ?? Je dois d’abord demander à mes parents s’ils sont d’accord !!

- ….

- Je le sais bien, mais quand même !!

- ….

- Comment ça tout est payé ??

- ….

- Deux mobil homes ?? Mais combien on va être ??

- ….

- Je n’y avais pas pensé figure toi !!

- ….

- Elles auront de la place, c’est sûr ! Hi ! Hi !

- ….

- Oh !!! Tu m’as l’air bien sûr de toi sur ce coup-là ??

- ….

Éric est devenu rouge vif depuis quelques secondes, la dernière question de Florian le rend subitement cramoisi et c’est d’une voix presque inaudible qu’il se surprend lui-même d’y répondre, réponse qui va bouleverser sa vie il s’en rend compte aussitôt qu’il l’a lui donne.

- Si, bien sûr !!

- ….

- Moi aussi !! Je te dis quoi dès que j’en ai parlé aux parents !!

- ….

- Oui !! Moi aussi, à plus !!

Éric raccroche, troublé des paroles sans équivoque dites avec un naturel qui le rend perplexe et qui semblait aller de soi pour Florian, si ce n’est la joie évidente qu’il a ressenti alors qu’il lui donnait sa réponse.

Il s’aperçoit alors de la présence de son père, avale sa salive avec difficulté avant de prendre sa décision.

- Papa ? Il faut qu’on parle !!

José a suivi toute la discussion, du moins la partie venant de son fils et il pourrait très certainement d’après ses questions et ses réponses reconstituer l’autre fraction de la conversation sans trop d’effort, fortement marqué par la deuxième partie où il a bien compris qu’il a eu la réponse aux doutes qu’il venait d’avoir quelques minutes plus tôt.

- Il sait ce qu’il veut ton Florian, ça ne fait aucun doute !!

- C’est certain p’pa !! Rends-toi compte qu’il a déjà loué pour le camping !!

- Allons mon garçon !! Tu sais très bien que ce n’est pas de ça que je parlais, en plus il ne s’est pas caché pour nous le dire et je pense que tu m’as très bien compris cette fois !!

- Je n’ai fait qu’écouter tes conseils p’pa !!

- Mais de quoi tu parles ?? Quels conseils ??

- Celui de me trouver quelqu’un rapidement pardi !!

José reste un instant figé sous l’aveu implicite que vient de lui faire son fils.

- Wouff !! Si un jour tu retrouves un ami que tu aimais bien, ne l’invite surtout pas à la maison s’il te plait !!

- Pourquoi donc ??

- Parce qu’à ta façon de retourner les situations, ça se terminerait très certainement en bain de sang ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 190 (Orléans) (Un peu avant midi ce jour-là)

« Chez les Lemont »

« Ding ! Dong ! »

Ludovic court ouvrir la porte d’entrée et saute dans les bras du jeune homme en uniforme, sac à dos en bandoulière et qui l’attrape à la volée en souriant.

- Tu m’as beaucoup manqué tu sais ??

- (Ludovic) Toi aussi !! Pourquoi tu ne venais plus ??

- (Arnault) J’ai été très occupé et il fallait que je passe aussi du temps avec ma famille, mais je ne t’ai pas oublié puisque me voilà !!

Ludovic l’embrasse sur la joue d’un gros « smac » bien sonore pour ensuite remettre les pieds au sol et prendre Arnault par la main pour le conduire jusqu’à la cuisine où sa mère prépare la table pour le repas du midi.

- (Ludovic) M’man !! C’est « Nono » qui est là !!

Henriette se retourne en s’essuyant les mains sur son tablier, elle sourit admirative du beau jeune homme en uniforme de pilote qui se tient derrière son fils.

- Comme voilà un beau garçon qui nous arrive là !! J’aurais vingt ans de moins, je crois bien que je serais tombé sous le charme !!

- (Arnault) Et vous seriez tombé de haut ensuite ! Hi ! Hi !

- (Henriette) Comment ça ??

- (Arnault) Flavien ne vous a rien dit ??

- Tu sais bien comment est mon fils, il ne dit jamais rien quand ça concerne ses amis !! Vous ne vous êtes pas disputé au moins ? Tu viens nous voir plus régulièrement d’habitude !

- Non !! Enfin pas avec Flavien et pas vraiment disputé, mais c’est compliqué.

- Un rapport avec Alexie alors ? Lui non plus n’est plus pareil depuis quelques temps, il est resté un long moment sans donner de nouvelles et je crois qu’il y a eu une sorte d’explication entre lui Marc et Flavien, mais ne me demande pas pourquoi !!

- C’est sans doute à cause de moi !!

- Tu n’es pas obligé de m’en parler tu sais !! Je comprends bien qu’il y ait des choses qui ne regardent que ceux qui sont concernés.

Arnault sourit à cette femme qu’il a apprécié dès la première fois où il lui a été présenté par Flavien, elle lui a ouvert grand ses bras ainsi que la porte de sa maison pour qu’il s’y sente à l’aise.

Il décide alors de tout lui dire, du coup de foudre qu’il a éprouvé pour son neveu jusqu’à la façon débile qu’il a trouvé pour tenter de l’oublier afin de ne pas le perdre en tant qu’ami.

- Je ne savais pas qu’il avait lui aussi les mêmes sentiments pour moi !!

Henriette prend le temps de s’asseoir pour digérer tout ce qu’elle vient d’apprendre et qui était à des années lumières de ce à quoi elle s’attendait.

- Tu as dû le trouver changer depuis qu’il a retrouvé une apparence moins rébarbative ?

- Bien sûr que oui !! Mais je l’aimais déjà avant, c’est quand il m’a fait ce scandale devant les autres et qu’il est parti en claquant la porte que je l’ai enfin compris !! Je faisais tout ça inconsciemment pour ne plus penser à lui, vous comprenez ??

- C’est une bien étrange façon de procéder admets le ??

- C’était débile, oui !! J’ai arrêté tout ça depuis !!

- C’est pour cette raison que tu es venu en uniforme alors ! Hi ! Hi ! Pour qu’Alexie te pardonne en te voyant aussi beau !!

Arnault sourit car c’est exactement la vérité, sachant très bien comment les visages se tournent vers lui quand il se promène dans la rue en tenue.

- J'essaie de mettre tous les atouts de mon côté.

- Ce n’est pas la peine tu sais ? « Alex » il t’aime toujours !! C’est juste qu’il a peur de t’en parler depuis votre dispute !!

Arnault et Henriette se retournent surpris vers le petit Ludovic, qui mine de rien a suivi toute la conversation en se faisant le plus discret possible.

- (Henriette) Comment tu comprends ces choses-là toi ?? Tu es bien trop jeune !!

- (Arnault) C’est lui qui te l’a dit ??

- Pffttt !!! Bien sûr que non !! Seulement comme avec vous à l’instant, ils ne se rappellent pas toujours que je suis là quand ils discutent entre « grands » ! Hi ! Hi ! J’ai bien entendu « Alex » qui disait ça à « Flav », même que « Flav » l’a traité de gros PD qui ne savait pas ce qu’il voulait et qu’il aurait mieux fait de rester à s’expliquer avec toi plutôt que de partir en courant comme une gonzesse qu’on aurait fait cocu !!

Henriette atterré.

- « Ludo » !! Veux-tu bien tenir un autre langage s’il te plait !!

- (Ludovic) Tu diras ça à « Flav » m’man !! Ce sont ses paroles à lui, pas les miennes !!

- (Henriette) Heureusement que tu es trop jeune pour les comprendre !!

Ludovic a un sourire narquois en se tournant vers Arnault pour lui faire un clin d’œil moqueur, celui-ci en comprend aussitôt le sens et s’étonne du changement qui s’opère visiblement sur le petit bonhomme, semblant beaucoup plus avancé que certain ou plutôt certaine pourrait le penser.

CHAPITRE 191 (Orléans) (Un peu avant midi ce jour-là) (fin)

« Un quart d’heure plus tard. »

Flavien est presque arrivé près de chez lui quand son téléphone sonne, il regarde qui est l’appelant et sourit en vérifiant l’heure à sa montre en même temps qu’il prend la communication.

- On arrive dans cinq minutes, il n’est pas encore midi ! Hi ! Hi !

- ….

Le grand blond marque un temps d’arrêt qui surprend Marc qui a failli lui rentrer dedans et qui regarde son ami, visiblement agréablement surpris de ce qu’il apprend.

- (Flavien) Ah !! Quand même !! Il s’est décidé à revenir !!

- ….

- Non, il n’est pas avec nous !!

- ….

- C’est un peu tard pour midi, en plus je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée qu’ils se revoient chez nous !!

- ….

- Ecoute m’man !! On en parlera pendant le repas, tu as besoin de quelque chose pendant que je suis dans le coin ?

- ….

- D’accord, on passe prendre le pain !! Bisous !!

Flavien raccroche avec le visage souriant jusqu’aux oreilles, heureux d’annoncer la bonne nouvelle à son copain.

- Arnault est à la maison, d’après ma mère il se serait mis sur son trente-et-un pour parler à « Alex » !! C’est bizarre la façon qu’elle a eue pour me dire ça, comme si elle était au courant du problème ?

- « Nono » a dû la mettre au courant !!

- S’il a fait ça, je dis respect !! Il a des couilles, pépère !!

- C’est surtout parce qu’il tient vraiment à « Alex », il lui fallait le temps d’en convenir.

- Surtout depuis qu’il est guéri de son acné pas vrai ?

- Tu sais bien que c’est faux !! J’y ai beaucoup réfléchi depuis l’autre jour, je suis convaincu que s’il fait son coming-out c’est pour arrêter toutes ses conneries et avoir une discussion sérieuse avec « Alex ».

- Hummm !!! Au moins il aura fait sa vie avant de se caser, ce n’est pas plus mal !!

- Tu dis ça parce que t’es pareil avec les gonzesses ! Hi ! Hi !

- Sauf que ce sont elles qui me draguent, le jour où je tomberai sur la bonne crois-moi qu’il n’y aura plus qu’elle qui comptera.

- Pourtant je ne vois vraiment pas ce qu’elles te trouvent ! Hi ! Hi ! Un grand machin plein de muscles qui pèse une tonne !!

- Sérieux « Marco », tu ne serais pas un peu jaloux par hasard !!

- Qui ça ? Moi ?? Avec toutes les meufs qui me courent après ???

- Attends !! Tu devrais déjà te décomplexer un peu et je suis certain que tu les ramasserais à la pelle, tu fais juste une fixation sur ta maigreur mais je t’assure que tu as tort.

- Si tu le dis !!!

- C’est que je le pense, tu es un mec super cool !! C’est vrai qu’avec quelques kilos en plus ce serait bien, mais je t’assure que tu plais déjà beaucoup comme tu es !!

- Heureux de l’apprendre tu vois, parce que ce n’est pas l’impression que j’en ai !!

Flavien s’arrête pour prendre son copain par les épaules et le fixer franchement dans les yeux.

- Je suis ton ami « Marco », je te dis ce que je pense comme un ami doit le faire !! Pourquoi je te raconterais des salades, tu veux bien me le dire ?? Le problème est dans ta tête, tu es un beau mec !! Là !! C’est dit !! Rentre-toi ça une bonne fois pour toute dans ton crâne de squelette ! Hi ! Hi !

Flavien voit bien les yeux qui commencent à briller d’émotions suite à ses paroles.

- Oh !! Tu ne vas pas te mettre à pleurer non plus ??

Il s’aperçoit qu’il aurait mieux fait de se taire car Marc éclate en sanglots, Flavien le serre fraternellement contre lui en prenant soin de le protéger des regards curieux qui pourraient se demander ce qu’il lui arrive.

- Mais qu’est-ce que tu as à te mettre dans des états pareils ? Je ne t’ai rien dit de mal je pense !!

- Ce n’est rien Flavien, juste un petit moment de blues !!

- Tu en es sûr ??

- Oui t’inquiète !!

Marc relève la tête et sourit à son ami.

- Là !! Tu vois, ça va déjà mieux !!

- Tu m’as fait peur, allez on rentre sinon les parents vont se demander quoi !!

- N’oublie pas le pain.

- Oups !! Allez, on y go !!

Marc suit son copain, encore troublé par la conversation qu’il vient d’avoir avec lui, comment pourrait-il lui dire ? Comment pourrait-il lui avouer qu’il l’aime beaucoup plus qu’un ami ? Qu’il l’aime pour sa gentillesse de tous les jours, qu’il l’aime pour ses traits virils, ses magnifiques cheveux blonds, ses magnifiques yeux bleus, sa peau que le soleil dore de si belle façon, qu’il l’aime pour tout ce qu’il est.

Malheureusement il est conscient que cet amour ne sera jamais qu’à sens unique, qu’au mieux il n’aura de ce garçon que cette amitié indéfectible qui, il le sait bien, Flavien éprouve sincèrement pour lui et Marc s’en est fait une raison au point qu’il est lui-même le premier surpris de sa réaction face à ses paroles se voulant réconfortantes, en se rendant compte combien elles l’ont fait souffrir en rouvrant cette plaie dans son cœur.

CHAPITRE 192 (Orléans) (Milieu d’après-midi)

« Petit bistrot en centre-ville. »

Alexie en est à son deuxième café à attendre son cousin qui lui a donné rendez-vous ici, ce qui lui a semblé bizarre car ce n’est pas dans ses habitudes de fréquenter ce genre d’endroit.

Maintenant sans doute a-t-il des projets pour terminer l’après-midi et a-t-il oublié de lui en parler au téléphone, Alexie regarde sa montre en soupirant de constater que c’est lui en fait qui est en avance.

Il regarde autour de lui pour passer le temps, les clients du bar sont assez hétéroclites, que ce soit en âge, sexe, ou aspect physique, pour que ça l’occupe en se disant qu’il en faut pour tous les goûts et que ce n’est pas parmi eux qu’il trouvera quelqu’un d’intéressant, à condition bien sûr qu’il cherche et ce même si plusieurs jeunes de son âge, garçons ou filles, guignent régulièrement vers lui avec plus ou moins de discrétions.

Alexie doit quand même reconnaître qu’il aime bien ces regards prouvant l’attirance que son physique déclenche presque systématiquement à son passage, ça lui change de ceux qui se détournaient de lui avant cette fameuse pommade miracle.

Quelques interjections admiratives de la part de plusieurs clients lui font dresser l’oreille et prêter un peu plus d’attention autour de lui, pensant au départ qu’elles s’adressent à lui.

***/***

- Wouah !! Pince-moi je dois rêver !!

- S’il me dit oui, je ne dis pas non !!

- Comment il est gaulé le mec !!!

- Malheur !! Je tombe amoureuse !!

- Tu as vu ? Il m’a souri !!

- Dans tes rêves ma poule !!

- Je te dis que si !!

- Mais non allons !! Tu vois bien qu’il regarde ailleurs !!

***/***

Alexie comprend vite que ce n’est pas de lui qu’elles parlent, aussi pris par la curiosité il se retourne vers la rue d’où les regards semblaient être dirigés.

Il arrive sans doute trop tard car il n’y voit rien qui aurait pu amener cette conversation suffisamment explicite pour qu’il en tende le cou de curiosité, afin d’essayer de repérer le gars qui les a émoustillées autant.

***/***

- Pardon monsieur ? La place est libre ?

***/***

Alexie sursaute, surpris par cette voix qui s’adresse manifestement à lui et sa tête fait le demi-tour nécessaire pour se retrouver en face de son interlocuteur, se retrouvant devant un jeune gars souriant, en uniforme et qui le fixe d’un regard de braise.

Sur le coup il ne reconnaît pas son ami tellement il est subjugué par le physique magnifiquement mis en valeur par la coupe ajustée au millimètre des vêtements qu’il porte avec prestance, ce n’est que quand à son tour ses yeux se rivent dans les siens qu’il reconnaît Arnault et qu’il se redresse d’un bond en manquant presque de renverser la table.

- Arnault !!!

Les deux garçons font fi des personnes autour d’eux qui les observent avec curiosité voire également avec déception, quand ils se jettent dans les bras l’un de l’autre avec une telle passion, qu’aucune parole n’est nécessaire pour comprendre qu’ils se sont pardonnés.

***/***

« Quelques mètres plus loin dans la rue. »

Flavien et Marc assistent aux retrouvailles des deux amoureux, leurs sourires montrent bien la joie qu’ils éprouvent à les voir s’enlacer.

- (Marc) Opération rabibochage réussie on dirait bien !!

- (Flavien) C’est clair !! Laissons-les maintenant, ils ont certainement beaucoup de choses à se dire en privé !! Un beau petit couple tu ne trouves pas ?

- Ils cachaient bien leurs jeux ces deux-là !!

- Comme quoi tout peut arriver, même la chose la moins prévisible qui soit !!

- Je connais des parents qui vont être surpris, ça serait étonnant qu’ils veuillent cacher leur liaison maintenant !!

- Les miens sont déjà au courant, j’ai même trouvé qu’ils prenaient ça plutôt bien !!

- C’est cool !! Même « Ludo » a souhaité bonne chance à « Nono ».

