Je t'aime

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C'est à l'âge de vingt ans que Naissa et Nabil se sont rencontrés. Leur point commun ? Atteints tous les deux de maladie cardiovasculaire.

C'était en une fin d'après-midi, le soleil se couchait sur la place de la Concorde. Une jeune femme marchait d'un pas pressé, le souffle saccadé, espérant rattraper le dernier bus. En chemin, elle bouscula quelqu'un, tombant à la renverse. Relevant la tête, un jeune homme du même âge qu'elle était face à elle lui demandant si elle allait bien. Trop essoufflée pour lui répondre, elle hocha la tête de haut en bas.

L'homme lui sourit et l'aida à se relever. Tout en se remettant debout, elle apperçu qu'il était essoufflé lui aussi. Au loin, elle voit son bus s'éloigner, elle pâlit. Comment fera-t-elle pour rentrer ? Elle le regarda, voulant dire "merci" à l'homme, qui la tenait toujours. Voyant qu'il fronçait les sourcils quand le bus quitta son emplacement, elle s'en voulait de lui avoir fait rater le transport. Elle lui sourit tristement.

La jeune femme était tellement fatiguée et le vent n'aidait en rien. De nature mince, elle chancelait. Le vent était trop fort pour elle. Son cœur battait plus que la normale, elle ouvrait la bouche laissant l'air s'insérer et arriver jusque son coeur. L'homme la regardait toujours, puis sans un mot, lui prit la main et l'emmena s'asseoir sur un banc à proximité. À ses côtés, il ferma les yeux et ouvrit légèrement la bouche, essayant de respirer, faisant gonfler et abaisser sa poitrine.

Voyant cette scène, la jeune femme sortit de son sac un flacon de médicament. Elle effleura le bras de l'homme qui ouvrit les yeux et lui tendit le médicament. Il l'a regardait dans les yeux, puis dévia son regard jusqu'au médicament. Délicatement, il prit le flacon et aspira une dose de carvédilol. Dans la minute qui suivit, il se sentit déjà mieux. Il rendit le flacon à la jeune femme, lui indiquant de prendre une dose elle aussi. Celle-ci afficha une mine triste, puis ouvrit l'inhanaleur. Il était vide. La dernière dose, elle lui avait donné. Surpris, il l'a regarda. Elle souriait.

Ils apprirent à se connaître, toujours sans parler verbalement. Tous les fin de journée, ils se retrouvaient sur ce banc. C'était devenu une habitude. Leurs yeux, parlaient pour eux.

Un mois après, ils se marièrent et vécurent dans une petite demeure à Paris. L'homme et la femme continuaient à aller travailler, le sourire aux lèvres.

Un jour, revenant du travail, elle trouva son mari qui s'afferait dans la cuisine. Elle entra et toujours sans un mot, enlaça son compagnon qui se retourna et la prit dans ses bras. Dix ans s'étaient déjà écoulés, malgré tout, leur amour était toujours aussi fort. Ils passèrent une belle soirée, puis allèrent se coucher ensemble.

Durant la nuit, la jeune femme fut prise de convulsions Sa respiration se faisait irrégulière. Réveillé, son mari très inquiet, prit sa femme et l'emmena au CHU de Paris. Arrivés à une centaine de mètres de l'hôpital, la route était barrée. Des gilets jaunes bloquaient la route. Sans réfléchir, il souleva sa femme et courut en direction de l'hopital. Là-bas, il supplia les médecins de prendre en charge sa femme, ce qu'ils firent très rapidement. Une fois, la jeune femme partie en soin, le mari ne put s'empêcher de verser une larme. Une infirmière qui passait par là vit l'homme et cria à son équipe de prendre en charge ce dernier avant qu'il ne sombre.

Trop tard. L'homme venait de tomber. Il avait fait trop d'effort pour son pauvre coeur. Malgré qu'il savait ce qui allait lui arriver, il ne put s'empêcher de tout faire pour que sa femme puisse être sauvée. Il se sentit allongé sur un lit, roulant vers une destination inconnue. Il sombra dans un sommeil profond.

Au bout de quelques heures, il se réveilla enfin et vit qu'il était entouré de fils. Il portait un masque à oxygène et son coeur était relié à une machine. Il voulut se lever, mais un bip sonore retentit. Aussitôt, une infirmière arriva et lui intima de se recoucher. Il prit un morceau de papier qui trainait par là et d'un geste pointa le stylo qu'avait l'infirmière. Celle-ci s'empressa de le lui donner tandis qu'il gribouilla deux mots : "Ma femme".

L'infirmière comprit que l'homme désirait voir sa femme. Connaissant le diagnostique du couple, elle appela le médecin et quelques infirmiers qui déplacèrent l'homme vers la chambre de sa femme. Arrivant dans la pièce, l'homme vit que sa compagne était branchée, elle aussi. À cette vue, il ne put s'empêcher de verser une larme, puis tourna la tête vers le comité hospitalier. Ces derniers interprétèrent le regard de l'homme qui souhaitait avoir un petit moment avec sa femme. Ils se retirèrent, les laissant seuls.

De son lit, l'homme attrapa délicatement la main de sa douce, qui à son contact ouvrit les yeux. Ils se regardèrent un moment, jusqu'à ce que la jeune femme détourna les yeux, laissant échapper une larme. Un bip sonore s'éleva. Son mari se leva et s'allongea au côté de sa femme. Il savait qu'elle n'en avait plus longtemps avant de quitter ce monde. Il voulait qu'elle passe ces derniers instants à ces côtés. Il sécha ses larmes tandis que le regard de sa femme s'alarma. Il n'avait plus son masque à oxygène. Elle retira la sienne et le posa de sorte que son mari puisse respirer. Elle ne tarda pas à manquer d'air et son mari lui remit en place son masque à oxygène.

L'oscillateur baissait de plus en plus. Sa femme lâchait des larmes que son mari s'empressait de les sécher en secouant sa tête de droite à gauche, lui disant de ne pas pleurer. Il souriait, essayait de la rassurer. C'est dans les derniers soufflent, que pour une ultime fois, ils s'embrassèrent. Au bout de leur vie, l'homme murmura difficilement, et pour la première fois "Je t'aime" suivit d'un faible "moi aussi" avant que le couple ne s'éteigne, le coeur désormais au repos.

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