Ton empreinte sur le canapé – rupture + 8 mois

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Il y a la maison un canapé d’angle sept places qui raconte aussi notre histoire.

Il a connu nos débuts, quand tu venais me retrouver juste pour quelques heures; quand on se découvrait, quand on faisait l’amour en écoutant de la musique. Tous ces morceaux qui sont entrés en moi avec toi et qu’il m’est devenu si difficile d’écouter maintenant.

Plus tard, quand tu t’es installé, il a assisté au partage de nos films incontournables, de nos séries à découvrir; aux Grands Prix F1 ou moto du dimanche, ceux pendant lesquels je m’endormais sur ton épaule ou la tête posée sur tes cuisses.

Il a vécu certaines disputes et assisté à des crises; celles à l’issue desquelles tu m’ignorais de nombreuses heures, de longs jours ou des semaines interminables. Il était là dans ces moments si douloureux pour moi quand tu me montrais autant de considération qu’à ce coussin sur lequel tu posais les pieds. Comme lui, j’étais un meuble. Il a entendu ton silence comme tes cris et les miens aussi. Il t’a souvent vu me repousser, quelquefois casser des choses. Il a essuyé mes larmes et tes tempêtes et nous a accueilli l’un ou l’autre pour y dormir.

Il a du constater qu’on s’éloignait mais sans doute que comme moi, il n’a pas la notion du temps ni du quand ni même du comment ou du pourquoi d’ailleurs. Ce canapé a donc fini par nous trouver, souvent, puis tout le temps, moi à une de ses extrémités, toi dans l’angle opposé avec tout cet espace vide entre nous deux. Il a entendu que je te proposais parfois des massages que de temps en temps tu acceptais; il a vu que tu réduisais alors la distance, très brièvement, juste le temps d’en profiter. Il a constaté que je donnais sans jamais rien recevoir; que j’essayais mais en vain. Sans doute qu’il a compris plus vite que moi mais il n’a rien dit. Quand bien même, je ne l’aurais pas écouté.

Cet angle qui constituait ton territoire, il t’y trouvait souvent allongé, gsm ou tablette à la main, télécommande à proximité, cannette de bière coincée entre ses coussins. Enfermé dans cet espace mieux que dans une forteresse. Tu t’y barricadais pour devenir de plus en plus inaccessible et silencieux. Bien que je souhaitais le contraire, je ne pouvais que m’éloigner car tu ne me laissais ni d’autre choix, ni d’autre droit. C’est toi qui décidais, toujours, et moi qui te laissais décider. Le canapé le sait.

Il sait aussi que depuis que tu es parti, il y a pourtant huit mois maintenant, personne n’occupe cet espace. Ni moi, ni mon fils ni aucun des animaux de la maison. J’ai pourtant essayé de me réattribuer cette zone, d’ exorciser mais peine perdue. Si j’ai réussi pour tout le reste, pour le canapé, non et je n’ai pas encore compris pourquoi.

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