- En précisant quand même que lui il préfère les filles !! Je ne suis pas prêt d’oublier la tête qu’a fait mon père en l’entendant dire ça ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 193 (Aix en Provence) (Préparatifs)

« Dans le salon des De Bierne ce matin-là. »

- Tu dois vraiment déjà repartir ?

- Toutes les bonnes choses ont une fin, hélas le travail m’appelle !! Mais je reviendrai avant la fin de l’été, je dois encore superviser l’installation de mon fils dans l’appartement et aussi son entrée en école de commerce, le dossier ne sera pas long à ficeler.

Michel sourit à son ami Ming, il aurait bien voulu le garder encore un peu parmi eux mais comprend très bien qu’un homme aussi important ait des obligations.

- Antoine aussi va rester en France pour poursuivre ses études et maintenant que son père est guéri, il n’y a plus rien qui le retient aux states.

- Il y a surtout beaucoup de choses qui le retiennent ici maintenant.

- Tu as raison, la vie est pleine de surprises parfois !! Il suffit de les voir tous ensemble pour comprendre qu’il leurs sera désormais impossible d’être séparés bien longtemps.

- Tu crois que je devrais faire insonorisé l’appartement ! Hi ! Hi !

- Pas si tu as l’intention de l’agrandir.

- Comment ça ??

- Eh bien oui, quoi !! Avec les gémissements et les cris qu’ils poussent quand ils sont ensemble, les voisins vont vite vouloir trouver la paix ailleurs ! Hi ! Hi !

- Bonne idée !! On va attendre un peu alors, il y aura sûrement un moyen de négocier le prix !! De toute façon la pierre reste un bon investissement, alors si en plus j’achète en dessous de la valeur du marché c’est encore mieux !!

- Hellènes va se retrouver bien seule, elle pensait prendre Antoine chez elle mais apparemment ce n’est pas son intention de vivre chez sa tante !!

- Je pensais qu’Antonin vivrait avec eux ?

- En sachant Florian à Reims !! Hum !! Peut-être, oui !! Mais je n’y crois pas trop quand même !!

- Il vous a dit ce qu’il voulait faire ?

- Pierre voudrait le prendre avec lui dans la société, je pense qu’il aimerait qu’il prenne sa place un jour et comme Florian veut être médecin ….

- Pierre a toujours fait les bons choix, je suis certain qu’Antonin aura toutes les qualités requises et qu’avec un bon tuteur il sera très bien à ce poste, vous lui en avez déjà touché un mot ?

- Mon fils attend qu’ils rentrent tous à Paris pour lui en parler, je suis quasiment certain qu’il sera intéressé !! Le hic, c’est Florian et le fait d’en être éloigné. Comme tu as dû t’en apercevoir, il le suit partout et semble perdu dès qu’il se retrouve trop longtemps loin de lui.

- Mets-toi à sa place aussi, après tout ce qu’il a vécu je comprends très bien qu’il se raccroche à l’amitié de ton petit fils. Maintenant avec le temps je pense que ça va s’arranger, il faut juste qu’il comprenne que ce n’est pas l’éloignement qui les séparera et tout ira beaucoup mieux ensuite, tu verras.

- Pour l’instant ils n’en sont pas encore là, j’ai réussi à louer pour deux semaines au camping où Florian voulait aller et ils vont pouvoir apprendre ou réapprendre à se connaître.

- C’est bien je trouve tout ce que fait Florian pour rattraper les erreurs du passé, il faudrait juste qu’il reste un peu plus discret sur ses possibilités !! L’histoire avec Benjamin risque d’amener beaucoup de questions si personne n’y prend garde, tout comme pour la jambe de Chloé et toutes ses autres choses que j’ai apprises dernièrement, il faudrait lui demander de prendre un peu de recul pour l’instant.

- Pour Chloé, elle fait attention de toujours utiliser sa canne en public !! Elle s’en passera petit à petit dans l’année qui vient pour que l’idée d’une opération réussie soit crédible. Benjamin ? Aucun risque puisque personne ne s’en rappelle et qu’il n’a hélas plus sa famille. Pour les autres, il faudrait déjà faire le rapprochement d’avec « Flo » et Maurice s’est chargé des dossiers qu’il a fait mettre en sécurité, pour la suite j’espère juste comme toi que Florian saura se montrer plus discret que jusqu’à maintenant.

- Je prie pour que tu aies raison et que ton dieu t’entende, je dois hélas interrompre cette conversation pour descendre mes affaires car l’avion ne va pas m’attendre !! Où sont les garçons, que j’aille leurs dire au revoir ?

- Ils ne devraient plus tarder, Florian voulait s’assurer que tout allait bien pour Benjamin et donner le planning de rendez-vous pour le départ prévu dimanche matin, si toutefois André veut bien laisser partir son fils aussi tôt après l’avoir retrouvé.

- Je vois que notre petit rouquin retrouve une partie de la petite bande de ses souvenirs, j’en suis très heureux pour lui.

- Tu sais mon petit Ming ?? J’ai l’impression depuis quelques semaines que c’est nous qui sommes dans une autre réalité et non pas Florian qui se sent ici comme un poisson dans l’eau depuis qu’il est revenu !!

- J’avoue que ce gamin chamboule toutes les idées reçues et le pire dans tout ça c’est que tu as raison quand tu dis que ce n’est pas lui qui change, mais la vie tout comme les gens autour de lui qui s’adapte à sa façon d’être en trouvant ça naturel.

Michel hoche la tête en accord avec les paroles de son ami.

- Et ce n’est que le début !!

- Tu as raison et j’ai l’impression qu’il ne faudra pas longtemps avant que le nom des De Bierne n’arrive aux oreilles des médias.

***/***

« Chez les Louvain ce matin-là, avant l’arrivée des garçons. »

André a pris deux jours de congés, pour faire un week-end prolongé afin de pouvoir rester avec son fils pour ses premiers jours à la maison.

Il a appelé son patron la veille quand il a compris qu’il n’avait ni l’envie ni le courage de le quitter alors qu’il venait juste de reprendre conscience à la vie réelle, son patron comprenant très bien la chose et ayant lui-même proposé à ce qu’il reste ces quelques jours en famille, à profiter du bonheur qu’il lui a bien ressenti dans la voix.

Ils se retrouvent donc tous les quatre ce matin-là pour prendre un petit déjeuner dans une ambiance joyeuse qui les fait rire pour un oui pour un non, tellement ils se sentent enfin une vraie famille et malgré qu’ils n’oublient pas celui qui n’est plus là, pour en avoir beaucoup parler la veille d’une manière plus reposer qui marque qu’enfin ils en ont fait le deuil.

Ce sont des rires venant de l’extérieur, qui leurs font lever le nez de leur bol et c’est d’en reconnaître un en particulier dans le lot qui fait se redresser d’un bond Benjamin, lui faisant pousser un cri de joie qui laisse le reste de la famille à se regarder avec étonnement, voire même avec un réel ahurissement.

- Florian !! Yeahhhh !!

CHAPITRE 194 (Aix en Provence) (Préparatifs)

« Salon de Provence, chez les Delierre ce matin-là. »

Éric met son sac à dos dans le couloir après avoir vérifié qu’il ne lui manque rien, pour ensuite rejoindre ses parents pour le petit déjeuner, ceux-ci sont en pleine discussion sur le changement subit de leur fils qui depuis son explication avec Florian est d’une telle bonne humeur qu’il en devient parfois même agaçant.

***/***

- (José) Tu lui as assez reproché d’être taciturne et de ne pas vouloir aller s’amuser !! Tu ne vas pas le sermonner maintenant parce qu’il s’éloigne de nous pendant deux semaines !!

- (Monique) Tu as raison je le sais bien, mais il est énervant à ricaner tout le temps pour rien !! Tu peux bien me dire ce qu’il lui a pris soudainement ?

- Il s’est fait des amis tout simplement !!

- C’est un peu rapide tout ça !!

- (José) Tu n’as donc pas encore compris que ton fils est amoureux ?? Tu sais pourtant comment ça peut rendre idiot parfois !!

- Tu parles pour toi là ! Hi ! Hi ! Mes parents m’ont posé la question à l’époque, de savoir si je ne sortais pas avec un garçon qui n’avait pas toute sa tête !! Maintenant je dois bien reconnaître que Chloé est une très belle jeune fille et intelligente avec ça, ce qui ne gâche rien !!

- Qui te parle de Chloé ??

- (Monique) De qui d’autre veux-tu que je parle, allons !! Il n’y a qu’elle comme fille dans le groupe, Florian et ses amis sont homosexuels, c’est ce qu’il nous a dit il me semble ?

- Oui et ton fils aussi !!

- Où as-tu été cherché ça encore ??

- De la bouche même d’Éric et pas plus tard qu’hier après le coup de téléphone de Florian !!

- (Monique) Florian ?? Éric aime Florian ??

***/***

C’est à ce moment-là qu’Éric justement entre dans la cuisine, il entend la dernière phrase de sa mère et croit bon de préciser, afin qu’il n’y ait pas plus tard d’ambiguïté entre eux.

- C’est plus compliqué que ça, en fait je ressens beaucoup de choses pour Florian mais j’en aime un autre !!

- (José) J’avais pourtant cru comprendre que ….

- Comme je viens de le dire p’pa !! C’est plus compliqué et c’est vrai qu’il y a quelque chose entre moi et Florian, ou du moins qu’il pourrait y avoir quelque chose !!

- (José) Mais tu en aimes un autre ?? On le connaît ta mère et moi ??

- Je ne pense pas non parce que même moi je ne le connais pas, enfin pas vraiment !!

- (José) Houlà !!! Ça devient difficile à suivre ton histoire !!

Éric raconte alors à ses parents comment il est tombé amoureux d’un garçon en le voyant juste en photo, ses recherches pour acheter les revues où il pose et il termine par ce que lui a avoué Florian, que dans ses souvenirs lui et ce garçon étaient follement amoureux, il termine ses aveux en allant prendre dans son sac le dessin de Florian qui les représente tous et le met sous le nez de ses parents, visiblement toujours complètement dépassés par cette histoire de vie parallèle, même si Chloé leur en avait déjà parlé.

- (José) Et c’est cette image qui t’a convaincu que ce garçon existe là où vous vous rendez ??

Éric montre alors un magazine où Raphaël apparaît en page centrale.

- Avouez qu’il y a de quoi se poser des questions quand même, pas vrai ?? Si Florian l’a connu comme il prétend m’avoir connu, ce qui ne fait aucun doute pour moi après tout ce qu’il m’a révélé sur cette autre vie qu’il aurait vécu. La pochette de dessins qu’il m’a laissée ne peut pas être une invention, il y a trop de choses qu’il n’aurait pu savoir sur moi autrement qu’en les ayant vécues.

Monique à son mari.

- Comment expliquer la guérison de Chloé et celle de Benjamin autrement qu’en acceptant toute son histoire ?? Ce garçon réalise des choses qui ne sont pas possible à l’époque où nous vivons, j’ai eu Nathalie hier au téléphone et elle m’a expliqué pour Benjamin car elle savait que j’étais au courant pour Chloé. Florian a non seulement opéré Benjamin, mais il lui a aussi remis des souvenirs pour qu’il s’éveille comme s’il ne lui était rien arrivé ou presque et il paraîtrait même, toujours suivant Nathalie !! Qu’il lui aurait redonné le niveau d’étude d’un garçon de son âge !!

- (José) Qu’est donc réellement ce gamin pour pouvoir réaliser de telles choses ??

- (Monique) Je n’en sais rien, tout ce que je sais c’est que nous l’acceptons sans trop nous poser de questions !! Ce qui n’est déjà pas banal en soi !!

- (Éric) Continuez quand même à vous en poser !! Pendant ce temps-là vous ne pensez pas à autre chose et ça me va bien ! Hi ! Hi ! Bon !! Je vais finir par rater mon bus, je vous appelle dès que je suis chez Chloé !! Nous partons demain matin de bonne heure, en restant coucher chez elle nous pourrons partir tous ensemble.

CHAPITRE 195 (Aix en Provence) (Préparatifs)

« Devant chez les Louvain. »

Nous entendons tous les quatre le cri de joie de Benjamin, très vite suivi par l’ouverture de la porte d’entrée et son arrivée rapide sur nous pour me prendre dans ses bras, me soulever de terre et me claquer quatre bises bien sonores sur les joues avant de me relâcher avec les yeux brillants de plaisir, regardant ensuite pour la première fois mes trois copains qui n’en reviennent pas de sa réaction.

- Tu me présentes à tes amis « Flo » ??

Ce que je fais volontiers en me disant que j’ai peut-être trop poussé les souvenirs de moi que je lui ai mis en mémoire et j’en profite également pour me remettre de l’émotion forte qu’a occasionné son accueil, sa ressemblance avec mon Thomas m’ayant laissé un instant dans un immense désarroi affectif.

Antonin me prend la main pour me retenir un peu en arrière des autres, alors que nous nous apprêtions à entrer dans la maison.

- J’ai mon cœur qui a fait un bond en le voyant !! Il ressemble tellement à Thomas que j’ai pensé un instant que c’était lui !!

- Et moi donc !! Pourtant je le connaissais et je n’aurais pas dû m’y laisser prendre, mais là j’ai été comme toi !!

- Tu m’avais dit pour Mathis, mais je n’imaginais pas que Benjamin soit sa copie quasi conforme !! J’espère juste qu’il ne va pas lui aussi tomber raide dingue de toi !!

- J’aurais pu faire en sorte qu’il ne le soit pas mais ça aurait été lui enlevé son libre arbitre et je ne voulais pas le faire tu comprends ? Il aimera qui il aimera et c’est très bien comme ça !! Maintenant je ferais en sorte de ne pas m’y laisser prendre moi aussi et bien lui faire comprendre que pour moi il n’est et ne restera qu’un ami.

- Tu crois qu’avec Damien ça va coller quand ils se verront ?

- Comme je viens de te le dire, il a son libre arbitre !! Alors nous verrons bien, en plus il va falloir déjà que je retrouve Damien ainsi que ses frères et rien ne dit que ma chance continuera comme pour le moment de retrouver ceux que j’aime, maintenant rien ne dit le contraire non plus !!

Yuan ressort de la maison en nous interpellant.

- Oh !! Les gars !! Vous venez ou quoi ??

Je fais un clin d’œil à Antonin avant de répondre.

- Nous voilà !! C’est « Tonin » qui voulait juste savoir pour Benjamin !!

- (Yuan) Savoir quoi ?

- S’il ferait partie lui aussi de notre… petit groupe.

- (Yuan) Et t’as dit quoi ??

- Que pour moi ce n’était qu’un ami mais que lui comme vous étiez libres, tu en penses quoi toi ?

- (Yuan) J’avoue que c’est un peu tôt pour répondre à ça, nous verrons bien comment les choses se présenteront et ça ne sert à rien de présumer de l’avenir.

- Sage décision ! Hi ! Hi ! Allez !! Entrons, ils doivent se demander quoi à nous attendre !!

***/***

« Chez les Jourdan, milieu de matinée. »

Marc passe la tondeuse sur sa pelouse quand il voit arriver un beau jeune homme brun avec son sac à dos en bandoulière et reconnaît immédiatement Éric grâce aux dessins de Florian qu’il a toujours en mémoire.

Il arrête sa tondeuse pour venir à sa rencontre, l’accueillant au pas de sa porte avec un grand sourire de contentement.

- Revoilà enfin l’enfant prodige !! J’avoue que Chloé ne nous avait pas menti et que te voilà devenu un beau jeune homme !!

- Merci c’est gentil !! Je tiens avant tout à m’excuser de ne pas avoir donné de nouvelles plus tôt !! Ce n’était pas contre vous mais je voulais alors oublier tout ce qui se rapportait à cette journée, je sais bien que c’était une erreur d’en oublier ses amis et je suis impardonnable, je m’en rends compte à présent.

- Bah !! Je te comprends, nous avions nous aussi nos torts !! Mais oublions tout ça tu veux bien ? Je vois que les choses évoluent et j’aime beaucoup le sens qu’elles prennent à présent, sois le bienvenu chez nous mon garçon !! Tu trouveras Chloé avec sa mère dans la cuisine, tu te rappelles où c’est ??

- Bien sûr ! Hi ! Hi ! Je squattais suffisamment chez vous à l’époque pour m’en souvenir !!

- Vas-y alors !! On se reverra tout à l’heure !!

Marc regarde en soupirant Éric s’éloigner pour entrer dans la maison, heureux de revoir ce garçon qui étant petit, était un peu considéré comme un fils tellement il passait du temps chez eux.

Chloé a beaucoup souffert de ne plus avoir de nouvelles d’Éric au sortir de l’hôpital et elle a également beaucoup pleuré du manque de son ami, s’enfonçant tout comme lui progressivement dans une sorte de dépression affective qui l’éloignait des autres enfants de son âge.

