Humaine.

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Lou bouillonnait de rage depuis de longues minutes, et si son patron ne cessait pas immédiatement de sortir des propos aussi dégradants, elle savait d'avance qu'elle pouvait chercher un nouveau travail.

— Vous êtes sur la pente glissante, Lou ! Vous enchaînez conneries sur conneries et j'en ai marre de voir votre niveau d'incapacité, vous être un fardeau, et en plus, vous n'appliquez pas les règles vestimentaires de l'usine !

La trentenaire inspecta sa tenue et n'y vit aucune erreur.

— Comment ça, je n'applique pas les règles vestimentaires de l'usine ? J'ai la charlotte, le casque, les lunettes, les bouchons d'oreilles, la blouse, le tablier et les chaussures de sécurité ! Il ne manque rien, ou alors on est tous en faute !

Le patron détestait qu'on lui tienne tête et encore plus lorsqu'il s'agissait de Lou. Il n'avait jamais accepté de se prendre un refus de dîner romantique par son employée quelques mois plus tôt, et depuis la jeune femme en prenait pour son grade.

— Un mini short qui laisse presque votre cul à l'air n'est pas correct. Il est stipulé dans le contrat de travail qu'il faut une tenue décente ! Vous arrivez en mini short, ne vous étonnez pas que je vous fasse des remarques, on n'est pas à la plage ici !

Lou eut le souffle coupé par cette remarque totalement injustifiée.

— Avec tout mon respect monsieur, je ne mets pas de mini short, je fais en sorte de toujours avoir un bas qui descende au minimum aux genoux. Je vous invite donc à trouver de meilleures excuses pour m'humilier, car là, vous vous ridiculisez. Sans parler du fait, que vous fricotez avec la plupart de mes collègues et que vous avez pris un coup dans votre ego quand j'ai refusé vos avances !

La jeune femme se leva de la chaise sur laquelle elle était assise.

— Vous ne me respectez pas, mais je n'en tiens pas compte. Si vous avez un problème avec moi, alors virez-moi et trouvez une excuse valable sur le papier, parce que je n'hésiterai pas à vous confronter si vous sortez d'autres faux propos !

— Bien ! Alors dégagez !

Lou prit son sac à main et sortit, hors d'elle.

Elle donna rendez-vous à ses amies à leur bar en terrasse habituel, pour pouvoir se défouler de son insupportable patron.

Après avoir raconté sa mésaventure à ses copines, ses dernières la laissèrent ronchonner.

— Non mais vous vous rendez compte ? Ce goujat avec un ego surdimensionné me parle comme si j'étais une esclave, invente des excuses pour m'embrouiller et m'insulter et ose dire que je viens presque nue au boulot ! Bon dieu, mais faut pas s'étonner que les femmes se révoltent, si les patrons sont tous des gros chacals comme ça ! Je suis humaine avant tout, pas une animale, ni une esclave et encore moins un bout de viande !

Lou reprit son souffle puis but la moitié de sa bière, avant de soupirer brutalement.

— Notre Lou comprend enfin que le monde du travail implique beaucoup de pression, de demandes, d'injustices et de manipulations par le pouvoir.

— Hmph. Vive le monde du travail...

Ne recevant pas le soutien désiré, Lou ne dit plus rien à ce sujet, mais la prochaine victime serait Ronron, son chat.

Une fois rentrée chez elle, Lou câlina son chat puis fit le même discours, avec le même ton révolté.

— Tu te rends compte Ronron ? C'est vraiment nul !

Le chat la regardait avec le visage du bonheur, pas dérangé par toute l'énergie de sa maîtresse, qui avait pour habitude de toujours s'exciter en lui racontant ses péripéties d'humaine.

Ronron roula sur le dos, pour recevoir des caresses sur le ventre.

— Bien sûr que non, tu ne comprends pas tout ça mon Ronron, du moment que tu as de quoi vivre comme un roi et des gratouilles ! Mais au moins t'es là pour m'aider à me détendre.

Lou imagina des scénarios dans sa tête, où elle aurait le dessus, en face de son patron. C'était en quelque sorte, une façon de se rassurer sur sa valeur. Rien n'était impossible.

Elle s'endormit avec Ronron dans les bras, en ayant hâte de voir si son patron l'avait enfin libérée de ce fichu boulot ou si l'enfer allait continuer, tandis que Ronron ne pensait juste au bonheur qu'il ressentait avec Lou, son humaine préférée.

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