Mille et un rêves

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Elle a fait mille rêves différents mais seulement deux parlaient de lui. Toujours les mêmes qui tournaient en boucle chaque soir dans son esprit endormi, ses pensées tourbillonant autour de Félix, le garçon, pas le chat.

Le premier était plus un souvenir détourné qu'un rêve. Il commençait toujours par un plongeon dans les yeux de Félix, si intense que dans son lit, Prune se retournait en frissonant à chaque fois. Puis une sonnerie, semblable à celle qui signalait le début de la récréation après seulement quelques secondes, se mutait en délicat chant d'oiseau. Prune déplaçait chaque fois son regard de Félix à l'animal qui venait de se poser sur une branche basse à côté d'elle. Elle écoutait sa mélodie en le fixant jusqu'à ce qu'il s'envole. Lorsqu'elle revenait au petit garçon, il avait posé un genou à terre, un petit boitier dans la main. Il l'ouvrait doucement, dévoilant un cœur en papier. Ses yeux se faisaient suppliants. Puis tout s'accélérait. Une nuée de volatiles fonçait vers eux les frappant au visage de leur ailes déployées. Prune se couvrait la tête de ses mains d'enfant sage. L'instant d'après, il n'y avait plus rien. Les oiseaux avaient disparus, emportant Félix, ne laissant au sol qu'un tas de plumes et une petite boîte contenant un cœur en papier déchiré. Prune se réveillait à cet instant, en sueur, réalisant qu'il n'y avait pas que Félix qui avait déménagé à la suite de l'incident, tout le monde était parti. Elle était encore despérement seule.

Le second rêve concernant Félix était plus court, plus bref mais plus intense encore. D'abord, il y avait une rue déserte, comme celles que Prune parcourait chaque jour en quête de trésors pour s'occuper. Désormais elle n'était plus une enfant, mais une adolescente. Mais plus elle avançait, plus il lui semblait distinguer une silhouette qui s'éloignait. Alors elle se mettait à courir pour tenter de rattraper ce fantôme. Car maintenant, elle en était sûre, ce n'était pas celle de n'importe qui. Au loin, elle savait que c'était Félix qui disparaissait. Elle accélérait, baissait les yeux pour voir où elle marchait et en les relevant, il n'était plus là. Elle était encore seule. Le souffle court en sortant du sommeil, Prune attrapait son chat et le serrait fort dans ses bras, retenant ses larmes.

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