Les voir maintenant redevenus amis et resplendissants dans toute la beauté de leur jeunesse lui fait du bien, il s’en rend bien compte, comme il se rend compte que leur maison revit d’une gaieté disparue depuis sept longues années et ce depuis qu’un petit rouquin aux cheveux hirsutes est revenu en bouleversant tout autour de lui, faisant oublié en gommant d’un trait celui maléfique qui hantait leurs souvenirs.

Marc éclate tout seul de rire, de repenser à Florian lui remet en mémoire la vision de l’hurluberlu l’avant-veille, faisant une démonstration à sa femme et à sa fille, de comment retourner les crêpes en les faisant sauter en l’air.

La vision de sa bouille grêlée aux yeux ronds de grenouille ahurie, quand il s’est penché sur la poêle vide et quand la fameuse crêpe s’est décollée de la hotte pour venir atterrir directement sur sa tête, restera gravée à jamais dans ses souvenirs.

CHAPITRE 196 (Aix en Provence) (Préparatifs)

« Le lendemain matin tôt, chez les De Bierne. »

Je me réveille avec une sensation agréable, celle d’avoir une main caressante qui s’active dans mon boxer sans que ce soit la mienne.

La palpation toute en douceur tantôt sur mes boules tantôt le long de ma hampe tendue ou encore grattouillant légèrement dans ma touffe de poils pubiens, me donne un long frisson de bien-être qui révèle instantanément mon état d’éveil à Antonin qui aussitôt approche son visage du mien pour m’embrasser dans le cou.

Je me laisse faire en me tendant de tous mes membres jusqu’aux doigts de pieds, tellement cette douceur affectueuse m’amène comme sensations.

- Bonjour toi !! Bien dormi ??

- Hum, oui !! Non !! N’arrête pas, c’est trop bon !!

Antonin frôle la veine de mon cou avec ses lèvres, puis la mordille doucement tout en continuant ses palpations aériennes sur mon sexe.

- Tu aimes ??

- Arrh !!

- Je dois prendre ça pour un oui ??

Il me donne un coup de langue sur la veine jusqu’à la peau fine derrière mon lobe d’oreille, sa paume venant couronner mon gland humide pour le frotter doucement.

- Et ça ??

- Arrhhh !!

C’en est trop pour moi, je sens mon corps fourmiller soudainement d’un orgasme que je ne peux retenir et qui me tend comme un arc toujours sous la caresse lancinante de cette paume me frottant le gland et qui reçoit ma semence en se refermant plus virilement dessus pour le frotter cette fois avec force, ce qui accentue encore plus le plaisir de la jouissance qui me tétanise.

J’ai comme des papillons dans les yeux, jusqu’à ce que le tourbillon de mes sens se calme et que le visage d’ange d’Antonin vienne au-dessus de moi avec un sourire coquin, visiblement heureux du résultat de ses manipulations matinales.

- Et bien dit donc !! C’était pas du chiqué !!

Je relève la tête pour l’embrasser, ma main lui prend la nuque pour que nos lèvres se soudent encore plus et je repose ma tête sur l’oreiller pour être encore plus confortablement installé, l’entraînant avec moi dans un baiser langoureux qui lui en fait fermer les yeux de plaisir.

Ma main part à son tour explorer sa chute de rein cambrée par sa position et mes doigts prennent possession de son corps, lui rendant ses caresses en devenant de plus en plus entreprenant.

Ma main passe sous l’élastique du petit slip blanc qui lui moule les fesses, bientôt suivit par sa sœur jumelle qui elle aussi ne demande qu’à se repaître de la douceur de ce petit cul bombé qui s’offre à elle.

Antonin détache ses lèvres des miennes pour se cambrer encore plus afin de leurs laisser tout loisir de pousser plus loin mes caresses, il commence à haleter sous mes attouchements de plus en plus ciblés et s’approchant insidieusement de sa rosette que le bout de mes doigts sent déjà qui palpite d’envie que je l’explore.

***/***

Quand enfin son regard se reporte dans le mien après que j’en ai terminé à lui rendre la pareille, je lui souris en lui donnant un bref baiser.

- Toi non plus ce n’était pas du chiqué !!

Je jette un coup d’œil dans la chambre, visiblement nos deux compères ni sont déjà plus et après un dernier petit bisou sur les lèvres d’Antonin, je me redresse sur les coudes.

- Il faudrait peut-être y aller !! Les autres sont déjà levés !!

- Ça fait déjà un moment qu’ils sont debout tu sais ? Trop énervés pour rester au lit qu’ils m’ont dit ! Hi ! Hi ! J’avoue que ça m’a bien arrangé sur le coup !! Je t’avais pour moi tout seul comme ça !!

CHAPITRE 197 (Aix en Provence) (Préparatifs)

« Une heure plus tard, chez les De Bierne. »

C’est tout requinqué d’une bonne douche et de vêtements tout propres, que nous rejoignons les autres encore installés à la cuisine devant les miettes de leur petit déjeuner terminé.

Un sourire amusé apparaît sur le visage d’Antoine à nous voir arriver comme deux enfants sages, se doutant bien que si nous arrivons si tardivement ce n’est certainement pas parce qu’Antonin s’est rendormi.

L’odeur du café m’ôte toute envie de le vanner, préférant m’asseoir à table me remplir une bolée que je bois gloutonnement dans la foulée.

Une tartine de confiture m’arrive sous la main comme par miracle, je tourne la tête vers Antonin qui me sourit en s’en préparant une autre pour lui cette fois et je mords dans la mienne avec l’appétit qui suit toujours mes ébats sexuels, ce n’est qu’une fois l’estomac bien rempli que je m’intéresse enfin aux personnes qui m’entourent.

C’est mon grand-père qui s’en aperçoit le premier et m’en fait la réflexion en s’étant bien amusé de me voir aussi vorace.

- Comment tu fais pour rester aussi maigre avec ce que tu avales ??

- Le sport ça creuse papi !!

- Le sport ?? Quel sport ??

- Demande à « Tonin » ! Hi ! Hi !

Bien sûr mon blondinet pique un bol comme il en a le chic et fait bien comprendre à tous à quel sport je fais allusion, mon grand-père toussote pour reprendre un peu du sérieux qu’il commençait à perdre.

- Hum !! Hum !! Je préfère en rester là dans les explications !! Chloé et Éric ne devraient plus tarder à arriver, Léa et Benjamin aussi !! Vous êtes sûrs que vous ne voulez pas que quelqu’un vous accompagne jusqu’au camping ?

- Je connais le chemin tu sais et puis nous n’avons plus dix ans quand même !! On a même fait nos sacs tout seul et de toute façon j’ai pris mon doudou avec moi au cas où j’aurais des cauchemars la nuit ! Hi ! Hi !

Yuan faisant l’étonné, regarde Antonin en souriant.

- C’est ton nouveau surnom ??

***/***

« Au même moment, dans l’allée des De Bierne. »

L’éclat de rire qui vient de la maison font se regarder Chloé et Éric qui arrivent à l’instant avec leurs bagages sur le dos, les faisant se retourner l’un vers l’autre avec les yeux brillants d’amusement.

- Et bien !! On ne s’ennuie pas ici !! Faut pas demander qui est encore en train de faire le clown ! Hi ! Hi !

Les rires plus adultes de Michel et Maryse résonnent à leurs tours.

- (Éric) Ça fait du bien de les entendre tu ne trouves pas ?

- Oh que oui !! Ce n’est pas toi qui allais leur remonter le moral avant ces dernières semaines !!

- (Éric) C’est un reproche ??

- Non bien sûr !! Je disais ça surtout pour moi, je ne te reproche rien !! Tu avais tes raisons !!

- (Éric) Oui mais toi tu as continué à venir les voir !!

Éric se tourne vers la maison d’en face, qui était la leur avant qu’ils ne supportent plus d’y vivre et qu’ils prennent la décision de partir pour tenter d’oublier cette sinistre journée.

- J’aimais bien ce lotissement tu sais ? Quand nous l’avons quitté, j’y ai laissé tous mes amis et ça a été très dur à vivre. Ça me fait tout drôle de me retrouver là aujourd’hui !!

Chloé lui prend la main, sentant bien toute la tristesse que son ami ressent.

- Je comprends !! Moi aussi j’éprouvais un malaise quand je venais ici avant le retour de « Flo », mais c’est fini maintenant et je suis heureuse que tout ait fini par s’arranger.

- Tu oublies Mathis !!

- Bien sûr que non, allons !! Mais on ne peut pas revenir en arrière pour ce qu’il a fait, Il restera dans nos pensées !! Seulement nous devons aller de l’avant et Florian, enfin ce Florian, n’y est pour rien et s’il y a un coupable pour ce qu’il lui est arrivé, nous le sommes tous !! Que ce soit sa famille ou ses amis, de ne pas avoir vu qu’il allait si mal.

- Comment aurions-nous pu nous douter un seul moment qu’il allait mettre fin à ses jours comme ça ??

- Justement !! C’était le boulot des autorités de nous avertir, ils auraient dû mettre en place une cellule psychologique et ils ne l’ont pas fait, ou trop tardivement !! C’est ce que j’ai entendu que disait Philippe à mes parents quand ils ont abordé le sujet.

- (Éric) Je ne pense pas qu’il soit bon pour nous de trop revenir sur cette période, Mathis était mon meilleur ami avec Benjamin et toi, sa mort a été une grande perte pour moi, je n’ai jamais voulu m’attacher à quelqu’un d’autre pendant ces sept années de peur que ça ne recommence encore une fois de devoir perdre à nouveau quelqu’un que j’aime et je souhaiterai vraiment tourner la page rien que pour vivre, tu comprends ? Depuis que tu es réapparue dans ma vie avec Florian et ses copains, j’ai commencé à retrouver un sens à ce que je suis et je m’intéresse de nouveau aux autres, tu ne sais pas ce que c’est de s’isoler des gens comme je le faisais !!

- Ah !! Tu crois ça ? Détrompe-toi alors parce que pour moi aussi c’était pareil, mais tu as raison !! Nous avons la chance de pouvoir reprendre une vie normale, n’allons pas la gâcher à cause d’un passé qui nous a trop longtemps poursuivi.

Une nouvelle série de rires venant de la maison leur arrive, les faisant une nouvelle fois sourire en entendant par-dessus les autres rires celui d’un petit rouquin qui vient de changer leur vie de façon définitive.

CHAPITRE 198 (Aix en Provence) (Préparatifs) (fin)

« Quelques temps plus tard. »

L’arrivée de Chloé et d’Éric tout comme celle de Léa avec Benjamin, fut l’occasion encore cette fois de longues discussions sur le comment ils sont devenus mais aussi sur la joie sincère de revoir les deux garçons aussi magnifiques et surtout pour Benjamin, en bonne santé.

A un moment de cette cacophonie de retrouvailles, je remarque qu’Antonin semble hypnotisé par Benjamin au point de le fixer si intensément que je me sens obligé de le rappeler à l’ordre d’un léger coup de coude dans les côtes.

- (Antonin) Quoi ??

- Arrête de le dévisager comme ça tu veux bien ? Non seulement tu le mettrais mal à l’aise s’il s’en rendait compte, mais en plus ça ne se fait pas !! Qu’est-ce qui te prend donc ??

- (Antonin) Je ne saurais pas qu’il n’est pas Thomas, je te jure que je m’y laisserai prendre !!

J’avoue que si j’évite moi aussi de trop dévisager Benjamin, c’est un peu pour la même raison et que la ressemblance maintenant que l’intelligence anime ses traits devient tellement bluffant que je m’y suis déjà fait prendre la veille en allant chez eux.

C’est sans doute aussi parce que mon Thomas me manque, j’aimerai tellement qu’il soit là avec nous à préparer notre départ imminent, que mes yeux se mouillent et que je détourne la tête pour que personne ne s’en rende compte.

- (Antonin) Ça va être compliqué de vivre au quotidien avec lui, parce que je ne peux pas le regarder sans penser à Thomas !!

- Il le faudra bien pourtant !! On ne va pas le rejeter simplement parce qu’il ressemble à quelqu’un, quand même !! Il faudra juste le regarder comme un ami et rien de plus, avec l’habitude ça devrait le faire !!

- (Antonin) Si tu le dis !! Moi en tout cas pour l’instant je n’ai qu’une envie, c’est de le prendre dans mes bras pour un câlin comme nous en faisions tous les trois dans ma tête quand je rêvais de vous deux !!

- Attends que ses cheveux repoussent et là tu n’auras pas fini d’avoir envie de le serrer dans tes bras ! Hi ! Hi !

Mon rire capte l’attention de Chloé qui se tourne vers moi en m’envoyant un grand sourire.

- On peut savoir ce qui t’amuse autant ?

- Euh !! Je ne préfère pas et en plus ça n’intéresse pas les filles !!

- (Chloé) Depuis quand les garçons n’intéressent plus les filles ? Tu peux me le dire ? Tu crois que je n’ai pas suivi vos regards depuis tout à l’heure ??

- Chut !! S’il te plait, pas si fort !!

Chloé à voix plus basse.

- Antonin devrait se faire plus discret si vous ne voulez pas qu’on connaisse votre centre d’intérêt pour le beau blond.

- Tu n’y es pas du tout ma grande, enfin pas vraiment mais un peu quand même !!

Antonin lui fait un signe pour qu’elle comprenne bien le sens de mes paroles et termine juste par un prénom.

- Thomas !!

- Ah !! Je vois !!

Elle repense aux dessins qu’elle a eus l’occasion de bien regarder et où on voyait les deux cousins Mathis et Thomas côte à côte, avec la ressemblance frappante qu’il y avait entre eux.

Maintenant pense-t-elle, Mathis n’est plus et Thomas s’il existe est certainement loin voire très loin d’eux, alors que Benjamin qui n’apparaît bizarrement pas dans les souvenirs de Florian est lui bien présent et resplendissant de cette beauté qui l’avait tant troublée en regardant ces scènes du passé de son ami.

Un doute lui vient alors, et si…. Mais non !! Chloé secoue la tête en souriant de la bêtise qui lui est venue subitement à l’esprit, sans doute amenée par la tête que font ses deux amis en observant du coin de l’œil Benjamin.

C’est Maryse qui rappelle tout le monde à l’ordre en pointant l’horloge du doigt.

- Ce n’est pas pour vous jeter dehors les enfants, mais l’heure tourne et le bus lui ne vous attendra pas, n’oubliez pas de prévenir les taxis un peu en avance pour qu’ils vous attendent à la gare d’arrivée !!

- (Michel) Vous avez tout ce qu’il vous faut ?? Florian ??

- Je pense que oui !!

- (Michel) Tu as suffisamment d’argent ?

- Pour quoi faire ?? Tout a été payé, non ??

- (Antoine) T’inquiète mon oncle, nous avons ce qu’il faut ! Hi ! Hi ! Tu ne devrais plus t’étonner du loustic qui a toujours les poches vides !!

- C’est juste pour pas les déformer ! Hi ! Hi !

Chloé regarde sa montre, elle tape ensuite sur l’épaule de Léa pour lui mettre le cadran sous les yeux.

- On va finir par devoir faire du stop si ça continue !! Allez !! Oust !! Le bus part dans à peine une heure, on a juste le temps d’aller jusqu’à la station !!

CHAPITRE 199 (Camping du Pilat) (Dimanche début d’après-midi) (Une arrivée pas vraiment discrète)

« Arrêt du bus, La Teste De Buch. »

Yuan range son portable dans sa poche, complètement dépité.

- Rien à faire les gars !! Ça ne répond toujours pas !!

- (Antoine) On fait quoi maintenant ??

- (Yuan) Deux solutions, la marche ou le stop, puisque l’agence de taxi ne répond pas !!

- (Benjamin) C’est loin le camping ?

- A pied ? Je dirais une bonne heure !!

- (Chloé) Le stop ne me dit trop rien !! Un peu de marche ne va pas nous tuer !!

Éric enfile son sac à dos bientôt imité par tous, plus ou moins content de cette heure de marche qui s’annonce et nous voilà bientôt parti d’un bon pas, heureux malgré tout de ces petites vacances qui commencent.

***/***

« Une bonne heure plus tard, camping de la dune. »

Jean vient juste de rouvrir l’accueil pour les locations de mobil homes qui se louent à la semaine du dimanche seize heures au dimanche midi, quand il entend un brouhaha de voix visiblement amusées et qu’il sort pour voir ce qui peut bien occasionner autant d’intérêt de la part des quelques estivants se trouvant devant l'entrée du camping.

Un petit attroupement commence à se former, quand une espèce de chant d’abord ténu lui parvient à l’oreille et qui devient de plus en plus audible au fur et à mesure qu’il se rapproche, tout comme les rires des curieux qui eux aussi prennent de l’ampleur.

***/***

« Chant »

- Dans la troupe, y a pas de jambe de bois !! Y a que des nouilles, mais ça ne se voit pas !!…. J’ai !! J’ai !! J’ai quelque chose de pointu qui me rentre dans le cul, qui m’empêche de marcher !!

***/***

Une voix plus juvénile que les autres intervient alors.

- C’est pas moi grand !! Promis !! J’chui trop p’tit !!

