Chapitre 4 - Entre voisins, il faut s'entraider

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Ma maison est construite à l'appui d'une colline, et le chemin qui monte vers les hauteurs conduit au manoir des nécromants. Ils se sont installés là il y a longtemps, car le manoir protège l'entrée d'un vaste réseau de galeries souterraines. Ils l'appellent nécropole et prétendent y trouver des reliques puissantes. Mais je sais que ce ne sont que des mots pour leurrer les imbéciles. J'y suis descendue une fois. Sous la terre, je n'ai vu que les galeries désertées d'une ancienne mine. Et s'ils en remontent des reliques, ce ne sont que les os broyés des mineurs trop lents pour s'enfuir lorsque leurs poutres craquaient sous le poids de la terre accumulée.

La route est mauvaise, de terre mal battue par le déplacement des troupes, creusée par le passage des engins de guerre. De part et d'autres, les nouveaux maîtres du manoir ont installé des grilles pour retenir leurs soldats zombis. Sans elles, leurs troupes se débanderaient au hasard, rejoignant la masse amorphe de ceux qui battent la campagne. Dans le manoir, il n'y a que les nécromants et leurs serviteurs. Sur le perron, une cloche rend un glas long et fêlé. Ils soignent les détails. Quels visiteurs espèrent ils impressionner par leurs fastes, leurs candelabres rouillés et leurs serviteurs en livrée ? Se prennent ils pour les seigneurs de ces terres ? Je les vois tels qu'ils sont : des hommes qui ont accueilli la mort en croyant que cela leur donnerait un pouvoir sur elle. Au lieu de se battre, ils ont pactisé. Ce n'est qu'une autre forme de fuite.

Le grand maître des nécromants s'appelle Beobartus. C'est sans doute le seul d'entre eux qui vaille vraiment quelque chose. Sans lui, tous se seraient dispersés dans la campagne, avant de s'entre-détruire en luttes fratricides. Lorsque je monte le voir, il me recoit dans son bureau aux vitres donnant sur les champs d'entraînement derrière les bâtiments. Il a fait tailler des livres de pierre qui constituent l'essentiel de sa bibliothèque. Des blocs dont la forme évoque un manuscrit relié. Contrairement à ses lieutenants, il ne prétend jamais que ces objets lui donnent un quelconque pouvoir. Pas de contes stupides de runes gravées ou de formes mystiques. Ses livres de pierre ne sont rien d'autre que des symboles. Je ne lui ai jamais demandé de quoi.

Beobartus ne portait pas la barbe de son vivant. Il l'a certainement trouvée quelque part. Peut être est ce l'une des fameuses reliques de ses souterrains. A moins que la mort n'ait provoqué chez lui une croissance démesurée de la barbe. On a déjà vu plus étonnant.

"Beobartus, je vais à Hohenraumheim."

L'homme se redresse. Ses yeux se sont ouverts en grand.

"Elsa, tu acceptes enfin un commandement ?"

Je me demande un instant s'il a complètement perdu l'esprit. Je suis venue lui acheter une aide, et voilà qu'il m'accueille comme si je venais faire soumission.

"Beobartus, garde tes hommes. Je ne perdrai mon temps à jouer au chef de guerre."

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