Chapitre 2

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Chapitre 2


Bien sûr, j'ai dit à maman que j'étais désolée, que je ne recommencerai plus. Sauf qu'elle ne sait pas à quel point je suis têtue, alors je continue quand même, en me faisant encore plus discrète. Les adultes sont d'une naïveté parfois... 


Et puis je n'ai pas fini de vous raconter l'histoire de Tania. Si ma mère savait qu'en plus d'écouter ses conversations, je vous racontais tout, elle serait sûrement encore plus furieuse contre moi. Mais vous ne lui direz rien, promis ?


Tania est revenue de nombreuses fois à la maison, je crois qu'elle cherchait des conseils. Maman lui a suggéré d'organiser un week-end en amoureux avec son mari, en lui disant que cela leur ferait du bien de prendre l'air, de sortir de leur train-train quotidien. Je crois que l'idée lui a plu, parce que seulement quelques jours après, elle est arrivée rayonnante en annonçant que José avait finalement accepté de l'accompagner. Elle a dû lui prendre la tête, grave, pour qu'il dise oui ! 


Après, on ne l'a plus vue pendant toute une semaine. Puis un jour elle a débarqué chez nous, toute bronzée mais encore plus défaite qu'avant. Ça s'était visiblement très mal passé là-bas. Elle pleurait en disant que son mari n'avait visiblement rien tenté pour la reconquérir. Ce mot, je le connaissais pourtant, je l'avais lu dans un de mes livres d'histoire. Ça parlait de guerres qui servaient à reconquérir de nouveaux territoires ou  des forteresses. Depuis quand Tania est-elle devenue une place forte ? Bon, c'est vrai, elle est un peu enveloppée comme elle dit, moi je la trouve même un peu obèse, mais de là à la comparer à ça ! C'est pas très gentil, vous ne trouvez pas ? 


Elle a également ajouté, entre deux sanglots, qu'il ne faisait que boire des Margarita, du lever au coucher du soleil. C'est un cocktail à base de téquila, j'ai vu ça sur internet. Il restait avachi sur son transat, à contempler la mer, perdu dans ses pensées, sans prononcer un seul mot. À la fin de la journée, il parait qu'il avait même du mal à retrouver leur chambre. Tu m'étonnes... Que le temps qu'elle se fasse belle pour le dîner du soir, il ronflait déjà. Elle l'a aussi traité de mufle. Maman ne savait plus quoi lui dire. Je suis allée voir la définition de mufle, que je ne connaissais pas. Et là, j'ai lu : museau du bœuf ou du bison. Décidément, ils ont de drôles de comparaisons les adultes.


Depuis leur retour de vacances, j'ai l'impression que l'ambiance est encore pire qu'avant. Ma mère a même parlé de véritable fiasco. Là aussi je suis allée voir la définition : impuissance de l'homme. Impuissance à quoi ? À aimer ? Elle lui a alors suggéré  d'aller voir un conseiller conjugal. Il paraît que c'est quelqu'un qui aide le couple à aller mieux en donnant des conseils. J'espère qu'ils seront meilleurs que ceux de maman... En tous les cas, j'ai trouvé que c'était une bonne idée et je la garde en tête pour plus tard, au cas où... C'est vrai, quelqu'un qui peut vous apprendre à conjuguer le verbe aimer, c'est toujours utile, vous ne trouvez pas ? Quant à Tania, nous ne l'avons pas revue. J'espère qu'elle n'est pas fâchée après nous. 


Mais plus j'y réfléchis et moins je veux d'un amoureux. C'est trop difficile de trouver le bon et puis ça devient trop compliqué après. Même si les couples ne sont pas tous comme Tania et José, c'est pas pour ça que tout roule pour autant. Par exemple, maman se met souvent en colère après papa, parce qu'il laisse tout traîner, il ne range rien, surtout dans son bureau. Son excuse est que : lui s'y retrouve dans son bazar. Sauf que nous, quand notre chambre est en désordre, même si on s'y retrouve, maman nous oblige à la ranger ! Pourquoi c'est pas pareil avec lui ? C'est vraiment injuste ! 


Et puis, à la maison, papa et Eliot, ils se débrouillent toujours pour se fatiguer le moins possible ! Faut dire que les rares fois où ils ont fait un effort, c'était vraiment pas terrible. Visiblement, ils avaient hâte de se débarrasser de leurs corvées, il restait encore plein de saletés ! Ils ne voient pas avec les mêmes yeux que nous, c'est évident ! Ils sont vraiment différents. 


Mon frère, par exemple, je sais que quand il va chez son copain, il joue à des jeux de guerre. Pourtant à la maison, dès qu'il a essayé de parler de PlaySation à mes parents, ils ont refusé catégoriquement en lui expliquant les dangers de ces jeux. J'étais là et j'ai tout entendu. C'était clair, même moi j'ai compris ! Eh bien, il continue quand même à jouer à ce truc débile, ça l'amuse. Il me dit que c'est comme s'il jouait aux cow-boys et aux indiens, version plus moderne. Mon œil ! Les uns avaient de vieilles pétoires, comme dit grand-père et les autres des flèches et ils manquaient souvent leurs cibles, sauf Lucky Luke bien sûr. Alors qu'eux, pour les avoir vus jouer, ils ne font jamais de prisonniers ! 


Parfois, j'ai envie de le dire à papa et maman, mais j'ai peur qu'ils le punissent et qu'il m'en veuille. C'est dur parfois d'être du KGB, je ne sais pas comment il fait Poutine avec tous ses secrets...

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