Jean ricane déjà tout seul rien que par le ton de cette réflexion et ce sans en avoir vu l’auteur, ce qui n’est visiblement pas le cas des estivants qui se bidonnent de plus en plus.

Le chant beaucoup plus proche maintenant, reprend sur un autre thème.

***/***

« Chant »

- Six kilomètres à pieds, ça use ça use !! Six kilomètres à pieds, ça use les souliers !!

***/***

La même voix reconnaissable entre mille réplique une nouvelle fois.

- Je ne risque plus rien sur ce coup-là, c’est tellement usé que je marche déjà sur les chevilles ! Hi ! Hi !

En entendant tous ces rires, l’attroupement se fait de plus en plus nombreux jusqu’à ce que Jean se décide enfin à aller voir par lui-même, tellement sa curiosité est mise à rude épreuve.

Le chant reprend alors pendant que Jean s’avance et voit enfin ce qu’il en est, une petite troupe de jeunes en file indienne et sac à dos en bandoulière, qui s’avancent au pas comme des scouts et qui s’apprête à arriver devant la barrière fermée du camping.

***/***

« Chant »

- Sept kilomètres à pieds, ça use ça use !! Sept kilo…

***/***

Le grand jeune homme brun visiblement asiatique qui est en tête, lève alors le bras arrivé à moins d’un mètre de l’obstacle que représente la barrière en interrompant brusquement le chant.

- Stop !!!!

- Aïeee !!!!

Les rires prennent alors une ampleur peu commune, plusieurs femmes se tiennent le bas-ventre pour se retenir très certainement d’uriner, quand une tête grêlée aux cheveux roux en épis sort difficilement d’entre deux grands gars bien battis et regarde tout le monde autour de lui avec les yeux ronds lui donnant un air si comique que personne n’y résiste.

- Eh le bridé devant !! L’ABS ça existe !!! Non mais !! J’ai un tatouage à la place du sac à dos maintenant… Pffttt !!! C’est malin !!

CHAPITRE 200 (Camping du Pilat) (Dimanche début d’après-midi) (Vous avez dit prétentieux ??)

Chloé et Léa ont les yeux rougis d’avoir trop pleuré de rire tout au long du chemin, le temps avec les pitreries de Florian a passé si vite qu’elles se regardent visiblement étonnées d’être déjà arrivé au camping.

Jean observe la petite troupe d’un regard bienveillant, les estivants commencent à se disperser non sans jeter de fréquents coups d’œil à ces jeunes gens souriants qui viennent d’arriver de façon si comique qu’ils ont certainement marqué leur esprit pour un moment.

Il s’approche du garçon qui était en tête de file, ne pouvant qu’apprécier à sa juste valeur son physique sportif et son visage aux yeux en amande d’un noir profond qui de suite appelle la sympathie.

- Vous devez être le chef de cette petite troupe je présume ? Monsieur De Bierne ?

- (Yuan) Pas du tout ! Le « monsieur » que vous cherchez c’est le petit rouquin là-bas !! Hé !! Florian !! On te demande !!

- Qui ça ?? Moi ??

- Monsieur De Bierne, c’est bien toi pas vrai ??

Jean voit arriver vers lui le même crapaud qui venait juste de le faire rire.

- C’est vous monsieur De Bierne ?

- (Antoine) On est mort les gars !! Regardez comment il se la pète déjà de se faire appeler monsieur ! Hi ! Hi !

Je me retourne pour tirer la langue à mon cousin, je reviens ensuite vers Jean qui est tel que dans mes souvenirs et je me retiens in extrémis de l’appeler par son prénom pour lui répondre.

- Moi c’est Florian monsieur, le monsieur De Bierne auquel vous faites allusion c’est mon grand-père qui s’est occupé des locations.

- Ah !! Très bien !! Si vous voulez bien me suivre pour remplir les documents administratifs d’usage et prendre vos clés ?

***/***

« Une demi-heure plus tard, bureau d’accueil. »

Jean sourit en voyant sortir le dernier de cette petite bande de copains, il repense aux paroles de son fils à leurs sujets et ricane tout seul de la surprise qu’il aura très certainement en les voyant tous, avec l’espoir que pour une fois il dérogera à ses habitudes de ne pas vouloir se lier d’amitié avec les touristes.

- Prétentieux, tu disais !!!! Tu as tout faux mon garçon ! Hi ! Hi ! Tu te rendras vite compte que ceux-là sont loin d’y être le moins du monde ! Hi ! Hi !

Maintenant s’il reconnaît qu’ils ne sont pas prétentieux pour un rond, il doit bien admettre aussi qu’ils ne feraient tous autant qu’ils sont pas pâle figure sur les mêmes magazines où son Raphaël pose régulièrement.

C’est d’ailleurs la première remarque qu’il s’est faite en les voyant entrer dans le bureau, tous que ce soit les garçons comme les filles et qu’ils soient grands ou petits, ont un charme fou qui ne doit laisser personne indifférent, s’y étant pour preuve laissé prendre lui-même.

***/***

« Dans le camping. »

C’est avec un petit pincement au cœur de nostalgie que je parcours les allées de ce camping, les souvenirs m’assaillent alors de tous ces moments de purs bonheurs que j’ai vécu ici avec tous mes amis, qui étaient dans ma mémoire bien plus nombreux qu’à l’heure actuelle.

Je ne peux empêcher mes pas de nous mener jusqu’au vaste terrain où nous avions planté nos tentes militaires, le retrouvant occupé par plusieurs familles y ayant planté leurs toiles et mes émotions encore une fois prennent le dessus, mes larmes s’échappant de mes yeux pour venir jusqu’à mes lèvres avec leur goût salé.

Chloé s’approche de moi pour me prendre par la taille, les autres se regroupant autour de nous, visiblement troublés de me voir me mettre dans cet état.

- Te revoilà plongé dans tes souvenirs ?

- J’ai passé ici quelques-unes des plus belles semaines de ma vie.

- (Chloé) Tu en connaîtras encore beaucoup d’autres, je te le promets.

Antonin s’approche pour me prendre la main et la serrer doucement.

- Tu pourrais nous montrer ? Que nous nous en fassions une idée !!

Je me tourne vers eux tous qui me fixent intensément, troublé d’y lire dans leurs yeux la palette de sentiments qu’ils éprouvent envers moi.

- Ça vous dirait ??

Nul besoin de réponses de leurs parts pour comprendre qu’ils n’attendent que ça, même s’ils ne comprennent pas pour certains comment je vais bien pouvoir m’y prendre pour le leur montrer.

Mon esprit entre alors dans le leur, y délivrant quelques bribes de mes souvenirs si chers à mon cœur et je leurs montre notre installation ainsi que quelques passages où ils apparaissent chacun leurs tours, sauf bien entendu pour Antonin que nous ne connaissions pas encore et bien sûr aussi Benjamin qui découvre alors son « frère » amoureux avec son cousin à mes côtés, riant les yeux brillants de bonheur.

Benjamin reste figé, son regard noyé dans ce que son esprit lui montre et une phrase s’échappe alors de ses lèvres qui va m’amener le trouble et stopper net ma petite rediffusion en live.

- C’est ce soir-là que tu as eu ton cadeau d’anniversaire… pas vrai ??

CHAPITRE 201 (Camping du Pilat) (Dimanche début d’après-midi) (L’installation)

- Comment tu peux savoir ça ??

Benjamin troublé.

- Je ne sais pas, ça m’est venu comme dans un flash !! C’était bien ce jour-là alors ??

- En effet, c’est exact !!

- (Yuan) Comment tu as fait ça Florian ?? Je me voyais comme si j’y étais ??

- (Antonin) C’est un des « dons » qu’a Florian, il peut transmettre des images d’un esprit à l’autre !!

- (Antoine) Les deux jumeaux, c’était Mathis et Benj… heu !! Je voulais dire Thomas ??

- (Éric) C’est fou comme Benjamin leur ressemble !! J’ai failli faire la même erreur qu’Antoine !!

- (Léa) C’est peut-être parce que Benjamin est mon frère !!

Elle me regarde, surprise devant la tête que font les autres qui pour la plupart ignoraient ce « détail ».

- C’était à vous d’en parler !! Je ne me serais jamais permis de le faire sans votre autorisation !!

- (Benjamin) Et bien comme ça s’est fait et c’est aussi bien !! Pour les questions, nous y répondrons avec Léa ailleurs qu’ici ! Hi ! Hi ! Reconnaissez que le lieu n’est pas vraiment approprié, il y a déjà suffisamment de gens qui nous regarde d’un drôle d’air depuis tout à l’heure !!

- (Yuan) C’est vrai que d’être resté figé depuis si longtemps a de quoi leur faire se poser des questions !! On ne va quand même pas leur dire qu’on était en pleine séance cinéma, je ne suis pas certain qu’ils comprendraient ! Hi ! Hi ! Et d’ailleurs j’avoue que je n’ai pas tout pigé non plus, va falloir que tu m’expliques comment tu fais des trucs pareils !!

- (Chloé) Si nous reparlions de tout ça une fois emménagé ? Vous en pensez quoi ?

Apparemment c’est un peu l’avis général et en plus il est vraiment temps qu’on se bouge, les regards portés sur nous devenant de plus en plus curieux.

J’emmène donc la petite bande jusqu’aux deux mobil-homes qui nous sont attribués et nous sommes tous ravis de voir qu’ils sont vraiment côte à côte, ce qui nous permettra de rester tous ensemble vu que les parties extérieures qui servent de terrasses peuvent être aménagé en sorte de n’en former plus qu’une.

Reste maintenant le partage des mobil-homes ainsi que des lits à l’intérieur, nous sommes huit et chacune des maisons à roulettes en possèdent six, avec un grand et deux petits lits, plus une banquette rabattable dans le coin salon qui sert de couchage à deux places une fois dépliée.

Plusieurs choix se portent donc à nous et après délibérations, il est décidé de se mettre à quatre par logement ainsi les filles et les deux garçons « célibataires » s’en approprient un tandis que nous autres les garçons en « couples » prenons l’autre.

Je m’amuse des grimaces d’Éric qui n’ose bien sûr rien dire, mais le regard qu’il porte sur nous quatre le trahit suffisamment pour que je lui laisse un espoir et de par là même, qu’il retrouve le sourire en comprenant bien l’allusion.

- Bon !! Rien n’empêche non plus à ce que l’un ou l’autre change de crèmerie, il y a toujours le canapé lit au cas où !!

- (Chloé) Je ne vois pas pourquoi ?

- On ne sait jamais ma puce, l’un d’entre nous pourrait avoir envie d’avoir la chambre à lui tout seul !! Enfin, je me comprends en disant tout seul ! Hi ! Hi ! Imagine que tu aies envie de folâtrer avec un beau mec que tu viendrais de rencontrer ?

- (Chloé) Avec vous ?? C’est perdu d’avance ! Hi ! Hi ! Vous seriez capable de me le piquer !!

- Alors disons plutôt si c’est Léa, Éric ou Benjamin.

- (Léa) Pas vous peut-être ?

- Je ne pense pas que ça nous dérange ! Hi ! Hi !

- (Benjamin) Nous verrons ça le moment venu, pour l’instant on n’a qu’à faire comme ça et ne pas se fermer des autres options !!

Yuan se croyant drôle.

- Et puis rien n’empêche non plus que ce soit simplement qu’au niveau des chambres que ça change, pas vrai les filles ? Avec deux beaux gosses sous le même toit !!

C’est Antoine qui revient de l’intérieur du mobil-home que nous avons pris pour nous et qui ne laisse aucun doute sur nos intentions à savoir comment passer nos nuits.

- Ça va être coton à quatre dans un lit, les piaules sont vraiment petites !! Ou alors reste le salon, ça devrait le faire ! Hi ! Hi !

Il capte les regards surpris pour Léa et Benjamin, ainsi que celui amusé d’Éric et de Chloé.

- Et bien quoi ?? Qu’est-ce que j’ai dit ??

- (Yuan) Qu’on avait l’intention de faire ça tous les quatre tout simplement !!

- C’est bien ce qu’on fait, pas vrai, alors où est le blême ??

- (Antonin) Je pense que certains viennent juste de l’apprendre ou tout du moins d'en prendre conscience ! Hi ! Hi !

Antoine ne se démonte pas en envoyant un grand sourire aux deux garçons.

- S’il y en a que ça intéresse, on se serrera un peu plus c’est tout !!

- (Chloé) Oh toi !! Ne me tente pas, sinon je risque de te prendre aux mots ! Hi ! Hi !

La tête d’Antoine amène une fois encore un fou rire collectif, qui montre combien ces vacances commencent sous de bons augures et que l’entente entre eux tous, ne va pas manquer de piquant dans les deux prochaines semaines.

CHAPITRE 202 (Camping du Pilat) (Dimanche fin d’après-midi) (Balade sur la dune)

Vu le peu de bagages qui nous encombrent, l’installation dans nos nouveaux quartiers est très rapide et après une brève mise au point sur la liberté de chacun de faire ce qui lui plait sans être sans arrêt les uns avec les autres, je m’éloigne avec Antonin et Benjamin, jusqu’en haut de la dune pour admirer le paysage et me rappeler par la même des souvenirs d’instants magiques d’amours et de tendresses.

Mes deux amis sont loin devant à plaisanter ensemble, sinon ils verraient qu’encore une fois mes émotions m’ont submergé.

Je m’assois donc en haut de la dune alors qu’eux deux sont déjà de l'autre côté à se tremper les pieds dans l’océan, en poussant des cris stridents au contact de l’eau froide.

Je les observe à s’amuser comme s’ils avaient dix ans de moins, troublé par l’entente très forte déjà visible entre les deux garçons et qui ne va pas pour m’aider à me reprendre de l’émotivité qu’apporte d’autres visions de mon passé où mes deux amis jouaient eux aussi de la même façon.

Mon attirance pour Benjamin devient de plus en plus forte et ce malgré que j’essaie à tout prix de ne voir en lui qu’un ami proche et garder en conscience que ce n’est pas mon Thomas.

Un peu comme je voyais Mathis à cette époque, mais le manque de mon grand blond m’amène des élans où l’amitié même si elle est présente, n’est plus le seul critère à prendre en compte et comme de plus Benjamin semble ne plus vouloir nous lâcher, mes résolutions à son égard je le sens, seront de plus en plus difficiles à tenir au fil de ces prochains jours.

***/***

Léa avec Chloé, préfèrent pour leur part aller aux nouvelles pour l’intendance, Michel leur a bien dit qu’il avait tout prévu sans pour ça leur en dire plus sur la signification de sa phrase et c’est d’un bon pas qu’elles retournent à l’accueil pour poser la question au patron qui les a d’ailleurs beaucoup marquées par son apparente gentillesse.

- Florian nous a parlé d’un restaurant, tu l’as vu toi ?

- (Léa) Il me semble, oui !! Près de la grande place avec la tonnelle !!

- Par contre j’ai bien aperçu l’épicerie à côté de l’entrée, tu crois qu’il y aura des paniers de prévus comme dans les souvenirs de Florian ?

- Je te signale que c’est justement le but de notre démarche ! Hi ! Hi ! Tu as peur de mourir de faim ou quoi ?

- (Chloé) C’est que je n’ai pas pris trop d’argent tu comprends ?

- Fait confiance à Michel, s’il dit qu’il a tout prévu c’est qu’il l’a fait !!

Les deux copines entrent dans le bureau, elles restent un instant comme figées en se rendant compte qu’à la place de l’homme qui les a accueillis plus tôt, c’est un garçon de leur âge d’une beauté à couper le souffle qui est derrière le comptoir.

Un grand rouquin au visage magnifique qu’elles ne peuvent que reconnaître d’après les dessins de Florian et les magazines d’Éric, que comme le fameux Raphaël qui est le but principal de ce séjour ici.

Elles sont presque à faire demi-tour quand son regard d’un vert perçant se porte sur elles et qu’un sourire resplendissant leur amène une bouffée de chaleur soudaine ainsi que des palpitations cardiaques intenses, démontrant le trouble évident que le garçon leur fait ressentir.

***/***

Raphaël observe avec attention les deux filles qui il doit bien le reconnaître sont aussi plaisantes à regarder l’une que l’autre, il connaît également l’effet qu’il peut faire sur la gente féminine tout comme masculine d’ailleurs et même s’il n’en joue pas, il éprouve toujours une certaine fierté bien compréhensible à le constater encore cette fois.

- Peut-être puis-je vous renseigner mesdemoiselles ?

- (Léa) Heu !! Oui, non !! Enfin…oui !!

- (Chloé) Le monsieur de tout à l’heure n’est plus là ?

- Mon père ? Il prend sa pause à cette heure-là et c’est moi qui tient l’accueil, mais je saurai répondre à vos questions aussi bien que lui vous savez ?

Chloé s’approche de Raphaël, visiblement moins timide que sa copine qui reste devant l’entrée toujours sans bouger, elle découvre alors au fur et à mesure de son avancée le corps du garçon tout en muscle avec le torse glabre et les abdos apparents, au-dessus d’une taille tout en finesse avec une paire de fesses à tomber, galbées dans son pantacourt moulant.

