Une punition façon Ludwig

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La famille Ludwig était connue comme la plus prestigieuse des familles vivant à Asmarof. Ils avaient été dotés par les Dieux d’une beauté et d’une intelligence remarquable. Leur charme n’avait d’égal que leur froideur. Et une grande part de la noblesse de Redsky leur vouait respect et considération.

Même les nobles vivant dans les quatre autres empires les craignaient et tachaient de rester dans leur bonne grâce.

Bien évidemment, la Famille Vasquez n’en faisait pas partie. Car, contrairement aux autres, les Vasquez se tenaient toujours à bonne distance des Ludwig.

Perry n’était pas le mieux placé pour leur en tenir rigueur. En tant que fils cadet du chef de la branche secondaire, il avait très tôt été témoin des atrocités commises au sein de cette famille.

Aujourd’hui encore, il allait en avoir un exemple poignant.

Impérieusement assis derrière son imposant bureau, son oncle le regardait de haut. Il était le chef actuel de la branche principale.

- Alors c’était toi. C’est toi qui a rapporté toutes ces choses à Philipe.

Perry ne répondit pas. Que pouvait-il donc dire ? Qu’il était innocent ? Alors même que cet homme avait toutes les preuves affirmant le contraire ?

Non. Dans ce genre de situations, mieux valait se taire et écouter.

- Perry. Continua son oncle. Te rends tu compte de la gravité de tes actes ? Comprends tu bien que je ne peux pas laisser passer un pareil comportement ?

À nouveau, le petit garçon garda le silence. Il avait si peur qu’il n’osait même pas lever les yeux.

Ses parents étaient là. Son grand-frère aussi. Mais personne n’allait intervenir. Perry le savait. Il n’avait que dix ans mais il comprenait déjà beaucoup de choses. Il était conscient de la dangerosité de la situation. Après tout, dix ans en âge vampire correspondait à vingt ans d’existence chez les humains.

Son oncle remua lentement le contenu de son verre. Un liquide d’un rouge sombre dont l’odeur ferreuse lui parvenait parfaitement malgré la distance qui les séparait.

L’homme, dont les yeux étaient maintenant écarlates, esquissa un rictus mauvais.

- Vas y donc Gragor. Je te donne l’honneur de m’aider à punir ce traitre qui te fait office de frère.

Des pas se firent entendre et deux pieds entrèrent dans le champ de vision de Perry. Son frère s’était avancé vers lui. Il le regardait de ses yeux dépourvus d’émotions. Perry le sentait.

- Et si nous commencions ! S’exclama l’homme aux pupilles écarlate en écartant le verre qu’il avait porté à ses lèvres.

Il sortit une lame en argent du tiroir de son bureau et la lança au jeune homme.

- Fais à attention, lui dit-il, elle est imbibée de thallium. Tu n’es pas sans savoir l’effet que cette substance a sur nous.

Perry trembla. Du thallium ? Ils allaient utiliser sur lui une lame imbibée de thallium ?!

Si pour les humains le thallium était un poison mortel, pour les vampires c’était un contre très efficace à leur capacité d’auto-régénération et d’impénétrabilité aux armes.

- Vas y Gragor. Coupe lui donc ce laid petit organe qui lui fait office de langue. Fit l’oncle avec un sourire noir à en donner une crise d’effroi.

Gragor s’avança vers un Perry figé. Il lui releva la tête puis lui ouvrit la bouche.

Lorsque la lame passa sur sa langue, Perry ressentit une douleur qu’il n’avait jamais connue au paravent. Il voulait hurler, se tordre dans tous les sens. Mais il ne pouvait pas. Ce serait faire honte à sa famille.

- Quel merveilleux spectacle. Vous ne trouvez pas mon cher frère ?

- En effet. Répondit le père de Perry, confortablement installé dans l’un des trois fauteuils occupants la pièce. Je suis extrêmement ravi de constater que mes deux fils sont aussi bien éduqués. L’un torture exécute les ordres sans sourciller, l’autre se laisse faire sans même chercher à esquiver.

Perry luttait pour ne pas laisser transparaître sa douleur. Un Ludwig se devait de rester digne en toute circonstance.

- Magnifique Gragor. Tu as vraiment une main de maître. Entendit-il son oncle complimenté son grand-frère.

Ce dernier venait de lui sectionner trois doigts sur chaque main.

- À vous maintenant. L’homme s’adressa à la mère de Perry et Gragor. C’est votre fils après tout. Vous avez le droit à le punir aussi.

- Vraiment ? Fit la brune au cou gracile d’une voix transmettant sa joie et sa surprise. Quel honneur vous me faites là votre excellence !

L’oncle sourit. Un sourire froid et hautain, comme sa personne.

- Gragor mon petit globule en sucre, fit la mère en plaçant son éventail de sorte à ce que seuls ses yeux soient visibles. Je voudrais que tu perces ces vilains yeux qui lui ont permis de lire toutes ces choses. Que tu lui coupes ces deux petites jambes qui ne savent guère rester en place et que tu transperces ce cœur qui l’a méchamment influencé dans sa décision.

- Que de belles idées ma très chère Donias. Je n’en attendais pas moins de vous ! Déclara la femme de son oncle.

Gragor s’exécuta. Il commença par les yeux, enfonçant la lame aussi profondément que possible. Il sentait le sang couler sur ses mains. Il en eut envi de prendre un chaud et confortable bain.

Puis les jambes. Cela n’était pas une mince affaire avec une lame aussi petite et peu adaptée. Il lui fallut trancher et trancher encore. En faisant bien attention que le bruit ne soit trop fort. Ce ne serait pas élégant. Ce ne serait pas digne d’un Ludwig.

- Mon petit Perry ! Fit la mère. Fais donc un joli sourire à ta petite maman d’amour.

Avec grande peine, les lèvres de Perry s’étirèrent. Il le fallait. Un Ludwig ne pouvait flancher à cause de pareilles tortures. Il devait être digne de son nom. Être digne de son rang.

Son oncle regardait la scène d’un air satisfait, buvant de temps à autre le liquide rougeâtre.

Sa mère observait, heureuse d’avoir de si bons enfants.

Son père prenait un malin plaisir à le voir souffrir pour les fautes qu’il avait commises.

Son frère s’attelait à la besogne qui lui incombait avec un sérieux à faire froid dans le dos.

C’était ça la famille Ludwig.

Perry avait mal. Il en avait la nausée. Il sentait ses forces l’abandonner. Mais il tint bon jusqu’à ce que son frère ne lui transperce le cœur d’un coup sec, net et précis. Alors seulement, Perry sursauta légèrement.

- C’est bon Perry. Son oncle se décida enfin à lui adresser à nouveau la parole après quinze bonnes minutes. Tu peux retirer la lame maintenant. J’ai bien compris à quel point tu es désolé. Je veux bien te pardonner pour cette fois.

Tout en disant cela, l’homme afficha un sourire si innocent et charmant qu’il était impossible de croire qu’il pouvait faire du mal à une mouche.

Perry retira la lame.

Il leva puis baissa la tête en signe de compréhension et de gratitude avant de s’écrouler sur le parquet froid, couvert de sang.

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