C'est ainsi !

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Tout était prêt.

La fine équipe. Eulalie, Cyril et Johan admiraient le plan étalé sur le table.

Tout trois, partageait une connivence sans faille, et ce depuis l’enfance. C’est pour ça que lorsqu’Eulalie avait dit « les gars, il est temps de faire quelque-chose », les deux autres avaient opiné du chef, sans avoir besoin de poser de question.

À côté d’eux, le matériel était empilé. Des tonnes de munitions, bien plus que nécessaire. Les armes étaient variées, prêtes à s’adapter au moindre besoin ou désirs des guerriers.

L’heure était grave.

Et pour cause… Eulalie avait une frousse dingue des souris. Or depuis peu, une souris s’était introduite dans la maison. Une souris qui ne tarderait probablement pas à faire des petits, qui eux-même se reproduiront, et ainsi de suite. Il fallait enrayer le mal dès le début.

Un plan d’attaque avait donc été établi le matin même. Il comprenait une partie défense et protection des réserves, des murs et de la chambre pour commencer. Le tout utilisant des barricades de fortunes, faites de couvercles de caisses en plastique, de planches en bois barrant les accès aux diverses pièces et de meubles parfaitement fermés. Ils se savaient pas si c’était suffisant pour empêcher une souris d’entrer quelque part, mais ils faisaient au mieux.

La seconde partie concernait l’attaque et l’élimination de l’ennemi.

Ça leur avait pris quelques heures pour tout manigancer et tout acheter. Cette partie s’avéra la plus longue. Chacun y étant aller de son petit commentaire pour la liste de courses, celle-ci s’était follement développée et il leur fallait faire plusieurs magasins pour tout trouver.

Et enfin, ils étaient là, tous les trois, autours de la table.

Ils misaient le plus gros de leur espoir sur le poison. Les emplacements pour le déposer avaient été minutieusement choisis. Sous les meubles, dans les recoins… Une recherche internet ayant expliquée que les souris longeaient les murs, ceux-ci devinrent les lieux d’action principaux.

Restait encore derrière la chaudière et derrière le canapé.

De la pâté « très appétissante » selon l’étiquette fourmillait dans toute la maison. Il avait fallut enfermer Renaldo dans la chambre pour qu’il ne se nourrisse pas du poison, seul lieu où aucun piège n’existait car la souris ne devait pas avoir eu le temps de s’y faufiler. Eulalie avait tenue à fourrer toutes les pâtés d’arsenic, poison agissant instantanément. Les trois acolytes, aux mains blanchies par les gants jetables s’étaient attelés à la tâche, s’assurant d’avoir nourri Renaldo avant pour minimiser au maximum les risques de problèmes.

Les pâtés disposés, il restait à couper le Munster, l’emmental et les saucisses en petits morceaux afin de les fixer aux tapettes. Quelques-unes étaient déjà tendu, ayant servi de modèles. À côté patientaient encore les cages piégées, une épuisette à papillons ou à crapauds, prévue pour ce coup-ci à la chasse à la souris et, à la demande de Johan, une grosse pelle métallique « pour lui éclater le museau » en cas d’attaque intempestive.

Après tout, on ne sait jamais.

Tout était prévu au poil de cul !

La souris allait manger le poison. Au mieux, cela se ferait dans une cage ou une tapette. En cas de réaction agressive, Cyril aurait l’épuisette pour la bloquer et Johan la pelle pour l’assommer.

La pâté devait agir en trois à six heures. Le poison ajouté d’Eulalie en quelques secondes pour un si petit animal.

Ensemble, tel les trois mousquetaires, ils resteraient à surveiller et à protéger les lieux d’une invasion qui promettait d’être dévastatrice. C’est gaiement qu’ils s’apprêtaient à entrer en guerre.

C’est alors qu’un long feulement agressif se fit entendre. Avant même que l’un d’eux ne réalise quoi que ce soit, Renaldo débaroula dans la salle, piétinant joyeusement la pâté « fort appétissante » de ses patounettes griffues, poursuivant une souris traçant du mieux qu’elle pouvait.