- Je voulais juste lui demander quelque chose d’assez délicat, mais pourquoi pas ! Hi ! Hi !

Raphaël accentue son sourire en entendant son petit rire, qui rend son visage encore plus ravissant à regarder.

- Et bien je vous écoute ?

- Je voulais juste savoir si son fils était libre ! Hi ! Hi !

- (Léa) Oh !!

CHAPITRE 203 (Camping du Pilat) (Dimanche fin d’après-midi) (Raphaël)

Chloé les yeux brillants de malice se tourne vers sa copine.

- Je préfère prendre les devants avec les garçons tu comprends ? Sinon ils vont me le souffler c’est sûr !!

Elle se retourne vers Raphaël qui en a la bouche ouverte de stupeur d’entendre parler de lui comme ça.

- A moins que tu préfères les garçons toi aussi ! Hi ! Hi !

- (Léa) Mais arrête ça tu veux !! Il va penser quoi de nous maintenant ?

- Pour le savoir il faudrait peut-être le laisser répondre !! Alors apollon ? Tu kiffes les filles ou pas ??

Raphaël reste sidéré sans pouvoir répliquer tellement il ne s’attendait pas à cette méthode directe de drague de la part de cette fille au demeurant très pour ne pas dire vraiment très mignonne, tout comme sa copine qui est une des plus belles blondes qu’il ait eu l’occasion de rencontrer et il décide de le prendre comme ça semble l’être, avec l’accent de la plaisanterie.

- Si j’aime les deux c’est toujours bon pour vous les filles ??

- (Chloé) Nous deux Léa ou garçon et fille ?

- Hum !! Pour vous répondre, il faudrait déjà que je vois la tête de vos copains ! Hi ! Hi !

- (Léa) Laisse tomber Chloé c’est mort pour nous ! Hi ! Hi !

- (Raphaël) Pourrais-je savoir pourquoi ??

- (Chloé) Parce que nos potes, ils sont du même gabarit que toi et ta réponse laisse à penser que tu es comme eux !! Pffttt !!! Dès qu’on rencontre un beau mec, faut qu’il en soit !!

- Je n’ai jamais rien dit de tel il me semble, vous capitulez bien vite je trouve !!

- (Léa) Raphaël a raison, laissons-lui une chance de nous prouver le contraire !! Ça te dirait de venir prendre l’apéro et on sera très vite renseignées à savoir si on doit capituler ou pas !!

- Qui vous a donné mon prénom ?? Pas moi il me semble !!

Chloé jette un œil sur sa copine d’un air de dire qu’elle parle trop, Léa ne se démonte pas plus que ça en pointant du doigt les magazines étalés sur la table basse.

- Suffit de savoir lire !!

Raphaël se renfrogne, visiblement déçu que ce soit sa notoriété comme mannequin qui soit l’élément déclencheur de toute cette conversation, qui il doit bien l’admettre lui plaisait bien jusqu’à maintenant.

- Ah !! Je vois !! Et bien désolé mesdemoiselles mais je ne suis pas intéressé par votre proposition !!

- (Léa) Houlà !!! Du calme, le « rouquemoutte » !! Si tu crois que ce sont ces magazines qui nous ont fait t’aborder, tu te mets le doigt dans l’œil jusqu’au coude crois-moi sur parole !! Nous n’avons pas besoin d’un mannequin vedette étant donné que nos copains mériteraient tout autant que toi d’y être en première page !! Alors ne te fais surtout pas un film du genre deux minettes qui veulent se faire le beau rouquin parce qu’il est connu pour épater ensuite leurs copines !!

- (Chloé) C’est seulement parce qu’on te trouvait cool !! Maintenant tu crois ce que tu veux !! Je voulais juste qu’on fasse connaissance quand je t’ai parlé tout à l’heure, ça n’avait rien de prémédité et même si tu es super canon, nous avons les mêmes dans notre catalogue à nous !! En plus nous ne savions pas en entrant que tu serais là à la place de ton père !! Alors arrête de te faire des films, tu veux bien ??

Raphaël ne peut s’empêcher de sourire devant la verve des deux copines, il voit bien aussi qu’elles ne sont pas comme toutes celles qui le draguent plus ou moins ouvertement et qu’au contraire elles lui parlent comme à un gars comme les autres envers qui elles éprouveraient un début d’intérêt.

Son visage retrouve alors son naturel, effaçant définitivement cet air revêche qu’il s’était donné en pensant encore être l’objet d’une attirance plus physique qu’autre chose.

- Excusez-moi si j’ai mal interprété vos pensées, je vous avouerai que je ne suis pas habitué à ce qu’on vienne me parler pour autre chose que pour des raisons purement …physiques.

- (Léa) Hé !! Si tu disais oui je ne dirais pas forcement non ! Hi ! Hi ! Laisse-nous une petite chance quand même !!

Raphaël va pour répliquer, quand la porte d’entrée s’ouvre et que deux garçons passent la tête en souriant.

- Ah !! Vous êtes là les filles, vous avez sans doute eu la même idée que nous ?

- Antoine avait peur de mourir de faim ! Hi ! Hi !

- Meuh non !! C’est le bridé qui voulait savoir s’il y avait des baguettes de prévues pour lui ! Hi ! Hi !

Yuan capte seulement qu’il y a quelqu’un d’autre dans le bureau et reste un instant les yeux rivés dans ceux du rouquin qui le fixe avec attention.

Antoine le voit à son tour et bug un instant lui aussi avant de mettre un coup de coude à son copain, captant le geste de la tête de Chloé qui lui fait signe qu’ils doivent partir.

- Allez viens « Yu », tu vois bien que les filles s’en occupent déjà !! Nous devons rejoindre Éric au campement !!

Yuan regarde son copain, visiblement surpris, il voit alors la mimique de Chloé et comprend que les choses sont déjà en mains.

- Ah !! Ok !! A tout à l’heure les filles !! Hummm !!! Pas mal le rouquin !!! Vous devriez l’inviter, j’en connais un qui va baver grave en le voyant ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 204 (Camping du Pilat) (Dimanche fin d’après-midi) (Raphaël) (fin)

Une fois dehors loin des regards, Antoine prend Yuan par la manche pour s’expliquer avec lui.

- T’es fou ou quoi !! Qu’est-ce qu’il t’a pris de dire ça ??

- Ça m’a échappé !! Florian ne racontait pas de craques quand il parlait de son

« Raphi » !! Wouff !!! C’est une bombe ce mec, parole !! J’en connais un qui va avoir de quoi prendre son pied depuis le temps qu’il en rêve !! J’espère juste qu’ils nous accepteront aussi de temps en temps !!

- Après ton entrée en matière, nous aurons de la chance si les filles arrivent à rattraper le coup !! Imagine qu’il soit homophobe ??

- (Yuan) Si c’est le cas nous n’aurions rien à faire avec lui de toute façon !! Et puis j’ai bien vu comment il nous regardait, ce n’était pas un regard d’homophobe crois-moi !!

- Et même !! Il pourrait aussi avoir déjà quelqu’un ?

- Je n’ai rien dit de mal, pourquoi tu en fais tout un patacaisse aussi ?

- Imagine qu’il se braque contre nous ? Nous aurions l’air fin d’expliquer pourquoi à Éric et à « Flo » !!

Yuan reprend sa marche vers le campement en haussant les épaules, il a bien vu comment Raphaël l’a fixé dans les yeux et les réactions de son corps à ce regard était sans équivoque sur ce que lui a fait ressentir le beau rouquin, qui est encore plus bandant au naturel que sur les photos.

***/***

« Dans la salle d’accueil. »

Raphaël n’a pu détacher son regard des deux garçons que quand ceux-ci ont disparu de sa vue, il se tourne alors vers les deux filles qui l’observent avec attention, une lueur amicale dans les yeux.

- Ce sont eux vos fameux copains ??

- (Léa) Deux d’entre eux en effet, alors ? Ils arrachent graves eux aussi pas vrai ??

- (Chloé) Et tu n’as pas vu le pire ! Hi ! Hi ! Enfin quand je dis le pire, c’est aux quatre-vingt dixième degré qu’il faut le prendre !!

- A ce point-là ?? Ils sont combien donc ??

- (Léa) Six !! Et tous dans la même veine, à croire qu’ils se sont connus sur catalogue eux aussi !! Tu t’en rendras vite compte quand tu viendras pour l’apéro.

Chloé avec une moue désolée.

- Je ne pense pas que c’est encore avec toi qu’une de nous deux va se caser !! A la façon où tu matais leurs popotins quand ils sont partis et ne vient surtout pas me dire le contraire !! Bon !! On va s’en remettre t’inquiète ! Hi ! Hi ! On est un peu habituées maintenant, pas vrai Léa ?

- Si tu le dis ! Hi ! Hi ! Pour la nourriture on fait comment ? Je te signale quand même que c’était pour ça qu’on était venues !!

Elles expliquent alors à Raphaël que normalement la location a été payée avec pension complète et elles lui donnent les numéros des mobil homes pour qu’il puisse vérifier sur les registres de son père.

Raphaël comprend alors qu’ils sont les fameux jeunes qui devaient éviter de s’approcher de lui et reste un moment songeur avant de répondre aux questions des deux filles qu’il considère déjà comme des copines, agréablement surpris depuis qu’il les a vues entrer par leur beauté sans artifice et leur franc-parler, ainsi que par l’empathie qu’elles dégagent au naturel.

- Il y a un système de paniers repas prévu pour le matin et le midi, le soir une place au restaurant du camping vous a été réservée. Il vous suffira d’inscrire ce que vous n’aimez pas à l’épicerie demain midi quand vous irez chercher le premier, le petit-déjeuner de demain c’est moi qui vous l’apporterai.

- (Chloé) Cool !! Comme ça tu feras connaissance avec les garçons !! Ne t’inquiète pas surtout, ils sont tous hyper cool et attends toi au pire quand tu verras « Flo » au réveil avant son premier café ! Hi ! Hi ! Ça vaut les meilleurs comiques qu’on peut voir à la télé crois-moi !!

- (Raphaël) Genre le loup de Tex Avery ! Hi ! Hi !

- (Léa) On peut dire ça oui ! Hi ! Hi ! Sauf que pour « Flo » ce n’est pas la langue qui traîne par terre, mais plutôt autre chose qui admire le ciel.

Les deux filles s’amusent comme des folles devant les rougeurs qui colorent les joues du beau rouquin, montrant ainsi qu’il n’est pas de ceux qui ont eu beaucoup d’expériences coquines et ce malgré des atouts que d’aucun, auraient déjà mis à profit pour se faire une certaine expérience en la matière.

Elles viennent tout naturellement lui faire la bise avant de le quitter, se faisant à ses réactions une certitude de ce à quoi elles pensaient déjà depuis un moment et c’est la première chose qui vient alimenter leur conversation, dès qu’elles sont suffisamment éloignées pour que ça reste entre elles.

- (Chloé) Si ce garçon n’est pas toujours puceau, je n’y connais plus rien sur les mecs ! Hi ! Hi !

- Ah !! Parce que tu y connais quelque chose toi ??

- Pffttt !!! C’est une façon de parler !! Avoue quand même qu’on n’a pas de chance ?

- Nous rencontrerons bientôt les nôtres, si les souvenirs de Florian restent exacts dans cette autre réalité pour lui tout du moins !! Pour Raphaël je pense que tu as raison et d’ailleurs « Flo » nous avait prévenues !! Reconnais qu’à par Antoine, il ne s’est pas beaucoup trompé jusque-là et encore !! S’il n’était pas arrivé cette cruelle « expérience » à « Toinou », je pense qu’il aurait été encore puceau lui aussi quand il a rencontré notre nouveau Florian.

- Je plains le troisième frère tu sais ?

- Qui ça ? Damien ?

- Oui !! Il était avec Mathis et je ne pense pas que Benjamin remplacera son grand frère disparu !!

- (Léa) Tu penses comme moi alors ??

- J’ai cette impression qui se renforce chaque jour davantage, oui !! Mais tout ça n’est que dans ma tête et je peux tout aussi bien me tromper, comme je peux aussi me tromper avec les trois frères et si ça tombe ils ont déjà quelqu’un ou encore que ça ne collera pas pour nous !

- J’ai vu les dessins de Florian et je t’avouerai que j’aime beaucoup Guillaume, j’adore cet air un peu poète de la rue qu’il a avec ses cheveux mi-longs.

- Moi d’après Florian, j’aurai le plus dégourdi et le plus speed des trois !! J’avoue que ça me fait un peu peur tout de même et comme je viens de te le dire, rien ne prouve que ça collera entre nous. Tu n’as qu’à voir Antoine et Yuan, normalement ils n’étaient pas censés être ensemble et pourtant ici ils le sont !!

CHAPITRE 205 (Aix en Provence) (Dimanche fin d’après-midi) (Une visite imprévue)

« Devant chez les De Bierne. »

La Renault cinq blanche ralentit en semblant chercher sa route, le conducteur à l’intérieur vérifie l’adresse qu’il a noté sur son calepin et soupir de soulagement quand il constate que cette fois il ne s’est pas trompé, le nom de la rue correspondant à ses notes qu’il a été cherché sur les pages blanches de la poste via internet.

Il se gare devant le numéro de la maison qui répond toujours à ses mêmes notes, prend un moment de réflexion avant de descendre de son véhicule et c’est d’une mine fatiguée par la longue route qu’il se décide à mettre les pieds dehors, s’étirant ensuite pour soulager sa colonne vertébrale qui commençait à souffrir d’une position pas forcément confortable passer dans cette citadine d’un autre âge.

***/***

C’est Maryse depuis la fenêtre de la cuisine qui l’aperçoit en premier, s’étonnant que quelqu’un se gare devant chez elle et sa surprise va crescendo quand elle voit le garçon s’avancer jusqu’au portillon pour y lire le nom marqué sur la plaque de la boite aux lettres.

Elle a le temps de détailler le jeune homme qui ne doit pas avoir vingt ans, taille moyenne sportive, cheveux châtains roux au visage qui serait plaisant à regarder s’il n’y avait cette mine fatiguée qui lui donne à penser qu’il n’est pas du coin mais qu’il vient certainement de faire une longue route pour arriver jusqu’ici.

- Chéri !! Il y a un jeune homme à la porte, je crois qu’il vient chez nous !! Tu peux aller voir ?

Michel fronce les sourcils, n’aimant pas forcément être dérangé pendant qu’il regarde les sports à la télé, le ton surpris de sa femme le fait quand même se lever pour aller voir qui peut bien venir les voir un dimanche à une heure aussi tardive.

Il ouvre la porte au moment où le garçon allait appuyer sur la sonnette.

- Bonsoir jeune homme !!

- Bonsoir monsieur !! Je m’appelle Jean Baptiste et je suis un ami de Florian, j’ai appris qu’il était sorti du coma et qu’il était chez vous en convalescence !!

- (Michel) Un ami de Florian ?? Du Florian d’avant l’accident ??

Jean Baptiste regarde le vieil homme sans comprendre où il veut en venir, sa question lui semblant des plus bizarres.

- Heu !! Oui !! Vous avez l’air surpris ??

- C’est que mon petit fils n’était pas réputé pour avoir des amis, vous êtes certain jeune homme que nous parlons bien du même Florian ??

- Vous êtes bien Michel De Bierne le grand père de Florian De Bierne ??

- C’est exact !!

- Alors nous parlons très certainement du même Florian, petit, fin, avec de longs cheveux roux !!

Michel observe attentivement le garçon qui pourtant semble très sympathique à première vue, il remarque alors ses traits tirés par la fatigue et s’en inquiète.

- Mais ne restez pas dehors mon garçon, vous semblez bien fatigué ? Vous avez sûrement fait une longue route ?

Jean Baptiste sourit au vieil homme en entrant dans la maison.

- En fait je viens directement de Paris, je suis parti dès que j’ai appris que Florian s’en était sorti et comme il n’y avait personne chez lui, c’est un voisin qui m’a renseigné que je le trouverai sans doute chez vous !!

Maryse sort de la cuisine en entendant des voix dans le salon, elle entend la réponse du jeune homme à son mari et fixe celui-ci qui hoche des épaules pour lui faire comprendre qu’il n’y comprend rien lui non plus.

- Mes enfants sont en voyage pour leurs affaires, Florian était encore ici hier mais il est parti avec des amis pour une quinzaine de jours de vacances.

Le couple reste un moment ahuri devant la réaction du garçon, qui semble visiblement fortement soulagé au point d’en avoir les larmes aux yeux.

- (Michel) Si vous nous expliquiez qui vous êtes jeune homme ? Nous n’avons jamais entendu parler de vous et je vous avouerai franchement que je ne comprends pas vraiment votre démarche jusque chez nous !! Notre petit fils avant son accident n’était pas du genre à se lier d’amitié avec quiconque, sauf peut-être avec ceux qui l’aidaient dans ses différents larcins !!

Maryse n’arrive pas à croire que ce garçon soit un voyou, son attitude et sa politesse, n’étant pas de celle qu’elle s’imagine pour le genre de fréquentations que devait avoir Florian.

