Chapitre 1

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Clermont-Ferrand

Comment savoir où et quand notre vie va basculer ? Est-ce au détour d’une ruelle sombre et lugubre, ou dans une rue bondée un samedi après-midi ? Ce jour là, Judith Lonval profitait de son jour de repos. Ses enfants étaient avec leur père. Barmaid et gérante d’un pub, entamait ses dernières minutes de répit avant… Avant une rencontre, une décision sans retour, un échange, un aveu. Personne n’aime entendre comme préambule : "Je sais ce que tu as fait !" Et pourtant, l’homme qui venait de prendre place à la table de Judith Lonval l’accusa d’une vérité innommable.

— Bonjour Judith, ça faisait longtemps, lança l’inconnu d’une voix calme.

Aussitôt, Judith reconnut cet homme qui ne paraissait pas suspect au premier abord. Il portait une chemise noire et un manteau en cuir, il avait une barbe soignée, il ne s’agissait pas d’un vagabond ou d'un désaxé en manque de drogue. Il n'avait rien de louche, pourtant ses motivations étaient tout sauf bien intentionnées. Elle avait l’habitude de se rendre au coffe's, un salon de caffé, thé au style baroque. Elle y passait quelques heures pour lire, profiter de la vue avant de rejoindre son mari et ses deux enfants.

— Que fais-tu ici ? rétorqua Judith d’une voix tendue, nouée, presque terrorisée.

Avant de se relever d’un bond, elle attrapa son livre et le rangea dans son sac d’une main tremblante. L’autre, qui semblait bien la connaître, l’attrapa d’un geste brusque.

— Assis !d-il en la dévisageant tout en affichant un sourire poli pour faire bonne figure). Tu savais que j’allais revenir un jour ou l’autre, ma chérie. Tu pensais vraiment que j’allais t’abandonner aussi facilement ? C’est mal me connaître, mon ange. Tu es à moi, à jamais et tu le sais. Tu me l’as dit ce soir-là, tu t’en souviens ?

Judith sentait son cœur battre la chamade. Elle cherchait de l’aide du regard, des clients, du serveur qui la frôla sans lui prêter attention, pressé d’apporter sa commande.

— Jack, c’était il y a si longtemps, pourquoi maintenant ? Je suis mariée, j’ai des enfants, une vie de famille, je ne suis plus cette femme !

— Tu crois ? Je sais ce que tu penses, ce que tu ressens, je t’ai pénétré, chaque parcelle de ton intimité, de ton être est à moi. Et tu crois qu'il te suffit de changer de ville et de nom ? Que tu es sotte ! Je suis là maintenant !

— Que veux-tu ? s’enquit Judith du tac au tac sans perdre de temps afin d’en finir au plus tôt.

— Toi ! Rien que toi, pour toujours. Je veux ton esprit, ton corps, ton âme, à jamais sous mon contrôle. Si tu me résistes, encore… Enfin, ne me pousse pas à bout, mon amour, on va se faire du mal, ça pourrait se passer autrement. Ne me force pas à révéler la vérité à ta famille, cette vérité que tu caches. Ton mari, tes enfants ni tes amis ne savent sûrement pas ce que tu as fait ce soir-là ?

Effrayée, elle poussa la table sur Jack en hurlant tout en cherchant le soutien des personnes présentes dans le bar.

— Laisse-moi tranquille ! Je ne veux rien de toi, tu es un monstre !

Tout en reculant, elle manqua de tomber, mais fuir était sa seule chance, afin d’éviter un désastre sans précédent. Comment en était-elle arrivée là ? Est-ce le destin ? Un malheureux hasard ? Pourtant, cette journée avait débuté comme les autres, sans incidents, dans le calme, la joie, celle d’une famille heureuse et sans soucis.

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