Elle sembla aller de droite à gauche indécise puis se faufila sous le meuble de cuisine, tout prêt de la table où nos trois compères travaillaient.

Eulalie poussa un cri strident, digne des vieux films d’horreur. Les garçons sautèrent aussitôt sur leurs armes. Plein de courage, ils choisirent de débusquer la souris sous le meuble tandis qu’Eulalie se hissait sur une chaise pour les encourager.

À force de coups de manche de pelle, la souris sortie et bondit sur la chaise à côté d’Eulalie avant de s’élancer au sol. Sa rapidité était plus vive que l’esprit d’Eulalie qui bloqua sur une seule chose, la proximité de la souris.

Renaldo suivi de près la bestiole et sauta sur la table, renversant tous les préparatifs, les tapettes prêtes sautèrent dans le vide. Johan s’élança, pelle au-dessus de la tête, l’abattant trop tard, mais avec un élan et une force incroyable sur la chaise où la souris s’était trouvé quelques secondes avant. Eulalie qui gigotait de trouille perdit l’équilibre, grâce notamment à un pied de la chaise qui céda. Elle se retrouva alors sous la ligne d’abaissement de la pelle qui s’abattit d’un coup sec sur son crâne.

La souris continuait à cavaler, Renaldo à ses trousses. Cyril de son épuisette tenta plusieurs coups, chaque fois infructueux jusqu’à ce qu’enfin, une grosse forme poilue fut saisie. Malheureusement, c’était Renaldo qui n’appréciait pas du tout le procédé. Il se débattit comme une furie, sautant au visage de son agresseur. La rage de la souris plus cet emprisonnement n’était pas pour le rendre serein. Il ne mit pas longtemps à lacérer le visage de Cyril avant de s’élancer à nouveau à la poursuite de la souris.

Sur les joues de Cyril, les larmes coulaient, se mélangeant au sang et au poison qui avait pénétré la peau du jeune homme. Sa peau lui brûlait mais il ne s’en étonna pas vu la violence de l’instant. Il s’essuya à plusieurs reprises le visage et les yeux. En revanche, les étourdissements qui ne tardèrent pas à arriver le prirent au dépourvu. Il se força à se concentrer sur la souris, espérant pouvoir annoncer à ses amis qu’il avait réussi la capture. Pourtant, quelques minutes plus tard, plein de désorientation et de perdition, il se laissa tomber au sol, évanoui. Le mélange sang-poison ayant gagné les globes oculaires, il mourut dans les trois heures qui suivirent, sans reprendre conscience.

Renaldo attendit devant le canapé un long moment que la souris sorte. Puis fatigué de tant d’agitation, il grimpa dessus et se coucha en rond.

Derrière le canapé, Joséphine la souris, bien contente d’avoir trouvé un habitat protégé, croquait goulûment une sorte de pâte de fruits rouge qu’elle trouva fort appétissante. Elle s’en tapa trois à la suite. Jamais elle n’aurait cru pouvoir manger autant mais c’était tellement bon !

Le ventre bien gonflé, elle sortie de sous le canapé, pensant être en paix, au vue du silence qui régnait dans la maison.

C’est ce moment que choisit Renaldo, chat patient, pour lui fondre dessus et la croquer entre ses dents. Il la secoua une bonne vingtaine de minutes, s’amusant de la faire sautiller et de lui laisser un semblant de vie le temps de jouer.

Puis il l’avala tout rond, tout content de ses compétences. Sûr qu’Eulalie allait être fière de lui, elle qui ne pouvait pas blairer les rongeurs.

Oh, la petite bête semblait tout de même lui peser sur l’estomac. Il se recoucha, pensant se reposer encore un peu. La journée avait probablement était trop agitée.

Ainsi installé confortablement, il s’endormit et mourut à son tour.

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