- Vous n’ignoriez quand même pas que mon petit fils était un voyou notoire ??

- Bien sûr que non !! Mais il a toujours été gentil avec moi, lui, mon frère et quelques autres, faisaient des choses malhonnêtes c’est vrai, mais il n’était pas comme ça quand j’étais là.

Michel a comme un déclic soudain, les regards perdus du jeune homme tout comme la façon qu’il a de parler de Florian lui amène un sourire de compréhension et c’est beaucoup plus détendu qu’il vient s’asseoir près du garçon, sous l’œil attentif de Maryse qui ne comprend pas le changement soudain dans le comportement de son mari.

- (Michel) Tu as fait tout ce voyage juste pour le voir ? Tu aurais très bien pu lui rendre visite pendant qu’il était encore à Paris ?

- Je le croyais toujours dans le coma, mon frère disait qu’il ne s’en sortirait pas !! C’est un de ses amis qui le lui a appris alors qu’il sortait d’un séjour au poste de police, apparemment il l’aurait su là-bas un peu par hasard !!

- (Michel) Et tu as fait tout ce trajet juste pour un ami ?

- (Maryse) Puisqu’il te le dit !!

- (Michel) Je suis certain qu’il n’y a pas que cette raison !! Allons mon garçon, donne-nous la vraie raison de ta venue visiblement précipitée !!

Jean Baptiste semble paniquer, il se lève pour s’en aller quand il est retenu fermement par Michel qui le fait se rasseoir sans brutalité mais avec détermination.

- N’aie crainte mon gars !! Laisse-moi te dire ce qui a changé dans mon petit-fils après sa sortie du coma, ensuite je te reposerai la question et je suis convaincu que cette fois-ci tu y répondras honnêtement.

CHAPITRE 206 (Aix en Provence) (Dimanche fin d’après-midi) (Une visite imprévue) (fin)

Michel lui raconte alors le réveil de Florian, son amnésie de ce qu’il avait vécu jusque-là et sa nouvelle façon d’être depuis lors, sans toutefois aller dans des révélations qui pourraient porter préjudices à son petit-fils s’il s’était trompé sur le véritable sens de cette visite irréfléchie.

Visite qui il le sent bien n’est venue que sur un coup de cœur et que Jean Baptiste doit déjà regretter, car elle dévoile une facette de lui qu’il n’aurait très certainement pas voulu que quiconque découvre.

Michel termine par les nouvelles amitiés de son petit-fils en y laissant suffisamment d’allusion pour qu’il soit très clair que ce n’est plus l’homophobie qui gouverne dorénavant ses pulsions.

Jean Baptiste l’écoute jusqu’au bout, son visage exprimant bien ses sentiments réels au fur et à mesure qu’il comprend les changements intervenus dans la mentalité de celui qu’il a déclaré plus tôt être son ami, mais qui en fait ne l’est que dans un sens car Florian même s’il ne lui a jamais rien fait de mal, n’était pas non plus ce qu’on pourrait appeler un véritable ami.

Il se contentait la plupart du temps d’un simple signe de tête, quand il était présent à la maison les jours où il venait chercher son frère pour aller une nouvelle fois traîner dans les rues et c’est lui Jean Baptiste qui du premier jour où il l’a vu, en est tombé amoureux en se gardant bien de le lui faire savoir.

Il attend donc ébahi que le vieil homme termine son histoire, pour lui poser la question sous-jacente que ses paroles en demi-teinte lui font comprendre.

- Florian a un petit ami ??

Michel sourit au jeune homme qui semble depuis quelque temps beaucoup plus détendu.

- Il en a même plusieurs, oui !!

- Comment est-ce possible ?? Il a toujours détesté les homos !!

- Dis-toi juste que ce n’est plus le même Florian que tu aimais en cachette !! Parce que c’est bien ça n’est-ce pas ??

Jean Baptiste hésite à donner une réponse, il n’a jamais dit à personne ce qu’il éprouvait pour ce petit rouquin si mignon, tout comme il a gardé pendant ces longs mois où il le savait aux portes de la mort, l’immense détresse affective qu’il éprouvait alors rien qu’à l’idée de le perdre pour toujours.

Maintenant il apprend que non seulement il s’en est remis, mais qu’en plus il l’a très certainement oublié alors qu’il semble avoir changé du tout au tout, au point d’être devenu comme lui.

Jean Baptiste reconnaît après réflexion qu’avoir fait un si long chemin juste pour le revoir en se doutant bien que sa venue ne serait pas forcement bien accueilli puisque aucun réel lien d’amitié n’existe entre eux deux, n’était pas la décision la plus intelligente qu’il ait prise mais c’était plus fort que lui et il n’a pas réfléchi plus loin en prenant la route, son cœur le guidant là où se trouvait celui qui sans le savoir s’en était approprié.

Sa réponse dite d’une voix presque imperceptible, montre alors tout le désespoir qu’il éprouve à enfin comprendre que ce garçon qu’il aimait lui restera sans doute toujours inaccessible.

- Oui !!

- Tu te rends compte que ce sont tes sentiments qui t’ont amené jusque-là et que l’ancien Florian s’en serait vite aperçu ? Que serait-il arrivé alors ?

- Je voulais juste le revoir, lui dire combien j’étais heureux qu’il s’en soit sorti !! Vous comprenez ??

- Bien sûr que nous te comprenons mon garçon, mais lui ne l’aurait pas compris comme ça et il t’aurait fait souffrir sois en sûr !!

Michel voit les yeux couverts de larmes de Jean Baptiste, il est triste pour lui qu’il ait pu s’enticher à ce point de ce qu’était son petit-fils et comprend bien que ses paroles pourtant marquées de la joie qu’il éprouve au changement intervenu depuis, n’apporte qu’un accablement supplémentaire à ce garçon d’apprendre que Florian aime quelqu’un d’autre.

- Allons !! Tout n’est pas perdu !! Florian ne te connaît peut-être pas, mais il est ouvert à de nouvelles amitiés surtout si elles sont sincères.

- Vous croyez que….

- Je t’ai parlé d’amitié mon garçon, pour le reste ce sera à vous de voir et ne vaut-il pas mieux avoir un véritable ami que cet ersatz d’amour unilatéral et sans lendemain, que tu éprouvais pour lui jusque-là ?

Jean Baptiste s’essuie les yeux, il se lève pour prendre congé de ses hôtes qu’il apprécie déjà beaucoup par la chaleur humaine qui se dégage d’eux.

- Je ne vais pas vous ennuyez plus longtemps, j’essaierai de revoir Florian quand il reviendra à Paris et je lui parlerai en espérant qu’il m’acceptera comme ami.

- (Maryse) Il n’en est pas question !!

Elle voit bien le visage surpris de Jean Baptiste pour qui elle éprouve déjà une certaine affection, ne serait-ce pour commencer par son courage d’avoir voulu revoir celui qu’il aime sans en calculer les risques mais aussi devant son extrême gentillesse qui la touche énormément.

- Tu vas rester ici pour cette nuit !! Une bonne nuit de sommeil te fera du bien, il n’est pas question qu’on te laisse repartir dans l’état de fatigue qu’on peut lire sur ton visage !! Demain tu auras le choix de rentrer chez toi où d’aller rejoindre Florian avec nous, il doit connaître ton histoire !!! Tu es le premier et sans doute l’un des seuls qui éprouve des sentiments pour celui qu’il était avant son accident, je connais suffisamment bien mon petit-fils maintenant pour présumer de ses réactions et crois-moi tu en seras le premier surpris.

- Mais….

- (Michel) Ma femme a raison, une bonne nuit de sommeil te remettra les idées en place !! Accepte notre hospitalité pour cette nuit mon gars et si tu es d’accord, nous serons heureux de te conduire jusqu’à Florian ! Hi ! Hi !

- (Jean Baptiste) Qu’est-ce qui vous fait rire ??

- (Michel) Juste que tu nous donnes l’excuse que nous cherchions pour aller voir comment ça se passe au camping !! On en reparle demain, j’aimerai également te faire rencontrer un ami qui sera très certainement intéressé par ton histoire, je pense qu’il sera autant surpris que nous d’apprendre qu’il y a au moins une personne qui ne hait pas le Florian que nous connaissions ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 207 (Camping du Pilas) (Dimanche fin d’après-midi) (Sur la dune)

Antonin et Benjamin sortent de l’eau après y avoir passé une grande partie de l‘après-midi, ils remontent la dune jusqu’à la tâche plus foncée qui représente le corps de leur ami allongé dans le sable et s’arrêtent stupéfaits à quelques mètres de lui quand ils s’aperçoivent qu’il dort en parfait naturiste, sans s’inquiéter plus que ça que quelqu’un eût pu avoir la même idée qu’eux de se balader sur la dune.

Antonin fini par sourire de voir son ami étendu à dormir, il se tourne vers Benjamin qui a les yeux visiblement rivés sur son anatomie dévoilée sans pudeur et s’aperçoit très vite que ce n’est pas tant son sexe au repos mais plutôt son visage d’ange rêveur qui obnubile autant son copain.

- (Antonin) Il est à croquer pas vrai ?

- Pourquoi il ne m’aime pas ? Qu’est-ce que je lui ai fait ?

- (Antonin) Où tu as été cherché une connerie pareille ?

- Je vois bien qu’il évite toujours mon regard, je suis presque certain que si je n’étais pas venu avec vous deux cet après-midi, il serait resté avec toi à s’amuser comme nous l’avons fait !!

- Il avait seulement besoin de repos, tu te fais un film là !!

- Je vois bien qu’il n’est pas pareil avec moi qu’avec vous autres, quand il me sourit j’ai toujours l’impression qu’il se force !! Je croyais être son ami pourtant !!

- Mais tu l’es !! C’est juste que tu ressembles trop, même avec tes cheveux encore hyper courts à quelqu’un qu’il aime plus que tout et que ça le perturbe, Florian tient beaucoup à toi Benjamin !! Sûrement beaucoup plus même que tu ne l’imagines !!

- Alors qu’est-ce que je dois faire pour qu’il me le montre ?

- Tu dois juste attendre !! Je suis bien placé pour connaître ses sentiments envers toi et je te jure qu’il éprouve de plus en plus de mal à les garder enfermer dans sa tête !!

- C’est qui l’autre gars ? Certainement pas « Math » puisqu’il n’est plus là !!

- Ton cousin Thomas !! Florian a toujours été amoureux de lui tu sais, nous étions heureux tous les trois et tu lui ressembles tellement que j’en arrive à me demander si ce n’est pas toi Thomas, Florian commence à se faire les mêmes réflexions et ça le trouble de plus en plus, c’est sans doute pour cette raison qu’il te semble si distant vis-à-vis de toi.

- Je n’ai jamais entendu parler de ce Thomas pourtant, c’est vrai que Mathis et moi nous ressemblions beaucoup mais c’était normal puisque c’était mon frère.

- Ton père a un frère qui est le père de « Thom », ils se sont disputés et depuis ils ne se voient plus, personne ne sait où ils sont et Florian cherche à les retrouver, il a peur qu’il soit arrivé quelque chose à Thomas tu comprends ?

- Comment pouvez-vous avoir été ensemble tous les trois s’il ne l’a jamais vu ?

- C’est compliqué, je ne suis pas certain que tu me croirais si je te le disais !!

- Essaye toujours !! Je sais qu’il existe un mystère autour de Florian, seulement personne n’en parle à part quelques allusions que j’ai pu entendre depuis mon retour du centre !! On dirait qu’on veut me cacher quelque chose, j’en ai parlé une fois à Léa et elle n’a pas voulue me répondre, avoue qu’il y a de quoi se poser des questions !!

- C’est à lui de t’en parler !! Sache juste qu’il est vraiment ton ami !!

- Juste mon ami ??

- Comment ça ??

- Pour moi il est beaucoup plus que ça et il n’y a pas que lui, j’aimerais tellement être avec vous comme vous êtes ensemble tous les quatre !!

- Houlà beau blond !! C’est une déclaration ??

Benjamin fixe intensément son ami dans les yeux, le sourire d’abord hésitant d’Antonin à se sentir désirer de la sorte devient vite resplendissant en comprenant où il veut en venir et l’aveu qui en découle lui amène une excitation qui très vite se trouve révélé par une excroissance de plus en plus volumineuse et visible à l’intérieur du maillot de bain qui d’un coup est prêt à éclater, montrant par la même la réciprocité des sentiments qui le tenaillent depuis que Benjamin lui est apparu dans toute sa beauté resplendissante.

- (Antonin) Je…je ne sais pas si c’est bien !!

- Ton corps se pose moins de questions « Tonin » !!

- Oui !! Mais il y a Thomas et tu risques d’être malheureux si nous le retrouvons un jour !!

- Faudrait déjà qu’il existe, qu’on le retrouve et surtout qu’il ressente la même chose que moi envers vous, ça fait pas mal de conditions tu ne trouves pas ?

Antonin se retrouve complètement perdu dans ses sentiments, il n’a qu’une envie c’est de se blottir dans les bras de ce beau blond qui le trouble tellement et qui est l’image parfaite aussi bien physiquement qu’au niveau affectif de celui qui a toujours été dans ses rêves depuis qu’ils ont commencé à lui apparaître.

- Laisse-nous un peu de temps Benjamin !! Je te promets que tout va très vite se mettre en place entre nous, j’en crève d’envie autant que toi et « Flo » n’est pas loin d’en arriver au même point, attendons juste qu’il en soit conscient tu veux bien ? Tu dois tout connaître de lui avant, sinon tu nous en voudras un jour et je n’ai pas envie de te perdre sur un mauvais quiproquo, mon corps a envie de toi tu l’as bien remarqué mais ma conscience me demande d’attendre encore un peu.

Benjamin pousse un gros soupir en envoyant un sourire qui fait frémir Antonin, tellement il est semblable à un autre sourire tout aussi magnifique.

- J’attendrais parce que je te respecte trop pour ça, mais je te jure que Florian va très vite me regarder autrement et qu’il lui faudra bien qu’il se rende compte que je tiens vraiment à lui tout autant qu’à toi et aussi bien sûr, mais à un degré différent aux autres !!

CHAPITRE 208 (Paris) (Dimanche soir)

« Chez les Désmaré. »

Maurice s’est enfermé dans son bureau pour réfléchir aux derniers rapports qu’il a eu en mains concernant les diverses recherches en cours, tant professionnelles que privées.

Pour la partie privée, il a eu des nouvelles de la petite Coralie et celle-ci semble heureuse dans sa famille d’adoption qui l’adore, ses agents ayant pris des clichés qui ne peuvent pas mentir sur l’affection de ce couple envers la petite princesse des souvenirs de Florian.

Heureusement pense-t-il, qu’il n’a jamais fait mention de son idée d’adoption à sa femme et qu’il voulait s’assurer avant que cela soit toujours possible, sinon il aurait été obligé de lui briser le cœur en lui apprenant la nouvelle.

Maurice soupire, déçu lui aussi de ne pas pouvoir concrétiser l’envie qu’il avait eu de prendre soin de cette fillette qui semblait si attendrissante et il referme le dossier en le passant à la déchiqueteuse pour le clore une bonne fois pour toute.

Le second dossier qu’il a emmené avec lui à la maison semblerait dénué d’intérêt pour tout autre que lui, pour n’avoir pas assisté aux longues discussions qu’il a eues avec Florian.

Le fait d’avoir mis son jeune protégé sous protection de ses services, a enclenché automatiquement une mise en alerte informatique sur toute recherche extérieure le concernant directement lui ou sa famille et une synthèse régulière lui est envoyé pour l’avertir, lui laissant ainsi le choix de déclencher un processus de contrôle plus poussé sur les éventuels individus, au cas où les recherches de ceux-ci lui sembleraient sinon douteuses, du moins trop ciblées sur Florian pour ne pas vérifier plus avant pour en connaître leurs réelles intentions.

Alors quand Maurice a eu en mains cette recherche venant du continent africain, sur le crash de l’avion qui dix-huit ans plus tôt a failli voir périr la famille De Bierne et que juste après la dite personne s’est fortement intéressé sur cette même famille en y cherchant les potentiels héritiers ainsi que leur dernière adresse connue, rien d’étonnant ensuite à ce que le directeur de la DST diligente ses services pour en savoir plus.

C’est en poussant sa recherche jusqu’à taper le prénom de Florian que l’internaute c’est vu enregistré par le logiciel de surveillance, son adresse IP donnant sa position exacte au cœur de l’Afrique loin apparemment de toute civilisation et à quelques kilomètres à peine du lieu du crash de l’appareil.

Le complément d’enquête qui a eu lieu ensuite, a amené quelques précisions qui ont fait sourire Maurice et déclencher l’envoi de deux de ses hommes vers cette contrée sauvage, avec pour instruction de le mettre en rapport sitôt qu’ils y seront arrivés avec ce père Antoine qui semblerait être l’instigateur de cette recherche sur internet.

Maurice sort de son coffre un double des notes prises lors des quelques entretiens qu’il a eu avec Florian, il retrouve la partie concernant ses souvenirs africains qui n’ont donné lieu qu’à quelques phrases semblant sans grand intérêt, sauf qu’elles mentionnaient justement l’existence du père Antoine comme un homme d’une grande bonté ayant recueilli le bébé Florian dans cette époque qui semblerait être celle à laquelle se réfère le plus volontiers son protégé.

Ne reste plus qu’à attendre cette communication pour en savoir plus sur les raisons qui ont poussé cet homme à faire cette recherche qui arrive étrangement après toutes ces années, alors que le « nouveau » Florian vient juste de montrer son nez.

L’envie d’en parler avec quelqu’un qui comme lui a appris les secrets du petit rouquin, devient si pressente que Maurice fait fi du jour et de l’heure, pour appeler Philippe afin d’en connaître ses premières impressions.

Il compose donc le numéro de celui qui est devenu un ami, attendant patiemment qu’il décroche.

- ….

- Philippe c’est Maurice !! Je ne te réveille pas au moins ??

- ….

- Non !! Comme quoi j’ai eu bien fait alors, comme ça c’est moi qui paie ! Hi ! Hi !

- ….

- Non vas-y, toi d’abord !!

- ….

Maurice apprend alors la visite d’un ami du Florian d’avant chez ses grands-parents, il écoute Philippe lui raconter ce que Michel vient juste de lui dire en lui demandant s’il pouvait passer le lendemain en début de matinée pour rencontrer le fameux Jean Baptiste.

- Surprenant tu ne trouves pas ? En fait si j’ai bien tout compris ce n’est pas vraiment un ami de Florian mais plutôt quelqu’un qui l’aime en secret !!

- ….

- Tu me raconteras ça, nul doute que tu vas apprendre des choses sur les antécédents de l’autre.

- ….

- Oui ! Hi ! Hi ! Je trouve que vu le changement de personnalité, cette dénomination lui va bien !!

- ….

- Hein !! Ah, oui !! Mon appel !! En fait ça concerne aussi notre Florian et il semblerait que ses souvenirs vont le rattraper, il t’a très certainement parlé du père Antoine je pense ?

- ….

Maurice à son tour raconte ce qu’il a appris.

- Dès que mes hommes seront arrivés là-bas, nous en saurons davantage !! Avoue quand même que c’est assez troublant qu’un vieux prêtre à l’autre bout du monde cherche des renseignements sur un garçon auquel il n’a aucune raison particulière de s’intéresser ?

- ….

- Tu as peut-être raison, il faudra que je lui pose la question !! Mais même si c’était le cas, dix-huit ans après c’est quand même beaucoup pour savoir s’il va bien !! Surtout s’il ne s’en était pas préoccupé avant ça, enfin !! Nous en saurons plus d’ici demain je pense.

- ….

- Les pierres ?? Quelles pierres ??

- ….

- Non !! C’est la première fois que j’en entends parler !!

- ….

Maurice écoute Philippe, les yeux arrondis de stupeur.

- Décidément !! Si ce que tu me racontes s’avère exact, nous entrons là en pleine fiction !!

- ….

- Peut-être, oui !! Mais là il ne s’agit plus d’une personne isolée et si ces pierres sont ce que t’a raconté Florian, « E.T » n’a plus à être catalogué comme un film de science-fiction mais comme une comédie dramatique ! Hi ! Hi !

-….

- Bien sûr que non !! De toute façon qui croirait un tel rapport ? Au mieux je passerais pour un rigolo et bonjour l’image du directeur de la DST, au pire on me passerait la camisole !! Il faut juste que je prévienne mon équipe de l’existence éventuelle de ces fameuses pierres, ils doivent connaître le maximum de ce à quoi s’attendre pour être efficace.

CHAPITRE 209 (Camping de la dune) (Dimanche soir) (Curiosité quand tu nous tiens)

Après la douche d’usage bienfaitrice qui suit cette première après-midi de vacances qui m’a valu une sieste qui doit très certainement être la plus longue que je n’ai jamais connu dans cette réalité, je retrouve mes amis aux mobil homes qui eux aussi semblent tous ravis de ces quelques heures passées loin de leurs parents à découvrir ce nouvel horizon qui sera le nôtre pendant les deux prochaines semaines.

Je pète le feu en arrivant sur eux, ce qui me vaut quelques petites piques de certains d’entre eux qui remarquent très vite mon état de fébrilité.

- (Antoine) Le dormeur s’est réveillé !!

- (Yuan amusé) Et nous pas près de dormir !!

- (Antonin) J’ai comme un pressentiment de nuit blanche qui nous attend les gars !!

- Yep !! Au moins vous savez à quoi vous en tenir !! D’ailleurs je ne serai pas contre un petit avant-goût si ça tente quelqu’un !!

- (Chloé) Plus direct que ça tu meurs ! Hi ! Hi ! Au moins avec toi il n’y a pas d’erreurs possibles sur tes intentions !!

- (Léa) Tu devras attendre un peu sale pervers ! Hi ! Hi ! Il est déjà tard et nous ne connaissons pas les heures du restaurant, en plus je ne sais pas pour vous mais moi j’ai faim !!

J’avais lancé l’idée sans vraiment réfléchir que je n’étais plus seul avec mes trois copains, je remarque qu’eux aussi se sentent un peu gênés devant les autres et je préfère me rallier aux paroles de Léa qui ne quitte pas son frère des yeux, m’apercevant à mon tour du trouble qui marque son visage tout comme celui d’Éric, qui me fixe en se mordillant les lèvres.

Je sens bien qu’il va falloir rapidement mettre les pendules à l’heure avec eux pour connaître leurs véritables envies et ce même si j’en ai déjà ma petite idée à voir leurs réactions.

- Ils servent jusqu’à vingt-deux heures, mais tu as raison nous ferions mieux d’y aller maintenant !! Quant à vous trois, vous ne perdez rien pour attendre ! Hi ! Hi !

Le temps de pendre ma serviette humide sur la corde à linge, de ranger mon nécessaire de toilette dans la petite salle de douche du mobil home et de mettre des vêtements plus adaptés qu’un simple slip de bain, me voilà de retour auprès d’eux qui m’attendent tranquillement assis à la terrasse en discutant.

- Voilà !! Je suis prêt !! C’est quand vous voulez !!

***/***

Le restaurant est quasiment identique à mes souvenirs, ne serait-ce les deux petites tables qui nous sont réservées et qui sont loin d’être aussi impressionnantes que celles prévues pour plus de vingt personnes où nous nous installions quand nous étions toute la bande de cette époque.

Le serveur de Franck arrive en souriant pour prendre notre commande.

- Bonjour et bienvenue au restaurant de la dune !! Vos repas vous seront servis à ces tables durant tout le temps de votre séjour, si vous avez des envies particulières il suffira de nous prévenir la veille et mon patron en tiendra compte autant que possible.

Chloé lit la carte qui est particulièrement bien fournie, elle hésite devant le choix des menus en ne sachant pas trop ce qui a été prévu avec Michel quand celui-ci a payé la pension.

- Nous avons droit à quel menu ?

- (Le serveur) Choisissez ce qu’il vous plaira, il nous a bien été précisé que vous deviez vous faire plaisir sans vous inquiéter du prix !! Vous avez donc le choix dans les menus ou la carte !!

- Wouah !! Il faudra que je remercie ton grand père « Flo » !! C’est très gentil de sa part !!

Je capte aussitôt le regard du serveur qui est sans doute curieux de savoir lequel parmi ces jeunes est le petit-fils de celui qui a payé rubis sur l’ongle la somme demandée par son patron, en précisant bien qu’il ne faudrait pas hésiter à l’appeler si ce n’était pas suffisant.

Je lui souris en me rappelant que lui aussi dans un autre temps a fini par devenir un ami.

- Pour moi ce sera la spécialité du patron !! Les calamars farcis, si vous voulez vous régalez je vous conseille de prendre pareil parce que c’est un vrai délice !!

- (Le serveur) Ce sera pour demain alors parce qu’il n’en fait pas le week-end !! Vous êtes déjà venu ici ? Je ne me souviens pas vous avoir déjà vu pourtant !!

- C’est sans doute parce que tu vois passer beaucoup de monde, difficile de se rappeler de quelqu’un en particulier...

- (Le serveur) Sauf si cette personne est particulière, crois-moi si je t’avais déjà vu je m’en rappellerais !! Bon j’ai d’autres clients à servir, je repasserai prendre votre commande dans quelques minutes.

Il a à peine fait quelques mètres que déjà mes amis s’amusent sur mon dos.

- (Yuan) C’est sûr qu’il n’aurait pas oublié ta tête de clown ! Hi ! Hi !

- (Antoine) Si c’était l’autre non plus d’ailleurs, même si ce n’est pas pour les mêmes raisons !!

- (Antonin) Laissez-le les gars, sinon il va nous faire son comique et je ne tiens pas à éponger la salle.

- (Éric) Pourquoi tu lui dis ça ? Il est sérieux là, pas vrai « Flo » ?

Je le regarde en faisant ma tête d’attardé mental façon gogolito.

- Heinnnn !!!! Vous pouvez répéter la question ??

***/***

Raphaël qui dès leur arrivée les observe depuis la porte dérobée de l’arrière cuisine, éclate soudainement de rire comme tous ceux d’ailleurs qui sont dans la salle et qui suivent depuis le début d’un œil admiratif cette tablée qui est et c’est peu de le dire, bien loin d’être banale.

Son regard larmoyant du fou rire qui le prend aux tripes est fixé sur le petit rouquin qui pour la première fois depuis bien longtemps, lui amène l’envie d’un rapprochement avec ce qui pour lui est la pire des gageures qui soit, un touriste.

CHAPITRE 210 (Camping de la dune) (Dimanche soir) (Curiosité quand tu nous tiens) (fin)

Franck l’observe depuis sa cuisine, il ne voit pas bien sûr la pitrerie qui a fait déclencher l’hilarité quasi générale dans sa salle de restaurant mais il sourit devant l’amusement de Raphaël qui lui fait chaud au cœur.

Celui qui l’appelle tonton depuis qu’il sait parler, lui fait un immense plaisir en extériorisant enfin ses émotions, ce garçon jovial avec ses proches restait toujours distant des personnes qu’il croisait et qui pourtant ne demandaient pas mieux qu’à s’en faire un ami.

Franck connaît ses raisons, il les respecte car il y a très certainement beaucoup de vrai mais il est également bien placé pour savoir combien Raphaël peut être attachant quand il se sent en confiance, laissant alors ressortir la vraie nature de ses sentiments.

Il connaît également ses arguments pour ne pas s’attacher aux gens de passage, lui aussi a souvent eu ce pincement au cœur de voir partir quelques personnes avec qui il s’entendait particulièrement bien mais pour Franck ça fait partie de la vie alors que pour Raphaël c’est un déchirement qu’il a choisi de ne pas subir en évitant tout simplement que ça arrive.

C’est donc avec curiosité qu’il vient se placer derrière lui pour regarder ce qui l’a mis dans cet état d’hilarité mais surtout avant ça, d’avoir éprouvé ce besoin de venir épier comme il l’a fait alors que ce n’est vraiment pas sa façon de faire habituelle.

Ses yeux suivent la direction du regard de Raphaël et tombent sur la tablée où de toute évidence la tristesse n’est pas de mise, il ne peut très vite à son tour ne pas s’empêcher de ricaner puis de rire devant le petit rouquin se donnant en spectacle et semblant déchaîné au point que la salle entière ne soit maintenant pliée en deux.

Les pitreries s’enchaînent à un rythme endiablé, jusqu’à ce qu’une partie de la salle principalement féminine se vide et que les deux jeunes filles de la tablée sortent à leur tour en courant vers une direction où il va y avoir bientôt embouteillage, faisant alors cessé les clowneries du jeune rouquin qui regarde autour de lui avec les yeux brillants de contentement.

- (Franck) Ce sont les nouveaux arrivants ? Ceux qui ont pris pension pour deux semaines ? Et bien nous n’avons pas fini d’en entendre parler de ceux-là ! Hi ! Hi !

- (Raphaël) C’est bien parti pour ! Hi ! Hi !

- C’est bien la première fois que je te vois comme ça avec des clients, aurais-tu changé d’avis sur les personnes de passage ? Ceux-là aussi finiront par partir tu sais ?

Franck maintenant que tout semble revenir à la normal, les observe de plus près, ce qu’il remarque alors le fait sourire et comprendre beaucoup mieux l’intérêt soudain que leur porte Raphaël.

- Je dois bien reconnaître qu’ils sortent tous un peu du lot !!

Raphaël tourne la tête vers Franck.

- Un peu ??

- Ok !! Beaucoup !! Physiquement il n’y a rien à dire je confirme !!

- Il n’y a pas que ça tonton, regarde-les !! Ils sont sincères, ne se prennent pas la tête et surtout ça crève les yeux, ce sont de vrais amis comme on voudrait tous en avoir !!

- Alors qu’est-ce que tu attends pour aller leur parler ? J’aimerai vraiment avoir le plaisir de te voir entourer d’amis, tu le mérites toi aussi !!

C’est à ce moment-là que Chloé revient des toilettes, elle aperçoit Raphaël en discussion avec un homme et comme le regard du beau rouquin se fixe sur elle, Chloé lui fait un petit signe de la main, accompagné d’un grand sourire.

Franck bien sûr ne manque pas de s’en apercevoir.

- Ah !! D’accord !! Je comprends mieux maintenant pourquoi tu te planquais derrière la porte ! Hi ! Hi ! J’avoue que tu as bon goût.

- Ce n’est pas ce que tu crois, c’est juste une fille sympa qui était venue se renseigner à l’accueil dans l’après-midi !!

Au même moment Léa apparaît à son tour et a la même attitude que sa copine en apercevant le beau rouquin.

- (Franck) Celle-là aussi apparemment ! Hi ! Hi ! Remarque je dois bien t’avouer qu’elle est aussi mignonne que l’autre, en plus elles vont bien toutes les deux avec leurs copains et ce même si ça fait un peu beaucoup de garçons pour juste deux filles.

Raphaël préfère ne pas répondre en laissant Franck s’imaginer ce qu’il veut, l’important pour lui c’est de comprendre cette oppression bizarre qui lui noue le ventre dès qu’il les regarde et qu’il n’a jamais encore ressenti jusqu’à ce jour pour qui que ce soit, ne pouvant pas encore lui donner un nom qui pour certain serait venu tout naturellement en comprenant ce qu’il lui arrive.

***/***

Je souris intérieurement alors que tout le monde retrouve plus ou moins son calme dans la salle après le petit moment d’amusement que je leur ai offert, destiné essentiellement à apprivoiser celui que j’ai parfaitement reconnu malgré qu’il cherchât à se faire discret en se cachant derrière la porte des cuisines.

CHAPITRE 211 (Aix en Provence) (Lundi matin)

« Chez les De Bierne, chambre d’ami. »

Jean Baptiste ouvre les yeux, surpris de se retrouver dans un endroit inconnu, il se souvient seulement alors où il est et s’empresse de se lever, malgré qu’il serait volontiers resté couché quelques heures de plus tellement il s’y sent bien.

Un passage aux toilettes attenantes à la chambre, puis une bonne douche revigorante et le voilà en pleine forme pour cette journée de vacances imprévue, tellement même qu’il n’a aucun vêtement de rechange et qu’il doive remettre en grimaçant, son slip ainsi que ses chaussettes de la veille.

Le fait de ne pas rentrer à Paris va lui poser un problème à ce sujet, il s’en rend bien compte et il ne sait comment aborder la chose sans heurter ses hôtes qui tiennent de toute évidence à l’emmener voir Florian, alors que lui n’est plus aussi sûr que ce soit la meilleure chose à faire.

Jean Baptiste est conscient que sa venue jusqu’ici n’a été décidée que sur le coup d’une forte pulsion, qui l’a pris en apprenant la guérison de celui que tout le monde donnait pour mort et ce qui en y réfléchissant maintenant à tête reposée, va au mieux le mettre dans une situation délicate d’avoir à expliquer à Florian les raisons qui l’ont poussé à faire un si long trajet pour le voir, alors qu’en fait ce même Florian n’a jamais vraiment fait attention à lui que comme le jeune frère de son pote.

C’est donc avec ces pensées pas très réjouissantes, qu’il descend l’escalier avec l’intention de décliner l’offre qui lui a été faite et de repartir aussitôt pour regagner la capitale et tenter ensuite d’oublier ce garçon, malgré qu’il se doute bien que ce sera plus facile à dire qu’à faire.

***/***

« Dans la cuisine, quelques temps plus tôt. »

Philippe prend le petit-déjeuner avec Michel et Maryse, avec qui il discute maintenant comme avec de vieux amis.

- Jusqu’à hier soir il n’y avait pas vraiment d’interactions entre les réalités qu’a connues Florian, si ce n’est celles qui venaient de ses propres actions pour retrouver des personnes qui lui sont chers. Maintenant les choses évoluent et il semblerait que ce soit ces réalités qui cherchent maintenant à le rattraper, ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose mais qui risque de poser encore plus de questions.

- (Maryse) Il fallait quand même s’attendre à ce que des connaissances de notre petit fils d’avant l’accident cherchent à le retrouver ?

- (Michel) Que ce soit quelqu’un comme Jean Baptiste qui éprouve des sentiments très fort pour Florian est surprenant je te l’accorde, mais je n’y vois rien d’extraordinaire en soi.

- (Philippe) Mes propos n’allaient pas tant vers ce garçon, mais plutôt par ces recherches venant du père Antoine.

- (Michel) Je me souviens que quand nos enfants ont eu cet accident où Florian a été retrouvé au fond de la carlingue avec un important traumatisme crânien, les secours les ont emmenés rapidement jusqu’à un petit dispensaire en attendant qu’un hélicoptère équiper des moyens de survie nécessaires puisse les prendre en charge. C’est sûrement ce même dispensaire où le père Antoine apporte son soutien et celui de son église aux autochtones, bien sûr cela n’explique en rien son soudain intérêt pour ce qu’est devenu ce bébé presque dix-huit ans plus tard.

- (Philippe) Ce que j’en sais, c’est que ce même regain d’intérêt c’est déjà produit dans les souvenirs de Florian et qu’ils ont entraîné toute une suite d’événements qui l’ont amené jusqu’ici, je veux dire dans cette réalité puisque pour l’instant nous n’avons pas de meilleures explications pour définir exactement ce qu’il en est.

- (Maryse) Maurice mène son enquête, nous en saurons certainement plus d’ici pas longtemps et il serait quand même étonnant que ses hommes reviennent avec une panthère noire du nom de « Kinou », ce qui serait aussi bien d’ailleurs car je ne vois pas où nous irions loger un tel animal.

Michel est visiblement amusé par les mimiques pas rassurées de sa femme.

- Nous attendrons d’en savoir plus avant d’imaginer le pire ! Hi ! Hi ! Pour l’instant j’aimerais qu’on en revienne à Jean Baptiste et surtout aux raisons qui l’ont poussé à venir jusqu’à nous.

- (Philippe) Il vous en a donné l’explication il me semble ? De toute façon il n’y a que celle-là qui peut expliquer qu’un jeune homme se lance tête baissée sans réfléchir dans un tel périple, je suis quasiment certain qu’il commence à regretter son geste et qu’il est maintenant conscient qu’il n’a été dicté que par un sentiment très fort sans en peser plus avant les conséquences.

- (Michel) Il est certain qu’avec ce qu’était notre Florian avant tous ces changements, elles auraient eu des répercussions malheureuses pour ce pauvre garçon qui semble bien loin des critères de choix en guise de relations que pouvait avoir notre petit fils d’alors.

- (Maryse) Ou alors c’est qu’il n’était pas si mauvais que ça et qu’il pouvait montrer aussi un peu d’intérêt aux personnes qu’il choisissait de côtoyer ? Après tout il lui souriait quand il le voyait, non ? Ce sont les propres paroles de Jean Baptiste, je n’invente rien !!

- (Philippe) Comme on peut sourire devant quelqu’un qui nous est indifférent sur le seul prétexte qu’il fait partie de l’entourage d’autres personnes, cela ne veut pas dire pour autant qu’on s’y intéresse un tant soit peu, si ce n’est qu’il ne voulait sans doute pas heurter son frère avec qui il était en relation disons …d’affaires.

- (Maryse) Tu m’ôtes toutes mes dernières illusions sur ce qu’était Florian !!

- (Michel) Je ne t’en ferais pas le reproche ma chérie, c’est grâce à ces mêmes illusions et à ta ténacité à avoir voulue nous les faire partager, que nous avons pris la décision de le maintenir en vie rappelle toi ?

Maryse va pour répondre quand des pas venant de l’escalier les font tous les trois se retourner, pour voir arriver Jean Baptiste qui sourit timidement en se voyant devenir le centre d’intérêt de leurs regards portés sur lui.

- Bonjour !

CHAPITRE 212 (Camping de la dune) (Lundi matin) (Réflexe d’une autre vie)

Chloé profite qu’elle est la première à s’être levée pour préparer la table du petit-déjeuner, elle dispose les bols et autres ustensiles en profitant également de la fraîcheur qu’il fait sur la terrasse, heureuse tout simplement d’être là à passer ses premières vacances avec ses amis.

Les deux cafetières qu’elle a disposées en premier commencent à chanter, en se remplissant du breuvage noir qui laisse déjà échapper une senteur appétissante qui lui met l’eau à la bouche.

Heureusement que la veille elle s’en était inquiétée et qu’avec Léa elles sont passées à l’épicerie pour s’approvisionner comme le leur a conseillé Raphaël juste avant qu’elles ne le quittent, en profitant également pour faire le point des aliments qu’il serait bon d’éviter pour les paniers repas du midi, du peu qu’elles connaissent des goûts de chacun.

Le sucre, le café ainsi que la confiture, n’attendent plus que le pain frais et autres viennoiseries que leur a promis d’apporter le jeune et beau rouquin, qui fera elle n’en doute pas un instant très rapidement partie de la bande.

D’ailleurs en parlant du loup, Chloé le voit arriver sur son vélo et ne peut s’empêcher de sourire quand il s’arrête dans un dérapage contrôlé à quelques centimètres d’elle, son visage exprimant bien le plaisir qu’il a de la revoir.

Raphaël pose son vélo contre un des mobil homes et vient déposer le panier avec le sac à pain sur la table, avant de se tourner vers elle pour lui faire la bise avec un naturel qui plait beaucoup à Chloé.

- Bonjour « Raphi » !! Je vois que tu tiens tes promesses ! Hi ! Hi !

- Toujours !! Surtout quand c’est à de jolies filles !!

- Tu dois y être habitué pourtant ?

- Pas tant que ça tu sais, les pensions ou demi-pensions sont assez rares en fait !! Les familles en général préfèrent faire leurs courses elles-mêmes !!

- Je ne parlais pas de ça, mais des jolies filles ! Hi ! Hi ! Un beau gars comme toi doit faire des ravages autour de lui pas vrai ?

Raphaël reste sans rien dire devant le franc-parler peu courant de la part d’une fille, il se sent rougir comme un gamin devant ses yeux qui le fixent sans ciller et le sourire amical avec toutefois une légère pointe d’ironie qu’elle ajoute à ses paroles, n’est pas fait pour arranger les choses.

- Joker ! Hi ! Hi ! Tu es toujours comme ça ou c’est juste parce que c’est moi ?

- Ça doit être mes amis qui me rendent comme ça, ils n’ont pas la langue dans leur poche non plus tu verras et du coup je deviens moins timide !! Maintenant ne crois surtout pas que je suis comme ça avec tout le monde, c’est juste avec ceux qui me plaisent bien.

- Je m’en doute !! En parlant de tes amis, ils dorment encore ?

- J’attendais que tu amènes le pain pour les appeler, tu restes boire le café avec nous ? Je vois que tu as amené de quoi nourrir un régiment !!

- Pourquoi pas si ça ne vous gêne pas !!

- Bien sûr que non au contraire et comme ça tu vas découvrir le reste des loustics et crois-moi, hier tu as sans doute rencontré les plus sérieux ! Hi ! Hi ! Attends de faire la connaissance de ton homologue et tu m’en diras des nouvelles !!

- Mon homologue ??

- Oui !! Le rouquin fou ou Florian si tu préfères !! Celui-là s’il n’existait pas, faudrait l’inventer ! Hi ! Hi ! Tiens !! Installe-toi là, ils ne te verront pas tout de suite comme ça et tu vas pouvoir les voir au réveil, j’espère juste que tu ne vas pas prendre feu en les entendant !! Surtout qu’ils vont se croire entre eux !!

- Ils sont tous vraiment en couple alors ?

- Pas tous non, ou du moins pas encore !!

Chloé lui fait alors un rapide débriefing de qui est avec qui et qui reste pour le moment seul, en précisant bien qu’il serait étonnant que ça reste longtemps le cas.

Raphaël l’écoute la bouche ouverte d’ahurissement, comprenant qu’il est tombé sur une bande de copains comme il n’en a jamais même entendu parler et la seule question qu’il trouve à poser derrière la présentation qu’en fait Chloé, la désarçonne par le ton et la forme, tout autant que par son contenu.

- Mais vous les filles dans tout ça, vous n’avez personne ?? Ça doit être difficile à vivre avec tous ces beaux gars, il n’y en a vraiment pas un seul qui s’intéresse à vous ??

- Et bien non tu vois !! Dès qu’il y en a un nouveau qui arrive dans la bande, comme Éric et Benjamin, il faut qu’ils soient comme eux et d’ailleurs à ta question j’ai bien compris que ce sera pareil pour toi, alors nous attendons avec Léa qu’ils y en aient au moins deux qui nous tombent du ciel et surtout qui ne voient dans nos loulous que des copains et rien de plus ! Hi ! Hi !

- Il n’y a pas de raisons pour que ça n’arrive pas, heureusement d’ailleurs !! Sinon il y aurait de quoi s’inquiéter ! Hi ! Hi !

***/***

« Chambre de Florian. »

J’entends des voix dehors, mais surtout je sens une odeur de café qui me fait saliver et me lever encore la tête dans le coltard pour ne pas dire dans le cul, je sors en manquant déjà de m’étaler avec les deux marches qui me séparent du bol qui m’obnubile.

J’attrape la cafetière pour le remplir et vais m’asseoir sur les genoux de mon « Raphi » en lui faisant une bise sur la joue juste au coin des lèvres, avant de prendre ma première gorgée de café en ouvrant cette fois bien les yeux, surpris du regard ahuri que porte sur moi Chloé.

***/***

« Quelques secondes plus tôt. »

Chloé va pour répondre, quand la porte s’ouvre et que Florian fait son apparition, elle manque d’éclater de rire quand elle le voit trébucher sur les marches et se mord les lèvres de la vision de son ami seulement vêtu de son boxer prêt à craquer par la bandaison matinale qu’elle a appris à ne plus s’offusquer de voir puisque de toute façon il n’y a rien à y faire.

Elle le regarde ensuite se diriger au radar vers la cafetière, pour se servir dans un bol la seule mixture au monde capable de lui faire ouvrir en grand les yeux à ces heures matinales et c’est là que l’imprévisible arrive, en la scotchant littéralement elle ainsi que Raphaël, en venant s’asseoir comme en terrain conquis sur les genoux du grand rouquin et en plus de ça l’embrasser quasiment sur la bouche avec un naturel et une douceur amitieuse venant du cœur, qui ne trompe pas Chloé sur son geste visiblement non prémédité à l’avance, mais venant d’une longue habitude qui a traversé le temps et l’espace.

CHAPITRE 213 (Afrique) (Lundi matin) (Le « don »)

« Dispensaire »

Le père Antoine ne sait plus trop à quel saint se vouer depuis que toutes ses tentatives pour obtenir les papiers nécessaires à Taha pour sortir du territoire, sont restées lettres mortes et pour cause, le jeune Masaï faisant partie d’une des tribus protégées, rien ni personne n’a le pouvoir de donner une telle autorisation hormis très certainement des instances politiques qu’un pauvre vieux prêtre n’a pas dans son carnet d’adresse.

Pourtant il a retrouvé la trace du jeune De Bierne qui réside à Paris avec ses parents, Internet question de ça a du bon pour ce genre de recherches et il ne lui a fallu que quelques clics pour avoir les renseignements demandés, qui ne lui servent pas à grand-chose vu que de toute façon Taha ne pourra sortir pour l’y rejoindre.

Un gros soupir lui vient en repensant à toute cette histoire, quand il y a quelques jours Okoumé et son fils, sont venus le voir pour lui raconter leurs aventures, ce qui au début l’a bien fait rire, jusqu’au moment où ils l’ont amené eux-mêmes vers cette clairière où il a trouvé Naomé assis comme en transe sur un tas de pierres cerné par une brume bleutée.

Beaucoup de choses ont changé à son retour, ses croyances venant d’en prendre un rude coup et il ne voit certainement plus l’existence humaine comme avant cette rencontre, ayant maintenant la preuve qu’une vie existe aussi ailleurs dans l’univers.

Le père Antoine sourit malgré tout de ce regain de forces que ces entités extra planétaires lui ont accordé et qui depuis lui a redonné la vitalité de ses soixante ans.

Maintenant il a aussi accepté de mettre tout en œuvre pour que le jeune Masaï rencontre ce Florian De Bierne et cela le plus rapidement possible, le garçon étant porteur apparemment d’un message de la plus haute importance voir vital pour ces êtres venus d’ailleurs.

Il reste encore la solution de faire prévenir le jeune De Bierne et que ce soit lui qui se déplace pour venir jusqu'ici, Antoine soupire en comprenant que c'est sans doute cette dernière solution qui restera la plus crédible.

***/***

« Sur le chemin menant au dispensaire. »

Un jeune homme et une jeune femme sont à l’arrière du véhicule tout-terrain, conduit par un ancien capitaine de police locale.

- Je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi c’est nous deux et non des agents plus expérimentés, que le patron a envoyé pour cette mission.

- Qu’est-ce que j’en sais moi !! Déjà une chance qu’on se connaisse, tu ne crois pas ?

Il s’adresse au chauffeur.

- Nous sommes encore loin du dispensaire monsieur ?

- M’Balla !! C’est mon nom !! Pour répondre à votre question, nous devrions arriver d’ici une petite heure !!

- Tant mieux parce que je commençais à avoir le mal de mer à être cahoté comme ça depuis la ville ! Hi ! Hi ! Vous connaissez bien le père Antoine monsieur M’Balla ?

- C’est un ami de longue date, mon ancien métier avant ma retraite était de visiter les peuples autochtones pour leurs protections et je voyais le vieux père régulièrement, il a plus de quatre-vingt ans savez-vous ? J’étais encore jeune lieutenant que nous l’appelions déjà le vieux père Antoine ! Hi ! Hi ! C’est un homme bon qui a voué sa vie pour soigner les tribus, en amenant la foi de son dieu dans ces contrées sauvages. Votre venue va très certainement le perturber, je vous demanderai d’être très diplomate et de n’aborder le but de votre visite que quand il sera en confiance, il n’était certainement pas conscient que ses recherches sur Internet lui amèneraient des ennuis.

Patrice regarde Camille sa collègue et amie, qui semble tout autant que lui surprise que le but de leur long voyage soit déjà connu.

- (Patrice) Comment pouvez-vous être au courant du but de notre mission monsieur M’Balla ?

- J’ai gardé de très bons contacts avec mes anciens collègues encore en service vous savez !!

- (Camille) Nous ne lui voulons pas d’ennuis, juste connaître la raison s’il y en a une, pour qu’il ait cherché des renseignements sur un crash aérien ayant eu lieu il y a bien longtemps.

- En quoi ces recherches peuvent-elles intéresser la DST Française ?

- (Patrice) Parce qu’elles ont été poussées jusqu’à connaître le lieu de résidence d’un jeune homme qui n’était alors qu’un bébé et que ce même jeune homme nous intéresse pour des raisons que je ne suis pas habilité à vous révéler, vous comprenez ?

- Je comprends d’autant mieux que c’est moi et mon équipe qui avons pris en charge les rescapés de cet accident d’avion et que j’ai été témoin de certaines choses concernant cet enfant qui n’avait alors que quelques mois, trois ou quatre si mes souvenirs sont bons !!

- (Camille) Qu’entendez-vous par avoir été témoin de certaines choses concernant l’enfant ?

- Quand nous sommes arrivés sur le lieu du crash, nous avons très vite mis le bébé ainsi que le pilote qui étaient gravement blessés sous oxygène et nous les avons emmenés en sécurité au dispensaire où le père Antoine les a mis sous perfusion, le bébé avait une hémorragie à la tête qui n’avait pas belle allure croyez-moi. Nous sommes ensuite repartis pour récupérer les parents qui n’avaient que des contusions mineures et également ramener avec nous le copilote de l’appareil qui lui était décédé.

- (Camille) Soit, mais ça ne répond pas à ma question ?

- J’y viens !! Au retour le père Antoine est venu directement vers moi en me disant qu’il se passait quelque chose d’anormal avec le bébé, il m’a demandé de le suivre et de ne pas prévenir ses parents !! Vous vous imaginez bien ma curiosité ? J’ai même cru un moment que le bébé était mort !!

- (Patrice) Mais ce n’était pas le cas n’est-ce pas ?

- Non en effet !! Bien au contraire je dirais même !! Quand la sœur infirmière me l’a mise dans les bras, il n’y avait plus aucune trace quelle qu’elle soit et pourtant je vous jure que ce n’était pas beau à voir quelques heures plus tôt.

- (Camille) Y a-t-il eu un rapport de fait ??

- C’est moi-même qui l’ai écrit et j’ai longuement hésité à le faire croyez-moi, s’il n’y avait eu toutes ces photos ainsi que les radios prisent à son arrivée au dispensaire pour prouver que je n’étais pas fou, je ne l’aurais certainement pas envoyé !! Ce bébé avait un …. « Don » vous comprenez !! Il avait le « don » de guérir !!

Fin du livre 3 tome 2

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